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{{Sources à lier|date=juin 2021}}

La '''mécanique des fluides''' est un domaine de la [[physique]] consacré à l’étude du comportement des [[fluide (matière)|fluides]] ([[liquide]]s, [[gaz]] et [[état plasma|plasmas]]) et des forces internes associées. C’est une branche de la [[mécanique des milieux continus]] qui modélise la matière à l’aide de particules assez petites pour relever de l’[[Analyse (mathématiques)|analyse mathématique]], mais assez grandes par rapport aux [[molécule]]s pour être décrites par des [[fonctions continues]].

Elle comprend deux sous-domaines : la [[Hydrostatique|statique des fluides]], qui est l’étude des fluides au repos, et la [[dynamique des fluides]], qui est l’étude des fluides en [[mouvement (mécanique)|mouvement]].

== Historique ==
{{Article connexe|Histoire de la mécanique des fluides}}

== Principales branches ==
=== Statique des fluides ===
{{article détaillé|Hydrostatique}}
L'[[hydrostatique]], ou statique des fluides, est l'étude des fluides immobiles. Ce domaine a de nombreuses applications comme la mesure de pression et de [[masse volumique]]. Elle offre des explications physiques à de nombreux phénomènes de la vie quotidienne, comme la [[poussée d’Archimède]] ou les raisons pour lesquelles la pression atmosphérique change avec l'altitude.

L'hydrostatique est fondamentale pour l'[[hydraulique]], l'ingénierie des équipements de stockage, de transport et d'utilisation des fluides. Elle est également pertinente pour certains aspects de la [[géophysique]] ou de l'[[astrophysique]] (par exemple, pour comprendre la [[tectonique des plaques]] et les anomalies du [[Pesanteur|champ gravitationnel]] de la Terre), pour la [[météorologie]], la médecine (dans le contexte de la [[pression artérielle]]) et de nombreux autres domaines.

=== Dynamique des fluides ===
La [[dynamique des fluides]], ou hydrodynamique, est une sous-discipline de la mécanique des fluides qui traite de l'écoulement des fluides, soit les liquides ou les gaz en mouvement<ref>Batchelor, C. K., & Batchelor, G. K. (2000). An introduction to fluid dynamics. Cambridge University Press.</ref>. La dynamique des fluides offre une structure systématique qui englobe des lois empiriques et semi-empiriques, dérivées de la mesure du débit et utilisées pour résoudre des problèmes pratiques. La solution à un problème de dynamique des fluides implique généralement le calcul de diverses propriétés du fluide, telles que la [[vitesse]], la [[pression]], la [[densité]] et la [[température]], en tant que fonctions de l'espace et du temps.

La dynamique des fluides couvre plusieurs sous-disciplines comme :
* l'[[aérodynamique]]<ref>Bertin, J. J., & Smith, M. L. (1998). Aerodynamics for engineers (Vol. 5). Upper Saddle River, NJ: Prentice Hall.</ref>{{,}}<ref>Anderson Jr, J. D. (2010). Fundamentals of aerodynamics. Tata McGraw-Hill Education.</ref>{{,}}<ref>Houghton, E. L., & Carpenter, P. W. (2003). Aerodynamics for engineering students. Elsevier.</ref>{{,}}<ref>Milne-Thomson, L. M. (1973). Theoretical aerodynamics. Courier Corporation.</ref> (l'étude des gaz en mouvement) ;
* l'[[hydrodynamique]]<ref>Milne-Thomson, L. M. (1996). Theoretical hydrodynamics. Courier Corporation.</ref>{{,}}<ref>Birkhoff, G. (2015). Hydrodynamics. Princeton University Press.</ref> (l'étude des liquides en mouvement).
[[file:Sous-marin_Albacore_soufflerie_Langley.jpg|thumb|Mesures, '''dans l'air''', des caractéristiques hydrodynamiques d'un sous-marin dans la soufflerie ''Full-scale'' de Langley.]]
[[File:Cp_corps_ellipsoïdo-cylindriques.png|thumb|left|Distribution des pressions sur des ogives ellipsoïdales de fusées (en subsonique) d'après les mesures ''en tunnel hydraulique'' de Rouse et McNown.]]

S'agissant d'écoulements de [[Fluide incompressible|gaz incompressibles]] (ou assimilés), l'aérodynamique rejoint précisément l'hydrodynamique (et vice-versa), c'est-à-dire que les raisonnements théoriques et les mesures expérimentales qui valent pour les liquides valent aussi pour les gaz (incompressibles ou assimilés) et vice et versa. Ainsi peut-on calculer théoriquement avec les mêmes méthodes les efforts suscités par des écoulements liquides ou gazeux (incompressibles ou assimilés) ; ainsi encore peut-on déterminer expérimentalement les caractéristiques de [[portance]] et de [[traînée]] de fusées dans l'eau (image de gauche) ou de sous-marins dans l'air (image de droite).

La dynamique des fluides a un large éventail d'applications, dont le calcul des [[Force (physique)|forces]] et [[Moment d'une force|moments]] s'appliquant sur les aéronefs, la détermination du [[débit massique]] de [[pétrole]] dans les [[pipeline]]s, la prévision de l'évolution des conditions [[Météorologie|météorologiques]], la compréhension des [[nébuleuse]]s dans l'[[espace interstellaire]] et la modélisation des [[explosion]]s. Certains principes de dynamique des fluides sont utilisés dans l'ingénierie du [[Trafic routier|trafic]] et la [[dynamique des foules]].
{{clr}}

== Échelles et nature du problème hydrodynamique ==
=== Niveau microscopique ===
Au niveau le plus bas de la modélisation, on décrit le milieu par position et vitesse de chaque particule constitutive et le potentiel d'interaction entre elles. Cette approche est bien sûr limitée par la quantité d'information qu'elle suppose. Elle est utilisée :
* en pratique dans les méthodes de [[dynamique moléculaire]] où elle constitue une véritable expérience numérique possible pour un liquide comme pour un gaz,
* en théorie pour des tentatives de construction ''ab initio'' d'un système formel de description macroscopique du milieu. Ce type d'approche est extrêmement difficile et peu de résultats ont été obtenus depuis les travaux de [[Jean Leray]]. En particulier, l'existence de [[Solutions des équations de Navier-Stokes|solutions régulières des équations de Navier-Stokes]] fait l'objet du [[Problèmes du prix du millénaire|prix Clay]].

