Voir la source de Érosion

{{Voir homonymes|Érosion (homonymie)}}
[[Fichier:Verm wave.jpg|thumb|Effet de la combinaison de l'érosion éolienne et hydrique (''Coyote Buttes'', [[Vermilion Cliffs National Monument]], [[États-Unis]]).]]
[[Fichier:Soil erosion risk.png|thumb|Risque d'érosion des sols ([[Europe du Sud|Europe méditerranéenne]]).
{{Légende/Début}}
{{Légende|#ffe662| faible}}
{{Légende|#ff9c00| modérée}}
{{Légende|#ff3918| élevé}}
{{Légende|#7bcdff| lacs, mers, océans}}
{{Légende|#9c9c9c| roche nue}}
{{Légende|#ff00c5| zones urbaines}}
{{Légende|#ffffff| absence de donnée}}
{{Légende|#b4b4b4| en dehors de l'objet de l'étude}}
{{Légende/Fin}}]]

En [[géomorphologie]], l’'''érosion''' est le processus de dégradation et de transformation du [[relief (géomorphologie)|relief]], et donc des sols, roches, berges et littoraux qui est causé par tout agent externe (donc autre que la [[tectonique]]).

Un relief dont le [[modelé]] s'explique principalement par l'érosion est dit « [[relief d'érosion]] ». Les facteurs d'érosion sont :
* le [[climat]] ;
* le relief ;
* la physique ([[dureté]]) et la chimie ([[solubilité]] par exemple) de la roche ;
* des facteurs écologiques et pédologiques (présence/absence de faune, fonge, [[couverture végétale]] et lichénique, …) et leur nature ;
* l'histoire tectonique (fracturation par exemple) ;
* l'action humaine (pratiques agricoles telles que [[labour]]s, [[surpâturage]], minéralisation des sols, cultures sur pentes, …), [[déforestation]], [[imperméabilisation]], [[artificialisation]], [[urbanisation]] qui dans le monde prend une importance croissante et préoccupante<ref>Block B (2013) ''Land Degradation Worse Than Previously Reported''. URL:http://www.worldwatch.org/node/5820Worldwatch Institute</ref>.

L'érosion agit à différents rythmes et peut, sur plusieurs dizaines de millions d'années, araser des montagnes, creuser des vallées, faire reculer des falaises.

Des phénomènes naturels violents tels qu'une [[avalanche]], un [[jökulhlaup]], un [[lahar]] ou un [[orage]] peuvent modifier considérablement le paysage en quelques heures, voire en quelques minutes.

== Quantifications ==
L'« érosion totale » se calcule au niveau d'une section donnée d'un [[cours d'eau]], en mesurant la quantité totale des produits transportés (y compris les particules fines idéalement). Puis on rapporte cette mesure à la superficie développée (réelle) du bassin-versant (et non celle qui est cartographiée en 2D). On obtient alors une quantité (en tonnes/km<sup>2</sup>/an) qui divisée par la densité (2,5 en moyenne) permet d'évaluer le volume initial de roche en place enlevée (en réalité il faudrait aussi tenir compte de l'érosion éolienne et chimique). La quantité en {{m3}}/km²/an équivaut à {{Citation|une ablation (épaisseur uniformément répartie sur le bassin) en 0,001 mm/an ou mm/millénaire. On recherche des « ordres de grandeur » non des valeurs rigoureuses}}<ref>Corbel J. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ingeo_0020-0093_1962_num_26_3_2153 ''Érosion et grands cours d'eau en France'']. In: L'information géographique. Volume 26 {{numéro}}3, 1962. pp. 113-117. doi:10.3406/ingeo.1962.2153</ref>.

Quelle que soit la cause de leur formation, les reliefs aussitôt formés sont la proie de l'érosion qui les détruit en moyenne au rythme de quelques centimètres par siècle, soit quelques dixièmes de mm par an<ref>{{Ouvrage|auteur1=Claude Klein|titre=De la mésogéomorphologie à la microgéomorphologie et à la mégagéomorphologie|éditeur=Ophrys|année=2001|passage=45|isbn=}}.</ref>. L'érosion des chaînes de montagnes jeunes est de l'ordre de 200 m/Ma, celle de l'ensemble des continents serait en moyenne de 50 m/Ma<ref>{{Ouvrage|auteur1=Charles Pomerol|auteur2=Yves Lagabrielle|auteur3=Maurice Renard|auteur4=Stéphane Guillot|titre=Éléments de géologie|éditeur=[[Éditions Dunod]]|année=2011|passage=297|isbn=}}.</ref>.

