Voir la source de Ithkuil

{{En-tête label|AdQ|année=2019}}
{{Infobox Langue
|nom             =Ithkuil
|nomnatif        = iţkuîl 
|pays            =
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|typologie       =[[langue synthétique|synthétique]]
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|échantillon     =« ''Tram-mļöi hhâsmařpţuktôx'' »<br/><br/>{{API|/tramm̩ɬœɪ̯ h̪͆ɑsmaʁpθʊkto:x/}}<br/><br/>« Au contraire, je pense qu'il s'avérera que cette chaîne de montagne rugueuse s'amenuisera à partir d'un moment »
|nomfamille      =
|auteur          =John Quijada
|naissance       =1978
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|typelangueconstruite=langue philosophique<br/>langue expérimentale
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|légende image=Le mot « ''iţkuîl'' » en ithkuil.
}}

L''''ithkuil''' est une [[langue construite]] expérimentale et philosophique conçue par John Quijada depuis 1978. Le mot « ''iţkuîl'' », romanisé en « ithkuil » (en anglais : {{API|/ɪθˈkʊˌil/}} ; en ithkuil : {{API|/ˈɪθ.kʊ.il/}}, en français : potentiellement {{API|/is.kujl/}} ou {{API|/it.kujl/}}) signifie {{citation|représentation hypothétique du langage}}.

Pour Quijada, la conception de cette langue s'articule autour de trois points<ref name="grammar">{{Lien web|langue=en|auteur1=[[John Quijada]]|titre=Ithkuil: A Philosophical Design for a Hypothetical Language|url=http://www.ithkuil.net/00_intro.html|site=ithkuil.com|date=2011|consulté le=15 mars 2019}}.</ref> :
*la pensée humaine traite beaucoup plus d'informations qu'elle n'en exprime dans les langues naturelles ;
*toutes les langues naturelles connaissent l'imprécision, l'ambiguïté, la  redondance et l'arbitraire : l'ithkuil essaye donc de les limiter afin d'exprimer le plus explicitement possible l'intention du locuteur ;
*pour exprimer une grande quantité d'information au moyen d'éléments distincts, les mots ithkuils sont d'une grande complexité morphologique, et afin d'éviter que ces mots ne soient trop longs, les signifiants de base tendent à être très courts (souvent un seul phonème, voire seulement un [[tonème]]) bien que la concision ne soit pas un but ''per se'' de cette langue.

Quijada précise bien dans son introduction que la grammaire et le lexique de sa langue ont été conceptualisés d'un ensemble de catégories ''cognitives'' auxquelles il s'est efforcé de trouver une expression linguistique la plus explicite et concise possible (d'où l'utilisation de morphèmes souvent très courts), et ce indépendamment de leur correspondance ou non avec les langues naturelles<ref name="grammar"/>. Si l'ithkuil possède un système phonologique descriptible dans les mêmes termes que celui de n'importe quelle langue naturelle et peut de ce fait être utilisé de même, c'est cependant une langue expérimentale qui n'a pas été conçue pour être parlée, mais pour explorer une manière dont le langage humain ''pourrait'' fonctionner.

== Caractéristiques linguistiques ==

=== Phonologie ===
==== Système phonologique ====
Comme le remarque [[David J. Peterson]], la [[phonologie]] de l'ithkuil peut d'abord faire penser au travail d'un novice en [[Langue construite|idéolinguistique]], car il distingue des consonnes sur un nombre irréaliste de [[Point d'articulation|points d'articulations]]<ref name=":2">{{Lien web|langue=en|auteur1=[[David J. Peterson]]|titre=The 2008 Smiley Award Winner: Ithkuil|url=http://dedalvs.com/smileys/2008.html|site=dedalvs.com|date=2008|consulté le=25 juin 2016}}.</ref> (en réalité, certaines langues naturelles ont un système consonantique assez similaire à celui de l'ithkuil, comme les langues du Nord du Caucase). À l'instar de certaines langues comme le [[finnois]], l'orthographe restitue très fidèlement la prononciation. 

Comme les signifiants de base en ithkuil sont très brefs, chaque phonème peut constituer un morphème à lui seul{{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|3}}}} (ce phénomène existe dans des langues comme l'[[abkhaze]] où les morphèmes sont souvent très courts).

Là où l'[[hawaïen]] dispose de 18 [[phonème]]s, l'anglais d'environ 42 et le français d'environ 33 (en fonction des [[dialecte]]s), l'ithkuil en a 58 (45 consonnes et 13 voyelles){{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|3}}}}.
===== Consonnes =====

Une des particularités remarquables du système consonantique de l'ithkuil est d'avoir quatre séries d'occlusives et d'affriquées : sonores, sourdes, sourdes aspirées, sourdes glottalisées. Ces séries ne présentent pas de lacunes, à l'exception des occlusives uvulaires qui n'ont pas de représentant sonore. Contrairement au français, <d t n> représentent des articulations dentales et non alvéolaires.

{| class="wikitable center"
|+Consonnes de l'ithkuil (avec phonème et graphème correspondant)
!scope=col colspan="2" rowspan="2" |Point d'articulation →
Mode d'articulation ↓
!scope=col rowspan="2" |Labial
!scope=col rowspan="2" |Dental
!scope=col colspan="2" |Alvéolaire
!scope=col rowspan="2" |Post-alvéolaire
!scope=col rowspan="2" |Rétroflexe
!scope=col rowspan="2" |Palatal
!scope=col rowspan="2" |Vélaire
!scope=col rowspan="2" |Uvulaire
!scope=col rowspan="2" |Glottal
|-
!scope=col|Central
!scope=col|Latéral
|-
!scope=row colspan="2" |Nasal
|/m/ ‹m›
|/n̪/ ‹n›
|
|
|
|
|
|/ŋ/ ‹ň›
|
|
|-
!scope=row rowspan="4" |Occlusif
!scope=row|Voisé
|/b/ ‹b›
|/d̪/ ‹d›
|
|
|
|
|
|/g/ ‹g›
|
|
|-
!scope=row|Sourd
|/p/ ‹p›
|/t̪/ ‹t›
|
|
|
|
|
|/k/ ‹k›
|/q/ ‹q›
|/ʔ/ ‹’›
|-
!scope=row|Aspiré
|/pʰ/ ‹pʰ›
|/t̪ʰ/ ‹tʰ›
|
|
|
|
|
|/kʰ/ ‹kʰ›
|/qʰ/ ‹qʰ›
|
|-
!scope=row|Éjectif
|/pʼ/ ‹pʼ›
|/t̪ʼ/ ‹tʼ›
|
|
|
|
|
|/kʼ/ ‹kʼ›
|/qʼ/ ‹qʼ›
|
|-
!scope=row rowspan="4" |Affriqué
!scope=row|Voisé
|
|
|/d͡z/ ‹ż›
|
|/d͡ʒ/ ‹j›
|
|
|
|
|
|-
!scope=row|Sourd
|
|
|/t͡s/ ‹c›
|
|/t͡ʃ/ ‹č›
|
|
|
|
|
|-
!scope=row|Aspiré
|
|
|/t͡sʰ/ ‹cʰ›
|
|/t͡ʃʰ/ ‹čʰ›
|
|
|
|
|
|-
!scope=row|Éjectif
|
|
|/t͡sʼ/ ‹c’›
|
|/t͡ʃʼ/ ‹č’›
|
|
|
|
|
|-
!scope=row rowspan="2" |Fricatif
!scope=row|Voisé
|/v/ ‹v›
|/ð/ ‹dh›
|/z/ ‹z›
|
|/ʒ/ ‹ž›
|
|
|
|
|
|-
!scope=row|Sourd
|/f/ ‹f›
|/θ/ ‹ṭ›
|/s/ ‹s›
|/ɬ/ ‹ļ›
|/ʃ/ ‹š›
|
|/ç/ ‹ç›
|/x/ ‹x›
|/χ/ ‹xh›
|/h/ ‹h›
|-
!scope=row colspan="2" |Spirant
|
|
|
|/l/ ‹l›
|
|
|/j/ ‹y›
|/w/ ‹w›
|/ʁ̞/ ‹ř›
|
|-
!scope=row colspan="2" |Battu
|
|
|
|
|
|/ɽ/ ‹r›
|
|
|
|
|}

===== Voyelles et diphtongues =====

Il existe treize timbres vocaliques et six degrés d'aperture, ce qui est un nombre élevé (le système le plus courant comporte cinq timbres pour trois degrés d'aperture /a e i o u/)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claude|nom1=Hagège|titre=La structure des langues|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Que sais-je ?|année=2001|pages totales=127|passage=19|isbn=9782130524571}}.</ref>. L'ithkuil ignore les voyelles nasalisées. L'opposition de longueur n'intéresse qu'une partie du système : /ɪ/ vs /iː/, /ɛ/ vs /eː/, /ɔ/ vs /oː/ et /ʊ/ vs /uː/. Les longues sont d'un degré d'aperture plus fermées que les brèves correspondantes.

{| class="wikitable center"
|+Voyelles de l'ithkuil (avec phonème et graphème correspondant)
!scope=col rowspan="2" |Point d'articulation →
Aperture ↓
!scope=col colspan="2" |Antérieur
!scope=col rowspan="2" |Central
!scope=col colspan="2" |Postérieur
|-
!scope=col|Normal
!scope=col|Réduit
!scope=col|Réduit
!scope=col|Normal
|-
!scope=row|Fermée
|/iː/ ‹î›
|
|/ʉ/ ‹ü›
|
|/uː/ ‹û›
|-
!scope=row|Pré-fermée
|
|/ɪ/ ‹i›
|
|/ʊ/ ‹u›
|
|-
!scope=row|Mi-fermée
|/eː/ ‹ê›
|
|
|
|/oː/ ‹ô›
|-
!scope=row|Moyenne
|/ø̞/ ‹ö›
|
|/ə/ ‹ë›
|
|
|-
!scope=row|Mi-ouverte
|/ɛ/ ‹e›
|
|
|
|/ɔ/ ‹o›
|-
!scope=row|Ouverte
|
|
|/ä/ ‹a›
|
|/ɑ/ ‹â›
|}

L'ithkuil comporte également les 12 [[diphtongue]]s suivantes : /äɪ̯/, /ɛɪ̯/, /əɪ̯/, /ɔɪ̯/, /ø̞ɪ̯/, /ʊɪ̯/, /äʊ̯/, /ɛʊ̯/, /əʊ̯/, /ɪʊ̯/, /ɔʊ̯/, /ø̞ʊ̯/, toutes fermantes (l'élément principal est en première position) et descendantes (le premier élément est plus ouvert que le second, sauf pour /ʊɪ̯/ et /ɪʊ̯/ où les deux ont la même aperture). Comme toutes les diphtongues, elles constituent une syllabe unique (la langue se déplace durant l'émission de la voyelle, d'où le changement de timbre). 

