Voir la source de Michel Chasles

{{Voir homonymes|Chasles}}
{{Infobox Biographie2
 | activités         = [[Mathématicien]]
 | image             = Michel Chasles.jpg
 | légende           = Michel Chasles (1793-1880)
 | date de naissance = {{date de naissance|15|novembre|1793}}
 | lieu de naissance = [[Épernon]]
 | pays de naissance = [[France]]
 | date de décès     = {{date de décès|18|décembre|1880|15|novembre|1793}}
 | lieu de décès     = [[Paris]]
 | pays de décès     = [[France]]
 | domicile          = 
 | nationalité       = {{drapeau|France}} [[France|Française]]
 | champs            = [[Mathématiques]]
 | institutions      = [[École polytechnique (France)|École polytechnique]] (1841-1851)<br />[[Faculté des sciences de Paris]] (1845-1880)
 | diplôme           = [[École polytechnique (France)|École polytechnique]]
 | directeur thèse   = Birapport|
 | étudiants thèse   = 
 | renommé pour      = [[Relation de Chasles]]<br />[[Rapport anharmonique]]<br />[[Fonction harmonique]] ([[théorème de Chasles]])
 | prix              = [[Médaille Copley]] (1865), Commandeur de la Légion d'honneur en 1866<ref>{{Base Léonore|LH/499/16|Michel Chasles}}.</ref>, son nom [[Liste des 72 noms de savants inscrits sur la tour Eiffel|est inscrit sur la Tour Eiffel]]
 | notes             = [[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] (1851), [[Royal Society]] (1854)
 | signature         = Signature de Michel Chasles.svg
}}

'''Michel Chasles''' est un [[mathématicien]] [[France|français]], né le {{date de naissance-|15|novembre|1793}} à [[Épernon]] (en [[Eure-et-Loir]]) et mort le {{date de décès-|18|décembre|1880}} à [[Paris]].

On lui doit d'importants travaux en [[géométrie projective]], où il montra toute la richesse de la notion de [[Birapport|rapport anharmonique]], ainsi qu'en [[analyse harmonique (mathématiques)|analyse harmonique]], avec la représentation de certains potentiels.

== Biographie ==
=== Famille ===
{{Article général|Famille Chasles}}
Michel Chasles nait le {{Date républicaine-|25|brumaire|an II|conversion}} à [[Épernon]]<ref name=":2">{{Lien web |titre=Visionneuse - Archives départementales d'Eure et Loir |sous-titre=acte de naissance dans le registre de l'état civil de la commune d'Épernon, période 1793 - an VII, cote 3 E 140/010, Entrée située à la jonction des images 11 et 12 sur 370 |url=https://archives28.fr/ark:66007/s005303206a0e876/53033af80cdef|site=archives28.fr |consulté le=2023-07-23}}</ref> en Eure-et-Loir : il est le fils de Charles-Henri Chasles (1772-1853), marchand de bois et entrepreneur dans les [[travaux publics|ponts et chaussées]]<ref name="Polytech.Fiche"/> et [[Conseil départemental|conseiller général]] d'[[Eure-et-Loir]] pour le [[canton de Chartres-Sud-Est]] et président du [[Tribunal de commerce (France)|tribunal de commerce]] de Chartres. Sa mère est Catherine Émilie Hardouin (1771-1849)<ref name=":2" />{{,}}<ref name="Polytech.Fiche"/>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Généalogie de (Floréal) Michel CHASLES |url=https://gw.geneanet.org/gntstarchaslesf?lang=fr&n=chasles&oc=0&p=floreal+michel |site=Geneanet.org |consulté le=2021-04-02}}</ref>. Le frère cadet de Michel Chasles, [[Adelphe Chasles]] (1795-1868) sera [[Liste des députés d'Eure-et-Loir|député]]-[[Liste des maires de Chartres|maire de Chartres]] et [[Conseil départemental d'Eure-et-Loir|conseiller général d'Eure-et-Loir]].

