Voir la source de Lexique-grammaire

Le '''lexique-grammaire''' est à la fois une méthode et une pratique effective de description formelle des langues<ref>Ibrahim, Amr Helmy. 2003. [http://linx.revues.org/219 Le cadre du lexique-grammaire]. ''Linx'' 48:101-122.</ref>, qui considère l'étude systématique des entrées lexicales comme le principal défi actuel de l'étude scientifique des langues<ref>{{Ouvrage |auteur1= Maurice Gross |titre= Méthodes en syntaxe |sous-titre= régime des constructions complétives |lieu= Paris |éditeur= Hermann |année= 1975 |passage= 9}}:{{citation bloc| Nous nous proposons de remplacer [l'approche qui] consiste essentiellement à effectuer des observations isolées dans des régions différentes de la structure linguistique. Ces observations ne sont jamais systématiques, et les « trous » qui les séparent ne sont pas explorés empiriquement. (...) Toute construction théorique a toujours été précédée d’un long travail d'accumulation systématique de données, et les chercheurs se sont toujours efforcés de combler les trous qui pouvaient se présenter dans leurs données avant d'avancer une règle générale. }}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1= Maurice Gross |titre= Méthodes en syntaxe |sous-titre= régime des constructions complétives |lieu= Paris |éditeur= Hermann |année= 1975 |passage= 45}}:{{citation bloc| Nous pensons que seul l'examen systématique des données peut conduire à la découverte [des] principes généraux abstraits [d'une] théorie linguistique un tant soit peu générale]. }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1= Annibale Elia |titre= Pour un lexique-grammaire de la langue italienne |sous-titre= les complétives objet  |périodique= [[Lingvisticae Investigationes]] |volume= 2 |numéro= 2 |date= 1978 |pages= 233-276 |issn= 0378-4169 |e-issn= 1569-9927 |lire en ligne= |consulté le=13 avril 2022 |doi= https://doi.org/10.1075/li }}. {{plume}}
{{citation bloc|Nous croyons qu'avant de proposer des interprétations ou des "explications", il faut passer par un travail aussi complet que possible d'énumération et d'observation du lexique d'une langue.}}</ref>. Le lexique-grammaire a été développé par [[Maurice Gross]] à partir de la fin des années 1960<ref>[https://books.google.fr/books?id=eBtKAAAAYAAJ Gross, Maurice. 1968. ''Grammaire transformationnelle du français. Vol. 1, Syntaxe du verbe''.] Paris : [[Éditions Larousse|Larousse]] (réédité sous le même titre, Paris: Cantilène, 1986).</ref>, la méthode et la pratique se nourrissant mutuellement.

La '''base théorique''' sur laquelle se fonde le lexique-grammaire est le [[distributionnalisme]] de [[Zellig Harris|Zellig S. Harris]]<ref name="Harris1964">{{en}} Harris, Zellig. 1964. "Transformations in Linguistic Structure", ''{{Lien  |Proceedings of the American Philosophical Society|lang = en|trad = Proceedings of the American Philosophical Society}}'' 108:5, {{p.}}418-122.</ref>{{,}}<ref name="Harris1976">{{Ouvrage|langue=|prénom1= |nom1=|lien auteur1=|auteur= Harris, Zellig |titre= Notes du cours de syntaxe |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= Seuil |lieu= Paris |année= 1976 |tome=|volume=|pages totales=|isbn=|passage=|lire en ligne=|consulté le=}}</ref>, et notamment la notion de [[transformation grammaticale|transformation]]. Les conventions de notation pour la présentation des informations grammaticales se veulent aussi simples et aussi transparentes que possible.

La méthode du lexique-grammaire est inspirée des [[sciences expérimentales]]<ref name="Lamiroy2003">[http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TL_046_0145 Lamiroy, Béatrice. 2003. "In memoriam Maurice Gross", ''Travaux de linguistique'' 46:1, pp. 145-158.]</ref>. Elle met l'accent sur la '''collecte des faits''', donc sur la confrontation avec la réalité des usages linguistiques, du point de vue quantitatif (description systématique du [[lexique]]) et qualitatif (précautions méthodologiques).

