Béryl (essai nucléaire)

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Essai nucléaire

Béryl est le nom de code du deuxième essai nucléaire souterrain de la France, qui a eu lieu le Modèle:Date à In Ecker, au nord de Tamanrasset, dans le Sahara algérien.

Un accident nucléaire s'est produit lors de cet essai. En effet, tout était prévu pour que l'explosion fût confinée à l'intérieur de galeries creusées dans la montagne du Taourirt Tan Afella mais un défaut de confinement a conduit à libérer des éléments radioactifs associés à des laves et des scories, ainsi qu'à des aérosols[1]. Une centaine de personnes ont été exposées à une dose supérieure à Modèle:Unité, dont Pierre Messmer, alors ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique[1].

Lors de la réalisation de l’essai Béryl, le 1er mai 1962, la fermeture de la galerie a été imparfaite et 5 à 10 % de la radioactivité générée par l’essai est sortie, soit sous forme de laves et de scories projetées sur le carreau, soit sous forme d'aérosols et de produits gazeux formant un nuage qui a culminé à environ 2600 mètres d’altitude[2].

L’axe principal du nuage radioactif formé était dirigé vers l’est et la contamination atmosphérique a été détectée sur environ 150 kilomètres[2].

Localisation

Pour l'essai Béryl comme pour les autres, le choix se porta sur un site éloigné du territoire métropolitain, celui d'In Eker dans le Taourirt Tan Afella, l'un des massifs granitiques du Hoggar (Sahara algérien). Le consentement des autorités algériennes fut donné pour treize essais souterrains en galeries de tir entre Modèle:Date et Modèle:Date[3]. In Eker se trouve à environ Modèle:Unité au nord de Tamanrasset : il est aménagé à partir de 1961 et un aérodrome est construit au nord-est d'In Amguel, entre le village targui de In-Amguel et le puits d'In Eker, dont le fort était alors contrôlé et occupé par des gendarmes français. Une base mixte CEA-DAM dite « Oasis 1 » est alors construite de manière à ne pas être visible de la route à quelques kilomètres à l'est du Tan Afella[4]. Après l'accident, elle sera transférée vers la base « Oasis 2 », à mi-chemin d'In Amguel, plus éloignée de la zone contaminée[5].

L'essai Béryl est tiré le Modèle:Date au point Modèle:Coord[6]Modèle:,[7]Modèle:,[8]Modèle:,[9]. L'engin est placé au fond du tunnel E2, dont l'entrée est située environ Modèle:Unité à l'est, au point Modèle:Coord[10].

Description de l'accident

Un confinement défaillant

La France, ayant dû abandonner les essais aériens et les remplacer par des essais souterrains moins polluants, a opté pour des essais souterrains en zone marine (atolls) ou désertique. Les tirs sahariens étaient ici réalisés « en galeries », celles-ci étant creusées horizontalement dans le Tan Afella sur le site d'In Ecker.

Ce type de galeries de tir était creusé de manière à se terminer en colimaçon. Cette forme de tunnel d'une part fragilise fortement le sol à cet endroit, et d'autre part freine en ce point l'expulsion des gaz, des poussières et des laves produits par la vitrification du sol. Selon les calculs des ingénieurs, en raison de ces deux facteurs, la galerie devait en ce point s'effondrer et se colmater. Elle était de plus refermée par un bouchon de béton. En fait, quatre portes en acier très résistantes fermaient la galerie à différents niveaux recouvertes pour étanchéité de mousse de polyuréthane. Ces mesures étaient réputées permettre le meilleur confinement possible de la radioactivité, ce qui avait justifié qu'on ait invité de nombreux « officiels » à assister au tir.

Un nuage radioactif s'échappe

Le Modèle:Date, lors de ce deuxième essai souterrain, le colimaçon semble ne pas s'être effondré assez tôt et le bouchon a été pulvérisé. La porte fermant la galerie à son extrémité fut projetée à plusieurs dizaines de mètres, laissant s'échapper un nuage radioactif de gaz et de particules hors de la galerie de tir. Une fraction de la radioactivité a été expulsée avec les gaz, laves et scories. Les laves se sont solidifiées sur le carreau de la galerie, mais les aérosols et produits gazeux ont formé un nuage qui a culminé à près de Modèle:Unité d'altitude, à l'origine d'une radioactivité détectable jusqu'à quelques centaines de kilomètres.

Selon le témoignage de Pierre Messmer, quelques secondes après le tremblement du sol provoqué par l'explosion, les spectateurs ont vu Modèle:Citation[11].

Contamination des spectateurs

Le nuage radioactif était poussé par le vent vers l'est, avec dans cette direction, une contamination atmosphérique significative mesurée jusqu'à environ Modèle:Unité. Un certain nombre de personnalités, dont deux ministres (Pierre Messmer, ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique) assistaient aux essais, ainsi que des militaires et des civils, soit au total un millier de personnes[1].

Fermeture de la galerie

Ultérieurement la sortie de la galerie fut couverte de béton, faute de meilleurs moyens de décontamination.

