Voir la source de Datation de la Bible

{{à wikifier|date=janvier 2024|motif=il ne faut pas d'italiques aux titres de textes saints (Bible, Coran...) ou affiliés (Septante, codex...) + nbreuses coquilles typo (dont LI dédoublés)}}
{{En-tête label|AdQ|année=2013}}
{{Confusion|Chronologie de la Bible}}
[[Fichier:Gutenberg Bible.jpg|thumb|right|La [[Bible de Gutenberg]] ([[Vulgate]]), première Bible imprimée, [[Bibliothèque du Congrès]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]].]]

La '''datation de la [[Bible]]''' consiste à déterminer la période de composition et de rédaction de chaque livre qui la compose, et si possible de chaque unité textuelle composant ces livres.

La Bible se présente comme une [[Compilation (littérature)|compilation]] de textes rédigés ou remaniés à différentes époques. La [[Tanakh|Bible hébraïque]] comprend trois parties : la [[Torah]] ({{langue|he|תּוֹרָה}}, la Loi ou [[Pentateuque]]), les [[Nevi'im]] ({{langue|he|נביאים}}, les Prophètes) et les [[Ketouvim]] ({{langue|he|כתובים}} les Autres Écrits ou Hagiographes). À cette liste s'ajoutent les [[livres deutérocanoniques]] pour l'Ancien Testament des [[Christianisme|chrétiens]] ainsi que le [[Nouveau Testament]], propre aux bibles chrétiennes.

Depuis le {{s-|XIX}}, des fouilles archéologiques au [[Proche-Orient]] ont fourni de nombreux éléments sur le contexte dans lequel la Bible a pris forme. Ces découvertes permettent de mieux dater l'histoire des [[Royaume d'Israël|royaumes d'Israël]] et de [[royaume de Juda|Juda]], aidant à comprendre la formation du texte biblique. La tradition faisant de [[Moïse]] l'auteur de la Torah, de [[David (roi d'Israël)|David]] celui des [[Psaume]]s et de [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]] celui des [[Livre des Proverbes|Proverbes]] est démentie par d'autres recherches, et une nouvelle [[Exégèse historico-critique de la Bible|approche historico-critique]] s'opère à partir d'une base plus scientifique que proprement religieuse.

La datation des textes bibliques dépend de méthodes telles que la [[philologie]], la [[paléographie]], la comparaison avec d'autres textes antiques, et l'[[archéologie]]. Les dates de rédaction des textes de la Bible hébraïque sont difficiles à établir, et font l'objet de débats entre les spécialistes. La majorité d'entre eux s'accordent toutefois pour situer son écriture entre les {{-s2|VIII|II}}, et celle du Nouveau Testament au cours du [[Ier siècle|Ier]] siècle après Jésus-Christ.

Le plus ancien objet où figure un fragment biblique est l'[[amulette]] de [[Ketef Hinnom]], datée vers [[Années 600 av. J.-C.|600 av. J.-C.]] Le plus ancien manuscrit de la Bible hébraïque retrouvé à ce jour est le fragment d'un rouleau des [[Livres de Samuel]] datant du milieu ou de la fin du {{-s|III}}, trouvé à [[Manuscrits de la mer Morte|Qumrân]] en [[Cisjordanie|Samarie]]. Le plus ancien texte du Nouveau Testament retrouvé à ce jour est le [[papyrus P52]] de la [[John Rylands Library|bibliothèque Rylands]], contenant un fragment de l’[[Évangile selon Jean]], qui date de la première moitié du {{s|II}} (soit seulement quelques dizaines d'années après l'original<ref>[[Évangile selon Jean|L'Évangile selon Jean]] ayant été rédigé entre l'an 85 et 95.</ref>). Les plus anciennes versions relativement complètes des écrits [[Ancien Testament|vétérotestamentaires]] traduits en grec sont deux copies de la [[Septante]] datées du {{s|IV}} : le [[Codex Sinaiticus]] et le [[Codex Vaticanus]]. Depuis qu'une partie du [[Codex d'Alep]] a été perdue en 1947, le plus ancien manuscrit complet du texte [[Massorah|massorétique]], qui sert de base à de nombreuses éditions modernes de la Bible, est le [[Codex de Léningrad|Codex Leningradensis]], datant du {{s-|XI}}.

== Méthodes de datation ==
Puisque aucun manuscrit original de la Bible n'est accessible de nos jours, la datation doit s'appuyer sur l'analyse du texte lui-même ainsi que du milieu dans lequel il a pris forme. Cette connaissance fait intervenir la [[philologie|critique philologique]] et l'[[paléographie|analyse rédactionnelle]], la comparaison avec d'autres textes antiques, la recherche de témoins textuels, et l'[[archéologie]]. Utilisées conjointement, ces techniques permettent de dresser un tableau plus ou moins complet de l'histoire du texte<ref name="approche historique">{{lien web|url=http://eduscol.education.fr/cid46654/l-approche-historique-des-documents-fondateurs%C2%A0-la-bible.html|site=[[Ministère de l'Éducation nationale (France)|Ministère de l'Éducation nationale]]|titre=L'approche historique des documents fondateurs : la Bible|auteur=Jean-Marie Husser|date=15 avril 2011|consulté le=28 mars 2013}}</ref>.

L'analyse critique confirme que la majorité des livres bibliques ne sont pas écrits de bout en bout par une seule main, mais subissent au contraire des réécritures plus ou moins importantes tout au long de leur histoire. Nombre d'entre eux sont des collections de traditions ou de fragments épars, ensuite regroupés et reliés pour former un tout plus ou moins cohérent. Ils peuvent être ensuite avoir été complétés, retravaillés et actualisés suivant les options ou nécessités théologiques du moment<ref name="approche historique"/>.

La découverte et le déchiffrage à la fin du {{s-|XIX}} de textes [[akkadien]]s ressemblant étrangement aux récits bibliques<ref>{{article|prénom1=Pierre|nom1=Bordreuil|prénom2=Françoise|nom2=Briquel-Chatonnet|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=43}}</ref>, puis celle durant le {{s-|XX}} des [[manuscrits de la mer Morte]], ont modifié la vision traditionnelle de la Bible<ref>{{article|prénom1=Thierry|nom1=Legrand|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=53}}</ref>. L'archéologie a, quant à elle, permis aux [[Exégèse biblique|exégètes]] d'établir des hypothèses plus précises et plus sûres. Si les débats restent vifs sur quelques datations, les grandes lignes de l'histoire du texte paraissent désormais tracées<ref>{{article|titre=L'archéologie contredit-elle la Bible ?|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|numéro=200|mois=mars|année=2012|page=24-25}}</ref>.

== Manuscrits les plus anciens ==
[[Fichier:7Q4.png|thumb|Fragments retrouvés à [[Qumrân]].]]

Les plus anciens ensembles de textes de la [[Tanakh|Bible hébraïque]], trouvés parmi les [[manuscrits de la mer Morte]], sont datés entre le {{-sp|III|et le|I}}<ref>{{lien web|titre=Qumrân et les manuscrits de la mer Morte|url=http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/qumrAn_et_les_manuscrits_de_la_mer_morte.asp|site=[[Clio (revue)|Clio]]|date=mai 2010|consulté le=19 mars 2013|auteur=[[André Paul]]}}</ref>, le chercheur [[Frank Moore Cross]] datant un petit fragment du Livre de Samuel (4QSam<sup>b</sup>) de la fin du {{s-|III}}<ref>{{harvsp|Puech|2002|texte=''Les Manuscrits de la mer Morte''|p=101|id=Puech 2002}}</ref>. Tous les livres du [[Tanakh]], à l'exception du [[Livre d'Esther]], se trouvent dans les textes découverts à  [[Qumrân]], certains en plusieurs exemplaires, d'autres à l'état fragmentaire<ref>{{harvsp|Puech|2002|texte=''Les Manuscrits de la mer Morte''|p=98-99|id=Puech 2002}}</ref>.

Parmi les plus anciens manuscrits en grec se trouvent des fragments du [[Lévitique]] et du [[Deutéronome]] de la [[Septante]] datant du {{-s|II}}, ainsi que des fragments de la [[Livre de la Genèse|Genèse]], de l’[[Livre de l'Exode|Exode]], des [[Livre des Nombres|Nombres]], et des [[petits prophètes]] datant du {{-s|I}} Les manuscrits anciens relativement complets de la Septante sont, entre autres, le [[Codex Vaticanus]] ({{s-|IV}}), le [[Codex Sinaiticus]] ({{s-|IV}}) et le [[Codex Alexandrinus]] ({{s-|V}})<ref group="N">Le Sinaiticus comprend d'importantes parts de la Bible hébraïque et des livres deutérocanoniques et le Vaticanus propose une version presque complète de la Septante à l'exception de quelques passages de la Genèse et de Psaumes, ajoutés au {{s-|XV}} ; cf. {{harvsp|Römer|2009|texte=''Guide de la Bible hébraïque''|p=56-57|id=Römer 1994}}</ref>. Ce sont les plus anciens manuscrits presque complets de l’Ancien Testament, toutes langues confondues. Le [[Pentateuque samaritain]], qui aurait vu le jour sous la [[Hasmonéens|dynastie hasmonéenne]], est aussi un manuscrit biblique très ancien<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Emanuel|nom1=Tov|titre=Textual Criticism of the Hebrew Bible|passage=82|éditeur=Uitgeverij Van Gorcum|année=2001|lire en ligne=https://books.google.co.uk/books?id=U1UfMyO-RiEC&pg=PA82&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false|consulté le=19 mars 2013}}</ref>. Tout comme la [[Peshitta]], cette dernière étant une traduction de la Bible chrétienne en [[syriaque]] achevée semble-t-il durant le {{s|IV}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Peshitta|url=http://www.jewishencyclopedia.com/articles/12061-peshitta|site=[[Jewish Encyclopedia]]|consulté le=19 mars 2013}}</ref>.

Le texte [[Massorète|massorétique]] final de la Torah est considéré par la tradition comme ayant été assemblé au {{s-|IV}}, mais les plus anciens manuscrits complets (ou presque complets) sont le [[Codex d'Alep]] (vers [[920]]) et le [[Codex de Léningrad]] ([[1008]])<ref group="N">Il s'agit du manuscrit B19<sup>A</sup> texte écrit, d'après son [[Colophon (livre)|colophon]], en 1008 et conservé à la Bibliothèque publique de [[Saint-Pétersbourg]]. De tradition massorétique [[Tibériade|tibérienne]], il est lui-même basé sur le [[Codex d'Alep]] et est resté relativement complet jusqu'à sa destruction partielle en [[1947]] ; cf. {{harvsp|Bauks|2008|texte=''Manuel d'exégèse de l'Ancien Testament''|p=16-18|id=Bauks 2008}}.</ref>.

== Historicité de la Bible ==
=== Remise en cause de la tradition ===
Durant des siècles, les lecteurs de la [[Bible]] la considèrent comme étant majoritairement la [[Inspiration biblique|parole de Dieu]], parole qu'Il aurait inspirée ou dictée à des sages, des prophètes ou des grands-prêtres israélites. Ainsi, la tradition attribue la rédaction du [[Pentateuque]] à [[Moïse]] ; l'origine des livres de [[Livre de Josué|Josué]], des [[Livre des Juges|Juges]] et de [[Livres de Samuel|Samuel]] à des archives sacrées recueillies par le prophète [[Samuel]] ; [[Jérémie]] est vu comme étant l'auteur des [[Premier Livre des Rois|premier]] et [[Deuxième Livre des Rois|deuxième]] Livres des Rois ;  [[David (roi d'Israël)|David]] comme celui des [[Livre des Psaumes|Psaumes]], et [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]] comme celui des [[Livre des Proverbes|Proverbes]] et du [[Cantique des cantiques]]. La Bible étant considérée comme d'[[Inspiration biblique|origine divine]], la véracité historique du récit n'est alors pas remise en cause<ref name="finkel29">{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=29|id=Bible dévoilée}}</ref>. Cette tradition remonte à l'Antiquité. Or, durant cette période, il est courant d'utiliser la [[Pseudépigraphe|pseudépigraphie]], technique qui consiste à attribuer un texte récemment écrit à un illustre auteur, parfois disparu depuis longtemps ou même purement imaginaire. Il est désormais admis, dans les milieux académiques, que ce procédé prévaut également pour ce qui est de la tradition biblique. C'est ainsi que la tradition judéo-chrétienne attribue les livres de l'Ancien Testament à différents auteurs, comme il est énoncé ci-dessus<ref>{{lien web|url=http://eduscol.education.fr/cid46654/l-approche-historique-des-documents-fondateurs%C2%A0-la-bible.html|site=[[Ministère de l'Éducation nationale (France)|Ministère de l'Éducation nationale]]|titre=L'approche historique des documents fondateurs : la Bible|auteur=Jean-Marie Husser|date=15 avril 2011|consulté le=7 avril 2013}} : {{Citation|Dès le début du {{s-|XIX}}, l'exégèse critique libérale abandonna définitivement l'idée que Moïse fût l'auteur du Pentateuque et passa de la notion d'auteur à celle d'écoles et de rédacteurs. Les mêmes conclusions s'imposèrent pour l'attribution des Psaumes à David et de la littérature de sagesse à Salomon : on admit que le procédé de pseudépigraphie, courant dans l'Antiquité, valait également pour les écrits bibliques.}}</ref>.

La Bible est pendant longtemps le seul moyen d'accéder à l'histoire de l'[[Israël antique|ancien Israël]]<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=51|id=Römer 2009}}</ref>. À partir du {{s|XIX}}, l'[[archéologie biblique|archéologie dite {{citation|biblique}}]] commence par s'intéresser uniquement à chercher à confirmer le récit de la Bible, par les résultats de fouilles sur le terrain<ref>{{article|titre=L'archéologie contredit-elle la Bible ?|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|numéro=200|mois=mars|année=2012|page=9-10}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=35|id=Bible dévoilée}}</ref>. Toutefois, les progrès des recherches aidant, les archéologues s'écartent de plus en plus de cette approche, pas vraiment scientifique. Ils comprennent de plus en plus que le texte biblique est écrit en grande partie bien après les évènements qu'il relate, ou inventé dans un but avant tout théologique<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=54-55|id= Römer 2009}}</ref>. L'archéologie {{citation|biblique}}, qui prend la Bible comme la référence qui servira à interpréter chaque découverte, fait alors place à l'archéologie {{citation|palestinienne}}, pour laquelle la Bible est un texte parmi d'autres<ref>{{article|prénom1=Estelle|nom1=Villeneuve|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|titre=L'archéologie contredit-elle la Bible ?|numéro=200|mois=mars-avril-mai|année=2012|passage=10}}</ref>. Les recherches historiques et archéologiques démontrent en effet que le texte biblique n'est pas toujours un témoignage historique fiable, notamment concernant les [[Récit originel|récits originels]]<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=43-44|id=Bible dévoilée}}</ref>. [[Albert de Pury]] résume cela en disant que {{Citation|les récits des origines sont par définition mythiques [...], qu'ils aient ou non un fondement historique}}<ref>Sylvie Arsever, « Les récits des origines sont toujours mythiques », [[Le Temps (quotidien suisse)|Le Temps]], 8 avril 2009</ref>.

=== Entre positions traditionalistes et minimalistes ===
==== Partisans de l'historicité intégrale ====
[[Fichier:Khirbet Qeiyafa Ostracon.jpg|thumb|left|[[Ostracon de Khirbet Qeiyafa]], que certains spécialistes considèrent comme le plus ancien texte en hébreu.]]
Malgré ces considérations, d'autres ne sont pas prêts à renoncer si facilement à l'historicité de la Bible. C'est notamment le cas de l'égyptologue [[Kenneth Anderson Kitchen|Kenneth Kitchen]], qui défend l'idée d'un texte biblique historiquement vrai à partir de l'histoire d'[[Abraham]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kenneth A.|nom1=Kitchen|titre=On the Reliability of the Old Testament|lieu=Grand Rapids|année=2003}}</ref>. Cependant, le professeur d'Ancien Testament [[John J. Collins]] affirme que l'étude de son travail montre qu'il s'agit de l’œuvre d'un [[Apologétique|apologiste]]. Pour appuyer cette affirmation, Collins cite par exemple le fait que Kitchen explique le manque de traces d'occupation de [[Jéricho]] au {{-s|XIII}} par l'érosion du sol. Collins cite aussi le fait que la ville d'[[Aï (Bible)|Aï]] ne présente pas de traces d'occupation, contrairement à ce que l'on pourrait attendre si le récit biblique était historiquement vrai, mais que Kitchen n'y voit pas de contradiction car, selon lui, des fouilles futures devraient montrer des traces d'occupation aux alentours. Malgré tout, Kitchen doit bien admettre qu'il n'existe aucune preuve de l'[[Exode hors d'Égypte|Exode]], mais reste convaincu que la Bible est vraie tant que le contraire n'a pas été prouvé (!)<ref name="Collins 34-35">{{en}} John Joseph Collins, ''The Bible After Babel: Historical Criticism in a Postmodern Age'', 2005, {{p.|34-35}}</ref>{{,}}<ref>Voir aussi [http://www.bibleinterp.com/articles/Isbell-Kitchen_and_Minimalism.shtml Charles David Isbell, « K. A. Kitchen and Minimalism », 2004]</ref>.

