Isomorphisme de Harish-Chandra

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En mathématiques, l'isomorphisme de Harish-Chandra, défini par Harish-Chandra en 1951, est un isomorphisme d'anneaux commutatifs entre le centre 𝒵(U(𝔤)) de l'algèbre enveloppante universelle U(𝔤) d'une algèbre de Lie réductive 𝔤 et les éléments S(𝔥)W de l'algèbre symétrique S(𝔥) d'une sous-algèbre de Cartan 𝔥 invariants sous l'action du groupe de Weyl W.

Introduction

Soient 𝔤 une algèbre de Lie semi-simple, 𝔥 sa sous-algèbre de Cartan et λ,μ𝔥* deux éléments de l'espace de poids (où 𝔥* est le dual de 𝔥). On fixe qu’un ensemble de racines positives Φ+. Soient Vλ et Vμ les modules de poids correspondant à λ et μ respectivement.

Caractères centraux

Les 𝔤-modules Vλ et Vμ sont des représentations de l'algèbre enveloppante universelle U(𝔤) et son centre agit sur les modules par multiplication scalaire (cela découle du fait que les modules sont générés par un vecteur de poids le plus élevé). Donc pour vVλ et x𝒵(U(𝔤)),xv:=χλ(x)vet de même pour Vμ. Les fonctions χλ,χμ sont des caractères de 𝒵(U(𝔤)) dits caractères centraux.

Énoncé du théorème de Harish-Chandra

Pour tous λ,μ𝔥*, il y a égalité des caractères χλ=χμ si et seulement si λ+δ et μ+δ sont dans la même orbite du groupe de Weyl 𝔥*, où δ est la demi-somme des racines positives, parfois appelée vecteur de WeylModèle:Sfn.

Isomorphisme explicite

Plus explicitement, l'isomorphisme peut être construit comme la composition de deux applications, l'une de =𝒵(U(𝔤)) à U(𝔥)=S(𝔥), et un autre de S(𝔥) dans lui-même.

La première est une projection γ:S(𝔥). Pour un choix de racines positives Φ+, on définitn+=αΦ+𝔤α,n=αΦ𝔤αles sous-algèbre nilpotente positive et sous-algèbre nilpotente négative respectivement, en raison du théorème de Poincaré – Birkhoff – Witt, il y a une décompositionU(𝔤)=U(𝔥)(U(𝔤)𝔫++𝔫U(𝔤)).Si z est central, alors en faitzU(𝔥)(U(𝔤)𝔫+𝔫U(𝔤)).La restriction de la projection U(𝔤)U(𝔥) au centre est γ:S(𝔥), et est un homomorphisme des algèbres. Ceci est lié aux caractères centraux parχλ(x)=γ(x)(λ)La deuxième application est l'application de torsion τ:S(𝔥)S(𝔥) définie sur 𝔥 par τ(h)=hδ(h)1 avec δ le vecteur de Weyl.

Alors γ~=τγ:S(𝔥) est l'isomorphisme d'Harish-Chandra. La raison pour laquelle la torsion est introduite est que χλ n'est pas réellement invariant de Weyl, mais on peut prouver que le caractère tordu χ~λ=χλδ l'est.

Applications

Le théorème a été utilisé pour obtenir une preuve algébrique de la formule des caractères de Weyl pour les représentations irréductibles de dimension finieModèle:Sfn. La preuve a été encore simplifiée par Victor Kac, de sorte que seul l'opérateur de Casimir est nécessaire.

Une conséquence simple est que pour les modules de Verma ou les modules Verma généralisés Vλ de poids λ, il n’existe qu’un nombre fini de poids μ pour lequel un morphisme non nul VλVμ existe.

Invariants fondamentaux

Pour 𝔤 une algèbre de Lie simple, soit r soit son rang, c'est-à-dire la dimension de toute sous-algèbre de Cartan 𝔥 de 𝔤. H. S. M. Coxeter a observé que S(𝔥)W est isomorphe à une algèbre de polynômes en r variables (voir le théorème de Chevalley-Shephard-Todd pour un énoncé plus général). Par conséquent, le centre de l'algèbre enveloppante universelle d'une algèbre de Lie simple est isomorphe à une algèbre de polynômes. Les degrés des générateurs de l'algèbre sont les degrés des invariants fondamentaux donnés dans le tableau suivant.

