Voir la source de Sédiment

[[Fichier:Talgspuren-Badewanne.JPG|vignette|Le processus de sédimentation est d'abord une loi physique, liée à la [[pesanteur]]. Des phénomènes biologiques peuvent l'accélérer ou le réduire, intervenant notamment dans les cycles écologiques et biogéochimiques.]]
[[Fichier:Bielefeld Obersee Verlandung.jpg|vignette|La sédimentation dépend du contexte géomorphologique, climatique, écologique et de la vitesse de l'eau.]]
[[Fichier:Nerr0328.jpg|vignette|Une faune spécifique aux sédiments contribue à leur nature, à leur mobilité et à la biodisponibilité des éléments qu'ils contiennent ; particules, [[nutriment]]s, ou [[polluant]]s. Les vers [[Polychaete]] typiques des vases des [[estuaire]]s y contribuent, mais ils contribuent aussi à aérer les sédiments.]]
[[Fichier:Fiddler crab.JPG|vignette|Les polluants peuvent être accumulés dans la [[chaîne alimentaire]] et quitter le sédiment pour recontaminer d'autres compartiments de l'[[écosystème]], via la [[bioturbation]].]]
[[Fichier:USACE sediment retention structure Toutle River.jpg|vignette|right|Barrage construit pour bloquer les sédiments issus de l'explosion du volcan [[Mont Saint Helens|Mt St Helens]] sur la rivière [[Toutle]] ([[Washington (État)|État de Washington]], [[États-Unis]]).]]
[[Fichier:Prospector.jpg|vignette|Les matériaux se déposent différentiellement selon leur poids, caractéristique utilisée par les chercheurs d'or pour prospecter les sédiments.]]
[[File:Fond Haute-Deûle avant écluse Grand carré 7.JPG|vignette|Sédiments remodelés par des travaux sur berges, par les courants et contrecourants générés par les éclusées et par les remous des hélices de péniches (aval de la [[Deûle|Haute-Deûle]] canalisée).]]
[[Fichier:Fahrrad-ostern-2006-bluefish-01.jpg|vignette|La sédimentation est à l'origine des roches sédimentaires, dont la [[craie]] et le [[pétrole]] qui jouent un rôle majeur dans le [[cycle du carbone]].]]

Un '''sédiment''' est un ensemble de particules, antérieurement en suspension dans l'[[eau]], l'[[Atmosphère terrestre|atmosphère]] ou la [[glace]], et qui a fini par se déposer sous l'effet de la [[pesanteur]] ; souvent en couches ou [[Strate (géologie)|strates]] successives. Un sédiment est caractérisé par sa nature (composition physicochimique), son origine, sa [[Grosseur de grains|granulométrie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=N. Guillou|auteur2=G. Chapalain|auteur3=A. Leprêtre|titre=Interpolation spatiale des distributions granulométriques des sédiments de fond description théorique, manuel d'utilisation et applications en Manche orientale et en mer d'Iroise|éditeur=Centre d'études techniques maritimes et fluviales (CETMEF)|date=2010|isbn=978-2-11-099179-9}}.</ref>, les espèces qu'il contient et son éventuelle toxicité… La consolidation des sédiments est à l'origine de la formation des [[Strate (géologie)|couches]] sédimentaires [[Roche sédimentaire|rocheuses]] aux [[Structures sédimentaires|structures]] variées.

La '''sédimentation''' est l'ensemble des processus conduisant à la formation de sédiments. Elle se produit à la surface du globe, soit par déposition des produits d'érosion (par exemple le sable, l'argile), soit par précipitation (par exemple les [[évaporite]]s), soit par accumulation au fond des océans des débris minéraux des animaux ou plantes mortes (par exemple la [[craie]], la [[diatomite]]), soit par d'autres processus.

'''Du point de vue cartographique et biogéographique''', le sédiment marin est l'habitat naturel le plus vaste (~70% de la surface de la Terre ; sa surface est plus étendue que celle de la mer), abritant une énorme population microbienne : la moitié des microbes océaniques vivent dans le sédiment, et beaucoup sont des [[Archaea|archées]] (procaryotes unicellulaires qui ne sont ni bactéries, ni des eucaryotes) qui semblent jouer un rôle important de reminéralisation des protéines dans les sédiments marins anoxiques, grâce à des enzymes leur permettant de dégrader les protéines détritiques<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Karen G. |nom1=Lloyd |prénom2=Lars |nom2=Schreiber |prénom3=Dorthe G. |nom3=Petersen |prénom4=Kasper U. |nom4=Kjeldsen |titre=Predominant archaea in marine sediments degrade detrital proteins |périodique=Nature |volume=496 |numéro=7444 |pages=215–218 |date=2013-04 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/nature12033 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nature12033 |consulté le=2024-03-23}}</ref>. Sous l'[[océan mondial]], le sédiment semble abriter un écosystème microbien très spécifique : le plus grand du monde ; et le plus limité en énergie Selon Lever et al. (2015)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Mark A. |nom1=Lever |prénom2=Karyn L. |nom2=Rogers |prénom3=Karen G. |nom3=Lloyd |prénom4=Jörg |nom4=Overmann |titre=Life under extreme energy limitation: a synthesis of laboratory- and field-based investigations |périodique=FEMS Microbiology Reviews |volume=39 |numéro=5 |pages=688–728 |date=2015-09-01 |issn=1574-6976 |doi=10.1093/femsre/fuv020 |lire en ligne=https://academic.oup.com/femsre/article/39/5/688/531037 |consulté le=2024-03-23}}</ref> et Parkes et coll. (2014)<ref name="A review of prokaryotic populations and processes in sub-seafloor sediments, including biosphere:geosphere interactions">{{Article |langue=en |prénom1=R. John |nom1=Parkes |prénom2=Barry |nom2=Cragg |prénom3=Erwan |nom3=Roussel |prénom4=Gordon |nom4=Webster |titre=A review of prokaryotic populations and processes in sub-seafloor sediments, including biosphere:geosphere interactions |périodique=Marine Geology |volume=352 |pages=409–425 |date=2014-06 |doi=10.1016/j.margeo.2014.02.009 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0025322714000425 |consulté le=2024-03-23}}</ref>.

