Voir la source de Gottfried Wilhelm Leibniz

{{Redirect|Leibniz}}
{{Infobox Philosophe
 | nom                     = Gottfried Wilhelm Leibniz
 | région                  = [[Philosophie occidentale]]
 | époque                  = [[Époque moderne]]
 | image                   = Gottfried Wilhelm von Leibniz.jpg
 | légende                 = Portrait de Leibniz peint par [[Christoph Bernhard Francke]].
 | date de naissance       = {{date de naissance|1|juillet|1646|âge=non}}
 | lieu de naissance       = [[Leipzig]] ([[électorat de Saxe]])
 | date de décès           = {{Date de décès|14|novembre|1716|1|juillet|1646}}
 | lieu de décès           = [[Hanovre]] ([[électorat de Brunswick-Lunebourg]])
 | nationalité             = {{Drapeau|Saint-Empire}} [[Saint-Empire romain germanique|Allemand]]
 | tradition philosophique = [[Rationalisme]]
 | principaux intérêts     = [[Métaphysique]], [[Ontologie (philosophie)|ontologie]], [[théologie]], [[éthique]], [[psychologie]], [[épistémologie]], [[logique]], [[mathématiques]], [[physique]], [[géologie]], [[biologie]], [[histoire]], [[linguistique]], [[étymologie]], [[sinologie]], [[généalogie]], [[droit]], [[jurisprudence]], [[politique]], [[bibliothéconomie]], [[théorie des jeux]], [[échecs]]
 | œuvres principales      = ''[[De arte combinatoria]]''<br>''[[Discours de métaphysique]]''<br>''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]''<br>''[[Essais de Théodicée]]''<br>''[[Monadologie]]''
 | influencé par           = [[Platon]], [[Aristote]], {{refnec|[[Sénèque]], [[Tite-Live]], [[Augustin d'Hippone]], [[Proclus]],}} [[Scolastique]], [[Raymond Lulle]], {{refnec|[[Jean Pic de la Mirandole|Pic de la Mirandole]], [[Hugo Grotius|Grotius]], [[Pierre Gassendi|Gassendi]]}}, [[René Descartes|Descartes]], [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Arnauld]], [[Jakob Thomasius|Thomasius]], [[Blaise Pascal|Pascal]], [[Erhard Weigel|Weigel]], [[Christian Huygens|Huygens]], [[Baruch Spinoza|Spinoza]], [[John Locke|Locke]], [[Nicolas Sténon|Stensen]], [[Nicolas Malebranche|Malebranche]], [[Pierre Bayle|Bayle]]
 | a influencé             = {{refnec|[[Jacques Bernoulli]], [[Jean Bernoulli]]}}, [[Christian Wolff (philosophe)|Wolff]], {{refnec|[[Pierre Louis Moreau de Maupertuis|Maupertuis]]}}, [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Denis Diderot|Diderot]], {{refnec|[[Charles Bonnet (naturaliste)|Bonnet]], [[Adam Smith|Smith]]}}, [[Emmanuel Kant|Kant]], {{refnec|[[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]], [[Gottlob Frege|Frege]], [[Edmund Husserl|Husserl]], [[Henri Bergson|Bergson]], [[Louis Couturat|Couturat]], [[Bertrand Russell|Russell]]}}, [[Kurt Gödel|Gödel]], {{refnec|[[Gilles Deleuze|Deleuze]], [[Michel Serres|Serres]]}}
 | idées remarquables      = [[Monade (philosophie)|Monade]], [[principe de raison suffisante]], [[principe d'identité des indiscernables]], [[principe de continuité]], [[harmonie préétablie]], [[compatibilisme]], [[caractéristique universelle]], [[théodicée]], [[meilleur des mondes possibles]], [[calcul infinitésimal]], [[notation de Leibniz]], [[système binaire]]
 | célèbre pour            = [[bibliothécaire]] à [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz|Hanovre]] et à [[Herzog August Bibliothek|Wolfenbüttel]]<br>premier président de l'[[Académie royale des sciences de Prusse]]
 | citation                = 
 | adjectifs dérivés       = [[wikt:leibnizien|leibnizien]], [[wikt:leibnizienne|leibnizienne]]
 | wikidata                = 
}}

'''Gottfried Wilhelm Leibniz'''<ref group="n" name="nom" /> ({{MSAPI|/ˈɡɔt.fʁiːt ˈvɪl.hɛlm ˈlaɪb.nɪt͡s/}}<ref group="n">Prononciation en [[allemand standard]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] phonémiquement selon la norme [[Alphabet phonétique international|API]].</ref>), parfois francisé en '''Godefroid-Guillaume Leibniz''', né à [[Leipzig]] le {{date|1 juillet 1646}}<ref group="n" name="naissance" /> et mort à [[Hanovre]] le {{Date|14 novembre 1716}}, est un [[philosophe]], [[scientifique]], [[mathématicien]], [[logique|logicien]], [[diplomate]], [[juriste]], [[historien]], [[bibliothécaire]] et [[philologie|philologue]] [[Allemands|allemand]]. Esprit [[polymathie|polymathe]], personnalité importante de la période {{Langue|de|''[[Frühaufklärung]]''}}, il occupe une place primordiale dans l'[[histoire de la philosophie]] et l'[[histoire des sciences]] (notamment [[histoire des mathématiques|des mathématiques]]) et est parfois considéré comme le dernier « génie universel »<ref>{{Lien web|langue=en |titre=Gottfried Wilhelm Leibniz|url=https://plato.stanford.edu/entries/leibniz/|site=plato.stanford.edu}}</ref>.

Il naît en 1646 à Leipzig dans une famille [[luthéranisme|luthérienne]] ; son père, [[Friedrich Leibnütz]], est juriste et professeur de [[philosophie morale]] à l'[[université de Leipzig|université de la ville]]. Après la mort de celui-ci en [[1652]], Leibniz parallèlement à son éducation supervisée par sa mère et son oncle, étudie dans la bibliothèque léguée par son père. Entre [[1661]] et [[1667]], il étudie dans les [[université]]s de Leipzig, d'[[Université d'Iéna|Iéna]] et d'[[Université d'Altdorf|Altdorf]] et obtient des diplômes en [[philosophie]] et en [[droit]]. À partir de 1667, il est employé par [[Johann Christian von Boyneburg]] et l'[[prince-électeur|électeur]] de [[Électorat de Mayence|Mayence]] [[Jean-Philippe de Schönborn]]. Entre [[1672]] et [[1676]], il séjourne à [[Paris]] et voyage à [[Londres]] et à [[La Haye]], rencontrant les [[scientifique]]s de son époque et s'initiant aux [[Mathématiques en Europe au XVIIe siècle|mathématiques]]. À la suite de la mort de ses deux employeurs, en 1676, il accepte la proposition d'emploi par la [[maison de Hanovre]] régnant sur la [[principauté de Calenberg]] et s'installe à Hanovre où il occupe les postes de bibliothécaire et conseiller politique. Il y mène des recherches sur des domaines très divers, voyageant à travers toute l'[[Europe]] et correspondant jusqu'en [[monde chinois|Chine]], jusqu'à sa mort en 1716.

En philosophie, Leibniz est, avec [[René Descartes]] et [[Baruch Spinoza]], l'un des principaux représentants du [[rationalisme]]. Au [[principe de non-contradiction]], il ajoute trois autres principes à la base de ses réflexions : le [[principe de raison suffisante]], le [[principe d'identité des indiscernables]] et le [[principe de continuité]]. Concevant les pensées comme des combinaisons de concepts de base, il théorise la [[caractéristique universelle]], une langue hypothétique qui permettrait d'exprimer la totalité des pensées humaines, et qui pourrait résoudre des problèmes par le calcul grâce au {{Langue|la|''[[calculus ratiocinator]]''}}, anticipant l'[[informatique]] de plus de trois siècles. En [[métaphysique]], il invente le concept de [[monade (philosophie)|monade]]. Enfin, en [[théologie]], il établit deux preuves de l'[[Arguments sur l'existence de Dieu|existence de Dieu]], appelées preuves ''[[Argument ontologique|ontologique]]'' et ''[[Cause première|cosmologique]]''. Au contraire de Spinoza, qui pensait [[Dieu]] [[Immanence|immanent]], Leibniz le conçoit [[Transcendance|transcendant]], à la manière traditionnelle des [[Monothéisme|religions monothéistes]]. Pour concilier l'[[omniscience]], l'[[omnipotence]] et la [[bienveillance]] de Dieu avec l'existence du [[mal]], il invente, dans le cadre de la [[théodicée]], terme qu'on lui doit, le concept de [[meilleur des mondes possibles]], qui sera raillé par [[Voltaire]] dans le [[conte philosophique]] ''[[Candide]]''. Il aura une influence majeure sur la [[logique]] moderne développée à partir du {{s|XIX}} ainsi que sur la [[philosophie analytique]] au {{s|XX}}.

En mathématiques, la contribution principale de Leibniz est l'invention du [[calcul infinitésimal]] ([[Différentielle|calcul différentiel]] et [[Intégration (mathématiques)|calcul intégral]]). Si la paternité de cette découverte a longtemps fait l'objet d'une controverse l'opposant à [[Isaac Newton]], les [[Histoire des mathématiques|historiens des mathématiques]] s'accordent aujourd'hui pour dire que les deux mathématiciens l'ont développé plus ou moins indépendamment ; Leibniz introduit à ce sujet un [[Notation de Leibniz|nouvel ensemble de notations]], plus commodes que celles de Newton, et toujours en usage actuellement. Il travaille également sur le [[système binaire]] comme substitut au [[système décimal]], s'inspirant notamment de [[Yi Jing|vieux travaux chinois]], et effectue aussi des recherches sur la [[topologie]].

Écrivant en permanence {{incise|principalement en [[latin]], [[français]] et [[allemand]]}}, il lègue un immense patrimoine littéraire {{incise|''{{langue|de|Nachlass}}'' en allemand}}, répertorié dans le catalogue de [[Œuvres complètes, édition de Berlin|l'édition de Berlin]]<ref>{{de}} [https://leibniz-katalog.bbaw.de Arbeitskatalog der Leibniz-Edition].</ref> et conservé pour la plupart à la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz|bibliothèque de Hanovre]]. Il est composé d'environ {{nombre|50000|documents}} dont {{nombre|15000|lettres}} avec plus de mille correspondants différents, et n'est toujours pas entièrement publié.

== Biographie ==
=== Jeunesse (1646-1667) ===
==== Premières années (1646-1661) ====
Gottfried Wilhelm Leibniz{{note|group=n|name=nom|Plusieurs remarques sur le nom de Leibniz :
* originellement, son nom s'écrivait ''Leibnütz'' ; Leibniz adopte l'orthographe en ''-iz'' alors qu'il a une vingtaine d'années<ref group="R" name="macdonald-p3"/> ;
* il existe une autre orthographe, ''Leibnitz'' avec ''-tz'' ; si, comme le fait remarquer [[Kuno Fischer]], cette orthographe est plus conforme à l'origine slave du nom de Leibniz, l'orthographe en ''-z'' est celle que Leibniz lui-même utilisait (même si l'orthographe en ''-tz'' était devenue l'orthographe courante de son nom de son vivant, il ne l'a jamais utilisée<ref group="R" name="macdonald-p3"/>) ; par ailleurs il n'y a en [[allemand]] aucune différence de prononciation<ref group="B" name="gallica-nouveaux-essais"/> ;
* le nom est également anciennement francisé en ''Godefroy Guillaume Leibnitz'' (voir par exemple l'éloge funèbre de [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle|Fontenelle]]<ref name="eloge-fontenelle">{{Lien web |auteur= [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle]]|titre= Éloge de M. Leibnitz|url= http://www.academie-sciences.fr/pdf/dossiers/Fontenelle/font_pdf/p94_128_vol3593.pdf|date= novembre 1717|site= site officiel de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>) ;
* le nom fut parfois latinisé en ''Gottfredo Guiliemo Leibnüzio'' (voir par exemple la première page du ''[[De arte combinatoria]]''<ref group="B" name="combinatoria"/>) ;
* Leibniz se nommait souvent lui-même « Gottfried [[von]] Leibniz » (« de Leibniz »), et {{référence souhaitée|de nombreuses éditions posthumes de ses œuvres le présentent comme le [[Freiherr]] G.W. von Leibniz}} ; néanmoins, Leibniz, malgré sa volonté d'être [[anoblissement|anobli]], ne le fut jamais<ref name="gemeinschaft"/>.}} naît à [[Leipzig]] le {{date|1 juillet 1646}}{{note|group=n|name=naissance|Selon le [[calendrier julien]] alors en vigueur, Leibniz est né le {{date|16 juin 1646}}<ref group="C" name="gwlb-bio"/>.}}, deux ans avant la fin de la [[Guerre de Trente Ans]] qui a ravagé l'Europe centrale, dans une famille [[Luthéranisme|luthérienne]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>, {{citation|sans doute d'ascendance [[slaves|slave]] lointaine}}{{note|group=n|Note d'[[Yvon Belaval]] dans ''Leibniz : initiation à sa philosophie'' : {{citation|Leibniz, Leibnitz, Leibnüzius, Leibnütz, Leubnutz, Lubeniecz, etc., autant d'orthographes, chez notre auteur même, à ce nom d'origine slave : « Leibniziorum sive Lubeniccziorum nomen Slavonicum » (K. I. xxxu). Et, au sujet d'un certain Lubiniszki : {{Citation|Je me suis toujours imaginé que son nom est le même avec le mien, et il faut que je sache un jour ce que cela veut dire en slavonois}} (K. III. 235).}}<ref group="R" name="belaval2005-p21">{{harvsp|Belaval|2005|p=21}}.</ref>.}}{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p21"/>. Son père, [[Friedrich Leibnütz]], est juriste et professeur de philosophie morale à l'[[Université de Leipzig|université de la ville]], sa mère, Catherina Schmuck, troisième épouse de Friedrich<ref group="R" name="macdonald-p3"/>, est la fille du professeur de droit {{lien|lang=de|Wilhelm Schmuck}}<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>{{,}}<ref name="academia.edu">{{Lien web |langue= en|auteur= Sarah Tietz|titre= Leibniz Biography|url= https://www.academia.edu/6282279/Leibniz_Biography|date= 15 octobre 2013|site= [[Academia.edu]]|consulté le=26 décembre 2017}}.</ref>. Leibniz a un demi-frère, Johann Friedrich (mort en [[1696]]), une demi-sœur, Anna Rosine, et une sœur, Anna Catherina ([[1648]]-[[1672]]) {{incise|dont le fils, Friedrich Simon Löffler, est l'héritier de Leibniz|fin}}<ref group="R" name="macdonald-p3">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=3}}.</ref>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p21"/>. Il est [[baptême|baptisé]] le {{date|3 juillet 1646-}}<ref group="R" name="belaval2005-p22">{{harvsp|Belaval|2005|p=22}}.</ref>.

Son père meurt le {{date|15 septembre 1652}}<ref group="R" name="belaval2005-p23"/> alors que Leibniz est âgé de six ans, et son éducation est alors supervisée par sa mère et son oncle, mais le jeune Leibniz apprend également en [[autoformation|autodidacte]] dans l'importante bibliothèque qu'a laissée son père<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>. En [[1653]], à l'âge de 7 ans, Leibniz est scolarisé à la ''{{langue|de|[[Alte Nikolaischule de Leipzig|Nikolaischule]]}}'', où il restera jusqu'à son entrée à l'université en [[1661]]<ref name="larousse"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref name="ucsd-chrono">{{Lien web |langue= en|auteur= Donald Rutherford|titre= Brief Chronology of Leibniz's Life|url= http://philosophyfaculty.ucsd.edu/faculty/rutherford/Leibniz/chronol.htm|date= 1 octobre 1999|site= site officiel de la faculté de philosophie de l'[[université de Californie à San Diego]]|consulté le=11 juin 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="rice">{{Lien web |langue= en|titre=Leibniz, Gottfried Wilhelm|url= http://galileo.rice.edu/Catalog/NewFiles/leibniz.html|date= |site= « {{langue|en|the Galileo Project}} » sur le site officiel de l'[[université Rice]]|consulté le=11 juin 2018}}.</ref>{{incise|selon Yvon Belaval, il est néanmoins possible que Leibniz fut scolarisé avant même la mort de son père ; selon lui son parcours scolaire semble se dérouler ainsi : [[grammaire]] ([[1652]]-[[1655]]), [[humanités]] ([[1655]]-[[1658]]), [[philosophie]] ([[1658]]-[[1661]])<ref group="R" name="belaval2005-p23">{{harvsp|Belaval|2005|p=23}}.</ref>|fin}}. Bien qu'il apprenne le [[latin]] à l'école, il semble que vers l'âge de douze ans, Leibniz ait appris de lui-même le latin à un niveau avancé ainsi que le [[grec]], semble-t-il afin de pouvoir lire les livres de la bibliothèque de son père<ref name="st-andrews"/>. Parmi ces livres, il s'intéresse surtout à la [[métaphysique]] et à la [[théologie]], aussi bien d'auteurs [[catholicisme|catholiques]] que [[protestantisme|protestants]]<ref name="st-andrews"/>. Au fur et à mesure de son apprentissage, il s'estime insatisfait de la [[logique]] d'[[Aristote]] et commence à développer ses propres idées<ref name="st-andrews"/>. Comme il le rappellera plus tard dans sa vie, il était là en train de retrouver sans le savoir les idées logiques derrière les [[Démonstration (logique et mathématique)|démonstrations mathématiques]] rigoureuses<ref name="st-andrews"/>. Le jeune Leibniz se familiarise avec les œuvres d'auteurs latins comme [[Cicéron]], [[Quintilien]] et [[Sénèque]], d'auteurs grecs comme [[Hérodote]], [[Xénophon]] et [[Platon]], mais aussi des [[philosophe]]s et [[théologie]]ns [[scolastique]]s<ref name="academia.edu"/>.

==== Formation et premiers travaux (1661-1667) ====
En 1661, âgé de 14 ans (un âge pas exceptionnellement jeune à l'époque<ref name="st-andrews"/>), Leibniz entre à l'université de Leipzig<ref group="A" name="stanford"/>, pour un [[Baccalauréat universitaire ès lettres|baccalauréat en arts]]<ref group="R" name="macdonald-p4">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=4}}.</ref>. Son enseignement concerne surtout la [[philosophie]] et très peu les [[mathématiques]] ; il étudie aussi la [[rhétorique]], le [[latin]], le [[grec]] et l'[[hébreu]]<ref name="st-andrews"/>. Les penseurs modernes ([[René Descartes|Descartes]], [[Galilée (savant)|Galilée]], [[Pierre Gassendi|Gassendi]], [[Thomas Hobbes|Hobbes]]...) n'ayant pas encore eu d'impact sur les pays germanophones, Leibniz étudie surtout la [[scolastique]], bien qu'on retrouve aussi des éléments de la modernité, notamment de l'[[humanisme de la Renaissance]] et des travaux de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>.

Il est l'élève de [[Jakob Thomasius]] qui supervise son premier travail philosophique, qui lui permet d'obtenir son baccalauréat en [[1663]]<ref name="rice"/> : {{latin|Disputatio metaphysica de principio individui}}<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>. Dans son travail, il refuse de [[définition|définir]] l'individu par négation à partir de l'[[universel (métaphysique)|universel]]<ref name="larousse"/> et « souligne la valeur existentielle de l'[[individu]], qui ne peut être expliqué par sa matière seule ou sa forme seule mais plutôt dans son être tout entier »<ref name="st-andrews"/>. On retrouve ici les prémices de sa notion de [[monade (philosophie)|monade]]<ref name="st-andrews"/>.

Après son baccalauréat, il doit se spécialiser pour l'obtention d'un [[doctorat]] : ayant le choix entre [[théologie]], [[droit]] et [[médecine]], il choisit le droit<ref group="R" name="macdonald-p4"/>. Avant le début de ses cours, durant l'été 1663, il étudie quelque temps à [[Université d'Iéna|Iéna]], où il est exposé à des théories moins classiques, et a entre autres, comme professeur de mathématiques, le mathématicien et philosophe [[néopythagorisme|néopythagoricien]] [[Erhard Weigel]], qui amènera Leibniz à commencer à s'intéresser aux preuves de type mathématique pour des disciplines telles que la [[logique]] et la philosophie<ref group="R" name="macdonald-p4"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>. Les idées de Weigel, comme le fait que le [[nombre]] est le concept fondamental de l'[[Univers]], auront une influence considérable sur le jeune Leibniz<ref name="st-andrews"/>.

En {{date-|octobre 1663}}, il est de retour à Leipzig pour son [[doctorat en droit]]<ref name="st-andrews"/>. Il doit à chaque étape de son cursus, travailler sur des « {{latin|[[disputatio]]}} » et obtient un [[baccalauréat universitaire en droit|baccalauréat]] (en [[1665]]<ref group="R" name="look-p3">{{harvsp|Look|2011|p=3-6}}.</ref>{{,}}<ref name="rice"/>) et une [[maîtrise universitaire en droit|maîtrise]]<ref group="R" name="macdonald-p4"/>. Par ailleurs, en [[1664]], il obtient une [[maîtrise universitaire ès lettres|maîtrise en arts]] en philosophie pour une dissertation combinant philosophie et [[droit]] en étudiant les relations entre ces domaines selon des idées mathématiques, comme il a appris de Weigel<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref name="rice"/>.

Quelques jours après sa maîtrise en arts, sa mère meurt<ref name="st-andrews"/>.

Après avoir obtenu son baccalauréat en droit, Leibniz se lance dans l'obtention d'une [[habilitation universitaire|habilitation]] en philosophie<ref name="st-andrews"/>. Son travail, la {{latin|[[De arte combinatoria|Dissertatio de arte combinatoria]]}} (« Dissertation sur l'art combinatoire »), est publié en 1666<ref name="st-andrews"/>. Dans ce travail, Leibniz entend réduire tous les raisonnements et toutes les découvertes à une combinaison d'éléments de base, comme des nombres, des lettres, des couleurs, des sons<ref name="st-andrews"/>. Bien que l'habilitation lui donne le droit d'[[Enseignement magistral|enseigner]], il préfère se lancer dans l'obtention d'un [[doctorat en droit]]<ref group="R" name="macdonald-p4"/>.

Malgré sa scolarité reconnue et sa réputation croissante, le doctorat en droit lui est refusé, pour des raisons partiellement inexpliquées<ref name="st-andrews"/>. Il est vrai qu'il était l'un des plus jeunes candidats et qu'il n'y avait que douze [[tutorat|tuteurs]] en droit disponibles, mais Leibniz suspecta la femme du [[doyen (université)|doyen]] d'avoir persuadé celui-ci de s'opposer au doctorat de Leibniz, pour une raison inexpliquée<ref group="R" name="macdonald-p4"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>. Leibniz n'étant pas enclin à accepter un quelconque délai, il part pour l'[[université d'Altdorf]] où il est inscrit en {{date|octobre 1666}}<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p4"/>. Sa thèse étant déjà prête, il devient docteur en droit dès {{date|février 1667}} avec sa thèse {{latin|De Casibus Perplexis in Jure}} (« Des cas perplexes en droit »)<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p4"/>{{,}}<ref name="rice"/>{{,}}<ref name="vrin-de-casibus">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Librairie philosophique J. Vrin]]|titre= Des cas perplexes en droit|url= http://www.vrin.fr/book.php?code=9782711621453|consulté le=20 février 2018}}.</ref>. Les universitaires d'Altdorf sont impressionnés par Leibniz (il est applaudi lors de sa soutenance de thèse, en prose et en vers, sans notes, avec tant de facilité et de clarté que ses examinateurs peinent à croire qu'il ne l'a pas apprise par cœur<ref group="R" name="belaval2005-p46">{{harvsp|Belaval|2005|p=46}}.</ref>), et lui proposent un poste de professeur, qu'il refuse<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p4"/>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p46"/>{{,}}<ref name="larousse"/>.

Alors qu'il est encore peut-être étudiant à Altdorf, Leibniz obtient son premier emploi, plus solution provisoire que véritable ambition : secrétaire d'une société [[alchimie|alchimique]] de [[Nuremberg]] (dont l'affiliation ou non à la [[Rose-Croix]] fait débat)<ref group="R" name="macdonald-p5">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=5}}.</ref>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>. Il occupera ce poste pendant deux ans<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>. La nature exacte de son obédience est encore fort discutée par les historiens<ref group="R" name="macdonald-p5"/>. Il parlera de son passage comme d'un « doux rêve » dès [[1669]], et sur le ton de la plaisanterie dans une lettre à [[Gottfried Thomasius]] de [[1691]]<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>. De son appartenance à cette société, il espérait probablement des renseignements sur sa combinatoire<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>.

=== Début de carrière (1667-1676) ===
==== Francfort et Mayence (1667-1672) ====
Quand il quitte Nuremberg, Leibniz ambitionne de voyager, au moins jusqu'en [[Hollande]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>{{,}}<ref name="picon">{{Ouvrage |auteur1=Marine Picon |titre=Doctrine des habitus et ordonnancement encyclopédique des disciplines chez Leibniz : la Nova Methodus discendae docendaeque iurisprudentiae |éditeur= |année= |pages totales=30 |passage=402-404 |isbn= |lire en ligne=https://www.academia.edu/16773532/Doctrine_des_habitus_et_ordonnancement_encyclopédique_des_disciplines_chez_Leibniz_la_Nova_Methodus_discendae_docendaeque_iurisprudentiae}}.</ref>. Il rencontre peu après le [[baron (noblesse)|baron]] [[Johann Christian von Boyneburg]], ancien [[ministre en chef]] de l'[[prince-électeur|électeur]] de [[Électorat de Mayence|Mayence]] [[Jean-Philippe de Schönborn|Johann Philipp von Schönborn]], qui l'emploie : en {{date|novembre 1667}}, Leibniz s'installe dans la ville de Boyneburg, [[Francfort-sur-le-Main]], à proximité de [[Mayence]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>. Rapidement, Boyneburg obtient pour Leibniz un poste d’assistant auprès du conseiller juridique de Schönborn<ref group="R" name="macdonald-p6"/>, après que Leibniz a dédié à Schönborn un essai sur la réforme du [[pouvoir judiciaire]]<ref name="academia.edu"/>. Ainsi, en [[1668]], il déménage à Mayence<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref name="leibniz-thomasiusp53">{{Ouvrage |auteur1=Gottfried Wilhelm Leibniz |responsabilité1=auteur original |auteur2=[[Jakob Thomasius]] |responsabilité2=auteur original |auteur3=Richard Bodéüs |responsabilité3=auteur de l'édition |titre=Correspondance, 1663-1672 |éditeur=[[Librairie philosophique J. Vrin|Vrin]] |année=1993 |pages totales=366 |passage=53 |isbn=978-2-7116-1145-4 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fG7ipyVKo3kC&pg=PA53}}.</ref>. Cependant, continuant à travailler pour Boyneburg, il passe autant de temps à Francfort qu'à Mayence<ref group="R" name="macdonald-p6"/>. Avec le conseiller juridique, il travaille sur le projet d'une grande recodification du [[droit civil]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>. C'est dans cette optique qu'il compose son ''{{langue|la|Nova methodus discendæ docendæque jurisprudentiæ}}'' dédié à l'électeur de Mayence, Jean-Philippe de Schönborn, dans l'espoir d'obtenir un poste à la cour. Il y présente le droit sous un angle philosophique. Deux règles fondamentales de jurisprudence y figurent : n'accepter aucun terme sans définition et n'accepter aucune proposition sans démonstration. En 1669, Leibniz est promu [[assesseur]] à la [[tribunal|cour]] d'[[appel (droit)|appel]] dont il fera partie jusqu'en 1672<ref group="R" name="macdonald-p6"/>.

Par ailleurs, Leibniz travaille sur plusieurs ouvrages concernant des thèmes politiques (''Modèle de démonstrations politiques pour l’élection du roi de Pologne'')<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=30-31}}</ref> ou scientifiques (''Hypothesis physica nova'' (« Nouvelles Hypothèses physiques »), [[1671]]).

==== Séjour à Paris (1672-1676) ====
Il est envoyé en [[1672]] à [[Paris]] par Boyneburg en mission diplomatique pour convaincre {{souverain2|Louis XIV}} de porter ses conquêtes vers l'[[Province ottomane d'Égypte|Égypte]] plutôt que l'Allemagne<ref name="st-andrews"/>. Il y restera jusqu’en [[1676]]<ref name="st-andrews"/>. Son plan échouera avec l'éclatement de la [[guerre de Hollande]] en 1672<ref name="academia.edu"/>. En attendant une occasion de rencontrer le gouvernement français, il peut rencontrer les grands savants de l’époque<ref name="st-andrews"/>. Il est notamment en contact avec [[Nicolas Malebranche]] et [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine Arnauld]]<ref name="st-andrews"/>. Avec ce dernier il parle particulièrement de la réunification des [[Église (institution)|Églises]]<ref name="st-andrews"/>. À partir de l'automne 1672, il étudie les mathématiques et la physique sous l'égide de [[Christian Huygens]]<ref name="st-andrews"/>. Par conseil de ce dernier, il s'intéresse aux travaux de [[Grégoire de Saint-Vincent]]<ref name="st-andrews"/>. Il se consacre aux mathématiques et publie à Paris son manuscrit sur la [[Formule de Leibniz|quadrature arithmétique du cercle]] (donnant {{math|π}} sous forme d'une [[série alternée]]). Il travaille également sur ce qui sera le [[calcul infinitésimal]] (ou calcul différentiel et intégral). Il conçoit en [[1673]] une machine à calculer qui permet d'effectuer les quatre opérations, et qui inspirera bien des machines à calculer des {{s2-|XIX|XX}} ([[arithmomètre]], [[Curta]]). Avant de rejoindre Hanovre, il se rend à Londres pour étudier certains écrits d’[[Isaac Newton]] ; tous deux posent les bases du [[Intégration (mathématiques)|calcul intégral]] et [[différentielle|différentiel]].