Toute autre succession vocalique (comme celle dans ''iţkuîl'' par exemple) provoque un [[Hiatus (linguistique)|hiatus]]<ref name=":17">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 1: Phonology|url=http://www.ithkuil.net/01_phonology.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2019-01-02}}.</ref>, c'est-à-dire la succession de deux voyelles appartenant à deux syllabes distinctes (dans certains cas bien particuliers, une diphtongue peut aussi se scinder en deux voyelles hiatussées)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 1: Phonology, Section 1.2.3.1 "Separation of diphthongs into separate syllables|url=www.ithkuil.net/01_phonology.html#Sec1o2o3o1|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2019-03-20}}.</ref>.

En outre, les [[sonante]]s /l/, /m/, /n/, /ŋ/ et /r/ peuvent être [[Consonne syllabique|syllabiques]]<ref name=":17" />, c'est-à-dire constituer le [[noyau syllabique|noyau]] d'une syllabe, rôle le plus souvent tenu par une voyelle.

==== Prosodie ====

De façon générale, l'accent porte sur ''l'une des quatre dernières syllabes du mot''. 
 
Par défaut, l'accent se situe sur l'avant-dernière syllabe. Le déplacement accentuel (''stress shift'' en anglais) a un rôle morphologique en ithkuil : il peut alors se retrouver sur la dernière syllabe ou sur l'antépénultième (avant-avant-dernière), et occasionnellement même sur la pré-antépénultième (soit la quatrième syllabe en partant de la fin du mot).

On considère que les mots monosyllabiques portent l'accent par défaut, sur l'avant-dernière. Le déplacement d'accent sur l'antépénultième ou la finale se matérialise par l'adjonction d'une voyelle ''a'' soit avant (dans le premier cas), soit après le mot (dans le second cas).

L'ithkuil est également une langue tonale. Le ton de base, neutre, est un ton par défaut sans rôle morphophonologique : c'est le ton moyen. Il existe six autres tons fonctionnels, qui ont eux un rôle morphophonologique : haut, bas, montant, descendant, montant-descendant et descendant-montant. 

Chaque mot comporte une syllabe accentuée avec un de ces tons fonctionnels. Les syllabes qui suivent la syllabe accentuée portent le même ton que cette syllabe, tandis que les syllabes pré-accentuelles portent le ton neutre.

==== Phonotaxe et structure syllabique ====

La syllabisation de l'ithkuil suit ces trois règles générales :
*lorsqu'une consonne non-syllabique se trouve entre deux voyelles, elle constitue toujours l'attaque de la deuxième syllabe ;
*un groupe de deux consonnes situé entre deux voyelles est toujours à cheval sur deux syllabes : la première consonne constitue la finale de la première syllabe, la deuxième consonne l'attaque de la syllabe suivante ;
*pour un groupe intervocalique de trois consonnes, la 1{{ere}} et la 3{{e}} consonne appartiennent toujours à des syllabes différentes ; le statut de la consonne du milieu est variable car elle peut se lier soit à la 1{{ere}}, soit à la 3{{e}} (elle appartient alors à la syllabe de la consonne à laquelle elle est liée) :
**si un seul des deux groupes possibles est permis par la [[phonotaxe]], elle appartient à la syllabe de la consonne avec laquelle elle forme le groupe permis ;
**si les deux groupes possibles sont permis, la consonne appartient à la syllabe à laquelle elle est liée morphologiquement.

L'ithkuil permet les mots asyllabiques sans voyelle, constitués d'une à trois consonnes. La consonne finale (et initiale dans le cas d'un mot formé d'une seule consonne) doit être une nasale /m n ŋ/, la liquide /l/ ou une consonne fricative sourde /f θ s ʃ ç x χ ɬ/.

=== Grammaire ===

==== Aperçu général ====
L'ithkuil est une langue typiquement [[langue agglutinante|agglutinante]], avec des unités signifiantes de base brèves (parfois réduites à un seul phonème, des éléments non phonémiques comme les [[tonème]]s et la prosodie jouant aussi un rôle morphologique), ce qui lui donne une grande concision.

Les catégories qui nous sont familières de [[verbe|verbes]] et [[nom|noms]] n'existent pas à proprement parler, car ce ne sont pas en ithkuil des catégories ''cognitivement'' distinctes.

Dans le but d'être le plus précis possible, l'ithkuil possède un très grand nombre d'aspects linguistiques distincts. De ce fait, six ordres de mots différents sont valables, l'[[accent tonique]] et un système de [[Tonème|tons]] sont distinctifs<ref name=":2" />.

Très [[Langue agglutinante|agglutinant]], l'ithkuil peut comprendre des mots uniquement composés d'[[affixe]]s<ref name=":2" /> (ou de morphèmes liés, ce qui revient au même). Il utilise une [[Radical (linguistique)|racine]] consonantale (monoconsonantale pour les pronoms, mais généralement biconsonantale ou triconsonantale ailleurs) inspirée de la [[racine sémitique]]<ref name=":2" />.

Les verbes sont décomposés en vingt-deux catégories grammaticales (en comparaison, l'anglais et le français n'en ont que six : le [[Temps verbal|temps]], l'[[Aspect grammatical|aspect]], la [[Personne (grammaire)|personne]], le [[Nombre grammatical|nombre]], le [[Mode (grammaire)|mode]] et la [[Diathèse|voix]]){{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|1}}}} ; là où les langues ne distinguent que le mode, l'ithkuil verra par exemple le mode et l'illocution (ce qui fait la différence entre l'attitude et l'objectif du locuteur)<ref name=":18" />.

L'intention du locuteur peut être affinée dans le discours en usant d'un ou plusieurs des {{Nombre|1728|affixes}} facultatifs prévus à cet effet<ref name=":4" /> ; l'[[ironie]] est notamment marquée par le suffixe verbal « -''’kçç'' » et une [[Hyperbole (rhétorique)|hyperbole]] par « ''’m'' »{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|4}}}}. Le changement d'une seule voyelle de la racine peut permettre la distinction entre l'expectative (« j'ai vu et je m'y attendais ») et le bien-fondé contextuel (« j'ai vu et c'est normal »), pour ne citer qu'une des nombreuses distinctions possibles{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}}. Ces aspects, à l'instar du reste de la multitude d'aspects existants, sont divisés en neuf degrés (par exemple, le troisième degré du suffixe de bien-fondé contextuel suggère l'inadéquation sociale, en deçà du scandale mais au-delà de la surprise)<ref name=":6" />{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}}.

La vocation des affixes ithkuils dépasse de loin celle des affixes qu'on trouve dans les langues naturelles<ref name=":6" />. Ils servent par exemple à la gestion des [[Proposition relative|propositions relatives]], qui sont placées là où un nom décliné serait positionné, tandis que le verbe, placé au début de la proposition, est décliné lui aussi (si la proposition principale continue après la proposition relative, un suffixe supplémentaire peut être ajouté)<ref name=":6" />.

L'ithkuil ne distingue que deux [[Nature (grammaire)|parties du discours]] : les formatifs ({{Lang-en|''formatives''}}) et les compléments ({{Lang-en|''adjuncts''}})<ref name="ithC2" />. Les premiers peuvent constituer des noms ou des verbes selon la dérivation de la racine et en fonction du contexte [[Morphosyntaxe|morphosyntaxique]]<ref name="ithC2" />.

Le fonctionnement de l'ithkuil revisite si profondément celui des langues naturelles{{Référence souhaitée|date=12 février 2019}} qu'il n'y existe pas d'équivalent pour les verbes « être » et « avoir » (ce dernier étant exprimé au moyen d'une construction possessive, comme en [[russe]], en [[hongrois]] ou encore en [[finnois]]), ni « oui » et « non » (les affixes de biais pouvant être utilisés de manière autonome pour cela)<ref name=":16">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 7: Suffixes|url=http://www.ithkuil.net/07_suffixes.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2019-01-02}}.</ref>.

==== Syntaxe ====
L'[[ordre des mots]] par défaut en ithkuil est [[Langue VSO|VSO]] ou [[Langue VOS|VOS]], mais peut varier pour diverses raisons grammaticales<ref name=":6">{{Lien web|langue=en-US|titre=1. Ithkuil Initial Text {{!}} Language Creation Society|url=https://conlang.org/language-creation-conference/lcc6/lcc6-relay/1-ithkuil-initial-text/|site=conlang.org|consulté le=2018-07-17}}.</ref>, par exemple à cause des cas possessifs ou associatifs, de manière à séparer les subordonnées, préserver l'[[euphonie]] ou limiter la taille des mots<ref name=":15">{{Lien web|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 4: Case Morphology|url=http://www.ithkuil.net/04_case.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2019-01-02}}.</ref>. C'est au niveau de la syntaxe que se fait la [[Rhème|rhématisation]] : le rhème est toujours placé immédiatement après le verbe<ref name=":15" />.