=== Taux moyen d'érosion à l'échelle du globe terrestre ===
« À l'échelle du globe, une érosion moyenne totale (substances dissoutes et solides) de 20 mm/1 000 ans sur les plaines et 200 mm/1 000 ans en montagne semble raisonnable. Rapportée à la surface de la Terre, l'érosion serait de 50 ± 20 {{m3}}/km<sup>2</sup>/an, soit 50 mm par millénaire ou 50 m par million d'années. En l'absence d'[[orogenèse]], et compte tenu du réajustement [[isostatique]], on peut estimer que l'altitude moyenne des continents, actuellement de 840 m serait en 100 [[Million d'années|Ma]] réduite à moins de 2 m »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Charles Pomerol|auteur2=Yves Lagabrielle|auteur3=Maurice Renard|auteur4=Stéphane Guillot|titre=Éléments de géologie|éditeur=[[Éditions Dunod]]|année=2011|passage=798|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|4r3EA4HAJX4C}}}}.</ref>.

== Mécanismes de l'érosion ==
[[Fichier:Islande Jökulsárgljúfur orgues 1.jpg|thumb|Érosion des colonnes basaltiques, [[Islande]].]]
[[Fichier:Tregastel Brittany France Curious Stone.jpg|thumb|Sphère quasi parfaite taillée dans le [[granite]] rose de Bretagne, à [[Trégastel]], ([[Côtes-d'Armor]], [[France]]).]]

Dans les processus d'érosion, on distingue généralement trois phases distinctes :
* destruction du matériel rocheux (ablation du matériel) ;
* transport ;
* accumulation des débris (dépôt du [[sédiment]]).

L'érosion implique une désagrégation superficielle de la [[roche]] ou du [[sol (pédologie)|sol]] et le transport de ces matériaux, ce qui la distingue de la [[météorisation (géologie)|météorisation]]<ref name="Derruau">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Max|nom1=Derruau|lien auteur1=Max Derruau|titre=Les formes du relief terrestre|sous-titre=notions de géomorphologie|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|collection=U|année=2001|année première édition=1969|pages totales=119|passage=11|isbn=978-2-200-21014-4|oclc=46897197}}</ref>. Elle se produit sur place, et produit des débris.

Le degré d'érosion dépend des caractéristiques de la roche :
* de la [[dureté]] (voir [[échelle de Mohs]]) et de la [[Cohésion (physique)|cohésion]] de ses minéraux ;
* de sa [[dilatation thermique]] ;
* des [[Réaction chimique|réactions chimiques]] possibles entre ses minéraux et le [[Milieu réactionnel|milieu]].

=== Érosion mécanique ===
La désagrégation mécanique se produit sous l'action d'une [[Force (physique)|force]] physique qui arrache des morceaux de roche plus ou moins volumineux :
* éclatement dû au [[Gel (phénomène météorologique)|gel]] ou à la chaleur ;
* usure par frottement : [[glacier]], écoulement d'eau ({{référence nécessaire|[[cavitation]]}}) ou vent ; ce sont les débris charriés par ces facteurs (rochers, graviers, quartz ou sable) qui sont efficaces dans le processus d'érosion. L'érosion mécanique est particulièrement active dans les milieux froids (gels et dégels) et/ou arides.