À sa naissance, pendant la [[Révolution française]], il est prénommé [[Floréal]], mais, pour revenir à un prénom plus traditionnel, un jugement en date du {{date-|22 septembre 1809}}<ref name=":2" /> l'autorise à lui substituer celui de Michel<ref group="alpha">La loi du {{Date républicaine-|11 germinal an XI|conversion}}, disposait en son article {{1er}} que les noms en usage dans les différents calendriers et ceux des personnages connus de l'Histoire ancienne, pourront seuls être reçus comme prénoms sur les registres de l'état civil et donnait en son {{Nobr|article 2}} la possibilité de changer son prénom en en faisant la demande auprès du tribunal de son arrondissement : "Toute personne qui porte actuellement comme prénom, soit le nom d'une famille existante, soit un nom quelconque qui ne se trouve pas compris dans la désignation de l'article précédent pourra en demander le changement." Ce sont les parents de Michel Chasles qui présentent la requête en changement de prénom de leur fils. [[Archives départementales d'Eure-et-Loir]], cote 3 U 1 90.</ref>.

=== Études ===
Michel Chasles fait ses premières études à l'école secondaire de Chartres qui a ouvert ses portes le {{date-|10 décembre 1804}}, dans un immeuble situé rue Saint-Michel qui précédemment avait hébergé l'école centrale de Chartres. La direction de son école est assurée par {{M.|Gasnier}}, attaché à l'université de Paris et docteur en Sorbonne.

En 1806, il achève ses {{5e}} et {{6e|classes}} de latinité, et obtient un second accessit en thème (distribution des prix en date du {{date-|16 août 1806}}). En 1807, en fin de ses {{3e}} et {{4e|classes}} de latinité, il lui est attribué un premier accessit en thème et un second accessit en poésie latine (distribution des prix en date du {{date-|14 août 1807}}).
En 1809, inscrit en classe de physique et de mathématiques, première division, il y obtient un accessit<ref>Collège de la ville de Chartres, liste des jeunes gens qui ont été couronnés lors de la distribution des prix qui a eu lieu le samedi {{Date-|12 août 1809}} publiée dans le Mémorial administratif de la préfecture d'Eure-et-Loir {{n°|293}} du {{Date-|25 octobre 1809}}.</ref>.

Il entre ensuite au [[Lycée Louis-le-Grand|lycée impérial]] à Paris. En 1811, dans le bulletin trimestriel, le proviseur {{M.|Champagne}} écrit : {{citation|Chasles aîné est, comme son frère, un excellent élève}}<ref name="éloge par J. Bertrand" />. En 1812, il obtient un premier prix de mathématiques (distribution des prix du {{date-|14 août 1812}}). Passionné de géométrie, il parvient à rencontrer [[Siméon Denis Poisson]], mais ressort déçu de leur entretien, ce dernier se montrant dédaigneux<ref name="éloge par J. Bertrand" />.

Il entre en 1812 à l’[[École polytechnique (France)|École polytechnique]]<ref name="Polytech.Fiche"/>, classé {{19e}} sur 184. Il passe en {{1re|division}} en 1813 où il est {{15e}}. En 1814, terminant {{12e}}, il est déclaré admissible dans les services publics.

En 1814, les promotions de 1812 et 1813 de l'École polytechnique sont mobilisées par décret impérial pour la défense de Paris. Le {{date-|30 mars 1814}}, Michel Chasles sert sur la route de Vincennes une pièce opposée à la cavalerie prussienne. Sa batterie est tournée par les Russes. Les artilleurs se réfugient dans les vignes voisines, un cosaque s'élance à leur poursuite et blesse d'un coup de lance son camarade [[Germinal Pierre Dandelin]]<ref name="éloge par J. Bertrand" />.

{{Pas clair|À la fin de sa scolarité (classé {{8e}})|date=avril 2021}}, il obtient une place dans le [[génie militaire]] mais préfère céder celle-ci au bénéfice d'un camarade nommé Coignet (arrivé {{11e}}) d'origine modeste<ref name=":0">{{Lien web |auteur=Eugène Rouché |titre=Biographie Michel Chasles |url=http://www.sabix.org/bulletin/b5/chasles.html |site=sabix.org |date=1897 |consulté le=2021-04-02}}</ref> à la demande du père de celui-ci, venu le voir à Paris.