==== Morphologie des formatifs ====
La [[Morphologie (linguistique)|morphologie]] des formatifs présente de nombreuses catégories grammaticales sans équivalent proche dans les langues naturelles, et chacune d'elles contient une série d'affixes facultatifs {{Incise|au nombre total de {{nombre|1728}}}} permettant d'en exprimer la teneur exacte<ref name=":4" />. Ces catégories affixales, qui gèrent notamment la quantification, sont les suivantes<ref name=":4" /> :
{| class="wikitable center"
|+Catégories des affixes s'appliquant aux formatifs en ithkuil
!scope=col|Catégorie
!scope=col|Indication
|-
|Configuration
|Gère la similarité physique et les relations entre les éléments d'un ensemble
|-
|Affiliation
|Gère la fonction subjective et/ou le rôle des éléments d'un ensemble
|-
|Perspective
|Gère la délimitation d'un ensemble d'éléments
|-
|Extension
|Gère la partie d'un ensemble à laquelle le discours fait référence
|-
|Essence
|Gère l'[[Abstraction (philosophie)|abstraction]] d'un ensemble d'éléments
|-
|Contexte
|Gère la pertinence existentielle de l'ensemble ([[Symbole|symbolicité]]{{Etc.}})
|-
|Désignation
|Gère la permanence de l'ensemble
|}

De surcroît, l'ithkuil dispose de {{Nombre|96|[[cas grammatical|cas grammaticaux]]}} pouvant infléchir aussi bien les formatifs verbaux que nominaux, et dont voici un dénombrement décomposé en groupes selon le rôle qu'ils tiennent<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 4: Case Morphology|url=http://www.ithkuil.net/04_case.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-07-11}}.</ref> :
{| class="wikitable center" style="width:50%"
|+Catégories des cas s'appliquant aux formatifs en ithkuil
!scope=col|Catégorie
!scope=col|Indication
!scope=col|Nombre de cas
|-
|Transrelatif
|Sert à l'identification des participants au formatif verbal
|11
|-
|Associatif
|Gère les relations non possessives entre les formatifs nominaux et les relations adverbiales avec les formatifs verbaux
|32
|-
|Possessif
|
|7
|-
|Temporel
|
|15
|-
|Spatial
|
|6
|-
|[[Vocatif]]
|
|1
|-
|[[Degré de comparaison|Comparatif]]
|
|24
|}

Il existe enfin une série d'affixes tenant de la morphologie verbale car ils ne peuvent s'appliquer qu'aux formatifs verbaux ; ils sont départagés sous la forme des groupes suivants<ref name=":18">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 5: Verb Morphology|url=http://www.ithkuil.net/05_verbs_1.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-07-11}}.</ref>.
{| class="wikitable center"
|+Catégories des affixes s'appliquant aux formatifs verbaux en ithkuil
!scope=col|Catégorie
!scope=col|Indication
|-
|[[Fonction syntaxique|Fonction]]
|Gère la relation qu'entretient le formatif verbal avec son ou ses formatifs nominaux
|-
|[[Mode (grammaire)|Mode]]
|Gère l'attitude et la perspective du discours, ou son degré de factualité
|-
|Illocution
|Gère le but général du discours (déclaration, question, avertissement, requête{{Etc.}})
|-
|Relation
|Gère les [[Proposition relative|propositions relatives]]
|-
|Phase
|Gère le modèle temporel du discours ou de l'acte mentionné
|-
|Sanction
|Gère le degré de véracité (assertion, allégation, contre-argument, réfutation{{Etc.}})
|-
|[[Valence (linguistique)|Valence]]
|Gère la relation de deux entités différentes au formatif verbal
|-
|Version
|Gère l'orientation du discours vers un objectif, et, si ce dernier est attesté, son accomplissement
|-
|Validation
|Gère l'évidence étayant le discours
|-
|[[Aspect grammatical|Aspect]]
|Gère le contexte temporel du formatif verbal
|-
|Biais
|Gère l'attitude émotionnelle du locuteur rapport au discours
|}
La morphologie des noms réserve notamment des rôles syntactiques aux [[Actant|actants]], qui peuvent être agent, patient, forcé, instrument{{Etc.}}<ref name=":15" />.

Ci-dessous, quelques exemples du mot « phal » ({{API|/pʰal/}}) décliné avec les affixes dans la catégorie de la configuration<ref name=":4" />.

{| class="wikitable center"
|+
!scope=col rowspan="2" |Affixe
!scope=col colspan="2" |Ithkuil
!scope=col rowspan="2" |Traduction
|-
!scope=col|Mot
!scope=col|Phonétique
|-
|Uniplexe
|''phal''
|{{API|/pʰal/}}
|Un arbre
|-
|Duplexe
|''phall''
|{{API|/pʰall̩/}}
|Une paire d'arbres
|-
|Discret
|''phatļ''
|{{API|/pʰatɬ/}}
|Un groupe d'arbres similaires<br/>Un bosquet
|-
|Aggrégatif
|''phaļ''
|{{API|/pʰaɬ/}}
|Un groupe d'arbres dissimilaires<br/>Une forêt
|-
|Segmentatif
|''phaļļ''
|{{API|/pʰaɬː/}}
|Un groupe d'arbres similaires organisés de manière logique
|-
|Componentiel
|''phařļ''
|{{API|/pʰaʁ̞ɬ/}}
|Un groupe d'arbres dissimilaires organisés de manière logique
|-
|Cohérent
|''phask''
|{{API|/pʰask/}}
|Un groupe d'arbres similaires assemblés en une entité cohérente
|-
|Composite
|''phašk''
|{{API|/pʰaʃk/}}
|Un groupe d'arbres dissimilaires assemblés en une entité cohérente<br/>Une jungle
|-
|Multiforme
|''phakţ''
|{{API|/pʰakθ/}}
|Un groupe d'arbres dissimilaires, désorganisés, sans résultat cohérent ni décisif<br/>Un fourré, un maquis
|}

==== Morphologie des compléments ====
Les compléments, qui présentent une nature hautement [[Langue synthétique|synthétique]], sont décomposés en compléments verbaux et en compléments de référence [[Personne (grammaire)|personnelle]]<ref name="ithC2" /> ; ces derniers, qui sont l'équivalent des [[pronom]]s, sont eux-mêmes départagés entre les référents [[Nombre grammatical|singuliers]] et les référents [[Duel (grammaire)|duels]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 8: Adjuncts|url=http://www.ithkuil.net/08_adjuncts.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-07-10}}.</ref>.

=== Vocabulaire ===
Neuf cents racines sont documentées dans le lexique du site officiel<ref name=":10">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=Lexicon|url=http://www.ithkuil.net/lexicon.htm|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-06-25}}.</ref>. Grâce à dix-huit [[affixe#Emplacement|infixe]]s de base, ces {{Nombre|900|racines}} peuvent être développées en {{Nombre|3600|racines étendues}} {{Incise|compte tenu des contraintes [[phonotactique]]s}} formant la base du vocabulaire ithkuil et pouvant constituer jusqu'à {{Nombre|16200|mots}} (toutefois, seuls un millier se sont vu assigner une traduction précise jusqu'ici)<ref name="ithC2">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 2: Morpho-Phonology|url=http://www.ithkuil.net/02_morpho-phonology.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-06-25}}.</ref>{{,}}<ref name=":10" />.

==== Formation des mots ====
Les racines ithkuil sont choisies de manière systématique pour désigner des concepts clés : les mots « voir », « vision », « apercevoir », « discerner »{{Etc.}} partageront par exemple la même racine<ref name=":3" />.

La base sémantique du vocabulaire ithkuil est la racine consonantale ({{Lang-en|''root''}}), inspirée de la [[racine sémitique]]<ref name=":3" />, qui est constituée de une à quatre consonnes (toutefois, les racines quadriconsonantales, quoique disponibles, ne se sont pas vues attribuer de signification)<ref name="ithC2" />. La racine peut devenir une racine étendue ({{Lang-en|''stem''}}) grâce à une série de treize [[Affixe|affixes]] facultatifs ainsi qu'une altération [[Accent tonique|tonique]] et une altération [[Langue à tons|tonale]] également optionnelles (la position de l'accent tonique peut par exemple déterminer le degré de permanence, c'est-à-dire éclaircir si l'objet du discours ne dure qu'en son sein ou au-delà)<ref name=":4">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 3: Basic Morphology|url=http://www.ithkuil.net/03_morphology.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2018-07-09}}.</ref>.

La dérivation des mots depuis la racine dépend de trois concepts intégrés dans la langue : la [[théorie du prototype]] (voir ci-dessous), la [[logique floue]] et la catégorisation radiale<ref name=":3" />. Ces concepts ont tous pour objectif d'établir des distinctions morphologiques là où les langues naturelles les font au niveau lexical, tout en créant un fondement dynamique et [[Synergie|synergétique]] à l'ithkuil<ref name=":3" />.

===== Degrés de catégorisation radiale =====
La catégorisation radiale établit une liste de neuf degrés permettant par exemple de dériver systématiquement les mots « foule », « groupe », « troupe », « club », « association », « assemblée », « rassemblement », ou bien les mots pour « humide », « mouillé », « trempé », « moite », « sec », « desséché », dans les deux cas à partir d'une racine unique<ref name=":3" />. Les degrés peuvent être utilisés de manière adverbiale ou adjectivale<ref name=":16" />.

===== Complémentarité =====
Les versions holistiques et complémentaires sont le moyen utilisé par l'ithkuil pour implémenter la [[théorie du prototype]] et ainsi limiter la taille du vocabulaire : des mots de « bas niveau », donc spécifiques, seront dérivés de mots de « haut niveau » (qui sont les racines) plutôt que d'utiliser un mot à part<ref name=":1" />.

Contrairement aux langues indo-européennes qui considèrent certains concepts comme basiques et inamovibles, l'ithkuil base toute la formation de son vocabulaire sur la complémentarité, de sorte que la dérivation des mots peut suivre une logique constante de mise en opposition et de sous-catégories<ref name=":3" />. 

Quijada montre cette complémentarité avec l'exemple du mot « trou », qui peut avoir deux significations (une entrée séparant deux espaces, ou une discontinuité de la matière).  Cette distinction faite entre la fonction et la nature d'un « trou » peut être reflétée par les versions complémentaires d'un mot ithkuil<ref name=":3" />. La complémentarité s'applique de manière variable à toutes les racines, de sorte qu'un concept ne peut être exprimé sans considération pour sa source, aucune impression sans le sens permettant de la remarquer, aucun contenu sans son contenant{{Etc.}}<ref name=":3" />. Parmi d'autres distinctions que les versions complémentaires peuvent faire parmi les versions holistiques, on peut citer « manger » qui sera départagé entre « nourriture » et « ingestion », ou « mesurer » qui sera départagé entre « mesure » (le résultat) et « mesure » (l'action)<ref name="ithC2" />.