Par deux fois, en [[1673]] et en [[1676]], Leibniz se rend à [[Londres]] où il rencontre les mathématiciens et physiciens de la {{langue|en|[[Royal Society]]}}<ref name="iep"/>. Il devient lui-même ''{{langue|en|[[fellow]]}}'' de la {{langue|en|Royal Society}} le {{Date|19|avril|1673}}<ref name="st-andrews">{{Lien web |langue= en|titre= Leibniz biography|url= http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Biographies/Leibniz.html|site= [[MacTutor History of Mathematics archive]] sur site officiel de l'[[université de St Andrews]]|consulté le=25 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref name="royal-society">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Royal Society]]|titre= Portrait of Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://pictures.royalsociety.org/image-rs-9348|consulté le=25 décembre 2017}}.</ref>.

Leibniz, ayant entendu parler des compétences en [[optique]] de [[Baruch Spinoza]], philosophe [[rationalisme|rationaliste]] comme lui, envoie à ce dernier un [[traité d'optique]] ; Spinoza lui envoya ensuite une copie de son ''[[Traité théologico-politique]]'' qui intéressa fortement Leibniz<ref name="britannica-spinoza">{{Lien web |langue= en|titre= Benedict de Spinoza|url= https://www.britannica.com/biography/Benedict-de-Spinoza|date= |site= [[Encyclopædia Britannica]]|consulté le=3 juin 2018}}.</ref>. Par ailleurs, par l'intermédiaire de son ami [[Ehrenfried Walther von Tschirnhaus]], Leibniz est informé d'une grande partie des travaux de Spinoza sur l{{'}}''[[Éthique (Spinoza)|Éthique]]'' (bien que Tschirnhaus ait interdiction d'en montrer une copie avancée)<ref name="iep"/>.

=== Hanovre (1676-1716) ===
[[Fichier:Hannover Leibniz-Haus 1900.jpg|vignette|Maison de Leibniz, où il vécut entre 1698 et sa mort en 1716<ref group="D" name="house"/>, ici vers 1900. Leibniz vivait au premier étage<ref group="D" name="house"/>. La maison fut détruite durant la [[Seconde Guerre mondiale]], puis reconstruite à un autre emplacement<ref group="D" name="house"/>.]]

==== Premières années à Hanovre (1676-1687) ====
Après la mort de ses deux employeurs, Boyneburg en [[1672]] puis Schönborn en [[1673]], Leibniz cherche à s'installer à [[Paris]] ou à [[Londres]], mais, ne trouvant aucun employeur, il accepte finalement après deux ans d'hésitation la proposition du duc [[Jean-Frédéric de Brunswick-Calenberg]], qui le nomme [[bibliothécaire]] du [[duché de Brunswick-Lunebourg]] (puis, à la suite des demandes de Leibniz dès {{date|février 1677}}, conseiller auprès de la [[maison de Hanovre]] en [[1678]]), poste qu'il occupera pendant 40 ans, jusqu'à sa mort en [[1716]]<ref group="D" name="bio"/>{{,}}<ref name="britannica"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>{{,}}<ref name="imago-mundi">{{Lien web |titre= Leibniz|url= http://www.cosmovisions.com/Leibniz.htm|site=Imago mundi|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>. Sur le chemin pour Hanovre, il fait étape à [[Londres]], [[Amsterdam]] et [[La Haye]], où il rencontre Spinoza, entre les {{date|18 novembre- 1676-}} et {{date|21 novembre 1676-}} qui vit alors les derniers mois de sa vie, atteint de [[tuberculose]]<ref name="spinoza-leibniz-colloque">{{Lien web |titre= Leibniz et Spinoza I|url= http://www.helsinki.fi/~mroinila/LS.pdf|date= mars 2007|site= [[Université d'Helsinki]]|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur= Daniel Pimbé|titre= Spinoza|url= http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/old2/file/spinoza_pimbe.pdf|date= octobre 2011|site= [[Académie de Grenoble]]|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref group="A" name="stanford"/>. Avec Spinoza, ils parlent de l{{'}}''[[Éthique (Spinoza)|Éthique]]'' de ce dernier prête à la publication, de la [[théories scientifiques de Descartes|physique cartésienne]] et de la version améliorée par Leibniz de l'[[argument ontologique]] sur l'[[Arguments sur l'existence de Dieu|existence de Dieu]]<ref group="A" name="stanford"/>. Il y rencontre également les [[microscopie|microscopistes]] [[Jan Swammerdam]] et [[Antoni van Leeuwenhoek]], entrevues qui auront une grande influence sur la conception des [[animal|animaux]] de Leibniz<ref name="academia.edu"/>. Leibniz arrive finalement à [[Hanovre]] en {{date|décembre 1676}} par la [[malle-poste]]<ref group="D" name="bio"/>. La ville est alors peuplée de {{nombre|6500|habitants}} de la vieille ville et {{formatnum:2000}} dans la nouvelle ville, de part et d'autre de la [[Leine]]<ref group="D" name="bio"/>.

En tant que bibliothécaire, Leibniz doit s'acquitter de tâches d'ordre pratique : administration générale de la bibliothèque, achat de nouveaux livres et de livres d'occasion, et inventaire des livres<ref group="R" name="macdonald-p15">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=15}}.</ref>. En [[1679]], il doit gérer le transfert de la bibliothèque du [[palais de Herrenhausen]] à Hanovre même<ref group="R" name="macdonald-p15"/>.

Dans les années [[1680]] à [[1686]], il fait de nombreux voyages dans le [[Harz]] pour s'occuper de l'exploitation des [[mine (gisement)|mines]]. Leibniz a consacré l'équivalent de trois années au métier d'ingénieur des mines. Il s'occupa principalement de mettre au point des dispositifs d'extraction des eaux des mines grâce à des [[moulin à vent|moulins à vent]]. Il entra en conflit avec les exploitants qui n'acceptaient pas ses nouvelles idées. Cela le conduisit à se poser des questions sur l'origine des fossiles, qu'il attribuait initialement à l'effet du [[hasard]], mais dont il reconnut plus tard l'origine vivante. Son livre ''{{langue|la|Protogæa}}'' ne sera publié qu'après sa mort, car les théories qu'il y développe sur l'histoire de la Terre pouvaient déplaire aux autorités religieuses.

En [[1682]], il fonde à [[Leipzig]] le journal ''{{langue|la|[[Acta Eruditorum]]}}'' avec [[Otto Mencke]]<ref name="imago-mundi"/>{{,}}<ref name="nordisk">{{Lien web |langue= sv|titre= Nordisk familjebok / Uggleupplagan. 16. Lee - Luvua / 77-78|url= https://runeberg.org/nfbp/0055.html|date= |site= [[projet Runeberg|Runeberg]]|consulté le=5 juin 2018}}.</ref>. L'année suivante, il y publie son article sur le [[différentielle|calcul différentiel]] {{incise|{{latin|{{lien|Nova Methodus pro Maximis et Minimis}}}}|fin}}<ref name="st-andrews"/>. Cependant, l'article ne contient aucune démonstration, et [[Jacques Bernoulli]] l'appellera une énigme plutôt qu'une explication<ref name="st-andrews"/>. Deux ans plus tard Leibniz publie son article sur le [[Intégration (mathématiques)|calcul intégral]]<ref name="st-andrews"/>.

En [[1686]], il rédige un « Court discours de métaphysique », maintenant connu comme le ''[[Discours de métaphysique]]''<ref name="iep"/>. Le Discours est généralement considéré comme sa première œuvre philosophique mûre<ref name="iep"/>. Il envoie un résumé du discours à [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Arnauld]], entamant ainsi une riche [[correspondance]] qui traitera principalement de la [[liberté]], de la [[causalité]] et de l'[[occasionnalisme]]<ref name="iep"/>.

==== Voyage en Autriche et en Italie (1687-1690) ====
Le successeur du duc Jean-Frédéric après la mort de celui-ci en [[1679]], son frère [[Ernest-Auguste de Hanovre (1629-1698)|Ernest-Auguste]], cherchant à légitimer historiquement ses ambitions dynastiques, demande à Leibniz la réalisation d'un livre sur l'histoire de la [[maison de Brunswick]]<ref group="R" name="macdonald-p18">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=18}}.</ref>. Leibniz, occupé par les mines du Harz, ne peut s'en occuper tout de suite<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. En {{date|août 1685}}, les expérimentations de Leibniz s'avérant être un échec, le duc, peut-être dans le but d'éloigner Leibniz des mines, l'emploie pour qu'il écrive l'histoire de la maison [[Seconde maison Welf|Welf]], dont celle de Brunswick était une branche, depuis les origines jusqu'à l'époque contemporaine, lui promettant un salaire permanent<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. Ce n'est qu'en {{date|décembre 1686}} que Leibniz quitte le Harz, pour se lancer pleinement dans ses recherches historiques<ref group="R" name="macdonald-p18"/>.

Rapidement, Leibniz traite tout le matériel contenu dans les archives locales, et obtient la permission de partir en voyage en [[électorat de Bavière|Bavière]], en [[Archiduché d'Autriche|Autriche]] et en [[Italie (région géographique)|Italie]], qui durera de {{date|novembre 1687}} à {{date|juin 1690}}<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. Leibniz est à [[Munich]] en [[1687]]<ref name="rice"/>.

À [[Vienne (Autriche)|Vienne]], où il fait étape en attendant l'autorisation de [[Francesco II d'Este|{{souverain-|François II}} de Modène]] de consulter les archives, il tombe malade et doit y rester quelques mois<ref name="pls-italie"/>. Pendant ce temps, il lit le compte-rendu des ''[[Philosophiae naturalis principia mathematica|Philosophiæ naturalis principia mathematica]]'' d'[[Isaac Newton]], paru dans les ''Acta Eruditorum'' en {{date|juin 1688}}<ref name="pls-italie"/>. En {{date|février 1689}}, il publie le ''{{langue|la|Tentamen de motuum coelestium causis}}'' (« Essai sur les causes des mouvements célestes »), où il tente d'expliquer le mouvement des planètes à l'aide de la théorie des vortex de [[René Descartes]], pour fournir une alternative à la théorie newtonienne qui recourt aux « [[force (physique)|force]] à distance »<ref name="pls-italie"/>. Par ailleurs, il rencontre l'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur]] {{souverain2|Léopold Ier (empereur du Saint-Empire)}}, mais échoue à obtenir un poste de conseilleur impérial ou d'historien officiel, ou l'autorisation de fonder une « bibliothèque universelle »<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. À la même époque, il obtient un succès diplomatique en parvenant à négocier le mariage entre la fille du duc Jean-Frédéric, [[Charlotte-Félicité de Brunswick-Calenberg|Charlotte-Félicité]], et du [[duc de Modène]] {{souverain2|Renaud III de Modène}}<ref group="R" name="macdonald-p18"/>.

En {{date|mars 1689}}, Leibniz part pour [[Ferrare]], en Italie<ref name="pls-italie"/>. En cette période de tensions religieuses, Leibniz, qui se rend dans un pays catholique en étant protestant, est vigilant et prévoyant<ref name="pls-italie"/>. Son secrétaire, [[Johann Georg von Eckhart]], raconte ainsi qu'au moment de traverser le [[Pô]], les passeurs, sachant que Leibniz était allemand et donc fort probablement protestant, prévoient de le jeter par-dessus bord et de s'emparer de ses bagages<ref name="pls-italie"/>. Leibniz, s'apercevant du complot, sort de sa poche un [[rosaire]] et fait semblant de [[prière catholique|prier]]<ref name="pls-italie"/>. Les passeurs, voyant cela, pensent qu'il est catholique, et abandonnent leur plan<ref name="pls-italie"/>.

De Ferrare, Leibniz part pour [[Rome]], où il arrive le {{date|14 avril 1689}}<ref name="pls-italie"/>. Outre son travail d'étude des archives, il prend le temps de rencontrer ses universitaires et des scientifiques<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. Il a beaucoup de discussions à propos de l'[[irénisme|union des Églises]] et rencontre le [[missionnaire chrétien]] Claudio Filippo Grimaldi, qui lui donne des renseignements sur la [[monde chinois|Chine]] ''(voir section [[#Sinologie|Sinologie]])''<ref group="R" name="macdonald-p18"/>{{,}}<ref name="pls-italie"/>. Il est élu membre de l'Académie physico-mathématique<ref group="R" name="macdonald-p18"/> et fréquente des académies et des cercles, prenant notamment la défense de l'[[héliocentrisme]] de [[Nicolas Copernic]], qui n'est pas encore accepté par tous<ref name="pls-italie"/>. Il compose un dialogue, ''{{langue|la|Phoranomus seu de potentia et legibus naturae}}'' (« Phoronomie ou La puissance et les lois de la nature »), la phoronomie étant l'ancêtre de ce qu'on appelle aujourd'hui [[cinématique]], c'est-à-dire l'étude du mouvement sans prendre en compte les causes qui le produisent ou le modifient, autrement dit par rapport au [[temps]] et à l'[[espace (philosophie)|espace]] uniquement<ref name="pls-italie"/>.

De Rome, Leibniz part pour [[Naples]], où il arrive le {{date|le 4 mai 1689}}<ref name= Davillé>{{Ouvrage |auteur1=Louis Davillé |titre=Leibniz historien. Essai sur l’activité et la méthode historique de Leibniz |lieu=Paris |éditeur=Alcan |année=1909 |passage=84 }}</ref> ; le lendemain, il visite l'éruption du [[Vésuve]]. À Naples, il n'oublie pas le but principal de son voyage : il demande au savant baron [[Lorenzo Crasso]] de lui montrer les archives de la reine Jeanne, femme d'{{souverain2|Otton IV (empereur du Saint-Empire)| de Brunswick}}, de faire quelques recherches dans des annales inédites, où il est question de ces princes, et de lui donner quelques renseignements sur les généalogistes napolitains ; sans doute il obtient satisfaction, et il voit à Naples la ''Storia Ms. di [[Matteo Spinelli da Giovinazzo]]'', mais comme elle est antérieure à {{souverain-|Otton IV}}, il n'y trouve rien de ce qu'il cherche<ref name= Davillé/>.

En [[1690]], Leibniz séjourne à [[Florence]]<ref name="rice"/>, où il rencontre [[Vincenzo Viviani]], qui fut élève de [[Galilée (savant)|Galilée]], avec qui il parle de mathématiques. Il se lie d'amitié avec Rudolf Christian von Bodenhausen, précepteur des fils du [[Liste des souverains de Toscane|grand-duc de Toscane]] {{souverain2|Cosme III de Médicis}}, à qui il confie le texte encore inachevé de la ''{{langue|la|Dynamica}}'' (« Dynamique »), où il définit la notion de [[force (physique)|force]] et formule un [[Loi de conservation|principe de conservation]]<ref name="pls-italie"/>. Après un bref passage à [[Bologne]], Leibniz se rend à [[Modène]] où il poursuit ses recherches historiques<ref name="pls-italie"/>.

==== 1690-1711 ====
[[Image:Geschichtsfries am Neuen Rathaus Hannover, 1700, Kurfürstin Sophie setzt Gottfried Wilhelm Leibniz den Lorbeerkranz auf, Karl Gundelach.jpg|vignette|350px|{{Lien|lang=de|trad=Carl Gundelach|fr=Carl Gundelach}}, ''[[Sophie de Hanovre]] décorant Leibnitz de la couronne de laurier''.]]
Leibniz voit ses efforts dans ses recherches historiques récompensés : en [[1692]], le [[duché de Brunswick-Lunebourg]] est élevé au rang d'[[électorat de Brunswick-Lunebourg|électorat]]<ref group="R" name="macdonald-p18"/>. En récompense, le duc Ernest-Auguste le fait conseiller privé<ref group="R" name="macdonald-p18"/>{{,}}<ref name="rice"/>. Les autres branches de la [[Seconde maison Welf|maison de Brunswick]] lui sont également reconnaissantes : les co-ducs [[Rodolphe-Auguste de Brunswick-Wolfenbüttel|Rodolphe-Auguste]] et [[Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel|Antoine-Ulrich]] de [[Principauté de Brunswick-Wolfenbüttel|Brunswick-Wolfenbüttel]] le nomment [[bibliothécaire]] à la [[Herzog August Bibliothek]] de [[Wolfenbüttel]] en [[1691]], s'engagent à payer un tiers du coût de publication de l'histoire de la maison Welf, et en [[1696]], le nomment conseiller privé<ref group="D" name="bio"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p19">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=19}}.</ref>{{,}}<ref name="rice"/>. Par ailleurs, le duc de [[Celle (Allemagne)|Celle]] [[Georges-Guillaume de Brunswick-Lunebourg|Georges-Guillaume]] accorde une rente à Leibniz pour ses recherches historiques<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Ses rentes sont alors de {{formatnum:1000}} [[thaler]]s à Hanovre, 400 de Brunswick-Wolfenbüttel, et 200 de Celle<ref group="R" name="macdonald-p19"/>, soit une situation financière confortable<ref group="R" name="macdonald-p19"/>.

À partir de ce moment et jusqu'à la fin de sa vie, il passe autant de temps à [[Brunswick (Basse-Saxe)|Brunswick]], Wolfenbüttel et Celle qu'à Hanovre<ref group="R" name="macdonald-p19"/> {{incise|les allers-retours faisant {{unité|200|km}}, Leibniz passera beaucoup de temps à voyager, possédant sa propre voiture, et profitant des voyages pour écrire ses lettres<ref group="R" name="macdonald-p19"/>|fin}}.

En [[1691]], il publie à Paris, dans le ''Journal des savants'', un ''Essai de dynamique'' où il introduit les termes ''énergie'' et ''action''<ref>[[André Robinet]], ''Architectonique disjonctive, automates systémiques et idéalité transcendantale dans l'œuvre de G. W. Leibniz'', Vrin, 1986 {{ISBN|978-2-7116-0914-7}}, {{p.|79}} {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=IV3pOp2InqMC&pg=PA79}}.</ref>.

Le {{date|23 janvier 1698}}, Ernest-Auguste meurt et son fils [[George Ier (roi de Grande-Bretagne)|Georges-Louis]] lui succède. Leibniz se voit de plus en plus écarté de son rôle de conseiller par le nouveau prince bien loin de l'homme cultivé que représentait Jean-Frédéric aux yeux de Leibniz qui y voyait le « portrait de Prince ». À l'inverse, l'amitié qu'il entretient avec [[Sophie de Hanovre]] et sa fille [[Sophie-Charlotte de Hanovre|Sophie-Charlotte]], [[Liste_des_épouses_des_souverains_de_Prusse#Reines_de_Prusse_(1701-1871)|reine de Prusse]], se renforce<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>

Le {{date|29 septembre 1698}}, il s'installe dans la maison où il résidera jusqu'à sa mort, située Schmiedestraße, [[Nouvelle Adresse|nouvelle adresse]] de la bibliothèque de Hanovre<ref group="C" name="gwlb-history"/>{{,}}<ref group="D" name="house"/>.

Il convainc le [[prince-électeur]] de [[Liste des souverains de Brandebourg|Brandebourg]] (futur [[Liste des monarques de Prusse|roi de Prusse]]) de fonder une [[Académie royale des sciences de Prusse|Académie des sciences]] à [[Berlin]] dont il devient en {{date|juillet 1700}} le premier président<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref name="columbia"/>.

En [[1710]], il publie ses ''[[Essais de Théodicée]]'', résultats de discussions avec le philosophe [[Pierre Bayle]].

Reconnu comme le plus grand intellectuel d'Europe, il est pensionné par plusieurs grandes cours ([[Pierre Ier le Grand|Pierre le Grand]] en Russie<ref>[[Michel Heller]] : ''Histoire de la Russie et de son Empire'', {{2e}} partie; chap.2; 2015, Éd. Tempus Perrin, {{ISBN|978-2262051631}}</ref> {{souverain2|Charles VI (empereur du Saint-Empire)}} en [[Autriche]] qui le fait baron), et correspondant des souverains et souveraines {{incise|notamment de [[Sophie-Charlotte de Hanovre]]|fin}}.

==== Dernières années (1711-1716) ====
La fin de la vie de Leibniz est peu réjouissante<ref group="A" name="stanford"/>.

Il doit faire face à une controverse qui l'oppose à [[Isaac Newton]] sur la question de savoir lequel des deux a inventé le [[calcul infinitésimal]], et se voit même accusé d'avoir volé les idées de Newton<ref group="A" name="stanford"/>. La plupart des historiens des mathématiques s'accordent aujourd'hui à considérer que les deux mathématiciens ont développé leurs théories indépendamment l'un de l'autre : Newton a commencé à développer ses idées le premier, mais Leibniz fut le premier à publier ses travaux<ref group="A" name="stanford"/>.

À la cour, il est moqué pour l'apparence désuète (typique du [[Paris]] des [[années 1670]]) que lui donnent sa [[perruque]] et ses vêtements démodés<ref group="A" name="stanford"/>.

En {{date|novembre 1712}}, il rencontre le tsar à [[Dresde]], puis, se sentant à l'étroit à [[Hanovre]], part pour [[Vienne (Autriche)|Vienne]] (sans en demander l'autorisation à [[George Ier (roi de Grande-Bretagne)|Georges-Louis]]) où il séjourne jusqu'à l'automne 1714<ref group="R" name="belaval2005-p191">{{harvsp|Belaval|2005|p=191}}.</ref>.

En [[1714]], il doit faire face à la mort de deux proches : le {{date|27 mars 1714-}}, [[Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel]], et le {{date|8 juin 1714-}}, [[Sophie de Hanovre]]<ref group="R" name="belaval2005-p191"/>.

Quand, le {{date|12 août 1714-}}, à la mort de la reine [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]], Georges-Louis devient [[Liste des monarques britanniques|roi]] de [[Grande-Bretagne (royaume)|Grande-Bretagne]], Leibniz demande à le rejoindre à [[Londres]] et demande même à devenir historien officiel d'Angleterre<ref group="R" name="macdonald-p25"/>, mais au vu de la mauvaise réputation que le philosophe s'est acquise en [[Angleterre]], le nouveau souverain refuse que Leibniz le suive et lui ordonne de rester à Hanovre<ref group="A" name="stanford"/>.

Il envisage de partir à [[Paris]], où {{souverain2|Louis XIV}} l'a invité, mais la mort de ce dernier, ainsi que le fait qu'il lui faille se convertir, lui font abandonner cette proposition<ref group="R" name="macdonald-p25"/>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p191"/>. Il envisage aussi sérieusement de s'installer à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], où il va jusqu'à commencer des recherches pour se trouver une propriété<ref group="R" name="macdonald-p25"/>. Il songe également à [[Berlin]], où il est président de l'[[Académie royale des sciences de Prusse]], et à [[Saint-Pétersbourg]], où il occupe un poste de conseiller<ref group="R" name="macdonald-p25"/>. Mais Leibniz, qui a alors plus de soixante ans, n'a plus l'état de santé pour continuer à voyager comme il l'a fait, ou pour commencer une nouvelle vie ailleurs<ref group="R" name="macdonald-p25"/>. Son dernier voyage est une rencontre avec le tsar à [[Bad Pyrmont|Pyrmont]] en {{date|juillet 1716}}, après quoi il ne quitte plus [[Hanovre]]<ref group="R" name="belaval2005-p191"/>.

Très préoccupé par l'histoire de la maison [[Seconde maison Welf|Welf]], qu'il n'avait pas écrite malgré tout le temps qu'il y avait consacré, et espérant toujours pouvoir la finir avant sa mort pour pouvoir se consacrer à ses travaux philosophiques<ref group="R" name="macdonald-p25"/>, il se remet à y travailler activement<ref group="R" name="belaval2005-p191"/>.

Peu avant sa mort, durant les années [[1715]] et [[1716]], il entretient une correspondance avec le théologien anglais [[Samuel Clarke]], un disciple de Newton, à propos de [[physique]], présentant sous sa forme définitive sa conception de l'[[espace (philosophie)|espace]] et du [[temps]]<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p191"/>. Il écrit également beaucoup au [[Compagnie de Jésus|jésuite]] belge [[Barthélemy Des Bosses]]<ref group="R" name="macdonald-p25"/>.

==== Mort et funérailles ====
Le {{date|14 novembre 1716}}, à neuf heures du soir, après avoir passé une semaine bloqué dans son lit atteint de la [[goutte (maladie)|goutte]] et d'une [[colique]], il subit un excès de goutte ; on lui fait alors boire une [[tisane]] qui, plutôt que de le soigner, lui cause des [[convulsion]]s et d'importantes douleurs ; moins d'une heure après il meurt à l'âge de {{nobr|70 ans}} dans la ville où il résidait depuis {{nobr|40 ans}}, en présence de son [[copiste]] et de son [[cocher]], mais dans l'indifférence générale, alors que sa pensée a révolutionné l'Europe<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p25">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=25}}.</ref>{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p192">{{harvsp|Belaval|2005|p=192}}.</ref>{{,}}<ref name="eloge-fontenelle"/>. Personne ne se préoccupe de ses funérailles à l'exception de son secrétaire personnel<ref name="academia.edu"/>. La cour a été prévenue, mais on n'y voit aucun représentant, et ce, malgré sa relative proximité géographique ; cela s'explique peut-être par le fait que Leibniz n'était pas un fidèle religieux zélé. Son enterrement est celui d'une personne insignifiante<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=160}}</ref>.

On peut néanmoins noter deux éloges, se recoupant en partie car écrits d'après les renseignements de [[Johann Georg von Eckhart]] : le premier, intitulé ''{{langue|la|Elogium Godofredi Guilelmi Leibnitii}}'', est l'œuvre de [[Christian Wolff (philosophe)|Christian Wolff]], rédigé en [[latin]] et publié en {{date|juillet 1717}} dans les ''[[Acta Eruditorum]]''<ref name="eloge-wolff">{{Ouvrage |auteur1=[[Christian Wolff (philosophe)|Christian Wolff]] |responsabilité1=auteur original |auteur2=Jean-Marc Rohrbasser |responsabilité2=traducteur |titre=Elogium Godofredi Guilelmi Leibnitii |éditeur=''[[Acta Eruditorum]]'' |année=1717 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/philosophique/190}}.</ref> ; le second est un éloge prononcé à l'[[Académie des sciences (France)|Académie royale des sciences]] de [[Paris]] par [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle]] en {{date|novembre 1717}}, un an après la mort de Leibniz<ref name="academia.edu"/>.

À la mort de Leibniz, Georges-Louis, craignant la révélation de secrets, confisque le patrimoine littéraire (''{{langue|de|Nachlass}}'') de Leibniz, permettant ainsi sa préservation<ref group="C" name="gwlb"/>{{,}}<ref group="D" name="bio"/>.

== Contexte de travail ==
=== Portrait ===
Leibniz a toute sa vie eu l'ambition impossible d'exceller dans tous les domaines intellectuels et politiques<ref group="R" name="macdonald-p25"/>. Travailleur infatigable<ref name="britannica"/>, il aimait la conversation, quoique lent à la répartie et peu [[éloquence|éloquent]]<ref group="R" name="belaval2005-p194">{{harvsp|Belaval|2005|p=194}}.</ref>, mais plus encore la lecture et la méditation solitaires, travailler la nuit ne le dérangeait pas<ref name="agora">{{Lien web |titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= http://agora.qc.ca/dossiers/Gottfried_Wilhelm_Leibniz|site= [[Encyclopédie de l'Agora]]|consulté le=21 février 2018}}.</ref>. Il pouvait aussi bien rester à penser plusieurs jours sur la même chaise, que voyager à travers l'[[Europe]] par tous les temps<ref name="britannica"/>.

Leibniz dormait peu, souvent assis sur une chaise ; dès le réveil il reprenait ses travaux<ref name="eloge-fontenelle"/>. Il mangeait beaucoup et buvait peu, prenait ses repas souvent seul, à heure irrégulière, en fonction de son travail<ref name="eloge-fontenelle"/>.

Son savoir était immense, si bien que [[George Ier (roi de Grande-Bretagne)|Georg Ludwig]] disait de lui qu'il était son « dictionnaire vivant »<ref group="R" name="belaval2005-p194"/>. Il parlait le [[latin]] (la langue des savants, langue la plus commune au {{s-|XVII}}) (40 %), le [[français]] (la langue de la [[cour (palais)|cour]] en Allemagne) (30 %) et l'[[allemand]] (15 %), langues de la majeure partie de ses écrits, mais aussi l'[[anglais]], l'[[italien]], le [[néerlandais]], l'[[hébreu]] et le [[grec ancien]] (il a traduit des ouvrages de [[Platon]]<ref group="R" name="macdonald-p10"/>) et avait quelques notions de [[russe]] et de [[langues chinoises|chinois]]<ref group="C" name="gwlb"/>{{,}}<ref group="C" name="gwlb-bio"/>{{,}}<ref group="D" name="bio"/>.

Leibniz ne fut jamais marié<ref name="academia.edu"/>, prétendument parce qu'il n'en eut jamais le temps<ref group="D" name="bio"/>. Il est dit qu'il se plaignait de ne pas avoir trouvé la femme qu'il cherchait<ref group="D" name="bio"/>. Vers l'âge de {{nobr|50 ans}}, il pensa sérieusement à se marier, mais la personne qu'il désirait épouser voulut un délai pour prendre sa décision ; et pendant ce temps Leibniz se ravisa<ref name="eloge-fontenelle"/>.

Comme était l'usage à la cour, il portait une longue [[perruque]] noire<ref group="D" name="bio"/>. Fait rare pour l'époque, il attachait une grande importance à son [[hygiène]] et fréquentait régulièrement les [[bains publics|bains]], ce qui lui valut de nombreuses lettres d'admiratrices féminines<ref group="D" name="bio"/>.

