Loi stable

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La loi stable ou loi de Lévy tronquée, nommée d'après le mathématicien Paul Lévy, est une loi de probabilité utilisée en mathématiques, physique et analyse quantitative (finance de marché).

Variable aléatoire stable réelle

Définition

On dit qu'une variable aléatoire réelle X est de loi stable si elle vérifie l'une des 3 propriétés équivalentes suivantes[1] :

  1. Pour tous réels strictement positifs A et B, il existe un réel strictement positif C et un réel D tels que les variables aléatoires AX1+BX2 et CX+D aient la même loi, où X1 et X2 sont des copies indépendantes de X.
  2. Pour tout entier n2, il existe une constante strictement positive Cn et un réel Dn tels que les variables aléatoires X1+X2++Xn et CnX+Dn aient la même loi, où X1,X2,,Xn sont des copies indépendantes de X.
  3. Il existe des réels α]0,2], σ0, β[1,1] et μ telles que la fonction caractéristique de X vérifie, pour tout θ,
𝔼[eiθX]={exp{σα|θ|α(1iβ(sgnθ)tanπα2)+iμθ} si α1,exp{σ|θ|(1+iβ2π(sgnθ)ln|σθ|)+iμθ} si α=1,

sgnθ={1 si θ>0,0 si θ=0,1 si θ<0.

Remarques :

  • Les paramètres α]0,2], σ0, β[1,1] et μ caractérisent la loi de X. On écrit alors XSα(σ,β,μ).
  • Le réel α dans ]0,2] est appelé paramètre de stabilité de X. Le réel positif σ est appelé paramètre d'échelle de X.
  • Les coefficients A, B et C sont liés par la relation Cα=Aα+Bα.
  • Pour tout n2, on a Cn=n1/α.

On dit qu'une variable aléatoire réelle X est α-stable si elle est stable et que son paramètre de stabilité est α.

  • Les lois 2-stables correspondent exactement aux lois normales. Pour ces lois, le paramètre β n'a aucune influence. Plus précisément, la loi S2(σ,β,μ) correspond à la loi normale 𝒩(μ,σ2) de moyenne μ et de variance σ2.

Propriétés des lois stables

  • Si X1Sα(σ1,β1,μ1) et X2Sα(σ2,β2,μ2) sont indépendantes, alors X1+X2Sα(σ,β,μ) avec
σ=(σ1α+σ2α)1/α,β=β1σ1α+β2σ2ασ1α+σ2α, et μ=μ1+μ2.
  • Si XSα(σ,β,μ) et a, alors X+aSα(σ,β,μ+a).
  • Si XSα(σ,β,μ) avec α]0,2[, alors
{limλ+λα(X>λ)=Cα1+β2σα,limλλα(X<λ)=Cα1β2σα,

Cα=(0+xαsinxdx)1=2Γ(α)sin(πα/2)π

.

  • Si XSα(σ,β,μ) avec α]0,2[, alors
{𝔼[|X|p]<+ si p]0,α[,𝔼[|X|p]=+ si pα.

Cas symétrique

On dit que X est de loi symétrique α-stable si X est α-stable et que les variables aléatoires X et X sont identiquement distribuées.

  • X est de loi symétrique α-stable si, et seulement si, XSα(σ,0,0). On note simplement dans ce cas XSαS(σ).
  • X est de loi symétrique α-stable si, et seulement si, sa fonction caractéristique vérifie pour tout θ l'égalité 𝔼[eiθX]=eσα|θ|α, où σ est le paramètre d'échelle de X.

Domaine d'attraction d'une loi stable

L'étude des lois stables vient, en fait, de l'étude de la convergence de sommes de variables aléatoires indépendantes et identiquement distribuées (i.i.d) normalisées de manière affine. Les lois stables sont alors les seules lois limites possibles.

Domaine d'attraction

Modèle:Théorème Une loi de probabilité ν sur est dite dégénérée si elle et tout son poids sur un point, autrement dit, si il existe x tel que ν({x})=1. Les lois dégénérées sont toutes stables. Une loi stable est dégénérée si et seulement si son paramètre σ est nul.

Deux lois de probabilités ν et ν sur sont dites de même type si on peut passer de l'une à l'autre par une transformation affine, autrement dit, si il existe a et b>0 tels que pour tout x, ν(],x])=ν(],bx+a]). Cela revient encore à dire que, pour toute variable aléatoire Xν on a que (bX+a)ν. Avoir le même type définit une relation d'équivalence et si deux lois ont le même type alors la stabilité de l'une implique celle de l'autre. Plus précisément si XSα(σ,β,μ) et si Y=bX+a avec a et b>0, alors YSα(σb,β,bμ+a). Deux lois stables non dégénérées ont le même type si et seulement si elles partagent les mêmes paramètres α<2 et β ou si elles sont toutes les deux 2-stables (normales). Toutes les lois dégénérées ont le même type. Modèle:Théorème Modèle:Théorème À noter que si X a une variance finie, alors la condition du théorème est automatiquement vérifiée et on retrouve presque la conclusion du théorème central limite. Ce qui empêche de retrouver exactement le théorème central limite est que le théorème ci-dessus ne donne pas de suites (An)n1 et (Bn)n1 pour lesquels la convergence peut s'obtenir ni les paramètres μ et σ de la loi normale limite associée. Le théorème central limite informe qu'en prenant An=0 et Bn=n il y a convergence en loi vers la loi normale 𝒩(μ,σ2)μ:=𝔼[X] et σ2:=Var(X).