Il existe trois versions holistiques de chaque racine, numérotées de un à trois ; la première correspond à la manifestation la plus générique de la racine, tandis que les deux suivantes sont généralement associées à des usages plus précis<ref name="ithC2" />. Chaque version holistique est décomposée en deux versions complémentaires<ref name="ithC2" />. Les versions holistiques et leurs versions complémentaires sont indiquées par des préfixes ajoutés directement à la racine, comme l'illustrent les tableaux suivants<ref name="ithC2" />.

{| class="wikitable center" style="text-align:center;width:50%"
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!scope=col colspan="6" |Racine
|-
!scope=row|Ithkuil
| colspan="6" |''-mm-''
|-
!scope=row|Français
| colspan="6" |« membre de la [[famille nucléaire]] »
|-
!scope=col|
!scope=col colspan="2" |Version holistique {{Numéro|1}}
!scope=col colspan="2" |Version holistique {{Numéro|2}}
!scope=col colspan="2" href="Nu descendant un escalier" |Version holistique {{Numéro|3}}
|-
!scope=row|Ithkuil
| colspan="2" |''(a)mm-''
| colspan="2" |''emm-''
| colspan="2" |''umm-''
|- href="Marcel Duchamp"
!scope=row|Français
| colspan="2" |« membre générique de la famille nucléaire »
| colspan="2" |« membre masculin de la famille nucléaire » <td colspan="2">« membre féminin de la famille nucléaire »</td>
|-
!scope=col|
!scope=col colspan="2" |Versions complémentaires
!scope=col colspan="2" | Versions complémentaires
!scope=col colspan="2" | Versions complémentaires
|-
!scope=row|Ithkuil
|''omm-''
|''âmm-''
|''ömm-''
|''êmm-''
|''îmm-''/''ûmm''
|''ômm-''
|-
!scope=row|Français
| « parent »
|« enfant »<td>« père »</td><td>« fils »</td><td>« mère »</td><td>« fille »</td>
|}

{| class="wikitable center" style="text-align:center;width:75%"
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!scope=col colspan="6" |Racine
|-
!scope=row|Ithkuil
| colspan="6" |''-q-''
|-
!scope=row|Français
| colspan="6" |« forme de vie animale supérieure »
|-
!scope=col|
!scope=col colspan="2" |Version holistique {{Numéro|1}}
!scope=col colspan="2" |Version holistique {{Numéro|2}}
!scope=col colspan="2" href="Nu descendant un escalier" |Version holistique {{Numéro|3}}
|-
!scope=row|Ithkuil
| colspan="2" |''(a)q-''
| colspan="2" |''eq-''
| colspan="2" |''uq-''
|- href="Marcel Duchamp"
!scope=row|Français
| colspan="2" |« forme de vie animale supérieure »
| colspan="2" |« humain » <td colspan="2">« forme de vie animale supérieure non humaine »</td>
|-
!scope=col|
!scope=col colspan="2" |Versions complémentaires
!scope=col colspan="2" | Versions complémentaires
!scope=col colspan="2" | Versions complémentaires
|-
!scope=row|Ithkuil
|''oq-''
|''âq-''
|''öq-''
|''êq-''
|''îq-''/''ûq''
|''ôq-''
|-
!scope=row|Français
| « forme de vie animale supérieure mâle »
|« forme de vie animale supérieure femelle »<td>« homme »</td><td>« femme »</td><td>« forme de vie animale supérieure non humaine mâle »</td><td>« forme de vie animale supérieure non humaine femelle »</td>
|}

=== Système numérique ===
Le système numérique ithkuil est centésimal, c'est-à-dire de [[Base (arithmétique)|base]] 100 (ce qu'on retrouve de manière marginale dans la [[numération indienne]])<ref name="grammar-numbers" />. Chaque nombre {{nobr|de 1}} {{nobr|à 100}} s'écrit avec un caractère spécifique {{Incise|un « chiffre »}}, qui exprime l'unité dans sa partie supérieure et la dizaine dans sa partie inférieure<ref name="grammar-numbers">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=Chapter 12: The Number System|url=http://www.ithkuil.net/12_numbers.htm|site=ithkuil.net|date=|consulté le=17 juillet 2018}}.</ref>. Un nombre compris entre 101 et {{formatnum:9999}} s'écrira donc avec deux caractères en ithkuil, et non trois ou quatre comme en français<ref name="grammar-numbers" />.

L'ithkuil n'admet pas le zéro : une quantité nulle est exprimée par une simple négation, ou par un affixe de nullité<ref name="grammar-numbers" />. Aussi les puissances de 100 sont-elles toutes écrites avec un caractère spécifique<ref name="grammar-numbers" />.

Les nombres de 1 à 100 de l'ithkuil sont les suivants (en souligné est indiquée la racine des unités)<ref name=":5">{{Lien web|langue=fr|nom1=Ulrich|prénom1=Alexis|titre=Nombres en ithkuil|url=http://www.languagesandnumbers.com/comment-compter-en-ithkuil/fr/ithkuil/|site=Des langues et des nombres|consulté le=2018-07-16}}.</ref>.
{| class="wikitable center"
|+Chiffres en ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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!scope=col|Ithkuil
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|-
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|-
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|-
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|-
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|mřalûk
!scope=row|80
|mřalok
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|mřalük
!scope=row|(100)
|(ňal)
|}

Au-delà de 100, les nombres s'expriment en puissances de 100, et non en puissances de 10 comme dans de nombreuses langues. Par exemple, {{formatnum:4229}} se dit « 42 centaines 29 », soit « ''ksalîk'' (''ňial'') ''xmalök'' » (''ňial'' correspond à 100 au cas partitif, optionnel pour les nombres supérieurs à 199)<ref name=":5" />.

La racine de 100 est -''ñ''-. Les racines des puissances supérieures de 100 sont :
* -''zm''- pour 100<sup>2</sup>, soit {{formatnum:10000}} ;
* -''pstw''- pour 100<sup>4</sup>, soit {{unité|100|millions}} ;
* -''čk<sup>h</sup>''- pour 100<sup>8</sup>, soit {{unité|10|[[billiard]]s}} (10 millions de milliards).

Un nombre tel que {{formatnum:727903533460}}, c’est-à-dire <math>(72 * 100 + 79) * 100^4 + (3 * 100 +  53) * 100^2 +  34 * 100 +  60</math>, s'exprime de la manière suivante, en prenant en compte certains marques de cas et un suffixe coordinatif : « ''ksalok'' (72) ''ňial'' (centaines) ''xmalokiň'' (79) ''apstwial'' (100<sup>4</sup>) ''ţkeul'' (3) ''ňial'' (centaines) ''ţkalakiň'' (53) ''zmual'' (100<sup>2</sup>) ''pxeulek'' (34) ''mřalûk'' (60) »<ref name=":5" />.

Le {{Date|27|mars|2015}}, John Quijada a dévoilé une partie de l'ithkuil totalement dédiée aux mathématiques<ref name=":8">{{Lien web|langue=en|format=pdf|titre=Expressing mathematics and measurement in Ithkuil|url=http://www.ithkuil.net/ithkuil_math_and_measurement.pdf|site=ithkuil.net|date=27 mars 2015|consulté le=17 juillet 2018}}.</ref>.

=== Système d'écriture ===
<gallery>
Fichier:Ithkuilex001.jpg|« Uipal Sam » ({{API|/uɪ̯pal sam/}}) : « c'est Sam »|alt=Texte dans le système d'écriture ithkuil.
Fichier:Ithkuilex002.jpg|« Uipal Maia » ({{API|/uɪ̯pal maja/}}) : « c'est Maya »|alt=Texte dans le système d'écriture ithkuil.
</gallery>
Quijada a doté l'ithkuil d'un système d'écriture original<ref>{{Lien archive|langue=en|url=https://web.archive.org/web/20110605210044/http://ithkuil.net/ilaksh/images/script_diagram.gif|titre=Script diagram|horodatage archive=20110605210044|auteur=John Quijada}}.</ref> qu'il remplace en {{date-|juin 2007}}, reléguant le précédent à une place ornementale et/ou artistique<ref name=":12">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Chapter 11: The Writing System|url=http://ithkuil.net/11_script.htm|site=ithkuil.net|date=|consulté le=2018-07-24}}.</ref>. Cela a causé de grands changements dans la [[morphophonologie]] de la langue<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=Conlang: Introducing Ilaksh (the revision of Ithkuil) (John Quijada, Jun 10 '07, 1:31)|url=http://archives.conlang.info/dhe/singae/choerphiwuan.html|site=archives.conlang.info|date=10 juin 2007|consulté le=2018-08-31}}.</ref>. Le système d'écriture ithkuil est un [[boustrophédon]] horizontal nommé içtaîl et qui n'est ni un [[alphabet]], ni un [[syllabaire]], ni [[Logogramme|logographique]]<ref name=":12" />.<gallery>
Fichier:Ithkuil class one glyphs.jpg|Glyphes de classe un.|alt=Exemples de caractères ithkuils.
Fichier:Ithkuil class two glyphs.jpg|Glyphes de classe deux.|alt=Exemples de caractères ithkuils.
Fichier:Ithkuil class three glyphs.jpg|Glyphes de classe trois.|alt=Exemples de caractères ithkuils.
Fichier:Ithkuil class four glyphs.jpg|Glyphes de classe quatre.|alt=Exemples de caractères ithkuils.
</gallery>Les glyphes ithkuils sont décomposés en quatre classes, dont deux pour l'[[Aspect grammatical|aspect]] et le [[Cas grammatical|cas]], et une dédiée aux consonnes (des séries additionnelles existent pour les chiffres, la translittération de mots non-ithkuil, et la ponctuation)<ref name=":12" />. La première classe a pour base le caractère ‹[[Fichier:11-character-example.jpg|17x17px|alt=Caractère ithkuil.]]›<ref name=":12" />. La deuxième classe a pour base le caractère ‹[[Fichier:Ithkuil base character.jpg|17x17px|alt=Caractère ithkuil.]]› représentant le cas ; ces caractères peuvent être retournés ou déformés, ou s'y voir ajouter des [[Diacritique|diacritiques]] aspectuels<ref name=":12" />. En fonction du sens du caractère, les diacritiques ajoutés dans les coins exprimeront différentes catégories grammaticales<ref name=":12" />.<gallery widths="200" heights="200">
Fichier:11-sondary-character-explanation1.jpg|Données grammaticales pouvant être couvertes par le caractère de base de la seconde classe dans le sens normal.|alt=Représentation des éléments grammaticaux couverts par les caractères ithkuils.
Fichier:11-sondary-character-explanation2.jpg|Données grammaticales pouvant être couvertes par le caractère de base de la seconde classe dans le sens inverse.|alt=Représentation des éléments grammaticaux couverts par les caractères ithkuils.
</gallery>[[Fichier:Caractères de troisième classe ithkuil.png|vignette|532x532px|Les données grammaticales couvertes par les glyphes de troisième classe en fonction de leur forme.|alt=Représentation des éléments grammaticaux couverts par les caractères ithkuils.]]Les caractères de troisième classe sont reconnaissables par la barre horizontale qui leur sert de base ; ses extrémités peuvent être modifiées pour couvrir certaines données grammaticales supplémentaires<ref name=":12" />.
Enfin, les caractères de quatrième classe, qui sont placés après les caractères de toutes les autres classes dans un mot, servent à donner la racine du mot et à compléter les données grammaticales non encore couvertes par les autres caractères<ref name=":12" />.
{{Clr}}[[Fichier:Ithkuil-consonants-handwritten.jpg|vignette|600x600px|Les glyphes de quatrième classe.|alt=Liste de caractères ithkuils.|centré]]
<br />