Pour les gaz et à un niveau moins détaillé on se contente de décrire la [[distribution statistique]] des vitesses et éventuellement de tous les autres degrés de liberté ([[énergie interne]], rotation et vibration dans le cas de molécules). [[Ludwig Boltzmann]] a ainsi réussi à écrire l'équation cinétique qui porte son nom. Cette fonction du temps, de la position et de la vitesse peut être calculée à partir d'outils comme la [[Méthode de Monte-Carlo|simulation directe Monte Carlo]] ou la méthode de [[Méthode de Boltzmann sur réseau|gaz sur réseau]] particulièrement bien adaptée aux milieux poreux. Il s'agit de calculs coûteux en raison de la dimension 7 du problème. Pour cette raison on utilise généralement un potentiel d'interaction peu réaliste physiquement mais conduisant à des résultats acceptables.

=== Niveau mésoscopique ===
Par ce vocable on entend la description de phénomènes descriptibles à une échelle grande devant la précédente mais petite devant l'[[Microscopique et macroscopique|échelle du continu]].

==== Concept de particule élémentaire du fluide ====
La particule fluide décrit un fluide à l'échelle [[mésoscopique]] : c'est un volume de dimension suffisamment petite pour que les propriétés du fluide ne varient pas spatialement dans la particule et suffisamment grand pour qu'une quantité importante de molécules soient comprises dedans de manière à moyenner les fluctuations statistiques<ref>{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Cazalbou|titre=Mécanique des fluides PC-PSI|éditeur=Éditions Bréal|année=2005|pages totales=191|isbn=978-2-7495-2049-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0dx7xmjPpKQC&pg=PA6|consulté le=2017-10-18}}</ref>.

On peut effectuer dans cette particule un bilan de masse, de quantité de mouvement et d'énergie en utilisant les flux correspondants sur les limites du domaine. Cette approche conduit à l'écriture des [[Équation de conservation|équations de conservation]] correspondantes et, par passage à la limite, aux équations descriptives du phénomène. Cette méthode est aussi la base de la description numérique, le [[Volume#Volume élémentaire|volume élémentaire]] étant alors la maille élémentaire du calcul.

==== Suppression des détails de taille intermédiaire ====
La géométrie étudiée peut comprendre des détails dont la prise en compte explicite va rendre le problème coûteux, par exemple une rugosité de la surface ou le détail de la géométrie d'un milieu poreux. Dans ce dernier cas les méthodes bien connues de la [[prise de moyenne volumique]] ou de l'[[homogénéisation]] permettent le calcul de quantités intervenant sous forme de coefficients comme le [[coefficient de diffusion]] dans l'[[Loi de Darcy|équation de Darcy]]. Dans le cas d'une rugosité l'homogénéisation aboutit à l'écriture d'une relation de saut à la paroi, c'est-à-dire une relation liant toute valeur à sa dérivée spatiale.

On peut faire également entrer dans cette catégorie les phénomènes de raréfaction dans un choc ou une [[Couche de Knudsen|couche pariétale]]. Dans ces régions d'espace les équations du continu sont invalides sur une distance de quelques [[Libre parcours moyen|libres parcours moyens]]. On peut généralement les ignorer. Lorsque ce n'est pas les cas leur modélisation aboutit comme précédemment à des équations de saut. Les [[Relations de Rankine-Hugoniot#Le cas général|relations de Rankine-Hugoniot]] en sont un exemple.

Enfin, et ce n'est pas le moindre problème, on peut faire disparaître toutes les fluctuations d'un écoulement turbulent par des méthodes de moyennage très diverses, pouvant ramener le problème à une [[Modélisation des turbulences|simple diffusion]] équivalente. Là aussi le but est de simplifier le calcul, possible par la simulation directe, mais coûteux.

=== Niveau macroscopique ===
Le niveau macroscopique résulte donc d'une simplification drastique de tous les détails du problème, lesquels sont tout de même présents au travers des coefficients qui interviennent dans les équations descriptives, des conditions aux limites et de l'[[équation d'état]] du milieu.

=== Compressible et incompressible ===
Ces notions qui séparent nettement deux types d'écoulements ont une origine microscopique :
* le caractère compressible généralement associé à un gaz est lié au fait qu'un tel milieu est formé d'objets très espacés ayant des interactions rares, caractérisées par un [[Potentiel interatomique|potentiel particule-particule]]. Ceci est vrai même dans le cas de milieux contenant des espèces chargées en faible proportion, où les électrons ne sont pas totalement libres et accompagnent (statistiquement) les ions ([[diffusion ambipolaire]]). La connaissance de ces potentiels, aujourd'hui d'origine [[spectroscopie|spectroscopique]]<ref group=alpha>Pendant longtemps, une approche intermédiaire a consisté à déduire le potentiel (par exemple de type [[Potentiel de Lennard-Jones|Lennard-Jones]]) de la mesure de viscosité et de calculer les autres coefficients.</ref>, est suffisante pour permettre le calcul de toutes les propriétés de transport du milieu : coefficients de diffusion binaire et thermique ([[équations de Stefan-Maxwell]]), [[Viscosité|viscosités dynamique et volumique]], [[Conduction thermique|conductivité]]. Ce caractère de milieu peu dense n'est pas affecté par un changement de pression donc une variation du [[libre parcours moyen]] entre deux collisions.
* le caractère d'incompressibilité associé aux liquides est lié aux liaisons que voit une particule dans un tel milieu. Elle est en effet liée à plusieurs voisins, même si ces liaisons ne sont pas aussi strictes que dans un solide. Ce caractère interdit une approche formelle comme dans les gaz : les propriétés de transport sont mesurées, la théorie ne permettant que d'expliquer les variations avec la température par exemple<ref name="Touloukian1">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Yeram Sarkis Touloukian]]|auteur2=S.C. Saxena|auteur3=P. Hestermans|titre=Viscosity|lieu=New York|éditeur=[[Springer Science+Business Media|IFI/Plenum]]|collection=Thermophysical properties of matter|numéro dans collection=11|année=1975|pages totales=643|isbn=978-0-306-67031-2|isbn2=978-0-306-67020-6|oclc=2296975|lire en ligne=http://www.dtic.mil/dtic/tr/fulltext/u2/a129114.pdf}}</ref>. L'incompressibilité des liquides n'est cependant pas absolue : une pression très élevée de quelques centaines de GPa telle que rencontrée dans le [[noyau terrestre]] met en évidence une variation de masse volumique des composants liquides.
* Dans la pratique, pourtant, on peut souvent considérer les gaz comme incompressibles, du moins lorsqu'ils s'écoulent à un [[nombre de Mach]] inférieur à 0,4 (ou plus, selon la précision requise). Cette licence d'ingénieur ne signifie pas que, dans ces circonstances, les gaz soient vraiment incompressibles (ils sont compressibles) mais elle vaut parce que leur compressibilité modifie assez peu les conditions de calcul de leur écoulement (et des forces qui vont avec, pour l'ingénieur).

== Équations==
Les [[équations de Navier-Stokes]] pour un fluide simple ([[fluide newtonien|newtonien]]) sont la pierre angulaire du domaine, à partir desquelles on déduit de nombreuses autres lois.