L'apparence physique de Leibniz nous est indiquée par une description écrite par lui-même pour une consultation médicale, ainsi que grâce à une autre de son secrétaire [[Johann Georg von Eckhart]], qui l'a transmise à [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle|Fontenelle]] pour son ''Éloge''<ref group="R" name="belaval2005-p192"/>. Leibniz était un homme de taille moyenne, se tenant courbé, plutôt maigre, large d'épaules et aux jambes arquées<ref name="britannica"/>{{,}}<ref name="eloge-wolff"/>. Il fut peu malade, excepté des [[vertige]]s de temps en temps, avant d'être atteint de la [[goutte (maladie)|goutte]] qui causa sa mort<ref name="eloge-fontenelle"/>.

=== Opinions religieuses et politiques ===
Sur les questions religieuses, Leibniz est considéré comme étant un {{lien|trad=Philosophical theism|fr=Théisme philosophique|texte=théiste philosophique}}. Bien qu'il ait été élevé dans le [[protestantisme]], il a appris à apprécier certains aspects du [[catholicisme]] auprès de ses employeurs et collègues<ref name="roinila">{{Lien web |langue= en|auteur= Markku Roinila|titre= Leibniz's Attempts to the Reunification of the Churches|url= http://www.helsinki.fi/~mroinila/reunion.html|site= site officiel de l'[[université d'Helsinki]]|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>, notamment Boyneburg, lui et ses proches étant d'anciens luthériens convertis au catholicisme<ref group="R" name="macdonald-p6">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=6}}.</ref>. Bien que resté fidèle au [[luthéranisme]], et ayant refusé la conversion au catholicisme, il fréquentait sans problème les cercles catholiques<ref group="R" name="macdonald-p6"/>. Un de ses grands projets était d'ailleurs la réunification des Églises catholiques et protestantes<ref group="R" name="macdonald-p6"/>. Il n'a jamais agréé à la vision protestante du [[pape]] comme un [[Antéchrist]]<ref name="roinila"/>.

Leibniz était un [[nationalisme|nationaliste]] convaincu mais également un [[cosmopolitisme|cosmopolite]]<ref name="britannica"/>. [[Pacifisme|Pacifiste]], il désirait que l'on cherche à apprendre des autres nations plutôt que de leur faire la guerre<ref group="D" name="bio"/>. Il est en cela un pionnier des [[Lumières (philosophie)|Lumières]], qui croyaient en la supériorité de la [[raison]] sur les [[préjugé]]s et les [[superstition]]s<ref group="D" name="bio"/>. Il tenta de promouvoir l'usage de l'[[allemand]], bien qu'écrivant peu dans cette langue car elle était peu adaptée à l'écriture philosophique<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p9"/> ''(voir la section [[#Littérature|Littérature]])''.

Il lui est arrivé de nourrir des sentiments anti-[[royaume de France|français]]<ref group="R" name="macdonald-p11"/>. Il s'est ainsi moqué du caractère belliqueux de {{souverain2|Louis XIV}} dans un écrit anonyme [[satire|satirique]] de [[1684]] intitulé {{latin|Mars Christianissimus}} ([[jeu de mots]] avec [[Mars (mythologie)|Mars]], dieu de la guerre, et l'expression {{latin|Rex [[Très chrétien|Christianissimus]]}} (« roi très chrétien »), qui désignait {{souverain-|Louis XIV}})<ref group="R" name="macdonald-p11"/>.

Concerné par les questions politiques pratiques, Leibniz tenta de convaincre les Hanovriens de mettre en place une [[Assurance de biens|assurance]] contre les [[incendie]]s, et proposa cette mesure à la cour de [[Vienne (Autriche)|Vienne]] pour l'appliquer à tout l'[[Saint-Empire romain germanique|empire]], mais dans les deux cas, ce fut en vain<ref name="gemeinschaft"/>.

=== Emplois ===
Le premier emploi de Leibniz, alors qu'il est encore peut-être étudiant à [[université d'Altdorf|Altdorf]], est plus une solution provisoire que véritable ambition : secrétaire d'une société [[alchimie|alchimique]] de [[Nuremberg]] (dont l'affiliation ou non à la [[Rose-Croix]] fait débat)<ref group="R" name="macdonald-p5" />{{,}}<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>.

Il rencontre peu après le [[baron (noblesse)|baron]] [[Johann Christian von Boyneburg]], ancien [[ministre en chef]] de l'[[prince-électeur|électeur]] de [[Électorat de Mayence|Mayence]] [[Jean-Philippe de Schönborn|Johann Philipp von Schönborn]], qui l'emploie : en {{date|novembre 1667}}, Leibniz s'installe dans la ville de Boyneburg, [[Francfort-sur-le-Main]], à proximité de [[Mayence]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>. Rapidement, Boyneburg obtient pour Leibniz un poste d'assistant auprès du conseiller juridique de Schönborn<ref group="R" name="macdonald-p6"/>. Ainsi, en [[1668]], il déménage à Mayence<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref name="leibniz-thomasiusp53" />. Cependant, continuant à travailler pour Boyneburg, il passe autant de temps à Francfort qu'à Mayence<ref group="R" name="macdonald-p6"/>. Un an et demi plus tard environ, Leibniz est promu [[assesseur]] à la [[tribunal|cour]] d'[[appel (droit)|appel]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>.

Après la mort de ses deux employeurs, Boyneburg en [[1672]] puis Schönborn en [[1673]], Leibniz cherche à s'installer à [[Paris]] ou à [[Londres]], mais, ne trouvant aucun employeur, il accepte finalement après deux ans d'hésitation la proposition du duc [[Jean-Frédéric de Brunswick-Calenberg]], qui le nomme [[bibliothécaire]] du [[duché de Brunswick-Lunebourg]] et conseiller auprès de la [[maison de Hanovre]], poste qu'il occupera pendant 40 ans, jusqu'à sa mort en [[1716]]<ref group="D" name="bio"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>{{,}}<ref name="imago-mundi" />.

Après ses recherches historiques récompensées permettant en [[1692]] l'élévation du [[duché de Brunswick-Lunebourg]] au rang d'[[électorat de Brunswick-Lunebourg|électorat]], le duc Ernest-Auguste le fait conseiller privé<ref group="R" name="macdonald-p18"/>{{,}}<ref name="rice"/>. Les autres branches de la [[maison de Brunswick]] lui sont également reconnaissantes : les co-ducs [[Rodolphe-Auguste de Brunswick-Wolfenbüttel|Rodolphe-Auguste]] et [[Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel|Antoine-Ulrich]] de [[Principauté de Brunswick-Wolfenbüttel|Brunswick-Wolfenbüttel]] le nomment [[bibliothécaire]] à la [[Herzog August Bibliothek]] de [[Wolfenbüttel]] en [[1691]], s'engagent à payer un tiers du coût de publication de l'histoire de la maison Welf, et en [[1696]], le nomment conseiller privé<ref group="D" name="bio"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p19" />{{,}}<ref name="rice"/>. Par ailleurs, le duc de [[Celle (Allemagne)|Celle]] [[Georges-Guillaume de Brunswick-Lunebourg|Georges-Guillaume]] accorde un salaire à Leibniz pour ses recherches historiques<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Les salaires annuels de Leibniz sont donc à cette époque de {{formatnum:1000}} [[thaler]]s à Hanovre, 400 de Brunswick-Wolfenbüttel, et 200 de Celle<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Leibniz est donc très bien payé, puisque même le plus bas salaire, celui de Celle, est supérieur à ce qu'un ouvrier qualifié peut espérer gagner<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. À partir de ce moment et jusqu'à la fin de sa vie, il passera autant de temps à [[Brunswick (Basse-Saxe)|Brunswick]], Wolfenbüttel et Celle qu'à Hanovre<ref group="R" name="macdonald-p19"/>

=== Place dans le monde savant et politique ===
Leibniz devient ''{{langue|en|[[fellow]]}}'' de la {{langue|en|[[Royal Society]]}} le {{Date|19|avril|1673}}<ref name="st-andrews"/>. En [[1674]], il refuse la nomination en tant que membre de l'[[Académie des sciences (France)|Académie royale des sciences]], puisqu'elle nécessite qu'il se convertisse<ref name="rice"/> ; finalement il sera nommé associé étranger de l'[[Académie des sciences (France)|Académie royale des sciences]] par {{souverain2|Louis XIV}} le {{date|28 janvier 1699}}<ref name="ac-sciences">{{Lien web |titre= Liste des membres depuis la création de l'Académie des sciences - Les membres du passé dont le nom commence par L |url= http://www.academie-sciences.fr/fr/Liste-des-membres-depuis-la-creation-de-l-Academie-des-sciences/les-membres-du-passe-dont-le-nom-commence-par-l.html|date= |site= site officiel de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]]|consulté le=2 juin 2018}}.</ref>. En [[1689]], il est nommé membre de l'Académie physico-mathématique à [[Rome]]<ref group="R" name="macdonald-p18"/>{{,}}<ref name="rice"/>.

Il convainc le [[prince-électeur]] de [[Liste des souverains de Brandebourg|Brandebourg]] (futur [[Liste des monarques de Prusse|roi de Prusse]]) de fonder une [[Académie royale des sciences de Prusse|Académie des sciences]] à [[Berlin]] dont il devient en {{date|juillet 1700}} le premier président<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref name="columbia">{{Lien web |langue= en|titre= Portrait of Gottfried Leibniz, by Christoph Bernhard Francke, c. 1700.|url= https://www.college.columbia.edu/core/content/portrait-gottfried-leibniz-christoph-bernhard-francke-c-1700|date= |site= site officiel de l'[[université Columbia]]|consulté le=3 juin 2018}}.</ref>{{,}}<ref group="D" name="bio"/>. Il tente aussi de manière similaire des académies à [[Dresde]] en [[1704]] (son idée échouera à cause de la [[grande guerre du Nord]])<ref name="rice"/>{{,}}<ref name="roinila-academies">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Markku Roinila |titre=G. W. Leibniz And Scientific Societies |éditeur= |année= |pages totales=23 |passage=16-17 |isbn= |présentation en ligne=https://helda.helsinki.fi/handle/10138/23808 |lire en ligne=https://helda.helsinki.fi/bitstream/handle/10138/23808/Roinila_Leibniz_and_Scientific_Academies.pdf?sequence=2 |format électronique=PDF}}.</ref>, à [[Saint-Pétersbourg]] (idée qui ne sera concrétisée qu'avec la fondation de l'[[Académie des sciences de Saint-Pétersbourg]] en [[1724]]-[[1725]], neuf ans après la mort de Leibniz)<ref name="roinila-academies"/>{{,}}<ref name="st-andrews-petersbourg">{{Lien web |langue= en|titre= The Russian/St Petersburg Academy of Sciences|url= http://www-history.mcs.st-and.ac.uk/Societies/Russian.html|site= [[MacTutor History of Mathematics archive]] sur site officiel de l'[[université de St Andrews]]|consulté le=12 juin 2018}}.</ref> et à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] en [[1713]] (idée qui ne sera concrétisée qu'avec la fondation de l'[[Académie autrichienne des sciences]] en [[1846]]-[[1847]])<ref name="st-andrews-vienne">{{Lien web |langue= en|titre= The Austrian Academy of Sciences|url= http://www-history.mcs.st-and.ac.uk/Societies/Austrian_Academy.html|site= [[MacTutor History of Mathematics archive]] sur site officiel de l'[[université de St Andrews]]|consulté le=12 juin 2018}}.</ref>.

Leibniz ne remit jamais en cause le [[féodalité|système féodal]], mais était assez désinvolte dans l'exercice de ses obligations, et fut parfois à la limite de la désobéissance, voire du manque de [[loyauté]]<ref name="gemeinschaft"/>. Si après la mort du duc [[Jean-Frédéric de Brunswick-Calenberg|Jean-Frédéric]], ses relations étaient moins bonnes avec ses successeurs [[Ernest-Auguste de Hanovre (1629-1698)|Ernest-Auguste]] et [[George Ier (roi de Grande-Bretagne)|George-Louis]], il entretenait une amitié avec [[Sophie de Hanovre]] et sa fille [[Sophie-Charlotte de Hanovre|Sophie-Charlotte]], [[Liste des reines de Prusse|reine de Prusse]], et était toujours le bienvenu et fréquemment invité chez l'une comme chez l'autre<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref name="academia.edu"/>. Elles appréciaient l'intelligence de Leibniz, qui pouvait trouver du soutien auprès d'elles, et c'est à la suite de leurs discussions que Leibniz écrivit deux de ses principaux ouvrages : les ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'' et les ''[[Essais de Théodicée]]''<ref name="academia.edu"/>. Proche des personnalités politiques puissantes, il fut également, dans ses dernières années, nommé conseiller privé auprès du [[tsar]] [[Tsarat de Russie|russe]] {{souverain3|Pierre Ier le Grand}} ainsi qu'à la cour [[Saint-Empire romain germanique|impériale]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]]<ref name="gemeinschaft"/>. Cependant, sa volonté d'être [[anoblissement|anobli]] ne fut jamais satisfaite<ref name="gemeinschaft"/>.

Il n'a jamais accepté de poste [[université|universitaire]]<ref name="columbia"/>, n'appréciant pas la structure inflexible des universités allemandes<ref name="academia.edu"/>.

Leibniz voyageait fréquemment {{incise|notamment entre sa résidence principale, Hanovre, et les villes voisines de [[Brunswick (Basse-Saxe)|Brunswick]], [[Wolfenbüttel]] et [[Celle (Allemagne)|Celle]], les allers-retours faisant {{unité|200|km}}<ref group="R" name="macdonald-p19"/>}}, et a parcouru environ {{unité|20000|km}} par [[voiture (hippomobile)|voiture à cheval]]<ref group="D" name="bio"/>. Il possédait sa propre voiture, et profitait des voyages pour écrire ses lettres<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Durant ses voyages, il a pu rencontrer des scientifiques et des personnalités politiques, mettre en place des relations diplomatiques, s'informer à propos des nouvelles découvertes et inventions, et continuer ses recherches sur l'histoire de la maison [[Seconde maison Welf|Welf]]<ref group="D" name="bio"/>.

== Œuvres ==
[[Fichier:Leibniz Monadology 2.jpg|vignette|Page manuscrite de la ''[[Monadologie]]''.]]

Leibniz fut un auteur très prolifique, composant environ {{nombre|50000 textes}}, dont {{nombre|20000 lettres}} avec plus de mille correspondants de seize pays différents<ref group="C" name="gwlb">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Leibniz-Nachlass|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibniz-Nachlass/index.htm|site= gwlb.de|consulté le=3 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="lettres"/>{{,}}<ref group="D" name="bio"/>. Il lègue environ {{unité|100000|pages}} manuscrites<ref group="C" name="gwlb"/>. Son œuvre est écrite majoritairement en [[latin]] (la langue des savants, langue la plus commune au {{s-|XVII}}) (40 %), en [[français]] (la langue de la [[cour (palais)|cour]] en Allemagne) (30 %) et en [[allemand]] (15 %), mais il a aussi rédigé en [[anglais]], en [[italien]] et en [[néerlandais]]<ref group="C" name="gwlb"/>{{,}}<ref group="C" name="gwlb-bio"/>{{,}}<ref group="D" name="bio"/>. Il parlait également couramment l'[[hébreu]] et le [[grec ancien]] (il a traduit des ouvrages de [[Platon]]<ref group="R" name="macdonald-p10"/>) et avait quelques notions de [[russe]] et de [[langues chinoises|chinois]]<ref group="D" name="bio"/>.

Au contraire des autres grands philosophes de son temps, Leibniz n'a pas réalisé de {{latin|magnum opus}}, ouvrage exprimant à lui seul tout le cœur de la pensée d'un auteur<ref group="A" name="stanford">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Université Stanford]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://plato.stanford.edu/entries/leibniz/|date= 22 décembre 2007 (révisé le 24 juillet 2013)|site= [[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=19 décembre 2017}}.</ref>. Il n'écrira que deux livres, les ''[[Essais de Théodicée]]'' (1710) et les ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'' (1704 - publié posthumément en 1765)<ref group="A" name="stanford"/>.

Il utilisa parfois les pseudonymes Caesarinus Fürstenerius et Georgius Ulicovius Lithuanus<ref group="B" name="notice-gwl">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Notice de personne - Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716)|url= http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11912259r|site= bnf.fr|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>.

Leibniz écrivait sur des pages [[in-folio]] qu'il séparait en deux colonnes : l'une lui servait à écrire son brouillon original, l'autre à annoter ou ajouter certaines portions de texte à son brouillon<ref group="R" name="couturat-methode-ecriture">{{harvsp|Couturat|1903|loc=préface|p=4-5}}.</ref>. Il lui arrivait souvent d'annoter ses propres annotations<ref group="R" name="couturat-methode-ecriture"/>. La colonne des annotations était fréquemment autant remplie que celle du texte original<ref group="R" name="couturat-methode-ecriture"/>. Par ailleurs, son orthographe et sa [[ponctuation]] étaient très fantaisistes<ref group="R" name="couturat-methode-ecriture"/>.

Esprit toujours en ébullition, il était tout le temps en train de noter ses idées sur le papier, stockant ses notes dans un grand placard pour les récupérer plus tard<ref group="D" name="bio"/>. Notamment, il prenait des notes sur tout ce qu'il lisait<ref name="eloge-fontenelle"/>. Néanmoins, étant donné qu'il écrivait tout le temps, l'accumulation de ses brouillons l'empêchait de retrouver celui qui l'intéressait, et pour cette raison il le réécrivait ; ce qui fait qu'on a plusieurs ébauches d'un même opuscule, qu'ils ont les mêmes idées de fond, n'ont pas le même développement et parfois même pas le même plan<ref group="R" name="couturat-accumulation">{{harvsp|Couturat|1903|loc=préface|p=8-9}}.</ref>. Si on peut en général constater une certaine progression d'un brouillon à l'autre, les premières versions contiennent souvent des détails ou des vues manquant aux versions ultérieures<ref group="R" name="couturat-accumulation"/>. Ces répétitions entre brouillons ont toutefois un avantage : ils permettent de mettre en évidence l'évolution dans la pensée de Leibniz<ref group="R" name="couturat-accumulation"/>.

=== Correspondance ===
[[Fichier:Leibniz - Opere. Lettere e carteggi, 1745 - 1359735 F.jpeg|thumb|upright|''{{latin|Commercium philosophicum et mathematicum}}'' (édition de la correspondance entre Leibniz et [[Jean Bernoulli]]).]]

La correspondance de Leibniz fait partie intégrante de son œuvre<ref group="C" name="lettres">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Korrespondenz|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/Korrespondenz/|site= gwlb.de|consulté le=3 juin 2018}} (version française : {{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= La correspondance|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/francaise/Vie_de_Leibniz/La%20corr.htm|site= gwlb.de|consulté le=3 juin 2018}}).</ref>. Elle s'étend sur plus de {{nobr|50 ans}}, de [[1663]] à [[1716]]<ref group="C" name="lettres"/>. Elle est peut-être la plus vaste parmi les [[érudition|érudits]] du {{s|XVII}}. Activité centrale pour Leibniz lui-même, le philosophe l'a soigneusement classée ce qui a facilité sa préservation<ref group="C" name="lettres"/>.

Leibniz a composé environ {{nombre|20000 lettres}}, échangeant ainsi avec environ {{nombre|1100 correspondants}} de seize pays différents, non seulement en [[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] et [[Europe centrale|centrale]], mais également en [[Suède]], en [[Tsarat de Russie|Russie]], et jusqu'à la [[monde chinois|Chine]] ; ses correspondants étaient de milieux très différents, de la famille impériale aux artisans<ref group="C" name="lettres"/>. Parmi ses très nombreux correspondants, Leibniz compte [[Baruch Spinoza]], [[Thomas Hobbes]], [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine Arnauld]], [[Jacques-Bénigne Bossuet]], [[Nicolas Malebranche]], [[Jean Bernoulli|Jean]] et [[Jacques Bernoulli]], [[Pierre Bayle]] ou encore [[Samuel Clarke]]<ref name="larousse">{{Lien web |titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Gottfried_Wilhelm_Leibniz/129339|site= [[Encyclopédie Larousse]]|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>, mais aussi les personnalités politiques de son temps : princes, [[prince-électeur|électeurs]] et empereurs du [[Saint-Empire romain germanique]] ou encore le [[tsar]] [[Pierre Ier le Grand|Pierre le Grand]]<ref name="academia.edu"/>.

Si les correspondances sont souvent éphémères, environ 40 % d'entre elles ont été entretenues pendants au moins trois ans, certaines pendant plus de 30 ans (jusqu'à 42 ans)<ref group="C" name="lettres"/>. Dès son passage à [[Mayence]], il compte un réseau de correspondants d'environ 50 personnes<ref group="C" name="lettres"/>. À partir des [[années 1680]], son nombre de correspondants croît jusqu'à 200 en 1700 et ne descend pas en dessous de 120 jusqu'à sa mort<ref group="C" name="lettres"/>. Toute sa vie, Leibniz enrichit ce réseau grâce aux rencontres qu'il fait dans les centres de la [[République des Lettres]] ([[Paris]], [[Londres]], [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Florence]], [[Rome]]), comme [[Henry Oldenburg]], [[Christian Huygens]], [[Bernardino Ramazzini]] ou [[Antonio Magliabechi]]<ref group="C" name="lettres"/>.

La correspondance de Leibniz est inscrite au [[registre international Mémoire du monde]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]<ref group="D" name="bio"/>. Elle est dans un état de conservation exceptionnelle grâce à la confiscation opérée par {{souverain2|George Ier (roi de Grande-Bretagne)|, électeur de Hanovre et roi de Grande-Bretagne}} qui craignait la révélation de secrets<ref group="D" name="bio"/>. L'édition complète de la correspondance de Leibniz est prévue pour l'année [[2048]]<ref group="D" name="bio"/>.

=== Publication ===
Le patrimoine (''{{langue|de|Nachlass}}'') de Leibniz n'est toujours pas entièrement publié<ref group="C" name="gwlb-bio">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Leben und Werk|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/Leben_und_Werk/index.html|site= gwlb.de|consulté le=11 janvier 2018}} (version française : {{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Vie de Leibniz|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/francaise/Vie_de_Leibniz/index.html|site= gwlb.de|consulté le=2 juin 2018}}).</ref>.

L'[[Œuvres complètes, édition de Berlin|édition complète des écrits de Leibniz]] est conduite par la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]] de [[Hanovre]] avec trois autres bibliothèques allemandes. Les publications ont commencé au début du {{s-|XX}}. Elle classe son &oelig;uvre écrite en huit séries (''Reihe'')<ref group="C" name="gwlb"/>{{,}}<ref group="Q" name="edition">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft]]|titre= Leibniz-Edition|url= http://www.leibniz-edition.de/|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref> :
# Correspondance générale, politique et historique (''{{langue|de|Allgemeiner, politischer und historischer Briefwechsel}}'')
# Correspondance philosophique (''{{langue|de|Philosophischer Briefwechsel}}'')
# Correspondance mathématique, scientifique et technique (''{{langue|de|Mathematischer, naturwissenschaftlicher und technischer Briefwechsel}}'')
# Écrits politiques (''{{langue|de|Politische Schriften}}'')
# Écrits historiques et linguistiques (''{{langue|de|Historische Schriften und sprachwissenschaftliche Schriften}}'')
# Écrits philosophiques (''{{langue|de|Philosophische Schriften}}'')
# Écrits mathématiques (''{{langue|de|Mathematische Schriften}}'')
# Écrits scientifiques, médicaux et techniques (''{{langue|de|Naturwissenschaftliche und technische Schriften}}'')

Il est à noter que l'idée de classer les opuscules et ouvrages en fonction de leur contenu ne fait pas l'unanimité. Ainsi [[Louis Couturat]] dans la préface de son édition des ''Opuscules et fragments inédits de Leibniz'' affirme que le seul classement objectif est le classement chronologique, et que tout autre classement revient à créer des divisions dans son œuvre là où il n'y en a pas, au risque d'oublier certains fragments ou de mal les classer et ainsi de fournir une vision déformée de l'œuvre<ref group="R" name="couturat-inedits-preface">{{harvsp|Couturat|1903|loc=préface}}.</ref>. Il s'oppose également à faire des choix parmi les manuscrits ; selon lui, l'objectif de l'édition projetée est de mettre au jour l'intégralité des écrits, aux commentateurs ensuite de faire leur choix parmi les morceaux qui les intéressent<ref group="R" name="couturat-inedits-preface"/>.

À l'inverse le classement de la correspondance par date est moins synthétique que celui de l'édition de [[C. I. Gerhardt]], qui regroupe les lettres par correspondant et donne aussi leurs réponses (ce que ne fait pas l'édition complète).