==== Érosion par l'eau ====
[[Fichier:Flood river full of erosion in Daraja Mbili Kisii County Kenya East Africa.jpg|vignette|gauche|upright|Érosion fluviatile au [[Kenya]].]]
Elle est mécanique et chimique, avec comme principales altérations : l'[[hydroclastie]], l'[[effet splash]] (impact des gouttes d'eau qui tombent sur le sol), la [[reptation]], la [[solifluxion]]. L'érosion par l'eau est renforcée par la pente ([[Torrent (hydrologie)|torrents]]) et est un facteur de transport à plus ou moins longue distance de [[polluant]]s du sol (dont [[pesticide]]s agricoles ou de la [[vigne]]<ref>[http://coursenligne.u-strasbg.fr/depotcel/DepotCel/592/posters/poster_erosion_BO_Rouffach.pdf Quantification des flux de pesticides associés à l’érosion hydrique en contexte viticole] (Cours en ligne, Université de Strasbourg, PDF, 2 pages)</ref>). Sur le littoral, il faut tenir compte des vagues et des [[courant marin|courants]]. Dans les fleuves ou canaux, c'est le [[batillage]] qui accélère l'érosion.
[[File:Marnes 19-22mod.jpg|thumb|Érosion des marnes du [[Jurassique inférieur|Lias]] dans la boutonnière des Sièges, [[causse du Larzac]] ([[Les Rives]], [[Hérault (département)|Hérault]], [[France]]).]]
Si un fluide comme l'[[eau]] coule, il peut se charger de [[suspension (chimie)|particules en suspension]]. La ''vitesse de sédimentation'' est la vitesse minimale qu'un flot doit avoir pour transporter, plutôt que déposer, des sédiments et est donnée par la [[loi de Stokes]] :

: <math>w=\frac{(\rho_p-\rho_f)gr^2}{4.5\mu}</math>

où ''w'' est la vitesse de sédimentation, ''ρ'' est la [[masse volumique]] (les indices ''p'' et ''f'' indiquent particule et fluide respectivement), ''g'' est l'[[accélération]] due à la [[Pesanteur|gravité]], ''r'' est le rayon de la particule et ''μ'' est la [[viscosité dynamique]] du fluide.
Si la vitesse de l'écoulement est plus grande que celle de dépôt, le granulat continue vers l'aval. Comme il y a toujours des diamètres différents dans le flot, les plus gros se déposent ([[décantation]]) tout en pouvant continuer à descendre par des mécanismes comme la ''saltation'' (collisions particules-paroi), roulant et glissant, dont les traces sont souvent conservées dans les rochers solides, et peuvent être utilisées pour estimer la vitesse du courant.
* Le [[ruissellement]] est le type d'érosion le plus fréquent sur terre. Il peut être ''concentré'' ([[Torrent (hydrologie)|torrent]]s, [[oued]]s) ou ''diffus'' (films d'eau issus de la fonte des neiges, érosion [[littoral]]e).
* L'érosion fluviatile est produite par des [[cours d'eau]]<ref>[[Roger Brunet]] (dir.), ''[[Les mots de la géographie]]'', Paris, Reclus-La Documentation française, 1993, {{ISBN|2-11-003036-4}}, article « fluviatile », p. 219.</ref>. Elle peut être une [[érosion régressive]].
* [[Hydroclastie]] : alternance humectation-dessiccation.
* [[Effet splash]] : impact des gouttes d’eau sur le sol<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Pech|auteur2=Hervé Regnauld|titre=Géographie physique|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Premier cycle|année=1992|pages totales=432|passage=246|isbn=978-2-13-044735-1|oclc=26665771}}</ref>.
* L'[[érosion fluvioglaciaire]] : la glace exerce une forte pression sur elle-même qui la rend fluide et donc érosive avec des cailloux.

==== Érosion par le vent ====
[[File:Ica 2407-2409mod.jpg|thumb|[[Déflation (géomorphologie)|Déflation]] dans les récifs de [[granodiorite]] près de la plage de Punta Lomitas, désert d'[[Ica]], [[Pérou]].]]
[[Fichier:Seven Coloured Earths Geopark in Chamarel, Mauritius (53697998768).jpg|vignette|Phénomène d'érosion éolienne et hydrique sur sol dévégétalisé, [[Ile Maurice]].]]
L'[[Déflation (géomorphologie)|érosion éolienne]] attaque les roches en enlevant des particules, [[wikt: abrasion|abrasion]] ou en polissant la surface. Elle est d'autant plus efficace que les obstacles sont inexistants et que le vent est puissant, régulier et chargé de poussières

Elle conduit à une dégradation environnementale sévère par l’[[Régression et dégradation des sols|appauvrissement des sols]] et le déplacement de volumes élevés de particules par le vent<ref>[http://www.csf-desertification.org/index.php/bibliotheque/publications-csfd/dossiers-du-csfd/doc_details/22-mainguet-monique-et-dumay-frederic-2006-combattre-lerosion-eolienne Mainguet Monique et Dumay Frédéric, 2006. Combattre l'érosion éolienne : un volet de la lutte contre la désertification. Les dossiers thématiques du CSFD. Numéro 3. 44 pp.]</ref>. L’érosion éolienne est le principal facteur physique d’épuisement des terres agricoles et, par l’ensablement, constitue une des gênes majeures dans les aires urbaines et oasiennes des écosystèmes secs.