Une approche similaire est proposée par Iain Provan, Phillips Long et Tremper Longman dans leur livre ''A Bible History of Israel'' (''Une histoire biblique d'Israël''). Ces derniers voient le récit biblique comme un récit fiable, même s'ils admettent ne disposer d'aucune autre source que la Bible pour ce qui est plus ancien que la période supposée de l'installation en terre d'Israël. Cela ne les empêche pas de dater assez précisément l'histoire d'Abraham au milieu du {{-s|XXII}} et de conclure que le récit biblique s'accorde assez bien avec ce qui est connu des sociétés anciennes comme celle de [[Mari (Syrie)|Mari]]<ref>{{en}} Megan Bishop Moore, Brad E. Kelle, ''Biblical History and Israel's Past'', 2011, {{p.|67}}</ref>. Selon Collins, même s'ils utilisent la pensée critique pour remettre en cause les conclusions des spécialistes, ils ne le font que superficiellement, rejetant la conclusion de l'approche critique qui amène à douter de la fiabilité de tout récit présenté comme historique, incluant celui que l'on veut ''a priori'' défendre<ref>{{en}} John Joseph Collins, ''The Bible After Babel: Historical Criticism in a Postmodern Age'', 2005, {{p.|36}}</ref>.

==== Partisans d'une rédaction très tardive ====
À l'opposé de cette approche, les thèses « minimalistes » de [[Thomas L. Thompson]] et [[Niels Peter Lemche]], de l'[[École de Copenhague (exégèse)|École de Copenhague]], situent l'écriture de la Bible durant la [[Époque hellénistique|période hellénistique]]<ref>Par exemple {{en}} Niels P. Lemche, « The Old Testament — A Hellenistic Book? », dans L. L. Grabbe (dir.), ''Did Moses Speak Attic?: : Jewish Historiography and Scripture in the Hellenistic Period'', Sheffield, 2001, {{p.|287-318}} ; id., ''The Old Testament between theology and history'', Louisville et Londres, 2008</ref>. L'idée de Thompson est que même si certains détails fournis par le récit biblique en font un récit plausible, cela ne suffit pas pour rendre le récit historiquement fiable. Selon lui, les pratiques et coutumes qui y sont décrites sont communes à une grande variété de lieux et d'époques, et donc faire un rapprochement entre elles et les coutumes d'autres peuples antiques, comme celui de [[Nuzi]], est trop aléatoire pour être déterminant. De plus, il affirme que certains des rapprochements faits par les tenants de l'historicité du texte, comme [[William Foxwell Albright|William Albright]], sont tout simplement faux<ref name="Moore Kelle 2011">{{en}} Megan Bishop Moore, Brad E. Kelle, ''Biblical History and Israel's Past'', 2011, {{p.|19}}, 57-58, 64</ref>. Selon Collins, les théories de Thompson sont si extrêmes qu'elles ne méritent pas d'être débattues<ref name="Collins 34-35"/>. William Dever les récuse aussi, les accusant d'être trop exagérées et révolutionnaires pour être vraies. Il fait de même pour celles de Lemche, qu'il qualifie de « révisionnistes »<ref>{{en}} William G. Dever, ''What Did the Biblical Writers Know, and when Did They Know It?'', 2001, {{p.|30-40}}</ref>. Malgré ces critiques, Megan Moore et Brad Kelle affirment que le travail de Thompson, associé à celui de [[John Van Seters]], a permis de remettre en cause la datation parfois trop haute de la composition de l'histoire des patriarches<ref name="Moore Kelle 2011"/>.

La grande majorité des spécialistes se situent entre ces deux extrêmes<ref group="N">C'est le cas notamment, et en dépit de leurs divergences, des archéologues William Dever, Israël Finkelstein (cf {{en}} John Joseph Collins, ''The Bible After Babel: Historical Criticism in a Postmodern Age'', 2005, {{p.|39}}) et Neil Asher Silberman ; de l'historien Mario Liverani ; des biblistes Thomas Römer, Albert de Pury, Jean-Louis Ska, William M. Schniedewind, Pierre Gilbert, Jean-Daniel Macchi ; et de bien d'autres spécialistes.</ref>. La suite de cet article présente leurs théories.

=== Limites de l'oralité ===
Afin de sauver l'historicité du récit biblique, certains avancent l'idée qu'il aurait été [[tradition orale|transmis oralement]] pendant des dizaines de générations, sans modification notable du texte<ref group="N">Cette idée est défendue entre autres par [[Martin Noth]], [[John Van Seters]], [[Frank Moore Cross]], [[Hermann Gunkel]], [[Robert Bernard Alter]] et [[Umberto Cassuto]]. Cf [http://www.bibleinterp.com/articles/2013/tho378004.shtml Thomas Thompson, « Why Talk About the Past? - The Bible, Epic, and Historiography », mars 2013], [http://www.bibleinterp.com/articles/2013/hen378007.shtml Ronald Hendel, « Oral Tradition and Pentateuchal Narrative », janvier 2013] et [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0004_0_04039.html Encyclopaedia Judaica, « Umberto Cassuto », 2008]</ref>{{,}}<ref name="Naissance Bible">{{article|prénom1=Pierre|nom1=Gibert|lien auteur1=Pierre Gibert (jésuite)|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=25-27}}</ref>. Depuis, les [[Ethnologie|ethnologues]] et [[Anthropologie|anthropologues]] modernes ont démontré que de longs récits épiques peuvent circuler  longtemps sous forme orale. C'est le cas selon eux de l'[[Épopée du roi Gesar]]<ref>Nathalie Gauthard, L’Épopée tibétaine de Gesar de Ling. Adaptation, patrimonialisation et mondialisation, Cahiers d’ethnomusicologie, 24, 2011, {{p.|173-189}}</ref> longue de plusieurs millions de mots, des Eddas scandinaves, des traditions des griots ouest africains, des légendes brésiliennes du Charlemagne<ref>Cascudo, Câmara. Os cinco livros do povo. 1953.</ref>, entre autres. En se basant sur des informations ethnographiques, la [[littérature comparée]] et l'histoire de la composition de la Mésopotamie, des spécialistes de la Bible tels qu'Eduard Nielsen ont analysé comment un texte oral peut être composé, transmis et finalement fixé sous forme écrite. Leur conclusion est que de toute évidence, il y a des variations à chaque récitation<ref>Nielsen, Eduard. Oral Tradition. A Modern Problem in Old Testament Introduction. Collection «Studies in Biblical Theology», {{n°|11}}, Londres, SCM-Press, 1954.</ref>.

Certains érudits bibliques soulignent les difficultés de transmettre de façon stable des textes aussi longs que ceux de la Bible qui ne comportent de plus presque aucune aide à la mémorisation, sur une grande période<ref>{{article|prénom1=Pierre|nom1=Gibert|lien auteur1=Pierre Gibert (prêtre)|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=25 à 27}} : {{Citation|Il est assez fréquent d’entendre évoquer la tradition orale à propos des écrits bibliques. Il n’y a pas si longtemps encore, tel ou tel ouvrage de vulgarisation sur la Bible tenait pour acquis, sans pour autant le démontrer, que les événements racontés avaient d’abord été, pendant des générations, transmis oralement. Les historiens ont depuis longtemps mis en évidence l’impossibilité de cette thèse, qui pourtant n’en finit pas de resurgir.}}</ref>. Cependant, cela n'empêche pas qu'une certaine tradition orale, en perpétuelle mutation, ait pu se transmettre sur quelques dizaines d'années ; c'est d'ailleurs vraisemblablement le cas pour la tradition évangélique du Nouveau Testament<ref name="marg17">{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=17-18|id=Marguerat 2008}}</ref>. Mais pour ce qui est des récits de l’Ancien Testament, qui demanderaient une improbable transmission orale sur des siècles, l'historicité du texte dépend en grande partie de la capacité des [[Scribe dans le Proche-Orient ancien|scribes]] à coucher rapidement par écrit les faits qui le composent<ref name="Naissance Bible"/>.

=== Apparition de l'écriture hébraïque ===
L'écriture [[Alphabet paléo-hébraïque|paléo-hébraïque]], celle des premiers israélites, dérive du [[phénicien]]. Dès le début du [[Ier millénaire av. J.-C.|{{Ier}} millénaire av. J.-C.]], l'[[alphabet phénicien]] comporte vingt-deux lettres et se lit de droite à gauche, tout comme l'[[hébreu]]. Cependant, les spécialistes débattent encore pour fixer le moment précis à partir duquel le nouveau langage prend son indépendance sur l'ancien, permettant ainsi à Israël de constituer ses premières archives historiques<ref name="MDLB Automne 2012 p33">{{article|prénom1=Estelle|nom1=Villeneuve|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=33}}</ref>.

Un tesson inscrit datant du {{-s|X}}, retrouvé en 2008 à [[Ostracon de Khirbet Qeiyafa|Khirbet Qeiyafa]], à l'ouest de la [[Judée]], est un indice majeur dans ce débat. Cependant, les spécialistes sont partagés quant à l'interprétation à donner à cette découverte : certains y voient un exercice de scribe rédigé en hébreu, preuve selon eux qu'il existe déjà des pratiques scribales en Judée à l'époque de David ; d'autres y voient une liste de noms cananéens<ref name="MDLB Automne 2012 p33"/>. Quoi qu'il en soit, l'existence d'une documentation [[épigraphie|épigraphique]] dans la région israélite est attestée à partir du {{-s|IX}}, même si celle qui est retrouvée à cette époque, outre quelques inscriptions funéraires, est essentiellement administrative et commerciale<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=53|id= Römer 2009}}</ref>. C'est à partir de là que le récit biblique commence de plus en plus à coïncider avec l'histoire réelle, même s'il contient encore des aspects légendaires et mythologiques, et reste orienté théologiquement<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=66-67|id= Römer 2009}}</ref>.

== Histoire de la formation de la Bible ==
=== De l'émergence au déclin du royaume d'Israël ===
Les historiens situent en général l'émergence du [[royaume d'Israël]] vers la fin du {{-s|XI}} ou au début du {{-s|X}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=127|id=Liverani 2008}}</ref>. Le {{citation|cantique de [[Débora]]h}} contenu dans le [[livre des Juges]]<ref group="N">Chapitre 5 du [[Livre des Juges]].</ref>, et que certains considèrent comme l'un des plus anciens textes de la Bible, retrace selon [[Mario Liverani]] l'un des plus anciens épisodes historiquement plausibles du texte biblique, à savoir la bataille de Tanak près de [[Megiddo]], qui dépeint un affrontement entre plusieurs tribus de [[Galilée (région)|Galilée]] et du centre, et certaines cités [[Canaan (région)|cananéennes]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=129-130|id=Liverani 2008}}</ref>. Il est toutefois largement accepté que, même s'il est indéniable que le livre des Juges contient des éléments textuels anciens, le livre dans son ensemble a été retravaillé et sa forme finale relève d'une construction idéologique plus tardive<ref>Corine Lanoir, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=355|id= Römer 2009}}</ref>.

L'histoire du [[royaume d'Israël]], et plus généralement de la région du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]], est en grande partie couverte par les livres des Rois, même si ceux-ci sont écrits bien après les évènements, en se basant sur des sources supposées fiables<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=64-72|id= Römer 2009}}</ref>. À partir du milieu du {{-s|VIII}}, l'impérialisme [[assyrie]]n monte en puissance, ce qui a des conséquences désastreuses sur le royaume d'Israël, à tel point qu'en [[Années 720 av. J.-C.|722 av. J.-C.]] sa capitale, [[Samarie]], est soumise, et le royaume disparaît<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=27, 329, 332|id=Bible dévoilée}}</ref>. Selon Mario Liverani, l'un des plus anciens récits prophétiques est peut-être celui d'[[Amos (prophète)|Amos]], qui prophétise la destruction du royaume d'Israël peu après le début de la conquête assyrienne dans la région<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=169|id=Liverani 2008}}</ref>. Le livre est toutefois l'objet de tant de réécritures qu'il est difficile de différencier ce qui relève effectivement des paroles du prophète de ce qui a été ajouté plus tard<ref name="butt493">Simon Butticaz, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=493-494|id= Römer 2009}}</ref>. C'est à la même époque que les récits d'autres prophètes, comme [[Osée (prophète)|Osée]], [[Michée]] et l'[[Isaïe]] historique, sont les premiers textes de ce qui deviendra plus tard la Bible hébraïque<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=214-216|id=Liverani 2008}}</ref>.

=== Le royaume de Juda et l'Exil ===
[[Fichier:josiah.gif|thumb|upright=1.2|''Josiah écoutant la lecture de la loi'' par [[Julius Schnorr von Carolsfeld]].]]

La fin du royaume d'Israël permet au [[royaume de Juda]], resté jusque-là dans l'ombre de son puissant voisin du Nord, de prendre de l'importance. [[Jérusalem]], qui accueille alors l'élite du royaume israélite disparu, connaît une croissance et une prospérité sans précédent. La région s'alphabétise et le commerce est florissant<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=343, 363-366|id=Bible dévoilée}}</ref>{{,}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=72-75|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=SCH|Schniedewind|2006|p=81-104 et 118-128}}</ref>. Une trace importante de cette alphabétisation figure sur le plus ancien fragment découvert à ce jour d'un texte sur lequel figure un passage que l'on retrouve dans la Torah, qui est daté vers [[Années 600 av. J.-C.|600 av. J.-C.]] Il s'agit d'une [[amulette]] [[apotropaïque]] trouvée à [[Ketef Hinnom]], où figure la même [[bénédiction sacerdotale]] que celle qui figure en [[Livre des Nombres|Nombres]] 6 : 24 à 27<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Marilyn J.|nom1=Lundberg|prénom2=Steven|nom2=Fine|prénom3=Wayne T.|nom3=Pitard|titre=Puzzling Out the Past|sous-titre=Studies in Northwest Semitic Languages and Literatures in Honor of Bruce Zuckerman|éditeur=[[Éditions Brill]]|année=2012|passage=104 à 110|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ndvjRFBvjYUC&pg=PP121#v=onepage&q&f=false|consulté le=4 février 2013|isbn=9789004227156|pages totales=352}}</ref>.

Au sud du royaume d'Israël, le [[royaume de Juda]] passe lui aussi sous domination assyrienne à partir de [[Années 750 av. J.-C.|750 av. J.-C.]] environ, mais les rois judéens, contrairement à leurs futurs ex voisins du Nord, savent en grande majorité composer avec cette situation et jouir de la {{citation|paix assyrienne}}<ref group="N">[[Achaz]] de Juda devient le vassal de l'Assyrie avant la chute du royaume d'Israël ; cf. {{harvsp|Finkelstein|2004|p=363|id=Bible dévoilée|texte=''La Bible dévoilée''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=363|id=Bible dévoilée}}</ref>. Vers [[Années 620 av. J.-C.|625 av. J.-C.]], l'empire assyrien se retrouve affaibli par les Babyloniens, et l'[[Égypte antique|Égypte]] en profite pour reprendre un certain contrôle de la région du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]]. Ce conflit entre empires rivaux donne une plus grande liberté d'action à [[Josias]], alors roi de Juda, qui se lance dans une politique de reconquête de territoires perdus par le royaume du Nord, ainsi que dans une réforme religieuse d'envergure. Cette réforme vise à rendre un culte exclusif au seul dieu [[YHWH|Yahvé]] et à faire de Jérusalem le lieu privilégié de ce culte<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=75-77|id= Römer 2009}}</ref>.

La Bible relate que Josias découvre dans le [[Temple de Jérusalem]] un {{citation|livre de la Loi}} durant sa dix-huitième année de règne, que les historiens situent en [[Années 620 av. J.-C.|622 av. J.-C.]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=238|id=Liverani 2008}}</ref> De nombreux spécialistes identifient ce livre comme étant une partie du [[Deutéronome]]<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=409, 411, 415|id=Bible dévoilée}}</ref>, et pensent plus probable que ce livre, au lieu d'avoir été simplement découvert, a plutôt été écrit directement par l'entourage de Josias ou peu de temps avant son règne<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=417|id=Bible dévoilée}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=239|id=Liverani 2008}}</ref>. C'est à partir de ce moment-là que commencerait l'écriture de l'{{citation|[[histoire deutéronomiste]]}}, laquelle est définie comme incluant les livres allant du Deutéronome aux Rois. Ces livres auraient ensuite été révisés et complétés pendant des générations<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=244|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=SCH|Schniedewind|2006|p=141-163}}</ref>. Certains spécialistes défendent l'idée d'une première édition du texte biblique sous le règne d'[[Ézéchias]], également roi de Juda, incluant notamment les plus anciens textes prophétiques (dans l'ordre du canon) et une première mouture de textes historiographiques (Livres des Rois, voire certains récits de la Torah)<ref>{{chapitre|langue=en|prénom1=Baruch|nom1=Halpern|prénom2=André|nom2=Lemaire|titre=The Composition of Kings|titre ouvrage=The Books of Kings : Sources, Composition, Historiography and Reception|auteurs ouvrage=Baruch Halpern et André Lemaire|lieu=Leyde|éditeur=Brill|année=2010|passage=143-148}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=SCH|Schniedewind|2006|p=96-109}}</ref>. Mais il est plutôt admis que le changement le plus important se produit sous le règne du roi Josias.

Selon plusieurs spécialistes, dont Shira Faigenbaum-Golovina et [[Israël Finkelstein]], l'analyse d'[[Ostraca d'Arad|ostraca découverts à Arad]] tend à montrer que le haut degré d'alphabétisation dans l'administration du [[royaume de Juda]] à la fin du {{-s|VII}} fournissait un cadre possible à la compilation de textes bibliques comme les livres historiques, de celui de [[Livre de Josué|Josué]] à ceux des [[Livres des Rois (Bible)|Rois]]<ref>{{lien web|lang=en|url=www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1522200113|titre=Algorithmic handwriting analysis of Judah’s military correspondence sheds light on composition of biblical texts|date=3 mars 2016|éditeur=Université Ben Gourion|site=Proceedings of the National Academy of Sciences|auteur=Shira Faigenbaum-Golovina, Arie Shausa, Barak Sobera, David Levin, Nadav Na’aman, Benjamin Sass, Eli Turkela, Eli Piasetzkyd et Israel Finkelstein}} (article payant)</ref>.