== Enjeux ==
Le sédiment, encore méconnu<ref name=BiodivSubSurface2018>{{Article |langue=en |prénom1=C. |nom1=Magnabosco |prénom2=L.-H. |nom2=Lin |prénom3=H. |nom3=Dong |prénom4=M. |nom4=Bomberg |titre=The biomass and biodiversity of the continental subsurface |périodique=Nature Geoscience |volume=11 |numéro=10 |pages=707–717 |date=2018-10 |issn=1752-0894 |issn2=1752-0908 |doi=10.1038/s41561-018-0221-6 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41561-018-0221-6 |consulté le=2024-03-23}}</ref>, notamment comme régulateur [[biogéochimique]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Steven |nom1=D'Hondt |prénom2=Robert |nom2=Pockalny |prénom3=Victoria M. |nom3=Fulfer |prénom4=Arthur J. |nom4=Spivack |titre=Subseafloor life and its biogeochemical impacts |périodique=Nature Communications |volume=10 |numéro=1 |date=2019-08-06 |issn=2041-1723 |doi=10.1038/s41467-019-11450-z |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41467-019-11450-z |consulté le=2024-03-23}}</ref> et comme [[habitat naturel]], présente des [[enjeu]]x majeurs, écologiques et climatiques (puits de carbone, émetteur de méthane et CO2 selon le contexte) notamment, et en termes de pollution parfois.

Vers [[1950]], l’expédition océanographique ''Mid-Pacific'' découvre des populations de centaines à des milliers de bactéries par gramme (poids humide) de sédiments pélagiques profonds (argile rouge et limon de [[Globigerina|globigérine]]), avec encore quelques bactéries vivantes à la base de carottages mesurant près de 8 mètres, soit dans des matériaux sédimentés il y a plus d’un million d’années<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Richard Y. |nom1=Morita |prénom2=Claude E. |nom2=ZoBell |titre=Occurrence of bacteria in pelagic sediments collected during the mid-Pacific expedition |périodique=Deep Sea Research (1953) |volume=3 |numéro=1 |pages=66–73 |date=1955-10 |doi=10.1016/0146-6313(55)90036-8 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/0146631355900368 |consulté le=2024-03-23}}</ref>.