Ces équations sont écrites dans un repère fixe, avec deux expressions des différentes grandeurs en fonction de la position : soit en fonction des coordonnées actuelles dans le repère ([[description eulérienne]]), soit en fonction des coordonnées occupées à un certain instant initial ([[description lagrangienne]]). Dans le premier cas le vecteur <math>\vec v(x,y,z,t)</math> représente la vitesse à l'instant {{math|''t''}} et au point de coordonnées (<math>x,y,z</math>) (mais à différents instants il ne s'agira pas de la même portion de matière), dans le second cas <math>\vec v(x_0,y_0,z_0,t)</math> représente la vitesse à l'instant {{math|''t''}} de la matière qui à l'instant initial occupait la position <math>(x_0,y_0,z_0)</math> (et qui à l'instant {{math|''t''}} se trouve en un point différent <math>(x(x_0,y_0,z_0,t),y(x_0,y_0,z_0,t),z(x_0,y_0,z_0,t))</math>). On utilise le plus souvent la description eulérienne.

=== Équations de base ===
On peut obtenir ces équations par au moins deux voies :
* à partir des [[Équation de conservation|relations de conservation]] de la masse, de la quantité de mouvement et de l'énergie,
* à partir de l'[[équation de Boltzmann]] décrivant l'évolution moléculaire par la [[méthode de Chapman-Enskog]]. Cette méthode n'est utilisable que pour les gaz en raison de la simplicité relative des interactions au niveau microscopique dans ce cas.
Dans la première méthode apparaissent le [[tenseur]] des contraintes (ou tenseur de pression, incluant contraintes visqueuses et pression) et le flux de chaleur. Pour ces deux quantités on fait l'hypothèse qu'elles sont liées à un gradient :
* le flux de chaleur est proportionnel au gradient de température ([[Équation de la chaleur|loi de Fourier]]),
* le [[tenseur des contraintes]] est proportionnel au [[vitesse de déformation|tenseur des vitesses de déformation]] ([[hypothèse de Stokes]]). En une dimension d'espace cette expression s'exprime en disant que la contrainte visqueuse est proportionnelle au [[taux de cisaillement]]. Ceci définit un écoulement « newtonien ».
Le mécanisme sous-jacent dans les deux cas n'est pas très apparent : on se doute que cette proportionnalité est liée à une linéarisation des équations qui décrivent le problème exact sous-jacent. C'est là un processus général en [[physique mathématique]].

La méthode partant du microscopique permet d'éclairer cet aspect. Les équations de Navier-Stokes sont l'expression d'une petite perturbation de la fonction de distribution microscopique des vitesses et, éventuellement, des énergies internes ([[statistique de Maxwell-Boltzmann]]). ''A contrario'' les [[équations d'Euler]] décrivent le cas correspondant à l'[[Équilibre thermodynamique#Équilibre thermodynamique local|équilibre thermodynamique local]].

Il faut alors donner les coefficients qui interviennent : pression, viscosité et conductivité. La pression est définie par l'[[équation d'état]]. Les propriétés de transport, viscosité et conductivité peuvent résulter dans le cas du gaz d'un calcul effectué à partir du niveau microscopique (du [[potentiel interatomique]]). Pour les liquides ces quantités relèvent de l'expérience.

{{Boîte déroulante/début|
titre=Exemple : fluide incompressible}}
* étape 1 : équations de conservation
:[[équations de conservation]] pour la masse et la quantité de mouvement
:: <math>\mathbf{\nabla} \cdot \mathbf{V} = 0</math>

:: <math>
\begin{array}{rcl}
\rho \dfrac{\partial \mathbf{V}}{\partial t} +\rho \mathbf{\nabla} \cdot \left(\mathbf{V} \mathbf{V} \right) & = & \mathbf{\nabla} \cdot \mathsf{P}
\end{array}
</math>
* étape 2 : loi de comportement
::<math>\mathsf{P}=\underbrace{\,\mu \, \mathbf{\nabla}^2 \mathbf{V}\,}_{cisaillement} -\underbrace{\, p \,\mathsf{I}\,}_{pression}</math>
* étape 3 : équation d'état et expression de la viscosité
: <math>p=...\,,\;\;\;\mu=...</math>
:avec
:{|
|-
| ρ || &emsp;masse volumique
|-
| '''V''' || &emsp;vitesse
|-
| t || &emsp;temps
|-
| '''P''' || &emsp;tenseur de pression (contraintes)
|-
| '''I''' || &emsp;tenseur unité
|-
| p || &emsp;pression
|-
| μ || &emsp;[[viscosité dynamique]]
|}
{{Boîte déroulante/fin}}

=== Similitude ===
La [[Similitude (mécanique des fluides)|similitude]] est la mise en évidence de nombres sans dimensions permettant de réduire le nombre de paramètres intervenant dans les équations afin de simplifier son analyse, éventuellement de définir des expériences à l'échelle du laboratoire. Elle est basée sur l'[[Similitude (mécanique des fluides)#Invariance d'échelle|invariance d'échelle]] qui assure la [[Principe de relativité|covariance]] des équations : celles-ci sont valides dans tout [[référentiel galiléen]].

On peut alors par un changement de variable faire apparaître des nombres adimensionnels et diminuer ainsi le nombre de variables d'un problème.
{{Boîte déroulante/début|
titre=Exemple : nombre de Reynolds}}
Reprenons l'exemple précédent. On définit :
* une longueur de référence L<sup>*</sup> caractéristique du problème traité,
* une vitesse de référence V<sup>*</sup>, par exemple issue de la condition aux limites.
À partir de ces valeurs on déduit les variables réduites :
::{|
|-
| - espace || &emsp;<math>\tilde{\mathbf{x}}=\frac{\mathbf{x}}{L^*}</math>
|-
| - temps || &emsp;<math>\tilde{t}=\frac{V^*}{L^*}\,t</math>
|-
| - vitesse || &emsp;<math>\tilde{\mathbf{V}}=\frac{\mathbf{V}}{V^*}</math>
|-
| - pression || &emsp;<math>\tilde{p}=\frac{p}{\rho {V^*}^2}</math>
|}
Le système en variables réduites s'écrit :
::<math>\mathbf{\nabla}_{\tilde{x}} \cdot \tilde{\mathbf{V}}= 0</math>

::<math>\frac{\partial \tilde{\mathbf{V}}}{\partial \tilde{t}} + \mathbf{\nabla}_{\tilde{x}} \cdot \left(\tilde{\mathbf{V}} \tilde{\mathbf{V}} \right) = - \mathbf{\nabla} \tilde{p} + \frac{1}{Re} \nabla_{\tilde{x}}^2 \,\tilde{\mathbf{V}}</math>
<math>\mathbf{\nabla}_{\tilde{x}}= L^* \mathbf{\nabla}</math> est l'opérateur [[nabla]] adimensionné et <math>Re=\frac{ \rho V^*L^*}{\mu}</math> le nombre de Reynolds.