Aux examens de sortie de l'[[École polytechnique (France)|École polytechnique]] à la fin de l'année scolaire 1814-1815, il est classé {{2e}} sur la liste de mérite arrêtée par le jury mais, faute de place, il ne peut intégrer le service des ponts et chaussées qu'il souhaitait rejoindre.

=== Carrière ===
Déçu de ne pas avoir été admis dans les ponts et chaussées et ayant peu de goût pour l’armée, Chasles retourne alors chez ses parents à Chartres où il reçoit son condisciple [[Gaetano Giorgini|Gaëtan Giorgini]], sorti premier de Polytechnique.
Il publie plusieurs articles dans la ''Correspondance sur l'École polytechnique''.

En 1816, son père lui achète une charge d’[[agent de change]] à Paris. Il se rend souvent à l’[[opéra de Paris]] et fréquente l’une de ses danseuses, [[Émilie Bigottini]]. Marquant peu d’intérêt pour son métier d’agent de change, sa charge est liquidée<ref name=":0" />. Il ne reprend qu’en 1828 ses publications scientifiques. En 1830, il répond à un concours de l’[[Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique|Académie de Bruxelles]] portant sur {{Citation|l’examen philosophique des méthodes employées dans la géométrie récente et particulièrement de la méthode des polaires réciproques}}. Son mémoire est largement salué et va fournir, sept ans plus tard, la substance de son premier ouvrage, ''Aperçu historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrie''.

Vivant à Paris en célibataire endurci, Michel Chasles y consacre sa vie aux mathématiques et à son enseignement. Du fait de la fortune de son père, Michel Chasles n’a pas besoin d'un emploi d'enseignant pour subvenir à ses besoins. Il accepte cependant en 1841, âgé de {{nobr|48 ans}}, de devenir professeur de machines et d’hydraulique, d’astronomie et de géodésie à l’École polytechnique en remplacement de [[Félix Savary]]. Il occupe ensuite ce poste durant dix ans. En 1851, la direction de l’École décide de rattacher la partie du cours sur les machines au cours de mécanique. Chasles choisit alors de démissionner. [[Hervé Faye]] le remplace en 1852 pour la géodésie, puis en 1854 le colonel Hossart et en 1855 le capitaine [[Aimé Laussedat|Laussedat]].

En [[1846]], une chaire de géométrie supérieure est créée pour lui à la [[faculté des sciences de Paris]]<ref>Arrêté ministériel de nomination du {{date-|10 novembre 1846}}.</ref>. Il inaugure son cours le {{date-|22 décembre 1846}}. Il est enfin élu en [[1851]], âgé de {{nobr|58 ans}}, membre de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] (en remplacement de [[Guglielmo Libri Carucci dalla Sommaja|Guillaume Libri]]), dont il était correspondant depuis 1839<ref name="éloge par J. Bertrand" />.

Michel Chasles devient membre étranger de la [[Royal Society]] le {{date-|15 juin 1854}}. Ses travaux de géométrie lui valent la [[médaille Copley]] en 1865 et un collègue anglais lui décerne le titre d’« empereur de la géométrie<ref>{{ouvrage |auteur=[[Marcel Berger]] |titre=Cinq siècles de mathématiques en France |éditeur=Association pour la diffusion de la pensée française |année=2005 |passage=107 }}.</ref> ».

== Œuvre scientifique ==
Son nom est attaché à la [[relation de Chasles]], mais cette propriété était déjà utilisée longtemps avant lui. On lui doit aussi le [[théorème de Chasles]], qui établit que toute [[fonction harmonique]], c'est-à-dire toute fonction qui est une solution de l'[[équation de Laplace]], peut se représenter par un [[potentiel de simple couche]] sur l'une quelconque de ses surfaces équipotentielles.

Il existe aussi une ''loi de Chasles'', exprimant que la tangente de l'angle entre le plan tangent au point central <math>C</math> d'une génératrice d'une [[surface réglée]] et le plan tangent en un point <math>M</math> est proportionnelle à <math>\overline{CM}</math> <ref>{{Ouvrage|auteur1=P. Aubert|auteur2=G. Papelier|titre=Exercices de Géométrie analytique|tome=III|passage=128|éditeur=Vuibert|date=1933}}</ref>.