Ce théorème peut s'appliquer à des lois de variance infinie. Par exemple si X suit la loi de Pareto suivante : (X>x)=x3 pour tout x1, alors la condition du théorème est satisfaite, pourtant X n'a pas une variance finie. Dans cet exemple précis, il est possible de trouver des suites (An)n1 et (Bn)n1 convenables pour que la convergence se fasse grâce au théorème suivant.Modèle:ThéorèmeA noter que si a>2 dans le théorème précédent, alors la variance de X1 est finie et on retrouve exactement le théorème central limite. L'intérêt du théorème précédent par rapport au théorème central limite est donc l'étude du cas a=2.Modèle:Théorème

Domaine d'attraction normal

Vecteur aléatoire stable et variable aléatoire stable complexe

Vecteur aléatoire stable

On dit qu'un vecteur aléatoire X=(X1,,Xd) de d est de loi stable s'il vérifie une des 2 propriétés équivalentes suivantes[1] :

  1. Pour tous réels strictement positifs A et B, il existe un réel strictement positif C et un vecteur D de d tels que les vecteurs aléatoires AX(1)+BX(2) et CX+D aient la même loi, où X(1) et X(2) sont des copies indépendantes de X.
  2. Il existe une mesure finie Γ sur la sphère Sd de d et un vecteur μ0d tels que la fonction caractéristique de X vérifie, pour tout (θ1,,θd)d,
𝔼[exp(il=1dθlXl)]={exp{Sd|θ,s|α(1isgn(θ,s)tanπα2))Γ(ds)+i(θ,μ0)} si α1,exp{Sd|θ,s|(1+i2πsgn(θ,s)ln|θ,s|)Γ(ds)+i(θ,μ0)} si α=1,

,

est le produit scalaire classique sur

d

.

Remarques :

  • La paire (Γ,μ0) est unique.
  • Le réel α est appelé paramètre de stabilité de X.
  • Les coefficients A, B et C sont liés par la relation Cα=Aα+Bα.
  • On dit que X est de loi symétrique α-stable si X est α-stable et que les variables aléatoires X et X sont identiquement distribuées. Dans ce cas, sa fonction caractéristique est donnée, pour tout (θ1,,θd)d, par 𝔼[exp(il=1dθlXl)]=exp{Sd|θ,s|αΓ(ds)}.

Propriétés des vecteurs aléatoires stables

  • Si X=(X1,,Xd) est un vecteur α-stable, alors, pour tous réels b1,,bd, la variable aléatoire réelle l=1dblXl est α-stable.
  • Si α[1,2] et, pour tous réels b1,,bd, la variable aléatoire réelle l=1dblXl est α-stable, alors le vecteur X=(X1,,Xd) est α-stable.
  • Si, pour tous réels b1,,bd, la variable aléatoire réelle l=1dblXl est symétrique α-stable, alors le vecteur X=(X1,,Xd) est symétrique α-stable.

Variable aléatoire stable complexe

On dit qu'une variable aléatoire complexe Z=X+iY est de loi α-stable, si le vecteur (X,Y) de 2 est α-stable.

On dit de plus que la loi de Z est isotrope si, pour tout ϕ[0,2π[, les variables aléatoires eiϕZ et Z sont identiquement distribuées. Dans ce cas, sa fonction caractéristique vérifie, pour tous complexes θ=θ1+iθ2, 𝔼[ei(θ1X1+θ1X1)]=eσα|θ|α, où σ est un réel positif appelé paramètre d'échelle de Z.

Représentation en série de LePage

Cas symétrique réel

Soit α]0,2[. On pose a(α)=(0+xαsin(x)dx)1/α. Soit {Γm:m} et {Zm:m} deux processus mutuellement indépendants de variables aléatoires définis sur le même espace de probabilité (Ω,𝒢,) satisfaisant aux propriétés suivantes[2] :

  1. Les Γm, m, sont les temps d'arrivée d'un processus de Poisson d'intensité 1 ; c'est-à-dire, pour tous m, on a Γm=n=1mνn, où (νn)n est une suite de variables aléatoires exponentielles de paramètre 1 indépendantes.
  2. Les Zm, m sont des variables aléatoires réelles, symétriques, indépendantes, identiquement distribuées et vérifiant 𝔼[|Zm|α]<+.

Alors la série m=1+ZmΓm1/α converge presque sûrement. De plus, elle est de loi symétrique α-stable et son paramètre d'échelle σ vérifie σ=a(α)1(𝔼[|Z1|α])1/α.

Cas isotrope complexe

Soit α]0,2[. On pose a(α)=(0+xαsin(x)dx)1/α. Soit {Γm:m} et {Zm:m} deux processus mutuellement indépendants de variables aléatoires définis sur le même espace de probabilité (Ω,𝒢,) satisfaisant aux propriétés suivantes[3] :

  1. Les Γm, m, sont les temps d'arrivée d'un processus de Poisson d'intensité 1.
  2. Les Zm, m, sont des variables aléatoires complexes, isotropes, indépendantes, identiquement distribuées et vérifiant 𝔼[|Re(Zm)|α]<+, où Re(Zm) désigne la partie réelle de Zm.

Alors la série m=1+ZmΓm1/α converge presque sûrement. De plus, elle est de loi isotrope α-stable et son paramètre d'échelle σ vérifie σ=a(α)1(𝔼[|Re(Z1)|α])1/α.

Liens avec d'autres lois

Elle a pour cas particuliers :

  • La loi de Lévy (paramètres α=1/2 et beta=1), définie par une formule analytique explicite.
  • La loi normale (paramètre α=2), définie par une formule analytique explicite.
  • La loi de Cauchy (paramètre α=1), définie par une formule analytique explicite.

Gnedenko et Kolmogorov ont établi une généralisation du théorème central limite selon laquelle la somme de variables aléatoires ayant des queues de loi décroissantes selon 1/|x|Modèle:Exp avec 0 < α < 2 (ayant donc une variance infinie) tend vers une loi stable de paramètre α[4].

Références


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