Le problème ne dépend plus explicitement des dimensions physiques : l'équation ci-dessus décrit une famille de problèmes (et donc de solutions) se déduisant l'un de l'autre par transformation de l'espace et du temps.
{{Boîte déroulante/fin}}

== Instabilités et turbulence ==
=== Instabilités ===
[[Fichier:Wavecloudsduval.jpg|thumb|right|250px|<center>Instabilité de Kelvin-Helmholtz matérialisée par des nuages.</center>]]
L'instabilité des solutions des équations est due au terme non linéaire de transport de quantité de mouvement '''V''' &sdot; &nabla;'''V'''. Elles correspondent à une bifurcation de la solution obtenue pour une certaine valeur du [[nombre de Reynolds]]. On rencontre divers types d'instabilités :
* instabilité de cisaillement bidimensionnelle pour des profils de vitesse perpendiculaire à l'écoulement ayant un [[point d'inflexion]] ([[instabilité de Kelvin-Helmholtz]]). Le tourbillon généré est dans le plan de l'écoulement ;
* instabilités centrifuges de type [[Instabilité de Taylor-Couette|Taylor-Couette]] qui se crée lorsque le moment cinétique r '''V'''(r) décroît lorsque l'on s’éloigne du centre de courbure. Le tourbillon généré est perpendiculaire à l'écoulement, conduisant par exemple aux [[tourbillons de Görtler]]. Il existe nombre d'autres instabilités de type inertiel telles l'instabilité elliptique et l'[[instabilité de Crow]] rencontrées en aéronautique ou en géophysique<ref>{{lien web|auteur=Laurent Lacaze|titre=Instabilité elliptique : exemples en aéronautique et en géophysique.|url=https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00011663/document|site=HAL}}</ref>.

De plus les interfaces soumises à une accélération ou à un champ de gravité peuvent être le siège d'instabilités : [[Instabilité de Rayleigh-Taylor|Rayleigh-Taylor]], [[Instabilité de Richtmyer-Meshkov|Richtmyer-Meshkov]], etc.

=== Transition vers la turbulence ===
[[Fichier:Laminar-turbulent transition.jpg|thumb|right|<center>[[Strioscopie]] de l'écoulement transitionnel créé par une chandelle.</center>]]
Le passage de l'état laminaire d'un écoulement vers un état totalement turbulent peut emprunter plusieurs voies :
* transition naturelle : une perturbation quelconque est amplifiée comme le montre une analyse de stabilité ([[équation de Orr-Sommerfeld]]). Les perturbations d'abord régulières ([[ondes de Tollmien-Schlichting]]) se déforment, créent des tourbillons longitudinaux qui sont eux-mêmes déformés et qui finissent par créer des régions (« spots ») turbulentes, lesquelles finissent par occuper tout l'espace.
* transition « [[by-pass]] » : ce phénomène, présent dans les couches limites, désigne une transition forcée par la contamination par une turbulence externe. Les premières étapes de la transition naturelle sont contournées, d'où le nom.
* transition par rugosité : les irrégularités de la paroi sont un moteur puissant de déstabilisation de la [[couche limite]].
* transition par décollement de l'écoulement moyen créant une couche de cisaillement instable.

Il n'existe pas de modèle universel de transition. Ceci est aisément compréhensible dans le cas de la transition naturelle où la source de l'instabilité peut être diverse et où de plus son amplitude joue un rôle. De même on ne maîtrise pas forcément une turbulence externe. En pratique on utilise des critères expérimentaux valides sur telle ou telle configuration.

=== Turbulence ===
[[Fichier:False color image of the far field of a submerged turbulent jet.jpg|thumb|<center>Visualisation par [[fluorescence induite par laser]] d'un jet turbulent.</center>]]
La [[turbulence]] est un phénomène étudié depuis [[Léonard de Vinci]] mais encore mal compris. Il n'existe pas de théorie permettant de décrire le phénomène à partir des équations de Navier-Stokes. La [[cascade turbulente]] se manifeste par un transfert d'énergie des grandes structures créées par les gradients de vitesse - encore le terme '''V''' &sdot; &nabla;'''V''' - vers les petits tourbillons détruits par dissipation visqueuse. Un résultat majeur obtenu par [[Andreï Kolmogorov|Kolmogorov]] est la description des échelles intermédiaires où se produit une diffusion de l'énergie cinétique par mélange et étirement/repli des tourbillons. Cette région possède une propriété d'[[Similitude (mécanique des fluides)#Auto-similarité|auto-similitude]] : les transferts se produisent identiquement à toutes les échelles. Ce résultat illustre la capacité explicative de l'approche [[physique statistique]] et [[systèmes dynamiques]].

Une turbulence quasi-bidimensionnelle est obtenue lorsque l'une des dimensions du problème est limitée. C'est le cas de l'atmosphère, où les grands tourbillons excèdent largement la « hauteur utile » où peut se développer une troisième dimension. Il se produit alors une double cascade d'énergie<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Marcel Lesieur]]|titre=Turbulence|éditeur=[[EDP Sciences]]|année=2013|isbn=978-2-7598-1018-5|isbn2=2-7598-1018-6}}.</ref>.

En pratique, l'approche physique statistique ne permet pas un calcul global. De même la [[Simulation de la turbulence|résolution directe des équations]] est beaucoup trop coûteuse et ne sert qu'à générer des expériences numériques servant de test à une théorie. En pratique la [[mécanique des fluides numérique]] utilise une méthode où les [[Moment (mathématiques)|moments]] des corrélations statistiques des variables issus d'une [[Moyenne de Reynolds|prise de moyenne]] sont modélisés par une hypothèse physique raisonnable. Il existe [[Modélisation de la turbulence|plusieurs modèles]], chacun étant plus ou moins adaptée à une situation donnée.

Les effets de la turbulence sur l'écoulement sont importants. Directement ils favorisent les échanges de masse, quantité de mouvement et énergie. Ce phénomène augmente également le [[Acoustique|bruit acoustique]]. Il a aussi un effet indirect en modifiant la structure globale d'une région, par exemple la région décollée d'une couche limite ou un jet.

== Lois de comportement ==
La loi de comportement d'un milieu solide ou fluide (voire intermédiaire) relie les [[Tenseur des contraintes|contraintes]] ''σ''<sub>ij</sub> exercées dans le milieu aux [[Tenseur des déformations|déformations]] ''ε''<sub>ij</sub> du milieu et/ou à leurs dérivées par rapport au temps.