Il a inventé le terme ''[[homothétie]]'', qu’il prononçait<ref name="prononciation">D'après {{article|auteur=|titre=Néologismes|périodique=Le Messager du Midi|date=28 oct. 1876|pages=2}} cité dans {{Ouvrage|auteur=Émile Littré|chap= homothétie|titre=dictionnaire de la langue française|date=1873-1877|format=4 vol}}.</ref> [omoteti] au lieu d'[omotesi] comme aujourd’hui. Il travailla aussi sur les [[fonction homographique|homographies]] et la [[géométrie projective]]. Il a introduit le [[Birapport|rapport anharmonique]] appelé aussi birapport de quatre points alignés.

Travaillant sur les [[conique]]s (cf. son ouvrage de 1865), il démontre le résultat suivant : « Soient cinq coniques ([[ellipse (rhétorique)|ellipses]], [[parabole]]s ou [[hyperbole (rhétorique)|hyperboles]]) dans un plan ; il existe {{unité|3264|coniques}} tangentes à ces cinq-là » (ces coniques peuvent être réelles ou complexes)<ref>{{lien web |url=https://images-archive.math.cnrs.fr/Trois-mille-deux-cent-soixante-quatre.html |titre=Trois mille deux cent soixante-quatre… |site=Image des Maths |éditeur=CNRS |auteur=Étienne Ghys}}.</ref>.

Historien des mathématiques, il publie en 1837 ''Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie'' dans lequel il réévalue le rôle de [[François Viète]] dans la mise en place de l'algèbre moderne<ref>Michel Chasles, ''[https://books.google.com/books?id=SZIKAAAAYAAJ&hl=fr Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie]'', M. Hayez, 1837, {{p.|52}} et suivantes.</ref>.

== Une mystification ==
Dans son ''[[Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien|Apologie pour l'histoire]]''<ref>{{Lien web |auteur=Jean-Marie Tremblay |titre=Marc Bloch (1886-1944) [historien français], “Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien” |url=http://classiques.uqac.ca/classiques/bloch_marc/apologie_histoire/apologie_histoire.html |site=classiques.uqac.ca |date=2005-02-02 |consulté le=2021-04-02 |extrait=Cette mésaventure est au cœur de “Mystification à l'Académie des sciences” de Jean-Paul Poirier, pour un public adolescent. |pages=nº de page manquant}}</ref>, [[Marc Bloch]] rappelle une mésaventure humiliante survenue à Michel Chasles, éminent homme de sciences mais qui avait voulu se mêler d'histoire, un domaine où il n'entendait rien.

L'histoire commence en 1861 quand l'illustre Chasles reçoit la visite du faussaire [[Denis Vrain-Lucas]]<ref name=":1" />. Ce dernier raconte au savant une histoire rocambolesque justifiant le fait qu'il serait en possession de lettres manuscrites entre personnages célèbres, dont il ne sait que faire car elles sont en très mauvais état à la suite d'un naufrage entre les États-Unis d'Amérique et la France, survenu après la Révolution française : lors de ce premier entretien, il en présente quelques-unes à Chasles qui est ahuri ; en effet, « le grand [[Blaise Pascal|Pascal]] » y dialogue dès 1648 avec le physicien et chimiste irlandais [[Robert Boyle]] et, vingt ans avant [[Isaac Newton|Newton]], il y énonce les [[Loi universelle de la gravitation|lois de l'attraction universelle]]. Le faussaire a su susciter la curiosité du savant français, notamment en jouant sur la corde nationaliste, en prouvant que Pascal ait pu précéder Newton. Il en demande d'autres, voire l'ensemble, que Vrain-Lucas indique ne pouvoir livrer qu'au compte-gouttes pour ne pas attirer l'attention du voisinage<ref name=":1" />.

Chaque jour, Vrain-Lucas effectue des livraisons : des autographes de [[Famille Cassini|Cassini]], de [[Galilée (savant)|Galilée]], de [[Christian Huygens|Huyghens]], de [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]], de [[Famille Bernoulli|Bernouilli]] sur des thèmes scientifiques qui pourraient modifier l’[[Histoire des sciences|histoire de la science]]<ref name=":1" />.

