Dipôle oscillant

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Évolution temporelle du champ électrique créé par un dipôle oscillant, l’oscillation se faisant selon l’axe vertical. On reconnaît près du centre une structure comparable à celle du dipôle statique ; en s’éloignant, il prend la forme d’une onde progressive.

Le dipôle oscillant est un modèle intervenant en électromagnétisme décrivant les effets du mouvement oscillatoire d’une particule chargée aux alentours d’un point fixe. Il explique des phénomènes tels que la diffusion Rayleigh, le fonctionnement des antennes dipolaires, ou le rayonnement thermique.

Phénomène de rayonnement d’un dipôle

Une particule chargée est la source d’un champ électrique dépendant de sa position. Par conséquent, une particule en mouvement, telle qu’un électron se déplaçant librement autour d’un noyau d’atome, ou mis en mouvement par un champ forcé, engendre un champ électrique variable dans le temps, qui d’après les équations de Maxwell se propage sous la forme d’une onde électromagnétique.

En pratique, l’analyse de Fourier justifie qu’on ne s’intéresse qu’aux cas où le mouvement est sinusoïdal, les autres s’exprimant par superposition de solutions dans le cas sinusoïdal.

Description du modèle

Il s’agit en fait d’une adaptation du modèle du dipôle électrostatique classique, dans lequel le moment dipolaire est variable au cours du temps, sinusoïdal.

On considère un doublet de charges {q,q} (où q peut être positif ou négatif). La charge q est fixe en O dans le référentiel d’étude. La charge q est mobile, située en M(t) avec OM(t)=z0cos(ωt)uz. Le système possède donc un moment dipolaire variable p(t)=cos(ωt)p0 avec p0=z0quz. De plus, on suppose le mouvement de la particule non relativiste (z0ω faible devant c).

Par la suite, on cherchera uniquement à déterminer le champ à grande distance des charges, dans une acception détaillée ultérieurement. À plus faible distance du dipôle, en effet, la structure du champ est similaire à celle du dipôle (électrique ou magnétique) statique, variant linéairement avec le moment p.

On se place en coordonnées sphériques de centre O, d’axe (Oz). La base de projection considérée est alors (ur,uθ,uϕ), directe, avec ur radial et uθ méridien.

Calcul du champ

Par linéarité des équations de Maxwell, le champ engendré est variable, harmonique de pulsation ω ; donc l’onde électromagnétique est de longueur d’onde λ=2πcω, où c est la célérité de la lumière dans le milieu considéré (c dans le vide).

La structure du champ engendré est particulièrement complexe, vu le forçage imposé par le mouvement de la charge (le modèle de l’onde plane progressive harmonique n’est pas valable ici, sauf pour étudier la propagation à grande distance du champ engendré dans le milieu, en approximant les fronts d’onde par des plans tangents). On suppose donc que l’on étudie le champ à un rayon r du point O grand devant λ.

Les trois approximations se résument donc par :

  • λ>>z0 : mouvement de M non relativiste
  • r>>z0 : approximation dipolaire
  • r>>λ : zone de rayonnement considérée grande devant la longueur d’onde.

Alors, en un point P(r,θ,ϕ) (θ représentant la colatitude, c’est-à-dire l’angle (uz,OP)^), les champs électrique et magnétique créés s’expriment :

E(z,θ,t)=μ04πrω2p0sinθcos[ω(trc)]uθ
B(z,θ,t)=μ04πrcω2p0sinθcos[ω(trc)]uϕ

μ0 est la perméabilité magnétique du vide.

Modèle:Boîte déroulante/début On va faire la démonstration dans le vide[1]. Pour étudier un milieu quelconque et obtenir les relations ci-dessus, il suffit de remplacer c par c' dans toutes les expressions qui vont suivre.

On va utiliser le potentiel scalaire ϕ et le potentiel vecteur A pour faire notre étude. On a B=A et E=ϕAt.