=== Fluide newtonien ===
{{article détaillé|Fluide newtonien}}
Pour beaucoup de fluides, le tenseur des contraintes peut s'écrire comme la somme d'un terme isotrope (la pression p) et d'un déviateur (le cisaillement):
::<math>\sigma_{ij}=\underbrace{-p\,\delta_{ij}}_{pression}+\underbrace{\mu \left(\frac{\partial V_i}{\partial x_j}+\frac{\partial V_j}{\partial x_i}\right)}_{cisaillement}</math>
δ<sub>ij</sub> est le [[symbole de Kronecker]], μ la [[viscosité dynamique]] et V la vitesse.

En réalité, il existe toujours un terme de [[seconde viscosité|viscosité volumique]]&nbsp; μ' div V δ<sub>ij</sub>&nbsp; correspondant à une variation isotrope de volume et dû à des interactions moléculaires inélastiques. Ce terme est généralement négligé quoique mesurable et, dans le cas des gaz, calculable<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Raymond|nom1=Brun|titre=Introduction à la dynamique des gaz réactifs|lieu=Toulouse|éditeur=[[Éditions Cépaduès]]|année=2015|pages totales=402|isbn=978-2-36493-190-9}}</ref>. Très petit, il est supposé nul dans l'[[hypothèse de Stokes]].

Certains matériaux comme les verres ont un comportement qui passe continûment de l'état solide à l'état liquide. C'est vraisemblablement le cas du verre commun si l'on en croit les mesures de viscosité dans la plage où celles-ci sont faisables en un temps raisonnable<ref>{{article|langue=en|auteur=W. Weiss|titre=A Rapid Torsion Method for Measuring the Viscosity of Silica Glasses up to 3200°C|périodique=Journal of the American Ceramic Society|volume=67|numéro=3|année=1958|pages=213-222}}</ref>{{,}}<ref group=alpha>On ne peut pas caractériser un phénomène par une observation effectuée pendant une durée faible devant le temps caractéristique de variation de celui-ci. Cette observation triviale est contenue dans le [[nombre de Deborah]].</ref> ou celle du [[Silly Putty]].

=== Fluides non newtoniens ===
[[Fichier:The Kaye-Effect.jpg|thumb|250px|<center>Versement vertical d'un shampooing qui crée un jet latéral par effet Kaye.</center>]]
De nombreux fluides ont des comportements différents, particulièrement en cisaillement. Ce comportement est lié à leur composition : phase solide en suspension, polymère, etc. Leur étude relève de la [[rhéologie]]. On présente généralement leur comportement sous un cisaillement simple pour lequel la viscosité est la pente de la courbe contrainte-déformation :
* le [[fluide de Bingham]] (boue de forage, dentifrice) qui a un comportement visqueux newtonien passé un seuil de déformation correspondant à la dislocation de sa structure au repos.
* [[Fluide (matière)#Fluide rhéofluidifiant ou pseudoplastique|fluides rhéofluidifiants]] ou pseudo-plastiques (sang, peintures, pâte à papier, etc.) dont la viscosité apparente diminue avec la contrainte appliquée, le phénomène étant lié à une diminution des liaisons internes, affectées par l'écoulement. Certains fluides de Bingham ont un comportement pseudo-plastique.
* à l'inverse certains fluides sont [[Fluide (matière)#Fluide rhéoépaississant ou dilatant|rhéoépaississants]] ou dilatants comme les suspensions concentrées.
La relation contraintes-déformation n'est pas suffisante pour caractériser certains fluides dont le comportement est plus complexe :
* dépendance en fonction du temps comme les fluides [[Thixotropie|thixotropes]] comme le [[ketchup]] dont la viscosité apparente diminue avec le temps sous contrainte constante. Ce phénomène est lié à une déstructuration plus ou moins rapide du milieu. Plus rarement on rencontre des fluides [[Antithixotropie|antithixotropes]] comme le [[Latex (botanique)|latex]].
* Un autre caractère possible est l'[[Module de Young|élasticité]] de fluides comme certaines résines polyacrilamides capables d'aligner leurs chaînes macromoléculaires dans le sens de l'écoulement.

Ces caractéristiques peuvent donner naissance à des comportements remarquables comme :
* l'[[effet Weissenberg]] pour les fluides pseudo-plastiques<ref>{{lien web|langue=en|titre=The Weissenberg Effect: An Introduction|url=https://www.youtube.com/watch?v=FzVKTBs2yzk|site=YouTube}}</ref> ;
* l'effet de siphon ouvert pour les fluides élastiques<ref>{{lien web|langue=en|titre=Open siphon effect, dipping|url=https://www.youtube.com/watch?v=g4od-h7VoRk|site=YouTube}}</ref> ;
* l'[[effet Kaye]] pour les fluides thixotropes<ref>{{lien web|langue=en|titre=The Kaye Effect - Video|url=http://www.maniacworld.com/The-Kaye-Effect.html|site=Maniac World}}</ref>.

Les comportements peuvent être décrits par des [[Modèle rhéologique|modèles rhéologiques]] obtenus en ordonnant de manière plus ou moins complexes des éléments de base : ressort pour l'élasticité, amortisseur pour le comportement visqueux, patin pour la pseudo-plasticité<ref>{{lien web|auteur=Elisabeth Guazzelli|titre=Rhéologie des fluides complexes|url=https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-01522165/document|site=cel.archives-ouvertes.fr}}</ref>. On obtient ainsi le [[modèle de Kelvin-Voigt]] ou le [[modèle de Maxwell]] pour décrire la viscoélasticité.

Les caractéristiques sont mesurées à l'aide de [[rhéomètre]]s ou, dans le cas des polymères, peuvent être prédites<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Robert Byron Bird]]|auteur2=Robert C. Armstrong|auteur3=Ole Hassager|titre=Dynamics of Polymeric Liquids|sous-titre=Kinetic Theory|lieu=New York/Chichester/Brisbane etc.|éditeur=[[John Wiley & Sons|Wiley Intersciences]]|année=1987|pages totales=437|isbn=0-471-80244-1}}</ref>.