Le lexique-grammaire pose également une exigence de '''formalisation'''. Les résultats de la description doivent être suffisamment formels pour permettre une application au [[traitement automatique des langues]], notamment à travers la réalisation d'[[Analyseur syntaxique|analyseurs syntaxiques]]<ref name="Delamar2001">Michel Delamar, ''Maurice Gross'', http://www.univ-paris-diderot.fr/2001/pres011212.htm</ref>{{,}}<ref name="Roche1997">{{en}} [https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=q4URKd5XKo0C&oi=fnd&pg=PA241 Roche, Emmanuel, 1997, "Parsing with Finite-State Transducers", in ''Finite-State Language Processing'', Cambridge, Mass./ London, MIT Press.]</ref>. Le [[Modèle (informatique)|modèle formel]] est tel que les résultats de la description prennent la forme de tableaux à double entrée, appelés '''tables''' ou '''[[Matrice (mathématiques)|matrices]]''', qui croisent des [[Item lexical|entrées lexicales]] avec les propriétés syntaxico-sémantiques<ref name="Gross1975">[https://books.google.fr/books?id=bUBcAAAAMAAJ Gross, Maurice. 1975. ''Méthodes en syntaxe. Le régime des constructions complétives''.] Paris : [[Hermann (éditions)|Hermann]].</ref>. Les '''résultats''' obtenus sont une base d’informations syntaxico-sémantiques.

Les expériences ont montré que plusieurs individus ou équipes peuvent parvenir à une '''cumulativité''' de leurs descriptions.

Le terme ''lexique-grammaire'' est utilisé pour la première fois par Annibale Elia<ref>{{Article |auteur1= Annibale Elia |titre= Pour un lexique-grammaire de la langue italienne |sous-titre= les complétives objet  |périodique= [[Lingvisticae Investigationes]] |volume= 2 |numéro= 2 |date= 1978 |pages= 233-276 |issn= 0378-4169 |e-issn= 1569-9927 |lire en ligne= |consulté le=13 avril 2022 |doi= https://doi.org/10.1075/li }}. {{plume}}
{{citation bloc|Nous avons entrepris un projet de lexique-grammaire de la langue italienne.}}</ref>.

== Base théorique ==
La base théorique sur laquelle se fonde le lexique-grammaire est le [[distributionnalisme]] de [[Zellig Harris]]<ref name="Harris1964"/>{{,}}<ref name="Harris1976"/>, et notamment la notion de [[transformation grammaticale|transformation]] au sens de [[Zellig Harris]]. [[Maurice Gross]] fut un étudiant de [[Zellig Harris]]. Les conventions de notation pour la présentation des informations grammaticales se veulent aussi simples et aussi transparentes que possible. Ce souci vient de [[Zellig Harris]], dont la théorie est orientée vers la surface directement observable ; c'est aussi une différence avec la [[grammaire générative]], qui recourt normalement à des structures abstraites telles que les [[Structure profonde et structure de surface|structures profondes]].

== Collecte des faits ==
La méthode du lexique-grammaire est inspirée des [[sciences expérimentales]]<ref name="Lamiroy2003"/>. Elle met l'accent sur la '''collecte des faits''', donc sur la confrontation avec la réalité des usages linguistiques<ref>{{Article | langue = en | nom1 = Laporte | prénom1 = Eric | année = 2015 | titre = The Science of Linguistics | lire en ligne = http://inference-review.com/article/the-science-of-linguistics | périodique = Inference. International Review of Science | volume = 1 | numéro = 2}}</ref>, du point de vue quantitatif et qualitatif.

Quantitativement : le lexique-grammaire inclut un programme de description systématique du '''[[lexique]]''', y compris observer pour chaque entrée lexicale dans quelles constructions syntaxiques elle apparaît<ref>{{Ouvrage |auteur1= Maurice Gross |titre= Méthodes en syntaxe |sous-titre= régime des constructions complétives |lieu= Paris |éditeur= Hermann |année= 1975 |passage= 225}}:{{citation bloc| Nous pensons qu'il est normal qu’une propriété syntaxique ait une distribution non triviale sur le lexique}}</ref>. Il s'agit d'un travail à grande échelle, réalisable par des équipes et non par des spécialistes isolés. La recherche exclusive de règles de [[syntaxe]] générales, indépendantes du matériel lexical qu’elles manipulent, est dénoncée comme une impasse<ref>{{en}} Gross, Maurice. 1979.
On the failure of generative grammar. ''Language'' 55:4, pp. 859-885.</ref>. C'est une différence avec la [[grammaire générative]], qui valorise la notion de généralisation.