==== Érosion liée aux écarts de température ====
Dans les régions de forte [[amplitude thermique]] ([[climat continental]], polaire, déserts, haute montagne, etc), les chocs thermiques répétés par la succession des cycles ''jour/nuit'', fend puis fait éclater certaines roches, à différentes échelles micro et/ou macroscopique ; c'est la [[thermoclastie]].

L'érosion liée à la température fait également intervenir l'eau comme agent d'érosion en présence de roches poreuses et/ou de fissures qui éclatent en cas de gel. La [[cryoclastie]] est un exemple d'érosion par thermoclastie : la roche éclate à cause de l'alternance gel-dégel de l'eau qui s’infiltre, lorsque l'eau gèle, elle occupe plus de volume et exerce une force capable de faire exploser une roche. Les morceaux libérés par le gel sont appelés [[Cryoclastie|gélifracts]]<ref>''Paysages et érosion. La Terre à visage découvert'', page 10</ref>. Le cycle gel/dégel est saisonnier (en Sibérie par exemple) ou quotidien en haute montagne.

Ce sont les processus de la [[Cryoclastie|gélifraction]] ou [[gélivation]]<ref>Le terme « gélifraction » est un [[anglicisme]] ; le terme approprié en français est « gélivation » ; lire {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Max|nom1=Derruau|titre=Les formes du relief terrestre|sous-titre=notions de géomorphologie|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|collection=U|année=2001|numéro d'édition=8|pages totales=119|passage=11|isbn=2-200-21014-0|oclc=46897197}}</ref>. En montagne, la cryoclastie produit des phénomènes de chute de bloc(s) ou parfois, collectivement, des éboulements, qui peuvent former des [[éboulis]] en pied de [[Pente (topographie)|pente]].

==== Érosion liée à la glace ====
{{Article détaillé|Vallée glaciaire|Spirale d'iceberg}}
Les mouvements des glaciers, principalement gravitaires provoquent d'importantes contraintes sur le substratum rocheux essentiellement causées par les blocs de roches prisonniers dans la base de la tranche de glace, contraint d'avancer avec l'écoulement du glacier. Ces blocs "grattent" donc le substrat rocheux de la vallée, lissant les reliefs et creusant des [[Strie glaciaire|stries glaciaires]] et à long terme générant les morphologies des [[Vallée glaciaire|vallées glaciaires]]. Lors de périodes de [[Glaciation|déglaciation]], des blocs de glace auparavant fixes sur le plancher océanique peuvent se déplacer avec les courants de marées et géostrophiques, imprimant sur le plancher océanique des [[spirale d'iceberg]].

=== Érosion chimique ===
{{Article détaillé|Altération (géologie)}}

La décomposition chimique des roches donne naissance à des modelés de désagrégation.

Un processus important est la dissolution, en particulier des calcaires par la pluie plus ou moins acide, on parle alors de [[karst]].