On utilisera aussi la jauge de Lorentz :


  A+μ0ϵ0ϕt=0


On a ainsi : B=(A)=(A)2A=μ0j+μ0ϵ0(ϕt2At2)

Donc d'après la jauge de Lorentz : (A+μ0ϵ0ϕt)=2Aμ0ϵ02At2+μ0j=0

Le potentiel vecteur vérifie donc :


  A=2A1c22At2=μ0j


De même, on montre que : E=(ϕAt)=ρϵ0

Et avec la Jauge de Lorentz : 2ϕ+μ0ϵ02ϕt2=ρϵ0

Donc le potentiel scalaire vérifie :


   ϕ=2ϕ1c22ϕt2=ρϵ0


Or, on sait comment résoudre ces équations. Il faut utiliser les formules des potentiels retardés. En effet, les effets de j et de ρ ne sont pas instantanés.

On a donc :


  A(r,t)=μ04πj(r,t)|rr|dr


et :


 V(r,t)=14πϵ0ρ(r,t)|rr|dr


t=t|rr|c.


Commençons par calculer A.


Au vu de notre système, on peut écrire : A(r,t)=μ04πqv(t|rOM|c)|rOM|v=OM˙.

Or, la dérivée temporelle du moment dipolaire peut se réécrire p˙=qv.

Donc le potentiel vecteur devient : A(r,t)=μ04πp˙(t|rOM|c)|rOM|

Utilisons l'approximation dipolaire, qui nous permet d'écrire |r||OM|, donc |rOM||r|=r. Utilisons de plus l'hypothèse non relativiste, qui donne λz0, et qui fait que l'on peut négliger le décalage temporel entre t|rOM|c et trc (de l'ordre de z0cλc), et donc écrire : p˙(t|rOM|c)p˙(trc).

Ainsi

A(r,t)=μ04πp˙(trc)r


On peut facilement calculer le champ magnétique grâce à B=A :

B(r,t)=μ04πsinθ(p˙(trc)r2+p¨(trc)rc)eϕ

Pour calculer le champ électrique, on peut soit calculer le potentiel scalaire, soit utiliser l'équation de Maxwell-Ampère.

On obtient :

E(r,t)=14πϵ0(2cosθ[1r2cp˙(trc)+1r3p(trc)]er+sinθ[pr3+p˙(trc)r2c+p¨(trc)rc2]eθ)

On va simplifier ces expressions en se plaçant dans la zone de rayonnement, qui est telle que rλ, ce qui revient à ne garder que les termes ayant la puissance de r la plus basse (car en ordre de grandeur, p˙r2c2πpr3rλ et p¨rc24π2pr3(rλ)2).

On obtient donc :

E(r,t)=sinθ4πϵ0rc2p¨(trc)eθ et : B(r,t)=μ0sinθ4πrcp¨(trc)eϕ

Pour obtenir les expressions ci-dessus, il suffit d'écrire les dérivées secondes du moment dipolaire. Modèle:Boîte déroulante/fin

On reconnaît la structure d’une onde sphérique progressive de pulsation ω et de module d’onde ωc. Elle est de plus anisotrope, le champ étant maximal dans le plan équatorial, et nul selon l’axe du dipôle.

Applications

Photographie d’une antenne pliée

Ce modèle est à l’origine du fonctionnement des antennes dipolaires émettrices : on considère chaque élément de longueur métallique traversé par un courant variable comme un dipôle oscillant élémentaire ; le champ total créé est alors l’intégrale sur la longueur de l’antenne des champs engendrés par les dipôles élémentaires.

Il explique aussi le rayonnement des particules chargées accélérées, et se généralise par le modèle du rayonnement dipolaire électrique et celui du rayonnement dipolaire magnétique.

Notes et références

Modèle:Références

Articles liés

Modèle:Palette Modèle:Portail

  1. Démonstration adaptée de Modèle:Ouvrage