Les ambitions de Josias sont brisées net en [[Années 600 av. J.-C.|609 av. J.-C.]], lorsqu'il est tué par le pharaon [[Nékao II]], à la bataille de [[Megiddo]]<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=77|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=246|id=Liverani 2008}}</ref>. S'ensuivent des années difficiles pour le royaume de Juda, qui se trouve d'abord sous domination égyptienne pendant quelques années, puis rapidement sous domination babylonienne. Pensant pouvoir compter sur l'aide de l'[[Égypte antique|Égypte]], les Judéens se révoltent contre la nouvelle puissance babylonienne, mais ces révoltes sont vite matées, et en [[Années 580 av. J.-C.|587 av. J.-C.]], Jérusalem et son temple sont détruits, et une partie de la population est emmenée en exil à Babylone<ref group="N">L'ampleur de cette déportation est une question qui divise les historiens. Selon [[Mario Liverani]], le royaume de Juda est pratiquement vidé de ses habitants, tandis qu'[[Israël Finkelstein]] affirme qu'au moins 75 % de la population est restée dans le pays ; cf. Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|p=78-79|id=Römer 2009|texte=''Introduction à l'AT''}}, {{harvsp|Finkelstein|2004|p=454|id=Bible dévoilée|texte=''La Bible dévoilée''}} et {{harvsp|Liverani|2008|p=266|id=Liverani 2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''}}</ref>.

C'est au contact de la civilisation babylonienne que se forge une grande partie de la Bible. En effet, les récits bibliques de la création du monde, du jardin d'[[Éden]], du [[Déluge]]<ref>{{article|titre=La thèse du retour d'exil|auteur=[[Pierre Bordreuil]] et [[Françoise Briquel-Chatonnet]]|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=automne|année=2012|page=43}}</ref> et de la [[tour de Babel]] rappellent sans aucun doute des récits babyloniens<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=320-327|id=Liverani 2008}}</ref>. Une grande partie des livres des Rois et du livre de Samuel leur est également empruntée : même façon d'entrecroiser l'histoire de deux royaumes en une seule narration, même système de datation, mêmes formules funéraires, et même évaluation des rois comme bons ou mauvais suivant qu'ils honorent ou non le culte du dieu national<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=311-315|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>''Contra'' {{harvsp|id=SCH|Schniedewind|2006|p=165-194}}, qui pense que les conditions difficiles dans lesquelles se trouve la communauté exilée ne sont pas propices à une rédaction importante.</ref>.

À partir de l'[[Exil à Babylone|Exil]], d'importantes communautés judéennes résident non seulement en Judée  – celles qui sont restées sur place – mais aussi en Babylonie, ainsi qu'en Égypte où une partie de la population de Juda s'est réfugiée<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=80-81|id= Römer 2009}}</ref>. C'est à partir de ce fait de l'Exil que les livres des prophètes [[Livre d'Ézéchiel|Ézéchiel]], du [[Livre d'Isaïe#Isaïe 40 à 55 ou le « Deutéro-Isaïe »|Deutéro-Isaïe]] et de [[Livre de Jérémie|Jérémie]], entre autres, s'interrogent sur certaines questions cruciales comme celles concernant le culte exclusif à un seul Dieu, l'éthique religieuse en remplacement du culte rituel, ou encore l'importance de la responsabilité individuelle par rapport à la [[responsabilité collective]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=275-290|id=Liverani 2008}}</ref>.

=== Époque perse ===
[[Fichier:Cyrus II le Grand et les Hébreux.jpg|thumb|left|La clémence de [[Cyrus le Grand|Cyrus II]] envers les Hébreux. Miniature tirée des ''[[Antiquités judaïques]]'' de [[Flavius Josèphe]], attribuée à [[Jean Fouquet]] ou au maître du Boccace de Munich, vers 1470. [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], Fr.247, f.230v.]]

En [[Années 530 av. J.-C.|539 av. J.-C.]], [[Babylone]] tombe devant [[Cyrus le Grand|Cyrus]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=339|id=Liverani 2008}}</ref>. Le retour d'exil a lieu peu après pour une partie des judéens de Babylone, et il est suivi quelques années plus tard par la reconstruction du temple<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=83-84|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=442-444|id=Bible dévoilée}}</ref>. Cette période est couverte par les livres d'[[Livre d'Esdras|Esdras]] et de [[Livre de Néhémie|Néhémie]], qui fournissent des listes établissant qu'un total de {{nombre|42360|personnes}} revient au pays. Même si certains détails de ces listes peuvent être authentiques, la fiabilité du total est douteuse<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=344-345|id=Liverani 2008}}</ref>, car au lieu d'observer un retour massif d'exilés, l'archéologie montre plutôt que ce qui a été le royaume de Juda se dépeuple progressivement à partir de la fin de l'époque monarchique, au début du {{-s|VI}}, et que ce dépeuplement continue après la période supposée du retour d'exil<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=84-85|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref group="N">Les recherches archéologiques démontrent que la population du [[Yehoud Medinata|Yehoud]] aux {{-s2|V||IV}} ne dépasse pas les {{nombre|30000|personnes}} ; cf. {{harvsp|Finkelstein|2004|p=456|id=Bible dévoilée|texte=''La Bible dévoilée''}}. Liverani parle même d'une population de {{nombre|12000|habitants}} environ pour la Judée entre 550 et 450 av. J.-C., et de {{formatnum:17000}} environ entre 450 et 330 av. J.-C. ; cf. {{harvsp|Liverani|2008|p=371|id=Liverani 2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''}}</ref>. L'épisode de la reconstruction du Temple est lui-même sujet à des explications diverses et contradictoires, suivant les livres bibliques qui en parlent<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=86-87|id= Römer 2009}}</ref>.

L'époque perse de la dynastie des [[Achéménides]], entre [[Années 530 av. J.-C.|538]] et [[330 av. J.-C.]], voit grandir le pouvoir du grand prêtre de [[Jérusalem]]. Dès la fin de la reconstruction du Temple en [[Années 510 av. J.-C.|515]], ce sont les grands prêtres qui prennent la tête de la communauté judéenne<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=422|id=Liverani 2008}}</ref>. Les livres bibliques qui parlent de cette époque, comme celui d'[[Livre d'Aggée|Aggée]] et probablement celui de [[Livre de Zacharie|Zacharie]], montrent indirectement l'importance grandissante de cette fonction, préfigurée de manière anachronique par [[Josué]], au détriment de celle de gouverneur<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=87-88|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=452|id=Liverani 2008}}</ref>. D'ailleurs, l'autorité du temple de Jérusalem est rapidement largement reconnue, que ce soit à [[Béthel]] ou par la communauté juive d'[[Île Éléphantine|Éléphantine]], en [[Égypte]]<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=88-89|id= Römer 2009}}</ref>.

L'importance que prend le Temple de Jérusalem s'opère aux dépens des [[samaritains]], dont certains peuplent encore l'ancien royaume du Nord. Ceux-ci voient d'un mauvais œil le fait que l'histoire biblique est réécrite dans une perspective essentiellement judéenne, et qui plus est dans une optique plutôt critique envers les rois d'Israël. C'est la raison pour laquelle ils rejettent progressivement, à partir de la fin du {{-s|V}}, la version judéenne de la Bible, et rendent un culte à Yahvé dans leur propre temple à [[Sichem]], sur le [[mont Garizim]]. Bien plus tard, ils éditeront leur propre version de la [[Bible samaritaine|Torah]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=457-458|id=Liverani 2008}}</ref>.

C'est vraisemblablement à partir de là que les rédacteurs sacerdotaux mettent une grande partie du [[Livre de la Genèse]], comprenant le {{citation|mythe des Patriarches}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=352-362|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=223-224|id= Römer 2009}}</ref> et probablement l'histoire de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], sous une forme proche de celle que nous connaissons aujourd'hui<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=363-365|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=246-247|id= Römer 2009}}</ref>. Le [[livre de l'Exode]], se basant sur l'idée qu'Israël s'est affranchi de l'influence égyptienne au début de son histoire, n'est  pas sans faire écho au retour de l'exil à Babylone<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=380-386|id=Liverani 2008}}</ref>. De même, le récit du [[livre de Josué]] concernant la conquête de Canaan, dont la base passe pour avoir été écrite sous [[Josias]], est probablement complété après le retour d'exil, et ce afin de justifier l'installation des rapatriés dans un pays qui n'a jamais vraiment cessé d'être habité<ref name="rom338">Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=338-339|id= Römer 2009}}</ref>. Selon Mario Liverani, une datation tardive de sa rédaction est nécessaire pour expliquer les divers anachronismes et incongruités qui peuplent le récit, comme les listes des peuples prétendument conquis par Josué, mais qui n'existent pas en [[Canaan (région)|Canaan]] à l'époque où se situe le texte, et dont certains sont même de pures inventions<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=373-377, 388-394|id=Liverani 2008}}</ref>. De même, il semble qu'une grande partie du [[livre des Juges]] est écrite alors, c'est-à-dire après que la Judée se fut retrouvée, durant près d'un siècle, sans autorité politique formelle<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=402-418|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>Corinne Lanoir, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=352-353|id= Römer 2009}}</ref>.

Les livres d'[[Livre d'Esdras|Esdras]] et de [[Livre de Néhémie|Néhémie]], dont l'action se situe vers la fin du {{-s-|V}} ou au début du {{-s|IV}}, brossent un tableau idyllique d'une concertation harmonieuse entre les rôles de grand prêtre et de gouverneur<ref group="N">L'analyse critique montre que ces livres ont été l'objet de nombreuses éditions, et ce probablement jusqu'au {{-s-|II}} ; cf. Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=92-98|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=92-98|id= Römer 2009}}</ref>. Cependant, l'avènement d'[[Esdras]] comme scribe et prêtre, en [[398 av. J.-C.]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=421|id=Liverani 2008}}</ref>, marque un tournant dans la conception du pouvoir, car c'est à partir de là que la {{citation|Loi de Dieu}} est désormais interprétée exclusivement par le grand prêtre, et qu'elle prend le pas sur toute autre loi ou gouvernement humain<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=454-455|id=Liverani 2008}}</ref>. Cette Loi qui est traditionnellement attribuée à la figure fondatrice de [[Moïse]], est d'une conception relativement tardive et n'est bouclée qu'à l'époque d'Esdras<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=470|id=Liverani 2008}}</ref>. Selon Mario Liverani, 95 % du ''corpus'' législatif et rituel de la Bible, contenu principalement dans le [[Lévitique]] mais aussi dans d'autres livres de la [[Torah]] comme le [[Deutéronome]], est écrit après l'Exil<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=476|id=Liverani 2008}}</ref>.

Des débats agitent la communauté judéenne de retour d'exil, qui cherche son identité. Tout d'abord, la législation sociale qui est proposée présente un modèle utopique, où les dettes sont régulièrement effacées et les esclaves affranchis. La plupart des historiens peinent à croire que ce modèle ait réellement été appliqué<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=479-481|id=Liverani 2008}}</ref>. Ensuite, le problème des mariages mixtes, dénoncé avec plus ou moins de force dans toute la Bible, refait surface. La communauté sacerdotale ayant pris le pouvoir, l'idéal de pureté de race et de religion est mis en avant, et les prêtres, dont Esdras, vont jusqu'à inciter la population à répudier les femmes étrangères et les enfants naissant de ces unions. Bien que [[Malachie]] dénonce ces mesures dans son [[livre de Malachie|livre]], et que le Trito-[[Isaïe]] incite à une certaine ouverture envers les étrangers, une partie de la communauté continue à se renfermer sur elle-même<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=481-485, 495-496|id=Liverani 2008}}</ref>. Enfin, l'idéal de pureté, qui s'est affirmé en exil, incite à observer plus que jamais des rites comme la [[circoncision]], le [[Shabbat]] et les autres fêtes religieuses, ainsi que les nombreux [[Cacherout|interdits alimentaires]] et règles d'hygiène corporelle, qui apparaissent ou s'affirment durant cette période<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=485-491|id=Liverani 2008}}</ref>.

[[Marc-Alain Ouaknin]] fait l'hypothèse que les {{Citation|onze premiers chapitres pourraient être en fait les traces de manuels scolaires babyloniens. Ceux-ci devaient se présenter sous une forme semblable, ils compilaient des mythes de création et donnaient ainsi des exemples pour diverses matières scolaires. Quand la Genèse retrace la généalogie des ancêtres d’Israël, il s’agit de faire pratiquer aux élèves des calculs algébriques, additions, soustractions, multiplications et divisions, à partir des âges des patriarches, d’Adam à Abraham. Quand elle décrit les dimensions de l’Arche, le but est de proposer un exercice de géométrie. Et quand elle raconte le périple des enfants de Noé et mentionne les cités et les royaumes du Proche-Orient, c’est un cours de géographie. Enfin, avec la Tour de Babel, le livre présente l’histoire des langues, la complexité de leur naissance et de leurs diversifications !}}<ref>Jérémy André [https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2021/03/28/les-premiers-chapitres-de-la-genese-pourraient-etre-les-traces-de-manuels-scolaires-babyloniens_6074735_6038514.html « Les premiers chapitres de la Genèse pourraient être les traces de manuels scolaires babyloniens »], ''lemonde.fr'', 28 mars 2021</ref>

=== Époque hellénistique ===
À la suite de la victoire d'[[Alexandre le Grand]] à la [[bataille d'Issos]] en [[333 av. J.-C.]], la [[Judée]] tombe sous la domination des [[Grèce antique|Grecs]]<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=465|id=Bible dévoilée}}</ref>. Cette victoire est suivie par d'autres, si bien que toute la [[Bassin Levantin|Méditerranée orientale]] est rapidement conquise par Alexandre. Commence alors pour la Judée et la diaspora d'[[Égypte]], située principalement à [[Alexandrie]], une période d'[[hellénisme|hellénisation]] progressive, même si les juifs gardent une certaine autonomie dans le nouvel empire<ref>{{article|titre=Les rois grecs et les juifs|prénom1=Maurice|nom1=Sartre|lien auteur1=Maurice Sartre|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2011|page=27 et 28}}</ref>. Dans celui-ci, le rôle du grand prêtre de Jérusalem devient de plus en plus important : il est désormais responsable de la collecte des taxes et du [[tribut]], et représente le peuple auprès de la cour d'Alexandrie. Cependant, son pouvoir est contrebalancé par le Conseil des anciens, qui se transforme vers [[200 av. J.-C.]] en une puissante institution : le [[Sanhédrin]]<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=98-99|id= Römer 2009}}</ref>. Au {{-s|III}}, la [[diaspora]] constituée en Égypte se réunit dans des {{citation|maisons de prières}} - les futures [[synagogue]]s - où elle prie et étudie la liturgie éditée par le Temple de Jérusalem. Entre [[282 av. J.-C.|282]] et [[246 av. J.-C.]], sous l'impulsion de [[Ptolémée II]] et en accord avec les juifs, la [[Torah]] est traduite en grec<ref>{{article|titre=Les rois grecs et les juifs|auteur=[[Maurice Sartre]]|périodique=[[Le Monde de la Bible]], Hors série|mois=automne|année=2011|page=28}}</ref>. S'ensuit la traduction des [[Nevi'im]] (Prophètes), qui est achevée vers le milieu du {{-s|II}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=466|id=Bible dévoilée}}</ref>, puis s'ajoutent à ce ''corpus'', appelé plus tard la [[Septante]], les [[Ketouvim]] ( Écrits) et d'autres textes rédigés directement en grec<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=101-103|id= Römer 2009}}</ref>.

[[Fichier:Stattler-Machabeusze.jpg|thumb|upright=1.3|''Maccabées'', toile de Wojciech Stattle, [[1844]].]]

C'est dans ces conditions qu'une collection de textes faisant autorité voit le jour. Au début du {{-s|II}}, elle est donc composée du Pentateuque, des Prophètes et de certains des futurs [[Hagiographie|Hagiographes]]. Ne manquent alors à cette liste que les livres de [[Livre de Daniel|Daniel]], d'[[Livre d'Esdras|Esdras]]-[[Livre de Néhémie|Néhémie]], et le [[livre d'Esther]]. Il ne s'agit toutefois pas encore d'un canon au sens propre car, comme le fait remarquer Arnaud Sérandour, {{Citation|le texte de chacun de ces livres demeure fluctuant et comporte des variantes considérables, quantitatives et qualitatives d'un manuscrit à l'autre}}. Malgré cela, l'écriture est de plus en plus considérée comme {{citation|sainte}} et prend une place grandissante dans le culte<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=100|id= Römer 2009}}</ref>.
Au tout début du {{-s|II}}, la Judée passe d'une domination [[Dynastie des Ptolémées|ptolémaïque]] à celle des [[Séleucides]]. L'hellénisation de la région se poursuit encore, encouragée au début par une grande partie de l'élite juive. Cependant, deux camps se font rapidement face : d'une part ceux qui désirent poursuivre une politique d'intégration à l'empire, et d'autre part ceux qui veulent sauvegarder à tout prix la tradition [[Saintes Écritures|scripturaire]]<ref>{{article|titre=Les rois grecs et les juifs|périodique=[[Le Monde de la Bible]], Hors série|mois=automne|année=2011|page=30-31}}</ref>. La situation tourne au conflit lors de la [[Révolte des Maccabées|crise maccabéenne]], qui fait rage de [[174 av. J.-C.|174]] à [[152 av. J.-C.]] Un nouveau genre littéraire apparaît avec la révolte :  l'apocalyptique, dont le [[livre de Daniel]] est le représentant canonique. Les thèmes de la venue prochaine d'un [[Messie]] et de la [[fin du monde]] se développent au sein de cette littérature<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=104-109|id= Römer 2009}}</ref>.