Depuis, la connaissance de l'étendue, de la diversité et de la physiologie des microbes vivant sous le plancher océanique s'est considérablement améliorée<ref>Parkes, R. J. et coll., dans {{ouvrage |titre=Microbial Life of the Deep Biosphere: |éditeur=DE GRUYTER |date=2014-03-14 |isbn=978-3-11-030009-3 |doi=10.1515/9783110300130 |lire en ligne=https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9783110300130/html |consulté le=2024-03-23}}.</ref> : on sait que le sédiment aquatique, et marin notamment (qui inclut la partie la plus profonde de la biosphère), jusque dans la [[fosse des Mariannes]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Jiwen |nom1=Liu |prénom2=Da-Wei |nom2=Li |prénom3=Xinxin |nom3=He |prénom4=Ronghua |nom4=Liu |titre=A unique subseafloor microbiosphere in the Mariana Trench driven by episodic sedimentation |périodique=Marine Life Science & Technology |volume=6 |numéro=1 |pages=168–181 |date=2024-01-23 |issn=2662-1746 |pmid=38433963 |pmcid=PMC10902237 |doi=10.1007/s42995-023-00212-y |lire en ligne=https://link.springer.com/10.1007/s42995-023-00212-y |consulté le=2024-03-23}}</ref> est l'[[habitat naturel]] le plus vaste de la planète : il couvre ~70% de la surface de la Terre ; et sa surface est plus étendue que celle de la mer, et que celle des continents. C'est l'[[habitat naturel|habitat]] d'une énorme énorme population microbienne (12 à 45 % de la biomasse microbienne totale, ou ~0,6 à 2 % de la biomasse vivante totale de la [[biosphère]])<ref>{{Article |prénom1=William B. |nom1=Whitman |prénom2=David C. |nom2=Coleman |prénom3=William J. |nom3=Wiebe |titre=Prokaryotes: The unseen majority |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=95 |numéro=12 |pages=6578–6583 |date=1998-06-09 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |doi=10.1073/pnas.95.12.6578 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1073/pnas.95.12.6578 |consulté le=2024-03-23}}</ref>{{,}}<ref name=BiomasseEstim2012>{{Article |langue=en |prénom1=Jens |nom1=Kallmeyer |prénom2=Robert |nom2=Pockalny |prénom3=Rishi Ram |nom3=Adhikari |prénom4=David C. |nom4=Smith |titre=Global distribution of microbial abundance and biomass in subseafloor sediment |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=109 |numéro=40 |pages=16213–16216 |date=2012-10-02 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=22927371 |pmcid=PMC3479597 |doi=10.1073/pnas.1203849109 |lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1203849109 |consulté le=2024-03-23}}</ref>{{,}}<ref name=BiodivSubSurface2018/>, notamment riche en [[procaryote]]s, dont en [[Archée]]s<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Tatsuhiko |nom1=Hoshino |prénom2=Fumio |nom2=Inagaki |titre=Abundance and distribution of Archaea in the subseafloor sedimentary biosphere |périodique=The ISME Journal |volume=13 |numéro=1 |pages=227–231 |date=2019-01-01 |issn=1751-7362 |issn2=1751-7370 |pmid=30116037 |pmcid=PMC6298964 |doi=10.1038/s41396-018-0253-3 |lire en ligne=https://academic.oup.com/ismej/article/13/1/227-231/7475040 |consulté le=2024-03-23}}</ref> dont certaines (''[[Nitrosopumilus]]'') peuvent produire de l'oxygène en l'absence de toute lumière<ref>{{Article| langue=en| titre=Oxygen and nitrogen production by an ammonia-oxidizing archaeon| auteur1=Beate Kraft| auteur2=Nico Jehmlich| auteur3=Morten Larsen| auteur4=Laura A. Bristow| auteur5=Martin Könneke| et al.=oui| périodique=[[Science (revue)|Science]]| volume=375| numéro=6576| date=6 janvier 2022| pages=97-100| doi=10.1126/science.abe6733}}.</ref>, et en communautés microbiennes originales (parfois à faible biomasse, souvent non dépendante de l'oxygène et presque toujours non-photosynthétique<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Y. |nom1=Morono |prénom2=F. |nom2=Inagaki |titre=Analysis of Low-Biomass Microbial Communities in the Deep Biosphere |périodique=Advances in Applied Microbiology| volume=95 |pages=149–178 |éditeur=Elsevier |date=2016 |isbn=978-0-12-804802-3 |doi=10.1016/bs.aambs.2016.04.001. |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0065216416300144 |consulté le=2024-03-23}}.</ref>). La biomasse du sédiment marin est finalement moindre que ce qu'on avait d'abord estimé<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Bo Barker |nom1=Jørgensen |titre=Shrinking majority of the deep biosphere |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=109 |numéro=40 |pages=15976–15977 |date=2012-10-02 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=23012471 |pmcid=PMC3479554 |doi=10.1073/pnas.1213639109 |lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1213639109 |consulté le=2024-03-23}}</ref>, mais elle est à peu près égale aux estimations faites pour l'abondance microbienne totale de l'[[eau de mer]] et pour l'abondance microbienne de la totalité des sols<ref name=BiomasseEstim2012/>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=C. |nom1=Magnabosco |prénom2=L.-H. |nom2=Lin |prénom3=H. |nom3=Dong |prénom4=M. |nom4=Bomberg |titre=The biomass and biodiversity of the continental subsurface |périodique=Nature Geoscience |volume=11 |numéro=10 |pages=707–717 |date=2018-10 |issn=1752-0908 |doi=10.1038/s41561-018-0221-6 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41561-018-0221-6 |consulté le=2024-03-23}}</ref> ; certains auteurs parlent de {{Citation|biosphère profonde et chaude}}<ref name=VieProfonde1992>{{Article |langue=en |prénom1=T |nom1=Gold |titre=The deep, hot biosphere. |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=89 |numéro=13 |pages=6045–6049 |date=1992-07 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=1631089 |pmcid=PMC49434 |doi=10.1073/pnas.89.13.6045 |lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.89.13.6045 |consulté le=2024-03-23}}</ref>. <br>Les sédiments constituent, en tant qu'[[écotone]] roche-mère/eau, un habitat colonisé par des espèces spécifiques (fouisseuses) qui y jouent un rôle majeur (épuration, aération, fermentation, [[bioturbation]]). Cet écotone joue un rôle de [[puits de carbone]]. Quand il est fin et riche en [[matière organique]], il consomme de l'oxygène<ref>{{Article|langue=en|prénom1=R. W.|nom1=Edwards|prénom2=H. L. J.|nom2=Rolley|titre=Oxygen Consumption of River Muds|périodique=The Journal of Ecology|volume=53|numéro=1|date=1965-03|issn=0022-0477|doi=10.2307/2257562|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2307/2257562|consulté le=2021-12-11|pages=1-19}}.</ref> et devient [[Anoxie (pédologie)|anoxique]]. <br />Il peut néanmoins être aéré par des vers ou animaux fouisseurs. {{Article détaillé|Interface sédiment-eau}} Plus en profondeur, les sédiments ont récemment (année 2010/2020) révélé de nouvelles lignées dans l’[[arbre de la vie]], appartenant souvent à des [[phylum]]s distincts (archéens notamment)<ref name=BiodivSediment2021/>. Selon Brett J Baker & al. (2021) :  {{Citation|des comparaisons détaillées des potentiels [[métabolique]]s de ces nouvelles lignées ont clairement montré que les bactéries et les ''archées non cultivées'' sont capables de médier des étapes clés du [[Cycle biogéochimique|cycle du carbone et des nutriments]] non encore décrites}}<ref name=BiodivSediment2021>{{Article |langue=en |prénom1=Brett J. |nom1=Baker |prénom2=Kathryn E. |nom2=Appler |prénom3=Xianzhe |nom3=Gong |titre=New Microbial Biodiversity in Marine Sediments |périodique=Annual Review of Marine Science |volume=13 |numéro=1 |pages=161–175 |date=2021-01-03 |issn=1941-1405 |issn2=1941-0611 |doi=10.1146/annurev-marine-032020-014552 |lire en ligne=https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev-marine-032020-014552 |consulté le=2024-03-23}}</ref>.

Le sédiment, autrefois parfois utilisé comme [[engrais]] ou [[Amendement (agriculture)|amendement]] (le [[Limon (roche)|limon]] fertile du Nil…) abrite parfois des espèces pathogènes (souvent considérées comme [[anaérobie]]s), et aujourd'hui des [[polluant]]s plus ou moins toxiques et persistants<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Joan O.|nom1=Grimalt|prénom2=Barend L.|nom2=van Drooge|prénom3=Alejandra|nom3=Ribes|prénom4=Rosa M.|nom4=Vilanova|titre=Persistent organochlorine compounds in soils and sediments of European high altitude mountain lakes|périodique=Chemosphere|volume=54|numéro=10|date=2004-03|issn=0045-6535|doi=10.1016/j.chemosphere.2003.09.047|résumé=http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653503009615|consulté le=2021-12-11|pages=1549–1561}}.</ref>, pas ou peu ou lentement [[biodégradable]]s selon les cas, éventuellement radioactifs ou mutagènes ou [[génotoxique]]s<ref>{{Article|prénom1=Guosheng|nom1=Chen|prénom2=Paul A.|nom2=White|titre=The mutagenic hazards of aquatic sediments: a review|périodique=Mutation Research/Reviews in Mutation Research|volume=567|numéro=2-3|date=2004-11|issn=1383-5742|doi=10.1016/j.mrrev.2004.08.005|résumé=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15572285|consulté le=2021-12-11|pages=151–225}}.</ref>. Il participe néanmoins aussi à la qualité de l'eau des [[nappes phréatiques]] en jouant un rôle de ''tampon'' ou de « [[Filtre (physique)|filtre]] »<ref name="Ferry92">{{Ouvrage|auteur=Bernard Ferry|date=septembre 1992|titre=Part des transformations naturelles et provoquées dans la nappe de la craie du nord de la France|nature ouvrage=Diplôme d'études approfondies de génie civil|éditeur=USTL|pages totales=11 pages|format=pdf|lire en ligne=https://consultation.eau-artois-picardie.fr/OAI_Docs/aegis/1595/B_9893_(2.85Mo).pdf|consulté le=2021-12-11}}.</ref> {{Citation|grâce auquel une partie des éléments polluants des rivières reste fixée dans les sédiments}}<ref name="Ferry92" /> (dont une partie peut toutefois être emportée vers la mer ou d'autres parties du bassin-versant lors des grandes crues).

