Conjecture de Cercignani

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La conjecture de Cercignani est une conjecture proposée par Carlo Cercignani[1] qui postule une inégalité entre entropie et production d'entropie destinée à estimer la convergence vers l'équilibre thermodynamique des gaz.

Description du milieu gazeux à l'échelle microscopique

Il existe trois modes de description pour un ensemble de particules dans un volume de gaz isolé[2] :

fN=fN(𝐪1𝐪N,𝐩1𝐩N,t)
où les vecteurs qi sont les coordonnées généralisées du système et les pi les quantités de mouvement de chaque particule : il y a donc 6N variables dans un espace tridimensionnel.
Ce système est réversible : on peut lui appliquer le théorème de récurrence de Poincaré ;
f=f(𝐪,𝐩,t)
Pour des raisons de simplicité le second membre quadratique de l'équation de Boltzmann est souvent remplacé par un terme linéaire (par exemple en utilisant la méthode de Bhatnagar-Gross-Krook, en abrégé méthode BGK), ce qui ne change pas le fond du problème.
Le théorème H établit l'irréversibilité de ce système dont on montre qu'il admet des solutions infinies aux temps longs[3]. Cette contradiction avec la description newtonienne a fait l'objet d'une controverse historique entre Boltzmann, Loschmidt, Poincaré et Zermelo[4].

On passe de l'équation de Boltzmann à l'équation de diffusion par quelques manipulations assez simples[2], ce qui ne pose pas de problème, au contraire du passage de la description newtonienne à l'équation de Boltzmann par la hiérarchie BBGKY ou celle de Boltzmann en utilisant le modèle d'interaction sphères dures de diamètre d et la loi d’échelle de Boltzmann-Grad à nombre de collisions constant[5]

N,r0+,Nd2=Cste

Ce passage à la limite est à l'origine d'une perte de réversibilité, en même temps que la perte d'information sur le système en passant d'un espace de dimension 6N à un espace de dimension 3[2].

Conjecture de Cercignani

Convergence vers l'équilibre thermodynamique

On se place dans le cas d'un milieu homogène constitué de particules d'un gaz parfait dont l'équilibre thermodynamique correspond à la loi de distribution des vitesses de Maxwell feq (v). Ce système obéit à l'équation de Boltzmann

tf(𝐯,t)=Q(f,f)(𝐯,t)

où Q (f, f) est l'opérateur de collision quadratique auquel on peut substituer l'opérateur BGK B(f)(𝐯,t).

La fonction H de Boltzmann (l'opposée de l'entropie) vaut

H(f)=f(𝐯)logf(𝐯)d𝐯

C'est une fonction qui décroît de façon monotone.

La distance de l'état courant défini par f (v) à l'état final est mesurée par la divergence de Kullback-Leibler

D(f)=f(𝐯)log(f(𝐯)feq(𝐯))d𝐯=H(f)H(feq)0

La production de H est donnée par

P(f)=tf(𝐯,t)logf(𝐯)d𝐯=Q(f,f)(𝐯)logf(𝐯)d𝐯0

Cette quantité est positive ou nulle. Elle est nulle si et seulement si f = feq.

En dérivant D (f) par rapport à t on voit que la « vitesse » de convergence vers l'équilibre est proportionnelle à la production d'entropie[1]

dD(f)dt=dH(f)dt=P(f)

Conjecture

La conjecture de Cercignani s'exprime par l'inégalité

P(f)λD(f),λ>0

où le coefficient λ ne dépend que de Q.

En appliquant cette hypothèse à l'équation de convergence on voit que

D(f)D(f0)eλt

où f0 est l'état initial. f converge au moins aussi vite qu'une exponentielle.

Divers exemples ont montré que cette conjecture était fausse en l'état. Des travaux encore actuels se focalisent sur la nature du coefficient λ et sa dépendance aux autres paramètres du problème comme le potentiel d'interaction ou les conditions initiales (propriétés de f0)[6]. En suivant Cédric Villani on peut dire que « cette conjecture est souvent vraie et toujours presque vraie »[7].

Voir aussi

Références

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