== Types d'écoulement (milieu homogène) ==
=== Stationnarité, instationnarité ===
[[Fichier:Vortex-street-animation.gif|vignette|<center>[[Allée de tourbillons de Karman]].</center>]]
Un écoulement peut être stationnaire ou instationnaire ou les deux à la fois. Prenons l'exemple de l'écoulement autour d'un cylindre infini<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Milton Van Dyke|titre=An album of Fluid Motion|éditeur=The Parabolic Press|année=1982|pages totales=176|isbn=0-915760-02-9|lire en ligne=http://courses.washington.edu/mengr543/handouts/Album-Fluid-Motion-Van-Dyke.pdf}}</ref> :
* à bas [[nombre de Reynolds]] basé sur le diamètre l'écoulement est laminaire et stationnaire ;
* lorsque le nombre de Reynolds augmente (Re ≈ 10), on voit apparaître une région de recirculation à l'arrière : cet écoulement est stationnaire ;
* cette recirculation entraîne une [[instabilité de Kelvin-Helmholtz|instabilité de type Kelvin-Helmholtz]] (Re ≈ 100) et l'apparition d'[[Allée de tourbillons de Karman|allées de Kármán]] par appariement des tourbillons produits de part et d'autre<ref>{{lien web|langue=en|titre=Von Karman vortex street (laminar, temperature), Re = 250|url=https://article.wn.com/view/2000/12/13/von_Karman_vortex_street_satellite_image/|site=World News.com}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=A remarquable Von Karman cloud vortex street |url=https://article.wn.com/view/2000/12/13/von_Karman_vortex_street_satellite_image//|site=World News.com}}</ref> ;
* à plus grand nombre de Reynolds (Re ≈ 1000) l'écoulement de sillage devient turbulent donc instationnaire mais stationnaire en [[Physique statistique hors d'équilibre#Ensemble de Gibbs, variables conservatives, fluctuations|moyenne statistique]].

=== Vorticité ===
[[Fichier:Tip vortex rollup.png|thumb|Tourbillon de bout d'aile.]]
Les [[Tourbillon (physique)|tourbillons]] peuvent naître dans une région décollée comme la recirculation dans l'exemple précédent. Il s'agit alors d'un phénomène entretenu d'origine visqueuse.

Ils peuvent également avoir pour origine une dissymétrie des conditions aux limites : c'est le cas des extrémités d'une aile d'avion. Dans ce cas il s'agit d'un phénomène inertiel non entretenu (en un point de l'espace donné). Les tourbillons ainsi créés sont de grande taille et peu affectés par la viscosité, ce leur confère une grande durée de vie.

Mathématiquement, le tourbillon (ou vorticité) se définit comme le [[rotationnel]] de la vitesse ou la moitié de cette valeur. On sait écrire une équation de transport pour cette quantité<ref>{{lien web|auteur=René Moreau|titre=Éléments de dynamique du tourbillon|url=https://www.grenoble-sciences.fr/pap-ebook/moreau/sites/moreau/files/pdf/elements_de_dynamique_du_tourbillon.pdf|site=Grenoble sciences}}</ref> qui est à la base des études sur la turbulence vue sous l'angle mécanique des fluides et non sous l'angle statistique comme dans l'étude de la [[cascade turbulente]].

=== Compressibilité ===
[[Fichier:Shockwave.jpg|vignette|<center>Balle de fusil en vol [[transsonique]].</center>]]
Tous les fluides sont visqueux jusqu'à un certain degré. La [[compressibilité]] de l'eau par exemple vaut environ 5 × 10<sup>−10</sup> {{m2}} N<sup>−1</sup>, ce qui suppose des pressions de l'ordre du kilobar pour obtenir un effet mesurable. Cette faible valeur permet dans le cas général de faire l'approximation de masse volumique constante. Les écoulements dans lesquels cette approximation est valide sont généralement tels que la température y est sensiblement constante et où l'on peut par suite supposer la viscosité constante. L'équation de conservation de l'énergie est découplée et les [[équations de Navier-Stokes]] [[Équations de Navier-Stokes#Restrictions à des cas plus simples|réduites à une forme plus simple]]. Si de plus on suppose le nombre de Reynolds petit (Re ≈ 1) on aboutit à l'[[Écoulement de Stokes|équation de Stokes]]. Dans le cas d'un écoulement irrotationnel on montre que la vitesse découle d'un [[Théorie du potentiel|potentiel]] : on parle d'[[écoulement potentiel]].

Toutefois, la compressibilité d'un liquide n'est jamais nulle et il est possible d'y propager une onde de choc, laquelle suppose une discontinuité des toutes les variables comme indiqué par les [[relations de Rankine-Hugoniot]]. Celles-ci sont relatives aux [[équations d'Euler]], donc à un milieu sans viscosité. Cette discontinuité n'existe qu'au point de vue macroscopique puisque la [[Théorie cinétique des gaz|théorie cinétique]] montre pour les gaz une variation rapide sans discontinuité sur une distance de quelques [[libre parcours moyen|libres parcours moyens]].

L'onde de choc résulte d'une propriété remarquable des équations d'Euler : leur caractère [[Équation aux dérivées partielles hyperbolique|hyperbolique]]. L'information dans le milieu est transportée par les [[méthode des caractéristiques|caractéristiques]]. Ceci a donné lieu par le passé à des méthodes de résolution par construction géométrique dans des cas assez simples comme une [[Tuyère de Laval|tuyère]] ou l'[[Bang supersonique|onde accompagnant un objet en vol supersonique]]. Cette propriété est aujourd'hui à la base des méthodes de résolution numérique par [[volumes finis]] : les [[Problème de Riemann|solveurs de Riemann]].

=== Écoulements visqueux et non visqueux, couche limite ===
Hors problème de turbulence, les effets dits visqueux, en fait tous les effets liés au transport de masse ([[Diffusion de la matière|diffusion]]), de quantité de mouvement (cisaillement) et d'énergie ([[Conduction thermique|conduction]]), sont généralement confinés à des régions particulières, généralement une paroi et dans ce cas on parle de [[couche limite]]. Un immense progrès dans la compréhension de ce phénomène a été fait au début du {{s-|XX}}. Il a permis l'avènement de l'aérodynamique moderne grâce à l'analyse que permet son caractère [[Équation aux dérivées partielles parabolique|parabolique]] : l'information ne remonte pas l'écoulement. En outre la relative simplicité des équations autorise la mise en évidence de [[Similitude (mécanique des fluides)#Auto-similarité|solutions approchées]].

== Écoulement en milieu inhomogène ==
=== Écoulements à surface libre ===
[[Fichier:The Great Wave off Kanagawa.jpg|vignette|[[La Grande Vague de Kanagawa]] ou la transition d'un écoulement à surface libre vers un écoulement diphasique]]
Les écoulements à surface libre désignent les écoulements d'un fluide limité par une surface libre continue. Ils concernent essentiellement l'atmosphère, les océans ou les lacs et les rivières ou canaux, mais peuvent aussi décrire une étoile par exemple.

Les problèmes à grande échelle dans l'atmosphère ou l'océan ne possèdent pas de caractère spécifique. Ils sont décrits par les [[équations de Navier-Stokes]]. D'autres sont limités dans une ou plusieurs directions d'espace. Ce sont :
* les [[Équations de Barré de Saint-Venant#Écoulements en eau peu profonde|écoulements en eau peu profonde]] qui peuvent se rencontrer dans l'atmosphère. Ils sont décrits par une vitesse où deux composantes sont dominantes. On décrit ainsi les [[Courant de marée|courants de marée]], les [[Seiche (hydrodynamique)|seiches]], les [[mascaret]]s, les [[vagues]] non déferlantes, les ondes de gravité comme le [[tsunami]] mais aussi dans l'atmosphère les [[ondes de Rossby]], de [[Onde de Kelvin|Kelvin]], etc.
* les [[écoulement de canaux et rivières|écoulements de canaux et rivières]] qui sont décrits par leur seule vitesse moyenne.