=== Principales œuvres ===
{{clr}}
{| class="wikitable sortable"
|+ Œuvres de Leibniz
|-
! Nom
! Date d'écriture
! Date de publication
! Langue originale
! Série dans l'édition complète
! class="unsortable" | Notes
! class="unsortable" | Accès en ligne
|-
| {{latin|De principio individui}}{{note|group=t|Traduction : « Du principe d'[[individuation]] ». Le titre complet est « {{latin|Disputatio metaphysica de principio individui}} »<ref name="academia.edu"/>, soit « Discussion métaphysique sur le principe d'[[individuation]] ».}}
| [[1663 en philosophie|1663]]<ref name="academia.edu"/>
| [[1663 en philosophie|1663]]<ref name="academia.edu"/>
| latin
|
| Thèse de [[Baccalauréat universitaire|baccalauréat]]<ref name="britannica">{{Lien web |langue= en|auteur= [[Yvon Belaval]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://www.britannica.com/biography/Gottfried-Wilhelm-Leibniz#ref248550|site= [[Encyclopædia Britannica]]|consulté le=21 février 2018}}.</ref> ; première publication de Leibniz<ref name="academia.edu"/>.
|
|-
|[[De arte combinatoria|''Dissertatio de arte combinatoria'']]{{note|group=t|Traduction : « De l'art combinatoire ». Le titre complet est : « {{latin|Dissertatio de arte combinatoria}} »<ref group="B" name="combinatoria"/> soit « Dissertation sur l'art combinatoire ».}}
| [[1666 en philosophie|1666]]<ref group="B" name="combinatoria">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Dissertatio de arte combinatoria - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb307812450|site= bnf.fr|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>
| [[1666 en philosophie|1666]]<ref name="st-andrews"/>, réimprimé en 1690, contre l'avis de Leibniz
| latin
|VI-1
| Rédigée dans le but de l'obtention de son [[habilitation universitaire|habilitation]] en philosophie<ref group="R" name="macdonald-p4"/>{{,}}<ref name="st-andrews"/>.
| {{Gallica |id=cb307812450}}
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| {{latin|De Casibus Perplexis in Jure}}{{note|group=t|Traduction : « Des cas perplexes en droit »<ref name="vrin-de-casibus"/>. Le titre complet est : « {{latin|Disputatio de Casibus Perplexis in Jure}} » soit « Discussion sur les cas perplexes en droit »<ref name="vrin-de-casibus"/>.}}
| [[1666 en philosophie|1666]]<ref name="vrin-de-casibus"/>
|
| latin
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| Rédigée dans le but de l'obtention de son [[doctorat en droit|doctorat]] « [[In utroque jure|dans les deux droits]] »<ref name="vrin-de-casibus"/>.
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| ''Nova methodus discendæ docendæque jurisprudentiæ''
| [[1667 en philosophie|1667]]
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| ''Ratio corporis iuris reconcinnandi''
| [[1668 en philosophie|1668]]
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| ''Confessio naturæ contra atheistas''
| [[1668 en philosophie|1668]]
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| ''Defensio Trinitatis per nova Reperta Logica''
| [[1669 en philosophie|1669]]
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|latin
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| ''Théorie du mouvement concret et du mouvement abstrait''
| [[1670 en philosophie|1670]]
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| {{latin|Hypothesis physica nova}}
| [[1671 en philosophie|1671]]
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|latin
| VI-2<ref group="Q" name="viii1-schriften">{{Ouvrage |langue=de |titre=Gottfried Wilhelm Leibniz Sämtliche Schriften und Briefe : Achte Reihe, Naturwissenschaftliche, Medizinische und Technische Schriften, Erster Band |éditeur=[[Académie des sciences de Berlin-Brandebourg]] |année= |passage=643-654 |isbn= |présentation en ligne=http://leibniz-berlin.bbaw.de/leibniz-online/band-viii-1/view |lire en ligne=http://leibniz-berlin.bbaw.de/leibniz-online/band-viii-1/view |titre chapitre=« Schiften Verzeichnis » (« Catalogue des écrits »)}}.</ref>
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| ''Confessio philosophi''
| [[1673 en philosophie|1673]]
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|latin
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| ''Quadrature arithmétique du cercle, de l’ellipse et de l’hyperbole''
| {{tri|1674|vers [[1674 en philosophie|1674]]}}
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| {{latin|De corporum concursu}}
| [[1678 en philosophie|1678]]<ref group="B" name="bnf-corporum-concursu">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= De corporum concursu - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/12405306/gottfried_wilhelm_leibniz_de_corporum_concursu/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
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| latin<ref group="B" name="bnf-corporum-concursu"/>
|
| Essai scientifique resté longtemps inédit<ref group="B" name="bnf-corporum-concursu"/>.
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|''De progressione dyadica''
| {{tri|1679|mars 1679}}
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|latin
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|Publié en 1966, dans une traduction allemande (''Herrn von Leibniz’ Rechnung mit Null und Einz'')
|En français sur ''[http://www.bibnum.education.fr/calculinformatique/calcul/de-la-numeration-binaire BibNum]'', avec explication.
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|''Specimen calculi universalis''
| [[1678 en philosophie|1678]]-[[1684 en philosophie|1684]]
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|latin
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|{{latin|Nova Methodus pro Maximis et Minimis}}<ref group="t">Traduction : « nouvelle méthode pour les maxima et les minima ». Le titre complet est : « {{latin|Nova methodus pro maximis et minimis, itemque tangentibus, quae nec fractas nec irrationales quantitates moratur, et singulare pro illis calculi genus.}} », soit « Nouvelle méthode pour les maxima et minima, ainsi que les tangentes, qui ne bute ni sur les fractions ni sur les irrationnelles, avec un mode original de calcul. ».</ref>
| [[1684 en philosophie|1684]]<ref name="upmc-infinitesimal" />
|
|latin
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| Publié dans les ''[[Acta Eruditorum]]''<ref name="upmc-infinitesimal" />. Pose les bases du [[Différentielle|calcul différentiel]]<ref name="upmc-infinitesimal" />.
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| ''Meditationes de cognitione, veritate et ideis''<ref group="t">Traduction : « Méditations sur la connaissance, la vérité, et les idées ».</ref>
| [[1684 en philosophie|1684]]<ref group="A" name="stanford" />
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|latin
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|<ref>{{Lien web|langue=de |format électronique=pdf |url=https://www.uni-muenster.de/Leibniz/leinkauf/60_meditationes_de_cognitiones.pdf |titre=Leibniz’ Abhandlung ‘Meditationes de cognitione, veritate et ideis’ von 1684 – eine Diskussion mit Blick auf den ‘Tractus de intellectus emendatione’ des Baruch Spinoza |année=2010 |site=uni-muenster.de |éditeur= Thomas Kisser|consulté le=11 novembre 2014}}.</ref>
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| ''Recherches générales sur l'analyse des notions et des vérités''
| [[1686 en philosophie|1686]]
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|français
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|''Démonstration courte d'une erreur considérable de M.&nbsp;Descartes et de quelques autres touchant une loi de la nature selon laquelle ils soutiennent que Dieu conserve dans la matière la même quantité de mouvement''
|[[1686 en philosophie|1686]]
|GM6 {{p.|117}}
|latin<ref>''Brevis demonstratio erroris memorabilis Cartesii...'', dans les [[Acta Eruditorum]], {{date-|mars 1686}}.</ref> (mars)<br>et français<ref>Dans les [[Nouvelles de la république des lettres]], {{date-|septembre 1686}}.</ref> (septembre)
|
|Lance sa ''Dynamique'', offensive contre les cartésiens
|[https://opac.museogalileo.it/imss/resource?uri=176614&v=l&dcnr=8 en latin]<br>[https://books.google.fr/books?id=5l-_yksnSOQC&pg=PA635&lpg=PA635& en français]
|-
| ''[[Discours de métaphysique]]''
| [[1686 en philosophie|1686]]<ref group="B" name="bnf-discours-metaphysique">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Discours de métaphysique - Gottfried wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/12449743/gottfried_wilhelm_leibniz_discours_de_metaphysique/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
|
| français<ref group="B" name="bnf-discours-metaphysique"/>
| VI-4<ref group="Q" name="munster-vi4">{{Ouvrage |langue=de |titre=Gottfried Wilhelm Leibniz Sämtliche Schriften und Briefe : Sechste Reihe, Philosophische Schriften, Vierter Band |sous-titre=Inhalt, Vorwort, Einleitung, unverlinkte Verzeichnisse |éditeur=[[Université de Münster]] |année= |passage=4-32 |isbn= |présentation en ligne=http://www.uni-muenster.de/Leibniz/bd_6_4_2009.html |lire en ligne=http://www.uni-muenster.de/Leibniz/DatenVI4/vi4pur.pdf |titre chapitre=« Inhaltsverzeichnis » (« Sommaire »)}}.</ref>
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|[[s:Discours de métaphysique|sur wikisource]]
|-
| ''Correspondance avec [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Arnauld]]''.
| {{tri|1686|vers [[1686 en philosophie|1686]]<ref group="A" name="stanford"/>}}
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| {{latin|De Geometria Recondita et analysi indivisibilium atque infinitorum}}<ref group="t">Traduction : « De la géométrie cachée et analyse des indivisibles et des infinis »</ref>
| [[1686 en philosophie|1686]]<ref name="upmc-infinitesimal">{{Lien web |titre= « Calcul différentiel et intégral : sa naissance, sa diffusion et la question de ses fondements »|url= http://www.edu.upmc.fr/maths/prive/guilbaud/Master_Enseignement/M1/MME04_5.pdf|format électronique= PDF|site= [[Université Pierre-et-Marie-Curie]]|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>
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|latin
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| Publié dans les ''[[Acta Eruditorum]]''<ref name="upmc-infinitesimal"/>. Pose les bases du [[Intégration (mathématiques)|calcul intégral]]<ref name="upmc-infinitesimal"/>.
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| ''Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer pour finir les disputes et faire en peu de temps de grands progrès''
| [[1688 en philosophie|1688]]-[[1690 en philosophie|1690]]
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|français
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|[[s:Discours touchant la méthode de la certitude et de l'art d'inventer pour finir les disputes et pour faire en peu de temps de grands progrès|sur wikisource]] <!-- {{lire sur Wikisource|lien=Discours touchant la méthode de la certitude et de l'art d'inventer pour finir les disputes et pour faire en peu de temps de grands progrès}} -->
|-
| ''Primæ veritates''<ref group="t">Traduction : « Vérités premières ».</ref>
| [[1689 en philosophie|1689]]<ref group="A" name="stanford"/>
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|latin
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| ''Dynamica de potentia et legibus naturæ corporeæ''
| [[1689 en philosophie|1689]]
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|latin
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|''Ars combinatoria''
|1691
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|latin
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|Publié dans les ''[[Acta Eruditorum]]'', en réponse à la réimpression de sa ''[[De arte combinatoria|Dissertatio de arte combinatoria]]''.
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| ''Animadversiones ad Cartesii principia philosophiæ''
|[[1691 en philosophie|1691]]
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|latin
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| ''{{lang|la|Protogæa}}''<ref group="t">Connu en France sous le nom de ''Protogée, ou de la formation et des Révolutions du globe''.</ref>
|{{tri|1690|entre [[1690 en philosophie|1690]] et [[1693 en philosophie|1693]]}}
| après sa mort
|latin
|
| Préface à son travail inachevé sur l'histoire de la maison de Brunswick<ref name="academia.edu" />.
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| Premier ''Essay de dynamique''<br>Deuxième ''Essay de dynamique''
| {{tri|1692|[[1692 en philosophie|1692]]<ref>Pierre Costabel, ''Leibniz et la dynamique - les textes de 1692'', Hermann, Paris, 1960 ([https://archive.org/search.php?query=creator%3A%28Pierre%20Costabel%29 lire en ligne]).</ref><br>1698{{note |1698 ou 1699, datation de Costabel, 1960, qui réfute la date de Gerhardt : 1691, parce que le texte évoque la conversion de Malebranche aux forces vives (1698).}} }}
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|français
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|[https://archive.org/details/oeuvresdeleibniz01leibuoft/page/470/mode/1up?view=theater {{1er}}]<br>[https://archive.org/details/leibnizensmathe04leibgoog/page/n225/mode/1up?view=theater {{2e}}]
|-
|''Système nouveau de la nature et de la communication des substances''
|[[1695 en philosophie|1695]]<ref group="A" name="stanford" />
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|français
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|[[s:Système nouveau de la nature|sur wikisource]]<!-- {{lire sur Wikisource|lien=Système nouveau de la nature|Wikisource}} -->
|-
| {{latin|Novissima Sinica}}{{note|groupe=t|Traduction : « Dernières nouvelles de Chine »<ref name="pls-italie"/>.}}
| {{date-|avril [[1697 en philosophie|1697]]}}<ref group="B" name="bnf-novissima-sinica">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Novissima Sinica - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/15013258/gottfried_wilhelm_leibniz_novissima_sinica/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref name="pls-italie"/>
|
| latin<ref group="B" name="bnf-novissima-sinica"/>
|
| Écrit politique et religieux sur la Chine, consistant en un recueil de lettres et de rapports de missionnaires jésuites rassemblés par Leibniz, également auteur de la préface<ref group="B" name="bnf-novissima-sinica"/>{{,}}<ref name="pls-italie"/>.
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| ''Mathesis rationis''
| {{tri|1700|vers [[1700 en philosophie|1700]]}}
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|latin
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| ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]''
| [[1704 en philosophie|1704]]<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Nouveaux essais sur l'entendement humain - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/12031244/gottfried_wilhelm_leibniz_nouveaux_essais_sur_l_entendement_humain/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
| [[1765 en philosophie|1765]] (posthume)<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>
| français<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>
| VI-6<ref group="Q" name="edition-vi">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft]]|titre= Leibniz-Edition - Reihe VI|url= https://leibnizedition.de/reihen/reihe-vi/|consulté le=20 février 2018}}.</ref>
| Critique de l'''[[Essai sur l'entendement humain]]'' de [[John Locke]]<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>.
|[[s:Nouveaux Essais sur l'entendement humain|sur Wikisource]]
|-
| ''Explication de l'Arithmétique Binaire''{{note|group=t|Le titre complet est : « Explication de l'arithmétique binaire, qui utilise seulement les caractères 1 et 0, avec quelques remarques sur son utilité, et sur la lumière qu'elle jette sur les anciennes figures chinoises de Fu Xi »<ref group="B" name="binaire-orig"/>}}
| {{tri|1703|au plus tard [[1703 en philosophie|1703]]<ref group="B" name="binaire-orig"/>}}
|1703
|français<ref>https://hal.science/ads-00104781/document</ref>
|
| Mémoire publié dans l'''Histoire de l'Académie Royale des Sciences''<ref group="B" name="binaire-orig"/>.
| {{Gallica |id=bpt6k3483p}} (Mémoires, {{p.|85}})
|-
|''Brevis descriptio Machinæ Arithmeticæ, cum Figura''
|1709
|1710
|latin
|
|Publié dans ''Miscellanea Berolinensia ad incrementum scientiarum''.
|Disponible sur ''[http://www.bibnum.education.fr/calculinformatique/calcul/la-machine-calculer-de-leibniz BibNum]'', avec une explication d'un ingénieur.
|-
| ''[[Essais de Théodicée]]''{{note|groupe=t|Le titre est complet est « Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal ». Il y est souvent fait référence avec les titres plus courts « Essais de Théodicée » et « Théodicée »<ref group="B" name="bnf-theodicee"/>.}}
| [[1710 en philosophie|1710]]<ref group="B" name="bnf-theodicee">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Essais de théodicée - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/12424303/gottfried_wilhelm_leibniz_essais_de_theodicee/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
|
| français<ref group="B" name="bnf-theodicee"/>
|
| Traduit en latin en [[1712 en philosophie|1712]]<ref group="B" name="bnf-theodicee"/>.
|[[s:Essais de théodicée|sur Wikisource]]
|-
| ''Principes de la nature et de la grâce fondés en raison''
| [[1714 en philosophie|1714]]<ref group="B" name="bnf-principes1714">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Principes de la nature et de la grâce fondés en raison - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/14458889/gottfried_wilhelm_leibniz_principes_de_la_nature_et_de_la_grace_fondes_en_raison/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
| 1718<ref>Dans ''L'Europe savante'' paraissant en Hollande ([https://books.google.fr/books?hl=fr&id=sM0UAAAAQAAJ&pg=PA101& lire sur GBook]).</ref>
| français<ref group="B" name="bnf-principes1714"/>
|
|Offert à Vienne au prince [[Eugène de Savoie-Carignan|Eugène]] et envoyé à Paris à [[Nicolas-François Rémond de Montmort|Rémond]]<ref name="RBoehm">Rudolf Boehm, ''Notes sur l'histoire des « Principes de la Nature et de la Grâce » et de la « Monadologie » de Leibniz'', Revue philosophique de Louvain, 1957, {{n°|46}}, {{p.|232-251}} ([https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1957_num_55_46_4914 lire en ligne]).</ref>.
|[[s:Principes de la nature et de la grâce fondés en raison|sur Wikisource]]
|-
| ''Principes de la philosophie'' dit la ''[[Monadologie]]''{{note|group=t|"Monadologie" n'est pas de Leibniz, mais de Heinrich Koehler dans sa traduction en allemand de 1720<ref name="RBoehm" />.}}
| [[1714 en philosophie|1714]]<ref group="B" name="bnf-monadologie">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Monadologie - Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://data.bnf.fr/12010929/gottfried_wilhelm_leibniz_monadologie/|site= bnf.fr|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>
| [[1720 en philosophie|1720]] (trad. en allemand)<ref name="RBoehm" /><br/>[[1840 en philosophie|1840]] (original en français)<ref>''G. G. Leibnitii opera philosophica, quae exstant Latina Gallica Germanica omnia'', éd. Johann Erdmann, Berlin, 1840, {{p.|705}} (lire [https://archive.org/details/operaphilosophic00leibuoft/page/705/mode/1up?view=theater sur Archive] et [[s:Livre:Leibniz - Opera philosophica, ed. Erdmann, 1840.djvu|sur Wikisource]]).</ref>
| français<ref group="B" name="bnf-monadologie"/>
|
|Vraisemblable version finale du précédent<ref name="RBoehm" />.
|[[s:Monadologie|sur Wikisource]]
|}

== Philosophie ==
Souvent dépeint comme le dernier « génie universel », faisant partie des plus grands penseurs des {{s2|XVII|XVIII}}, Leibniz écrira sur des domaines extrêmement variés<ref name="larousse"/>, et contribuera de manière importante à la [[métaphysique]], à l'[[épistémologie]], à la [[logique]] et à la [[philosophie de la religion]], mais aussi hors du champ proprement philosophique, aux [[mathématiques]], à la [[physique]], à la [[géologie]], à la [[jurisprudence]] et à l'[[histoire]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="iep">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Université du Tennessee à Martin]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)|url= http://www.iep.utm.edu/leib-ove/|site= [[Internet Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=3 janvier 2018}}.</ref>. Sa pensée n'est pas groupée au sein d'un ''magnum opus'' mais formée d'un ensemble considérable d'essais, de travaux non publiés et de lettres<ref group="A" name="stanford"/>.

[[Denis Diderot]], qui pourtant s'oppose en de nombreux points aux conceptions de Leibniz, écrit à son sujet dans l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' : « peut-être jamais un homme n'a autant lu, étudié, médité et écrit que Leibniz »<ref group="A" name="stanford"/>. [[Bernard Le Bouyer de Fontenelle]] dira lui que « pareil en quelque sorte aux Anciens qui avaient l'adresse de mener jusqu'à huit chevaux attelés de front, il mena de front toutes les sciences »<ref name="larousse"/>.

Leibniz est classé, avec [[René Descartes]] et [[Baruch Spinoza]], comme l'un des principaux représentants du [[rationalisme]], continental, du début de l'[[Époque moderne]]<ref name="iep"/>, par opposition aux trois principaux représentants de l'[[empirisme]], britannique : [[John Locke]], [[George Berkeley]] et [[David Hume]]<ref group="R" name="macdonald-p1">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=1}}.</ref>.

La [[philosophie]] de Leibniz est indissociable de son travail [[mathématiques|mathématique]] ainsi que de la [[logique]], qui assure l'unité de son système<ref group="R" name="couturat-preface"/>.
{{début citation bloc}}Les [[mathématicien]]s ont autant besoin d'être [[philosophe]]s que les philosophes d'être mathématiciens.{{fin citation bloc|Gottfried Wilhelm Leibniz|Lettre à [[Nicolas Malebranche|Malebranche]] du 13/23 mars 1699<ref group="R" name="couturat-preface"/>}}

=== Influences ===
Leibniz fut formé dans la tradition [[scolastique]]<ref group="A" name="stanford"/>. Il fut aussi exposé à des éléments de la modernité, notamment de l'[[humanisme de la Renaissance]] et des travaux de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="larousse"/>.

Son professeur à l'[[université de Leipzig]], [[Jakob Thomasius]], lui transmet un grand respect envers la philosophie antique et médiévale<ref group="A" name="stanford"/>. Quant à son professeur à [[Université d'Iéna|Iéna]], [[Erhard Weigel]], il l'amènera à considérer les preuves de type [[mathématiques|mathématique]] pour des disciplines telles que la [[logique]] ou la [[philosophie]]<ref name="st-andrews"/>.

De la [[philosophie antique]], il hérite notamment de l'[[aristotélisme]] (notamment la [[logique]] ([[syllogisme|syllogistique]]) et la [[Catégories (Aristote)|théorie des catégories]]<ref name="st-andrews"/>) et du [[Platonisme (doctrine philosophique)|platonisme]]<ref group="A" name="stanford"/>. On retrouve chez Leibniz également une influence du [[christianisme orthodoxe]]<ref group="A" name="stanford"/>.

Il s'inspirera beaucoup de [[Raymond Lulle]] et [[Athanasius Kircher]] pour sa thèse d'alphabet de la pensée, de combinaison des idées, et de [[caractéristique universelle]]<ref name="larousse"/>.

Leibniz rencontre des figures majeures de la philosophie de l'époque comme [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine Arnauld]], [[Nicolas Malebranche]] (à qui il doit notamment son intérêt pour la [[Chine]]<ref name="malebranche-chine"/>), et surtout le mathématicien et physicien néerlandais [[Christian Huygens]], qui lui enseigne la philosophie, les mathématiques et la physique<ref group="A" name="stanford"/>.

La relation de Leibniz avec les grands penseurs de l'époque lui permet d'accéder aux manuscrits impubliés de [[René Descartes|Descartes]] et [[Blaise Pascal|Pascal]]<ref group="A" name="stanford"/>.

Leibniz s'opposera à [[Baruch Spinoza|Spinoza]] et [[Thomas Hobbes|Hobbes]] sur l'aspect [[matérialisme|matérialiste]] et [[nécessitarisme]] ainsi que sur leur conception de Dieu de leurs doctrines respectives<ref group="A" name="stanford"/>.

Tout comme Spinoza, Leibniz est héritier de Descartes tout en le critiquant largement également<ref name="spinoza-leibniz-livre">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Presses de l'université Paris-Sorbonne]]|titre= Spinoza et Leibniz - Rencontres, controverses, réceptions|url= http://pups.paris-sorbonne.fr/catalogue/philosophie-et-sciences-sociales/etudes-spinozistes/spinoza-et-leibniz|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref name="spinoza-leibniz-these">{{Lien web |auteur= Mogens Lærke|titre= Leibniz et Spinoza. La genèse d’une opposition|url= http://cerphi.ens-lyon.fr/spip.php?article50|site= [[École normale supérieure de Lyon]]|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>. Leibniz dira de [[Nicolas Sténon|Niels Stensen]] (Nicolas Sténon) à propos de son [[Discours sur l'anatomie du cerveau]], qu'il {{citation|nous a désabusé du [[cartésianisme]]}}<ref name="stensen">{{Lien web |auteur= Claire Crignon-De Oliveira|titre= Niels Stensen (Nicolas Sténon), Discours sur l’anatomie du cerveau|url= https://journals.openedition.org/asterion/2187|date= 1 décembre 2011|site= [[OpenEdition Journals]]|consulté le=4 juin 2018}}.</ref>.

Spinoza et Leibniz, malgré un héritage commun, s'opposent aussi fortement : notamment, le premier pense [[Dieu]] [[immanence|immanent]] (''[[Deus sive Natura]]''), le second le pense [[Transcendance|transcendant]]<ref name="spinoza-leibniz-livre"/>{{,}}<ref name="spinoza-leibniz-these"/>. Mais Leibniz étudiera tant le spinozisme pour le critiquer {{incise|on retrouvera beaucoup d'annotations et de commentaires critiques par Leibniz sur l{{'}}''[[Éthique (Spinoza)|Éthique]]'' de Spinoza écrits après qu'il eut reçu les publications posthumes de Spinoza<ref name="spinoza-leibniz-colloque"/>}} et si longtemps {{incise|on a connaissance de notes écrites par Leibniz en 1708 sur des propositions de Spinoza, preuve que le système spinozien ne fut pas qu'un intérêt de jeunesse pour le philosophe allemand<ref name="commentaire-livre-spinoza-leibniz">{{Lien web |auteur= Thibault de Meyer|titre= « Raphaële Andrault, Mogens Lærke, Pierre-François Moreau (dir.), Spinoza/Leibniz. Rencontres, controverses, réceptions »|description=compte-rendu sur l'ouvrage cité|url= http://journals.openedition.org/lectures/17894|date= 2 mai 2015|site= [[OpenEdition]]|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>}} que les commentateurs ultérieurs se demanderont dans quelle mesure cette étude finira par influencer le système leibnizien<ref name="spinoza-leibniz-livre"/>{{,}}<ref name="spinoza-leibniz-these"/>.

Leibniz s'oppose à Descartes en ce qu'il préserve les acquis de l'[[aristotélisme]] ; et affirme, contrairement à Descartes et selon une inspiration aristotélicienne, que Dieu doit respecter les principes de la [[logique]]<ref name="engel">{{Article |auteur1= [[Pascal Engel]]|auteur2= [[Jean Birnbaum]]|titre= Leibniz, le dernier esprit universel|périodique= [[Le Monde]]|date= 29 mai 2008|lire en ligne= https://www.lemonde.fr/livres/article/2008/05/29/leibniz-le-dernier-esprit-universel_1048121_3260.html|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>.

Enfin, Leibniz rédigera les ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'' et les ''[[Essais de Théodicée]]'' en opposition à des philosophes contemporains, respectivement [[John Locke]] et [[Pierre Bayle]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref name="lepoint-theodicee">{{Lien web |auteur= Jean-Pascal Anfray|titre= Leibniz et le meilleur des mondes possibles|url= http://www.lepoint.fr/dossiers/hors-series/references/maitres-de-la-raison/leibniz-et-le-meilleur-des-mondes-possibles-10-05-2016-2038271_3069.php|date= 10 mai 2016|site= [[Le Point]]|consulté le=7 janvier 2018}}.</ref>.

=== Principes ===
Dans la ''[[Monadologie]]'', Leibniz écrit<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref group="B" name="monadologie-gallica">{{Ouvrage |prénom1=Gottfried Wilhelm |nom1=Leibniz |titre=[[Monadologie]] |lieu=Paris |éditeur=Théophile Desdouits |collection=[[Gallica]] |année= |passage=10-11 |isbn= |bnf=cb42065807t |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54957680/f58.image}}.</ref> :
{{début citation bloc}} Nos raisonnements sont fondés sur deux grands principes, celui de la [[principe de non-contradiction|contradiction]] [...] [et] celui de la [[Principe de raison suffisante|raison suffisante]].{{fin citation bloc|Gottfried Wilhelm Leibniz|Monadologie}}

Cependant, on peut, au fil de ses écrits, trouver quatre autres grands principes : le [[Meilleur des mondes possibles|principe du meilleur]], le [[principe du prédicat inhérent au sujet]], le [[principe d'identité des indiscernables]] et le [[principe de continuité]]<ref group="A" name="stanford"/>. Leibniz explique qu'il y a une relation entre les six principes tout en privilégiant la prépondérance des principes de la [[Principe de non-contradiction|contradiction]] et de la [[Principe de raison suffisante|raison suffisante]].

==== Principe du meilleur ====
Le [[Meilleur des mondes possibles|principe du meilleur]] affirme que [[Dieu]] agit toujours pour le meilleur. De ce fait, le monde dans lequel nous vivons serait aussi le meilleur des mondes. [[Dieu]] est ainsi un optimiseur de la collection de toutes les possibilités originales. Donc, s'Il est bon et tout-puissant et puisqu'Il a choisi ce monde parmi toutes les possibilités, ce monde doit être bon et, de ce fait, ce monde est le meilleur de tous les mondes possibles. [[Voltaire]], dans son œuvre [[Candide]] entre autres, critique largement ce principe qu'il voit comme un trop grand optimisme ne considérant pas la souffrance de notre monde.

==== Principe du prédicat inhérent au sujet ====
Le [[principe du prédicat inhérent au sujet]], prenant source dans [[Organon|l'Organon]] d'[[Aristote]], affirme que dans toute proposition vraie le [[prédicat (linguistique)|prédicat]] est contenu dans le [[concept (philosophie)|concept]] du [[sujet (philosophie)|sujet]] lui-même. Leibniz affirme : « {{latin|Praedicatum inest subjecto}} ». Sans un tel lien entre le sujet et le prédicat, aucune vérité ne pourra être démontrée, qu'elle soit contingente ou nécessaire, universelle ou particulière.

==== Principe de contradiction ====
Le [[principe de non-contradiction|principe de contradiction]] (aussi appelé « [[principe de non-contradiction]] ») est issu d'[[Aristote]] dans sa [[Métaphysique (Aristote)|Métaphysique]] (IV.3) et affirme simplement qu'une [[proposition (philosophie)|proposition]] ne peut être vraie et fausse à la fois. Ainsi, ''A'' ne peut pas être ''A'' et ¬''A'' à la fois.

==== Principe de raison suffisante ====
Le [[principe de raison suffisante]] : ce principe affirme que « rien n'est sans raison » ({{latin|nihil est sine ratione}}) ou que « il n'y a pas d'effet sans cause ». Pour Leibniz, ce principe est considéré comme étant celui le plus utile et nécessaire pour la connaissance humaine puisqu'elle a construit une grande partie de la [[métaphysique]], de la [[physique]] et de la [[Sciences morales|science morale]]. Cependant, dans sa ''[[Monadologie]],'' Leibniz admet toutefois que la plupart de ces raisons ne nous sont pas connaissables.

==== Principe d'identité des indiscernables ====
Le [[principe d'identité des indiscernables]] (ou simplement « principe des indiscernables ») : énonce que si deux choses ont toutes leurs propriétés en commun, alors elles sont [[Identité (philosophie)|identiques]]. Ce principe, très controversé, est la réciproque du [[principe de l'indiscernabilité des identiques|principe d'indiscernabilité des identiques]], qui affirme que si deux choses sont identiques, elles partagent toutes leurs propriétés. Les deux principes réunis affirment donc que : « deux choses sont identiques si et seulement si elles partagent toutes leurs propriétés ».

==== Principe de continuité ====
Le [[principe de continuité]] dit que les choses changent graduellement. Leibniz écrit : {{latin|Natura non facit saltus}} (« la Nature ne fait pas de saut »). Chaque changement passe par un changement intermédiaire qui s'actualise dans une infinité de choses. Ce principe sera aussi employé pour montrer qu'une motion peut débuter d'un état de repos complet et changer tranquillement par degré.

=== Logique et art combinatoire ===
[[Fichier:Leibniz four elements.jpg|vignette|Combinaison des [[quatre éléments]] selon Leibniz.]]
{{article connexe|amorce=Œuvres sur ce thème|De arte combinatoria|Caractéristique universelle}}

La [[logique]] occupe une part importante du travail de Leibniz, bien qu'elle fût délaissée par les [[philosophe]]s et les [[mathématicien]]s qui s'intéressaient chacun aux travaux de Leibniz sur leurs disciplines respectives, et ce bien que chez Leibniz ces matières forment un tout indissociable dont la logique assure la cohésion<ref group="R" name="couturat-preface"/>.
{{début citation bloc}}La Logique est pour Leibniz la Clef de la Nature{{note|group=n|Citation complète : « Qu'on n'oublie pas que la Logique est pour Leibniz la Clef de la Nature : {{citation|{{Latin|neque enim aliud est Naturæ quam Ars quædam Magna.}}}}, souligne-t-il dans l'Appendice du ''De Complexionibus''. »<ref group="R" name="belaval2005-p47"/>}}
{{fin citation bloc|[[Yvon Belaval]]|Leibniz : introduction à sa philosophie<ref group="R" name="belaval2005-p47">{{Harvsp|Belaval|2005|p=47}}.</ref>}}

L'importance de la logique développée par Leibniz en fait pour certains le plus grand logicien depuis [[Aristote]]<ref name="iep"/>.

Leibniz estime qu'Aristote est le {{citation|premier qui ait écrit mathématiquement en dehors des mathématiques}}<ref>{{lien web|auteur=François Trémolière|titre=Organon, Aristote|sous-titre=2. Langage et penser : la naissance de la logique|site=Encyclopædia universalis|url=http://www.universalis.fr/encyclopedie/organon/2-langage-et-pensee-la-naissance-de-la-logique/|consulté le=29 mars 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{chapitre|titre chapitre=Descartes, le « bon sens », la logique et les vérités éternelles|auteur=[[Jacques Bouveresse]]|titre ouvrage=ESSAI V - DESCARTES, LEIBNIZ, KANT|éditeur=Agone|année=2006|lieu=Marseille|lire en ligne=http://agone.org/bancdessais/essaisv/enligne/3/index.html#tocfrom1n3|partie=Tradition et innovation : Leibniz et ses prédécesseurs}}.</ref>. Il avait une grande admiration pour son œuvre<ref group="R">{{Harvsp|Knecht|1981|p=37}}.</ref>. Cependant, il l'estimait imparfaite<ref group="R">{{harvsp|Couturat|1901|p=2}}.</ref> ; il trouvait que la logique aristotélicienne présentait des lacunes<ref group="R" name=HHK>{{harvsp|Knecht|1981|p=38-39}}.</ref> et souhaitait l'améliorer<ref name=Univ>{{Lien web |auteur1=[[Robert Blanché]]|titre=Logique|sous-titre=4. L'ère de la logique dite « classique »|url=http://www.universalis.fr/encyclopedie/logique/4-l-ere-de-la-logique-dite-classique/|site=Encyclopædia universalis|consulté le=11 mars 2015|citation=Il accepte ce qui a été fait, il le reprend, mais pour l'approfondir. La logique traditionnelle n'est qu'un échantillon d'une logique générale, qui reste à établir.}}</ref>. Il s'intéressa particulièrement à la syllogistique et ses premières contributions dans ce domaine se trouvent dans le ''[[De arte combinatoria]]''<ref group="R" name=HHK/>.