Des enjeux [[écoépidémiologique]]s et de [[santé environnementale]] sont posés par la contamination de la faune qui vit dans les sédiments ou par la remise en suspension de sédiments contaminés, y compris par des polluants actifs à très [[faible dose|faibles doses]] comme les [[perturbateurs endocriniens]]<ref>{{Article|prénom1=Natalia|nom1=Garcia-Reyero|prénom2=Benjamin|nom2=PiÑa|prénom3=Joan O.|nom3=Grimalt|prénom4=Pilar|nom4=Fernández|titre=Estrogenic Activity in Sediments from European Mountain Lakes|périodique=Environmental Science & Technology|volume=39|numéro=6|date=2005-03-01|issn=0013-936X|doi=10.1021/es0400685|lire en ligne=https://doi.org/10.1021/es0400685|consulté le=2021-12-11|pages=1427–1435}}.</ref>. Ces polluants compliquent la gestion de certains sédiments qui peuvent accumuler des [[polluant]]s physiques, organiques ou organométalliques plus ou moins dégradables, des métaux toxiques non dégradables et des [[radionucléide]]s artificiels et/ou naturels, jusque dans les lacs d'altitude qui recueillent les polluants aéroportés et déposés via les neiges, les pluies et les dépôts secs<ref>{{Article|prénom1=Joan O|nom1=Grimalt|prénom2=Barend L|nom2=van Drooge|prénom3=Alejandra|nom3=Ribes|prénom4=Pilar|nom4=Fernández|titre=Polycyclic aromatic hydrocarbon composition in soils and sediments of high altitude lakes|périodique=Environmental Pollution|volume=131|numéro=1|date=2004-09|issn=0269-7491|doi=10.1016/j.envpol.2004.02.024|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.envpol.2004.02.024|consulté le=2021-12-11|pages=13–24}}.</ref>. Depuis le début de la période industrielle, l'acidification des [[eaux météoriques]] et de certains lacs et cours d'eau a aussi modifié la composition des sédiments [dès les lacs de montagne, y augmentant les teneurs en certains éléments tels que le [[Manganèse]] (Mn), le [[zinc]] (Zn), le [[plomb]] (Pb) et le [[potassium]] (K), et en diminuant leur teneur en [[magnésium]] (Mg).

La sédimentation dans les ports pose un problème depuis leur existence<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Baptiste Mercadier de|nom1=Belesta|titre=Recherches sur les ensablemens des ports de mer, et sur les moyens de les empêcher…|date=1788|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zhriB2TsldgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|consulté le=2021-12-11}}.</ref>. Avec l'aggravation de l'érosion des sols labourés et cultivés ou [[Désertification|désertifié]]s et [[salinisation|salinisé]]s, les sédiments encombrent les ports fluviaux et estuariens ou maritimes. Leur gestion coûte de plus en plus cher aux autorités portuaires et aux gestionnaires des [[canaux]], ainsi que pour les collectivités riveraines de cours d'eau. Deux enjeux sont la prévention de l'érosion anthropique, et de mieux valoriser les sédiments<ref name="journee_CFMS_2008">{{Ouvrage|titre=Réutilisation des sédiments|auteur=N-E Abriak (école des Mines de Douai)|éditeur=Journée technique du Comité Français de Mécanique des Sols et de Géotechnique sur la valorisation des sols médiocres|date=03/12/2008|url=http://www.cfms-sols.org/sites/default/files/manifestations/081203/Nor-Edine%20Abriak.pdf|consulté le=2021-12-11}}.</ref>.

Comme les [[glaces polaires]], les sédiments enregistrent, couche par couche, des traces de vie et des climats passés, que l'on étudie via des [[carottage]]s. En juillet [[2020]], des [[Biologie marine|biologistes marins]] ont ainsi découvert une population surprenante de micro-organismes [[aérobie]]s, pour la plupart « en état de vie quasi-suspendue », dans des sédiments très pauvres en [[matière organique]], enfouis à 76 mètres sous le plancher océanique du gyre [[oligotrophe]] du pacifique sud (SPG), un environnement antérieurement considéré comme « le lieu le plus mort de l'océan ». Ces micro-organismes, pourraient être âgés de 101,5 millions d'années mais ont pour certains pu être « [[reviviscence|réanimés]] ». Ils pourraient représenter les formes de vie les plus [[longévité|longévives]] jamais identifiées<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Yuki |nom1=Morono |prénom2=Motoo |nom2=Ito |prénom3=Tatsuhiko |nom3=Hoshino |prénom4=Takeshi |nom4=Terada |titre=Aerobic microbial life persists in oxic marine sediment as old as 101.5 million years |périodique=Nature Communications |volume=11 |numéro=1 |date=2020-07-28 |issn=2041-1723 |pmid=32724059 |pmcid=PMC7387439 |doi=10.1038/s41467-020-17330-1 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41467-020-17330-1 |consulté le=2024-03-23}}</ref>. Les auteurs notent que {{Citation|les microbes anaérobies n'ont été que très peu ranimés à partir de ce sédiment oxique}} et suggèrent que {{Citation|les communautés microbiennes largement distribuées dans les sédiments abyssaux pauvres en matière organique sont principalement constituées d'aérobies qui conservent leur potentiel métabolique dans des conditions de très faible énergie jusqu'à 101,5 Ma.}}. Cette découverte remet en question notre compréhension de la limite de survie dans les sédiments anciens et ouvre des perspectives fascinantes sur la possibilité de vie microbienne [[extrêmophile]] enfouie ailleurs sur Terre, et possiblement [[vie extraterrestre|sur d'autres planètes]]<ref name=VieProfonde1992/>.