La tension superficielle ne joue pas de rôle dans ce type de problème.

=== Écoulements polyphasiques ===
{{Article détaillé|Écoulement polyphasique}}
[[Fichier:Cavitacion.jpg|vignette|alt=Photo noir et blanc d'une hélice et des bulles créées par cavitation dans l'eau.|<center>[[Cavitation]] générée par une hélice.</center>]]
Ce domaine de la mécanique des fluides<ref>{{lien web|langue=en|auteur=Christopher E. Brennen|titre=Fundamentals of Multiphase Flows|url=https://authors.library.caltech.edu/25021/2/cabook.pdf|site=[[Caltech]]}}</ref> s'intéresse à ce qui se passe lorsque l’on a affaire à plusieurs phases qui s’écoulent ensemble. Dans la majorité des cas il s'agit d'un milieu diphasique où une phase mineure en volume est dispersée dans la phase majeure. On peut distinguer en fonction du milieu majoritaire :
* liquide contenant un gaz sous forme de bulles ([[ébullition]], [[échangeur de chaleur]]), de liquide (nombreuses applications industrielles, en particulier l'industrie pétrolière), de solide (suspensions diluées) ou de vide ([[cavitation]]),
* gaz contenant un liquide sous forme de gouttes ([[Spray (aérosol)|sprays]]).
Cette systématisation des phénomènes peut faire illusion : cela cache des problèmes de natures très différentes. Par exemple les bulles et leur interaction avec leur environnement constituent à elles seules un vrai problème physique que l'on doit aborder avant même de s'intéresser au problème diphasique.

Pour le traitement théorique et numérique du problème on distingue les méthodes cinétique où l'on suit chaque élément de la phase diluée en lui appliquant les lois d'interaction ''ad hoc'' (par exemple dans l'[[Équation de Mason-Weaver#Obtention de l'équation de Mason-Weaver|équation de Mason-Weaver]]) et méthodes bifluides où des équations de Navier-Stokes couplées sont écrites pour chaque phase, moyennant certaines hypothèses sur le moyennage des phases (exemple de la [[méthode du volume de fluide]]. Cette méthode est plus économique mais pose souvent des problèmes de conditions aux limites où les hypothèses ne sont pas respectées.

Il faut noter que les systèmes diphasiques sont susceptibles de montrer des instabilités spécifiques, un exemple remarquable étant le [[geyser]].

En taille et fraction suffisante les éléments dispersés peuvent affecter la turbulence.

=== Écoulements en milieu poreux ===
[[Fichier:Micro CT analysis of Ti2AlC and Al composite.gif|thumb|<center>Microtomographie d'un composite Ti<sub>2</sub>AlC / Al.</center>]]
Les écoulements en [[porosité|milieu poreux]] sont présents dans de nombreux domaines comme l'[[hydrologie]], les [[Bouclier thermique|protections thermiques]], etc. Il s'agit souvent de fluides homogènes mais on rencontre des cas hétérogènes comme dans l'[[Industrie pétrolière|extraction pétrolière]]. Ce sont par nature des écoulements de fluide à faible vitesse, généralement décrits par l'[[équation de Stokes]] à l'échelle du pore. La [[loi de Darcy]] établie expérimentalement est démontrable par [[prise de moyenne volumique]] ou [[homogénéisation]] sous cette condition. L'extension à des écoulements plus rapides ([[loi de Darcy-Forchheimer]]) se fait en introduisant un nombre de Reynolds. Pour les gaz on sait également traiter tous les régimes d'écoulement depuis le moléculaire jusqu'au continu ([[équation de Darcy-Klinkenberg]]).

La quantité importante dans le domaine est la [[Perméabilité (fluide)|perméabilité]]. Celle-ci est mesurable. Elle a longtemps été évaluée théoriquement par des modèles utilisant des porosités de forme simple, respectant la porosité (par exemple la [[loi de Kozeny-Carman]]). Ces méthodes ont une prédictibilité limitée aux variations et non aux valeurs absolues. Ceci a changé avec l'avènement de la [[tomographie|microtomographie]] qui permet une simulation numérique directe du phénomène à l'échelle du pore.

== Branches interdisciplinaires ==
=== Microfluidique ===
{{article détaillé|microfluidique}}

=== Magnétohydrodynamique ===
{{article détaillé|magnétohydrodynamique}}

== Mécanique des fluides numérique ==
{{article détaillé|Mécanique des fluides numérique}}
La mécanique des fluides numérique consiste à étudier les mouvements d'un fluide, ou leurs effets, par la résolution numérique des équations régissant le [[fluide (matière)|fluide]]. En fonction des approximations choisies, qui sont en général le résultat d'un compromis en termes de besoins de représentation physique par rapport aux ressources de calcul ou de modélisation disponibles, les équations résolues peuvent être les [[équations d'Euler]], les [[équations de Navier-Stokes]]{{etc}}

La mécanique des fluides numérique a grandi d'une curiosité [[Mathématiques|mathématique]] pour devenir un outil essentiel dans pratiquement toutes les branches de la dynamique des fluides, de la propulsion [[aérospatiale (discipline scientifique)|aérospatiale]] aux prédictions [[météorologie|météorologiques]] en passant par le dessin des coques de [[bateau]]x. Dans le domaine de la recherche, cette approche est l'objet d'un effort important, car elle permet l'accès à toutes les informations instantanées (vitesse, pression, concentration) pour chaque point du domaine de calcul, pour un coût global généralement modique par rapport aux expériences correspondantes. Les méthodes ont porté non seulement sur le calcul proprement dit mais également sur le traitement des données issues de l'expérience (éventuellement numérique).