Un nouvel État émerge du chaos provoqué par la révolte : l'[[Hasmonéens|État hasmonéen]]. Bien qu'il revendique et obtienne assez tôt une certaine indépendance, ce nouvel État doit faire face à la rivalité de ses voisins et à des oppositions internes. [[Flavius Josèphe]] explique que les trois {{citation|écoles de pensée}} que sont les [[pharisiens]], les [[sadducéens]] et les [[esséniens]], seraient apparues dès le début de son avènement<ref group="N">La réalité est plus complexe que ce qu'en présente Flavius Josèphe qui, à la fin du {{s-|I}}, dans une démarche apologétique visant à démonter la supériorité de la pensée judéenne sur la pensée gréco-romaine, emploie néanmoins le cadre de cette dernière pour proposer une série d'{{citation|écoles}} (plus exactement utilisant indifféremment le terme {{Langue|grc-Latn|''haíresis''}}, {{citation|choix}}, pour tous ces courants) dans une présentation qui, si elle n'est pas complètement fausse, reste {{citation|artificielle et partielle}} ; cf. [[Simon Claude Mimouni]], op. cit. 2012, {{p.|228-229}}</ref>, mais les différents mouvements de pensée juive semblent plutôt apparaître d'une manière progressive et mal définie, à l'époque des [[Maccabées]] et des Hasmonéens, en réaction aux heurts qui traversent la période<ref name="Mimouni_235">{{harvsp|Mimouni|2012|p=229}}</ref>. Le nationalisme judéen est alors à son comble, ce qui se reflète dans les deux premiers [[livres des Maccabées]], ainsi que dans les livres de [[Livre de Judith|Judith]] et d'[[Livre d'Esther|Esther]], tous écrits ou remaniés durant le {{-s-|II}}<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=110-112|id= Römer 2009}}</ref>.

=== Époque romaine ===
En [[63 av. J.-C.]], [[Pompée]] arrive en Judée et prend Jérusalem<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2000|passage=Chapitre LXIX|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. C'en est fini de l'État hasmonéen indépendant, même s'il ne disparaît qu'en [[41 av. J.-C.]], lorsqu'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]] est nommé roi de la région. Hérode donne une nouvelle splendeur au Temple de Jérusalem, mais remet en cause son fonctionnement et se mêle de politique intérieure, ce qui ne lui sera pas pardonné par la communauté juive. Le [[livre de la Sagesse|livre de la {{citation|Sagesse de Salomon}}]], écrit du temps d'Hérode, marque un tournant dans la pensée juive, puisqu'il présente pour la première fois les notions d'immortalité et d'incorruptibilité des justes malgré la mort<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=113-115|id= Römer 2009}}</ref>. Le joug romain est de plus en plus écrasant pour une partie des juifs au {{s|I}}, si bien qu'une importante révolte éclate à partir de [[66]]<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=115-118|id= Römer 2009}}</ref>. Elle est matée dans le sang quatre ans plus tard, et le Temple de Jérusalem est détruit. D'autres révoltes suivent jusqu'en [[135]] et les conséquences sont désastreuses pour les habitants de Judée et de [[Samarie]], qui doivent fuir la répression qui s'ensuit. La littérature qui est alors produite, comme les apocalypses de Baruch<ref group="N">Les Apocalypses de Baruc', connues aussi sous les noms de 2 Baruch et 3 Baruch, sont des livres apocryphes attribués à [[Baruch ben Neria]], le scribe de [[Jérémie]]. Ils ne doivent pas être confondues avec le [[Livre de Baruch]] ou 1 Baruch.</ref>, met l'accent sur les attentes messianiques et [[Eschatologie juive|eschatologiques]] caractéristiques de cette époque troublée<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=119-120|id= Römer 2009}}</ref>.

Au début du {{s|I}}, un juif nommé [[Jésus de Nazareth|Jésus]] se fait connaître en Judée comme prêcheur de l'avènement imminent du « [[Royaume de Dieu]] », mais aussi comme exorciste et [[thaumaturgie|thaumaturge]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2000|passage=203 et 204|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. Vers l'an [[30]], il est arrêté puis mis à mort, mais ses disciples, qui pour la plupart se trouvent à Jérusalem, annoncent alors sa résurrection d'entre les morts<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=207 et 208|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. De cette annonce naît entre [[50]]<ref group="N">La première lettre de Paul aux Thessaloniciens est la plus ancienne du Nouveau Testament ; cf. François Vouga, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=158|id=Marguerat 2008}}</ref> et [[130]]<ref group="N">La deuxième épitre de Pierre est la plus tardive du Nouveau Testament ; cf. Jacques Schlosser, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=464-465|id=Marguerat 2008}}</ref> une littérature centrée sur les gestes et les paroles de Jésus, mais aussi sur celles des communautés qui suivent ses enseignements et qui recevront plus tard le nom de {{citation|[[christianisme|chrétiens]]}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=238|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. Une partie de cette littérature est organisée sous [[Canon biblique|forme canonique]] au {{s|IV}} et connue désormais sous le nom de [[Nouveau Testament]]<ref>Jean-Daniel Kaestli, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=497-499|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Une version particulière du [[Tanakh]] semble s'imposer dans les synagogues vers la fin du {{s|I}}, à l'exception des communautés samaritaines, qui gardent leur propre édition de la Torah. Ce texte peut être qualifié de {{citation|protomassorétique}}, car ses caractéristiques propres, particularités orthographiques et erreurs de scribes, se retrouvent ensuite dans le [[texte massorétique]] lui-même<ref>Adrian Schenker, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=45-46|id= Römer 2009}}</ref>. Au {{s|II}}, la Bible est traduite en [[syriaque]], se basant pour l'Ancien Testament en partie sur la version hébraïque et en partie sur la Septante en grec, et traduisant le Nouveau Testament du grec. Ce texte reçoit le nom de « [[Peshitta]] » (la « Simple »). À peu près au même moment, une traduction en [[latin]] basée sur la Septante voit le jour : la « Vieille Latine » (''{{langue|lat|[[Vetus Latina]]}}''). Elle est suivie au début du {{s|V}} par une autre traduction en latin : la [[Vulgate]], qui s'impose jusqu'au [[Moyen Âge]]<ref>{{harvsp|Mainville|1995|texte=''La Bible au creuset de l'histoire''|p=26}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} D. C. Parker, ''An introduction to the New Testament manuscripts and their texts'', Cambridge, 2008, {{p.|57}}</ref>.

== Collections canoniques et variantes textuelles ==
{{Article détaillé|Massorah|Canon biblique|Traductions de la Bible|Variantes textuelles du Nouveau Testament}}

[[Fichier:Entire Tanakh scroll set.png|right|thumb|Jeu complet des rouleaux du Tanakh.]]
Comme pour tout autre écrit de l'[[Antiquité]], aucun des textes originaux de la Bible telle qu'elle nous est parvenue n'a été retrouvé à ce jour<ref>[[Adrian Schenker]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=42-50|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>Roselyne Dupont-Roc, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=509|id=Marguerat 2008}}</ref>. La notion même de texte {{citation|original}} n'a pas vraiment de sens, puisque la Bible se distingue dès sa formation par une pluralité de formes<ref name="UniGE"/>. Par exemple, le canon de la [[Tanakh|Bible hébraïque]] du [[judaïsme rabbinique]], le [[texte massorétique]], n'est pas le même que le canon de la Bible grecque des Églises d'Orient et d'Occident, la [[Septante]]<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=20|id= Römer 2009}}</ref>. De plus, [[Pentateuque samaritain|l'édition samaritaine du Pentateuque]] n'a pas le même texte que le Pentateuque massorétique, et les [[manuscrits de la mer Morte]] démontrent concrètement, par leurs divergences textuelles, que le texte biblique est l'objet de plusieurs rédactions et éditions, qui peuvent parfois apporter des changements importants<ref>Adrian Schenker, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=44-45|id= Römer 2009}}</ref>. Il existe aussi par exemple une très grande pluralité de canons entre les Églises d'Orient, et les anciens testaments orthodoxes, syriaques, araméens et éthiopiens ont tous retenu des livres différents<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=810-811|id= Römer 2009}}</ref>.

En plus de choix divergents concernant les livres qui sont retenus dans les différents canons, il y a aussi des choix divergents de variantes textuelles à l'intérieur d'un même livre. Certaines sont dues à des réécritures intentionnelles pour des raisons [[linguistique]]s, [[Exégèse|exégétiques]] ou [[Théologie|théologiques]], certaines à des erreurs de copistes, etc. Tout cela a plus ou moins altéré les textes au cours des siècles<ref>{{harvsp|Bauks|2008|texte=''Manuel d'exégèse de l'Ancien Testament''|p=30-31|id= Bauks 2008}}</ref>.

La [[Torah]] seule compte plus de {{unité|4000|{{citation|lieux variants}}}}<ref group="N">Un {{citation|lieu variant}} est un verset qui est différent d'un manuscrit à l'autre ; cf. {{harvsp|Marguerat|2008|p=509|id=Marguerat 2008|texte=''Introduction au NT''}}</ref>, une grande partie d'entre eux ayant ainsi un  sens différent d'une variante à l'autre lieu<ref name="UniGE">{{pdf}} {{lien web|url=http://www.unige.ch/theologie/macchi/enseignement/presentations/evolution-textegrd.pdf|titre=Comprendre comment le texte de la Bible hébraïque a évolué - La critique textuelle|date=2006|site=[[Université de Genève]]}}</ref>. Des lieux variants sont aussi présents dans d'autres livres, par exemple celui de [[Livre de Josué|Josué]], qui est plus court d'environ 4 à 5 % dans la Septante que dans le [[texte massorétique]], et dont certains récits, comme le chapitre 6, sont très différents entre ces deux canons<ref group="N">Comparer [http://fr.wikisource.org/wiki/Livre_de_Josué_-_Darby#Chapitre_6 le texte massorétique de Josué chapitre 6] avec [http://ia600608.us.archive.org/0/items/LaBibleDesSeptanteEnFrancaisVol1/Giguet_vol_1.pdf celui de la Septante ({{p.|567}})]</ref>{{,}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=339|id= Römer 2009}}</ref>. Un autre exemple est celui du [[livre de Jérémie]], qui est organisé différemment dans le texte massorétique que dans celui de la Septante, où il est d'ailleurs plus court d'un huitième. De plus, le fait que ces différences entre la version du livre de Jérémie de la Septante et celle du texte hébraïque se retrouve dans les manuscrits de Qumran montre que ces divergences ne sont pas dues à des décisions des traducteurs grecs de la Septante mais a des évolutions postérieures du texte massorétique<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=428|id= Römer 2009}}</ref>. Les textes canoniques eux-mêmes ne sont pas à l'abri de modifications textuelles dans le temps, comme le montre l'exemple de [[Deutéronome]] 32, 8 où {{citation|fils de Dieu}} est corrigé en {{citation|fils d'Israël}} entre le {{-sp-|II|et le|I}}<ref group="N">Comparer [http://fr.wikisource.org/wiki/Deutéronome_-_Darby#Chapitre_32 le texte massorétique de Deutéronome 32 : 8] avec [http://ia600608.us.archive.org/0/items/LaBibleDesSeptanteEnFrancaisVol1/Giguet_vol_1.pdf celui de la Septante ({{p.|546}})].</ref>{{,}}<ref>Adrian Schenker, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=43-44|id= Römer 2009}}</ref>.

Le texte de la Septante est différent du texte de la Bible hébraïque, à la fois sur la forme et sur le sens. En effet, il comporte des textes supplémentaires qui n'ont pas été retenus par le canon hébraïque, mais aussi certains termes qui ont été modifiés lors de la traduction. L'exemple le plus flagrant est peut-être que les divers noms utilisés pour Dieu, comme YHWH, El, Elohim, El Shadday, etc. sont remplacés en grec par des formes plus banales, comme ''theos'' ({{citation|dieu}}), ''kurios'' ({{citation|maître}}) ou ''pantokratôr'' ({{citation|tout-puissant}})<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=76 à 78|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. Afin d'essayer de l'aligner sur le texte hébraïque, qui est régulièrement actualisé dans l'antiquité, plusieurs révisions de la Septante sont opérées. Trois sont restées fameuses : celle de [[Symmaque l'Ébionite]], à la fin du {{-s|II}}, celle d'[[Aquila de Sinope]], vers 125,et celle de [[Théodotion]], qui a eu lieu vraisemblablement à la fin du {{s|II}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=73|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Mainville|1995|texte=''La Bible au creuset de l'histoire''|p=25}}</ref>.

Malgré ces différences, la traduction de la Septante est considérée par le [[Talmud]] comme une œuvre inspirée, et elle est longtemps utilisée par la [[judaïsme hellénistique|communauté juive d'expression grecque]]. Cette situation prévaut jusqu'à ce que la communauté chrétienne se l'approprie et en fasse son Ancien Testament, au début du {{s|II}}. La communauté juive rejette alors progressivement le texte grec, et en revient à considérer l'{{citation|hébreu carré}} comme la seule langue acceptable pour la Bible hébraïque<ref>{{article|titre=Un judaïsme d'expression grec|auteur=[[Joseph Mélèze-Modrzejewski]]|périodique=[[Le Monde de la Bible]], Hors série|mois=automne|année=2011|page=22-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2000|passage=73-74|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>.

Le [[Nouveau Testament]] contient lui aussi certaines variantes textuelles d'une version à l'autre. Il existe cinq différentes finales de l’[[évangile selon Marc]]<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=66|id=Marguerat 2008}}</ref>, et plus de six cents variantes entre le [[texte alexandrin]] et le texte occidental des [[Actes des Apôtres]]<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=135|id=Marguerat 2008}}</ref>. En tout, les spécialistes dénombrent plus de {{unité|200000|variantes}} rien que dans le Nouveau Testament<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=509|id=Marguerat 2008}}</ref>. Ces variantes montrent que la Bible n'est pas une œuvre figée, mais que son texte reste en évolution même après les périodes de {{citation|datation}} de la composition de ses différents éléments, qui sont celles de leurs diffusions sous des formes très proches de celles que nous connaissons aujourd'hui.

== Tanakh ==
{{Article détaillé|Tanakh}}
La Bible hébraïque est désignée par les [[Juifs]] par le mot Tanakh, qui est un [[acronymie|acronyme]] de ses trois parties : la Torah, les Nevi'im et les Ketouvim. Au {{s-|II}}, elle devient, dans sa version grecque de la [[Septante]]<ref>{{article|titre=Les rois grecs et les juifs|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=automne|année=2011|page=28}}</ref>, l’Ancien Testament des chrétiens<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=19|id= Römer 2009}}</ref>.

=== Torah ===
{{Article détaillé|Torah|Hypothèse documentaire}}

==== De la théorie d'une rédaction par Moïse à l'hypothèse documentaire ====
[[Fichier:Rembrandt Harmensz. van Rijn 079.jpg|thumb|''Moïse brisant les Tables de la Loi'', par [[Rembrandt]].]]

Si le texte du Pentateuque est anonyme et sans signature d'un auteur identifiable, les traditions juives et chrétiennes<ref group="N">La tradition juive considère la Torah comme le centre de la Bible et se concentre sur les prescriptions dont elle est porteuse, tandis que la tradition chrétienne s'attache davantage à la trame narrative du texte, de la création du monde à la mort de Moïse ; cf. Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|p=137|id=Römer 2009|texte=''Introduction à l'AT''}}</ref> ont été fondées sur les nombreux textes législatifs attribués à [[Moïse]] dont on a fait l'auteur de l'entièreté de ses cinq livres<ref name="IAT 2009, p. 140">Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=140|id= Römer 2009}}</ref>. [[Philon d'Alexandrie]]<ref>''De Vita Mosis'', II, 51, cité par García López, op. cit. 2005</ref> et [[Flavius Josèphe]]<ref>''Antiquitates Iudaicae'', IV, VIII, 48, cité par García López, op. cit. 2005, [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda4.htm#VIII extrait en ligne sur le site remacle.org]</ref> lui attribuent même la rédaction du récit de sa propre mort<ref name="García López 2005, p. 34">{{harvsp|García López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=34|id=García López 2005}}</ref>. Cette idée d'une rédaction mosaïque sous la dictée de Dieu reste quasiment unanime durant des siècles<ref name="IAT 2009, p. 140" />{{,}}<ref name="finkel29" />. Les rabbins sont amenés pour leur part à attribuer au patriarche, outre la {{citation|Torah écrite}}, mais aussi la {{citation|[[Torah orale]]}} que constituent les commentaires de la [[Loi mosaïque|Loi]] codifiés dans la [[Mishna]]<ref name="PeQ 2002, p. 12-14">{{harvsp|de Pury 2002|2002|texte=''Le Pentateuque en question''|p=12-14|id=de Pury 2002}}</ref>. C'est ainsi d'abord essentiellement la rédaction de la Loi qui est attribuée à Moïse puis, à partir de la période post-biblique, l'ensemble du Pentateuque, amenant à désigner ce dernier comme {{citation|les cinq livres de Moïse}}<ref name="PeQ 2002, p. 12-14"/>, et cela prévaut généralement jusqu'au {{s-|XVIII}}<ref name="IAT 2009, p. 140"/>.

[[Fichier:Spinoza.jpg|thumb|[[Baruch Spinoza]].]]