Qualitativement : des précautions méthodologiques sont appliquées pour assurer une bonne [[reproductibilité]] des observations, et notamment pour se prémunir contre les risques liés aux exemples construits<ref>{{en}} Gross, Maurice, A linguistic environment for comparative Romance syntax, ''Papers from the XIIth Linguistic Symposium on Romance Languages'', 1984, pp. 373-446, Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins.</ref>. Une de ces précautions consiste à prendre comme '''unité minimale de sens la [[phrase]] élémentaire'''<ref>{{en}} Gross, Maurice. 1988. Methods and Tactics in the Construction of a Lexicon-Grammar. In ''Linguistics in the Morning Calm'' 2, Selected Papers from SICOL 1986, pp. 177-197, Séoul : Hanshin Pub. Co.</ref>. En effet, un [[mot]] n'acquiert un sens précis que dans un contexte ; de plus, en insérant un [[mot]] dans une [[phrase]], on a l'avantage de manipuler une séquence susceptible d'être jugée comme acceptable ou inacceptable. C’est à ce prix que des propriétés syntaxico-sémantiques ont pu être considérées comme définies avec suffisamment de précision pour que cela eût un sens de les confronter à l’ensemble du [[lexique]]. Ces précautions ont évolué au fur et à mesure des besoins et de l’apparition de nouveaux moyens techniques. Ainsi, à partir du début des années 1990, les contributeurs du lexique-grammaire ont pu recourir de plus en plus facilement à la prise en compte d’exemples attestés dans des [[corpus]]<ref>Notamment grâce au logiciel Intex développé par Max Silberztein.</ref>. Cette nouvelle précaution s’est simplement ajoutée aux précédentes, faisant du lexique-grammaire une méthode qui relève à la fois de la linguistique introspective et de la linguistique de corpus<ref>[http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00352695/en/ Laporte, Éric. 2008. Exemples attestés et exemples construits dans la pratique du lexique-grammaire. ''Observations et manipulations en linguistique: entre concurrence et complémentarité'', sous la direction de Jacques François. Louvain/Paris/Dudley : Peeters. Mémoires de la Société de linguistique de Paris. Nouvelle Série. Vol. 16, pp. 11–32.]</ref>, un peu comme le préconisait [[Charles J. Fillmore|Fillmore]]<ref>{{en}} Fillmore, Charles. 1992. "'Corpus linguistics' vs. 'Computer-aided armchair linguistics'". ''Directions in Corpus Linguistics'', Mouton de Gruyter, pp. 35-60. (Proceedings from a 1992 Nobel Symposium on Corpus Linguistics, Stockholm.)</ref>. Les projets américains FrameNet<ref>{{en}} Baker, Collin F., Charles J. Fillmore, Beau Cronin. 2003. "The Structure of the Framenet Database", ''International Journal of Lexicography'' 16.3, pp. 281-296.</ref> et VerbNet<ref>{{en}} [http://www.cl.cam.ac.uk/users/alk23/lrec06.pdf Kipper-Schuler, Karin, Anna Korhonen, Neville Ryant, Martha Palmer. 2006. "Extending VerbNet with Novel Verb Classes". ''Proceedings of the International Conference on Language Resources and Evaluation'' (LREC), Genoa.]</ref> témoignent d’ailleurs d’une relative convergence vers des objectifs proches de ceux du lexique-grammaire.

== Formalisation ==
Le lexique-grammaire pose également une exigence de '''formalisation'''. Les résultats de la description doivent être suffisamment formels pour permettre :

- une vérification par confrontation à la réalité de l’usage,

- une application au [[traitement automatique des langues]], et plus particulièrement au {{Lien|fr=traitement linguistique profond|lang = en|trad = deep linguistic processing}}, notamment à travers la réalisation d'[[Analyseur syntaxique|analyseurs syntaxiques]] par des [[informaticiens]]<ref name="Delamar2001"/>{{,}}<ref name="Roche1997"/>.

Cette contrainte de formalisation se manifeste par l’adoption d’un [[Modèle (informatique)|modèle]] [[discret|discrétisé]] de la [[syntaxe]] et de la [[sémantique]]. Ainsi, l’'''acceptabilité''' est modélisée par une propriété binaire : pour les besoins de la description, une [[phrase]] est considérée soit comme acceptable, soit comme inacceptable, comme en [[grammaire générative]] et pour les mêmes raisons.