De même a-t-on trouvé à 2 km sous le [[plancher océanique]], au sein de couches de [[houille]] profonde et de [[schiste]] sus-jacent, datées du [[miocène]], des populations éparses, en densité faible (50 à 2 000 cellules par cm<sup>3</sup>) de bactéries hétérotrophes capables d'utiliser une gamme diversifiée de substrats de carbone et d'azote<ref name=HouilleProfondeSousMarineBact2017/>. Mises en [[incubation]] à 45°C (température de leur milieu), elles nécessitent de plusieurs mois à plus d'un siècle ans pour se dupliquer : c'est un taux de [[biosynthèse]] microbienne parmi les plus lents connus dans l'environnement naturel<ref name=HouilleProfondeSousMarineBact2017>{{Article |langue=en |prénom1=Elizabeth |nom1=Trembath-Reichert |prénom2=Yuki |nom2=Morono |prénom3=Akira |nom3=Ijiri |prénom4=Tatsuhiko |nom4=Hoshino |titre=Methyl-compound use and slow growth characterize microbial life in 2-km-deep subseafloor coal and shale beds |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=114 |numéro=44 |date=2017-10-31 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=29078310 |pmcid=PMC5676895 |doi=10.1073/pnas.1707525114 |lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1707525114 |consulté le=2024-03-23}}</ref>. Dans le sédiment profond où les nutriments sont rares, le temps nécessaire à une seule duplication pour une bactérie ou une archée peut communément se mesurer en siècles ou en millénaires<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Jennifer F. |nom1=Biddle |prénom2=Julius S. |nom2=Lipp |prénom3=Mark A. |nom3=Lever |prénom4=Karen G. |nom4=Lloyd |titre=Heterotrophic Archaea dominate sedimentary subsurface ecosystems off Peru |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=103 |numéro=10 |pages=3846–3851 |date=2006-03-07 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=16505362 |pmcid=PMC1533785 |doi=10.1073/pnas.0600035103 |lire en ligne=https://pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.0600035103 |consulté le=2024-03-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Bente Aa. |nom1=Lomstein |prénom2=Alice T. |nom2=Langerhuus |prénom3=Steven |nom3=D’Hondt |prénom4=Bo B. |nom4=Jørgensen |titre=Endospore abundance, microbial growth and necromass turnover in deep sub-seafloor sediment |périodique=Nature |volume=484 |numéro=7392 |pages=101–104 |date=2012-04 |issn=0028-0836 |issn2=1476-4687 |doi=10.1038/nature10905 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nature10905 |consulté le=2024-03-23}}</ref>{{,}}<ref name="A review of prokaryotic populations and processes in sub-seafloor sediments, including biosphere:geosphere interactions" />.

== Types de sédimentation ==
On distingue la [[sédimentation marine]] (littorale ou côtière, océanique, bathyale, abyssale, etc.), la sédimentation [[Lagune|lagunaire]] (dans des zones séparées de la mer par un [[cordon littoral]]), la sédimentation continentale (éolienne, fluviatile, deltaïque, lacustre, glaciaire, etc.)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alain Foucault|auteur2=Jean-François Raoult|titre=Dictionnaire de Géologie|éditeur=[[Éditions Dunod|Dunod]]|année=2014|passage=316|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|id=82CeAwAAQBAJ}} }}.</ref>.

== Origine et types de sédiments ==
* Des particules physiques, des êtres vivants et leurs [[excrétat]]s, ainsi que des myriades de cadavres plus ou moins décomposés sédimentent en permanence dans les eaux douces, saumâtres et salées, ou se déposent dans les [[glacier]]s. Ces particules peuvent ensuite former des roches sur place, ou être remobilisées et transportées ailleurs.
* La sédimentation d'origine éolienne augmente avec l'[[aridification]] et la [[désertification]] et certains évènements volcaniques. Les sédiments transportés par le vent, sont des minéraux issus de l'érosion des sols et des roches, des volcans, des embruns, des incendies. Les [[dune (géologie)|dune]]s et le [[lœss]] sont des résultats d'un transport sédimentaire éolien.
* Les [[crue]]s entraînent une plus grande quantité de sédiments, car les débits, plus forts, ont une plus importante force érosive et une plus grande énergie de transport. La baisse subséquente des niveaux d'eau crée souvent de vastes étendues de sol nouveau sur les plaines inondables.<br />La disparition ou la régression des [[embâcles naturels]], des [[Castor (genre)|castor]]s et de leurs barrages peuvent modifier les paramètres érosifs d'un bassin versant et la sédimentation en aval, de même que la canalisation d'un fleuve ou d'une rivière, ou la construction de [[barrage]]s artificiels qui emprisonnent dans leurs réservoirs d'importantes quantités de sédiments (et parfois de polluant).
* L'érosion des sols dégradés par l'agriculture et le lessivage des sols urbains sont une source croissante de sédiments dans les canaux. À titre d'exemple, dans le réseau Nord/Pas de Calais, l'établissement public [[Voies navigables de France]] (VNF) estimait<ref name="SDRTP">{{Ouvrage|langue=fr|auteur institutionnel=Direction Regionale de la Navigation du Nord-Pas-De-Calais. Lille|titre=Schéma directeur régional des terrains de dépôt : ensemble, mobilisons-nous pour une gestion durable des canaux de notre région|page=16|année=2008|consulté le=2021-12-11|id=SDRTP}}.</ref> en 2007 que l'érosion des bassins versants était responsable de l'apport de {{unité|143000|tonnes}} de sédiments par an (à raison de {{unité/2|100|mg||L|-1}} dans les eaux de [[ruissellement urbain]]<ref name="SDRTP"/>, de {{unité|0,18|t}}/ha pour les eaux de ruissellement agricole<ref name="SDRTP"/>, les apports en sédiments étant nuls ou négligeables<ref name="SDRTP"/> dans les zones [[boisé]]es ou [[prairial]]es, qui au contraire captent une grande partie des particules en suspension de l'eau qui réapparaît limpide en aval dans les sources. Ces sédiments (souvent pollués) doivent être curés et stockés à grands frais dans des [[terrains de dépôt]]. Dans cette seule région, et rien que pour les canaux, VNF a identifié (chiffres 2007) {{Unité|5346|ouvrages}} de rejets directs. Selon la [[DRIRE]], les industriels de cette région suivis par la DRIRE rejetaient dans les cours d'eau environ {{unité|4300|t}}/an{{Sfn|id=SDRTP|texte=Schéma directeur régional des terrains de dépôt…|2008|p=17}}. Le volume des sédiments que VNF prévoit devoir extraire entre 2007 et 2027 est d'environ 8,5 millions de m<sup>3</sup>, venant à 80 % du ''réseau magistral'' (grands et principaux canaux){{Sfn|id=SDRTP|texte=Schéma directeur régional des terrains de dépôt…|2008|p=19}}.
* Les [[moraine]]s et [[Tillite|till]]s sont des dépôts de sédiments ayant été transportés par la glace. Les effondrements gravitaires créent aussi des sédiments comme les talus et les glissements ainsi que les éléments de [[karstologie]].
* Les [[lac]]s, [[delta (hydrologie)|delta]]s, [[mer]]s et [[océan]]s accumulent des sédiments pendant de longues périodes (transgression marine). Le matériau peut être ''terrigène'' (venant des terres) ou ''marin'' (dont l'origine est marine). Les sédiments déposés sont la source de [[roche sédimentaire|roches sédimentaires]] qui peuvent contenir des [[fossile]]s des habitants de ce volume d'eau jadis recouvert par les couches de sédiments. Leur carottage permet de connaître l'évolution du [[climat]].

