Théorème de Kirchhoff

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Dans le domaine de la théorie des graphes, le théorème de Kirchhoff, aussi appelé matrix-tree theorem, nommé d'après le physicien Gustav Kirchhoff, est un théorème donnant le nombre exact d'arbres couvrants pour un graphe non orienté quelconque. C'est une généralisation de la formule de Cayley qui donne ce résultat pour les graphes complets non orientés.

Énoncé

Le théorème de Kirchhoff s'appuie sur la notion de matrice laplacienne, définie elle-même comme la différence entre la matrice des degrés et la matrice d'adjacence du graphe. Formellement, pour un graphe G=(V,E)V={v1,,vn}, la matrice laplacienne est définie par :

(L)i,j:={deg(vi)si i=j1si ij et (vi,vj)E0sinon

Le théorème de Kirchhoff s'énonce ainsi : Modèle:Théorème

Exemple

Ce graphe possède 11 arbres couvrants

Calcul de la matrice laplacienne

On calcule d'abord la matrice laplacienne de ce graphe :

  • Le sommet 1 est de degré 2 et il est relié aux sommets 2 et 5 : la première colonne vaut (2, -1, 0, 0, -1, 0).
  • Le sommet 2 est de degré 3 et il est relié aux sommets 1, 3 et 5 : la deuxième colonne vaut (-1, 3, -1, 0, -1, 0).
  • Le sommet 3 est de degré 2 et il est relié aux sommets 2 et 4 : la troisième colonne vaut (0, -1, 2, -1, 0, 0).
  • Le sommet 4 est de degré 3 et il est relié aux sommets 3, 5 et 6 : la quatrième colonne vaut (0, 0, -1, 3, -1, -1).
  • Le sommet 5 est de degré 3 et il est relié aux sommets 1, 2 et 4 : la cinquième colonne vaut (-1, -1, 0, -1, 3, 0).
  • Le sommet 6 est de degré 1 et il est relié au sommet 4 : la sixième colonne vaut (0, 0, 0, -1, 0, 1).

Cela donne la matrice laplacienne :

L=(210010131010012100001311110130000101)

Calcul d'un des cofacteurs

On supprime ensuite n'importe quelle ligne et n'importe quelle colonne de la matrice. Si l'on supprime par exemple la troisième colonne et la deuxième ligne :

L*=(2101001100003111113000101)

Le cofacteur est det(L*)=11. D'après le théorème de Kirchhoff, il y a 11 arbres couvrants.

Vérification

Le graphe possède en effet 11 arbres couvrants, ce que l'on peut effectivement constater dans la figure suivante :

Les 11 arbres couvrant le graphe de départ
Les 11 arbres couvrant le graphe de départ

Cas des graphes non connexes

Si le graphe de départ n'est pas connexe, alors la matrice laplacienne sera diagonale par bloc. En supprimant une ligne et une colonne, il y aura au moins une composante connexe pour laquelle aucune colonne n'aura été supprimée. La somme des colonnes de cette composante est alors nulle, donc tout cofacteur est nul. On retrouve bien le fait que seuls les graphes connexes ont des arbres couvrants.

Démonstration

Étape 1

Soit D une orientation quelconque de G, et M la matrice d'incidence associée: si G a n nœuds et m arêtes, alors M est une matrice à n lignes et m colonnes dont le terme général est défini par:

mi,j:={1si vi est la queue de ej1si vi est la tête de ej0si viej


Calculons le terme général de M*=MMt: il correspond au produit scalaire de deux lignes de M.

  1. Si ij, alors mi,j*=k=1nmi,kmj,k=1 si une arête ek relie vi à vj, indépendamment de la direction, et mi,j*=0 sinon.
  2. Si i=j, alors mi,j*=mi,i*=k=1nmi,k2 compte 12 pour des arêtes sortant de vi et (1)2 pour des arêtes arrivant à vi, donc mi,i*=deg(vi).

Finalement, on a : L=MMt .

Étape 2

On ne considère que les graphes connexes, ce qui assure mn1. On considère alors B une sous-matrice carrée (n1)×(n1) de M.

Le sous-graphe correspondant à B contient donc n nœuds et n1 arêtes, donc soit c'est un arbre couvrant, soit il contient un cycle. S'il contient un cycle, alors la somme des colonnes correspondantes dans B sera nulle, et donc le déterminant de B sera nul lui aussi.

S'il ne contient pas de cycle, c'est un arbre couvrant T, qui contient au moins deux feuilles. B a donc au moins une ligne correspondant à une feuille, donc une ligne contenant n2 termes nuls et un terme égal à 1 ou 1. En développant le déterminant de B par rapport à cette ligne, on obtient donc une relation de récurrence sur le nombre de nœuds n du graphe. Si le graphe a un seul nœud, B est la matrice vide de déterminant 1 par convention, donc quelle que soit la valeur de n, si B représente un arbre couvrant T, det(B)=±1.

En résumé, soit le sous-graphe contient un cycle et dans ce cas det(B)=0, soit le sous-graphe représente un arbre couvrant et dans ce cas det(B)=±1.

Étape 3

Soit M* obtenue en supprimant une ligne quelconque de M. Le déterminant de M*(M*)t est donc un cofacteur de L, au signe près. Par la formule de Binet-Cauchy, on obtient :

Cofacteur(L)=B(det(B))2

représente les sous-matrices (n1)×(n1) de M*. D'après l'étape 2, les termes de la somme valent 1 pour chaque arbre couvrant, et 0 sinon, ce qui termine la démonstration.

Applications

La formule de Cayley

Le théorème de Kirchhoff permet de donner une démonstration rapide de la formule de Cayley. Cette dernière indique que le graphe complet Kn possède nn2 arbres couvrants.

Modèle:Démonstration

Génération aléatoire et algorithmique

Le théorème de Kirchoff est utilisé pour générer des arbres couvrants de façon probabiliste. Certains algorithmes probabilistes utilisent ensuite ces arbres[1].

Histoire

Le théorème de Kirchoff est l'une des premières applications de la matrice laplacienne d'un graphe[1]. Cet objet est maintenant très utilisé, notamment en théorie spectrale des graphes.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Modèle:Ouvrage

Articles connexes


Modèle:Portail