De même, l’[[ambiguïté]] lexicale est représentée en séparant soigneusement un [[mot]] en un [[Entier naturel|nombre entier]] d’'''[[Item lexical|entrées lexicales]]''', qui sont distinctes les unes des autres au même titre que deux [[Item lexical|entrées]] de [[Mot|mots]] morphologiquement différents (par exemple, les différents sens de ''manquer'' correspondent à des [[Item lexical|entrées]] distinctes).

Les '''propriétés''' syntaxico-sémantiques des [[Item lexical|entrées]] (par exemple les structures de phrase dans lesquelles un [[verbe]] donné peut apparaître, ou la distribution du [[Sujet (grammaire)|sujet]]) forment une liste systématiquement confrontée à toutes les [[Item lexical|entrées]]. Elles sont identifiées par des intitulés assez informels tels que <math>N_0 \, V \, N_1 \, W \, = \, N_1 \,V\, W</math>, qui représente une [[Transformation grammaticale|transformation]] entre deux structures de phrases (ou constructions syntaxiques) relevant d'une même [[Item lexical|entrée lexicale]].

La notion d'[[Item lexical|entrée lexicale]] n'est donc pas confondue avec celle de construction syntaxique. C'est pourquoi on évite le terme de "{{Lien|fr=cadre de sous-catégorisation|lang = en|trad = subcategorization frame}}", souvent utilisé dans le contexte de modèles qui tendent à considérer que les deux notions sont en [[bijection]]. Dans le cadre du lexique-grammaire, les décisions sur la classification ("sous-catégorisation") d'une [[Item lexical|entrée]] se fondent a priori sur l'ensemble des constructions syntaxiques qui relèvent de l'[[Item lexical|entrée]], non sur une seule construction ("cadre").

Enfin, seules sont retenues les propriétés pour lesquelles on trouve une procédure permettant de déterminer de façon suffisamment fiable si une [[Item lexical|entrée]] donnée la possède ou non. Une telle procédure est déterminée expérimentalement en testant sur un vocabulaire étendu la [[reproductibilité]] des jugements. Les propriétés sont donc modélisées comme binaires et non comme des continuums.

Étant donné ce [[Modèle (informatique)|modèle formel]], l'essentiel de la description d'une langue consiste à spécifier les propriétés des [[Item lexical|entrées]]. Les résultats de la description prennent donc naturellement la forme de tableaux à double entrée, appelés '''tables''' ou '''[[Matrice (mathématiques)|matrices]]''', qui croisent des [[Item lexical|entrées lexicales]] avec les propriétés syntaxico-sémantiques<ref name="Gross1975"/>.

La description de la structure des phrases met en jeu l'identification d'un ensemble d'[[actant|arguments]] caractéristique de chaque entrée prédicative ; en particulier, on met en application des principes pour distinguer les [[actant|arguments]] ([[Sujet (grammaire)|sujets]] et objets ou compléments essentiels) des compléments non essentiels (adverbiaux ou compléments circonstanciels).

== Résultats ==
Les résultats obtenus par l’application de ces principes méthodologiques par quelques dizaines de [[linguiste]]s pendant quelques dizaines d’années sont une base d’informations syntaxico-sémantiques pour le [[traitement automatique des langues|traitement des langues]]. On peut juger de la qualité de cette base d'informations en prenant en compte :

- son volume, évaluable par le nombre d'entrées,

- la richesse des phénomènes linguistiques qu’elle prend en compte, évaluable par le nombre de propriétés,

- et son degré de formalisation.

