Problème des rencontres

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Modèle:Redirect En mathématiques, le problème des rencontres, ou problème de Montmort, ou encore problème des chapeaux, consiste à déterminer la probabilité que, n jetons numérotés de 1 à n ayant été mis au hasard dans des cases elles-mêmes numérotées de 1 à n, aucun jeton ne soit à sa place (ou celle de l'évènement contraire). De façon plus savante, c'est la recherche de la probabilité qu'une permutation prise au hasard soit un dérangement, c'est-à-dire ne possède pas de « rencontre », autrement dit de point fixe.

Le problème des rencontres a été posé pour la première fois par Pierre Rémond de Montmort en 1708, qui l'a résolu en 1713[1], en même temps que Nicolas Bernoulli.

Diverses formulations du problème

Il s'agit du jeu appelé à l'époque « jeu du treize ».

Nous utiliserons cet habillage dans la suite.

Valeurs numériques

Les dérangements partiels constituent la Modèle:OEIS. La ligne n correspond au nombre d'éléments impliqués (le nombre de cartes au jeu du treize, le nombre de propriétaires de chapeaux, ou le nombre de tours sur l'échiquier d'Édouard Lucas). La ligne n=8 correspond à l'échiquier classique ; la ligne n=13 correspondrait au jeu modélisé par Pierre de Montfort, mais qu'il a renoncé à calculer et publier : l'approximation d13,0/13!e1 suffit. La colonne k correspond au nombre d'éléments à leur place : la permutation considérée est un dérangement pour k=0.

nk 0 1 2 3 4 5 6 7 8
0 1
1 0 1
2 1 0 1
3 2 3 0 1
4 9 8 6 0 1
5 44 45 20 10 0 1
6 265 264 135 40 15 0 1
7 1854 1855 924 315 70 21 0 1
8 14833 14832 7420 2464 630 112 28 0 1

Premier calcul utilisant la formule de Poincaré

La formule de Poincaré : P(i=1nAi)=k=1n((1)k11i1<i2<<iknP(Ai1Ai2Aik)) donne la réponse, en prenant pour Ai l'évènement : « le i-ème chapeau est à sa place ».

En effet[5] i=1nAi est l'évènement (contraire de celui cherché) : « l'un des chapeaux est à sa place », et P(Ai1Ai2Aik) vaut évidemment (nk)!/n! de sorte que P(i=1nAi)=k=1n((1)k1(nk)(nk)!n!)=k=1n(1)k1k!.

Et la probabilité qu'aucun chapeau ne soit à sa place vaut donc pn=k=0n(1)kk!.

Cette probabilité tend très rapidement et de manière alternée vers 1/[[e (nombre)|Modèle:Math]]. À partir de n = 3 il y a donc environ une chance sur trois qu'aucun chapeau ne soit à sa place. Et Pierre a raison de parier contre Paul qu'il y aura au moins une coïncidence.

Notion de sous-factorielle

Modèle:Article détaillé Le nombre de dérangements de Modèle:Mvar objets vaut donc dn=n!pn=n!k=0n(1)kk!=n!ex désigne l'entier le plus proche de Modèle:Mvar. Ce nombre dn est appelé [[Analogues de la factorielle#Sous-factorielle|sous-factorielle de Modèle:Mvar]] et noté !Modèle:Mvar.

Les premières valeurs de dn=!n sont : d1=0,d2=1,d3=2,d4=9,d5=44,d6=265,d7=1854,d8=14833, Modèle:OEIS.

En utilisant l'expression intégrale de la factorielle : n!=0+ettndt , on peut exprimer ce nombre sous forme intégrale : dn=n!pn=k=0n(1)k(nk)(nk)!=k=0n(1)k(nk)0+ettnkdt=0+et(t1)ndt [6].

Par changement de variable u=1t, on obtient la formule exacte : pn=1e+(1)ne.n!01euundu .

Deuxième calcul par résolution d'un système triangulaire

On remarque que toute permutation de Modèle:Mvar objets ayant Modèle:Mvar points fixes est fabriquée à partir d'un dérangement sur le complémentaire de l'ensemble de ses points fixes ; comme il y a (nk) façons de choisir cet ensemble, on obtient :

n!=k=0n(nk)dk(1).

On peut donc écrire le système linéaire en d0,,dn : p!=k=0p(pk)dk pour Modèle:Mvar = 0, 1, … , Modèle:Mvar dont la matrice dite « de Pascal » s'inverse classiquement et donne

dp=k=0p(1)pk(pk)k!=k=0p(1)k(pk)(pk)!=p!k=0p(1)kk! ;

on retrouve bien la valeur ci-dessus.

Variante utilisant la fonction génératrice f(x)=n=0pnxn=n=0dnn!xn : la relation n!=k=0n(nk)dk permet d'obtenir par produit des séries exf(x)=11x ; et partant de f(x)=ex.11x on obtient inversement la valeur attendue pn=k=0n(1)kk!.