Néanmoins, dès le [[Moyen Âge]], différents [[anachronisme]]s, [[aporie]]s et ruptures dans la logique littéraire amènent certains érudits et philosophes, tels que [[Isaac ibn Yashush]] puis [[Abraham ibn Ezra]] au {{s-|XII}}, à dresser des listes de {{citation|post-mosaica}}, c'est-à-dire de textes ou d'éléments rédigés après Moïse, sans remettre pour autant en cause la tradition reçue<ref name="macc68">Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=68|id= Römer 2009}}</ref>. Le premier à rejeter l'idée que Moïse a écrit les cinq livres est [[Andreas Bodenstein]] (1486-1541)<ref group="N">Dans son ''De canonicis scripturis libellus'' publié en 1520, il écrit : « Mosen non fuisse scriptorem quinque librorum » ; cité par {{harvsp|de Pury 2002|2002|p=13|id=de Pury 2002|texte=''Le Pentateuque en question''}}</ref>, un théologien protestant qui examine aussi dans son ouvrage la possibilité qu'[[Esdras]] soit le véritable auteur du Pentateuque pour finalement la repousser<ref name="PeQ 2002, p. 13">{{harvsp|de Pury 2002|2002|texte=''Le Pentateuque en question''|p=13|id= de Pury 2002}}</ref>. Moins de deux siècles plus tard, [[Baruch Spinoza]] souligne quant à lui, dans son ''[[Traité théologico-politique]]'', l'unité organique entre la Torah et les livres {{citation|historiques}}, de Josué aux Rois, et en attribue la rédaction à [[Esdras]]<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Paula|nom1=Gooder|titre=The Pentateuch|sous-titre=A Story of Beginnings|éditeur=Continuum International Publishing Group|année=2005|passage=10 et 11|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=49XpvvO-Oq0C&pg=PA10#v=onepage&q&f=false|consulté le=8 février 2013|collection=T&T Clark Approaches to Biblical Studies|isbn=9780567084187|pages totales=128}}</ref>{{,}}<ref name="macc68" />{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Roger Norman|nom1=Whybray|titre=Introduction to the Pentateuch|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=4jP4Oovd9XwC&pg=PPA12#v=onepage&q&f=false|consulté le=8 février 2013|éditeur=B. Eerdmans|année=1995|passage=12 à 28|isbn=9780802808370|pages totales=146}}</ref>.

Au {{s-|XVIII}}, sous l'impulsion de [[Jean Astruc]]<ref group="N">Astruc est précédé par le jeune pasteur et orientaliste Hening Bernhard Witter, dont les travaux publiés en [[1711]], ''Iura Israelitarum in Palestina'', sont restés confidentiels. Celui-ci, sans remettre en cause le dogme de l'inspiration, constate des traditions différentes dans le Pentateuque, repérables par les différents noms donnés à Dieu, YHWH et Elohim, dans le récit de la création ; cf. {{ouvrage|prénom1=Yvon|nom1=Belaval|lien auteur1=Yvon Belaval|prénom2=Dominique|nom2=Bourel|titre=Le Siècle des Lumières et la Bible|volume=7|passage=87|éditeur=[[Éditions Beauchesne|Beauchesne]]|collection=Bible de tous les temps|année=1986|pages totales=869|isbn=9782701010939|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xbgH6IXCX8kC&pg=PPA87|consulté le=8 février 2013}}</ref>, qui poursuit encore une visée apologétique<ref group="N">Astruc entend démontrer que Moïse est bien le rédacteur du Pentateuque et se serait appuyé sur deux sources, deux {{citation|mémoires}} respectivement caractérisés par l'usage d'Elohim ou de YHWH ; cf. Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|p=142|id=Römer 2009|texte=''Introduction à l'AT''}}</ref>, naît l'idée que le texte de la Torah serait la compilation de plusieurs documents différents<ref name="Intro 142">Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=141-142|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=30|id=Bible dévoilée}}</ref>. La [[hypothèse documentaire|théorie dite {{citation|documentaire}}]]<ref>Pour la critique textuelle qui amène progressivement à cette hypothèse à travers [[Alonso Tostado]], [[Richard Simon]], [[Jean Astruc]] puis, au {{s-|XIX}}, Hermann Hupfeld, [[Édouard Reuss]] et son élève [[Charles-Henri Graf|Karl Heinrich Graf]] voir {{harvsp|García López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=35-45|id= García López 2005}}</ref> qui en découle est développée au {{s-|XIX}} par l'exégète [[Julius Wellhausen]], qui propose un modèle selon lequel la Torah serait le résultat de trois ou quatre sources indépendantes rédigées entre le {{-sp-|VIII|et le début du|V}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=143|id= Römer 2009}}</ref>. Cette théorie connaît un succès grandissant<ref>{{harvsp|de Pury 2002|2002|texte=''Le Pentateuque en question''|p=22-32|id= de Pury 2002}}</ref> si bien que dans les [[années 1960]] il existe un consensus exégétique sur les quatre sources constitutives du Pentateuque. À cette époque, il est courant d'affirmer que les cinq premiers livres de la Bible sont le résultat d'une compilation de quatre documents indépendants : le [[document jahviste]] (source J), le [[document élohiste]] (source E), le [[Deutéronome|deutéronomiste]] (source D) et la [[document sacerdotal|source sacerdotale]] (source S, ou P pour prêtres), qui auraient été composés entre [[Années 930 av. J.-C.|930]] et [[Années 550 av. J.-C.|550 av. J.-C.]]<ref name="Römer 2009, p.148">Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=148-149|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=30-32|id=Bible dévoilée}}</ref>.

==== Remise en cause de l'hypothèse documentaire ====
Malgré le consensus, certains spécialistes ont toujours contesté certains aspects de l'[[hypothèse documentaire]]. Ce n'est véritablement qu'à partir des [[années 1970]] que des théories concurrentes sont mises en avant afin de résoudre une série de problèmes, ce qui fait voler en éclats le consensus exégétique. Tout d'abord, des travaux remettent en cause la datation des textes situés à l'époque prémonarchique, comme les traditions sur [[Abraham]], qui est repoussée jusqu'à la période de l'Exil babylonien. Ensuite, des textes auparavant attribués aux courants jahviste (source J) ou élohiste (source E) sont désormais attribués à l'école deutéronomiste (source D) et datés aux alentours du {{-s|VII}} Enfin, l'accent est mis sur le fait que la distinction entre les sources J et E est très floue, et que leur datation est de ce fait assez hasardeuse. Toutes ces raisons font que la théorie documentaire est fortement remise en cause, et que des théories concurrentes sont alors proposées<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=150-151|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Gourgues|prénom2=Léo|nom2=Laberge|prénom3=Robert|nom3=David|titre=De bien des manières|sous-titre=la recherche biblique aux abords du {{s-|XXI}} : actes du centenaire de l'ACEBAC (1943-1993)|collection=Lectio Divina|volume=163|éditeur=[[Éditions Fides]]|année=1995|passage=17|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=QP9r0lhMKHwC&pg=PA17|consulté le=8 février 2013|isbn=9782762118179|pages totales=491}}</ref>.

La « [[théorie des compléments]] », développée entre autres par [[John Van Seters]]<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=151|id= Römer 2009}}</ref>, défend l'idée que la Torah serait principalement le travail d'un éditeur (ou d'un groupe d'éditeurs), qui aurait collecté et enrichi une multitude de textes déjà existants<ref name="Intro 142"/>. La « [[théorie des fragments]] », qui est quant à elle défendue par [[Rolf Rendtorff]]<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=152-153|id= Römer 2009}}</ref>, part de l'idée qu'à l'origine se trouvaient plusieurs textes épars et isolés, et que ces fragments auraient ensuite été collectés graduellement et rassemblés en un seul texte par les rédacteurs de la Torah<ref name="Intro 142"/>. Malgré leurs différences, ces deux théories s'accordent sur le rôle charnière de la période de l'Exil à Babylone, qui a eu lieu au {{s-|VI}}, pour ce qui est de la formation et de la composition du Pentateuque<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=153|id= Römer 2009}}</ref>.

Depuis la fin des [[années 1990]] et durant les [[années 2000]], les chercheurs mettent surtout en avant l'idée que l'essentiel des textes du Pentateuque, ainsi que les quelques livres qui le suivent comme [[Livre de Josué|Josué]] ou [[Livre des Juges|Juges]], ont plutôt été compilés à l'époque perse, c'est-à-dire entre le {{sp-|V|et le|IV}}<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=179, 182|id= Römer 2009}}</ref>. Selon cette théorie, les derniers rédacteurs de la Torah ont joué un rôle important sur la forme finale du texte. Même s'ils se basaient sur des documents plus anciens, ils les ont retravaillés et compilés suivant un projet théologique bien précis<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=180|id= Römer 2009}}</ref>.

Au début du {{s-|XXI}}, aucun consensus exégétique ne s'est encore réalisé depuis l'effondrement de la théorie documentaire, qui conserve par ailleurs de nombreux adeptes. Avec cette dernière cohabitent désormais d'autres approches<ref group="N">Notamment une {{citation|théorie des deux sources avec datation tardive}}, le Pentateuque résulterait d'une fusion des sources Jahviste (J) et Sacerdotale (S ou P), toutes deux datées de la période [[Exil à Babylone|exilique]], ou encore une {{citation|théorie compositionnelle et conflictuelle}}, le Pentateuque serait essentiellement le résultat d'un dialogue conflictuel entre les écoles Deutéronomiste (D) et Sacerdotale (S ou P ); cf. Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|p=154-155|id=Römer 2009|texte=''Introduction à l'AT''}}</ref> sans que l'on puisse dire quelles sont les positions majoritaires au sein de la recherche<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=154-156|id= Römer 2009}}</ref>. Malgré leurs divergences, les chercheurs s'accordent sur le fait que l'achèvement de la Torah a eu lieu au plus tard vers le début du {{-s-|III}}<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=35|id= Römer 2009}}</ref>.

==== Datation ====
{| class="wikitable"
|-
! Livres<br>de la Torah
!Datation usuelle
|-
|[[Livre de la Genèse|Genèse]]
|Début de rédaction vers la fin du {{-s-|VIII}}, puis ajouts et retouches du texte jusqu'au {{-s-|III}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=204-207 ; 247-248|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de l'Exode|Exode]]
|Certains récits de l'Exode remontent au {{-s-|VIII}} Ces textes sont retravaillés et complétés à partir du {{-s-|VI}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=261-264|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Lévitique]]
|{{-s-|V}}, se basant sur des sources plus anciennes<ref>Adrian Schenker, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=275-276|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre des Nombres|Nombres]]
||Certains récits des Nombres remontent au {{-s-|VIII}} Ces textes sont retravaillés et complétés à partir du {{-s-|VI}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=286-290|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Deutéronome]]
|Les lois deutéronomiques peuvent remonter jusqu'à la fin du {{-s-|VIII}} Celles-ci sont ensuite intégrées dans l'ensemble Deutéronomiste à partir du règne de Josias ({{-s-|VII}})<ref>Martin Rose, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=300-306|id= Römer 2009}}</ref>
|}

=== Nevi'im ===
{{Article détaillé|Nevi'im}}

Traditionnellement, les Juifs découpent les Nevi'im en deux groupes de livres : les {{citation|Prophètes antérieurs}} comprenant les livres de Josué, Juges, Samuel et les Rois, et les {{citation|Prophètes postérieurs}} comprenant Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les livres des douze {{citation|[[petits prophètes]]}}<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=313|id= Römer 2009}}</ref>. Les spécialistes estiment en général que le corpus des Nevi'im est achevé vers [[200 av. J.-C.]]<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=23|id= Römer 2009}}</ref>.

==== Prophètes antérieurs ====
En [[1670]], le philosophe [[Baruch Spinoza]] est l'un des premiers à constater que l'histoire contenue dans les {{citation|Prophètes antérieurs}} s'inscrit en continuité avec celle des livres du [[Pentateuque]]. Ainsi, le texte allant du début de la [[Livre de la Genèse|Genèse]] à la fin de [[Deuxième livre des Rois|2 Rois]] est selon lui une seule grande œuvre historique<ref name="Römer 2009 316">{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=316|id= Römer 2009}}</ref>.

Cette idée est reprise au {{s-|XIX}} par [[Heinrich Ewald]], qui distingue deux éditions de type deutéronomiste dans ce récit<ref name="Römer 2009 316"/>. Il faut cependant attendre les travaux de [[Martin Noth]] en [[1943]] pour que la thèse d'une {{citation|[[histoire deutéronomiste]]}} ou {{citation|deutéronomique}}<ref group="N">Pour désigner l'œuvre littéraire distincte qui couvre les livres de Josué, de Juges, de Samuel et de Rois, les deux qualificatifs sont en usages mais certains savants recommandent de réserver le terme {{citation|deutéronomiste}} pour qualifier l'auteur du Deutéronome et le terme {{citation|deutéronomique}} pour ce qui relève du Deutéronome ; voir par exemple le ''Dictionnaire des mots de la foi chrétienne'', éd. Cerf, 1989 cité par [[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]], ''Les rois sacrés de la Bible'', éd. Gallimard/Folio Histoire, 2007, {{p.|23}}</ref> prenne véritablement corps. Noth remarque de nombreuses similitudes de style et de thèmes entre le Deutéronome et les Prophètes antérieurs, et émet l'idée que le Deutéronomiste aurait {{Citation|construit une présentation du passé d'Israël qui obéit à une théologie de l'histoire parfaitement cohérente}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=316-318|id=Römer 2009}}</ref>. Malgré quelques contestations, cette théorie s'impose jusque dans les [[années 1960]]<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=320|id=Römer 2009}}</ref>. D'autres modèles voient alors le jour, avec des variations plus ou moins importantes sur le nombre de rédacteurs deutéronomistes et l'importance de leurs travaux respectifs, jusqu'à ce qu'en [[1975]], Siegfried Mittmann conteste l'idée même que les livres du Deutéronome à 2 Rois constituent une œuvre cohérente<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=321-324|id=Römer 2009}}</ref>.

À partir du moment où l'idée de Noth est remise en cause, de nombreuses théories apparaissent<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=324-326|id=Römer 2009}}</ref>. Malgré leurs divergences, les spécialistes s'accordent toutefois sur plusieurs points<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=326-330|id= Römer 2009}}</ref> :
* les Deutéronomistes intègrent des documents plus anciens dans leur histoire ;
* le style et la théologie deutéronomistes sont fortement similaires à ceux des traités de vassalité imposés par les assyriens aux judéens;
* l'Exil babylonien est la période charnière durant laquelle se construit l'histoire deutéronomiste ;
* et enfin, l'histoire deutéronomiste a été révisée ensuite, durant l'époque perse.

{| class="wikitable"
|-
! Livres<br>des Nevi'im
!Datation usuelle
|-
|[[Livre de Josué|Josué]]
|Début de rédaction au {{-s-|VII}} sous [[Josias]]. Ajouts et retouches du texte jusqu'au {{-s-|II}}<ref name="rom338" />
|-
|[[Livre des Juges|Juges]]
|Compilation au {{-s-|IV}} de textes plus anciens (du {{-sp-|VIII|e|au|VI|e}})<ref>Corinne Lanoir, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=353-354|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Premier livre de Samuel|1]] et [[Deuxième livre de Samuel|2 Samuel]]
|Vraisemblablement, début de rédaction à partir du {{-s-|VI}} par l'école deutéronomiste, puis compilation probablement au {{-s-|V}}<ref>Christophe Nihan et Dany Nocquet, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=376-377|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Premier livre des Rois|1]] et [[Deuxième livre des Rois|2 Rois]]
|Début de rédaction peut-être dès la fin du {{-s-|VIII}}, rédaction importante durant le {{-s-|VI}} Fin de la compilation du [[texte massorétique]] vers [[200 av. J.-C.]]<ref>Ernst Axel Knauf, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=387-389|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{chapitre|langue=en|prénom1=Baruch|nom1=Halpern|prénom2=André|nom2=Lemaire|titre=The Composition of Kings|titre ouvrage=The Books of Kings : Sources, Composition, Historiography and Reception|auteurs ouvrage=Baruch Halpern et André Lemaire|lieu=Leyde|éditeur=Brill|année=2010|passage=123-153}}</ref>
|}

==== Prophètes postérieurs ====
[[Fichier:Le prophète Isaïe, par Gustave Doré.jpg|right|thumb|Le Prophète Isaïe, par [[Gustave Doré]].]]

Jusqu'au début du {{s-|XX}}, l'[[exégèse]] des ''Prophètes postérieurs'' consiste principalement à distinguer ce qui a réellement été prononcé par le Prophète considéré de ce qui a été ajouté par la suite<ref>Konrad Schmid, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=400|id= Römer 2009}}</ref>. Cependant, à partir de la première moitié du {{s-|XX}}, ce n'est plus seulement l'authenticité des paroles prophétiques qui intéresse les exégètes, mais bien l'histoire complète de la rédaction des livres. Ils s'aperçoivent alors que les textes ont été remaniés au cours du temps par des scribes qui, eux-mêmes, se voient comme des prophètes de leur temps. L'importance du travail des scribes est telle que certaines parties des textes — et même des textes entiers comme probablement les livres de Jonas ou de Malachie — voient le jour sous leurs plumes<ref>Konrad Schmid, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=401-402|id= Römer 2009}}</ref>.

Ainsi, le corpus des douze ''petits Prophètes'' tout entier n'est pas seulement une simple compilation de textes déjà achevés, mais semble bien avoir été retravaillé par les scribes, et cela dans son ensemble. En effet, certains passages se retrouvent pratiquement à l'identique chez plusieurs prophètes, et certains mots établissent des liens entre les divers livres<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=459|id= Römer 2009}}</ref>.