Pour le [[français]], plus de {{nombre|75000|entrées}} ont été établies<ref>[https://books.google.fr/books?id=oJDtIToTmcAC&pg=PA2124 Gross, Maurice. 2006. État du lexique-grammaire du français et perspectives d'extension. ''History of the Language Sciences'', tome 3], [[Sylvain Auroux]] et al. (eds.), Berlin-New York: Walter de Gruyter, pp. 2122-2129.</ref> ; des descriptions plus ou moins substantielles, toujours suivant le même modèle, existent pour une dizaine d’autres [[langues]], les mieux représentées étant l’[[italien]]<ref>{{en}} [https://books.google.fr/books?id=c1tJhiZsHbkC&pg=PA125 D'Agostino, Emilio, Annibale Elia, & Simonetta Vietri. 2004. "Lexicon-Grammar, Electronic Dictionaries and Local Grammars of Italian", ''Lexique, syntaxe et lexique-grammaire. Papers in honour of Maurice Gross'', Coll. Lingvisticae Investigationes Supplementa, 24, Amsterdam/Philadelphia : Benjamins, pp. 125–136.]</ref>, le [[portugais]]<ref>{{en}} Ranchhod, Elisabete; P. Carvalho; C. Mota; A. Barreiro, "Portuguese Large-scale Language Resources for NLP Applications". In ''Proceedings of the 4th LREC'', pp. 1755-1758, Lisbon.</ref>, le [[grec moderne]]<ref>Kyriacopoulou, Tita. 2004. ''Analyse automatique des textes écrits : le cas du grec moderne''. Thessaloniki : University Press.</ref> et le [[coréen]]<ref>{{Article |auteur1= Nam, Jee-sun |titre= Lexique-grammaire des adjectifs coréens et analyse syntaxique automatique |périodique= Langages |volume= 126 |numéro= |date= 1997 |pages= 105-123 |issn= 0458-726X |e-issn= 1958-9549 |lire en ligne= https://www.persee.fr/docAsPDF/lgge_0458-726x_1997_num_31_126_1779.pdf |consulté le=13 avril 2022 |doi= 10.3406/lgge.1997.1779 }}</ref>.

Des travaux ont été réalisés et publiés dans le cadre du lexique-grammaire sur les [[substantif]]s prédicatifs depuis les années 1970<ref name="Labelle1974">Labelle, Jacques. 1974. "Le substantif symétrique". ''[[Cahier de linguistique]]'' 5, pp. 17-49, Montréal: UQAM.</ref>, et sur les expressions figées depuis les années 1980<ref name="Gross1982">Gross, Maurice. 1982. Une classification des phrases "figées" du français. ''[[Revue québécoise de linguistique]]'' 11.2, pp. 151-185, Montréal: UQAM.</ref>.

La notion de [[substantif]] prédicatif est issue des travaux de
[[Zellig Harris]]<ref>{{en}} Harris, Zellig, 1964. "The Elementary transformations", ''Transformations and Discourse Analysis Papers'', 54, Philadelphie, Université de Pennsylvanie (republié dans ''Papers in Structural and Transformational Linguistics'', 1970, Dordrecht:Reidel).</ref>. Elle part de l'idée que si, par exemple,
le [[verbe]] ''étudier'' est analysé comme le prédicat dans la
[[phrase]] ''Luc étudie les éclipses'', il est naturel d'analyser
le [[substantif]] ''étude'' (ou la séquence ''faire une étude'')
comme prédicat dans la [[phrase]]
''Luc fait une étude sur les éclipses''.
Dans ce cas, le [[substantif]] en question est dit prédicatif. Le verbe qui l'accompagne, ici ''faire'', est, lui, qualifié de {{Lien  |verbe support|lang = it|trad = verbo supporto}}.
L'idée a été appliquée systématiquement
dans le cadre du lexique-grammaire à partir des années 1970<ref name="Labelle1974"/>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=FYnhAAAAMAAJ Giry-Schneider, Jacqueline. 1978. ''Les nominalisations en français. L'opérateur faire dans le lexique''. Genève: Droz.]</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=Z6cxYAH9__oC Giry-Schneider, Jacqueline. 1987. ''Les prédicats nominaux en français. Les phrases simples à verbe support''. Genève: Droz.]</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=iqx0BsQ88FgC Gross, Gaston. 1989. ''Les constructions converses du français'', Genève : Droz.]</ref>.

Les contributeurs du lexique-grammaire parlent d'expression figée
lorsqu'une expression (par exemple ''mot de passe'')
possède des propriétés spécifiques (ici, son sens) qui
justifient qu'on lui consacre une [[Item lexical|entrée lexicale]], bien qu'elle
soit constituée de plusieurs éléments (''mot'', ''de'' et ''passe'') qui, d'une façon ou d'une autre,
peuvent être considérés comme des [[Mot|mots]]<ref name="Gross1982"/>.
Un programme systématique de description de ces expressions a été
entrepris dans le cadre du lexique-grammaire à partir des années
1980<ref>{{Article |auteur1= Laurence Danlos |titre= La morphosyntaxe des expressions figées |périodique= Langages |volume= 63 |date= 1981 |pages= 53-74 |issn= 0458-726X |e-issn= 1958-9549 |lire en ligne= https://www.persee.fr/docAsPDF/lgge_0458-726x_1981_num_15_63_1876.pdf |consulté le=15 avril 2022 |doi= 10.3406/lgge.1981.1876 }}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Gross, Maurice. 1986. "Lexicon-Grammar. The Representation of Compound Words". In ''COLING-1986 Proceedings'', Bonn, pp. 1-6. [http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/27/80/82/PDF/C86-1001.pdf pdf]</ref>{{,}}<ref>{{pt}} Ranchhod, Elisabete. 1990. ''Sintaxe dos Predicados Nominais com Estar''. Linguistica 1-2, Lisboa: Instituto Nacional de Investigaçao Cientifica.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Vietri, Simonetta. 2014. ''[https://benjamins.com/#catalog/books/lis.31/main Idiomatic Constructions in Italian. A Lexicon-Grammar approach]''. Amsterdam: John Benjamins. 259 p. DOI: [https://dx.doi.org/10.1075/lis.31 10.1075/lis.31]</ref>.