Le {{date-|8 juillet 1865}}<ref name=":1" />, le mathématicien présente à l'Académie des sciences deux lettres du poète [[Jean de Rotrou]] concernant la fondation de l'[[Académie française]] au {{S|XVII}}. À partir du {{date-|15 juillet 1865-}}, il dépose une série de lettres inédites prétendument de [[Blaise Pascal|Pascal]], que le faussaire [[Denis Vrain-Lucas]] venait de fabriquer. Elles veulent établir qu'avant [[Isaac Newton|Newton]], l'auteur des ''[[Pensées (Pascal)|Pensées]]'' avait découvert le principe de l'attraction universelle. Un savant anglais fait observer qu'on y trouve des mesures astronomiques bien postérieures à la mort de Pascal. À la séance du {{date-|29 juillet 1865-}}, Prosper Faugère, auteur de nombreux travaux sur Pascal, conteste leur authenticité mais il n'est pas écouté, le prestige de Chasles et l'[[anglophobie]] prenant le pas. Approvisionné une nouvelle fois par Vrain-Lucas, Chasles montre alors des lettres où [[Galilée (savant)|Galilée]] communique à Pascal les résultats de ses observations. Le même savant anglais (que précédemment à propos de Newton) fait cette fois remarquer que, dans une lettre de 1641, Galilée se plaignait de sa mauvaise vue, alors que dans les faits il était complètement aveugle depuis 1637 environ. « Surgit » alors une nouvelle lettre, légèrement postérieure à la précédente, datée de {{date-|décembre 1641}}, dans laquelle un autre savant italien apprenait à Pascal que Galilée, dont la vue n'avait cessé de baisser, avait fini par la perdre entièrement<ref>{{Ouvrage |auteur=André Vayson de Pradenne |titre=Les Fraudes en archéologie préhistorique |éditeur=J. Millon |date=1993 |passage=311}}.</ref>.

Ses collègues de l'[[Institut de France|Institut]] prennent la chose avec bonne humeur, mais à l'étranger {{incise|à [[Londres]] en particulier}} on fait des « gorges chaudes » du manque d'[[esprit critique]] des scientifiques français.

Vrain-Lucas fournit ainsi, en huit ans, {{Unité|27000 pièces}} à Chasles, empoche {{Unité|140000 francs}} et jette le désarroi chez tous les savants du monde<ref name=":1" />.

Mais vers 1869, Vrain-Lucas tarde à livrer 3 000 pièces qu'attend patiemment le savant, et celui-ci, craignant que son fournisseur ne les fasse passer à l’étranger et ne frustre la France de ces inestimables richesses, organise une surveillance.

À l'audience Chasles vint en personne exposer, non sans mélancolie, comment il avait découvert la fourberie dont il était victime.

Désabusé, le très candide Chasles dut faire l'humiliant aveu qu'il avait été mystifié par un habile faussaire qui, de surcroît, le ridiculisa lors du procès que lui intenta le mathématicien en 1870, Vrain-Lucas montrant au juge la naïveté de Chasles<ref name=":1">{{Lien web |auteur=G. Lenotre, « La Petite Histoire » |url=http://ledroitcriminel.free.fr/le_phenomene_criminel/les_agissements_criminels/escroquerie_chasles.htm |archive-url=https://archive.is/wraQ |archive-date=25 décembre 2012 |titre=L’affaire Chasles, ou l'arnaque Vrain-Lucas |sous-titre=comment escroquer un membre de l’Institut de France |extrait= Voici quelques exemples, allégés de leur ancien français de pacotille : De Socrate à Euclides :… |consulté le=4 avril 2021}}.</ref>. D'autant que, comme on l'apprit plus tard, Chasles avait acheté à Vrain-Lucas, pour {{unité|3000|francs}} d'autres lettres, d'[[Alexandre le Grand]] à [[Aristote]], de [[Jules César]] à [[Vercingétorix]], de César à [[Cléopâtre VII|Cléopâtre]]<ref name=":1" />, toutes rédigées dans un faux « vieux français ». Chasles légua à sa mort sa collection à l'Institut, y compris les faux fabriqués par Vrain-Lucas. Il semblerait que s'il a admis que les documents relatifs à l'Antiquité étaient des faux, Chasles n'aurait en revanche jamais été convaincu que la correspondance de Pascal était une [[forgerie]]. Les originaux des vingt-sept mille faux documents ont été détruits pour la plupart. Néanmoins, il en reste cent quatre-vingts, reliés en un seul volume conservé dans les archives de la [[Bibliothèque nationale]]<ref>{{Article |titre=Vrain-Lucas, l'intrépide, par Michel Braudeau |périodique=Le Monde.fr |date=2005-07-12 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/07/12/vrain-lucas-l-intrepide-par-michel-braudeau_671793_3208.html |consulté le=2021-04-02 }}.</ref>.