La [[dissolution (chimie)|dissolution]] est une forme de [[Météorisation (géologie)|météorisation]] qui affecte essentiellement les massifs calcaires. Elle donne lieu à des paysages de [[karst]]. L'eau, chargée en acides organiques et en [[dioxyde de carbone]], s'infiltre par les fissures et modèle les roches carbonatées ; elle constitue un « complexe d'altération »<ref name="Derruau"/>. Elle libère les éléments chimiques de la roche sous forme d'[[ion]]s dissous dans l'eau. En effet, contrairement au [[Grès (géologie)|grès]] siliceux, les calcaires sont particulièrement vulnérables à la dissolution<ref>''Paysages et érosion. La Terre à visage découvert'', p. 9</ref>. Aussi, d'autres roches et minéraux sont solubles<ref>Pierre Pech, Hervé Regnauld, ''Géographie physique'' p. 247 ; ''Paysages et érosion. La Terre à visage découvert'', page 10</ref> :
** la silice, relativement peu soluble
** les carbonates, d'autant plus soluble que l'eau est acide
** le [[gypse]], d'autant plus soluble que l'eau est chaude
** les [[sulfate]]s
** les chlorures de sodium et de potassium (solubilité extrêmement importante)
* L'altération chimique modifie les minéraux des roches : [[Réaction d'hydratation|hydratation]], [[oxydation]], [[oxydo-réduction]], [[hydrolyse]].
* Dans la zone intertropicale, l'altération des roches [[feldspath]]iques par lessivage permet la formation de [[latérite]]s, [[roche]]s rouges ou brunes constituées d'[[hydroxyde]]s d'[[aluminium]] et de [[fer]] et qui forment une véritable cuirasse à la surface des plateaux des régions chaudes et humides.
* L'hydrolyse est le processus de [[Clivage (chimie)|rupture des liaisons chimiques]] des minéraux. Elle donne naissance à des [[oxyde]]s tels que la [[limonite]], ou des argiles et finit par former un [[sol (pédologie)|sol]].

=== Érosion causée par les êtres vivants ===
* [[Biométéorisation]]
* [[Microorganisme]]s
* [[Mollusque]]s perforateurs, [[pholade]]s par exemple
* Végétaux peuvent concourir à l'érosion par leurs racines par exemple
* Érosion anthropique (par l'humain) : [[déforestation]], [[labour]]s (érosion aratoire), urbanisations

=== Phénomènes exceptionnels et brutaux ===
* [[Avalanche]]
* [[Glissement de terrain]]
* [[Séisme]]
* [[Volcanisme|Phénomènes volcaniques]]
* [[Lahar]], [[Jökulhlaup]]

== Transport ==
[[Fichier:Racetrack-Playa-Death-Valley-2.jpg|thumb|Déplacement d'un rocher, [[vallée de la Mort]], [[États-Unis]].]]

Le transport des matériaux issus de la désagrégation de la roche s'effectue soit sous forme dissoute dans la circulation des eaux continentales, soit sous forme solide. Dans ce dernier cas, il peut s'agir de processus gravitaires agissant à faible distance par des processus gravitaires ou de transport à plus longue distance quand les matériaux sont pris en charge par un agent de transport : [[glacier]], eau, [[vent]]. Les matériaux transportés peuvent éventuellement être stockés, créant des accumulations sédimentaires, avant d'être de nouveau mis en mouvement. À long terme, ils aboutissent dans les mers et les océans.

La terminologie pour les différents types de sable est
* sable de plage ''Émoussé luisant (EL)''
* sable fluratif ''Non usé (NU)''
* sable désertif ''Rond mat(RM)''.

La masse de matériaux transportés sous forme dissoute par les eaux continentales est importante. C'est le processus essentiel des régions [[karst]]iques.

De multiples processus [[gravité|gravitaires]] ([[éboulement]], [[avalanche]], [[reptation]], [[ruissellement]], [[solifluxion]]) nourrissent un manteau d'altération à proximité immédiate de la zone source. Sur les versants ou à leur base, on trouve des [[cône de déjection|cônes de déjection]], des cônes d'éboulis ou des talus d'éboulis.

Les glaciers transportent des matériaux de toute taille ([[Bloc erratique|blocs erratiques]], [[moraine]]s, sables).

À long terme, la sédimentation des débris donne naissance à des [[Roche détritique|roches détritiques]]. Le vent constitue un formidable agent de transport, en particulier dans les régions désertiques. Le vent peut aussi transporter des [[wikt:gravier|graviers]] et du [[sable]] (par [[saltation]]) et des [[limon (roche)|limons]] (par [[Suspension (géomorphologie)|suspension]]) à partir de zones de [[déflation (géomorphologie)|déflation]]. Ils emportent et déposent les [[lœss]] parfois à des milliers de kilomètres de leur lieu d'origine.

Dans les régions anthropisées, l'érosion des sols augmente dans les bassins versants, mais les barrages artificiels peuvent aussi bloquer le transit sédimentaire normal jusqu'en mer<ref>A poirel, ONEMA, ''[http://www.onema.fr/IMG/pdf/transport-solide_APoirel.pdf Transports solides]'', consulté 2012-11-14</ref>.