== Histoire ==

=== Jeunesse et études de Quijada ===
Né en 1959 à [[Los Angeles]] de parents mexico-américains, John Quijada étudie la [[linguistique]] à l'[[université de Californie]] avec l'ambition de devenir [[Anthropologie|anthropologue]] en linguistique, mais n'en ressort qu'avec un baccalauréat universitaire, ne pouvant mener ses études à terme à cause notamment de sa situation financière{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|4}}}}{{,}}<ref name=":1">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=Frequently Asked Questions|url=http://www.ithkuil.net/faqs.html|site=ithkuil.net|date=|consulté le=7 juin 2018}}.</ref>. Il travaille plus tard au [[Department of Motor Vehicles]]<ref name=":9">{{Article|langue=fr|auteur1=Roc Morin|titre=Peut-on tout dire avec la langue la plus concise du monde ?|périodique=Ulyces|date=15 septembre 2015|lire en ligne=https://www.ulyces.co/roc-morin/peut-on-tout-dire-avec-la-langue-la-plus-concise-du-monde-toki-pona-ithkuil/|consulté le=2018-07-23|pages=}}.</ref> et étudie toujours la linguistique en autodidacte<ref name=":1" />.

Sa langue maternelle est l'[[anglais]], et il prétend avoir un niveau conversationnel en [[français]], [[espagnol]], [[italien]], [[portugais]] et [[allemand]] ; il peut également lire le [[catalan]] et l'[[Interlingua (IALA)|interlingua]], sans toutefois pouvoir les parler<ref name=":1" />.

=== Influences ===
[[Fichier:Wilkins An Essay towards a real.jpg|vignette|''An Essay towards a Real Character and a Philosophical Language'', publié par [[John Wilkins]] en 1668, dont s'est inspiré Quijada.|alt=Couverture du livre ''An Essay towards a Real Character and a Philosophical Language''.]]
Pour la grammaire, Quijada déclare notamment s'être inspiré de la [[morphophonologie]] verbale de l'[[abkhaze]], des [[Mode (grammaire)|modes grammaticaux]] de certaines [[langues amérindiennes]], du système aspectuel des [[langues nigéro-congolaises]], des déclinaisons nominales du [[basque]] et des [[langues nakho-daghestaniennes]], des [[clitique]]s des [[langues wakashanes]], des systèmes orientationnels du [[tzeltal]] et du [[guugu yimidhirr]] (qui utilisent les [[points cardinaux]] au lieu des directions relatives{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|5}}}}), de la [[racine sémitique]] triconsonantale, et des catégories possessives du [[láadan]] (lui-même une langue construite)<ref name=":3">{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=Introduction|url=http://www.ithkuil.net/faqs.html|site=ithkuil.net|date=|consulté le=28 décembre 2018}}.</ref>.

La vocation de la langue peut être rapprochée des travaux de [[Gottfried Wilhelm Leibniz]] (pour son idée d'appliquer les concepts mathématiques au langage), de [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]] et son ''[[Novum organum]],'' de [[René Descartes]] et de [[John Wilkins]] (qui publia ''{{lien|An Essay towards a Real Character and a Philosophical Language}}'' en 1668){{sfn|Foer|2014|loc={{2e}} partie, {{paragr.}}{{n°|4}}}}.

Le projet de Quijada est alimenté entre autres par ses études et ses lectures ; parmi les auteurs qui l'ont influencé, il cite [[Ronald Langacker]], [[Gilles Fauconnier]], Len Talmy, et [[Charles J. Fillmore]] (avec sa théorie de la [[grammaire des cas]])<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":1" />.

=== Genèse (avant 1978) ===
L'idée est venue à Quijada de créer l'ithkuil en découvrant l'[[espéranto]] et le [[kobaïen]], ainsi qu'en pratiquant la [[cryptophasie]] avec son frère jumeau{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|2}}}}.

Alors étudiant en linguistique, Quijada se rend compte que {{Citation|la plupart des langues sont inefficaces pour transmettre la pensée d'une façon qui soit précise et concise à la fois}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|[…] I came to realize how inefficiently most languages function in terms of conveying thought in both a precise and a concise manner|langue=en}}.</ref>{{,}}<ref name=":1" />, et que {{Citation|certaines langues sont subjectivement « meilleures » que d'autres dans la façon qu'elles ont de convoyer une chose précise}}. Il ajoute que {{Citation|l'idée [lui] est venue de créer une langue qui puisse combiner les particularités les plus efficaces et intéressantes des langues qui [lui] étaient familières}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|the idea came to me that I might try to create a language which “combined” the most efficient and interesting features of all the languages I was familiar with|langue=en}}.</ref>{{,}}<ref name=":1" />.

L'ithkuil est aussi né de sa passion pour les langues et plus particulièrement pour les [[Langue auxiliaire internationale|langues auxiliaires]], qu'il a plus tard rapprochée de la création artistique en tant que justification première de son travail{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|2}}}}. Il cite le manifeste de l'idéolinguistique (''{{Langue|en|Conlang Manifesto}}'') de [[David J. Peterson]] pour répondre à la question de l'intérêt d'une telle langue construite<ref name=":1" /> ; le manifeste défend l'idéolinguistique au titre d'une activité qui n'est pas nuisible, dont l'inutilité ne diffère pas de celle de l'art en général, et qui peut aider à la compréhension du langage<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=David J. Peterson|titre=The Conlang Manifesto|url=http://dedalvs.conlang.org/notes/manifesto.php|site=dedalvs.conlang.org|date=|consulté le=7 juin 2018}}.</ref>.

=== Développement (1978 - 2004) ===
Quijada commence de travailler sur l'ithkuil en 1978, même si la langue n'a pas encore de nom ni de vocation précise<ref name=":1" />.

Il qualifie de révélation la découverte, en 1980, du livre ''Metaphors We Live By'', de [[George Lakoff]] et Mark Johnson ; il imagine alors que l'ithkuil pourrait « forcer » son locuteur à exprimer exactement sa pensée, de sorte que les inexactitudes n'auraient pas leur place ; cela marque le début d'un travail actif sur le projet de l'ithkuil<ref name=":1" />{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|10}} & {{n°|11}}}}.

Quijada admet que son travail, qui s'est étendu sur plus de trois décennies, n'a pas été continu : il le qualifie de lent, compliqué et souvent frustrant<ref name=":1" />. Il dit avoir abandonné le projet {{Citation|au moins une douzaine de fois}} (parfois pendant plusieurs mois) jusqu'en 1996, année de sa découverte des linguistes Gilles Fauconnier et Len Talmy dont la lecture lui permit de finaliser la grammaire<ref name=":1" />.

En 1997, il découvre qu'Internet recèle des communautés d'[[Langue construite|idéolinguistique]] ; c'est son premier pas parmi ses pairs{{sfn|Foer|2014|loc={{4e}} partie, {{paragr.}}{{n°|1}}}}.

=== Essor (années 2000) ===
En {{date-|avril 2004}}, Quijada publie une monographie de l'ithkuil en {{Nombre|160000|mots}}, sous la forme du site ithkuil.net{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|3}}}}.

La même année, la langue apparaît pour la première fois dans la presse par le biais du périodique russe de vulgarisation scientifique ''[[Computerra]]''{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}}. La mise en ligne du court article provoque une vague d'engouement pour l'ithkuil, qui acquiert de ce fait une certaine réputation en Russie ; des forums émergent et le site est même traduit en russe{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|8}}}}{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|titre=Ифкуиль|url=http://ithkuil-russian.narod.ru/|site=ithkuil-russian.narod.ru|date=|consulté le=25 juin 2018}}.</ref>.

En 2008, [[David J. Peterson]] octroie à l'ithkuil le « ''{{Lang|en|smiley award}}'' » de l'année, reconnaissant la conviction et la complétude de la langue<ref name=":2" />. Ce créateur de langues la mentionne également dans son ouvrage ''The Art of Language Invention'' parmi les meilleures langues construites à son avis<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=David J.|nom1=Peterson|titre=The art of language invention|sous-titre=from Horse-Lords to Dark Elves, the words behind world-building|éditeur=[[Penguin Books]]|date=29 septembre 2015|pages totales=304|passage=15|isbn=9780143126461|isbn2=0143126466|oclc=900623553|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/900623553|consulté le=2018-07-16}}.</ref>.