== Transport de sédiments ==
[[File:Sediment plume at sea detail roma 3 days after rain.jpg|thumb|upright=1.5|Vue satellitale ([[Copernicus]], [[Sentinel]]-2B, datée du 5 février 2019, 3 jours seulement après de fortes pluies à [[Rome]] et dans les environs du [[Latium]], en Italie, en vraies couleurs vraies (source : Agence spatiale européenne)]]

=== Cours d'eau ===
Lorsqu'un fluide comme l'[[eau]] coule, il peut se charger de [[suspension (chimie)|particules en suspension]]. En milieu calme, la ''vitesse verticale de sédimentation'' est la vitesse maximale, ou limite, de chute d'une particule. Elle est donnée par la '''loi de Stokes''' :

<math display=block>w=\frac{(\rho_p-\rho_f)gr^2}{4.5\mu}</math>

où ''w'' est la vitesse limite verticale de '''sédimentation''', ''ρ'' est la [[masse volumique]] (les indices ''p'' et ''f'' indiquent respectivement ''particule'' et ''fluide''), ''g'' est l'accélération due à la gravité, ''r'' est le rayon de la particule et ''μ'' est la viscosité dynamique du fluide.

Si la vitesse de l'écoulement est plus grande que celle de dépôt, le granulat continue vers l'aval. Comme il y a toujours des diamètres différents dans le flot, les plus gros se déposent ([[décantation]]) tout en pouvant continuer à descendre par des mécanismes comme la ''saltation'' (collisions particules-paroi, par roulement ou glissement, dont les traces sont souvent conservées dans les rochers solides) et peuvent être utilisées pour estimer la vitesse du courant.

Dans les cours d'eau à pente plus importante, des sédiments plus grossiers peuvent être transportés. En montagne, le diamètre de plus grosses particules rocheuses ainsi transportées atteint plusieurs dizaines de centimètres. Lorsque ce transport de sédiments survient lors d'une crue, on parle de « charriage ».

=== Sédiments pollués ===
En aval des zones habitées, cultivées et/ou industrialisées, les sédiments des fleuves, des canaux, des gares d'eau, des [[estuaire]]s et des [[littoral|littoraux]] ainsi que de certains lacs sont souvent très [[pollution|pollués]]. La [[pollution]] peut être ancienne (issue de mines médiévales ou antiques de métaux par exemple) et/ou récentes. On parle parfois de « pollution de stock », qui peut (re)devenir une « ''pollution de flux'' » en période de crue, ou à la suite d'une [[méandre|méandrisation]] du cours d'eau ou à la suite de travaux contribuant directement ou indirectement (modification des courants) à leur remise en suspension.
{{Article connexe|Eau de ruissellement}}
Des sédiments peuvent aussi avoir été pollués directement par le rejet volontaire ou involontaire de déchets, et notamment en [[mer Baltique]] et sur le littoral français ou dans certains lacs par [[munition immergée|l'immersion volontaire de munitions, d'explosifs]] et de [[déchet]]s divers. Le long des canaux, des dépôts de'' [[boues de curages]]'' peuvent parfois constituer des points de relargage de pollution.

Des ''[[valeurs guides]]'' ont été établies pour permettre une gestion plus sécurisée des sédiments pollués<ref>Clozel B., Leloup and Ph. Freyssinet (2003) « Valeurs guides intervenant dans la gestion des sédiments et méthodologie d'élaboration de ces valeurs », synthèse bibliographique, Paris</ref>.

=== Lits fluviaux ===
N'importe quelle particule dont le diamètre est approximativement plus grand que {{unité/2|0.7|mm}} formera des composants topographiques visibles et sculptés dans le lit du cours d'eau.

=== Environnements dépositaires principaux ===
Les principaux environnements dépositaires sont :
* [[Delta (hydrologie)|delta]] ;
* [[terrasse alluviale]] ;
* [[éventail alluvial]] ;
* [[méandre]]s et [[rivière en tresses]] ;
* [[lac de bras mort]] ;
* [[Levée (digue)|levée]] ;
* [[bassin sédimentaire]].

== Côtes et mers peu profondes ==
Le second environnement principal où le sédiment peut être en suspension dans un fluide est la mer. Il peut venir des cours d'eau qui créent des estuaires et des deltas. Au milieu de l'océan, ce sont les organismes vivants qui sont principalement responsables de l'accumulation de sédiments, via les excrétâts, coquilles et cadavres qui coulent en permanence vers les fonds océaniques où ils se [[Fossile|fossilisent]] en formant des couches de [[calcaire]]s et, par [[fermentation]] [[anaérobie]], les [[hydrate de méthane|hydrates de méthane]]. Enfouis durant des millions d'années, les sédiments organiques sont graduellement transformés en [[hydrocarbures fossiles]] tels que le [[gaz naturel]], le [[pétrole]], les [[schistes bitumineux]], etc. 'selon la durée et profondeur d'enfouissement et le type des couches organiques).