== Modèles ==
L'érosion use le matériel rocheux et façonne des formes très diverses.

=== Formes en creux ===
[[Fichier:Fish River Canyon.jpg|thumb|Canyon de la Fish River, [[Namibie]].]]

L'érosion peut creuser la roche et donner naissance à des [[modelé de dissection|modelés de dissection]]<ref name="Pech">{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Pech|auteur2=Hervé Regnauld|titre=Géographie physique|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Premier cycle|année=1992|pages totales=432|passage=238|isbn=978-2-13-044735-1|oclc=26665771}}</ref> :
* gorge, [[canyon]] ;
* [[vallée]] et [[cirque naturel|cirque]] glaciaire ;
* [[gouffre]], [[caverne]], [[grotte]] ;
* [[arche naturelle|arche]] ;
* [[Fichier:Madagascar erosion.jpg|vignette|Lavaka (gorge d'érosion) à Madagascar.]][[lavaka]] ;
* [[calanque]], [[fjord]] ;
* [[ravine]] ;
* [[ligne des cataractes]] ou encore ligne des chutes
* etc.

Le [[ravin]]ement affecte les paysages nommés ''[[Badlands (géomorphologie)|badlands]]''. Les précipitations, en coulant sur les pentes constituées de matériaux meubles (argile, sédiments), creusent des rigoles et des sillons.

=== Autres formes ===
[[Fichier:RK 0204 0462 Rittner Erdpyramiden.jpg|thumb|Cheminées de fées, [[Renon|Renon/Ritten]] ; [[Trentin-Haut-Adige|Trentin-Haut-Adige / Tyrol méridional]], [[Italie]].]]

L'érosion peut donner naissance à des [[modelé d'accumulation|modelés d'accumulation]]<ref name="Pech"/>.
* [[Karst à tourelles]]
* [[Inselberg]]
* Pinacles
* [[chaos (géologie)|Chaos]] de boules granitiques ([[Bretagne]], [[Massif central]]) ou de blocs de grès ([[forêt de Fontainebleau]])
* [[Mont du Pain de Sucre|Pain de sucre]] [[Rio de Janeiro]]
* Cheminée : [[Cheminée de fée|cheminées de fées]] ([[Hautes-Alpes]]), [[Cheminée de fée|Demoiselles coiffées]] ([[Turquie]])

=== Littoral ===
{{Article détaillé|Érosion du littoral}}
[[Fichier:EtretatGreatArch.jpg|thumb|Un produit de l'érosion du littoral : l'arche naturelle de la Manneporte, [[Étretat]], [[Seine-Maritime]], [[France]].]]

Le recul et la transformation des littoraux dépendent de très nombreux facteurs :
* la configuration de la côte ;
* la nature de la roche ;
* la force et l'orientation des [[Courant marin|courants]], des [[Vague|vagues]], de la dérive littorale et de la [[houle]] ;
* la présence de [[galet]]s ;
* l'[[anthropisation]].

On peut donc avoir plusieurs cas de figure :
* littoral à [[falaise]] différent selon les roches ;
* les [[calanque]]s appartiennent au relief karstique ;
* les rias, [[Aber|abers]] et [[Fjord|fjords]] ;
* les [[marais]], deltas, [[Estuaire|estuaires]] ;
* les dunes.

=== Érosion des sols agricoles ===
[[Fichier:Erosion.jpg|thumb|Érosion des sols, [[Washington (État)|État de Washington]], [[États-Unis]].]]
{{Article détaillé|Régression et dégradation des sols}}
[[Fichier:Oued à La Wilaya de Batna (Algérie).jpg|thumb|left|[[Oued]] en crue en zone de culture ([[Algérie]]).]]