Conséquences sanitaires

Gaston Palewski mourra d'une leucémie en 1984, soit vingt-deux ans après les faits, à l'âge de 83 ans. Selon Pierre Messmer[12], il était persuadé que ce cancer avait été causé par l'accident. Pierre Messmer est également mort d'un cancer, mais à un âge plus avancé (91 ans), sans qu'il soit possible de lier ce cancer à cet accident. Selon les comptes rendus officiels disponibles, la plupart des militaires n'ont reçu qu'une irradiation externe[13]. Aucune information n'est en revanche disponible sur l'état de santé des populations civiles touareg du Sahara.

Effet sanitaire selon les rapports officiels

Neuf personnes situées dans un poste isolé ont traversé la zone contaminée après avoir, au moins temporairement, ôté leur masque. Dès leur retour en base vie (H+6), elles ont fait l'objet d'une surveillance clinique, hématologique (évolution des populations cellulaires sanguines) et radiologique (spectrogammamétrie, mesures d'activité dans les excrétas). Les équivalents de dose engagée reçus par ces personnes ont été évalués à environ 600 mSv[14]. Ces neuf personnes ont été ensuite transportées à l'hôpital militaire Percy à Clamart pour surveillance et examens radiobiologiques complémentaires. Le suivi de ces neuf personnes n'a pas révélé de maladie spécifique[14].

Des conséquences sanitaires sont envisageables pour la quinzaine de personnes fortement contaminées (à plus de Modèle:Unité) par l'essai Béryl.

Les estimations donnent les chiffres suivants :

Contamination
Nombre de personnes Dose reçue
9 Modèle:Unité[15]
15 > Modèle:Unité
100 > Modèle:Unité
~ 240 < Modèle:Unité

Les équivalents de dose qui auraient été reçus par des populations présentes au moment de la retombée et qui auraient ensuite séjourné au même endroit ont été évalués. Les populations nomades du Kel Torha, les plus exposées (Modèle:Nombre évoluant à la frange nord de la retombée) auraient ainsi pu recevoir des équivalents de dose cumulée allant jusqu'à Modèle:Unité (de l'ordre de grandeur d'une année de radioactivité naturelle)[14].

Le nombre d'Algériens contaminés reste inconnu à ce jour, et la contamination éventuelle de la chaîne alimentaire à la suite de ré-envols ou concentrations locales de radionucléides ne semble pas avoir fait l'objet d'études. Le nuage radioactif formé était dirigé plein Est. Dans cette direction, la contamination atmosphérique était significative jusqu'à environ Modèle:Unité, distance sur laquelle il n'y avait pas de population saharienne sédentaire[16].

Postérité

Cinéma

Le téléfilm Vive la bombe !, réalisé par Jean-Pierre Sinapi en 2006, relate cet événement vécu par des militaires irradiés lors de cet incident. Il a été diffusé sur Arte le Modèle:Date puis sur France 2 le Modèle:Date et à nouveau sur Arte le Modèle:Date.

Le documentaire Gerboise bleue, réalisé par Djamel Ouahab et sorti en 2009, évoque largement cet accident, avec en particulier le témoignage d'un rescapé.

Sorti en 2013, At(h)ome[17], documentaire de 53 min, réalisé par Élisabeth Leuvrey avec des photos de Bruno Hadjih, recueille les témoignages de populations exposées.

Littérature

Le roman L’Affinité des traces, de Gérald Tenenbaum, évoque l’accident à travers les yeux d’une jeune secrétaire employée sur la base, qui choisit ensuite de vivre avec les TouaregsModèle:Refsou.

Le roman À Dieu vat, de Jean-Michel Guenassia évoque cet épisode à travers les yeux d'une femme ingénieur qui a fait partie dès la première heure du développement de la bombe atomique françaiseModèle:Refsou.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Palette Modèle:Portail

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Modèle:Lien web.
  2. 2,0 et 2,1 Modèle:Lien web.
  3. L'évaluation de la recherche sur la gestion des déchets nucléaires à haute activité - Tome II : Les déchets militaires - Chapitre II : les premiers essais français au Sahara 1960-1966 - 2°/ Les essais en galerie au Hoggar - par Christian Bataille, Député de l'OPECST
  4. Modèle:Lien web.
  5. Modèle:Lien web.
  6. Modèle:Ouvrage.
  7. Modèle:Ouvrage.
  8. Modèle:Lien web. Cite Modèle:Harvsp.
  9. Modèle:Ouvrage.
  10. Coordonnées du prélèvement ALG-8 effectué sur la coulée de lave située devant l'entrée du tunnel E2, d'après Modèle:Ouvrage.
  11. Modèle:Lien web. Pour en savoir plus, voir « Expériences nucléaires françaises » ; IHRIC-GREPHAN, 1993.
  12. Voir la partie de cette page citant l'entretien de P. Messmer (du 5 décembre 1995).
  13. Compte rendu fait au Sénat, relatant au paragraphe 5.1 « L'accident Béryl (Modèle:Date) ».
  14. 14,0 14,1 et 14,2 Modèle:Lien web.
  15. Note : Modèle:Unité (soit Modèle:Unité) : un dixième de la dose létale instantanée.
  16. Modèle:Pdf Rapport OPECST, Modèle:Lien web, Bataille et Revol, février 2001.
  17. Production : Les Écrans du Large.