Michel Chasles et Denis Vrain-Lucas ont fourni à [[Alphonse Daudet]] de quoi nourrir son roman ''L'Immortel'', paru en 1888<ref>{{Ouvrage |auteur=[[Michel de Decker]] |titre=Le Prince des imposteurs |éditeur=Michel Lafon |date=1996 |passage=253}}.</ref>.

== Œuvres ==
* ''[https://archive.org/details/aperuhistorique01chasgoog Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie]'' (1837), impr. Hayez, Bruxelles
* ''[https://archive.org/details/aperuhistorique01chasgoog Mémoire de géométrie sur deux principes généraux de la science : la dualité et l'homographie]'' (1837), impr. Hayez, Bruxelles
* ''[http://quod.lib.umich.edu/cgi/t/text/text-idx?c=umhistmath;cc=umhistmath;view=toc;idno=ABN2684.0001.001 Traité de géométrie supérieure]'' (1852), 1 vol. in-8° (XLII-585 p.-12 p. de pl.), Bachelier, Paris ({{2e|édition}} par Gauthier-Villars en 1880)
* ''[https://archive.org/details/lestroislivres00euclrich Les Trois Livres de Porismes d'Euclide, rétablis pour la première fois, d'après la notice et les lemmes de Pappus]'' (1860), 1 vol. in-8° (IX+324 p.), impr. Mallet Bachelier, Paris
* ''[http://quod.lib.umich.edu/cgi/t/text/text-idx?c=umhistmath;cc=umhistmath;view=toc;idno=ABN6567.0001.001 Traité des sections coniques, faisant suite au Traité de géométrie supérieure]'' (1865), éd. Gauthier-Villars, Paris
* ''[https://archive.org/details/rapportsurlespro00chasuoft Rapport sur les progrès de la géométrie]'' (1870), Imprimerie nationale, Paris

== Inhumation ==
[[Fichier:Chasles grave.jpg|alt=Cénotaphe au cimetière du Père-Lachaise.|vignette|redresse|[[Cénotaphe]] au [[cimetière du Père-Lachaise]], où Chasles fut initialement inhumé.]]
Michel Chasles a été inhumé initialement au [[cimetière du Père-Lachaise]] ({{Nobr|division 17}}) après ses funérailles à l'[[Basilique Sainte-Clotilde de Paris|église Sainte-Clotilde]]<ref>{{Lien web |titre=Le masque de Fer - Échos de Paris |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k277688n |site=Gallica.bnf.fr |périodique=[[Le Figaro]] |date=1880-12-22 |consulté le=2021-04-05}}</ref>. Son corps a ensuite été transféré le {{Date-|23 mars 1881}} dans un tombeau du [[cimetière Saint-Chéron de Chartres]] dans lequel reposent également plusieurs membres de sa famille<ref>{{Lien web|auteur1=Philippe Landru|titre=CHASLES Michel (1793-1880)|url=http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article3633#forum67996|site=Cimetières de France et d'ailleurs|date=|consulté le=23 mars 2020}}.</ref>.

== Hommages ==
* Son nom est inscrit parmi la liste des [[savants de la tour Eiffel]].
* La [[rue Michel-Chasles]] dans le [[12e arrondissement de Paris|{{12e|arrondissement}} de Paris]] porte son nom depuis 1900.
* Le [[glacier Chasles]] dans les [[îles Kerguelen]] porte son nom depuis 1961<ref>[[Gracie Delépine]], ''Toponymie des Terres australes'', éditions [[La Documentation française]], Paris, 1973, {{p.|88}}, [https://www.archives-polaires.fr/viewer/13374/?offset=#page=205&viewer=picture&o=&n=0&q= consultable sur ''www.archives-polaires.fr''].</ref>.
* Le collège d'[[Épernon]], ainsi que le boulevard qui le dessert, portent également son nom<ref>{{Lien web |titre=Collège Michel-Chasles |url=https://www.eurelien.fr/point/college-michel-chasles |site=Eurelien.fr : conseil départemental d'Eure-et-Loir |consulté le=2021-04-05}}.</ref>.