L’érosion des sols agricoles produit des croûtes (gypseuses ou calcaires), des cuirasses ferrugineuses et [[latérite|latéritiques]]. Cette érosion est due en grande partie à l'action de l'humain :
* les [[défrichement]]s ;
* les [[Agriculture|méthodes agricoles]] intensives, la [[monoculture]], la culture en rang espacés, la mécanisation, le labour, le sol nu en période hivernale, le défrichage, les sillons dans le sens de la pente, etc ;
* les aménagements routiers et urbains augmentent les surfaces de ruissellement ;
* le [[pâturage|surpâturage]] : dans les pays du Sahel, la [[désertification]] est la conséquence du surpâturage ;
* le remembrement des [[années 1960]], en France, a abouti à l'augmentation de la taille des parcelles et corrélativement à la suppression des haies, des talus et des fossés. Les surfaces en cultures de printemps, encouragées par les subventions, augmentent (tournesol, maïs, betterave) et laissent la terre à nu en hiver. Les terrains pentus sont progressivement colonisés par la vigne. Enfin, la destruction des plantes adventices par les herbicides laisse le sol à nu entre les plants cultivés.
* les zones détruites par les [[incendie]]s sont particulièrement exposées à l'érosion.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
|commons=Category:Erosion
|wiktionary=érosion
}}

=== Bibliographie ===
* Block, B. (2013). Land Degradation Worse Than Previously Reported. URL:http://www.worldwatch.org/node/5820Worldwatch Institute
* Riser J (1995) ''Érosion et paysages naturels'', Flammarion, Paris
* Birot P (1981) ''Les processus d'érosion à la surface des continents'', Masson, Paris
* CNDP (1998) ''Paysages et érosion. La Terre à visage découvert'', TDC {{numéro|749}}, 1-{{date-|15 février 1998}}, Paris
* Derruau M, ''Précis de géomorphologie'', Masson, Paris
* Rougerie G & Beroutchachvili N (1991) ''Géosystèmes et paysages. Bilan et méthode'', Colin, Paris
* [[Jean Demangeot]] (1990), ''Les milieux « naturels » du globe'', Masson, Paris, 1984
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Pech|titre=Géomorphologie dynamique|sous-titre=l'érosion à la surface des continents|lieu=Paris|éditeur=Armand Colin Masson|collection=Synthèse. Série Géographie|numéro dans collection=22|année=1998|pages totales=95|isbn=978-2-200-01796-5|oclc=39017639}}
* [[Yvette Veyret]] (1997), ''L'érosion entre nature et société'', CDU SEDES, Paris, ASIN 2718191899
* {{Ouvrage|prénom1=René|nom1=Neboit|titre=L'homme et l’érosion. L’érosion des sols dans le monde|éditeur=Pu Blaise Pascal|date=1991-01-01|pages totales=269|isbn=978-2-84516-062-0|consulté le=2017-01-28}}
* ''La mesure de l'érosion'', dans le Spécial érosion des Cahiers ORSTOM, série "Pédologie", 1987
* Pech P & Regnauld H (1992) ''Géographie physique'', PUF, Paris.
* [[Roger Brunet|Brunet R]] (dir.), ''Les mots de la géographie. Dictionnaire critique.'', Reclus, La Documentation Française, Paris, 1993.
* Schmittner Karl-Erich and Giresse Pierre, 1999. The impact of atmospheric sodium on erodibility of clay in a coastal Mediterranean region. Environmental Geology: 37/3: 195-206.
* [[Monique Mainguet]] (dir.), ''Le vent : mécanisme d'érosion, de dégradation, de désertification : notion d'échelle, de budget sédimentaire, de vulnérabilité des paysages,'' Reims : UER Lettres et sciences humaines Institut de géographie, 1984.

=== Articles connexes ===
* [[Érosion du littoral]]
* [[Érosion différentielle]]
* Exemples de paysages érodés : [[Parc national des Badlands]] - [[Parc national des Arches]] - [[Monument Valley]] - [[Parc national des Canyonlands|Canyonlands]] - [[Parc national du Grand Canyon]]
* [[Conservatoire du littoral]]
* [[Bardenas Reales]] (exemple d'érosion extrême en Europe)
* [[Ravinement]]
* [[Attrition (érosion)]]
* [[Érosion par subduction]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{fr}} [http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/intro.pt/planete_terre.html Cours de Géologie de Pierre-André Bourque de l'Université de Laval au Québec.] ''Voir section "Géodynamique externe".''
* {{en}} [http://compost.tamu.edu/photos.php?view=SawyerRanch Exemples] (avec photos) d'utilisation de compost pour restaurer des sols et lutter contre l'érosion.

{{Palette|Relief de la Terre|Morphologie de cours d'eau}}
{{Portail|sciences de la Terre et de l'Univers|géographie}}

[[Catégorie:Érosion|*]]