Troisième calcul par relation de récurrence

La formule (1) ci-dessus donne une relation de récurrence forte : dn=n!k=0n1(nk)dk, soit

pn=1k=0n1pk(nk)!=1(p0n!+p1(n1)!+...+pn11!).

Mais un raisonnement combinatoire permet d'obtenir la relation de récurrence double : dn=(n1)(dn1+dn2), dont on déduit la relation de récurrence simple :

dn=ndn1+(1)n, soit pn=pn1+(1)nn!

qui conduit directement à la formule donnant pn.

Démonstration de la relation de récurrence double

Supposons que les Modèle:Mvar personnes sont numérotées de 1 à Modèle:Mvar ainsi que les Modèle:Mvar chapeaux.

Nous devons trouver le nombre de configurations où personne ne prend le chapeau ayant même numéro que le sien. Supposons que la première personne prenne le chapeau i. Il y a alors deux possibilités :

  1. soit la personne i ne prend pas le chapeau 1. Ce cas est équivalent à résoudre le problème avec les n1 personnes et n1 chapeaux numérotés de 2 à n ;
  2. soit la personne i prend le chapeau 1. Ce cas est équivalent à résoudre le problème avec les n2 personnes et n2 chapeaux restants.

Comme il y a n1 possibilités pour i, on obtient dn=(n1)(dn1+dn2).

Démonstration du passage à la récurrence simple

En posant un=dnndn1, la relation dn=(n1)(dn1+dn2) s'écrit un=un1 ;

donc un=(1)n2u2=(1)n, d'où dn=ndn1+(1)n.

Quatrième calcul à l'aide des dérangements partiels

Soit[6] dn,k le nombre de configurations où les k premières personnes ne portent pas leur chapeau (ou le nombre de permutations dont les k premiers éléments ne sont pas fixes) ; on a donc dn,0=n! et dn,n=dn.

Parmi ces dn,k configurations, distinguons deux catégories : celle où k + 1 n'a pas son chapeau, qui contient dn,k+1 configurations ; et celle où k + 1 a son propre chapeau, qui en contient dn1,k.

On en déduit dn,k=dn,k+1+dn1,k, puis dn,k=dn,k1dn1,k1.

La suite (dn,k)n est donc image de la suite (dn,k1)n par l'opérateur aux différences finies Δ(un)=unun1.

On en déduit dn,k=Δk(n!)=q=0k(1)q(kq)(nq)!.

Et de nouveau dn=Δn(n!)=k=0n(1)k(nk)(nk)!=n!k=0n(1)kk!.

Application à la loi, l'espérance et la variance du nombre de points fixes d'une permutation

Modèle:Article détaillé Soit X la variable aléatoire donnant le nombre de personnes portant leur propre chapeau (ou le nombre de points fixes d'une permutation aléatoire de n objets).

Si X=k, il y a (nk) façons de choisir cet ensemble de points fixes, donc P(X=k)=(nk)n!dnk=1k!q=0nk(1)qq! et bien sûr, P(X=0)=pn=dnn!.

Notons que pour Modèle:Mvar grand devant k, P(X=k)1e.k! et X suit donc approximativement une loi de Poisson de paramètre 1.

Pour obtenir l'espérance et la variance de X, il est beaucoup plus rapide de remarquer que X est la somme des Xi, Xi étant égal à 1 si la i-ème personne porte son chapeau, 0 sinon.

La variable Xi suit une loi de Bernoulli de paramètre 1/Modèle:Mvar, donc E(X)=1 : il y a en moyenne une seule personne qui porte son propre chapeau.

Pour la variance, un calcul donne : V(X)=1[7].

Généralisation : problème des rencontres avec objets typés

On suppose[6] que les Modèle:Mvar chapeaux sont de p types différents : n1 du type 1, ...,np du type p (n=n1+..+np) et qu'il y a p catégories parmi les personnes : m1 de catégorie 1, ...,mp de catégorie p (nm1+..+mp ; il peut y avoir des personnes sans catégorie) ; il y a rencontre si une personne d'une certaine catégorie prend un chapeau d'un type ayant le même numéro : quelle est la probabilité qu'il n'y ait pas de rencontre ?

La réponse sous forme intégrale est 0+etn!i=1p(k=0min(ni,mi)(1)kk!(nik)(mik)tnk)dt.

La probabilité qu'une personne prenne un chapeau de type i valant ni/n, l'espérance du nombre de rencontres vaut i=1pnimin.

Le problème simple est obtenu lorsque les ni sont égaux à 1 où l'on retrouve 0+etn!(t1)ndt et une espérance de 1.

Le problème suivant : Modèle:Citation revient au cas où n=52,p=13,ni=mi=4 et donne une probabilité de 0+et52!(t416t3+72t296t+24)13dt1,6 % et une espérance du nombre de rencontres de 4 ; pour un jeu de 32 cartes, on trouve une probabilité d'environ 13,5 % et toujours une espérance de 4.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

Modèle:Références

Modèle:Portail