{| class="wikitable"
|-
! Livres<br>des Nevi'im
!Datation usuelle
|-
|[[Livre d'Isaïe|Isaïe]]
|Trois auteurs principaux et un processus d'édition extensif<ref>Jacques Vermeylen, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=416-420|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://dss.collections.imj.org.il/isaiah|titre=The Great Isaiah Scroll|consulté le=11 février 2013}}</ref> :<br>
Isaïe 1-39 : Isaïe « historique » (Proto-Isaïe) avec plusieurs couches d'édition {{-sp-|VIII|e|-|VI|e}}<br>
Isaïe 40-55 : Exilique (Deutéro-Isaïe), {{-s-|VI}}<br>
Isaïe 56-66 : Post-exilique (Trito-Isaïe), {{-sp-|VI|e|-|V|e}}
|-
|[[Livre de Jérémie|Jérémie]]
|Début de rédaction probablement à la fin {{-sp-|VII|e|complétée ensuite jusqu'au|III|e}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=433-435|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre d'Ézéchiel|Ézéchiel]]
|Début de rédaction au début du {{-sp-|VI|e|puis édition et remaniement du texte jusqu'au|III|e}}<ref>Christophe Nihan, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=450-454|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre d'Osée|Osée]]
|Première rédaction au {{-sp-|VIII|e|puis ajouts au|VII|e}} sous Josias. Révision totale du livre au {{-s-|VI}} à la suite de la destruction de Jérusalem, puis ajouts mineurs au {{-s-|V}}<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=474-475|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Joël|Joël]]
|Datation difficile. Bien qu'une datation haute à partir du {{-s-|VII}} ait été proposée<ref>{{article|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=29}}</ref>, la majorité des exégètes optent pour une rédaction entre le {{-sp-|V|e|et le|III|e}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=483|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre d'Amos|Amos]]
|Début de rédaction au {{-sp-|VIII|e|puis remaniements jusqu'au|VI|e}}<ref name="butt493" />
|-
|[[Livre d'Abdias|Abdias]]
|Difficile à dater précisément. Les spécialistes hésitent entre le {{-sp-|VIII|e|et le|V|e}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=498-500|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Jonas|Jonas]]
|Probablement vers le {{-s-|III}}<ref>Ernst Axel Knauf, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=505|id= Römer 2009}}</ref>, même si certaines datations le font remonter au {{-s-|V}}<ref name="mondbib30">{{article|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=30}}</ref>
|-
|[[Livre de Michée|Michée]]
|Première partie écrite à la fin du {{-sp-|VIII|e|puis texte complété jusque vers le|V|e}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=510-513|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Nahum|Nahum]]
|{{-sp-|VIII|e|-|VII|e}} Éventuelle modification du texte au {{-s-|V}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=517-519|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Habacuc|Habacuc]]
|Fin du {{-sp-|VII|e|- début du|VI|e}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=522-523|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Sophonie|Sophonie]]
|Fin du {{-s-|VII}} Possibles retouches ultérieures à la fin du {{-s-|VI}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=528-530|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre d'Aggée|Aggée]]
|Fin du {{-s-|VI}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=533-534|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Zacharie|Zacharie]]
|Deux ou trois auteurs principaux et un processus d'édition extensif<ref>Arnaud Sérandour, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=543-546|id= Römer 2009}}</ref> :<br>
Zacharie 1-8 : Proto-Zacharie. Hésitation des spécialistes, qui le situent entre le {{-sp-|VI|e|et le|III|e}}<br>
Zacharie 9-14 : Deutéro-Zacharie. Hésitation des spécialistes, qui le situent entre le {{-sp-|V|e|et le|II|e}}<br>
Éventuellement Zacharie 12-14 : Trito-Zacharie
|-
|[[Livre de Malachie|Malachie]]
|Probablement au milieu du {{-s-|V}}<ref>Innocent Himbaza, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=554|id= Römer 2009}}</ref>
|}

=== Ketouvim ===
{{Article détaillé|Ketouvim}}

Les Ketouvim constituent la troisième et dernière partie du Tanakh, et ne sont établis définitivement qu'au début du {{s-|II}}. Ils sont de styles et de natures très différents des deux parties qui les précèdent, et [[Thomas Römer]] estime qu'ils {{citation|constituent en quelque sorte un véritable condensé de la littérature juive de l'époque hellénistique}}<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=559|id=Römer 2009}}</ref>.

Parmi eux se retrouvent des livres de sagesse (Proverbes, Job et Ecclésiaste) qui semblent grandement inspirés de la littérature sapientiale des voisins du royaume de Juda, à savoir la [[Mésopotamie]], [[Ougarit]] et l'[[Égypte]]<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=579-584|id=Römer 2009}}</ref>. Ainsi, il semblerait illusoire de chercher dans ces textes les spécificités de la sagesse hébraïque, la seule différence frappante avec les textes mésopotamiens, ougaritiques où égyptiens étant la perspective monothéiste et yahwiste des textes bibliques<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=588|id=Römer 2009}}</ref>.

{| class="wikitable"
|-
! Livre des Ketuvim
! Datation usuelle
|-
|[[Livre des Psaumes|Psaumes]]
|Datation largement débattue. Les spécialistes s'accordent cependant à dire que les psaumes 3-41 sont les plus anciens, et que les psaumes 120-150 ont été ajoutés en dernier. Le livre a semble-t-il été commencé durant l'[[Exil à Babylone]] au {{-s-|VI}}, puis complété jusqu'au {{-s-|II}}, voire au-delà<ref>Martin Rose, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=568-569|id=Römer 2009}}</ref>.
|-
|[[Livre de Job|Job]]
|Entre le {{-sp-|VI|et le début du|IV}}<ref>Ernst Axel Knauf et Philippe Guillaume, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=595-596|id= Römer 2009}}</ref>{{,}}<ref name="mondbib30" />
|-
|[[Livre des Proverbes|Proverbes]]
|Avant l'Exil ({{-s-|VI}}) commence la collecte et l'agencement de proverbes plus anciens. Cette tâche se poursuit jusqu'au {{-s-|IV}}<ref>Alain Buehlmann, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=606|id=Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Ruth|Ruth]]
|Datation difficile. Les spécialistes débattent dans une fourchette comprise entre le {{-sp-|VIII|et le|II}}<ref>Corinne Lanoir, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=614|id= Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Cantique des Cantiques]]
|Datation difficile. La rédaction ne semble pas devoir remonter au-delà du {{-s-|V}}, avec des éléments en faveur d'une composition, sur base de chants d'amours préexistants, au {{-s-|III}} avec des ajouts au cours des deux siècles suivants<ref group="N">Des datations plus hautes, qui ont pu remonter jusqu'à « l'époque de Salomon », ont longtemps été proposées. Cependant, les analyses linguistiques concluant à l'usage d'une langue tardive rendent désormais improbable cette datation haute ; cf. notamment Anne-Marie Pelletier, ''Lectures du Cantique des cantiques : de l'énigme du sens aux figures du lecteur'', coll. ''Analecta Biblica'' {{numéro|121}}, éd. Gregoriana, 1989, {{p.|47-49}}</ref>{{,}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=624-625|id=Römer 2009}}</ref>.
|-
|[[Ecclésiaste]] /<br>Qohélet
|Entre le {{-sp-|V|et le|II}}<ref>Alain Buehlmann, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=635-636|id=Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre des Lamentations|Lamentations]]
|Entre le {{-sp-|VI|et le|V}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=646-648|id=Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre d'Esther|Esther]]
|Hésitations des spécialistes entre le {{-sp-|IV|et le|II}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=658|id=Römer 2009}}</ref>
|-
|[[Livre de Daniel|Daniel]]
|Début de rédaction des chapitres 4 à 6 au {{-s-|IV}}, puis ajouts jusqu'à arriver à la forme finale durant la [[Révolte des Maccabées|crise maccabéenne]] ({{-s-|II}})<ref>Jacques Vermeylen, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=700|id=Römer 2009}}</ref>.
|-
|[[Livre d'Esdras|Esdras]]-[[Livre de Néhémie|Néhémie]]
|Début de rédaction probable au {{-s-|V}} par [[Esdras]], puis ajouts ultérieurs<ref>Philippe Abadie, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=708|id= Römer 2009}}</ref>, et compilation à la fin du {{-sp-|IV|ou au début du|III}}<ref>{{article|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=31}}</ref>
|-
|[[Livres des Chroniques|Chroniques]]
|Datation très débattue, avec des propositions allant du {{-sp-|VI|e|au|II|e}} Le texte est basé sur des sources plus anciennes, dont le texte biblique lui-même<ref>Philippe Abadie, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=715, 718|id= Römer 2009}}</ref>.
|}

== Livres deutérocanoniques ==
{{Article détaillé|Livres deutérocanoniques}}

Les livres deutérocanoniques proviennent de la [[Septante]], la version grecque de la Bible. Ils sont considérés par l'[[Église catholique]] et l'[[Église orthodoxe]] comme faisant partie du canon de l’Ancien Testament, mais ne sont pas présents dans le Tanakh hébraïque ni dans les Bibles protestantes. La majorité d'entre eux semblent avoir été rédigés en hébreu ou en araméen, mais certains peuvent avoir été écrits directement en grec. Sauf pour quelques exceptions, leur composition est en général datée entre du début du {{-sp-|II|e|à la fin du|I|er}}<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=727-728|id=Römer 2009}}</ref>.

{| class="wikitable"
|-
! Livre<br>deutérocanonique
!Datation usuelle
|-
| Esther grec
| Publication du texte fin du {{-sp-|II|e|ou au début du|I|er}}<ref>Jean-Daniel Macchi, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=732-733|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| Daniel grec
| Hésitation des spécialistes entre le {{-s-|I}} et le {{s-|II}}<ref>Innocent Himbaza, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=736-737|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Livre de Judith|Judith]]
| {{-s-|II}}<ref>Christoph Nihan, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=749-750|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Livre de Tobit|Tobit]]
| Première version entre le milieu du {{-sp-|III|e|et le milieu du|II|e}}, puis réécritures divergentes du texte à la fin du {{-s-|II}}<ref>Ernst Axel Knauf, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=758-759|id= Römer 2009}}</ref>.
|-
| [[Premier livre des Maccabées|1 Maccabées]]
| Hésitation des spécialistes entre [[134 av. J.-C.|134]] et [[63 av. J.-C.]]<ref>Philippe Abadie, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=765-766|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Deuxième livre des Maccabées|2 Maccabées]]
| Entre [[103 av. J.-C.|103]] et [[76 av. J.-C.]]<ref>Philippe Abadie, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=769-770|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Livre de la Sagesse|Sagesse de Salomon]]
| Seconde moitié du {{-s-|I}}<ref>Thierry Legrand, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=778|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Siracide]]
| Première version au début du {{-s-|II}}, puis révisions jusqu'au {{s-|I}}, voire au-delà pour les versions syriaques et latine<ref>Thierry Legrand, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=786-787|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Livre de Baruch|Baruch]]
| Première version probablement durant le {{-s-|II}}, puis probables retouches ultérieures<ref>Innocent Himbaza, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=794|id= Römer 2009}}</ref>
|-
| [[Épître de Jérémie]]
| Fin du {{-s-|IV}}<ref>Innocent Himbaza, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=801|id= Römer 2009}}</ref>
|}

== Nouveau Testament ==
{{Article détaillé|Nouveau Testament}}

Le Nouveau Testament se divise en plusieurs groupes de livres<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=57-477|id=Marguerat 2008}}</ref> :
* les trois [[évangiles synoptiques]] ([[Évangile selon Matthieu|Matthieu]], [[Évangile selon Marc|Marc]], [[Évangile selon Luc|Luc]]), ainsi que les [[Actes des Apôtres]] (construits comme une suite de l’''évangile selon Luc'')<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=127|id=Marguerat 2008}}</ref> ;
* la littérature paulinienne, qui comprend les épitres « proto-pauliniennes » attribuées à Paul ([[Épître aux Romains|Romains]], [[Première épître aux Corinthiens|1]] et [[Deuxième épître aux Corinthiens|2 Corinthiens]], [[Épître aux Galates|Galates]], [[Épître aux Philippiens|Philippiens]], [[Première épître aux Thessaloniciens|1 Thessaloniciens]], [[épître à Philémon|Philémon]]), les épitres « deutéro-pauliniennes » attribuées aux disciples de Paul ([[Deuxième épître aux Thessaloniciens|2 Thessaloniciens]], [[Épître aux Éphésiens|Éphésiens]] et [[Épître aux Colossiens|Colossiens]]), les épîtres « trito-pauliniennes » ou « pastorales » attribuées aux successeurs de Paul ([[Première épître à Timothée|1]] et [[Deuxième épître à Timothée|2 Timothée]], [[Épître à Tite|Tite]]) et l’[[Épître aux Hébreux]]<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=164-165|id=Marguerat 2008}}</ref> dont Paul n'est pas l'auteur ;
* la [[Corpus johannique|littérature johannique]], qui comprend l’[[Évangile selon Jean]], les épîtres johanniques ([[Première épître de Jean|1]], [[Deuxième épître de Jean|2]] et [[Troisième épître de Jean|3 Jean]]) et l’[[Apocalypse]] ;
* et les épitres universelles, dites « catholiques » ([[Épître de Jacques|Jacques]], [[Première épître de Pierre|1]] et [[Deuxième épître de Pierre|2 Pierre]], [[Épître de Jude|Jude]]).

Au sujet des quatre évangiles canoniques (les trois synoptiques et l'évangile johannique), [[Daniel Marguerat]] insiste sur leur apparition {{citation|dans le court espace de 30 ans (entre [[65]] et [[95]])}}, qui {{citation|trouve une explication dans la volonté de stabiliser la tradition de Jésus face aux débordements des prophètes chrétiens}}<ref>[[Daniel Marguerat]], ''Le Dieu des premiers chrétiens'', Genève, éd. Labor et Fides, [[1990]], p. 195-211.</ref>.

=== Histoire des premiers écrits néotestamentaires ===
Les textes du Nouveau Testament sont généralement datés par les spécialistes dans une fourchette maximale comprise entre [[50]] et [[130]]<ref group="N">Le ''terminus a quo'' étant constitué par la [[Première épître aux Thessaloniciens]] et le ''[[terminus ante quem]]'' par la [[Deuxième épître de Pierre]] ; cf. tableau des datations infra.</ref>. Cependant, le texte n'est véritablement fixé qu'à partir du {{s|IV}}, les manuscrits plus anciens témoignant étonnamment jusqu'alors, plutôt que d'une harmonisation vers laquelle tendent les travaux d'érudits comme [[Origène]]<ref>{{Harvsp|Marguerat|2008|p=519}}</ref>, d'une diversification textuelle croissante dans le temps<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=520|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Cette pluralité textuelle est due à une importante tradition orale qui circule dans les communautés chrétiennes avant, pendant, et même après leur mise par écrit. Cette tradition orale, qui surpasse l'autorité de l'écrit jusqu'au {{s-|III}} au moins, amène des modifications textuelles, volontaires ou non, qui peuvent parfois être importantes<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=26-27, 520-521|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Vraisemblablement, [[Jésus de Nazareth|Jésus]] et ses premiers disciples, parlaient [[araméen]]<ref group="N">Jésus parlait aussi probablement [[hébreu]] ; cf. {{Chapitre|prénom1=Pierre|nom1=Grelot|lien auteur1=Pierre Grelot (théologien)|titre chapitre=Quelles langues parlait-on au temps de Jésus ?|numéro chapitre=27 |titre ouvrage=Aux origines du christianisme|auteurs ouvrage=Pierre Geoltrain|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=56-57|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>, et certains d'entre eux seulement parlaient quelques mots de [[Koinè (grec)|grec]]<ref>{{Chapitre|prénom1=Pierre|nom1=Grelot|lien auteur1=Pierre Grelot (théologien)|titre chapitre=Quelles langues parlait-on au temps de Jésus ?|numéro chapitre=27 |titre ouvrage=Aux origines du christianisme|auteurs ouvrage=Pierre Geoltrain|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=56-57|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. Or, les évangiles sont écrits en grec, ce qui pose la question de la transition d'une langue à l'autre. Un élément de réponse à cette question est le fait que le grec était très répandu au {{s|I}}, et ce même à [[Jérusalem]]<ref group="N">Le grec est, avec l'araméen en Orient, une des deux grandes langues véhiculaires du monde gréco-romain ; cf. {{Chapitre|prénom1=Pierre|nom1=Grelot|lien auteur1=Pierre Grelot (théologien)|titre chapitre=Quelles langues parlait-on au temps de Jésus ?|numéro chapitre=27|auteurs ouvrage=Pierre Geoltrain|titre ouvrage=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|pages totales=601|isbn=9782070411146|passage=55-59}}. Néanmoins, si on s'accorde pour dire qu'en Galilée le grec était la langue de l'administration et de l'élite économique ou culturelle, le degré d'hellénisation de la population est débattu, une partie de la recherche estimant que la majorité des Galiléens ne le parlaient pas, voire ne le comprenaient pas, tandis que Jérusalem accueillait les pèlerins de la Diaspora hellénisée ; cf. {{Chapitre|prénom1=Pierre|nom1=Debergé|lien auteur1=Pierre Debergé|titre chapitre=La Galilée, une terre païenne ?|numéro chapitre=27|auteurs ouvrage=Marie-Françoise Baslez|titre ouvrage=Les premiers temps de l'Église|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2004|pages totales=601|isbn=9782070302048|passage=289-295}}</ref>. La mémoire de Jésus a donc pu adopter très tôt une tournure hellénisée. De plus, il est logique de penser que l'évangélisation chrétienne, qui a pour but de répandre la tradition de Jésus aussi largement que possible, a utilisé naturellement la langue la plus répandue dans l'[[Empire romain]] de l'époque<ref name="marg17" />. Cela n'exclut d'ailleurs pas l'hypothèse que certains aide-mémoires, destinés à se rappeler des faits et gestes de Jésus, aient pu être rédigés en araméen avant d'être traduits pour figurer dans les textes grecs des Évangiles. Mais cela reste très hypothétique, car il n'existe nulle trace de tels manuscrits<ref>{{Chapitre|prénom1=Pierre|nom1=Grelot|lien auteur1=Pierre Grelot (théologien)|titre chapitre=Quelles langues parlait-on au temps de Jésus ?|numéro chapitre=27 |titre ouvrage=Aux origines du christianisme|auteurs ouvrage=Pierre Geoltrain|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2000|passage=58-59|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>.

