Métrique de Lemaître

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Modèle:Confusion

La métrique de Lemaître est une métrique de la relativité générale créée par Georges Lemaître en 1938, et décrivant un référentiel en chute libre dans le cadre d'un espace temps doté d'un unique corps massif à symétrie sphérique, sans charge et de moment cinétique nul, et donc utilisable au voisinage d'un trou noir de Schwarzschild[1].

Cette métrique, issue de la métrique de Schwarzschild, détermine les propriétés d'un référentiel synchrone, donc en chute libre, où les corps en chute libre chutent en même temps que lui (par le principe d'équivalence), ainsi que son système de coordonnées : donc ces corps ont des coordonnées spatiales constantes dans ce référentiel. Les calculs font apparaitre que le rayon de Schwarzschild n'est pas une singularité, mais un passage à partir duquel un retour en arrière n'est plus possible, et que la durée de la chute depuis l'extérieur du trou noir jusqu'à la singularité centrale, en temps propre, est finie.

Cette métrique est toutefois insuffisante pour une description complète de la dynamique d'un corps dans le voisinage d'un trou noir, alors que la métrique de Kruskal-Szekeres (1960) le permet[2].

Expression de la métrique

Les Modèle:Terme défini (T,R,θ,ϕ)Modèle:SfnModèle:,Modèle:SfnModèle:,Modèle:Note sont un système de coordonnées utilisées pour exprimer la métrique de SchwarzschildModèle:Sfn. Lemaître les a proposées en Modèle:DateModèle:Note dans L'Univers en expansion. Elles sont sont avérées être un cas particulier des coordonnées de NovikovModèle:Sfn.

La métrique de Schwarzschild, exprimée en coordonnées de Lemaître, est dite Modèle:Terme définiModèle:SfnModèle:,Modèle:SfnModèle:,Modèle:Sfn. Elle est donnée parModèle:SfnModèle:,Modèle:SfnModèle:,Modèle:Sfn :

ds2=c2dT249[9GM2c2(RcT)]2/3dR2[9GM2c2(RcT)2]2/3(dθ2+sin2θdϕ2),

où :

Elle peut aussi s'écrire[1] :

ds2=c2dT21(32RS(RcT))2/3dR2(32(RcT))4/3RS2/3(dθ2+sin2θdϕ2)

où :

Pour RcT>0, les signes des coefficients de dT2 et dR2 montrent qu'il s'agit bien là de coordonnées respectivement partout temporelle et partout spatiale.

Ou, sous une forme simplifiée[3] :

ds2=c2dT2dR2BB2RS2(dθ2+sin2θdϕ2)

avec B=(32RS(RcT))2/3

Calcul

L'idée[1] est, à partir de la métrique de Schwarzschild, de déterminer des variables T et R vérifiant

cdT=cdt+f(r)dr1RSr

et

dR=cdt+drf(r)(1RSr)

et permettant d'éliminer la singularité du rayon de Schwarzschild.

En remplaçant dans la métrique de Schwarzschild, on obtient

ds2=1RSr1f2(r)(c2dT2f2(r)dR2)r2(dθ2+sin2θdϕ2)

La singularité est éliminée pour f(r)=RSr.

Par intégration, on obtient

RcT=2/3r3/2RS1/2,

d'où

r=(32(RcT))2/3RS1/3=BRS,

et la métrique de Lemaître en remplaçant dans le ds2 donné plus haut.

On obtient également[3]:

t=RSc(23B1/2+ln|B1/2+1B1/21|+RRS),

toujours avec B=(32RS(RcT))2/3

Chute radiale d'un corps dans un trou noir

Les droites inclinées vérifient R-c.T = constante (ce qui implique que r = constante). La Modèle:1re en trait plein correspond à r = 0, la 2de en trait plein correspond à r = Rs. Un corps en chute libre suit la droite verticale (avec le temps T croissant, donc vers le haut du graphique) et la base de son cône de lumière est en rouge.

Dans un graphique où le temps T est sur l'axe vertical, et la coordonnée spatiale R est sur l'axe horizontal, une droite d'équation RcT=constante correspond à la contrainte r=constant sur la coordonnée r de la métrique de Schwarzschild.

RcT=0 est la singularité r=0, présente dans toute métrique avec les conditions physiques imposées (car c'est une singularité de tenseur de courbure de l'espace-temps).

La contrainte r=RS correspond à RcT=23RS.

La métrique étant synchrone, une ligne de temps est une géodésique : pour une chute libre radiale (donc une évolution suivant la seule coordonnée r de la métrique de Schwarzschild) les géodésiques sont les droites verticales, et sont parcourues dans le sens du temps T croissant.

On montre, en prenant ds2=0, que pour la lumière

dRcdT=±rRS,

ce qui donne les pentes du bords du cône de lumière du corps. Donc :

  • si r>RS, le cône de lumière du corps inclut la droite RcT=constante sur laquelle est le corps car pour cette droite
dRcdT=1]rRS;+rRS[
une orbite autour du trou noir est donc envisageable, voire un retour vers des valeurs croissantes de r ;
  • si rRS, le cône de lumière du corps n'inclut pas (strictement) la droite RcT=constante sur laquelle est le corps, une orbite à l'intérieur du trou noir est donc inenvisageable, le corps est appelé à progresser vers les valeurs décroissantes de r : la chute vers la singularité r=0 est inexorable et se fait en un temps propre T fini[1].

On remarque que r=RS n'est pas une singularité de cette métrique, mais correspond à une impossibilité de retour en arrière, ou même de position stationnaire pour un corps massif.

Mouvement centrifuge et limite de cette métrique

Pour obtenir un mouvement centrifuge radial, il suffit de changer le signe du temps propre, on a alors

cdT=(cdt+f(r)dr1RSr)
dR=cdt+drf(r)(1RSr)

et le même graphique que dans le cas du mouvement centripète, mais avec l'axe du temps orienté dans l'autre sens, et des trajectoires des corps dirigées vers le bas du graphique (c'est-à-dire toujours vers T croissant) ce qui montre une sortie, puis une fuite loin du trou noir.

Mais le sens physique à donner alors à ce mouvement n'est pas évident car sur les droites verticales du graphique, on a

dR=cdt+drf(r)(1RSr)=0,

d'où drdt<0 pour r>RS.

La progression du corps devrait donc être toujours orientée vers le trou noir. Le même calcul pour 0<rRS n'est pas pertinent car cette contrainte fait perdre à t son sens physique dans la métrique de Schwarzschild, donc drdt n'a pas de sens physique.

Cette contradiction entre aspects mathématique et physique montre que cette métrique est impropre à décrire toutes les possibilités dynamiques d'un corps aux abords d'un trou noir.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Modèle:Portail

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Modèle:Landau, §102.
  2. Modèle:Landau, §103, note en bas de page. Landau y évoque également le travail de Igor Novikov qui, en 1963, obtient une métrique synchrone et similaire à celle de Kruskal.
  3. 3,0 et 3,1 Valeri Frolov, Igor Novikov Black Hole Physics Springer 1998, p. 22