La logique de Leibniz est inspirée de celle du philosophe [[Moyen Âge|médiéval]] [[Raymond Lulle]]<ref name="britannica-logic">{{Lien web |langue= en|titre= Modern Logic|url= https://www.britannica.com/topic/history-of-logic/Modern-logic|site= [[Encyclopædia Britannica]]|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>. Celui-ci, dans les ''[[Raymond Lulle#Lulle et les Ars Magna|Ars magna]]'', avance l'idée que les [[concept (philosophie)|concepts]] et les [[Proposition (philosophie)|propositions]] peuvent être exprimées sous la forme de [[combinaison (mathématiques)|combinaisons]]<ref name="britannica-logic"/>. S'inspirant de Lulle, Leibniz explique dans le ''De arte combinatoria'' comment on pourrait, dans un premier temps constituer un « Alphabet des pensées humaines », composé de toutes les idées de base<ref group="R" name="couturat-35">{{harvsp|Couturat|1901|p=35}}</ref>, puis découvrir de nouvelles vérités en combinant les concepts pour former des jugements de manière exhaustive et évaluer méthodiquement leur vérité<ref name="britannica-logic"/>.

Sur ce principe, Leibniz théorise un [[langue universelle|langage universel]] qu'il nomme [[caractéristique universelle]] ({{latin|(lingua) characteristica universalis}}), qui permettrait d'exprimer les concepts sous la forme des concepts de base dont ils sont composés, et de le représenter de manière à les rendre compréhensibles par tous les lecteurs, quelle que soit leur langue maternelle<ref name="britannica-logic"/>. Leibniz a étudié les [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphes]] [[Égypte|égyptiens]] et les [[idéogramme]]s [[Chine|chinois]] en raison de leur méthode pour représenter les mots, sous forme de dessins<ref name="britannica-logic"/>. {{référence souhaitée|La caractéristique universelle est censée exprimer non seulement les connaissances [[mathématiques]], mais aussi la [[jurisprudence]] (il établit les correspondances à la base de la [[logique déontique|déontique]]), l’[[Ontologie (philosophie)|ontologie]] (Leibniz critiqua la définition que [[René Descartes]] donnait de la [[substance]]), voire la [[musique]].}} Leibniz n'est pas le premier à théoriser ce type de langage : avant lui, le mathématicien français [[François Viète]] ({{s-|XVI}}), le philosophe français [[René Descartes]] et le [[philologie|philologue]] anglais [[George Dalgarno]] ({{s-|XVII}}) avaient déjà suggéré un tel projet, notamment dans le domaine des [[mathématiques]], mais aussi pour Viète pour la [[communication]]<ref name="britannica-logic"/>. Par ailleurs, le projet leibnizien inspirera les projets de langue universelle de la fin du {{s-|XIX}} avec l'[[esperanto]], puis l’[[Latino sine flexione|interlingue]], version non dégradée du [[latin]] créée par [[Giuseppe Peano]]<ref name="britannica-logic"/>. Il inspirera aussi l'[[idéographie]] de [[Gottlob Frege]], le langage logique [[loglan]] et le langage de programmation [[Prolog]]<ref name="britannica-logic"/>.

Leibniz a aussi rêvé d’une logique qui serait [[calcul (mathématiques)|calcul]] algorithmique et donc mécaniquement décidable : le ''[[calculus ratiocinator]]''<ref name="britannica-logic"/>. Un tel calcul pourrait être effectué par des machines et ne serait donc pas sujet aux erreurs<ref name="britannica-logic"/>. Leibniz annonce ainsi les mêmes idées que celles qui inspireront [[Charles Babbage]], [[William Stanley Jevons]], [[Charles Sanders Peirce]] et son étudiant [[Allan Marquand]] au {{s-|XIX}}, et qui seront à la base du développement des ordinateurs après la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name="britannica-logic"/>.

{{début citation bloc}}Leibniz croit pouvoir inventer, pour la vérification des calculs logiques, des procédés techniques analogues à la [[Preuve par neuf|preuve par 9]] employée en [[Arithmétique]]. Aussi appelle-t-il sa Caractéristique le juge des controverses, et la considère-t-il comme un art d'infaillibilité. Il fait un tableau séduisant de ce que seront, grâce à elle, les discussions philosophiques de l'avenir. Pour résoudre une question ou terminer une controverse, les adversaires n'auront qu'à prendre la plume, en s'adjoignant au besoin un ami comme arbitre, et à dire « Calculons ! ».{{fin citation bloc|[[Louis Couturat]]|La Logique de Leibniz<ref group="R">{{harvsp|Couturat|1901|p=98}}.</ref>}}

{{refnec|Il a en même temps eu conscience des limites de la logique formelle en affirmant que toute modélisation, pour être correcte, nécessite d'être faite strictement en [[analogie]] avec le phénomène modélisé.}}

Leibniz est pour beaucoup le logicien le plus important entre Aristote et les logiciens du {{s-|XIX}} à l'origine de la logique moderne : [[Auguste De Morgan]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Bernard PIRE |titre=DE MORGAN Augustus - (1806-1871) |url=http://www.universalis-edu.com.lama.univ-amu.fr/encyclopedie/augustus-de-morgan/ |accès url=limité |site=Encyclopedia Universalis |consulté le=20 janvier 2023}}</ref>, [[George Boole]], [[Ernst Schröder]] et [[Gottlob Frege]]<ref group="A" name="logic"/>. Pour Louis Couturat, la logique leibnizienne anticipait les principes des systèmes logiques modernes, voire les dépassait sur certains points<ref group="A" name="logic">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Université Stanford]]|titre= Leibniz's Influence on 19th Century Logic|url= https://plato.stanford.edu/entries/leibniz-logic-influence/|date= 4 septembre 2009|site= [[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>.

Néanmoins, {{refnec|la plupart de ses textes sur la logique consistent en des esquisses}} qui n'ont été publiées que très tardivement voire oubliées{{note|group=n|Il fallut attendre l'édition de [[Louis Couturat]] au début du {{s|XX}} pour que les travaux logiques de Leibniz deviennent facilement accessibles<ref>{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Université du Tennessee à Martin]]|titre= Leibniz : Logic|url= http://www.iep.utm.edu/leib-log/|site= [[Internet Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=1er février 2018}}.</ref>.}}{{,}}<ref group="R" name="couturat-preface">{{harvsp|Couturat|1901|loc=préface}}.</ref>. Se pose donc la question de savoir si Leibniz a juste anticipé la logique moderne ou s'il a influencé celle-ci<ref group="A" name="logic"/>. Il semble que la logique du {{s-|XIX}} s'est effectivement inspirée de la logique leibnizienne<ref group="A" name="logic"/>.

=== Métaphysique ===
{{article connexe|amorce=Œuvres sur ce thème|Discours de métaphysique|Monadologie}}

Rédigée en [[français]] en [[1714]] et non publiée du vivant de l'auteur, la ''[[Monadologie]]'' représente une des dernières étapes de la pensée de Leibniz. En dépit de ressemblances apparentes avec des textes antérieurs, la ''Monadologie'' se distingue assez fortement d'ouvrages comme le ''[[Discours de métaphysique]] ''ou le ''Système nouveau de la nature et de la communication des substances''. La notion de substance individuelle présente dans le ''Discours de métaphysique'' ne doit en effet pas être confondue avec celle de [[Monade (philosophie)|monade]].

==== La force ====
Pour Leibniz, la [[physique]] a sa [[raison]] dans la [[métaphysique]]. Si la physique étudie les mouvements de la [[nature]], quelle réalité est ce mouvement ? Et quelle [[cause]] a-t-il ? Le mouvement est relatif, c'est-à-dire qu'une chose se meut selon la perspective d’où nous la regardons. Le mouvement n’est donc pas la réalité elle-même ; la réalité est la [[Force (philosophie)|force]] qui subsiste en dehors de tout mouvement et qui en est la cause : la force subsiste, le repos et le mouvement étant des différences phénoménales relatives.

Leibniz définit la force comme {{Citation|ce qu’il y a dans l’état présent, qui porte avec soi un changement pour l’avenir.}} Cette [[théorie]] entraîne un rejet de l’atomisme ; en effet, si l’[[atome]] est une réalité absolument rigide, alors il ne peut perdre de force dans les chocs. Il faut donc que ce que l’on nomme atome soit, en réalité, composé et élastique. L’idée d’atome absolu est contradictoire :
{{Citation bloc|Les atomes ne sont que l’effet de la faiblesse de notre imagination, qui aime à se reposer et à se hâter à venir dans les sous divisions ou analyses.}}

Ainsi la force est-elle la réalité : la force est [[substance]], et toute substance est force. La force est dans un état, et cet état se modifie suivant des lois du changement. Cette succession d’états changeants possède un ordre régulier, c’est-à-dire que chaque état a une raison ({{cf.}} principe de raison suffisante) : chaque état s’explique par celui qui précède, il y trouve sa raison. À cette notion de [[loi]] se rattache également l’idée d’individualité : l’individualité est pour Leibniz une série de changements, série qui se présente comme une formule :
{{Citation bloc|La loi du changement fait l’individualité de chaque substance particulière.}}

==== La monade ====
Toute substance se développe ainsi suivant des lois intérieures, en suivant sa propre tendance : chacune a donc sa loi propre. Ainsi, si nous connaissons la nature de l’[[individu]], pouvons-nous en dériver tous les états changeants. Cette loi de l’individualité implique des passages à des états non seulement nouveaux, mais aussi plus parfaits.

Ce qui existe est donc pour Leibniz l’individuel ; il n’existe que des unités. Ni les mouvements, ni même les corps n’ont cette substantialité : la [[Res extensa|substance étendue]] cartésienne suppose en effet quelque chose d’étendu, elle est seulement un composé, un agrégat qui ne possède pas par lui-même la réalité. Ainsi, sans substance absolument simple et indivisible, n’y aurait-il aucune réalité. Leibniz nomme ''monade'' cette réalité. La monade est conçue selon le modèle de notre [[âme]] :
{{Citation bloc|l’unité substantielle demande un être accompli, indivisible et naturellement indestructible, puisque sa notion enveloppe tout ce qui lui doit arriver, ce qu’on ne saurait trouver ni dans la figure ni dans le mouvement… Mais bien dans une âme ou [[forme substantielle]], à l’exemple de ce que l’on appelle moi.}}

Nous faisons l’observation de nos états internes, et ces états ([[sensation]]s, [[pensée]]s, [[sentiment]]s) sont en un perpétuel changement : notre âme est une monade, et c’est d’après son modèle que nous pouvons concevoir la réalité des choses, car il y a sans doute dans la nature d’autres monades qui nous sont analogues. Par la loi de l’analogie (loi qui se formule « tout comme ceci »), nous concevons toute [[existence (philosophie)|existence]] comme n’étant qu’une différence de degré relativement à nous. Ainsi, par exemple, il y a des degrés inférieurs de [[conscience]], des formes obscures de la [[vie]] psychique : il y a des monades à tous les degrés de clarté et d’obscurité. Il y a une continuité de toutes les existences, continuité qui trouve son fondement dans le principe de raison.

Dès lors, puisqu’il n’existe que des êtres doués de représentations plus ou moins claires, dont l'[[essence (concept)|essence]] est dans cette activité représentative, la matière se trouve réduite à l’état de [[phénomène]]. La [[naissance]] et la [[mort]] sont également des phénomènes dans lesquels les monades s’obscurcissent ou s’éclaircissent. Ces phénomènes ont de la réalité dans la mesure où ils sont reliés par des lois, mais le monde, d’une manière générale, n’existe qu’en tant que [[représentation]].

Ces monades, en se développant selon une loi interne, ne reçoivent aucune influence de l’extérieur :
{{Citation bloc|7. II n’y a pas moyen aussi d’expliquer comment une Monade puisse être altérée ou changée dans son intérieur par quelque autre créature, puisqu’on n’y saurait rien transposer, ni concevoir en elle aucun mouvement interne qui puisse être excité, dirigé, augmenté ou diminué là-dedans, comme cela se peut dans les composés ou il y a du changement entre les parties. Les Monades n’ont point de fenêtres par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir.|(''Monadologie'')}}

Ajoutons que le concept de monade a été influencé par la philosophie de [[Pierre Gassendi]]<ref>{{Chapitre |auteur1= [[Michel Fichant]]|titre chapitre= La réception de Gassendi dans l’œuvre de la maturité de Leibniz|auteurs ouvrage= Sylvia Murr|titre ouvrage= Gassendi et l’Europe|lieu= Paris|éditeur= Vrin|année= 1996|isbn= 9782711613069|lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=A2KWwlCd5nAC&pg=PA281}}</ref>, lequel reprend la tradition atomiste incarnée par [[Démocrite]], [[Épicure]] et [[Lucrèce]]. En effet l'atome, du grec « ''{{langue|grc-Latn|atomon}}'' » (indivisible) est l'élément simple dont tout est composé. La différence majeure avec la monade étant que celle-ci est d'essence spirituelle, alors que l'atome est d'essence matérielle ; et donc l'âme, qui est une monade chez Leibniz, est composée d'atomes chez Lucrèce.

==== L'harmonie préétablie ====
Dès lors, comment expliquer que tout se passe dans le monde comme si les monades s’influençaient réellement mutuellement ? Leibniz explique cette concordance par une [[harmonie préétablie]] universelle entre tous les êtres, et par un créateur commun de cette harmonie :
{{Citation bloc|Aussi Dieu seul fait la liaison et la communication des substances, et c’est par lui que les phénomènes des uns se rencontrent et s’accordent avec ceux des autres, et par conséquent qu’il y a de la réalité dans nos perceptions.|''Discours de métaphysique''}}

Si les monades semblent tenir compte les unes des autres, c’est parce que [[Dieu]] les a créées pour qu’il en soit ainsi. C’est par Dieu que les monades sont créées d’un coup par ''fulguration'', à l’état d’individualité qui les fait être comme de petits dieux. Chacune possède un point de vue singulier sur le monde, une vue de l’[[univers]] en miniature, et toutes ses perspectives ont ensemble une cohérence interne, tandis que Dieu possède l’infinité des points de vue qu’il crée sous la forme de ces substances individuelles. La [[force d'âme|force]] et la pensée intimes des monades sont donc une force et une pensée divines. Et l’harmonie est dès l’origine dans l’esprit de Dieu : elle est préétablie.

Si certains commentateurs (par exemple [[Alain Renaut]], 1989) ont voulu voir dans l'harmonie préétablie un schème abstrait qui rétablit, seulement après coup, la communication entre les monades, monades qui seraient alors les signes d'une fragmentation du réel en unités indépendantes, cette interprétation a été rejetée par l'un des commentaires les plus importants de l'œuvre de Leibniz, celui de [[Dietrich Mahnke]], intitulé ''La synthèse de la [[Mathesis universalis|Mathématique universelle]] et de la Métaphysique de l'individu'' (1925). Inspirant celui de [[Michel Fichant]], Mahnke souligne que l'harmonie universelle précède la monade : le choix de chaque monade se fait non par des volontés particulières de Dieu, mais par une volonté primitive, qui choisit l'ensemble des monades : chaque notion complète d'une monade individuée est ainsi enveloppée dans le choix primitif du monde. Aussi, {{citation|l'universalité harmonique (…) est inscrite dans la constitution interne primitive de chaque individu.}}<ref>[[Michel Fichant]], ''Science et métaphysique chez Descartes et Leibniz'', [[Presses universitaires de France|PUF]], 1998, {{chap.|{{V}}}}, {{p.|134}}.</ref>.

Il ressort enfin de cette idée de la monade que l’univers n’existe pas en dehors de la monade, mais qu’il est l’ensemble de toutes les perspectives. Ces perspectives naissent de Dieu. Tous les problèmes de la [[philosophie]] sont ainsi déplacés dans la [[théologie]].

Cette transposition pose des problèmes qui ne sont pas vraiment résolus par Leibniz :
* comment une substance absolue peut-elle naître ?
* comment Dieu peut-il avoir une infinité de perspectives et en faire des substances au sein d’une harmonie préétablie ?

[[Nicolas Malebranche|Malebranche]] résumera tous ces problèmes en une formule : ''Dieu ne crée pas des dieux''.

==== L'union de l'âme et du corps ====
Sa [[théorie]] de l’[[Problème corps-esprit|union de l’âme et du corps]] suit naturellement son idée de la monade. Le [[corps humain|corps]] est un agrégat de monades, dont les rapports avec l’[[âme]] sont réglés dès le départ comme deux horloges que l’on aurait synchronisées. Leibniz décrit ainsi la représentation du corps (c’est-à-dire du multiple) par l’âme :
{{Citation bloc|Les âmes sont des unités et les corps sont des multitudes. Mais les unités, quoiqu’elles soient indivisibles, et sans partie, ne laissent de représenter des multitudes, à peu près comme toutes les lignes de la circonférence se réunissent dans le centre.}}

=== Épistémologie ===
{{article connexe|amorce=Œuvres sur ce thème|Nouveaux Essais sur l'entendement humain}}

Bien que n'étant pas aussi traitée en termes de quantité que la [[logique]], la [[métaphysique]], la [[théodicée]] et la [[philosophie naturelle]], l'[[épistémologie]] (ici au sens anglo-saxon du terme : [[théorie de la connaissance|étude de la connaissance]]) reste un thème d'important travail de la part de Leibniz<ref group="A" name="stanford"/>. Leibniz est [[innéisme|innéiste]], et assume pleinement s'inspirer de [[Platon]], sur la question de l'origine des idées et de la connaissance<ref group="A" name="stanford"/>.

Le principal ouvrage de Leibniz en la matière sont les ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'', rédigés en français<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>, commentaire de l{{'}}''[[Essai sur l'entendement humain]]'' de [[John Locke]]<ref group="A" name="stanford"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Claire|nom1=Fauvergue|titre=Diderot traducteur de Leibniz.|périodique=Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie|date=2004-06-01|issn=0769-0886|doi=10.4000/rde.285|lire en ligne=https://rde.revues.org/285|consulté le=2016-10-07}}.</ref>. Les ''Nouveaux essais'' sont achevés en 1704<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>. Mais la mort de Locke convainc Leibniz de reporter leur publication, ce dernier trouvant malvenu de publier une réfutation d'un homme ne pouvant se défendre<ref group="B" name="gallica-nouveaux-essais">{{Chapitre |auteur1= Henri Lachelier|titre chapitre= Introduction - Avant-propos - Histoire des ''Nouveaux Essais''|auteurs ouvrage= Gottfried Wilhelm Leibniz|titre ouvrage= [[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]|année= 1898|lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5516204p/}}.</ref>. Ils ne paraîtront finalement que de manière posthume, en [[1765 en littérature|1765]]<ref group="B" name="bnf-nouveaux-essais"/>.

Le philosophe anglais défend une position [[empirisme|empiriste]], selon laquelle toutes nos idées nous viennent de l’expérience<ref group="A" name="stanford"/>. Leibniz, sous la forme d’un dialogue imaginaire entre Philalèthe, qui cite les passages du livre de Locke, et Théophile, qui lui oppose les arguments leibniziens, défend une position [[innéisme|innéiste]] : certaines idées sont en notre [[esprit]] dès la naissance. Ce sont des [[idée]]s qui sont constitutives de notre [[entendement]] même, comme celle de [[cause|causalité]]. Les idées innées peuvent être activées par l'expérience, mais il a fallu pour cela qu’elles existent d’abord potentiellement dans notre entendement.

=== Théologie philosophique ===
{{article connexe|amorce=Œuvres sur ce thème|Essais de Théodicée}}

==== Existence et transcendance de Dieu ====
Leibniz s'est beaucoup intéressé à l'[[argument ontologique]] de l'[[Arguments sur l'existence de Dieu|existence de Dieu]] à partir des années 1670, et a échangé à ce sujet avec [[Baruch Spinoza]]<ref group="A" name="stanford"/>. Il réfute l'argumentation de [[René Descartes]] dans la cinquième méditation des ''[[Méditations métaphysiques]]'' : Dieu a toutes les perfections, or l'existence est une perfection, donc Dieu existe<ref group="A" name="stanford"/>. Pour Leibniz, il s'agit surtout de montrer que toutes les perfections sont [[compossibilité|compossibles]], et que l'existence est une perfection. Leibniz montre la première prémisse dans son essai ''[[Quod ens perfectissimum existit]]'' (1676), et la seconde dans un autre court écrit de la même période<ref group="A" name="stanford"/>.

La démonstration de Leibniz, qui a des ressemblances avec la [[preuve ontologique de Gödel]], établie par [[Kurt Gödel]] dans les [[années 1970]]<ref group="A" name="stanford"/> :
# Dieu est un être ayant toutes les perfections (par définition) ;
# une perfection est une propriété simple et absolue (par définition) ;
# l'existence est une perfection ;
# si l'existence fait partie de l'essence d'une chose, alors c'est un être nécessaire ;
# s'il est possible pour un être nécessaire d'exister, alors il existe nécessairement ;
# il est possible pour un être d'avoir toutes les perfections ;
# donc, un être nécessaire (Dieu) existe.

Leibniz s'est également intéressé à l'[[Arguments sur l'existence de Dieu#Argument cosmologique ou argument de la cause première|argument cosmologique]]<ref group="A" name="stanford"/>. L'argument cosmologique chez Leibniz découle de son [[principe de raison suffisante]]<ref group="A" name="stanford"/>. Chaque vérité a une raison suffisante, et la raison suffisante de l'ensemble des séries de vérités est nécessairement située hors des séries, et c'est cette raison ultime que nous appelons [[Dieu]]<ref group="A" name="stanford"/>.

Dans les ''[[Essais de Théodicée]]'', Leibniz parvient à démontrer l'{{page h'|unicité}} de Dieu, son [[omniscience]], son [[omnipotence]] et sa [[bienveillance]]<ref group="A" name="stanford"/>.

==== Théodicée ====
{{article détaillé|Meilleur des mondes possibles}}

Le terme de « [[théodicée]] » signifie étymologiquement « justice de Dieu » (du [[grec]] {{grec ancien|Θεὸς|théos}} (« Dieu ») et {{grec ancien|δίϰη|dikè}} (« justice »))<ref name="littre-theodicee"/>. Il s'agit d'un [[néologisme]] inventé par Leibniz lui-même<ref>{{Lien web |auteur= Henry Duméry|titre= Théodicée|url= https://www.universalis.fr/encyclopedie/theodicee/|site= [[Encyclopædia Universalis]]|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>. S'il ne l'a jamais rigoureusement défini{{note|group=n|Dans les écrits de Leibniz, le terme « théodicée » peut signifier soit l'attribut divin qu'est la justice, soit la doctrine concernant ce sujet, soit son livre, les ''[[Essais de Théodicée]]'' (abrégés en « la » ou « ma » Théodicée)<ref name="theodicee-academia">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Paul Rateau |titre=L'idée de théodicée de Leibniz à Kant |sous-titre=héritage, transformations, critiques |lieu=Stuttgart |éditeur=F. Steiner |année=2009 |pages totales=222 |passage=7, présentation |isbn=978-3-515-09351-4 |lire en ligne=https://www.academia.edu/1488133/_Le_principe_de_la_Théodicée_et_le_concept_de_grandeur_négative_in_L_idée_de_théodicée_de_Leibniz_%C3%A0_Kant_héritage_transformations_critiques._Studia_Leibnitiana_Sonderheft_36_2009}}.</ref>}}, le terme est généralement compris comme une {{citation|partie de la [[théologie naturelle]] qui traite de la justice de Dieu}}<ref name="littre-theodicee">{{Lien web |titre= Théodicée - définition, citations, étymologie|url= https://www.littre.org/definition/théodicée|site= [[Dictionnaire de la langue française|Littré]]|consulté le=22 décembre 2017}}.</ref>, un discours se proposant de {{Citation|justifier la bonté de Dieu par la réfutation des arguments tirés de l’existence du mal dans ce monde, et par suite la réfutation des doctrines athées ou dualistes qui s'appuient sur ces arguments}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[André Lalande (philosophe)|André Lalande]] |titre=[[Vocabulaire technique et critique de la philosophie]] |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |année=1980 |pages totales=1323 |isbn=2-13-036474-8}} : entrée « Théodicée ».</ref>. Il est essentiel de souligner le principal enjeu de la théodicée leibnizienne. La question est d’abord : comment accorder l’existence du mal avec l’idée de la perfection générale de l’univers ? Mais, par-delà les difficultés internes à la métaphysique leibnizienne, on trouve le problème suivant : comment accorder l’idée de la responsabilité ou de la culpabilité de l’homme dans le mal avec le sentiment que cet homme agit de la seule manière dont il était possible qu’il agît. La réponse de Leibniz au conflit entre nécessité et liberté est originale.

L’exemple de Judas le traître, tel qu’il est analysé dans la {{nobr|section 30}} du ''Discours de Métaphysique'', est éclairant : certes, il était prévisible de toute éternité que ce Judas-là dont Dieu a laissé l’essence venir à l’existence, pècherait comme il a péché, mais il n’empêche que c’est bien lui qui pèche. Le fait que cet être limité, imparfait (comme toute créature) entre dans le plan général de la création, et donc tire en un sens son existence de Dieu, ne le lave pas en lui-même de son imperfection. C’est bien lui qui est imparfait, de même que la roue dentée, dans une montre, n’est rien d’autre qu’une roue dentée : le fait que l’horloger l’utilise pour fabriquer une montre ne rend pas cet horloger responsable du fait que cette roue dentée n’est rien d’autre, rien de mieux qu’une roue dentée.

Le [[principe de raison suffisante]], parfois nommé principe de « la raison déterminante » ou le « grand principe du pourquoi », est le principe fondamental qui a guidé Leibniz dans ses recherches : rien n’est sans une raison qui explique pourquoi il est, plutôt qu’il n’est pas, et pourquoi il est ainsi, plutôt qu’autrement. Leibniz ne nie pas que le mal existe. Il affirme toutefois que tous les maux ne peuvent pas être moindres : ces maux trouvent leur explication et leur justification dans l’ensemble, dans l’harmonie du tableau de l’univers. {{Citation|Les défauts apparents du monde entier, ces taches d’un soleil dont le nôtre n’est qu’un rayon, relèvent sa beauté bien loin de la diminuer}} (''[[Essais de Théodicée|Théodicée]]'', 1710 – parution en 1747).

Répondant à [[Pierre Bayle]], il établit la démonstration suivante : si Dieu existe, il est parfait et unique. Or, si Dieu est parfait, il est « nécessairement » tout-puissant, toute bonté et toute justice, toute sagesse. Ainsi, si Dieu existe, il a, par nécessité, pu, voulu et su créer le moins imparfait de tous les mondes imparfaits ; le monde le mieux adapté aux fins suprêmes.

En [[1759 en littérature|1759]], dans le [[conte philosophique]] ''[[Candide]]'', [[Voltaire]] fait de son personnage Pangloss le prétendu porte-parole de Leibniz<ref name="engel"/>. En vérité, il y déforme {{refnec|volontairement}} sa doctrine {{refnec|en la réduisant à la formule}} : « tout est au mieux dans le [[meilleur des mondes possibles]] »<ref name="engel"/>. Cette formule est une mauvaise interprétation : Leibniz n'affirme nullement que le monde est parfait mais que le mal est réduit à son minimum<ref name="engel"/>. {{refnec|[[Jean-Jacques Rousseau]] rappellera à Voltaire l’aspect contraignant de la démonstration de Leibniz : {{Citation|Ces questions se rapportent toutes à l’existence de Dieu. (…) Si l’on m’accorde la première proposition, jamais on n’ébranlera les suivantes ; si on la nie, il ne faut pas discuter sur ses conséquences.}} (''Lettre du {{Date|18|août|1756}}'').}} Toutefois, le texte de Voltaire ne s'oppose pas à Leibniz sur un plan [[théologie|théologique]] ni [[métaphysique]] : le conte de ''Candide'' trouve son origine dans l'opposition entre Voltaire et Rousseau, et son contenu cherche à montrer que « ce ne sont pas les raisonnements des métaphysiciens qui mettront fin à nos maux », faisant l'apologie d'une philosophie volontariste invitant les hommes à « organiser eux-mêmes la vie terrestre » et où le travail est présenté comme « source de progrès matériels et moraux qui rendront les hommes plus heureux »<ref>[[Lagarde et Michard]], tome {{XVIIIe siècle}}, chapitre ''Voltaire'', § ''Voltaire et la Providence'' et § ''Candide''.</ref>.

=== Éthique ===
Si l'[[éthique]] constitue le seul champ traditionnel de la philosophie pour lequel Leibniz n'est généralement pas considéré comme un important contributeur, comme [[Baruch Spinoza|Spinoza]], [[David Hume|Hume]] ou [[Emmanuel Kant|Kant]], Leibniz fut fort intéressé par ce domaine<ref name="iep"/>. Il est vrai qu'en comparaison avec sa métaphysique, la pensée éthique de Leibniz ne se distingue pas particulièrement par sa portée ou son originalité<ref name="iep"/>. Pour autant, il s'est engagé dans des débats centraux de l'éthique sur les fondements de la [[justice]] et la question de l'[[altruisme]]<ref name="iep"/>.

Pour Leibniz, la [[justice]] est la [[science]] {{latin|[[A priori et a posteriori|a priori]]}} du [[bien (philosophie)|bien]], c'est-à-dire qu'il y a des bases [[rationalité|rationnelles]] et [[Objectivité|objectives]] de la justice<ref name="iep"/>. Il rejette la position selon laquelle la justice est le décret du plus fort, position qu'il associe à [[Thrasymaque]] qui la défend face à [[Socrate]] dans ''[[la République]]'' de [[Platon]], mais également à [[Samuel von Pufendorf]] et [[Thomas Hobbes]]<ref name="iep"/>. En effet, appliquant cette conception, on en arrive à la conclusion que les commandements divins sont justes uniquement parce que [[Dieu]] est le plus puissant de tous les législateurs<ref name="iep"/>. Pour Leibniz, cela revient à rejeter la [[perfection]] de Dieu ; pour lui, Dieu agit selon la meilleure manière, et pas seulement de façon arbitraire<ref name="iep"/>. Dieu n'est pas parfait seulement dans son pouvoir, mais également dans sa [[sagesse]]<ref name="iep"/>. Le standard de justice ''a priori'' et éternel auquel adhère Dieu doît être la base de la théorie du [[droit naturel]]<ref name="iep"/>.