=== Réforme de l'ithkuil : l'ilaksh (2007 - 2009) ===
Dans la version originale de la langue, certains sons, quoique figurant dans certaines langues naturelles, étaient extrêmement rares, tels que /q͡χʼ/ (une consonne affriquée uvulaire éjective sourde qu'on trouvait en [[oubykh]]){{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|3}}}}{{,}}<ref>{{Lien archive|langue=en|url=https://web.archive.org/web/20090608003709/http://www.ithkuil.net:80/ithkuil-ch1-phonology.htm|titre=Phonemic Inventory|horodatage archive=20090608003709|auteur=John Quijada}}.</ref>. Après avoir reçu des critiques sur l'imprononçabilité de l'ithkuil, Quijada décide de lui apporter de grands changements, qu'il publie en juin 2007 sous le nom d'ilaksh<ref name=":3" />. Toutefois, en 2009<ref name=":14">{{Article|langue=ru|auteur1=Михаил Гертельман (Mikhaïl Gertelman)|titre=Ithkuil и его фиолозофский дизайн|traduction titre=L'ithkuil et son design philosophique|périodique=[[Computerra]]|numéro=17 (781)|date=2009|lire en ligne=http://library.conlang.org/articles/ithkuil_Komputerra_17.pdf|pages=12 à 16}}.</ref>, il réintègre les éléments pertinents de l'ilaksh dans l'ithkuil, trouvant que la réforme est trop contraignante, et que la fusion des deux versions permet de conserver la concision en augmentant l'[[euphonie]]<ref name=":3" />.

=== Association à la psychonétique (2010 - 2011) ===

Début 2010, Quijada reçoit un e-mail d'[[Oleg Bakhtiyarov]], qui se présente comme l'initiateur d'un mouvement philosophique appelé « psychonétique » et l'invite à une conférence intitulé « Technologie créative : Perspectives et moyens de développement » devant se tenir en juillet à [[Elista (Russie)|Elista]], capitale de [[Kalmoukie]]{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|10}}}}. Bakhtiyarov lui écrit que {{Citation|de [leur] point de vue, la création de l'ithkuil est un des aspects basiques du développement de la pensée créative}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|From our viewpoint, creation of the Ithkuil language is one of the basic aspects for development of creative thinking|langue=en}}.</ref>{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|11}}}}.

Quijada se rend également à une telle conférence en {{date-|mai 2011}}, à [[Kiev]]{{sfn|Foer|2014|loc={{8e}} partie, {{paragr.}}{{n°|1}}}}. On lui explique que la psychonétique cherche à atteindre les niveaux d'intuition humaine les plus profonds, et que l'ithkuil est un moyen prometteur d'y parvenir{{sfn|Foer|2014|loc={{8e}} partie, {{paragr.}}{{n°|11}}}}. Lui et le journaliste [[Joshua Foer]], qui l'accompagne, découvrent sur place que la conférence est un rassemblement ambigu de personnalités politiques associées à l'[[extrême droite]] et au [[terrorisme]], sans définition scientifique de leur recherche, et que l'intérêt que les psychonéticiens portent à l'ithkuil tient d'une utopie politique visant à réformer l'esprit humain afin d'établir un état politique nouveau{{sfn|Foer|2014|loc={{9e}} partie, {{paragr.}}{{n°|1}}}}. De retour aux États-Unis, Quijada exprime par une lettre à Bakhtiyarov sa dissociation du mouvement psychonétique{{sfn|Foer|2014|loc={{9e}} partie, {{paragr.}}{{n°|5}}}}.

=== Après 2011 ===
En 2015, Quijada met en ligne une « sous-langue » dédiée aux mathématiques<ref name=":8" />.

Depuis 2016, il alimente une chaîne YouTube avec des chansons écrites par lui en ithkuil, dont le design est créé par son frère jumeau, et chantées par [[David J. Peterson]] ; la cinquième chanson du collectif, appelé « ''Kaduatán'' » (« Les Voyageurs » en ithkuil) est mise en ligne le {{Date|22|juillet|2018}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=John Quijada|url=https://www.youtube.com/channel/UCJ6BcuwscfmMl1pQp0gEX-g|site=YouTube|consulté le=2018-07-23}}.</ref>.

== Analyse ==

=== Vocation ===
La vocation de la langue est de maximaliser la logique, l'efficacité, le détail et la justesse de l'expression cognitive, tout en minimisant son ambiguïté, son imprécision, ses redondances, son caractère arbitraire et la [[polysémie]]{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|4}}}}{{,}}<ref name=":19">{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Jean Albrespit|titre=La perception de la langue à travers la « linguistique populaire »|auteurs ouvrage=Françoise Buisson, Christelle Lacassin-Lagoin et Florence Marie (éd.)|titre ouvrage=Perception, perspective, perspicacité|passage=43|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|date=2014|isbn=9782343042800|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=rdKNBAAAQBAJ&pg=PA43&dq=ithkuil&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiLstvzjbfgAhXHxIUKHakZA5sQ6AEIODAC#v=onepage&q=ithkuil&f=false|consulté le=2019-02-12}}.</ref>, ce qui a notamment pour effet d'éliminer les [[métaphore]]s<ref name="grammar" />. La langue allie ainsi deux aspects apparemment contradictoires, la concision et la précision, de manière que n'importe quelle pensée humaine puisse être exprimée en ithkuil avec le minimum de syllabes{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|5}}}}. Mais c'est aussi la raison de sa grande complexité [[Phonologie|phonologique]] et [[Morphologie (linguistique)|morphologique]], puisque cela force le locuteur à s'assurer que son expression est aussi précise que la langue le requiert{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|10}} & {{n°|11}}}}. En effet, si chaque fonctionnalité offerte par l'ithkuil est facultative, il est obligatoire d'employer toute fonctionnalité qui soit nécessaire pour exprimer précisément la teneur du discours<ref name=":4" />{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}}{{,}}<ref name=":6" />.

La manière dont l'ithkuil fonctionne ne pourrait pas venir au jour naturellement, à tout le moins sans un effort intellectuel conscient{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|4}}}}. L'ithkuil est une langue philosophique dont l'usage n'est que théorique ; elle n'est pas conçue pour être utilisable au quotidien, ni ne prétend accomplir totalement sa vocation<ref name=":7">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Claire Placial|titre=À propos d’une tentative de création d’une langue parfaite|url=https://languesdefeu.hypotheses.org/701|site=Langues de feu|date=4 mars 2014|consulté le=17 juillet 2018}}.</ref>{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|2}}}}.

Le but poursuivi par l'ithkuil est entre autres d'éprouver l'observation faite par la [[linguistique cognitive]] dans les années 1980 que les langues naturelles sont loin d'atteindre le niveau de cognition humain potentiel ; l'ithkuil prétend donc pousser la cognition par le langage plus loin, ou tout du moins plus « profondément »<ref name="grammar"/>.

L'article du périodique ''[[Computerra]]'' qui donna sa réputation à l'ithkuil s'intitule « ''{{Lang|ru|скорость мысли}}'' », soit « la vitesse de la pensée », car l'auteur prétend que maîtriser l'ithkuil peut permettre de penser quatre à cinq fois plus vite. C'est une idée reçue que Quijada dément lui-même en expliquant que la langue peut servir à penser plus profondément, de manière plus critique et analytique, mais pas plus rapidement<ref name=":1" />.

Quijada déclare que {{Citation|les langues naturelles sont adéquates, mais cela ne veut pas dire qu'elles sont optimales}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|Natural languages are adequate, but that doesn’t mean they’re optimal.|langue=en}}.</ref>{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|3}}}} et {{Citation|avoir réalisé que chaque langue prise individuellement fait au moins une chose mieux que n'importe quelle autre langue}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|I had this realization that every individual language does at least one thing better than every other language.|langue=en}}.</ref>{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|5}}}}. L'ithkuil répond par là même à cet aphorisme de Quijada : {{Citation|et s'il existait une langue qui combinait à elle seule toutes les meilleures particularités de toutes les langues du monde ?}}<ref group="citation">{{Citation étrangère|What if there were one single language that combined the coolest features from all the world’s languages?|langue=en}}.</ref>{{,}}{{sfn|Foer|2014|loc={{3e}} partie, {{paragr.}}{{n°|6}}}}.

=== Apprentissage ===
Du fait de sa très grande complexité, l'ithkuil ne compte aucun locuteur ; l'article du périodique ''Computerra'' prétend que Quijada seul le maîtrise<ref name=":0">{{Article|langue=ru|auteur1=Станислав Козловский (Stanislav Kozlovski)|titre=Скорость мысли|traduction titre=La vitesse de la pensée|périodique=Computerra|date=29 juillet 2004|lire en ligne=http://old.computerra.ru/xterra/205420/|pages=}}.</ref>, mais il admet lui-même n'avoir jamais mémorisé le lexique, et ne pas pouvoir construire une phrase sans vérifier les règles, malgré une bonne maîtrise de la morphologie et du système d'écriture<ref name=":1" />.

La langue n'est pas conçue pour être utilisable dans la vie courante{{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|2}}}} ni pour fonctionner telle une langue naturelle<ref name="grammar" />. En revanche, Quijada est capable de la prononcer parfaitement malgré l'énorme diversité de ses phonèmes<ref name=":2" />.

Pour [[David J. Peterson]], l'apprentissage de la langue est théoriquement possible, au-delà des difficultés que cela représente et des conséquences que l'apprentissage implique (voir ci-dessous)<ref name=":2" />.

=== Critiques ===
Pour Jean Albrespit, la tentative pour créer une langue dénuée de toute ambiguïté est {{Citation|vouée à l'échec}}, car {{Citation|l'ambigüité et la polysémie sont justement au cœur de la langue}}<ref name=":19" />. Plus précisément, l'ithkuil est critiqué sur le fait que le locuteur est forcé à penser à ce qu'il dit, ''a contrario'' des langues naturelles qui permettent une expression spontanée, si inadéquate<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":7" />. Quoique l'idée d'exprimer quelque chose avec une absolue précision soit séduisante, elle nécessite avant tout d'être conscient des ambiguïtés possibles, qui sont levées en continu par le contexte et le bon sens dans les langues naturelles<ref name=":3" />. Or les locuteurs sont souvent incapables d'estimer le degré d'illogisme, de polysémie et d’ambiguïté de leur propre langue<ref name=":20">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Thomas O.|nom1=Beebee|titre=Transmesis|sous-titre=Inside Translation’s Black Box|éditeur=Springer|date=2016-01-19|pages totales=266|passage=108|isbn=9781137001016|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=wv_GAAAAQBAJ&pg=PA108&dq=ithkuil|consulté le=2019-02-12}}.</ref>. Thomas O. Beebee estime ainsi que l'ithkuil, comme les autres langues construites qui veulent rationaliser le langage, oublie la [[sémantique]]. Il compare cette langue à l'intelligence artificielle, qui cherche à réduire la conscience à un matériau de base qui peut être exprimé à travers la grammaire<ref name=":20" />.