== Cumulativité ==
Ces expériences ont montré que plusieurs individus ou équipes peuvent parvenir à des résultats identiques. Cette [[reproductibilité]] assure la cumulativité des descriptions. Ce résultat est crucial pour le futur du [[traitement automatique des langues|traitement des langues]] : la quantité de données qui doit être accumulée et représentée au sein d'un modèle cohérent est telle que de nombreuses équipes de recherche et développement doivent coopérer, et on doit pouvoir fusionner leurs résultats sans avoir à réécrire des parties substantielles de la grammaire et du [[lexique]] de chaque [[langue]]. Cette exigence est loin d'être facile à remplir, car on connaît peu d'exemples de grammaires d'une taille significative qui ne soient pas l'œuvre d'un unique spécialiste.

== Interface avec les standards internationaux ==
Avec le but d'améliorer la mise à disposition des données de manière lisible et explicite, le lexique-grammaire du français a été transcodé en un format ISO standard [[Lexical Markup Framework|LMF]]. Ces travaux sont détaillés dans le chapitre: ''Conversion of Lexicon-Grammar Tables to LMF: application to French''<ref>Eric Laporte, Elsa Tolone, Matthieu Constant: Conversion of Lexicon-Grammar Tables to LMF: application to French, in Gil Francopoulo (sous la direction de) LMF Lexical Markup Framework, ISTE / Wiley 2013 {{ISBN|978-1-84821-430-9}}</ref>.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Liens externes ===
* [http://infolingu.univ-mlv.fr/ Visualisation de tables de lexique-grammaire] (suivre Données linguistiques, Lexique-grammaire).

=== Bibliographie ===
* [https://books.google.fr/books?id=BlnZtt2H6QoC Boons, Jean-Paul ; Alain Guillet ; Christian Leclère. 1976. ''La structure des phrases simples en français. Constructions intransitives'', Genève : Droz.]
* [https://books.google.fr/books?id=S-b5hGhMs4gC Guillet, Alain ; Christian Leclère. 1992. ''La structure des phrases simples en français. Constructions transitives locatives'', Genève : Droz.]
* [https://books.google.com/books?hl=en&lr=&id=ITnirwRMIw8C&oi=fnd&pg=PA213&ots=wLWQCR-OwL&sig=MA0F8EsxRMLgX5qkarvmmtm1VmY Gross, Maurice. 1994. Constructing Lexicon-grammars, in ''Computational Approaches to the Lexicon'', Atkins and Zampolli (eds.), Oxford University Press, {{p.}}213-263.] En anglais.
* [https://books.google.com/books?id=aL49LazNxzgC&pg=PA29 Leclère, Christian. 2005. The lexicon-grammar of French verbs: a syntactic database, in ''Linguistic Informatics - State of the Art and the Future''. Amsterdam/Philadelphia : Benjamins. pp. 29–45. Tokyo University of Foreign Studies, UBLI 1.] En anglais.
* [http://las.sinica.edu.tw/search~S0?/b30630010047320/b30630010047320/-53%2C-1%2C0%2CB/frameset&FF=b30630010046959&1%2C1%2C 郑定欧 (= Zheng Ding Ou) (org.). 2012. 词汇-语法五十年''(1960-2010). Lexicon-grammar: 50 years. Lexique-Grammaire : 50 ans''.] Beijing/Guangzhou/Shanghai/Xi'an : [http://www.cbi.gov.cn:8080/wisework/content/83400.html World Publishing Corporation], 278 pages. En anglais, avec 22 pages introductives en chinois.


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[[Catégorie:Théorie linguistique]]