Cette discipline a prospéré grâce aux progrès des ordinateurs bien sûr mais aussi grâce à ceux de l'[[analyse numérique]] et de l'[[Analyse (mathématiques)|analyse]] tout court.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références| groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Autres projets|wikiversity=Mécanique des fluides|commons=Category:Fluid mechanics|wiktionary=mécanique des fluides}}

==== Ouvrages de référence ====
* '''''Ouvrages généraux'''''
** {{Ouvrage|auteur1=Patrick Chassaing|titre=Mécanique des fluides|sous-titre=Élément d'un premier parcours|éditeur=[[Éditions Cépaduès]]|année=2010|pages totales=533|isbn=978-2-85428-929-9|isbn2=2-85428-929-3}}
** {{Ouvrage|langue=en|langue originale=ru-Latn|auteur1=[[Lev Landau]]|auteur2=[[Evgueni Lifchits]]|titre=Mécanique des fluides|lieu=Moscou/Paris|éditeur=[[Éditions Ellipses|Ellipses Marketing]]|année=1989|pages totales=592|isbn=2-7298-9463-2}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[George Batchelor|George K. Batchelor]]|titre=An Introduction to Fluid Dynamics|lieu=Cambridge/New York|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2000|pages totales=615|isbn=0-521-66396-2}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Hermann Schlichting]]|auteur2=Klaus Gernsten|titre=Boundary Layer Theory|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer]]|année=1955|pages totales=782|isbn=978-3-662-52917-1|lire en ligne=https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-662-52919-5}}
* '''''Passage du microscopique au continu'''''
** {{Ouvrage|langue=en|nom1=[[Sydney Chapman (1888-1970)|Sydney Chapman]]|nom2=[[Thomas George Cowling]]|titre=The Mathematical Theory of Non-uniform Gases|sous-titre=an account of the kinetic theory of viscosity, thermal conduction, and diffusion in gases|lieu=Cambridge/New York/Port Chester etc.|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1991|pages totales=422|isbn=0-521-40844-X}}
** {{Ouvrage|langue=en|nom1=[[Joseph Oakland Hirschfelder]]|nom2=[[Charles Francis Curtiss]]|nom3=[[Robert Byron Bird]]|titre=Molecular Theory of Gases and Liquids|éditeur=[[John Wiley and Sons]]|année=1966|isbn=978-0-471-40065-3}}
* '''''Turbulence'''''
** {{Ouvrage|auteur1=Christophe Bailly|auteur2=[[Geneviève Compte-Bellot]]|titre=Turbulence|éditeur=[[CNRS Editions]]|année=2003|pages totales=376|isbn=2-271-06008-7}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen B. Pope|titre=Turbulent Flows|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2000|pages totales=771|isbn=978-0-521-59886-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=HZsTw9SMx-0C&printsec=frontcover}}
* '''''Loi de comportement'''''
** {{Ouvrage|langue=en|nom1=Rutherford Aris|titre=Vectors, Tensors, and the Basic Equations of Fluid Mechanics|lieu=New York|éditeur=[[Dover Publications]]|année=1962|pages totales=286|isbn=0-486-66110-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=QcZIAwAAQBAJ&printsec=frontcover}}
** {{Ouvrage|auteur1=Guy Couarraze|auteur2=Jean-Louis Grossiord|auteur3=Nicolas Huang|titre=Initiation à la rhéologie|éditeur=[[Éditions Lavoisier]]|année=2014|isbn=978-2-7430-1568-8|isbn2=2-7430-1568-3}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Robert Byron Bird|R. Byron Bird]]|auteur2=Robert C. Armstrong|auteur3=Ole Hassager|titre=Dynamics of Polymeric Liquids|sous-titre=Fluid Dynamics|éditeur=[[John Wiley & Sons|Wiley Intersciences]]|année=1987|isbn=0-471-80245-X}}
* '''''Milieux poreux'''''
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Kambiz Vafai (Ed.)|titre=Handbook of Porous Media.|éditeur=[[CRC Press]]|année=2015|pages totales=959|isbn=978-1-4398-8557-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Y-b5CQAAQBAJ&pg=PP1&dq=porous+media+flow+book}}
** {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Stephen Whitaker |titre=The Method of Volume Averaging |éditeur=[[Kluwer Academic Publishers]] |année=2010 |pages totales=471 |isbn=978-3-642-05194-4}}
* '''''Diphasique'''''
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=George Yadigaroglu and Geoffrey F. Hewitt (Eds.)|titre=Introduction to Multiphase Flow|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer]]|année=2018|isbn=978-3-319-58717-2}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Christopher Earls Brennen|titre=Cavitation and Bubble Dynamics|lieu=New York/Oxford|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1995|pages totales=282|isbn=0-19-509409-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=vYiUO0RlC4UC&printsec=frontcover}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Dimitri Gidaspow|titre=Multiphase Flow and Fluidization|sous-titre=Continuum and Kinetic Theory Descriptions|éditeur=[[Academic Press]]|année=2012|pages totales=467|isbn=978-0-12-282470-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DTAFZ9rIfQwC&printsec=frontcover}}
* '''''Écoulements à surface libre'''''
** {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Thual|titre=Des ondes et des fluides|sous-titre=articles pédagogiques multimédia|lieu=Toulouse|éditeur=[[Éditions Cépaduès|Cépaduès]]|année=2005|pages totales=197|isbn=2-85428-655-3}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Hendrik C. Kuhlmann|auteur2=Hans-Josef Rath (Eds.)|titre=Free Surface Flows|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer-Verlag]]|série=CISM International Centre for Mechanical Sciences|année=1998|pages totales=331|isbn=978-3-7091-2598-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=e95sCQAAQBAJ&printsec=frontcover}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Geoffrey K. Vallis|titre=Atmospheric and Oceanic Fluid Dynamics|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2017|isbn=978-1-107-58841-7}}
* '''''Mécanique des fluides numérique'''''
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Joel H. Ferziger|auteur2=Milovan Peric|titre=Computational Methods for Fluid Dynamics|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer-Verlag]]|année=2002|pages totales=426|isbn=978-3-540-42074-3}}
** {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Klaus A. Hoffmann|auteur2=Steve T. Chiang|titre=Computational Fluid Dynamics|éditeur=Engineering Education System|année=2000|isbn=0-9623731-3-3|lire en ligne=https://fr.scribd.com/doc/35919490/Computational-Fluid-Dynamics-Vol-ii-Hoffmann}}

==== Vulgarisation ====
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Étienne Guyon]]|auteur2=Jean-Pierre Hulin|auteur3=Luc Petit|titre=Ce que disent les fluides|sous-titre=la science des écoulements en images|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2005|pages totales=159|isbn=2-7011-3557-5}}
* {{lien web|auteur=Romain Rioboo|titre=Introduction à la mécanique des fluides|url=https://www.youtube.com/watch?v=BJ1b0qToD4A|site=YouTube}}
* {{lien web|auteur=Isabelle Gallagher|titre=Kolmogorov, le spectre de la turbulence|url=http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_conferences_2015/a.c_150415_texte_mathematicien.html|site=Bibliothèque nationale de France}}

=== Articles connexes ===
{{Catégorie principale}}
* [[Cinématique des fluides]]
* [[Ligne de courant]]
* [[Estimation stochastique en mécanique des fluides]]

=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}

{{Palette|Mécanique des fluides}}
{{Portail|génie mécanique|physique}}

[[Catégorie:Mécanique des fluides|*]]