Bien qu'il ne soit pas destiné à un usage quotidien, l'ithkuil prend pour repère un idéal, et part du principe qu'il existe un « réel » qu'une langue peut atteindre si elle est conçue à cette fin<ref name=":7" />.

David J. Peterson et plusieurs autres analystes considèrent que la langue ithkuil, si elle était parlée, serait exagérément vulnérable à la simplification et cesserait très rapidement de remplir sa vocation initiale ; la spécificité serait perdue, des irrégularités, des métaphores et un phénomène de [[polysémie]] verraient le jour ; le système phonologique s'éroderait et la grammaire se simplifierait, tout cela beaucoup plus vite que dans une langue naturelle<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":7" />. C'est pour cela que l'ithkuil est, de fait, condamné à demeurer une langue théorique<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":7" />, que Quijada destine de préférence à des débats où l'exactitude et la clarté seraient de mise, comme la politique, la science ou la philosophie<ref name=":1" />, et qu'il la considère comme un moyen d'explorer ce que le langage humain pourrait être<ref name="grammar" />.

La phonologie de l'ithkuil est aussi particulièrement visée, car la diversité de ses phonèmes le rend vulnérable aux erreurs de prononciation ou d'écoute, quoique Quijada argue que de nombreuses langues naturelles sont plus diversifiées que l'ithkuil dans leur inventaire phonologique, comme les [[langues caucasiennes]]<ref name=":1" />.

Pour Claire Placial, maître de conférences à l'[[Université de Lorraine]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Claire Placial|url=https://ecritures.univ-lorraine.fr/sites/ecritures.univ-lorraine.fr/files/users/auteurs/cv/placial_cv.pdf|site=ecritures.univ-lorraine.fr|date=|consulté le=18 juillet 2018}}.</ref>, l'association de l'ithkuil à l'extrême-droite s'explique par la propension de l'un comme l'autre à limiter la diversité d'expression, et par là même d'opinions<ref name=":7" />.

=== Comparaison avec d'autres langues ===
L'article de ''Computerra'' est à l'origine de l'association de l'ithkuil avec le [[speedtalk]] créé par [[Robert A. Heinlein]], puisque les deux langues ont pour point commun de complexifier la forme de la communication pour l'optimiser ; toutefois, Quijada conteste cette ressemblance, du fait que le speedtalk n'a pour objectif que la brièveté [[Morphophonologie|morphophonologique]], tandis que cette dernière n'est en ithkuil qu'un effet secondaire de sa vocation première{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}}{{,}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":3" />.

L'ithkuil n'est pas comparable aux langues construites à vocation internationaliste comme [[Espéranto|l'espéranto]], l'[[ido]] ou l'[[Interlingua (IALA)|interlingua]], qui sont conçues pour leur régularité et leur simplicité d'apprentissage<ref name=":3" />.

L'article de ''[[Computerra]]'' explique que l'ithkuil pourrait être une application particulièrement convaincante de l'[[hypothèse de Sapir-Whorf]] (qui soutient que la façon dont on perçoit le monde dépend du [[langage]]) et mentionne différentes langues construites qui en démontrent l'application, comme la [[novlangue]], le [[toki pona]] ou le [[lojban]]<ref name=":0" />. L'ithkuil est parfois qualifié d'anti-toki pona<ref name=":9" />. Toutefois, à la différence de la plupart des langues auxiliaires, il ne simplifie pas la langue pour faciliter l'expression ; son optimisation a au contraire pour corollaire sa complexification<ref name=":3" />.

== Exemples ==

=== Ithkuil actuel ===
[[Fichier:Ithkuil-ex001.jpg|vignette|La phrase ci-contre dans le système d'écriture ithkuil.|alt=Phrase dans le système d'écriture ithkuil.]]
Le mot « ''iţkuîl'' » ({{API|/ˈɪθ.kʊ.il/}}) est basé sur la racine « KL » exprimant la parole, qui prend le sens de « acte de parole hypothétique » avec l'infixe « ''-uî-'' » ; le préfixe « ''ţ-'' » exprime la composition et « ''i-'' » la coopération des éléments au sein de la composition, de sorte qu'une traduction précise de « ''iţkuîl'' » serait « composition d'actes de parole hypothétiques [[Synergie|synergétiques]] ».

La phrase suivante a été conçue par Quijada pour montrer comment l'ikhtuil pouvait concilier précision et concision : « ''tram-mļöi hhâsmařpţuktôx'' » ({{API|/tramm̩ɬœɪ̯ h̪͆ɑsmaʁpθʊkto:x/}}) peut être traduit par {{Citation|au contraire, je pense qu'il s'avérera que cette chaîne de montagne rugueuse s'amenuisera à partir d'un moment}}{{sfn|Foer|2014|loc={{1e}} partie, {{paragr.}}{{n°|5}}}}.

L'ithkuil peut exprimer des concepts complexes en un seul adjectif ; ainsi « ''oicaštik’'' » ({{API|ɔɪ̯t͡saʃtɪkʼ}}) désigne-t-il la « caractéristique d'un composant unique au sein de l'amalgamation [[Synergie|synergétique]] des choses »{{sfn|Foer|2014|loc={{5e}} partie, {{paragr.}}{{n°|2}}}}. La souplesse de la langue est également très importante ; Quijada est capable de créer rapidement un mot applicable à un concept précis pour lequel aucune langue naturelle n'a de terme, comme « ''ašţal'' » ({{API|/aʃθal/}}), qu'il a créé pour qualifier « le moment de perplexité accompagné du geste de se frotter le menton et de froncer les sourcils lorsqu'une idée nouvelle est exprimée qui ouvre des possibilités jamais encore considérées »{{sfn|Foer||5=2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|11}}}}.

Lors de la conférence en Kalmoukie, Quijada est amené à décrire le ''[[Nu descendant un escalier (N°2)|Nu descendant un escalier]]'' de [[Marcel Duchamp]] en ithkuil, et crée pour l'occasion la phrase suivante{{sfn|Foer|2014|loc={{6e}} partie, {{paragr.}}{{n°|7}}}} :
[[Fichier:Duchamp ithkuil.ogg|vignette|La phrase ci-contre prononcée par Quijada.|alt=Phrase ithkuil prononcée par Quijada.]]

{{Citation bloc|[[file:Ithkuil III Aukkras.svg]]
''Aukkras êqutta ogvëuļa tnou’elkwa pal-lši augwaikštülnàmbu.''

{{API|/aʊ̯kːras eːqʊtːa ɔgvəʊ̯ɬa tⁿɔʊ̯ʔɛlkwa pall̩ʃi aʊ̯gwaɪ̯kʃtʉlˈnambu/}}}}{{Citation bloc|Une représentation imaginaire d'une femme nue en train de descendre les marches d'un escalier par séries de mouvements ambulatoires corporels étroitement intégrés qui se combinent sous la forme d'un sillage tridimensionnel derrière elle, faisant émerger un tout intemporel qui doit être considéré intellectuellement, émotionnellement et esthétiquement.}}

Enfin, Quijada a défini en ithkuil ce que lui évoquait l'aventure qu'il a vécue par le biais de sa création{{sfn|Foer|2014|loc={{11e}} partie, {{paragr.}}{{n°|13}}}} :

{{Citation bloc|''Eipkalindhöll te uvölîlpa ípçatörza üxt rî’ekçuöbös abzeikhouxhtoù eqarpaň dhai’eickòbüm öt eužmackûnáň xhai’ékc’oxtîmmalt te qhoec îtyatuithaň.''

{{API|/ɛɪ̯pkalɪnðœlː te uvœliːlpa ˈɪpçatœrza ʉxt riːʔekçuœbœs abzɛɪ̯kʰɔʊ̯χˈtɔʊ̯ ɛqarpaŋ ðaɪ̯ʔɛɪ̯t͡sˈkɔbʉm œt eʊ̯ʒmat͡su:ˈnaŋ χaɪ̯ˈʔɛkt͡sʼʔoxtiːmːalt te qʰoɛt͡s iːtjatuɪ̯tʰaŋ/}}}}{{Citation bloc|J'ai eu le privilège d'avoir vécu une expérience rare, d'avoir été envoyé par ce que je considérais comme un hobby dans des pays lointains où l'on rencontre de nouvelles idées, de nouvelles cultures et de nouveaux peuples, généreux par leur hospitalité et leur respect, m'ayant conduit à une humble introspection et à considérer nouvellement l'esprit humain et les merveilles du monde.}}L'accent tonique n'est marqué à l'écrit que s'il est distinctif, de même que les tons<ref name=":17" />. Cette traduction du [[Notre Père]] les marque (avec les signes ‹¯› et ‹^›), permettant leur transcription phonétique<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=John Quijada|titre=A Grammar of the Ithkuil Language - Introduction|url=http://www.ithkuil.net/texts.html|site=www.ithkuil.net|date=|consulté le=2019-01-03}}.</ref>.
{| class="wikitable center"
|+
!Ithkuil
!Français
!Phonétique
|-
|
Ömmële têhwei elthâ'àlôs<br/>
în-n imnadh kô adal<br/>
Îl-lm ¯euč’ane tehwei driocaipšé kû<br/>
Ôbartöák în-n ¯aipšalu<br/>
Swâ’ál elthâ'àlöňňôs<br/>
ř uigrawulakkönurň<br/>
Iekčawelöň okhühwei îvyoerduap ^uhékčeöt no.<br/>
uibawetâmziúrön<br/>
uilthalaiňqàrzönöň tehwei
|
Notre Père, qui es aux cieux,<br/>
que ton nom soit sanctifié,<br/>
que ton règne vienne,<br/>
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.<br/>
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.<br/>
Pardonne-nous nos offenses,<br/>
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.<br/>
Et ne nous laisse pas entrer en tentation<br/>
mais délivre-nous du Mal.
|{{API|œmːəle teːʍɛɪ̯ ɛltʰɑˈʔaloːs<br/>
iːnn̩ imnað koː adal<br/>
iːll̩m ɛ́ʊ̯́t͡ʃʼane teːʍɛɪ̯ driot͡saɪ̯pˈʃe kuː<br/>
oːbartœˈak iːnn̩ áɪ̯́pʃalu<br/>
swɑˈʔal eltʰɑˈʔalœŋːoːs<br/>
ʁ ʊɪ̯grawulkːœnurŋ<br/>
iɛkt͡ʃawɛlœŋ okʰʉʍɛɪ̯ iːvjoɛrduap ʊ᷈ˈhɛkt͡ʃeœt no<br/>
ʊɪ̯bawɛtɑmziˈurœn<br/>
ʊɪ̯ltʰalaɪ̯ŋˈqarzœnœŋ tɛʍɛɪ̯}}
|}