Algèbre de Lie Nombre de Coxeter h Nombre de Coxeter dual Degré des invariants fondamentaux
R 0 0 1
An n + 1 n + 1 2, 3, 4,... , n + 1
Bn 2n 2n − 1 2, 4, 6, ... , 2n
Cn 2n n + 1 2, 4, 6, ... , 2n
Dn 2n − 2 2n − 2 n ; 2, 4, 6, ... , 2n − 2
E6 12 12 2, 5, 6, 8, 9, 12
E7 18 18 2, 6, 8, 10, 12, 14, 18
E8 30 30 2, 8, 12, 14, 18, 20, 24, 30
F4 12 9 2, 6, 8, 12
G2 6 4 2, 6

Le nombre d’invariants fondamentaux d’un groupe de Lie est égal à son rang. Les invariants fondamentaux sont également liés à l'anneau de cohomologie d'un groupe de Lie. En particulier, si les invariants fondamentaux ont des degrés d1,,dr, alors les générateurs de l'anneau de cohomologie ont des degrés 2d11,,2dr1. De ce fait, les degrés des invariants fondamentaux peuvent être calculés à partir des nombres de Betti du groupe de Lie et vice versa. Dans une autre direction, les invariants fondamentaux sont liés à la cohomologie de l'espace de classification. L'anneau de cohomologie H*(BG,) est isomorphe à une algèbre polynomiale sur des générateurs à degrés 2d1,,2dr[1].

Exemples

  • Si 𝔤 est l'algèbre de Lie 𝔰𝔩(2,), alors le centre de l'algèbre enveloppante universelle est généré par l'invariant de Casimir de degré 2, et le groupe de Weyl agit sur la sous-algèbre de Cartan, qui est isomorphe à . Donc l'invariant du groupe de Weyl est le carré du générateur de la sous-algèbre de Cartan, qui est également de degré 2.
  • Pour 𝔤=A2=𝔰𝔩(3,), l'isomorphisme de Harish-Chandra dit que𝒵(U(𝔤)) est isomorphe à une algèbre polynomiale de polynômes invariants de Weyl à deux variables h1,h2 (puisque la sous-algèbre de Cartan est deux dimensionnel). Pour A2, le groupe de Weyl est S3D6 qui agit sur la sous-algèbre de Cartan. Le groupe de Weyl agit par réflexions, ce sont donc des isométries et donc le polynôme de degré 2 f2(h1,h2)=h12+h22 est un invariant de Weyl. Une ébauche du polynôme invariant de Weyl de degré 3 (pour un choix particulier de représentation standard où l'une des réflexions se trouve sur l'axe des x) est présentée ci-dessous. Ces deux polynômes génèrent l'algèbre polynomiale et sont les invariants fondamentaux de A2.
  • Pour toutes les algèbres de Lie de la classification, il existe un invariant fondamental de degré 2, l'opérateur de Casimir. À travers l'isomorphisme, celui-ci correspondent à un polynôme de degré 2 sur la sous-algèbre de Cartan. Le polynôme invariant estf2(𝐡)=h12++hr2r est la dimension de 𝔥, le rang de l'algèbre de Lie.
  • Pour 𝔤=A1=𝔰𝔩(2,), la sous-algèbre de Cartan est unidimensionnelle, et l'isomorphisme de Harish-Chandra montre que 𝒵(U(𝔤)) est isomorphe à l'algèbre des polynômes invariants de Weyl en une seule variable h. Le groupe de Weyl est S2 agissant par réflexion, avec un élément non trivial agissant sur les polynômes par hh. La sous-algèbre des polynômes invariants de Weyl dans l'algèbre polynomiale complète K[h] est constituée des polynômes pairs, générés par f2(h)=h2.

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Généralisation aux algèbres de Lie affines

Le résultat ci-dessus est valable pour les algèbres de Lie réductives, et en particulier semi-simples. Il existe une généralisation aux algèbres de Lie affines montrée par Feigin et Frenkel montrant qu'une algèbre connue sous le nom de centre Feigin-Frenkel est isomorphe à une algèbre W associée à l'algèbre de Lie duale de Langlands L𝔤[2] Modèle:,[3].

Notes

Modèle:Références

Lien externe

Modèle:Lien web

Références

Modèle:Traduction/Référence

Modèle:Portail