<gallery mode="packed" caption="Hommages">
Plaque Rue Michel Chasles - Paris XII (FR75) - 2024-05-28 - 2.jpg
Torre Eiffell e estatua.JPG
Eiffel names cropped.jpg
</gallery>

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{références|références=<ref name="éloge par J. Bertrand">Éloge historique de Michel Chasles, membre de l'Académie des Sciences, par {{M.|Joseph}} Bertrand, secrétaire perpétuel, lu dans la séance publique annuelle de l'Académie des Sciences du lundi {{Date-|19 décembre 1892}}.</ref>

<ref name="Polytech.Fiche">[http://www.bibliotheque.polytechnique.fr Site de la bibliothèque de l'École polytechnique], onglet « ''Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne'' », recherche « Michel Chasles », résultat : « Chasles, {{nobr|Michel (X 1812}} ; 1793-1880) ». Il y est précisé que Michel, initialement prénommé Floréal, a obtenu le changement de son prénom par jugement du {{date-|22 novembre 1809}}.</ref>}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* Famille Chasles de [[Chartres]]
** [[Pierre Jacques Michel Chasles]] (1754-1826), député montagnard ;
*** [[Philarète Chasles]] (1798-1873), homme de lettres et journaliste français ;
**** [[Émile Chasles]] (1827-1908), philologue ;
** Charles Henri Chasles, frère de Pierre Jacques ;
*** '''Michel Chasles''' (1793-1880), mathématicien ;
*** [[Adelphe Chasles]] (1795-1868), maire de Chartres (1830-1848) et député d'Eure-et-Loir (1831-1848) ;
{{Autres projets
|commons=Category:Michel Chasles
|wikiquote=Michel Chasles}}

=== Liens externes ===
{{Liens}}

{{Début dynastie}}
{{Insérer dynastie|couleur1=#ffffff|couleur2=lightgreen|couleur3=#ffffff
 | avant = [[Félix Savary]]
 | nom   = Professeur de machines et d'hydraulique, d'astronomie et de géodésie de l’École polytechnique<br>1841-1851
 | après = [[Hervé Faye]] (géodésie et astronomie)
}}
{{Insérer dynastie|couleur1=#ffffff|couleur2=lightgreen|couleur3=#ffffff
 | avant = Premier détenteur
 | nom   = [[Liste des chaires de la faculté des sciences de Paris|Chaire de géométrie supérieure]] de la [[faculté des sciences de Paris]]<br>1845-1880
 | après = [[Gaston Darboux]] 
}}
{{Fin dynastie}}

{{Portail|Géométrie|Histoire des sciences|Eure-et-Loir}}

{{DEFAULTSORT:Chasles, Michel}}
[[Catégorie:Naissance à Épernon]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1793]]
[[Catégorie:Élève de l'École polytechnique]]
[[Catégorie:Géomètre français]]
[[Catégorie:Mathématicien français du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Historien des mathématiques]]
[[Catégorie:Historien français des sciences et techniques]]
[[Catégorie:Bibliophile français]]
[[Catégorie:Membre de l'Académie des sciences (France)]]
[[Catégorie:Professeur à l'École polytechnique]]
[[Catégorie:Professeur à la faculté des sciences de Paris]]
[[Catégorie:Membre étranger de la Royal Society]]
[[Catégorie:Décès en décembre 1880]]
[[Catégorie:Décès à 87 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 17)]]
[[Catégorie:Historien de l'algèbre nouvelle]]
[[Catégorie:François Viète]]
[[Catégorie:Savant dont le nom est inscrit sur la tour Eiffel]]
[[Catégorie:Lauréat de la médaille Copley]]
[[Catégorie:Canular scientifique]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière Saint-Cheron de Chartres]]
[[Catégorie:Membre de la Société archéologique d'Eure-et-Loir]]