Leibniz définit la justice comme la [[charité]] de la personne sage<ref name="iep"/>. Bien que cette définition puisse paraître étrange à ceux qui sont habitués à une distinction entre justice et charité, la véritable originalité de Leibniz est sa définition de la [[charité]] et de l'[[amour]]<ref name="iep"/>. En effet, au {{s-|XVII}} se pose la question de la possibilité d'un amour désintéressé. Il semble que chaque être agisse de manière à persévérer dans l'existence, ce que [[Thomas Hobbes|Hobbes]] et [[Baruch Spinoza|Spinoza]] désignent sous le terme de {{latin|[[conatus]]}} à la base de leurs [[psychologie]]s respectives<ref name="iep"/>. Selon ce point de vue, celui qui aime est celui qui voit dans cet amour un moyen d'améliorer son existence ; l'amour est alors réduit à une forme d'[[égoïsme]], et quand bien même il serait [[bienveillance|bienveillant]], il lui manquerait une composante [[altruisme|altruiste]]<ref name="iep"/>. Pour résoudre cette incompatibilité entre l'égoïsme et l'altruisme, Leibniz définit l'amour comme le fait de prendre du [[plaisir]] au bonheur d'[[autrui]]<ref name="iep"/>. Ainsi, Leibniz ne nie pas le principe fondamental de la conduite de chaque individu, la recherche du plaisir et de l'[[intérêt (psychologie)|intérêt personnel]], mais parvient à le lier à la préoccupation, altruiste, du [[bien-être]] d'autrui<ref name="iep"/>. Ainsi, l'amour est défini comme la {{page h'|coïncidence}} entre l'altruisme et l'intérêt personnel ; la justice est la charité de la personne sage ; et la personne sage, dit Leibniz, est celle qui aime tout<ref name="iep"/>.

== Mathématiques ==
Les travaux mathématiques de Leibniz se trouvent dans le ''[[Journal des savants]]'' de [[Paris]], les ''[[Acta Eruditorum]]'' de [[Leipzig]] (qu'il a contribué à fonder) ainsi que dans son abondante correspondance avec [[Christian Huygens]], les frères [[Jean Bernoulli|Jean]] et [[Jacques Bernoulli]], le [[Guillaume François Antoine, marquis de L'Hôpital|marquis de L'Hôpital]], [[Pierre Varignon]]{{etc.}}

=== Calcul infinitésimal ===
{{Article détaillé|Histoire du calcul infinitésimal}}
Si le {{S|XVII}} a vu éclore de nombreuses approches infinitésimales (la [[méthode des indivisibles]] de [[Bonaventura Cavalieri|Cavalieri]] et celle des [[Quadrature (mathématiques)|quadratures]] de [[Pierre de Fermat|Fermat]], notamment), ce sont les travaux séparés de [[Isaac Newton]] et de Leibniz qui ont posé le cadre d'une méthode générale de calcul et de résolution de ces problèmes, à ce titre, ils sont tous deux considérés comme les fondateurs du [[calcul infinitésimal]]<ref name=":0">[[Amy Dahan|A. Dahan-Dalmedico]] et [[Jeanne Peiffer|J. Peiffer]], ''Une histoire des mathématiques'', 1986 <small>[<nowiki/>[[Référence:Histoire des mathématiques (Dahan-Dalmedico, Peiffer)|détail des éditions]]]</small>, 5.10.</ref>.

Leibniz ne découvre véritablement les recherches mathématiques de son temps qu’en 1672, lorsqu’il rencontre [[Christian Huygens]] au cours d’un voyage à Paris. Il s’inspire alors des œuvres de Descartes, [[Blaise Pascal|Pascal]], [[John Wallis|Wallis]] et d’autres qui avaient rencontré des problèmes infinitésimaux. Très vite, en 1673, il fait le lien entre le problème des [[Tangente (géométrie)|tangentes]] et celui de la quadrature en remarquant que le problème de la tangente dépend du rapport des « différences » des ordonnées et des abscisses et celui de la quadrature, de la « somme » des ordonnées.

Dès ses travaux pour le ''De arte combinatoria'', Leibniz avait observé ceci :

:1, 4, 9, 16 étant la suite des carrés
:1, 3, 5, 7 la suite des différences des carrés :
:1+3+5+7=16

La somme des différences entre les carrés est égale au dernier terme de cette suite (ici 16). En 1675, il transpose ce résultat à la suite des valeurs d'une fonction : il considère les variables ''x, y'' comme choisies parmi des suites de valeurs infiniment proches et introduit les infinitésimaux ''dx'' et ''dy'' comme différences des valeurs successives prises par ''x'' et ''y''. Il parvient ainsi à la conclusion :
''∫dy = y'', ∫ étant une somme de valeurs infiniment petites<ref name=":0" />.

En 1684, dans ''Nova Methodus pro Maximis et Minimis'', il met en œuvre cette notation claire et pratique afin de formuler les règles pour <math>d(x + y)</math>, <math>d(x \cdot y)</math>, <math>d(x/y)</math> et <math>d(x^n)</math> dans l’optique de créer une véritable algèbre des infiniment petits. L'efficacité des algorithmes proposés par Leibniz a été, par la suite, démontrée avec leur reprise dans les travaux des frères [[Famille Bernoulli|Bernoulli]], du [[Guillaume François Antoine, marquis de L'Hôpital|marquis de L'Hôpital]], d'[[Leonhard Euler|Euler]] et de [[Joseph-Louis Lagrange|Lagrange]]<ref>René TATON, « CALCUL INFINITÉSIMAL - Histoire », ''Encyclopædia Universalis'' [http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/calcul-infinitesimal-histoire/ en ligne], consulté le 1 avril 2023.</ref>.

=== Notations ===
{{Article détaillé|notation de Leibniz}}

Selon Leibniz, la symbolique mathématique n'est rien de plus qu'un échantillon concernant l'[[arithmétique]] et l'[[algèbre]] de son projet plus général de [[caractéristique universelle]]<ref group="R" name="couturat-81">{{harvsp|Couturat|1901|p=81-87}}.</ref>. Selon lui, le développement des mathématiques dépend avant tout de l'utilisation d'un symbolisme approprié ; ainsi considère-t-il que les progrès qu'il a fait faire aux mathématiques sont dus à ce qu'il a réussi à trouver des symboles adéquats à la représentation des quantités et de leurs relations<ref group="R" name="couturat-81"/>. Le principal avantage de sa méthode de [[calcul infinitésimal]] sur celle de [[Isaac Newton|Newton]] ([[fluxion (analyse)|méthode des fluxions]]) est en effet son utilisation de signes plus judicieuse<ref group="R" name="couturat-81"/>.

Il est à l’origine de plusieurs termes :
* « [[fonction (mathématiques)|fonction]] » qu'il introduit en [[1692]]<ref name="universalis-fonction"/> (en [[latin]], {{latin|functio}} signifie « accomplissement, exécution »<ref name="gaffiot">{{Gaffiot}}.</ref>) ;
* « [[système de coordonnées|coordonnées]] » ;
* du terme de « [[différentielle]] » (que Newton appelle « [[fluxion (analyse)|fluxion]] »).

Il crée également plusieurs nouvelles notations :
* <math>y = f(x)</math> introduit en 1692 en même temps que le terme « fonction »<ref name="universalis-fonction">{{Lien web |auteur= Jean-Marie Pruvost-Beaurain|titre= Fonction, mathématiques|url= https://www.universalis.fr/encyclopedie/fonction-mathematiques/|site= [[Encyclopædia Universalis]]|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref> ;
* <math>\partial{x}\ </math> pour la [[différentielle]] ;
* <math>\int_{t=x_0}^{x}f(t).\partial{t}</math> pour l'[[intégration (mathématiques)|intégrale]].

On lui doit aussi une définition logique de l'[[égalité (mathématiques)|égalité]].

Il fait également évoluer la notation en [[arithmétique élémentaire]] :
* Pour éviter la confusion entre la [[croix de multiplication]] (a x b) et la lettre [[x (lettre)|x]], il utilise dès [[1698]] le [[point médian]] pour noter la [[multiplication]] (a · b), usage qui se généralise au {{s|XVIII}} en Europe et est toujours en vigueur de nos jours<ref name="notation"/> ;
* À partir de [[1684]], il utilise le [[deux-points]] (a : b) pour symboliser la [[division]]. Cet usage se généralise dans la majeure partie de l'Europe, à l'exception des pays anglophones qui utilisent l'[[obélus]] (a ÷ b). En 1923, la ''[[Mathematical Association of America]]'' recommande de remplacer ces deux notations par l'[[Fraction (mathématiques)|écriture fractionnaire]], mais on les retrouve encore aujourd'hui<ref name="notation">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=William P. Berlinghoff |auteur2=[[Fernando Q. Gouvêa]] |titre=Math Through the Ages |sous-titre=A Gentle History for Teachers and Others |éditeur=[[Mathematical Association of America|MAA]] |collection=Classroom ressource materials |année=2004 |année première édition=2002 |pages totales=273 |passage=76 |isbn=978-0-88385-736-6 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=4ru6F85wGK4C&pg=PA76 |titre chapitre=Readind And Writing Arithmetic Where the Symbols Came From}}.</ref>.

=== Système binaire ===
[[Fichier:Diagram of I Ching hexagrams owned by Gottfried Wilhelm Leibniz, 1701.jpg|vignette|[[Joachim Bouvet]] envoya à Leibniz un diagramme représentant les 64 hexagrammes de [[Fuxi]] (1701).]]

Leibniz s'est intéressé de près au [[système binaire]]. Il est parfois vu comme en étant l'inventeur, bien que ce ne soit pas le cas. En effet, [[Thomas Harriot]], mathématicien et scientifique anglais, avait déjà travaillé sur des [[base (arithmétique)|systèmes]] non [[système décimal|décimaux]] : [[système binaire|binaire]], [[système ternaire|ternaire]], [[système quaternaire|quaternaire]] et [[système quinaire|quinaire]], mais également des systèmes de base plus élevée<ref name="acm">{{Lien web |langue= en|auteur= Herbert Bruderer|titre= The Binary System Was Created Long Before Leibniz|url= https://cacm.acm.org/blogs/blog-cacm/221749-the-binary-system-was-created-long-before-leibniz/fulltext|date= 10 octobre 2017|site= [[Association for Computing Machinery]]|consulté le=31 décembre 2017}}.</ref>. Selon Robert Ineichen, de l'[[université de Fribourg]], Harriot est « probablement le premier inventeur du système binaire »<ref name="acm"/>. Selon Ineichen, ''Mathesis biceps vetus et nova'' de l'homme d'Église espagnol [[Juan Caramuel y Lobkowitz]] est la première publication connue en Europe sur les systèmes non décimaux, dont le binaire<ref name="acm"/>. Enfin, [[John Napier]] traite de l'arithmétique binaire dans les ''Rabdologiæ'' (1617) et [[Blaise Pascal]] affirme dans le ''De numeris multiplicibus'' (1654/1665) que le système décimal n'est pas obligatoire<ref name="acm"/>.

Leibniz cherche un remplacement au système décimal à partir de la fin du {{s-|XVII}}<ref name="guardian-binary">{{Lien web |langue= en|titre= The ancient book of wisdom at the heart of every computer|url= https://www.theguardian.com/books/2014/mar/21/ancient-book-wisdom-i-ching-computer-binary-code|site= [[The Guardian]]|consulté le=31 décembre 2017}}</ref>. Il découvre l'arithmétique binaire dans un livre [[Chine|chinois]] vieux de {{nombre|2500|ans}}, le ''[[Yi Jing]]'' (« Classique des changements »)<ref name="guardian-binary"/>. Il écrit un article qu'il nomme « Explication de l'arithmétique binaire, qui utilise seulement les caractères 1 et 0, avec quelques remarques sur son utilité, et sur la lumière qu'elle jette sur les anciennes figures chinoises de Fu Xi » {{incise|[[Fuxi|Fu Xi]] étant l'auteur légendaire du Yi Jing|fin}}<ref name="guardian-binary"/>. Lors d'un séjour à Wolfenbüttel, il présente son système au duc [[Rodolphe-Auguste de Brunswick-Wolfenbüttel|Rodolphe-Auguste]],qui est très impressionné. Il le met en relation avec la création du monde. Au commencement était le néant (le 0) ; au premier jour seul existait Dieu ; après 7 jours (en notation binaire, le 7 s'écrit 111), tout existait, puisqu'il n'y avait plus de 0. Leibniz crée aussi une monnaie avec, sur l'avers, une représentation du duc et, sur le revers, une allégorie de la création des nombres binaires.

Quand il est fait membre de l'Académie royale des sciences de Paris, en 1699, Leibniz envoie un écrit présentant le système binaire. Si les académiciens manifestèrent leur intérêt pour la découverte, ils jugèrent néanmoins qu'elle était fort difficile à manier et attendirent que Leibniz présente des exemples d'application. Plusieurs années plus tard, il expose à nouveau son étude, qui est mieux accueillie ; il la relie cette fois aux hexagrammes du ''Yi Jing''. Son article est présent dans l{{'}}''Histoire de l’Académie royale des sciences'' de [[1703]]<ref group="B" name="binaire-orig">{{Chapitre |prénom1= Gottfried Wilhelm|nom1= Leibniz|titre chapitre= Explication de l'arithmétique binaire, qui utilise seulement les caractères 1 et 0, avec quelques remarques sur son utilité, et sur la lumière qu'elle jette sur les anciennes figures chinoises de Fu Xi|titre ouvrage= Histoire de l'Académie royale des sciences|lieu= Paris|éditeur= Charles-Estienne Hochereau|année=1703|lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3483p/f247}}.</ref>, ainsi qu'un compte-rendu rédigé par un contemporain, « Nouvelle Arithmétique binaire »<ref group="B" name="binaire-1703">{{Ouvrage |titre=Histoire de l'Académie royale des sciences |lieu=Paris |éditeur=Charles-Estienne Hochereau |année=1703 |passage=58-62 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3483p/f70 |titre chapitre=Nouvelle Arithmétique binaire}}.</ref>. Reconnaissant cette manière de représenter les nombres comme un héritage très lointain du fondateur de l’Empire chinois « [[Fuxi|Fohy]] », Leibniz s’interroge longuement sur l’utilité des concepts qu’il vient de présenter, notamment en ce qui concerne les règles arithmétiques qu’il développe.

Finalement, il semble conclure que la seule utilité qu’il voit dans tout ceci est une sorte de beauté essentielle, qui révèle la nature intrinsèque des nombres et de leurs liens mutuels<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=125}}</ref>.

=== Autres travaux ===
Leibniz s’intéresse aux systèmes d’équations et pressent l’usage des [[déterminant (mathématiques)|déterminants]]. Dans son traité sur ''l’art combinatoire, science générale de la forme et des formules'', il développe des techniques de substitution pour la résolution d’équations. Il travaille sur la convergence des [[série (mathématiques)|séries]], le développement en [[série entière]] des fonctions comme l’[[fonction exponentielle|exponentielle]], le [[logarithme]], les [[Fonction trigonométrique|fonctions trigonométriques]] (1673). Il découvre la [[courbe brachistochrone]] et s’intéresse à la rectification des courbes (calcul de leur longueur). Il a étudié le ''traité des coniques'' de [[Blaise Pascal|Pascal]] et écrit sur le sujet. Il est le premier à créer la fonction <math>x \mapsto a^x</math> (''{{langue|la|conspectus calculi}}''). Il étudie les enveloppes de courbes et la recherche d’extremum pour une fonction (''{{langue|la|Nova methodus pro maximis et minimis}}'', 1684).

Il tente aussi une incursion dans la [[théorie des graphes]] et la [[topologie]] (''{{langue|la|[[analysis situs]]}}'').

== Autres travaux ==
=== Physique ===
Leibniz, comme de nombreux mathématiciens de son temps, était aussi physicien. Bien qu'il soit aujourd'hui connu pour sa métaphysique et sa théorie de l'optimisme, Leibniz s'est imposé comme une des principales figures de la [[révolution scientifique]] au même titre que [[Galilée (savant)|Galilée]], [[René Descartes|Descartes]], [[Christian Huygens|Huygens]], [[Robert Hooke|Hooke]] et [[Isaac Newton|Newton]]<ref group="A" name="physics">{{Lien web |langue= en|auteur= [[Université Stanford]]|titre= Leibniz's Philosophy of Physics|url= https://plato.stanford.edu/entries/leibniz-physics/|site= [[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=12 janvier 2018}}.</ref>. Leibniz est devenu très tôt mécaniste, vers [[1661]], alors qu'il étudiait à [[université de Leipzig|Leipzig]], comme il le relate dans une lettre à [[Nicolas-François Rémond de Montmort|Nicolas Rémond]]<ref group="A" name="physics"/>. Cependant, une différence profonde le sépare d'[[Isaac Newton]] : si {{refnec|Newton considère que {{Citation|la physique se garde de la métaphysique}}}} et cherche à prévoir les phénomènes par sa physique, Leibniz cherche à découvrir l'essence cachée des choses et du monde, sans chercher à obtenir des calculs précis à propos de phénomènes quelconques. Il en est venu ainsi à reprocher à [[René Descartes]] et à Newton de ne pas savoir se passer d'un ''{{langue|la|Deus ex machina}}'' (une raison divine cachée) dans leurs physiques, car celles-ci n'expliquaient pas tout ce qui est, ce qui est possible et ce qui n'est pas<ref>« ''Histoire de la philosophie'' » par Émile Bréhier, {{nobr|Tomes {{I}}}} à {{III}}, Éditeur [[Presses universitaires de France|PUF]], 1931, réédité en 1994 ({{7e|édition}}) {{ISBN|213-044378-8}}. {{nobr|Tome {{II}}}}, {{nobr|chapitre {{VIII}}}} ''Leibniz'', {{§|{{V}}}} ''Mécanisme et dynamisme''.</ref>.

Leibniz a inventé le concept d'[[énergie cinétique]], sous le nom de « [[Vis viva|force vive]] ». Il s'oppose à l'idée de Descartes que la quantité ''mv'' (qu'on appelait à cette époque force motrice ou quantité de mouvement) se conservait dans les chocs, indépendamment des directions du mouvement<ref name="blay-halleux-528">{{Ouvrage |auteur1=Michel Blay |auteur2=Robert Halleux |titre=La Science classique, {{sp-|XVI|-|XVIII}} |sous-titre=Dictionnaire critique |éditeur=Flammarion |année=1998 |pages totales=870 |passage=528-529 |isbn=2-08-211566-6}}.</ref>.

{{début citation bloc}}Il se trouve par la raison et par l’expérience que c’est la force vive absolue [mv{{exp|2}}] qui se conserve et nullement la quantité de mouvement.{{fin citation bloc|Gottfried Wilhelm Leibniz, ''Essai de dynamique'' (1691)}}

Le [[principe de moindre action]] a été découvert en 1740 par [[Pierre Louis Moreau de Maupertuis|Maupertuis]]. En 1751, [[Johann Samuel König|Samuel König]] affirma avoir une lettre de Leibniz, datée de 1707, dans laquelle il énonçait ce même principe, donc bien avant Maupertuis. L'Académie de Berlin chargea [[Leonhard Euler]] de se pencher sur le problème de l'authenticité de cette lettre. Euler fit un rapport, en 1752, où il conclut à un faux<ref>''Histoire du principe de moindre action'' par F. Martin-Robine, 2006, Vuibert, {{p.|97-98}}.</ref> : König aurait inventé l'existence de cette lettre de Leibniz. Ce qui n'empêche pas Leibniz d'avoir, en optique, avancé un énoncé (sans formalisme mathématique) proche du [[principe de Fermat]]<ref name="blay-halleux-338">{{harvsp|Blay|Halleux|1998|p=338}}.</ref>, vers 1682{{note|{{1er|volume}} des ''Acta Eruditorum''<ref>{{lien web|auteur=Jean-Jacques Samueli|titre=Euler en défense de Maupertuis à propos du principe de moindre action|site=Bibnum|date=Mai 2012|url=https://www.bibnum.education.fr/sites/default/files/analyse-euler.pdf|consulté le=22 mars 2015|page=7-8}}.</ref> : {{citation bloc|la cause finale suffit pour deviner quelles lois la lumière suit, car si on fait l’hypothèse que la nature a eu pour but de conduire les rayons lumineux d’un point à un autre par le chemin le plus facile, on trouve admirablement bien toutes ces lois.|Leibniz<ref group="n">Voir aussi {{Ouvrage|titre=Pensées sur la religion et la morale|éditeur=la {{Ve}} Nyon|année=1803|passage=85|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=vBLiwHt_BmMC&pg=PA85|consulté le=23 mars 2015|titre chapitre=Considérations des Causes finales, propres à faire connaître et prouver l'Existence de Dieu}} ; {{Gallica|n=bpt6k2065781/f88|t=Pensées de Leibnitz sur la religion et la morale}}.</ref>}}|groupe=n}}.

Dans ses [[Philosophiae naturalis principia mathematica]], [[Isaac Newton]] [[philosophie de l'espace et du temps|conçoit l'espace et le temps]] comme des choses absolues<ref group="A" name="physics"/>. Dans sa correspondance avec [[Samuel Clarke]], qui se fait l'avocat des idées de Newton, Leibniz réfute ces idées et propose un système alternatif<ref group="A" name="physics"/>. Selon lui, l'[[espace (philosophie)|espace]] et le [[temps]] ne sont pas des choses dans lesquelles se situent les objets, mais un système de relations entre ces objets<ref group="A" name="physics"/>. L'espace et le temps sont des « êtres de raison », c'est-à-dire des abstractions à partir des relations entre objets<ref group="A" name="physics"/>.

{{début citation bloc}}J'ai marqué plus d'une fois que je tenais l'espace pour quelque chose de purement relatif, comme le temps ; pour un ''ordre'' de coexistences comme le temps est un ''ordre'' de successions… Je ne crois pas qu’il y ait aucun espace sans matière. Les expériences qu’on appelle du vide, n'excluent qu'une matière grossière{{fin citation bloc|''Troisième écrit de {{M.|Leibniz}} ou réponse à seconde réplique de {{M.|Clarke}}'', 27 février 1716, trad. L. Prenant{{note|group=n|Voir aussi l'extrait de la ''Troisième lettre de Leibniz à Clarke du 25 février 1716'' dans l'article [[Principe de relativité#L’absolu et le relatif selon Newton, Huygens, etc.|Principe de relativité]].}}.}}

=== Biologie ===
Leibniz fut très intéressé par la [[biologie]]<ref name="academia.edu"/>. Sa rencontre avec les [[microscopie|microscopistes]] [[Jan Swammerdam]] et [[Antoni van Leeuwenhoek]] à [[La Haye]] en [[1676]] auront une grande influence sur ses conceptions du corps [[animal]]<ref name="academia.edu"/>.

Dans les [[années 1670]] et le début des [[années 1680]], Leibniz se consacre à des [[vivisection]]s à échelle [[microscopique et macroscopique|macroscopique]] et étudie principalement les fonctions et les relations entre [[organe]]s<ref name="academia.edu"/>. À cette époque, il conçoit les animaux à la manière de [[René Descartes]], c'est-à-dire tels des [[animal-machine|machines]] obéissant à des principes mécaniques, les parties étant structurées et ordonnées pour le bon fonctionnement du tout<ref name="academia.edu"/>. Selon Leibniz, les caractéristiques déterminantes d'un animal sont la [[nutrition]] et la [[locomotion]] autonomes<ref name="academia.edu"/>. Leibniz croit que ces deux facultés sont le résultat de [[processus thermodynamique]]s internes : les animaux sont donc des machines [[hydraulique]]s, [[énergie pneumatique|pneumatiques]] et [[pyrotechnie|pyrotechniques]]<ref name="academia.edu"/>.

La vision de Leibniz change radicalement dans les [[années 1690]] quand il se consacre à l'étude [[microscopique et macroscopique|microscopique]] des différentes parties d'un corps animal en tant que [[micro-organisme]] à part entière<ref name="academia.edu"/>. Inspiré par les découvertes de Swammerdam et Leeuwenhoek, qui révèlent que le monde est peuplé d'organismes vivants invisibles à l'[[œil nu]]<ref name="academia.edu"/>, et adoptant le point du vue commençant à se répandre à l'époque, selon lequel les organismes vivant à l'intérieur d'un plus grand ne sont pas seulement des « habitants », mais des parties constituantes de l'organisme hôte, Leibniz conçoit maintenant l'animal comme une machine constituée elle-même de machines, cette relation étant vraie à l'infini<ref name="academia.edu"/>. À la différence des machines artificielles, les machines animales, que Leibniz appelle « machine divine », ne possèdent donc aucune partie individuelle<ref name="academia.edu"/>. Pour répondre à la question de l'unité d'un tel imbriquement infini, Leibniz répond que les constituants de la machine divine sont dans une relation de dominant à dominé<ref name="academia.edu"/>. Par exemple, le [[cœur]] est la partie du corps chargée de pomper le [[sang]] pour maintenir le corps en vie, et les parties du cœur sont chargées de maintenir le cœur en activité<ref name="academia.edu"/>. Cette relation de domination assure l'unité de la machine animale<ref name="academia.edu"/>. Il est à noter que ce sont les corps des animaux, et non les animaux eux-mêmes, qui comprend les autres animaux<ref name="academia.edu"/>. En effet, dans le cas contraire, cela entrerait en contradiction avec la conception leibnizienne de la [[substance]], puisque les animaux, constituées de parties autonomes, perdraient leur unité en tant que substances corporelles<ref name="academia.edu"/>.

=== Médecine ===
Leibniz tache d'être au fait des progrès médicaux et de suggérer des perfectionnements pour cette science qui en est encore à un stade très élémentaire. La circulation sanguine n'a été découverte qu'à peine cent ans plus tôt et il faudra encore attendre non loin de deux siècles avant que les médecins ne se lavent les mains systématiquement avant une opération. En 1691, lorsque Justel lui apprend l'existence d'un remède contre la [[dysenterie]], il fait tout pour se procurer cette racine (ipécacuana) provenant d'Amérique du Sud et milite pour son utilisation en Allemagne. Quelques années plus tard, dans une lettre adressée à la princesse Sophie, il propose une série de recommandations en matière de médecine, qui nous semblent aujourd'hui aller de soi.

Pour faire progresser la médecine, il fallait favoriser les recherches médicales et la diffusion des résultats. Il était fondamental que le diagnostic précède le traitement. Il fallait par ailleurs observer les symptômes de la maladie et consigner une histoire écrite de son évolution et des réactions du patient au traitement. Il importait de surcroît de divulguer des rapports sur les cas les plus intéressants : en ce sens, il était essentiel que les hôpitaux disposent de fonds et de personnels adéquats. Il défend enfin la nécessité d'une médecine préventive et la création d'un Conseil de santé, composé d'hommes politiques et de médecins capables de proposer un certain nombre de mesures pour les maladies à grande propagation sociale, comme les épidémies périodiques. Le médecin et philosophe [[Bernardino Ramazzini|Ramazzini]]<ref>Il entra dans l'histoire de la médecine pour avoir été le premier à se consacrer, de façon exhaustive, à l'étude des maladies professionnelles.</ref>, qu'il rencontre à [[Modène]], attire son attention sur l'importance des statistiques médicales. Leibniz est convaincu que la diffusion de telles statistiques entraînera une amélioration substantielle, en ceci que les médecins seront mieux équipés au moment de traiter les maladies les plus fréquentes. Il insiste sur ce thème dans différentes instances et propose même au ''Journal des savants'' de publier ces statistiques annuellement, selon le modèle établi par Ramazzini<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=119-120}}</ref>.

=== Géologie ===
Leibniz manifesta constamment un vif intérêt pour l'étude de l'évolution de la Terre et des espèces. Lors de ses voyages, il s'intéressait toujours aux cabinets de curiosités, où il pouvait observer des fossiles et des résidus minéraux. Pendant son séjour dans le [[Harz]] et ses voyages en Allemagne et en Italie, il recueillit de nombreux échantillons de minéraux et fossiles. Il rencontra [[Nicolas Sténon|Niels Stensen]] à Hanovre et lut [[Athanasius Kircher|Kircher]]. Dans le cadre de son travail inachevé sur l'histoire de la maison de Brunswick, Leibniz rédigea une préface intitulée ''Protogaea'' traitant de l'[[histoire naturelle]] et de la [[géologie]], écrite en 1691 mais publiée en 1749 seulement. Il inclut en outre un résumé de sa théorie de l'évolution de la Terre dans ''Théodicée''.

''Protogéa'' est le premier ouvrage englobant un large éventail des grandes questions géologiques : l'origine de la planète Terre, la formation du relief, les causes des marées, des strates et des minéraux, ou encore l'origine organique des fossiles. Leibniz reconnaissait l'origine ignée de la planète et l'existence d'un feu central. Cependant, contrairement à Descartes qui indiquait que le feu était la cause des transformations terrestres, il considérait également l'eau comme un agent géologique. Les montagnes provenaient selon lui d'éruptions antérieures au déluge, provoquées non seulement par les pluies, mais aussi par l'irruption d'eau du sous-sol. Il citait par ailleurs l'eau et le vent en tant que modeleurs du relief et distinguait deux types de roches : magmatiques et sédimentaires.

Il fut de surcroît l'un des pionniers de la théorie de l'évolution, émettant l'idée que les différences observées entre les animaux existants et les fossiles trouvés s'expliquaient par la transformation des espèces tout au long des révolutions géologiques<ref name="academia.edu"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=149}}</ref>.