Dans cette environnement, la forme du lit marin est grandement influencée par les [[courant]]s, la [[marée]], le [[ressac]] et les apports terrigènes.

== Les contre-écoulements ==
La chute de particules dans un liquide provoque des contre-écoulements opposés à leur descente. Ces contre-écoulements ont pour effet de ralentir la descente des particules situées au-dessus, réorganisent et ralentissent la sédimentation.

Pour mettre en évidence ce phénomène, une expérience de sédimentation dans un tube peut facilement être réalisée (voir [[Effet Boycott|l'effet Boycott]]).

== En France ==
Ce sont environ en moyenne {{Unité|6000000|m|3}} de sédiments (dont environ {{Unité|1600000|m|3}} provenant des canaux domaniaux, de gares d'eau ou de rivières domaniales) qui sont extraits, essentiellement directement dans les {{unité|525000|km}} de cours d'eau (dont un peu plus de {{Unité|7000|kilomètres}} domaniaux) lors de leur entretien courant. Ces sédiments sont presque toujours pollués<ref>{{Ouvrage|titre=Enlèvement des sédiments - Guide méthodologique|sous-titre=Évaluation Détaillée des Risques liés à la gestion des sédiments et aux opérations de curage ; santé humaine ; ressources en eau|auteur=EDR SEDIMENTS|champ libre=financé par : - l'Agence de l'Eau Artois-Picardie, - la Direction Régionale de l'Environnement du Nord Pas de Calais (DIREN) - le Conseil Régional l'Environnement du Nord Pas de Calais|format=PDF|pages totales=148 pages|lire en ligne=https://consultation.eau-artois-picardie.fr/OAI_Docs/aegis/79/B_16740_(2.24Mo).pdf|page=9}}.</ref>.

Les sédiments portuaires, parmi les plus pollués sont suivis par un réseau dédié<ref>[[Réseau de surveillance de la qualité des eaux et sédiments des ports maritimes]] (Repom)</ref>. Ces données sont entrées depuis 2009 dans la ''Base de données Quadrige'' et depuis 2014 sous l'égide de direction technique eau, mer et fleuves du [[Cerema]].

=== Le Grenelle de la mer et les sédiments ===
Le comité opérationnel (ComOp) « sédiments de dragage » du [[Grenelle de la mer]]<ref name="GrenelleMer11">Comité opérationnel n°11, {{Lien web|auteur institutionnel=Le Grenelle de la Mer|titre=Sédiments de dragage|url=https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/104000351.pdf|format=pdf|consulté le=2021-12-11}}.</ref>, dans son rapport rendu en {{date-|juin 2010}}, note que la loi peut limiter l'immersion de sédiments très [[toxique]]s, mais non l'interdire tout à fait {{citation|puisque des immersions de sédiments dépassant les teneurs-seuils restent possibles s'il s'agit de la solution la moins pénalisante pour l'environnement}} (principe de la [[Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion de déchets]]).

Il a conclu que si le dragage n'engendrait pas en soi une [[Contamination (toxicologie)|contamination]] des sédiments, il induit néanmoins « une remobilisation de particules polluées par des flux provenant du bassin-versant ». Il faut donc {{citation|agir en amont pour éviter les flux polluants à la source en appliquant le principe « ''[[pollueur-payeur]]''» sur l'ensemble des activités contribuant à la pollution des sédiments, et d'inciter aux bonnes pratiques en matière de dragage et d'immersion }}<ref name="GrenelleMer11" />.

=== Chaire industrielle de recherche sur les sédiments ===
Acteur dans des projets nationaux de valorisation des sédiments dragués dans l'activité des travaux publics routiers, l'école d'ingénieurs des [[École nationale supérieure des mines de Douai|mines de Douai]] a créé en {{date-|avril 2014}} une chaire industrielle sur la valorisation des sédiments, en partenariat avec des acteurs industriels, portuaires et bureaux d'ingénierie<ref>{{Lien brisé|url=https://www.youtube.com/watch?v=BQv09JaoQhY|titre=Présentation vidéo de la chaire ECOSED}}, chaine vidéo Mines Douai</ref>. L'objectif de cette chaire, baptisée ECOSED pour ECOnomie circulaire des SEDiments, est de créer une dynamique scientifique, technologique et partenariale autour de la gestion des sédiments portuaires et fluviaux en vue de les recycler en technique routière ou en produits en béton<ref>Mines Douai crée une chaire industrielle de recherche sur les sédiments</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr |titre=L'École des mines de Douai se dote d'une chaire industrielle pour valoriser les sédiments |lire en ligne=https://www.lavoixdunord.fr/art/region/l-ecole-des-mines-de-douai-se-dote-d-une-chaire-ia16b0n2041179 |périodique=La Voix du Nord|date=03-04-2014|accès url=inscription|consulté le=2021-12-11}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Chaire industrielle de recherche sur les sédiments|sous-titre=Mines Douai crée une chaire industrielle de recherche sur les sédiments|url=https://www.capcampus.com/actualite-473/chaire-industrielle-de-recherche-sur-les-sediments-a29816.htm|date=04-04-2014|site=www.capcampus.com|consulté le=2021-12-11}}.</ref>.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=3|* [[Structures sédimentaires]]
* [[Interface sédiment-eau]]
* [[Roche sédimentaire]]
* [[Hyporhéos]]
* [[Neige marine]], [[pseudofeces]]
* [[Colluvion]]
* [[Floculation]]
* [[Kérogène]]
* [[Élément-trace métallique]]
* [[Curage]]
* [[Dragage]]
* [[Sédimatériau]]
* [[ECOPORT]]
* [[Érosion des sols]]
* [[Bioturbation]]
* [[Turbidité]]
* [[Varve]]
* [[Rhythmite]]
* [[Centre d'études techniques maritimes et fluviales|CETMEF]] ([[Centre d'études techniques maritimes et fluviales]])
}}

