Inégalité d'Efron-Stein

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En théorie des probabilités, l'inégalité d'Efron-Stein permet de borner la variance d'une fonction générale de variables aléatoires indépendantes. Cette inégalité peut être couplée avec d'autres inégalités de concentration classiques, comme l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev.

Énoncé

Soient X1,,Xn des variables aléatoires indépendantes à valeurs dans un espace 𝒳,Z=f(X1,,Xn) une fonction générale des X1,,Xn avec f:𝒳n alors

Var(Z)i=1n𝔼[(Z𝔼(i)[Z])2]

𝔼(i) désigne l'espérance conditionnelle conditionnée par rapport à X(i)=(X1,,Xi1,Xi+1,Xn), c'est-à-dire

𝔼(i)Z=𝒳f(X1,,Xi1,x,Xi+1,,Xn)dμi(x)μi est la densité de Xi.

Si on pose X1,,Xn des copies indépendantes des X1,,Xn et que l'on pose

Zi=f(X1,,Xi1,Xi,Xi+1,,Xn),

alors le membre de droite de cette inégalité peut également s'écrire :

i=1n𝔼[(Z𝔼(i)[Z])2]=12i=1n𝔼[(ZZi)2]=i=1n𝔼[(ZZi)+2]=i=1n𝔼[(ZZi)2]x+=max(x,0) et x=max(x,0).

On peut également écrire que i=1n𝔼[(Z𝔼(i)[Z])2]=infZii=1n𝔼[(ZZi)2] où l'infimum est pris sur l'ensemble des X(i)-mesurable et les variables Zi admettant un moment d'ordre deux.

Démonstration

L'idée de la preuve est de généraliser le cas où quand Z=X1++Xn, on a Var(Z)=i=1nVar(Xi).[1]

Si on note 𝔼(i) l'espérance conditionnelle conditionnée par rapport à (X1,,Xi) (avec la convention 𝔼(0)=𝔼 et que l'on pose

1in,Δi=𝔼(i)[Z]𝔼(i1)[Z]

alors Z𝔼[Z]=i=1nΔi.

Donc Var(Z)=𝔼[(i=1nΔi)2]=i=1n𝔼[Δi2]+2i<j𝔼[ΔiΔj].

Or, si i<j,𝔼(i)[Δj]=𝔼(i)[𝔼(j)[Z]𝔼(𝕛𝟙)[Z]]=𝔼(i)[Z]𝔼(i)[Z]=0 donc

𝔼[ΔiΔj]=𝔼[𝔼(i)[ΔiΔj]]=𝔼[Δi𝔼(i)[Δj]]=0.

On a donc à présent que Var(Z)=i=1n𝔼[Δi2].

D'après le théorème de Fubini, 𝔼(i)[𝔼(i)[Z]]=𝔼(i1)[Z], d'où Δi=𝔼(i)[Z𝔼(i)[Z]]. D'après l'inégalité de Jensen,

Δi2=(𝔼(i)[Z𝔼(i)[Z]])2𝔼(i)[(Z𝔼(i)[Z])2].

Finalement, Var(Z)=i=1n𝔼[Δi2]i=1n𝔼[𝔼(i)[(Z𝔼(i)[Z])2]]=i=1n𝔼[(Z𝔼(i)[Z])2].

Démontrons maintenant l'égalité des termes pour le membre de droite de l'inégalité d'Efron-Stein. Si on note Var(i) la variance conditionnelle conditionnée par rapport à X(i) alors

i=1n𝔼[(Z𝔼(i)[Z])2]=i=1n𝔼[Var(i)(Z)].

En utilisant le fait que si X et Y sont des variables aléatoires réelles indépendantes et identiquement distribuées alors Var(X)=12𝔼[(XY)2].

Or conditionnellement à X(i), les variables Z et Zi sont indépendantes et identiquement distribuées d'où

Var(i)(Z)=12𝔼(i)[(ZZi)2]=𝔼(i)[(ZZi)+2]=𝔼(i)[(ZZi)2].

La dernière égalité vient du fait que l'on puisse écrire que Var(X)=infa𝔼[(Xa)2]. Donc conditionnellement à X(i), on peut écrire que

Var(i)(Z)=infZi𝔼(i)[(ZZi)2].

Applications

Fonctions avec différences bornées

Une fonction f:𝒳n possède la propriété de différences bornées s'il existe des constantes positives c1,,cntels que

1in,supx1,,xn,xi𝒳|f(x1,,xn)f(x1,,xi1,xi,xi+1,,xn)|ci

Si une fonction f vérifie cette propriété avec les constantes c1,,cn, alors d'après l'inégalité d'Efron-Stein[1] et parce que Var(i)(Z)𝔼(i)[(ZZi)2] pour Zi=12[supxi𝒳f(X1,,Xi1,xi,Xi+1,,Xn)+infxi𝒳f(X1,,Xi1,xi,Xi+1,,Xn)], on a

Var(Z)14i=1nci2.

Fonctions auto-bornées

On dit qu'une fonction positive f:𝒳n[0,) est auto-bornée s'il existe des fonctions fi:𝒳n1 tels que pour tout x1,,xn𝒳 et tout i=1,,n,

0f(x1,,xn)fi(x1,,xi1,xi+1,,xn)1

et

i=1n(f(x1,,xn)fi(x1,,xi1,xi+1,,xn))f(x1,,xn).

D'après l'inégalité d'Efron-Stein, toute fonction f auto-bornée vérifie Var(f(X1,,Xn))𝔼[f(X1,,Xn)].

Références

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