=== Bibliothéconomie ===

Leibniz est reconnu comme l'un des pères du capitalisme naissant en démontrant que les inventions permettent plus de richesses et qu'il existe une harmonie préétablie, ceci avant [[Adam Smith]]<ref>[https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1976_num_8_1_2841_t1_0474_0000_3 John Elster : Leibniz et la formation de l'esprit capitaliste. Paris, Aubier]</ref>.

Leibniz fut bibliothécaire à [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz|Hanovre]] à partir de [[1676]] et à [[Herzog August Bibliothek|Wolfenbüttel]] à partir de [[1691]]<ref group="R" name="couturat-biblio"/>. On lui proposa également ce poste au [[bibliothèque apostolique vaticane|Vatican]] en [[1686]] et à [[Paris]] en [[1698]] (ainsi que peut-être à [[Vienne (Autriche)|Vienne]]), mais il refusa par fidèlité au [[luthéranisme]], ces postes nécessitant la conversion au [[catholicisme]]<ref group="R" name="macdonald-p6"/>.

Dans sa ''Représentation à [[Son Altesse Sérénissime|S.A.S.]] le duc de Wolfenbüttel pour l'encourager à l'entretien de sa Bibliothèque'', Leibniz explique comment il entendait l'exercice ses fonctions<ref group="R" name="couturat-biblio">{{harvsp|Couturat|1901|p=573|loc=Note XIV - Sur Leibniz bibliothécaire}} (traduction des termes latins : {{Lien web|langue= en|auteur1= [[Louis Couturat]]|traducteur= Donald Rutherford et Timothy Monroe|titre= Note XIV - On Leibniz as Librarian |url= http://philosophyfaculty.ucsd.edu/faculty/rutherford/Leibniz/Couturatchapters/Note14.pdf|site= site officiel de l'[[Université de Californie à San Diego]]|consulté le=12 janvier 2018}}.).</ref>. À son mémoire il joint deux plans de [[Classification (science de l'information)|classification de bibliothèque]] fondée sur la [[Science#Classification des sciences|classification des sciences]], qui devait aussi servir de base à l'[[Encyclopédie]] {{incise|Leibniz dit à ce propos dans une lettre au duc [[Jean-Frédéric de Brunswick-Calenberg|Jean-Frédéric]] en [[1679]] : « Il faut qu'une Bibliothèque soit une Encyclopédie »|fin}}<ref group="R" name="couturat-biblio"/> :
* la première classification (« {{latin|Idea Leibnitiana bibliothecæ publicæ secundum classes scientiarum ordinandæ}} »{{note|group=t|Traduction : « Plan de Leibniz pour une bibliothèque publique ordonnée selon la classification des sciences »<ref group="R" name="couturat-biblio"/>}}), les sciences sont rangées dans l'ordre suivant qui rappelle celui des « [[quatre facultés]] » : [[théologie]], [[droit]], [[médecine]], [[physique]], [[philosophie]], [[mathématiques]] [[mathématiques pures|pures]] et [[mathématiques appliquées|appliquées]], [[philologie]], [[éloquence]] et [[poésie]], [[géographie]], [[histoire]]
* la seconde classification (« {{latin|Idea Leibnitiana Bibliothecæ ordinandæ contractior}} »{{note|group=t|Traduction : « Plan de Leibniz plus limité pour une bibliothèque ordonnée »<ref group="R" name="couturat-biblio"/>}}), les rubriques principales sont classés ainsi : [[théologie]] (''theologia''), [[jurisprudence]] (''jurisprudentia''), [[médecine]] (''medicina''), [[philosophie]] intellectuelle (''philosophia intellectualis''), philosophie des choses imaginables ou [[mathématiques]] (''philosophia rerum imaginationis seu mathematica''), philosophie des choses sensibles ou [[physique]] (''philosophia rerum sensibilium seu physica''), [[philologie]] (''philologica''), [[histoire]] civile (''historia civilis''), [[histoire littéraire]] (''historia literaria'') {{incise|on peut noter que la physique est déplacée après les mathématiques, dans un ordre plus naturel selon [[Louis Couturat]]|fin}}.

Louis Couturat, dans ''La Logique de Leibniz'', fait remarquer l'ordre et la distinction des trois parties de la [[philosophie]] ([[métaphysique]], [[mathématiques|mathématique]] et [[physique]]), distinction fondée sur celle de leurs objets, c'est-à-dire de nos facultés de connaître : objets de l'entendement pur, de l'imagination, des sens<ref group="R" name="couturat-biblio"/>.

Il a conçu le projet d’une [[encyclopédie]] ou « bibliothèque universelle » :
{{début citation bloc}}Il importe à la félicité du genre humain que soit fondée une Encyclopédie, c’est-à-dire une collection ordonnée de vérités suffisant, autant que faire se peut, à la déduction de toutes choses utiles. {{fin citation bloc|Gottfried Wilhelm Leibniz|{{latin|Initia et specimina scientiæ generalis}}, [[1679]]-[[1680]]<ref group="B" name="classes">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|sous-titre=Le philosophe des merveilles|url= http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-leibni.htm|site= classes.bnf.fr|consulté le=12 janvier 2018}}.</ref>}}

=== Histoire ===
Leibniz, dès les années 1670, a aussi une importante activité d'historien<ref>Quelques ouvrages importants : Louis Davillé, ''[[iarchive:leibnizhistorien00davi|Leibniz historien. Essai sur l’activité et la méthode historique de Leibniz]]'', Paris, Alcan, 1909, et « [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34414149d Le développement de la méthode historique de Leibniz] », ''Revue de Synthèse historique'', {{XXIII}}, 3, 1911, {{p.|257-268}}, {{XXIV}}, 1, {{p.|1-31}} ; Werner Conze, ''{{langue|de|Leibniz als Historiker}}'', Berlin, de Gruyter, 1951 ; Gunther Scheel, « ''{{langue|de|Leibniz als Historiker des Welfenhauses}}'' », dans Wilhelm Totok et Carl Haase (eds.), ''{{langue|de|Leibniz. Sein Leben, sein Wirken, sein Welt}}'', Hanovre, ''{{langue|de|Verl. für Literatur und Zeitgeschehen}}'', 1966, {{p.|227-276}}, et « Leibniz historien », dans Georges Bastide (éd.), ''Leibniz. Aspects de l’homme et de l’œuvre. Journées Leibniz, organisées par le Centre national de Synthèse, les 28, 29 et {{date-|30 mai 1966}}'', Paris, Aubier Montaigne, 1968, {{p.|45-60}}.</ref>. Elle est au début liée à son intérêt pour le droit, qui le conduit à développer des travaux d'histoire du droit, et à publier, dans les années 1690, un important recueil de documents juridiques médiévaux. Elle est aussi liée à la commande que lui passe en 1685 l'électeur de Hanovre : une histoire de la maison de Brunswick. Convaincu que cette famille aristocratique a en partie des origines semblables à la maison italienne des Este, Leibniz entreprend d'importants travaux sur l'histoire de l'Europe du {{sp-|IX|au|XI}}. Il se rend en Allemagne du sud et en Autriche, fin 1687, pour réunir la documentation nécessaire à son enquête. Une découverte faite à [[Augsbourg]] en {{date||avril|1688}} élargit notablement ses perspectives ; il peut en effet consulter dans le monastère bénédictin de cette localité le codex ''Historia de guelfis principibus'', dans lequel il trouve les preuves des liens entre les guelfes, fondateurs du duché de Brunswick-Lunebourg et la maison d'Este, nobles italiens du duché de Ferrare et de Modène. Cette découverte le contraint à prolonger son voyage vers Italie, en particulier à Modène, jusqu'en 1690. Le travail historique de Leibniz est bien plus complexe que prévu et, en 1691, il explique au duc que l'ouvrage pourrait être achevé en quelques années s'il bénéficiait d'une collaboration, ce qu'il obtient avec le recrutement d'un secrétaire. Il rédige tout de même la partie relative à ses découvertes ; si trois tomes voient effectivement le jour, l'ouvrage ne sera jamais achevé avant son décès en 1716. Leibniz participe ainsi aux travaux de l'époque, qui fondent, avec [[Jean Mabillon]], [[Étienne Baluze]] ou Papebrocke, la critique historique ; il apporte des éléments importants aux questions de chronologie et de généalogie des familles souveraines d'Europe. Il engage au sujet de la maison des Este une polémique fameuse avec le grand savant italien Antonio Muratori<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=113-114}}</ref>.

=== Politique et diplomatie ===
Leibniz était très intéressé par les questions politiques<ref group="R" name="macdonald-p11"/>.

Peu après son arrivée à [[Mayence]], il publie un court traité où il cherche à régler par déduction la question de la succession au [[Liste des souverains de Pologne|trône de Pologne]]<ref name="st-andrews"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p11">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=11}}.</ref>.

En [[1672]], Boyneburg l'envoya en mission diplomatique à [[Paris]] pour convaincre {{souverain-|Louis XIV}} de porter ses conquêtes vers l'[[Province ottomane d'Égypte|Égypte]] plutôt que l'Allemagne, selon le plan conçu par Leibniz lui-même. Au-delà de l'objectif de négociations de paix en Europe, il se rendait à Paris avec d'autres desseins : rencontrer le bibliothécaire royal Pierre de Carcavi, lui faire part de la machine arithmétique sur laquelle il travaillait et entrer à l'Académie des sciences de Paris<ref group="R" name="macdonald-p11"/>.

[[Irénisme|Iréniste]], Leibniz chercha la réunification des Églises [[Christianisme|chrétiennes]] [[Catholicisme|catholiques]] et [[Protestantisme|protestantes]]<ref group="R" name="look-p3"/>, ainsi que l'unification des branches du protestantisme que constituent le [[luthéranisme]] et [[Églises réformées]]. Il chercha autant de soutien que possible, en particulier parmi les puissants, conscient que s'il ne parvenait pas à impliquer le pape, l'empereur ou un prince régnant, ses chances de réussite resteraient maigres. Au cours de sa vie, il rédigea divers écrits défendant cette idée, notamment ''Systema theologicum'', un ouvrage qui proposait la réunification du point de vue d'un catholique, qui ne fut publié qu'en 1845. Avec son ami l'évêque Cristóbal de Rojas y Spínola qui militait comme lui pour la réunification des confessions protestantes ils envisagèrent de favoriser une coalition diplomatique entre les électeurs de Brunswick-Lunebourg et de Saxe, face à l'empereur qui avait manifesté son opposition au projet de réunification religieuse<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=31-32-115-117}}</ref>.

=== Droit ===
=== Technologie et ingénierie ===
[[Fichier:Leibniz Rechenmaschine (1690).jpg|alt=Machine de Leibniz (1690)|vignette|Calculatrice mécanique de Leibniz (original). Première machine de l'histoire à faire des multiplications (1690).]]

Leibniz, en tant qu'ingénieur, a conçu de nombreuses inventions<ref name="gemeinschaft"/>.

Il conçoit une [[Calculatrice mécanique|machine arithmétique]] capable de multiplier, et invente pour cela la mise en mémoire du multiplicande grâce à ses fameux [[Cylindre cannelé de Leibniz|cylindres cannelés]], utilisés jusque dans les [[années 1960]]. Après avoir construit trois premiers modèles, il en construit un quatrième plus tard, en [[1690]], celui-ci ayant été retrouvé en [[1894]] à l'[[université de Göttingen]] et est maintenant conservé à la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]] à Hanovre<ref group="D" name="calculating">{{Lien web |langue= en|titre= Leibniz Calculating Machine|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016/Leibniz-Calculating-Machine|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>.

Par ailleurs, il fut un pionnier dans l'utilisation de l'[[énergie éolienne]], tentant, sans succès, de remplacer les [[roue à aubes|roues hydrauliques]] actionnées par [[pompe]] utilisées depuis longtemps en Allemagne<ref group="C" name="linguist"/>, par des [[moulin à vent|moulins à vent]] pour [[drainage (construction)|drainer]] les [[mine (gisement)|mines]] du [[Harz]]<ref name="gemeinschaft"/>. Dans le domaine de l'industrie minière, il est également l'inventeur de la technique de la chaîne sans fin<ref name="gemeinschaft"/>.

Leibniz a également conçu la plus haute fontaine d'Europe dans les [[jardins royaux de Herrenhausen]]<ref group="D" name="bio"/>. Il a aussi amélioré le transport sur terrain accidenté grâce à des roues recouvertes de fer<ref group="D" name="bio"/>.

Leibniz a également dessiné les plans pour un [[sous-marin]]<ref name="gemeinschaft"/>, pour une [[cotte de mailles]], ou pour une sorte de [[cheville (assemblage)|cheville]] consistant en un [[clou]] aux bords tranchants<ref group="D" name="bio"/>.

=== Linguistique et philologie ===
Au-delà de l'intérêt philosophique pour le langage idéal des savants du {{s|XVII}}, Leibniz pratique la [[linguistique]] avant tout en tant que [[science auxiliaire de l'histoire]]<ref group="C" name="linguist">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Leibniz' sprachwissenschaftliche Forschungen|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/Leben_und_Werk/sprache.html|site= gwlb.de|consulté le=25 janvier 2018}} (version française : {{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Les recherches linguistiques leibniziennes|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/francaise/Vie_de_Leibniz/linguist.htm|site= gwlb.de|consulté le=2 juin 2018}}).</ref>. Son objectif est d'identifier les [[ethnie|groupes ethniques]] et leurs [[migration humaine|migrations]] afin de reconstituer l'histoire avant la tradition écrite<ref group="C" name="linguist"/>. Par ailleurs, Leibniz, dans le cadre de son histoire de la [[maison de Brunswick]], prévoit d'écrire deux préfaces à celle-ci, la première, {{latin|Protogæa}}, traitant de [[géologie]], la seconde des migrations des tribus européennes, à partir de recherches linguistiques<ref group="R" name="macdonald-p19"/>.

Son but est d'établir des parentés entre les langues, en se basant sur le postulat que la langue d'un peuple dépend de son origine<ref group="C" name="linguist"/>. Son intérêt se porte donc surtout sur l'[[étymologie]] et la [[toponymie]]<ref group="C" name="linguist"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p19"/>.

Leibniz pratique la linguistique à une échelle bien plus large que ses contemporains<ref group="C" name="linguist"/>. Son matériel lexical va des [[dialecte]]s [[allemand]]s à des langues lointaines comme le [[mandchou]]<ref group="C" name="linguist"/>. Il se base pour réunir tout ce matériel sur la bibliographie préexistante, sur ses observations personnelles ou sur ses correspondants, notamment les [[missionnaire chrétien|missionnaires chrétiens]] en [[monde chinois|Chine]] ou les membres de la [[Compagnie néerlandaise des Indes orientales]]<ref group="C" name="linguist"/>. Il réunit ce matériel lexical au sein de ses ''{{langue|la|Collectanea etymologica}}''<ref group="C" name="linguist"/>.

Si cette volonté d'universalité est la force du projet leibnizien, elle en est aussi sa faiblesse, car l'étude d'une telle quantité de matériel dépasse les capacités d'un seul individu<ref group="C" name="linguist"/>. Cependant, les collections lexicales qu'il a pu établir ont permis de sauvegarder des témoignages de langues qui se seraient perdues sans le travail de Leibniz<ref group="C" name="linguist"/>.

En 1696, dans l'intention de promouvoir l'étude de l'allemand, il propose la création de la Société allemande à [[Wolfenbüttel]], sous l'égide du duc [[Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel|Antoine-Ulrich]] qui gouvernait aux côtés de son frère [[Rodolphe-Auguste de Brunswick-Wolfenbüttel|Rodolphe-Auguste]], tous deux amis de Leibniz. L'un de ses principaux ouvrages dans ce domaine fut ''Unvorgreissliche Gedanken, betreffend die Ausübung und Verbesserung der teutschen Sprache'' ("Considérations sur la culture et la perfection de la langue allemande"), écrit en 1697 et publié en 1717. Il souhaite que l'allemand devienne un vecteur d'expression culturelle et scientifique, indiquant que, depuis la [[guerre de Trente Ans]], cette langue s'est détériorée et risque d'être altérée par le français<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=121}}</ref>.

L'état définitif de ses théories sur la filiation des langues nous est connu par un tableau de [[1710]] : à partir de la [[langue originelle]] (''{{langue|de|Ursprache}}''), deux branches se détachent : la japhétique (couvrant le nord-ouest de l'[[Asie]] et l'[[Europe]]) et l'aramique (couvrant le sud-ouest de l'[[Asie]] et l'[[Afrique]]) ; le [[persan]], l'[[araméen]] et le [[géorgien]] descendant des deux<ref group="R" name="belaval2005-p190">{{harvsp|Belaval|2005|p=190}}.</ref>. La branche aramique se divise en arabe et en égyptien (se divisant eux-mêmes en d'autres groupes plus petits), tandis que la branche japhétique se sépare en scythe et celtique ; le scythe donne le [[turc]], le [[langues slaves|slave]], le [[finnois]] et le [[grec]], et le celtique donne le celte et le germain ; quand les deux se mélangent, ils donnent les langues apennines, pyrénéennes, et les langues d'[[Europe de l'Ouest]] (dont le [[français]] et l'[[italien]]) qui ont repris des éléments du grec<ref group="R" name="belaval2005-p190"/>.

Leibniz pensait initialement que toutes les langues européennes provenaient d'une langue unique, peut-être l'[[hébreu]]<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Finalement, ses recherches le conduiront à abandonner l'hypothèse d'un groupe linguistique européen unique<ref group="R" name="macdonald-p19"/>. Par ailleurs, Leibniz a réfuté l'hypothèse des universitaires [[Suède|suédois]] selon laquelle le [[suédois]] était la plus ancienne (et donc la plus noble) des langues européennes<ref group="R" name="macdonald-p19"/>.

=== Sinologie ===
Les écrits et lettres de Leibniz durant un demi-siècle témoignent de son intérêt fort et durable pour la [[monde chinois|Chine]]<ref group="C" name="chine">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Leibniz und China|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/Leben_und_Werk/china.html|site= gwlb.de|consulté le=12 janvier 2018}} (version française : {{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Leibniz et la Chine|url= http://www.gwlb.de/Leibniz/Leibnizarchiv/francaise/Vie_de_Leibniz/China.htm|site= gwlb.de|consulté le=2 juin 1018}}).</ref>.
[[Nicolas Malebranche]], un des premiers Européens à s'intéresser à la [[sinologie]] vers la fin de sa carrière, jouera un rôle primordial dans l'intérêt que Leibniz portera envers la Chine<ref name="malebranche-chine">{{Lien web |langue= en|auteur= Gregory M. Reihman|titre= Malebranche's Influence on Leibniz’s Writings on China|url= https://muse.jhu.edu/article/591605|site= site officiel de l'[[université Johns-Hopkins]]|consulté le=28 janvier 2018}}.</ref>.

Dès 1678, Leibniz connaît un peu la langue et considère qu'elle est la meilleure représentation de la langue idéale qu'il recherche. Selon lui, la civilisation européenne est la plus parfaite en ceci qu'elle repose sur la révélation chrétienne, et la civilisation chinoise représente le meilleur exemple de civilisation non chrétienne. En [[1689]], sa rencontre avec le [[Compagnie de Jésus|jésuite]] Claudio Filippo Grimaldi, [[missionnaire chrétien]] à [[Pékin]] de passage à [[Rome]], élargit et renforce l'intérêt de Leibniz pour la Chine<ref group="C" name="chine"/>{{,}}<ref name="pls-italie">{{Article |auteur1= Massimo Mugnai|titre= De la vive Italie à la morne Hanovre|périodique= [[Pour la science]]|date= 30 novembre 1999|pages= |lire en ligne= https://www.pourlascience.fr/sd/histoire-sciences/de-la-vive-italie-a-la-morne-hanovre-2124.php|consulté le=2 juin 2018 }}.</ref>.

Initialement, il s'intéresse surtout sur la [[langues chinoises|langue chinoise]] à l'utilisation de ce système par les [[Surdité|sourds]]-[[Aphasie|muets]], l'idée qu'il s'agissait peut-être du souvenir d'un [[calcul (mathématiques)|calcul]] oublié depuis longtemps, et la question de savoir si sa construction suivait des lois logico-mathématiques similaires à celles du projet de Leibniz de [[caractéristique universelle]]<ref group="C" name="chine"/>. La rencontre avec Grimaldi permet à Leibniz de prendre conscience de l'importance de l'échange intellectuel qui peut avoir lieu entre l'Europe et la Chine grâce aux voyages des missionnaires<ref group="C" name="chine"/>.

En {{date||avril|1697}}, il publie les ''{{langue|la|Novissima Sinica}}'' (« Dernières nouvelles de Chine »), un recueil de lettres et d'essais des missionnaires jésuites en Chine. Grâce au père Verjus, directeur de la mission jésuite en Chine, à qui il envoie un exemplaire, le livre atterrit entre les mains du père [[Joachim Bouvet]], un missionnaire revenu de Chine et séjournant à Paris. La relation entre Leibniz et Bouvet est dès lors très spontanée et donne naissance au développement plus général du système binaire. Après s'être familiarisé avec la philosophie de Leibniz, Bouvet en vient à la comparer à la philosophie chinoise ancienne, puisque celle-ci avait établi les principes de la loi naturelle. C'est également Bouvet qui l'invite à se pencher sur les [[Hexagramme Yi Jing|hexagrammes du ''Yi Jing'']], un système similaire au binaire créé par [[Fuxi]], empereur légendaire de la Chine et considéré comme le fondateur de la culture chinoise.

Leibniz plaide auprès de diverses instances en faveur d'un rapprochement entre l'Europe et la Chine par l'intermédiaire de la Russie. Entretenant de bonnes relations avec Moscou, il espère pouvoir ainsi échanger découvertes et culture. Il insiste même auprès de l'Académie de Berlin pour que soit mise en place une mission protestante en Chine. Quelques mois avant de mourir, il publie son œuvre majeure sur la Chine, intitulée ''Discours sur la théologie naturelle des Chinois'' dont la dernière partie expose enfin son système binaire et ses liens avec le ''Yi Jing''<ref name="pls-italie"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Muñoz Santonja|2018|p=127-128}}</ref>.

=== Psychologie ===
La [[psychologie]] a été un des principaux centres d'intérêt de Leibniz<ref>L. E. Loemker: ''{{langue|en|texte=Introduction to Philosophical papers and letters: A selection.}}'' Gottfried W. Leibniz ({{langue|en|texte=transl. and ed., by Leroy E. Loemker). Dordrecht: Riedel (2nd ed. 1969)}}.</ref>{{,}}<ref>T. Verhave: ''Contributions to the history of psychology: III. G. W. Leibniz (1646–1716)''. ''On the Association of Ideas and Learning''. ''Psychological Report'', 1967, {{vol.|20}}, 11–116.</ref>. Il apparaît comme un « précurseur sous-estimé de la psychologie »<ref>R. E. Fancher & H. Schmidt: Gottfried Wilhelm Leibniz: ''Underappreciated pioneer of psychology''. In: G. A. Kimble & M. Wertheimer (Eds.). ''Portraits of pioneers in psychology'', {{vol.|{{V}}}}. American Psychological Association, Washington, DC, 2003, {{p.|1–17}}.</ref>. Il s'intéresse à plusieurs thèmes faisant maintenant partie de la psychologie : l'[[attention]] et la [[conscience]], la [[mémoire (psychologie)|mémoire]], l'[[apprentissage]], la [[motivation]], l'[[individualité]] ou encore le rôle de l'{{page h'|évolution}}. Il a fortement influencé le fondateur de la psychologie en tant que discipline à part entière, [[Wilhelm Wundt]], qui publiera une [[monographie]] sur Leibniz<ref>Wundt: ''Leibniz zu seinem zweihundertjährigen Todestag, 14. November 1916.'' Alfred Kröner Verlag, Leipzig 1917.</ref>, et reprendra le terme d'[[aperception]] introduit par Leibniz.

=== Jeux ===
Dès [[1670]], des textes montrent l'intérêt pour Leibniz envers les jeux, et à partir de [[1676]] et jusqu'à sa mort, il se livrera à une [[théorie des jeux|étude approfondie des jeux]]<ref group="R" name="leroux-p4">{{harvsp|Leroux|2015|p=4}}.</ref>.

Leibniz était un excellent joueur d'[[échecs]] ; il s'est notamment intéressé à l'aspect scientifique et logique du jeu (par opposition aux jeux qui comportent une part de hasard), et fut le premier à considérer celui-ci comme une science<ref>{{Lien web |titre= Jeu d'Echecs et Histoire de la Raison|url= http://www.mjae.com/roos-memoriam.html|site= mjae.com|consulté le=4 janvier 2018}}.</ref>.

Il a également inventé un jeu de [[solitaire (casse-tête)|solitaire]] à rebours<ref group="R" name="couturat-jeux">{{harvsp|Couturat|1901|p=581-583|loc=Note XVII - Sur la théorie mathématique des jeux}}.</ref>.

=== Littérature ===
Leibniz tenta de promouvoir l'usage de la [[allemand|langue allemande]] et proposa la création d'une [[Académie]] pour l'enrichissement et la promotion de l'allemand<ref name="gemeinschaft"/>{{,}}<ref group="R" name="macdonald-p9">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=9}}.</ref>. Malgré ces opinions, il n'écrivait que peu en allemand mais surtout en [[latin]] et en [[français]]<ref name="gemeinschaft"/>, en raison du manque de termes techniques abstraits en allemand<ref group="R" name="macdonald-p9"/>. Ainsi, quand il écrivait en allemand, il était souvent contraint d'utiliser des termes latins, bien qu'il ait occasionnellement tenté de s'en passer, dans l'esprit des mouvements pour la [[purisme (linguistique)|pureté linguistique]] du {{s|XVIII}}<ref group="R" name="macdonald-p9"/>.

Bien qu'ayant eu une carrière scientifique, Leibniz continuait de rêver d'une carrière [[littérature|littéraire]]<ref group="R" name="macdonald-p10">{{harvsp|MacDonald Ross|1984|p=10}}.</ref>. Il écrivit de la [[poésie]] (surtout en [[latin]]) dont il tirait une grande fierté, et se vantait de pouvoir réciter la majeure partie de l{{'}}''[[Énéide]]'' de [[Virgile]]<ref group="R" name="macdonald-p10"/>. Il avait un style d'écriture du latin très élaboré, typique des [[humanisme de la Renaissance|humanistes]] de la [[maniérisme|Renaissance tardive]]<ref group="R" name="macdonald-p10"/>.

Il est l'auteur d'une édition de l'{{latin|Antibarbarus}} de l'humaniste italien du {{s|XVI}} [[Mario Nizzoli]]<ref group="R" name="macdonald-p10"/>. En [[1673]], il s'engagea à la réalisation de l'édition ''[[ad usum Delphini]]'' des œuvres de [[Martianus Capella]], auteur du {{s|XV}}<ref group="R" name="macdonald-p10"/>. En [[1676]], il traduit vers le latin deux [[Dialogues de Platon|dialogues]] de [[Platon]], le ''[[Phédon (Platon)|Phédon]]'' et le ''[[Théétète (Platon)|Théétète]]''<ref group="R" name="macdonald-p10"/>.

Il est le premier moderne à constater les profondes différences entre la philosophie de Platon et les questions [[mystique]]s et [[superstition|superstitieuses]] du [[néoplatonisme]] {{incise|qu'il appelle « pseudo-platonisme »|fin}}<ref group="R" name="macdonald-p10"/>.

=== Musique ===
{{Section à sourcer|date=novembre 2020}}

Patrice Bailhache<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Patrice Bailhache|titre=Leibniz et la théorie de la musique|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck]]|année=1992|pages totales=158|isbn=978-2-252-02780-6|sudoc=002623412}}</ref> s'est intéressé au rapport particulier de Leibniz à la musique. Il considérait celle-ci comme {{Citation|une pratique cachée de l'arithmétique, l'esprit n'ayant pas conscience qu'il compte}} ({{Citation étrangère|langue=la|musica est exercitium arithmeticae occultum nescientis se numerare animi}}).

Sans y consacrer des développements exhaustifs, sa correspondance avec le fonctionnaire [[Conrad Henfling]] témoigne d'un vif intérêt pour celle-ci. Il y discute notamment de la notion de consonance ainsi que du classement des intervalles et des accords consonants, et du concept de [[Gammes et tempéraments dans la musique occidentale|tempérament]].

Or, Leibniz met cependant en garde contre elle, car en tant que plaisir de l'esprit, on peut y perdre trop de temps. Il l'explicite notamment comme suit : {{Citation|les plaisirs des sens qui approchent le plus des plaisirs de l'esprit <, et qui sont les plus purs et les plus seurs>, sont ceux de la musique […]}} et {{Citation|la seule chose qu'on y peut craindre, c'est d'y employer trop de temps}}.

Aussi, Leibniz lui accorde un rôle subalterne, comparé aux autres disciplines. Ce qui explique probablement le fait qu'il n'ait pas produit d'études musicologiques approfondies. Patriche Bailhache argumente en ce sens, en citant Leibniz : {{Citation|les plaisirs des sens se réduisent à des plaisirs intellectuels confusément connus. La Musique nous charme […]}} (GP, VI, {{p.|605}}).

Dans ces conditions, selon Patriche Bailhache<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Patrice Bailhache|titre=Actes du colloque L'actualité de Leibniz : les deux labyrinthes "La musique, une pratique cachée de l'arithmétique?"|lieu=Cerisy|éditeur=Studia Leibniztiana|date=15-22 juin 1995|isbn=}}</ref> "''les mathématiques, la philosophie, la religion sont des disciplines bien plus élevées en dignité que la musique, et même que la théorie de la musique (car cette théorie regarde un objet de valeur inférieure)''".