=== Guide de bonnes pratiques, recommandations ===
* {{Ouvrage|titre=Enlèvement des sédiments - Guide méthodologique|sous-titre=Évaluation Détaillée des Risques liés à la gestion des sédiments et aux opérations de curage ; santé humaine ; ressources en eau|auteur=EDR SEDIMENTS|champ libre=financé par : - l'Agence de l'Eau Artois-Picardie, - la Direction Régionale de l'Environnement du Nord Pas de Calais (DIREN) - le Conseil Régional l'Environnement du Nord Pas de Calais|format=PDF|pages totales=148 pages|lire en ligne=https://consultation.eau-artois-picardie.fr/OAI_Docs/aegis/79/B_16740_(2.24Mo).pdf}}.
* Guides techniques sur la valorisation des sédiments de dragage/curage en techniques routière, aménagement paysager et dans le béton, développés dans le cadre de la démarche Sédimatériaux.{{commentaire biblio|Les guides méthodologiques de la démarche Sédimatériaux relatifs à la valorisation des sédiments de dragage/curage en techniques routière, aménagement paysager et dans le béton sont disponibles sur le site SEDILAB. {{lire en ligne|lien=http://www.sedilab.com/FR/Guides-Sedimateriaux-20.html?PHPSESSID=7pb16l85chi62vfq73ai1tghl7}}.}}

=== Bibliographie ===
* {{Article|langue=en|prénom1=Piet|nom1=Lens|prénom2=Tim|nom2=Grotenhuis|prénom3=G.|nom3=Malina|prénom4=H.|nom4=Tabak|titre=Soil and Sediment Remediation - Mechanisms, Technologies and Applications|périodique=Water Intelligence Online|volume=4|numéro=0|date=2015-12-30|isbn=9781843391005|issn=1476-1777|doi=10.2166/9781780402697|résumé=http://dx.doi.org/10.2166/9781780402697|consulté le=2021-12-11|pages totales=523}}.
* {{Ouvrage|auteur=Franck Agostini|lire en ligne=http://ori-nuxeo.univ-lille1.fr/nuxeo/site/esupversions/8cc24292-4d94-440f-8aeb-64b7a0f99360|titre=Inertage et valorisation des sédiments de dragage marin|nature ouvrage=Thèse de doctorat en génie civil|éditeur=École centrale de Lille|année=2006}}.
* {{Ouvrage|directeur=Claude Alzieu|année=2003|titre=Bioévalution de la qualité environnementale des sédiments portuaires et des zones d'immersion|éditeur=Ifremer|pages totales=248|isbn=2844331246}}
* {{Chapitre|auteur=M. Glémarec|directeur=Claude Alzieu|année=2003|titre ouvrage=Bioévalution de la qualité environnementale des sédiments portuaires et des zones d'immersion|titre chapitre=Les indices biotique en milieu sédimentaire|éditeur=Ifremer|page=31-50|pages totales=248|isbn=2844331246}}
* {{Ouvrage|auteur=Roland Boutin|année=2001|titre=Dragage et rejets en mer : les produits de type vase|éditeur=Presses de l'école nationale des ponts et chaussées|pages totales=307|isbn=2859783369}}.
* {{Lien web|titre=Lignes directrices OSPAR remaniées
sur la gestion des matériaux de dragage (Numéro de référence : 2004-08)|url=https://dredging.org/documents/ceda/downloads/environ-ospar-lignes-directrices-dragage.pdf|consulté le=2021-12-11}}
* {{Article|langue=en-gb|titre=Scientific Criteria for the Selection of Waste Disposal Sites at Sea|périodique=Reports and Studies|numéro=16|année=1982|date=|lire en ligne=http://www.gesamp.org/publications/scientific-criteria-for-the-selection-of-waste-disposal-sites-at-sea|format=pdf|site=[[GESAMP]]|consulté le=2021-12-11}}. Pdf à télécharger.
* {{fr}} Geffard O (2001) ''[http://archimer.ifremer.fr/doc/2001/these-1482.pdf Toxicité potentielle des sédiments marins et estuariens contaminés: évaluation chimique et biologique, biodisponibilité des contaminants sédimentaires]'' (Thèse de doctorat en écotoxicologie, Université de Bordeaux 1).
* {{en}} International Association of Dredging Companies (IADC)/Central Dredging Association (CEDA), 1997. Environmental Aspects of Dredging, Guide 2a:Conventions, Codes and Conditions : Marine Disposal.
* {{en}} International Association of Dredging Companies (IADC)/Central Dredging Association (CEDA), 1997. Environmental Aspects of Dredging. Guide 3 (Investigation, Interpretation and Impact). {{ISBN|90-75254-08-3}}.
* {{en}} International Association of Dredging Companies (IADC)/Central Dredging Association (CEDA). Environmental Aspects of Dredging, Guide 4 : Machines, Methods and Mitigation.
* {{en}} PIANC (1992) Beneficial Uses of Dredged Material : A Practical Guide, Report of Working Group No. 19.
* {{en}} PIANC, 1996. Handling and Treatment of Contaminated Dredged Material from Ports and Inland Waterways, Report of Working Group No. 17 of the Permanent Technical Committee 1 - Supplement to PIANC Bulletin No. 89.
* {{en}} PIANC (1997) Dredged Material Management Guide. Special Report of the Permanent Environmental Commission – Supplement to Bulletin no. 96.
* {{en}} PIANC (1998) Handling and Treatment of Contaminated Dredged material from Ports and Inland Waterways, Vol. 2., Report of Working Group No. 17 of the Permanent Technical Committee 1.
* {{en}} PIANC, in prep. Management of Aquatic Disposal of Dredged Material. Report of Working Group 1 of the Permanent Environmental Commission. (parution prévue pour {{date-|septembre 1998}})
* {{en}} ASTM (1994) Standard guide for collection, storage, characterisation and manipulation of sediment for toxicological testing. American Society for Testing and Material, Annual Book of Standards. Vol. 11.04, E1391-96.
* {{en}} EPA/CE (1991) Evaluation of Dredged Material Proposed for Ocean Disposal: Testing Manual EPA-503/8-91/001. US-EPA Office of Water (WH-556F).
* {{en}} EPA/CE, 1994. Evaluation of Dredged Material Proposed for discharge in Waters of the US. Testing Manual (Draft) : Inland Testing Manual EPA – 823-B-94-002. (sera remplacé par le manuel “coast of waters”).
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Le curage des sédiments des cours d'eau
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