=== La référence à la Septante ===
{{Article détaillé|Septante}}

[[Fichier:Lxx Minorprophets.gif|thumb|Fragment de la [[Septante]] (LXX).]]
La littérature chrétienne est écrite en grec, et se réfère  principalement à la traduction grecque de la Bible dite [[Septante]], rédigée en grande partie à [[Alexandrie]]. Cette Bible se décline sous de multiples formes<ref group="N">Parmi les formes de la Septante, on peut citer : la « vieille Septante », la « Septante ré-alignée » sur l'hébreu avant l'ère chrétienne et au début de celle-ci, la « Septante d'Origène », la « Septante de Lucien » et la  « Septante byzantine » ; cf. {{article |titre=La réception de la Septante |périodique=[[Le Monde de la Bible]] |mois=automne |année=2011 |page=57 }}</ref>, et les rédacteurs du [[Nouveau Testament]] puisent parmi plusieurs d'entre elles. La [[Tanakh|Bible hébraïque]] n'est citée que dans de rares cas<ref>{{article|titre=La réception de la Septante|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=automne|année=2011|page=58-59}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|lien auteur1=Pierre Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2000|passage=88-90|pages totales=601|isbn=9782070411146}}</ref>. Ainsi, la Bible d'Alexandrie devient-elle, au {{s-|II}}, l’[[Ancien Testament]] des chrétiens, et elle le restera pour de nombreux siècles<ref>{{article|titre=La réception de la Septante|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=automne|année=2011|page=60}}</ref>.

=== Problème synoptique ===
{{Article détaillé|Problème synoptique|Théorie des deux sources}}
[[Fichier:Etude statistique du probleme synoptique.png|thumb|Représentation statistique du problème synoptique.]]

Les trois évangiles que sont Matthieu, Marc et Luc sont appelés {{citation|[[évangiles synoptiques|synoptiques]]}} en raison de leur très grande proximité textuelle<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=31|id=Marguerat 2008}}</ref>. En effet, 80 % du texte de Marc se retrouve chez Matthieu et 55 % chez Luc. Ainsi, sur les {{unité|661|versets}} de l’évangile de Marc, seuls 26 lui sont propres, 330 autres étant communs avec à la fois Matthieu et Luc, et 325 l'étant soit avec l'un, soit avec l'autre. De plus, Matthieu et Luc partagent entre eux de nombreux versets : 235 sur {{formatnum:1068}} chez Matthieu, et 235 sur {{formatnum:1149}} chez Luc<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=32|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Ces similitudes sont trop importantes pour être dues au hasard, et dénotent donc une dépendance littéraire entre les synoptiques. De nombreuses théories ont été proposées pour les expliquer, mais celle qui est aujourd'hui la plus largement acceptée est la {{citation|[[théorie des deux sources]]}}<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=46|id=Marguerat 2008}}</ref>. Cette théorie soutient que l’[[évangile selon Marc]] serait le plus ancien, et que [[évangile selon Matthieu|Matthieu]] et [[évangile selon Luc|Luc]] auraient été écrits d'après Marc, ainsi que d'après une source perdue depuis, appelée {{citation|[[source Q]]}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.hypotyposeis.org/synoptic-problem/2004/09/two-source-hypothesis.html|titre=Two-Source Hypothesis|site=Hypotyseis.org|auteur=Stephen C. Carlson|date=23 septembre 2004|consulté le=20 mars 2013}}</ref>.

=== Épîtres de Paul ===
Les [[épître]]s de [[Paul de Tarse|Paul]] ont été écrites pour l'enseignement et l'édification de tous les [[chrétien]]s. Ce ne sont donc pas des lettres privées, et elles n'ont pas été transmises d'ailleurs séparément, mais directement sous la forme d'une collection de lettres<ref>François Vouga, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=162-163|id=Marguerat 2008}}</ref>. Dans cette collection, les spécialistes distinguent trois couches rédactionnelles distinctes en fonction de leur authenticité : sept lettres « proto-pauliniennes », rédigées par Paul ; trois lettres « deutéro-pauliniennes », rédigées par ses disciples sous son autorité mais pas directement par lui ; et enfin trois lettres « trito-pauliniennes » ou « pastorales », rédigées par ses successeurs mais pas directement par lui, ni sous son autorité<ref>François Vouga, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=164-165|id=Marguerat 2008}}</ref>. Plusieurs collections concurrentes des lettres de Paul circulent, certaines excluant les épitres trito-pauliniennes, d'autres incluant l'[[Épître aux Hébreux]]<ref group="N">Les épitres pastorales sont [[Première épître à Timothée|1]] et [[Deuxième épître à Timothée|2 Timothée]] et [[Épître à Tite|Tite]].</ref>. Différentes versions de certaines lettres, notamment celles [[Épître aux Romains|aux Romains]], la [[Première épître aux Corinthiens|première aux Corinthiens]] et [[Épître aux Éphésiens|celle aux Éphésiens]], montrent en outre qu'il existe non seulement des variantes sur le choix des lettres constituant chaque collection, mais aussi des variations dans le texte lui-même<ref>François Vouga, {{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=171|id=Marguerat 2008}}</ref>.

=== Histoire du canon ===
Au début du christianisme, la liste des livres de la Bible hébraïque n'est pas encore close. Elle ne l'est pas avant la réunion de l'[[Académie de Yabneh]] à la fin du {{s|I}}. Cependant, cette idée d'une liste fermée de livres, appelée plus tard {{citation|canon}}, s'impose progressivement aussi pour les écrits chrétiens<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=482-483|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Chacun des vingt-sept livres du Nouveau Testament est destiné à certaines communautés chrétiennes, mais aucun n'est écrit dans le but de figurer dans une collection de livres saints. Il faut attendre le [[Concile de Laodicée]], en [[363]], pour voir le mot {{citation|canon}} utilisé pour la première fois, et ce pour désigner à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=481|id=Marguerat 2008}}</ref>. Quatre ans plus tard, dans une lettre d'[[Athanase d'Alexandrie]], se trouve la première liste complète des vingt-sept livres du Nouveau Testament<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=497|id=Marguerat 2008}}</ref>.

Avant cela, il ne s'agit pas encore d'un {{citation|canon}} à proprement parler, car ce n'est pas encore une liste fermée de livres<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=482|id=Marguerat 2008}}</ref>. Pour une partie de la recherche, il est possible de parler de collection de livres agréés par l'Église, ou {{citation|canon ouvert}}, dès la fin du {{s-|II}}, car le [[fragment de Muratori]] propose dès cette époque vingt-trois livres faisant autorité ou dont l'autorité mérite d'être débattue. Cette liste comprend tous les livres du Nouveau Testament sauf 1 et 2 Pierre, Jacques et Hébreux. D'autres livres qui n'ont pas été retenus par la suite y figurent aussi<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=484|id=Marguerat 2008}}</ref>. Néanmoins, cette datation haute qui a longtemps fait consensus est largement remise en question depuis la fin du {{s-|XX}} et une partie de la recherche tend à voir, dans le « Muratori », une composition du {{s-|IV}}, probablement orientale, poussant à déplacer le processus de canonisation plus tardivement<ref name="Gamble 2003 p.410">{{chapitre|langue=en|prénom1=Harry|nom1=Gamble|titre chapitre=The Formation of the New Testament Canon and Its Significance for the History of Biblical Interpretation|auteurs ouvrage=Alan J. Hauser et Duane F. Watson (éds.)|titre ouvrage=A History of Biblical Interpretation|volume=I|titre volume=The Ancient Period|éditeur=Wm. Β. Eerdmans Publishing|année=2003|isbn=0-8028-4273-9|passage=410}}</ref>. Le débat reste ouvert<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Bart D.|nom1=Ehrman|titre=Lost Christianities|sous-titre=The Battles for Scripture and the Faiths We Never Knew|éditeur=Oxford University Press|année=2003|isbn=0-19-514183-0|passage=241}}</ref>.

Entre la fin du {{s|II}} et la deuxième moitié du {{s|IV}}, de nombreux débats ont lieu pour déterminer quels livres doivent être reconnus par l'Église et lesquels doivent être rejetés. Ceux qui sont l'objet des débats les plus vifs sont : Hébreux, les épitres catholiques (Jacques, 2 Pierre, 2 Jean, 3 Jean et Jude), et surtout l’Apocalypse. La place de certains [[apocryphe biblique|apocryphes]] est aussi discutée, notamment l’[[épître aux Laodicéens]], qui fait partie de la [[Vulgate]] jusqu'au [[Moyen Âge]]<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=498-501|id=Marguerat 2008}}</ref>.

=== Datation ===
Dans le tableau ci-dessous, les fragments les plus anciens de chaque texte sont mentionnés. Le signe <math>\mathfrak{P}</math> est le symbole utilisé pour désigner un [[Papyrus (papier)|papyrus]].
[[Fichier:P46.jpg|thumb|[[Papyrus 46]]]]

{| class="wikitable sortable"
|-
! Livre<ref group="N">Les livres sont présentés suivant l'ordre de la synthèse de Raymond E. Brown, 2011, cf. bibliographie</ref>
! Datation usuelle
! Fragment le plus ancien
|-
| [[Évangile selon Marc]]
| 60–75<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=169}}</ref>
| [[Papyrus 45|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>45</sup>''']] (milieu du {{s-|III}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102">Kurt Aland et Barbara Aland, ''The Text of the New Testament : An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism'', Wm. B. Eerdmans Publishing, 1995, {{p.|96-102}}</ref>
|-
| [[Évangile selon Matthieu]]
| 70–100<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=250-251}}</ref>
| [[Papyrus 104|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>104</sup>''']] (150–200)<ref>{{en}} [http://www.uni-muenster.de/INTF/KgLSGII2010_02_04.pdf Institute for New Testament Textual Research, « Continuation of the Manuscript List »]</ref>
|-
| [[Évangile selon Luc]]
| 80–100<ref name="Brown 2011, pp 314-315">{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=314-315}}</ref>
| [[Papyrus 4|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>4</sup>''']], [[Papyrus 75|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>75</sup>''']] ({{s-|III}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>{{,}}<ref name="Royse 2008, p. 615">Le <math>\mathfrak{P}</math><sup>75</sup> est généralement daté par l'exégèse contemporaine entre 175 et 225 ; cf. James Ronald Royse, ''Scribal Habits in Early Greek New Testament Papyri'', éd. Brill, 2008, {{p.|615}}</ref>
|-
| [[Évangile selon Jean]]
| 80–110<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=377}}</ref>
| [[papyrus P52|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>52</sup>''']] (vers 130)<ref>{{harvsp|Marguerat|2008|texte=''Introduction au NT''|p=518|id=Marguerat 2008}}</ref>
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| [[Actes des Apôtres]]
| 80–100<ref name="Brown 2011, pp 314-315"/>
| [[Papyrus 29|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>29</sup>''']], [[Papyrus 45|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>45</sup>''']], [[Papyrus 48|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>48</sup>''']], [[Papyrus 53|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>53</sup>''']], [[Papyrus 91|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>91</sup>''']] ({{s-|III}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>{{,}}<ref name="Royse 2008, p. 103">Le <math>\mathfrak{P}</math><sup>45</sup> est généralement daté du {{s-|III}} par l'exégèse contemporaine, dans une fourchette qui oscille du début à la fin de ce siècle ; cf. James Ronald Royse, ''Scribal Habits in Early Greek New Testament Papyri'', éd. Brill, 2008, {{p.|103}}</ref>
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| [[Première épître de Jean]]
| 90–100<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=434}}</ref>
| [[Papyrus 9|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>9</sup>''']] ({{s-|III}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>
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| [[Deuxième épître de Jean]]
| 90-100<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=441}}</ref>
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| [[Troisième épître de Jean]]
| peu après 100<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=447}}</ref>
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| [[Première épître aux Thessaloniciens]]
| 50–51<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=500}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199">Date moyenne habituellement retenue par l'exégèse contemporaine, qui oscille entre le milieu du {{sp-|II|et celui du|III}} ; cf. James Ronald Royse, ''Scribal Habits in Early Greek New Testament Papyri'', éd. Brill, 2008, {{p.|199-201}}</ref>
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| [[Épître aux Galates]]
| fin années 40<ref>{{Article |auteur1=Régis Burnet |lien auteur1=Régis Burnet |titre=Galates |sous-titre=l'épître « paulinienne » par excellence |périodique=Le Monde de la Bible |lien périodique=Le Monde de la Bible |numéro=232 |date=mai 2020 |pages=127 }}</ref> ou 54–57<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=512}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
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| [[Épître aux Philippiens]]
| 56–63<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=530}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
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| [[Épître à Philémon]]
| 55–63<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=549}}</ref>
| [[Papyrus 87|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>87</sup>''']] (fin {{sp-|II|ou début|III}})<ref>{{en}} Philipp Comfort, ''Encountering the Manuscripts : An Introduction to New Testament Paleography & Textual Criticism'', B&H Publishing Group, 2005, {{p.|368}}</ref>{{,}}<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>
|-
| [[Première épître aux Corinthiens]]
| 56–57<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=559}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
|-
| [[Deuxième épître aux Corinthiens]]
| 57<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=589}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
|-|-
| [[Épître aux Romains]]
| 57–58<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=607}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
|-
| [[Deuxième épître aux Thessaloniciens]]
| 51–52<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=641}}</ref>
| [[Papyrus 92|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>92</sup>''']] ({{sp-|III|ou|IV}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>
|-
| [[Épître aux Colossiens]]
| 54–63 ou vers 80<ref group="N">Selon que son auteur est Paul (54-56 depuis Éphèse ou 61-63 depuis Rome) ou que l'auteur est pseudonyme, option de la majorité des chercheurs (vers 80 de Rome) ; {{cf.}} {{harvsp|Brown|2011|p=650|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=650}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
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| [[Épître aux Éphésiens]]
| années 60 ou 90<ref group="N">Selon que son auteur est Paul (années 60) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une très large majorité de chercheurs (années 90) ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=671|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=671}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
|-
| [[Épître à Tite]]
| vers 65 ou 100<ref group="N">Selon que son auteur est Paul (vers 65) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une très large majorité de chercheurs (tournant du {{s-|I}}) ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=690|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=690}}</ref>
| [[Papyrus 32|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>32</sup>''']] (vers 200)<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>
|-
| [[Première épître à Timothée]]
| vers 65 ou 100<ref group="N">Selon que son auteur est Paul (vers 65) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une très large majorité de chercheurs (tournant du {{s-|I}}) ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=706|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=706}}</ref>
| [[Codex Sinaiticus]] ({{s-|IV}})<ref name="Aland 1995, pp. 107">{{en}} Kurt Aland et Barbara Aland, ''The Text of the New Testament : An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism'', &d. m. B. Eerdmans Publishing, 1995, {{p.|107}}</ref>
|-
| [[Deuxième épître à Timothée]]
| années 60 ou vers 100<ref group="N">Selon que son auteur est Paul (64-67) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une très large majorité de chercheurs, qui optent pour la fin des années 60 si elle est la ''première'' ou la fin du {{s-|I}}) si elle est la ''dernière'' ; cf. {{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=725}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=725}}</ref>
| [[Codex Sinaiticus]] ({{s-|IV}})<ref name="Aland 1995, pp. 107"/>
|-
| [[Épître aux Hébreux]]
| années 60 ou 80<ref group="N">Les spécialistes sont divisés sur le point de sa rédaction avant ou après la [[Siège de Jérusalem (70)#La chute du Temple et la prise de Jérusalem|destruction du Temple de Jérusalem]] ; cf. {{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=736,749-750}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=736,749-750}}</ref>
| [[Papyrus 46|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>46</sup>''']] (vers 200)<ref name="Royse 2008, p. 199"/>
|-
| [[Première épître de Pierre]]
| 60–96<ref group="N">Selon que son auteur est Pierre (60-63) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une majorité de chercheurs, qui optent pour les années 70-90 ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=776|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=776}}</ref>
| [[Papyrus 72|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>72</sup>''']] ({{sp-|III|ou|IV}})<ref name="Royse 2008, p. 545" group="N">Composé de plusieurs textes recopiés par un nombre débattu de scribes (4 ou 5), la datation est malaisée ; cf. James Ronald Royse, ''Scribal Habits in Early Greek New Testament Papyri'', éd. Brill, 2008, {{p.|545-548}}</ref>{{,}}<ref>James Ronald Royse, ''Scribal Habits in Early Greek New Testament Papyri'', éd. Brill, 2008, {{p.|545-548}}</ref>
|-
| [[Épître de Jacques]]
| 62 ou 80–90<ref group="N">Selon que son auteur est Jacques (62) ou que l'auteur est pseudonyme, option d'une majorité de chercheurs, qui optent pour les années 80-90 ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=781, 797|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=781, 797}}</ref>
| [[Papyrus 20|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>20</sup>''']], [[Papyrus 23|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>23</sup>''']] ({{s-|III}})<ref name="Aland 1995, pp. 96-102"/>
|-
| [[Épître de Jude]]
| 90–100<ref group="N">La datation est très difficilement déterminable et oscille de 50 à 120. Une majorité de chercheurs optent pour les années 90-100 mais quelques-uns optent pour une datation largement plus haute, vers 50 ; cf. {{harvsp|Brown|2011|p=804, 812-813|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=804, 812-813}}</ref>
| [[Papyrus 72|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>72</sup>''']] ({{sp-|III|ou|IV}})<ref name="Royse 2008, p. 545" group="N"/>
|-
| [[Deuxième épître de Pierre]]
| vers 130<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=818, 823}}</ref>
| [[Papyrus 72|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>72</sup>''']] ({{sp-|III|ou|IV}})<ref name="Royse 2008, p. 545" group="N"/>
|-
| [[Apocalypse]]
| 68–70 ou 89–96<ref group="N">L'hypothèse d'une datation entre 89 et 96 est la plus largement acceptée aujourd'hui ; cf. {{harvsp|Marguerat|2008|p=422|id=Marguerat 2008|texte=''Introduction au NT''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Brown|2011|texte=''Que sait-on du Nouveau Testament ?''|p=831, 861-863}}</ref>
| [[Papyrus 98|'''<math>\mathfrak{P}</math><sup>98</sup>''']] (fin du {{s-|II}})<ref>{{en}} Philip Comfort et David Barrett, ''The Text of the Earliest New Testament Greek Manuscripts'', éd. Tyndale House 2001, {{p.|629}}</ref>
|}

== Annexes ==
=== Exemples de datation ===
[[Fichier:Moyen Orient 13e siècle.svg|thumb|left|upright=1.0|Situation géopolitique du [[Moyen-Orient]] vers la fin de l'[[âge du bronze]] récent.]]