== Postérité ==
=== Héritage, critiques et controverses ===
{{...}}

À sa mort, Leibniz ne jouit pas d'une bonne image. Il est en effet mêlé à une querelle de paternité concernant le [[calcul infinitésimal]] avec [[Isaac Newton]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Alfred R. Hall|titre=Philosophers at Mar|sous-titre=The Quarrel Between Newton and Leibniz|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2002|isbn=|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=DJnquszl8CUC}}</ref> : Newton et Leibniz avaient tous deux trouvé les techniques de calculs de dérivation et d'intégration. Leibniz publie le premier en 1684 alors que Newton ne publie qu'en 1711{{sfn|Hall|2002|p=18}} des travaux qu'il aurait effectués près de 40 ans plus tôt, dans les années 1660-1670{{sfn|Hall|2002|p=[https://assets.cambridge.org/97805212/27322/sample/9780521227322ws.pdf Préface]}}.

Leibniz et son disciple [[Christian Wolff (philosophe)|Christian Wolff]] influenceront fortement [[Emmanuel Kant]]{{note|group=n|On compte ainsi 495 mentions de Leibniz dans les écrits de Kant (hors notes) et 200 pour Wolff, contre 275 pour [[Isaac Newton]], 225 pour [[René Descartes]] et 95 pour [[David Hume]]<ref group="R" name="look-kant"/>.}}{{,}}<ref group="R" name="look-kant">{{harvsp|Look|2011|loc=Aftermath - Kant, the Leibnizians and Leibniz}}.</ref>. Il n'est cependant pas clairement établi de quelle manière les idées leibniziennes influenceront les thèses kantiennes<ref group="R" name="look-kant"/>. Notamment, on ne sait pas vraiment si Kant, dans le commentaire qu'il fait des thèmes leibniziens, commente directement Leibniz ou ses héritiers<ref group="R" name="look-kant"/>.

En [[1765]], la parution des ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'' offre pour la première fois un accès direct à la pensée leibnizienne, indépendamment de l'image transmise par Wolff<ref name="columbia"/>. Cet événement a un effet décisif sur la philosophie de Kant et sur les [[Aufklärung|Lumières allemandes]] (''{{langue|de|Aufklärung}}'')<ref name="columbia"/>.

Chez les [[Lumières (philosophie)|Lumières]], les points de vue sur Leibniz sont partagés. D'un côté, [[Jean-Jacques Rousseau]] puise une partie de son apprentissage chez Leibniz<ref>{{Ouvrage |prénom1=Victor Donatien |nom1=Musset |titre=Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau |éditeur=Pélicier |année=1821 |pages totales=38 |consulté le=20 septembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Géraldine Lepan|titre=Rousseau|sous-titre=une politique de la vérité|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2015|pages totales=319|passage=13|isbn=978-2-7011-9153-9}}</ref> ; [[Denis Diderot]] en fait l'éloge dans l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', et malgré de nombreuses oppositions entre les deux philosophes<ref group="A" name="stanford"/>, on retrouve des similarités notables entre les ''[[Nouveaux Essais sur l'entendement humain]]'' de Leibniz et les ''[[Pensées sur l'interprétation de la nature]]'' de Diderot<ref>{{Ouvrage |auteur1=Christian Leduc |titre=Leibniz et Diderot |sous-titre=Rencontres et transformations |éditeur=[[Presses de l'Université de Montréal]] |année=2015 |passage=153-171 |isbn= |lire en ligne=http://books.openedition.org/pum/2181 |titre chapitre=L'analogie leibnizienne dans le débat entre Diderot et Maupertuis}}.</ref>. Cependant, à la même époque, la [[théodicée]] de Leibniz, et son idée de [[meilleur des mondes possibles]], seront fortement critiquées de manière satirique par [[Voltaire]] dans son [[conte philosophique]] ''[[Candide]]'' à travers le personnage de Pangloss<ref group="A" name="evil">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Université Stanford]]|titre= Leibniz on the Problem of Evil|url= https://plato.stanford.edu/entries/leibniz-evil/|date= 4 janvier 1998 (révisé le 27 février 2013)|site= [[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=21 décembre 2017}}.</ref>.

Leibniz a également fortement influencé le [[neurophysiologie|neurophysiologiste]], [[psychologue]] et [[philosophe]] [[Wilhelm Wundt]], connu comme le fondateur de la [[psychologie]] en tant que discipline expérimentale<ref name="influence-wundt">{{Lien web |langue= en|auteur= Jochen Fahrenberg|titre= The influence of Gottfried Wilhelm Leibniz on the Psychology, Philosophy, and Ethics of Wilhelm Wundt|url= https://freidok.uni-freiburg.de/dnb/download/12694|date= 1998|site= site officiel de l'[[université de Fribourg]]|consulté le=28 janvier 2018}}.</ref>. Ce dernier lui consacrera une monographie en 1917<ref name="influence-wundt"/>.

Au {{s|XX}}, le logicien [[Kurt Gödel]] a été fortement influencé par Leibniz (ainsi que par [[Emmanuel Kant|Kant]] et [[Edmund Husserl|Husserl]]) et a étudié de manière intensive les travaux de ce dernier entre [[1943]] et [[1946]]<ref group="A" name="godel">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Université Stanford]]|titre= Kurt Gödel|url= https://plato.stanford.edu/entries/goedel/|date= 13 février 2007|site= [[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]|consulté le=15 janvier 2018}}.</ref>. Il était par ailleurs persuadé qu'une [[conspiration]] était à l'origine de la suppression de certains travaux de Leibniz<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=John W. Dawson, Jr. |titre=Logical Dilemmas |sous-titre=The Life and Work of Kurt Gödel |éditeur=A K Peters, Ltd. |année=2005 |passage=166 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gA8SucCU1AYC&pg=PA166}}.</ref>. Gödel considérait que la [[caractéristique universelle]] était réalisable<ref>{{Article |langue= en|auteur1= Paola Cantù|titre= The Right Order of Concepts: Graßmann, Peano, Gödel and the Inheritance of Leibniz's Universal Characteristic|périodique= Philosophia Scientæ (publié sur [[OpenEdition]])|volume= 18-1|date= 2014|lire en ligne= http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/921|consulté le=15 janvier 2018 }}.</ref>.

En 1968, Michel Serres sort son premier livre, ''Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques''. La lecture de Leibniz l'accompagnera toute sa vie, déclarant par exemple {{Citation|Internet c'est Leibniz sans Dieu}}<ref>{{Lien web|titre=Internet, c’est vraiment du Leibniz sans Dieu… {{!}} Philosophie Magazine|url=https://www.philomag.com/les-idees/internet-cest-vraiment-du-leibniz-sans-dieu-2089|site=www.philomag.com|consulté le=2020-05-28}}</ref>.

=== Distinctions et hommages ===
Plusieurs institutions ont été nommées en son hommage :
* l'[[université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre]], qui a pris ce nom en [[2006]], à l'occasion du {{360e|anniversaire}} du savant<ref name="univ">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre]]|titre= Warum ein neuer Name für die Universität Hannover?|url= https://www.uni-hannover.de/de/universitaet/leibniz/entscheidung/|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref> ;
* le réseau d'instituts de recherche [[Leibniz-Gemeinschaft]] (« communauté Leibniz »), dont le choix du nom fait référence à l'universalité du savoir de Leibniz<ref name="gemeinschaft">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Leibniz-Gemeinschaft]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://www.leibniz-gemeinschaft.de/ueber-uns/gottfried-wilhelm-leibniz/|consulté le=5 janvier 2018}} (version en anglais : {{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Leibniz-Gemeinschaft]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://www.leibniz-gemeinschaft.de/en/about-us/gottfried-wilhelm-leibniz/|consulté le=2 juin 2018}}).</ref> ;
* la [[Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft]] (« société Gottfried Wilhelm Leibniz »), fondée en 1966 à Hanovre pour approfondir la connaissance des travaux de Leibniz<ref name="gesellschaft">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft]]|titre= Startseite|url= http://www.gottfried-wilhelm-leibniz-gesellschaft.de/startseite.html|consulté le=15 janvier 2018}}.</ref> ;
* la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]], nom qu'elle prit en [[2005]] en l'honneur du philosophe qui en fut le directeur de [[1676]] à [[1716]]<ref group="C" name="gwlb-history">{{Lien web |langue= de|auteur institutionnel= [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]|titre= Geschichte der Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek|url= http://www.gwlb.de/ueber_uns/Geschichte/index.htm|site= gwlb.de|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref>.

Par ailleurs, un prix nommé en son honneur, le [[prix Gottfried-Wilhelm-Leibniz]], décerné chaque année depuis [[1986]] par la [[Fondation allemande pour la recherche]], est l'une des plus prestigieuses récompenses en Allemagne dans le domaine de la [[recherche scientifique]]<ref name="prix">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Fondation allemande pour la recherche]]|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz Prize|url= http://www.dfg.de/en/funded_projects/prizewinners/leibniz_prize/index.html|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref>.

En [[mathématiques]], il a donné son nom :
* à l'[[algèbre de Leibniz]] ;
* aux différentes [[formule de Leibniz|formules de Leibniz]] ;
* à la [[notation de Leibniz]] ;
* aux différentes {{page h'|règle de Leibniz|règles de Leibniz}} ;
* aux [[fonction de Leibniz|fonctions de Leibniz]].

En [[astronomie]], il a donné son nom :
* au [[cratères lunaires|cratère lunaire]] [[Leibnitz (cratère)|Leibnitz]]<ref name="st-andrews"/> ;
* à l'[[astéroïde]] [[(5149) Leibniz]]<ref name="5149-1">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Centre des planètes mineures]]|titre= (5149) Leibniz|url= https://minorplanetcenter.net/db_search/show_object?object_id=5149|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="5149-2">{{Lien web |langue= en|auteur institutionnel= [[Jet Propulsion Laboratory]]|titre= 5149 Leibniz (6582 P-L)|url= https://ssd.jpl.nasa.gov/sbdb.cgi?sstr=5149|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref>.

À [[Paris]], il a donné son nom à la [[rue Leibniz]] et au [[square Leibniz]] dans le [[18e arrondissement de Paris|{{18e}} arrondissement]]<ref name="st-andrews"/>.

La biscuiterie [[Bahlsen]] vend depuis [[1891]] des biscuits appelés « Leibniz-Keks »<ref group="D" name="keks">{{Lien web |langue= de|titre= Leibniz-Keks|url= https://www.hannover.de/Wirtschaft-Wissenschaft/Wissenschaft/Initiative-Wissenschaft-Hannover/Leibniz-in-Hannover/Leibnizkeks-und-andere-Denkmale/Leibniz-Keks|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref>, la biscuiterie étant basée à Hanovre<ref name="balhsen-faq">{{Lien web |langue= de|auteur= [[Bahlsen]]|titre= FAQ|url= http://www.bahlsen.de/de/faq|description=section « Woher kommt der Name „BAHLSEN HANNOVER WAFFELN“ ? »|consulté le=5 janvier 2018}}.</ref> où le philosophe a vécu pendant 40 ans<ref name="st-andrews"/>.

La maison dans laquelle il vécut du {{date|29 septembre 1698}} à sa mort en 1716, datant de [[1499]], fut détruite par des bombardements aériens dans la nuit du {{date|8 octobre-}} au {{date|9 octobre 1943}}. Une reproduction fidèle (''{{langue|de|Leibnizhaus}}'', « maison de Leibniz ») {{incise|non située à l'emplacement original qui n'était pas disponible, mais quand même à proximité dans la vieille ville}} fut édifiée entre [[1981]] et [[1983]]<ref group="D" name="house">{{Lien web |langue= en|titre= House of Leibniz|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016/House-of-Leibniz|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>.

À l'occasion des {{nobr|370 ans}} de sa naissance et du {{300e|anniversaire}} de sa mort, année qui correspond aussi aux 10 ans du renommage de l'université de Hanovre et aux {{nobr|50 ans}} de la société Gottfried Wilhelm Leibniz, la ville de Hanovre déclare l'année [[2016]] « Année de Leibniz »<ref group="D" name="year-of-leibniz">{{Lien web |langue= en|titre= Year of Leibniz 2016|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>.

Deux monuments sont dédiés à sa mémoire à Hanovre : le mémorial Leibniz, une plaque de bronze taillée pour représenter son visage<ref group="D" name="memorial">{{Lien web |langue= en|titre= Leibniz Memorial|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016/Leibniz-Memorial|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>, et le temple Leibniz, situé dans le parc {{Lien|langue=en|fr=Georgengarten}}<ref group="D" name="temple">{{Lien web |langue= en|titre= Leibniz Temple|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016/Leibniz-Temple|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>. Par ailleurs, des mentions du philosophe peuvent être rencontrées en différents endroits de la ville<ref group="D" name="bio">{{Lien web |langue= en|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz|url= https://www.hannover.de/en/Tourism-Culture/Event-Highlights/Specials/Year-of-Leibniz-2016/Gottfried-Wilhelm-Leibniz|site= site officiel de la ville de [[Hanovre]]|consulté le=9 janvier 2018}}.</ref>.

[[Ernst Hähnel]] a réalisé une statue de Leibniz à [[Leipzig]] (ville natale du philosophe), le ''{{langue|de|Leibniz Forum}}'', en [[1883]]<ref name="leipzig-monument">{{Lien web |langue= de, en|titre= Gottfried Wilhelm Leibniz's alter ego - For Leibniz 2016|url= https://www.archiv.uni-leipzig.de/blog/gottfried-wilhelm-leibnizs-alter-ego-leibniz-jahr-2016/|site= site officiel de l'[[université de Leipzig]]|consulté le=4 juin 2018}}.</ref>. D'abord exposée à l'[[Église Saint-Thomas de Leipzig|église Saint-Thomas]], elle est déplacée dans la cour de l'[[université de Leipzig|université de la ville]] en [[1896]]-[[1897]], et survit miraculeusement aux bombardements de {{date|décembre 1943}}<ref name="leipzig-monument"/>. En [[1968]], lors de la construction du nouveau bâtiment de l'université, la statue est de nouveau déplacée<ref name="leipzig-monument"/>.

<gallery>
Fichier:Leibniz Haus 2008.jpg|Maison de Leibniz à [[Hanovre]] (reconstruite).
Fichier:Leibniz denkmal.JPG|Le mémorial Leibniz à [[Hanovre]].
Fichier:Leibniztempel 2010.jpg|Le temple Leibniz (''Leibniztempel'') à [[Hanovre]].
Fichier:Leibniz-Denkmal.jpeg|Statue de Leibniz à [[Leipzig]] par [[Ernst Hähnel]].
</gallery>

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=n}}

=== Notes sur les titres ===
{{Références|groupe=t}}

=== Références ===
* ''[[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]''
{{Références|taille=30|groupe=A}}

* Site de la [[Bibliothèque nationale de France]]
{{Références|taille=30|groupe=B}}

* Site de la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]
{{Références|taille=30|groupe=C}}

* Site officiel de la ville de [[Hanovre]]
{{Références|taille=30|groupe=D}}

* Références relatives à la classification de l'édition complète
{{Références|taille=30|groupe=Q}}

* Renvois à la bibliographie
{{Références|taille=20|groupe=R}}

* Autres références
{{Références|taille=30}}

== Annexes ==
=== Bibliographie ===
==== Éditions des œuvres de Leibniz ====
* [[Louis Dutens]], ''Gotbofridi Guillelmi Leibnitii Opera omnia'', Genève, 1760, 6 tomes ([https://archive.org/search.php?query=title%3A%28Gothofredi%20Guillelmi%20Leibnitii%20opera%20omnia%29 en ligne]).
* [[Johann Eduard Erdmann|Erdmann]], ''God. Guil. Leibnitii Opera Philosophica quae exstant latina gallica germanica omnia'', Berolini, 1840 ([https://archive.org/search.php?query=title%3A%28Leibnitii%20Opera%20Philosophica%20quae%20exstant%29 en ligne]).
* [[Foucher de Careil]], ''Œuvres de Leibniz'', 6 t., {{1re}}{{éd.}}, Paris, 1859-1865 ; {{t.|{{VII}}}}, {{2e}}{{éd.}}, Paris, 1875.
* [[Carl Immanuel Gerhardt|C. I. Gerhardt]], ''{{langue|de|Die Mathematische Schriften}}'', Berlin, 1850-1853, réimpr. {{langue|de|Georg Olms Verlag}}, 1962. Sur Archive : [https://archive.org/details/leibnizensmathe16leibgoog {{nobr|tome 1}}], [https://archive.org/details/leibnizensmathe14leibgoog {{nobr|tome 2}}], [https://archive.org/details/leibnizensmathe13leibgoog {{nobr|tome 3}}],[https://archive.org/details/leibnizensmathe06leibgoog {{nobr|tome 4}}], [https://archive.org/details/leibnizensmathe07leibgoog {{nobr|tome 5}}], [https://archive.org/details/leibnizensmathe04leibgoog {{nobr|tome 6}}], [https://archive.org/details/leibnizensmathe12leibgoog {{nobr|tome 7}}].
* [[Carl Immanuel Gerhardt|C. I. Gerhardt]], ''{{langue|de|Die Philosophischen Schriften}}'', Berlin, 1875-1890, réimpr. {{langue|de|Georg Olms Verlag}}, 1978. Sur Archive : [https://archive.org/details/diephilosophisc05leibgoog {{nobr|tome 1}}], [https://archive.org/details/diephilosophisc00leibgoog {{nobr|tome 2}}],[https://archive.org/details/diephilosophisc01unkngoog {{nobr|tome 3}}], [https://archive.org/details/diephilosophisc05gerhgoog {{nobr|tome 4}}], [https://archive.org/details/diephilosophisc09gerhgoog {{nobr|tome 5}}], [https://archive.org/details/diephilosophisc04gerhgoog {{nobr|tome 6}}], [https://archive.org/details/diephilosophisc00gerhgoog {{nobr|tome 7}}].
* {{Ouvrage |nom1=[[Louis Couturat]] |titre=Opuscules et fragments inédits de Leibniz |sous-titre=Extraits des manuscrits de la bibliothèque de Hanovre |lieu=Paris |éditeur=[[Félix Alcan]] |année=1903 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68142b?rk=21459;2 |id=Couturat1903}}.
* ''Œuvres choisies'', éd. [[Lucy Prenant]]. Paris, 1940 (rééd. 1972).
* Deutsche Akademie der Wissenschaften, ''{{langue|de|Sämtliche Schriften und Briefe}}'', Berlin, 1923-... ([[Œuvres complètes, édition de Berlin]]).

Traductions en français d’œuvres mathématiques :
* {{Ouvrage|langue=la, fr|langue originale=la|auteur1=Leibniz|traducteur=Marc Parmentier,|titre=Quadrature arithmétique du cercle, de l’ellipse et de l’hyperbole et la trigonométrie sans tables trigonométriques qui en est le corollaire|lieu=Paris|éditeur=Vrin|année=2004|pages totales=369|isbn=2-7116-1635-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fNTUULXHmQ0C|id=QdC}}.
* ''L’estime des apparences. {{nobr|21 manuscrits}} de Leibniz sur les probabilités, la théorie des jeux, l’espérance de vie'' ; texte établi, trad., introd. et annoté par Marc Parmentier. Paris : J. Vrin, 1995. (Mathesis) {{ISBN|2-7116-1229-5}}.
* ''La caractéristique géométrique'' ; texte établi et annoté par Javier Echeverría ; traduit, annoté par Marc Parmentier. Paris : J. Vrin, 1995. (Mathesis) {{ISBN|2-7116-1228-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=la|auteur1=Leibniz|traducteur=Marc Parmentier|préface=Michel Serres|titre=La naissance du calcul différentiel|lieu=Paris|éditeur=Vrin|année=1989|pages totales=504|isbn=2-7116-0997-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=lfEy-OzaWkQC}}. {{commentaire biblio|Réunion de {{nobr|26 articles}} parus dans les « {{latin|[[Acta Eruditorum]]}} ». – texte en français seul, traduction du latin.}}

==== Études sur Leibniz ====
{{Légende plume}}
* [[Yvon Belaval]], ''Leibniz de l'âge classique aux Lumières'', Paris, Beauchesne, 1995.
* {{Ouvrage |auteur1=Yvon Belaval |titre=Leibniz |sous-titre=initiation à sa philosophie |éditeur=Vrin |collection=Bibliothèque d'histoire de la philosophie |année=2005 |isbn= |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=Q7XFrALaw7MC}}.
* Yvon Belaval, ''Leibniz, critique de Descartes'', Gallimard, « Tel », 1960.
* Yvon Belaval, ''Études leibniziennes, de Leibniz à Hegel'', Gallimard, « Tel », 1993.
* Laurence Bouquiaux, ''L’Harmonie et le chaos. Le rationalisme leibnizien et la ‘‘ nouvelle science ’’'', Louvain-Paris, Peeters, coll.« Bibliothèque philosophique de Louvain », 1994.
* [[Fernand Brunner]], ''Études sur la signification historique de la philosophie de Leibniz'', Vrin, Paris, 1950.
* {{la}} [[Israel Gottlieb Canz]], ''{{langue|la|Philosophiæ Leibnitianæ et Wolfianæ usus in Theologia}}'' (1728).
* Jean-Pierre Coutard, ''Le vivant chez Leibniz'', L'Harmattan, 2007, {{nb p.|591}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Louis Couturat]] |titre=La logique de Leibniz |éditeur=Georg Olms Verlag |année=1901 |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=IBh_NPhWa44C}} {{incise|{{Gallica |id=cb30283028g |t=La logique de Leibniz |url seulement= }}|fin}}.
* [[Gilles Deleuze]], ''Le Pli – Leibniz et le baroque'', Les éditions de Minuit ({{coll.|Critique}}), Paris, 1988, 191{{nb p.}}
* Claire Fauvergue, ''[[Denis Diderot|Diderot]], lecteur et interprète de Leibniz'', Honoré Champion, 2006.
* [[Michel Fichant]], ''L’invention métaphysique'' (introduction à l’édition Folio de la ''Monadologie''), Folio, 2004.
* François Gaquère, ''Le dialogue Irénique Bossuet - Leibniz'', Paris, Beauchesne, 1966.
* [[Martial Gueroult]], ''Leibniz, Dynamique et métaphysique'', rééd. Aubier, 1967.
* {{Ouvrage|auteur1=Herbert H. Knecht|titre=La Logique chez Leibniz|sous-titre=essais sur le rationalisme baroque|éditeur=[[Éditions L'Âge d'Homme|L'Âge d'Homme]]|collection=Dialectica|année=1981|isbn=|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=4KG7WYuNsEYC}}.
* Mogens Laerke, ''Leibniz lecteur de [[Baruch Spinoza|Spinoza]]''. La genèse d'une opposition complexe, Paris, Honoré Champion, coll. Travaux de philosophie, 2008.
* {{Ouvrage|auteur1=Vincent Leroux|titre=Le jeu dans la pensée de Leibniz|lieu=Université Paris-Diderot|éditeur=|année=2015|isbn=|lire en ligne=https://www.academia.edu/20833525/Le_jeu_dans_la_pensée_de_Leibniz}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Brandon Look|titre=The Continuum Companion to Leibniz|lieu=Londres|éditeur=A&C Black|année=2011|pages totales=334|isbn=978-0-8264-2975-9|isbn2=0-8264-2975-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=PTmmjB3nDyoC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=George MacDonald Ross|titre=Leibniz|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1984|pages totales=120|isbn=|lire en ligne=https://www.academia.edu/925996/Leibniz}}.
* Gottfried Martin, ''Leibniz. Logique et Métaphysique'', Paris, Beauchesne, 1966.
* Massimo Mugnai, « Leibniz, le penseur de l’universel », ''Les génies de la science'', {{date-|août 2006}}, {{numéro|28}}.
* Jean-Baptiste Rauzy, ''La doctrine leibnizienne de la vérité. Aspects logiques et ontologiques'', Paris, Vrin, 2001.
* [[Bertrand Russell]], ''La philosophie de Leibniz'' (1900), Éditions des archives contemporaines – EAC, 2000.
* {{Ouvrage|auteur1=José Muñoz Santonja|traducteur=Simon Prime|titre=L'invention du calcul infinitésimal|sous-titre=Leibniz|lieu=Barcelone|éditeur=RBA Coleccionables|année=2018|pages totales=167|isbn=978-84-473-9314-5|plume=oui}}
* Michel Serfati, ''La révolution symbolique : La constitution de l'écriture mathématique'', Paris, Éditions Pétra, 2005.
* [[Michel Serres]], ''Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques'', Paris, [[Presses universitaires de France|PUF]], 1968 ; rééd. en {{nobr|1 volume}}.
* [[Gabriel Tarde]], ''Monadologie et sociologie'', 1893, [[Les Empêcheurs de penser en rond]], 1999.

=== Articles connexes ===
{{Liste verticale-horizontale|
* [[Leibniz - Œuvres complètes, édition de Berlin|Œuvres complètes, édition de Berlin (''Akademie-Ausgabe'')]]
* [[Carl Immanuel Gerhardt|Édition de Gerhardt]]
* Philosophie
** [[Caractéristique universelle]]
** [[Compossibilité]]
** ''[[Monadologie]]''
** [[Principe de raison suffisante]]
** ''{{langue|de|[[Aufklärung]]}}''
** ''{{langue|la|[[mathesis universalis]]}}''
* Théologie
** ''[[Essais de Théodicée]]''
** [[Meilleur des mondes possibles]]
}}
* Physique :
** [[Force vive|Force vive (énergie)]]
** [[Action (physique)]]
* Mathématiques :
** [[Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes]], premier ouvrage en français traitant du calcul différentiel de Leibniz.
** [[Formule de Leibniz|Formules de Leibniz]] : pour la [[dérivée]] nième d’un produit, pour le calcul de <math>\pi</math>, pour le calcul du [[déterminant (mathématiques)|déterminant]]
** [[Fonction de Leibniz|Fonction vectorielle et fonction scalaire de Leibniz]] dans les [[barycentre]]s ainsi que le [[théorème de Leibniz]] dans ce même domaine
** [[Isochrone de Leibniz]]
** Critère de Leibniz pour la convergence d’une [[série (mathématiques)|série alternée]]
** [[Mathématiques en Europe au XVIIe siècle|Mathématiques en Europe au {{s-|XVII}}]]
* [[Leibniz-Gemeinschaft|Communauté scientifique Leibniz]] : réseau allemand d'instituts de recherches scientifiques.

=== Liens externes ===
{{Autres projets
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| wikisource = Gottfried Wilhelm Leibniz
}}
{{Catégorie principale}}

; Présentations générales
* [http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Gottfried_Wilhelm_Leibniz/129339 Présentation de Leibniz] sur l'[[Encyclopédie Larousse]]
* {{en}} [https://plato.stanford.edu/entries/leibniz/ Présentation de Leibniz] de la ''[[Stanford Encyclopedia of Philosophy]]'' sur le site de l'[[université Stanford]] (plus axée sur la partie philosophie)
* {{en}} [http://www.iep.utm.edu/leib-ove/ Présentation de Leibniz] de l'''[[Internet Encyclopedia of Philosophy]]'' sur le site de l'[[université du Tennessee à Martin]] (plus axée sur la partie philosophie)
* {{de}} [http://www.gwlb.de/Leibniz/ Présentation de Leibniz] sur le site de la [[Bibliothèque Gottfried-Wilhelm-Leibniz]]
* {{de}} [http://wer-war-leibniz.de// Wer war Leibniz], site du tricentenaire de sa mort
{{Liens}}
Extraits des textes de Leibniz : http://editionsfads.ch/pdf/Extraits_des_textes_de_Leibniz.pdf
; Œuvres numérisées
* [http://data.bnf.fr/11912259/gottfried_wilhelm_leibniz/ Index des œuvres de Leibniz] sur le site de la [[Bibliothèque nationale de France]]
* [http://docnum.unistra.fr/cdm/search/searchterm/Leibniz%2C%20Gottfried%20Wilhelm/field/creato/mode/all/conn/and/order/creato Ouvrages de Leibniz] numérisés par le [[bibliothèque universitaire|Service commun de la documentation]] de l'[[université de Strasbourg]]

; Cours
* Cours de [[Gilles Deleuze]] sur Leibniz [http://www.webdeleuze.com/php/liste_texte.php?groupe=Leibniz].
* Cours de [[Jacques Bouveresse]] au [[Collège de France]] en 2009 et 2010 : « Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibniz » : [http://www.college-de-france.fr/site/jacques-bouveresse/course-2008-2009.htm partie 1] et [http://www.college-de-france.fr/site/jacques-bouveresse/course-2009-2010.htm partie 2] sur le site du Collège de France - [http://books.openedition.org/cdf/1785 transcription] sur [[OpenEdition]]

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{{DEFAULTSORT:Leibniz, Gottfried Wilhelm}}
[[Catégorie:Gottfried Wilhelm Leibniz| ]]
[[Catégorie:Étudiant de l'université de Leipzig]]
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[[Catégorie:Philosophe rationaliste]]
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[[Catégorie:Épistémologue allemand]]
[[Catégorie:Philosophe des sciences]]
[[Catégorie:Métaphysicien]]
[[Catégorie:Théoricien de la mécanique]]
[[Catégorie:Créateur de langues]]
[[Catégorie:Théoricien des jeux]]
[[Catégorie:Personnalité en combinatoire]]
[[Catégorie:Précurseur de l'informatique]]
[[Catégorie:Mémoire du monde]]
[[Catégorie:Page sans Infobox SHS souhaitée]]
[[Catégorie:Naissance en juillet 1646]]
[[Catégorie:Naissance à Leipzig]]
[[Catégorie:Naissance dans l'électorat de Saxe]]
[[Catégorie:Décès en novembre 1716]]
[[Catégorie:Décès à Hanovre]]
[[Catégorie:Décès dans l'électorat de Brunswick-Lunebourg]]
[[Catégorie:Décès à 70 ans]]
[[Catégorie:Mort de la goutte]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée à Hanovre]]
[[Catégorie:Éponyme d'un objet céleste]]
[[Catégorie:Assesseur]]