=== Anciennes versions ===
Il a existé trois versions de l'ithkuil : la version originale de 1978 à 2007, puis l'ilaksh de 2007 à 2009 résultant d'une grande simplification phonologique, et enfin l'ithkuil de 2009 (mis en ligne en 2011) qui renoue avec une phonologie plus complexe et qui consiste en la fusion de l'ithkuil original et de l'ilaksh<ref name=":3" />. La refonte de 2009 n'a pas été aussi publicisée ni renommée, mais le magazine ''[[Computerra]]'' a consacré un nouvel article à l'ithkuil à cette occasion<ref name=":14" />.

La phrase suivante est en ancien ithkuil<ref group="citation">''As our vehicle leaves the ground and plunges over the edge of the cliff toward the valley floor, I ponder whether it is possible that one might allege I am guilty of an act of moral failure, having failed to maintain a proper course along the roadway''</ref>.
[[Fichier:Ithkuil pull uiqisx.ogg|vignette|La prononciation du texte ci-contre par Quijada.|alt=Phrase ithkuil prononcée par Quijada.|gauche]]
<br />{{Citation bloc|Pull\ uíqišx ma’wałg eřyaufënienˉ päţwïç auxë’yaļt xne’wïļta’şui tua kit ölla/ yaqazmuiv li’yïrzişka’ p’amm/ aìlo’wëčča šu’yehtaş

{{API|/ˈpʊ̃lː ʊˈɪ́qɪ̀ʃx ˈmáʔwàʟɡ ɛʁjɑʊfɤˈnɪ́ɛ́n ˈpǽθwɯ̀ç aʊˈxɤ́ʔjàɬt xnɛʔwiɬˈtáʔʂʊɪ̀ tʊ́à kɪ̂t œlˈːǎ jaˈqázmʊɪ̀v lɪʔjɯɾˈzɪ́ʂkàʔ pʼǎmː aɪlɔˈwɤ́tʃːà ʃʊʔˈjɛ́htàʂ/}}}}{{Citation bloc|Tandis que notre véhicule quitte le sol et plonge par-dessus le bord de la falaise vers le fond de la vallée, je me demande s'il est possible qu'on m'accuse d'un acte moralement répréhensible, ayant échoué à maintenir une trajectoire correcte le long de la route.}}Les voyelles réduites /ɪ ʊ/ deviennent [i u] devant une autre voyelle ou à la fin d'un mot, et les voyelles /ɛ ɔ/ deviennent [e o] devant une autre voyelle, sauf /ɪ ʊ/<ref name=":17" />.

L'ancien ithkuil comportait les {{Nombre|17|voyelles}} suivantes<ref name=":11">{{Lien archive|langue=en|url=https://web.archive.org/web/20090608003709/|titre=Ithkuil – Chapter 1: Phonology|horodatage archive=20090608003709|auteur=John Quijada}}.</ref>:

{| class="wikitable center"
! rowspan="2" |Point d'articulation →
Aperture ↓
! colspan="2" |Antérieur
! rowspan="2" |Central
! colspan="2" |Postérieur
|-
!Normal
!Réduit
!Réduit
!Normal
|-
!Fermée
|/i y/
|
|/ʉ/
|
|/ɯ u/
|-
!Pré-fermée
|
|/ɪ/
|
|/ʊ/
|
|-
!Mi-fermée
|/e ø/
|
|
|
|/ɤ o/
|-
!Mi-ouverte
|/ɛ œ/
|
|
|
|/ɔ/
|-
!Pré-ouverte
|/æ/
|
|
|
|
|-
!Ouverte
|
|
|/ä/
|
|/ɑ/
|}

La transformation du système vocalique a consisté en ceci : 
*l'opposition rétracté/arrondi a été supprimée pour les voyelles antérieures et postérieures de l'aperture la plus réduite (ce qui fait 2 phonèmes en moins) ;
*l'opposition rétracté/arrondi a été supprimée pour les voyelles mi-fermées et mi-ouvertes (3 phonèmes en moins) ;
*suppression de l'aperture pré-ouverte (représentée par /æ/) (1 phonème en moins), remplacée par l'aperture moyenne avec deux phonèmes : un antérieur (/ø̞/) et un central, le schwa /ə/ .
Au total, six phonèmes vocaliques ont été supprimés et deux ajoutés, ce qui fait porte bien le compte à 17-4=13 voyelles dans le système actuel.
[[Fichier:Ithkuil pull uiqisx.png|vignette|Le texte ci-contre dans le système d'écriture ithkuil.|alt=Texte dans le système d'écriture ithkuil.]]
De plus, l'ithkuil original possédait les 24 diphtongues suivantes, toutes descendantes : /ai̯, æi̯, ei̯, ɤi̯, øi̯, oi̯, ʊi̯, au̯, æu̯, eu̯, ɤu̯, ɪu̯, ou̯, øu̯, aɯ̯, eɯ̯, ɤɯ̯, ʊɯ̯, oɯ̯, ɪɯ̯, æɯ̯, øɯ̯, ʉɯ̯, ae̯/<ref name=":11" />.

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|lang1=ru|art1=ифкуиль|id1=|lang2=en|art2=Ithkuil|id2=}}

=== Citations originales ===
{{Références|groupe=citation}}

=== Références ===
{{Références|taille=36}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}

* {{Article|auteur1=[[Joshua Foer]]|traducteur=Camille de Chevigny|titre=Vertige de la langue|périodique=[[Feuilleton (revue)|Feuilleton]]|numéro=10|éditeur=les éditions du sous-sol|année=2014|isbn=978-2-36468-025-8|issn=2118-6650|consulté le=29 juin 2018|pages=74-97}} (une version abrégée a été publiée sur [[Rue89]] sous le titre [http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2014/02/25/curieux-destin-lhomme-inventa-nouvelle-langue-250127 ''Le curieux destin de l’homme qui inventa une nouvelle langue'']), article originel : {{Article|langue=en|auteur1=Joshua Foer|titre=Utopian for Beginners|périodique=[[The New Yorker]]|jour=24|mois=décembre|année=2012|lire en ligne=http://www.newyorker.com/reporting/2012/12/24/121224fa_fact_foer|consulté le=29 juin 2018}}. '''Note''' : le début des parties mentionnés par les renvois à l'article anglophone est marqué par les lettrines. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Rogers|nom1=Stephen D.|titre=A dictionary of made-up languages|sous-titre=From Elvish to Klingon, The Anwa, Reella, Ealray, Yeht (Real) Origins of Invented Lexicons|éditeur=Adams Media|année=2011|pages totales=304|isbn=9781440528170|isbn2=1440528179|oclc=719428311|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/719428311|consulté le=2018-07-06}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Beebee|nom1=Thomas O.|titre=Transmesis|sous-titre=inside translation's black box|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|année=2012|pages totales=266|isbn=9781137001016|isbn2=1137001011|oclc=809799685|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/809799685|consulté le=2018-07-06}}
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Peter|nom1=Schlobinski|titre=Grundfragen der Sprachwissenschaft eine Einführung in die Welt der Sprache(n).|éditeur=UTB GmbH|année=2014|pages totales=272|isbn=9783825241254|isbn2=3825241254|oclc=882960525|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/882960525|consulté le=2018-07-06}}
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=Александр Чедович|nom1=Пиперски [Aleksandr Tchedovitch Pipepski]|titre=Конструирование языков|sous-titre=от эсперанто до дотракийского|traduction titre=Langues construites: de l'espéranto au dothraki|lieu=Moscou|éditeur=Альпина Паблишер Alpina Publisher|année=2017|pages totales=224|isbn=5961445208|lire en ligne=https://books.google.ru/books?id=HmaYDQAAQBAJ&pg=1}}

=== Articles connexes ===
*[[Langue construite|Langues construites]]
*[[Speedtalk]]
*[[Toki pona|Toki Pona]]
*[[Loglan]]

=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Ithkuil}}
* {{Lien web|langue=en|titre=Ithkuil: A Philosophical Design for a Hypothetical Language|url=http://ithkuil.net|site=ithkuil.net|date=}}, le site officiel.
* {{Lien web|langue=ru|titre=Ифкуиль|url=http://ithkuil-russian.narod.ru/|site=ithkuil-russian.narod.ru|date=}}, la traduction intégrale en russe du site officiel.
* {{Lien web|langue=en|titre=Ithkuil Dictionary|sous-titre=Interactive listing of Ithkuil roots, stems, & derivatives|url=https://porpoiseless.github.io/ithkuil/|date=}}, dictionnaire des racines ithkuils.
* {{en}} [https://www.youtube.com/channel/UCJ6BcuwscfmMl1pQp0gEX-g John Quijada] sur [[YouTube]], chaîne officielle contenant des chansons originales en ithkuil.

{{Palette|Langues construites}}
{{portail|langues}}
{{Article de qualité|oldid=157069557|date=27 février 2019}}

[[Catégorie:Langue construite]]
[[Catégorie:Inventaire de langues]]