Selon la Bible, les évènements décrits dans le [[livre de Josué]] se situent avant l'époque monarchique, plus précisément juste après la conquête de la {{citation|terre promise}}, ce qui correspondrait à la jonction du [[âge du bronze|bronze récent]] et de l'[[âge du fer]]. Selon le récit du onzième chapitre de Josué, de nombreuses populations peuplent la région, dont les Cananéens, les Hittites, les [[Amorrites]], les Périzzites et les [[Nephilim|Anakim]]<ref group="N">Voir Josué 11 : 3 et 21</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=373|id=Liverani 2008}}</ref>. Dans cette liste, seuls les Cananéens étaient présents à la fin de l'âge du bronze en [[Palestine (région)|Palestine]]. Les autres peuples n'ont soit jamais existé, soit n'étaient pas présents dans cette région à cette époque.

C'est le cas tout d'abord des [[Hittites]]. Bien qu'ils forment un royaume qui s'étend jusqu'en [[Syrie]] autour des {{-sp-|XIV|-|XIII}}, les données historiques et archéologiques montrent qu'ils ne descendent jamais jusqu'en Palestine et s'arrêtent bien plus au Nord. Le terme ''Hatti'' est un terme générique babylonien pour désigner, au {{-s|VI}}, toute la région syro-palestinienne. Les auteurs bibliques en ont sans doute déduit qu'un peuple de Hittites habitait en Palestine avant leur extermination par [[Josué]], et les ont incorporés dans le récit peu après l'Exil<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=374-375|id=Liverani 2008}}</ref>. Selon [[Mario Liverani]], le cas des Amorrites est similaire, puisque ce peuple s'établit principalement en Syrie et s'éteint vers le {{-s|XIV}}, c'est-à-dire bien avant la conquête présumée de Josué. Le terme ''Amurru'' désigne chez les Babyloniens du {{-s-|VI}} la même chose que le terme ''Hatti'', c'est-à-dire une région syro-palestinienne.

Le terme {{citation|Périzzite}}, quant à lui, signifie {{citation|qui habite un village}}. Il ne s'agit donc pas d'un peuple. Cependant, puisque l'existence de ce groupe est attestée de haute antiquité, les rédacteurs bibliques ont sans doute supposé qu'il s'agissait d'un peuple qui avait été anéanti avant l'arrivée des premiers Israélites en Canaan. Citons pour finir la mention des Anakim, ou Nephilim, ces géants légendaires dont l'existence est certainement sortie de l'imagination des rédacteurs bibliques devant les imposants [[dolmen]]s [[mégalithe|mégalithiques]] de la préhistoire qu'ils rencontrent en Palestine, tels que le {{citation|lit de fer}} de [[Amman|Rabbath Ammon]], de neuf [[coudée]]s sur quatre, que certains prennent pour une tombe royale<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=375-376|id=Liverani 2008}}</ref>.

Ces anachronismes et inventions démontrent que les rédacteurs du livre de Josué méconnaissent la Palestine de la fin de l'âge du bronze. L'analyse des données archéologiques apporte des conclusions similaires : la géographie décrite dans ce livre ne correspond pas à celle de l'âge du bronze récent. En revanche, elle ressemble plus à celle du {{-sp-|VII|ou du|VI}} Cela concorde avec une réécriture tardive destinée à justifier les ambitions politiques de Josias ou une reconquête du pays après l'[[Exil à Babylone|Exil]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=377|id=Liverani 2008}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|2004|texte=''La Bible dévoilée''|p=91-117|id=Bible dévoilée}}</ref>.

=== Exemples de remaniement tardif ===
Le dixième chapitre de Josué présente plusieurs remaniements tardifs du texte biblique. Par exemple, il existe deux formes distinctes du verset 9 : le texte [[hébreu]] traditionnel dit que Josué {{citation|monta}} depuis Guilgal, tandis qu'un manuscrit retrouvé à Qumrân dit que Josué {{citation|marcha}}. Les deux verbes étant très différents en hébreu, cela ne peut être dû qu'à une modification intentionnelle du scribe, sans doute dans le but d'harmoniser le texte avec son contexte immédiat. Un autre indice de remaniement est le fait que les versets 15 et 43, qui sont identiques dans la version massorétique, sont absents de l'ancienne version grecque. Au lieu de supposer que le traducteur grec les a supprimés, il semble bien plus logique de faire l'hypothèse inverse, c'est-à-dire que l'auteur du [[texte massorétique]] les aurait ajoutés tardivement. Cela explique en effet l'incohérence narrative du récit, qui replace Josué de retour dans la région montagneuse qu'il vient de quitter quelques versets plus tôt<ref name="MdlB 2012 47-48">{{article|prénom1=Michael|nom1=Langlois|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|mois=hors série d'automne|année=2012|passage=47 à 48}}</ref>.

Quelques versets plus loin se trouve un autre remaniement tardif du texte. En effet, il est écrit que le roi d'Hébron est tué avec d'autres rois (versets 23 à 26), puis tué une deuxième fois lors de la prise de sa ville (verset 37). Cela s'explique très bien par le fait que deux épisodes ont été assemblés tardivement pour former un texte unique<ref name="MdlB 2012 47-48"/>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}

=== Références ===
{{Références}}

== Bibliographie ==
{{légende plume}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=Thomas Römer|prénom1=Thomas|nom1=Römer|prénom2=Jean-Daniel|nom2=Macchi|titre=Guide de la Bible hébraïque : la critique textuelle dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia (BHS)|éditeur=[[Labor et Fides]]|langue=fr|année=1994|isbn=978-2-8309-0753-7|pages totales=78|plume=oui|id=Römer 1994}}
* {{Ouvrage|prénom1=Odette|nom1=Mainville|titre=La Bible au creuset de l'histoire: guide d'exégèse historico-critique|éditeur=Médiaspaul|langue=fr|année=1995|isbn=2-89420-294-6|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=pIKenSqRPXYC&lpg=PA9&ots=iHaa4OgtfI&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false|pages totales=154|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Kurt|nom1=Aland|prénom2=Barbara|nom2=Aland|titre=The Text of the New Testament: An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism|éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing Co|langue=en|année=1995|isbn=978-0802840981|pages totales=396|plume=oui}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=Albert de Pury|prénom1=Albert|nom1=de Pury|responsabilité1=éd.|prénom2=Thomas|nom2=Römer|responsabilité2=éd.|prénom3=Jean-Daniel|nom3=Macchi|responsabilité3=éd.|titre=Israël construit son histoire|éditeur=[[Labor et Fides]]|langue=fr|année=1996|isbn=9782830908152|pages totales=539}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=André Paul|prénom1=André|nom1=Paul|titre=Et l'homme créa la Bible|éditeur=Bayard|lien éditeur=Groupe Bayard|langue=fr|année=2000|isbn=9782227366169|pages totales=458}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Geoltrain|titre=Aux origines du christianisme|éditeur=Gallimard|langue=fr|année=2000|isbn=9782070411146|pages totales=601|plume=oui}}
* [[Pierre Bordreuil]] et [[Françoise Briquel-Chatonnet]], ''Le temps de la Bible'', Fayard, 2000
* {{Ouvrage|lien auteur1=William G. Dever|prénom1=William G.|nom1=Dever|titre=What Did the Biblical Writers Know, and when Did They Know It?|éditeur=Eerdmans|langue=en|année=2001|isbn=0-8028-4794-3|pages totales=313|plume=oui}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=Émile Puech|prénom1=Émile|nom1=Puech|prénom2=Farah|nom2=Mébarki|titre=Les Manuscrits de la Mer Morte|éditeur=[[Éditions du Rouergue]]|langue=fr|année=2002|isbn=2-253-10885-5|pages totales=320|plume=oui|id=Puech 2002}}
* {{Ouvrage|prénom1=Albert|nom1=de Pury|responsabilité1=éd.|prénom2=Thomas|nom2=Römer|responsabilité2=éd.|titre=Le Pentateuque en question : les origines et la composition des cinq premiers livres de la Bible à la lumière des recherches récentes|éditeur=[[Labor et Fides]]|langue=fr|année=2002|isbn=978-2-8309-1046-9|pages totales=429|plume=oui|id=de Pury 2002}}
* {{Ouvrage|prénom1=Israël|nom1=Finkelstein|prénom2=Neil Asher|nom2=Silberman|titre=La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie|éditeur=Gallimard|collection=Folio. Histoire|lien éditeur=Éditions Gallimard|langue=fr|année=2002|isbn=978-2-0704-2939-4|pages totales=555|plume=oui|id=Bible dévoilée}}
* {{Ouvrage|prénom1=Félix|nom1=García López|titre=Comment lire le Pentateuque|éditeur=Labor et Fides|lien éditeur=Labor et Fides|langue=fr|année=2005|isbn=978-2-8309-1163-3|pages totales=377|plume=oui|id=García López 2005}}
* {{Ouvrage|prénom1=Adrian|nom1=Schenker|lien auteur1=Adrian Schenker|prénom2=Philippe|nom2=Hugo|titre=L'enfance de la Bible hébraïque|sous-titre=L'histoire du texte de l'Ancien Testament à la lumière des recherches récentes|éditeur=Labor et Fides|lien éditeur=Labor et Fides|langue=fr|année=2005|isbn=978-2-8309-1172-5|pages totales=318}}
* {{Ouvrage|prénom1=John Joseph|nom1=Collins|titre=The Bible After Babel|sous-titre=Historical Criticism in a Postmodern Age|éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing Co|langue=en|année=2005|isbn=978-0802828927|pages totales=211|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=John W.|nom1=Rogerson|responsabilité1=éd.|prénom2=Judith M.|nom2=Lieu|responsabilité2=éd.|titre=The Oxford Handbook of Biblical Studies|éditeur=[[Oxford University Press]]|langue=en|année=2006|isbn=978-0-19-925425-5|pages totales=896}}
* {{Ouvrage|prénom1=William M.|nom1=Schniedewind|titre=Comment la Bible est devenue un livre|sous-titre=la révolution de l'écriture et du texte dans l'ancien Israël|éditeur=Bayard|lien éditeur=Groupe Bayard|lieu=Paris|langue=fr|année=2006|isbn=978-2-227-47481-9|pages totales=263|plume=oui|id=SCH}}
* {{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Marguerat|directeur1=Daniel Marguerat|lien auteur1=Daniel Marguerat|titre=Introduction au Nouveau Testament|numéro d'édition=4|éditeur=Labor et Fides|lien éditeur=Labor et Fides|présentation en ligne=http://www.laboretfides.com/?page_id=3&category=12&product_id=200467|langue=fr|année=2008|année première édition=2001|isbn=978-2-8309-1289-0|pages totales=540|plume=oui|id=Marguerat 2008}}
* {{Ouvrage|prénom1=Michaela|nom1=Bauks|responsabilité1=éd.|prénom2=Christophe|nom2=Nihan|responsabilité2=éd.|titre=Manuel d'exégèse de l'Ancien Testament|éditeur=[[Labor et Fides]]|langue=fr|année=2008|isbn=978-2-8309-1274-6|pages totales=236|plume=oui|id=Bauks 2008}}
* {{Ouvrage|prénom1=Mario|nom1=Liverani|titre=La Bible et l'invention de l'histoire|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|langue=fr|année=2008|isbn=978-2-2274-7478-9|pages totales=616|plume=oui|id=Liverani 2008}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=Thomas Römer|prénom1=Thomas|nom1=Römer|responsabilité1=éd.|prénom2=Jean-Daniel|nom2=Macchi|responsabilité2=éd.|prénom3=Christophe|nom3=Nihan|responsabilité3=éd.|titre=Introduction à l'Ancien Testament|éditeur=[[Labor et Fides]]|langue=fr|année=2009|année première édition=2004|isbn=978-2-8309-1368-2|pages totales=902|lire en ligne=https://books.google.co.uk/books?id=B7LXN4sfxsQC&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|plume=oui|id=Römer 2009}}
* {{Ouvrage|lien auteur1=Raymond Edward Brown|prénom1=Raymond E.|nom1=Brown|titre=Que sait-on du Nouveau Testament ?|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|langue=fr|année=2011|année première édition=1997|isbn=978-2-227-48252-4|pages totales=921|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Quesnel|directeur1=Michel Quesnel|lien auteur1=Michel Quesnel (recteur de l'université catholique de Lyon)|prénom2=Philippe|nom2=Grusson|directeur2=Philippe Grusson|titre=La Bible et sa culture|éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer]]|langue=fr|année=2011|année première édition=1998|isbn=978-2-220-06277-8|volume=1 et 2|pages totales=575 et 606|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Megan Bishop|nom1=Moore|prénom2=Brad E.|nom2=Kelle|titre=Biblical History and Israel's Past|éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing Company|langue=en|année=2011|isbn=978-0802862600|pages totales=542|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|lien auteur1=Simon Claude Mimouni|titre=Le judaïsme ancien du {{-s-|VI}} au {{s-|III}} de notre ère|sous-titre=Des prêtres aux rabbins|éditeur= PUF|lien éditeur=Presses universitaires de France|collection=Nouvelle Clio|année=2012|isbn=978-2130563969|pages totales=960|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|lien auteur1=André Paul|prénom1=André|nom1=Paul|titre=Autrement, la Bible|sous-titre=Mythe, politique et société|éditeur=Bayard|lien éditeur=Groupe Bayard|année=2012|isbn=978-2-227-48356-9|pages totales=308}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thomas|nom1=Römer|titre=L'Ancien Testament|lieu=Paris|éditeur=Presses Universitaires de France|collection=Que-sais-je ?|numéro dans collection=4160|année=2019|pages totales=128|isbn=978-2-13-081467-2}}

== Articles connexes ==
{{Colonnes|nombre=2|1=
* [[Histoire de la recherche sur le Pentateuque]]
* [[Exégèse historico-critique]]
* [[Exégèse biblique]]
* [[Données archéologiques sur les premiers écrits en hébreu ancien]]
* [[Historiographie deutéronomiste]]
* [[Histoire des Juifs en terre d'Israël]]
* [[Israël antique]]
* [[Transmission de la Torah]]
* [[Texte massorétique]]
* [[Nouveau Testament]]
* [[Problème synoptique]]
* [[Théorie des deux sources]]
* [[Traductions de la Bible]]
}}

== Liens externes ==
* Thomas Römer, « La formation du Pentateuque selon l'exégèse historico-critique », [http://misraim3.free.fr/judaisme/formation_du_pentateuque.pdf article en ligne], {{n. d.}}
* ''Le Monde des Religions'' {{numéro|32}}, novembre 2008, « Qui a écrit la Bible ? », [http://www.lemondedesreligions.fr/archives/2008/11/01/qui-a-ecrit-la-bible,9585803.php articles en ligne]
* ''Le Monde de la Bible'', hors-série automne 2012, « Enquête sur la naissance de la Bible », [http://www.mondedelabible.com/actualites/enquete-sur-la-naissance-de-la-bible-le-nouveau-hors-serie-du-monde-de-la-bible-en-kiosque-et-en-librairie/ présentation en ligne]
* Jean-Marie Husser, « L'approche historique des documents fondateurs : la Bible », [http://eduscol.education.fr/cid46654/l-approche-historique-des-documents-fondateurs%C2%A0-la-bible.html article en ligne]
* Université de Genève, « Comprendre comment le texte de la Bible hébraïque a évolué - La critique textuelle », 2006, [http://www.unige.ch/theologie/macchi/enseignement/presentations/evolution-textegrd.pdf article en ligne]
* [https://www.gad-distribution.com/fr/films-documentaires/archeologie-histoire/qui-a-ecrit-le-nouveau-testament-revelations-sur-le-livre-fondateur-du-christianisme « Qui a écrit le Nouveau Testament »], film documentaire (53 min) de Laure Leibovitz, 2024, avec notamment [[Daniel Marguerat]], [[Régis Burnet]] et [[Jérôme Prieur]].

{{Palette|Bible|Exégèse du Nouveau Testament}}
{{Portail|Bible|christianisme|judaïsme|monde antique|Théologie}}
{{Article de qualité|oldid=97759608|date=29 octobre 2013}}

[[Catégorie:Bible]]
[[Catégorie:Exégèse de l'Ancien Testament]]
[[Catégorie:Exégèse du Nouveau Testament]]