Détection de ruptures

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Exemple de signal ayant des changements dans la moyenne.
Exemple de signal ayant des changements dans la distribution.

En analyse statistique, le problème de détection de ruptures (ou détection de points de changement) est un problème de régression ayant pour but d'estimer les instants où un signal présente des changements dans la distribution. Ces instants sont matérialisés sur les deux figures par des lignes verticales bleues. Classiquement, on réalise de la détection de rupture pour un signal ayant des changements dans la moyenne. De manière plus générale, on réalise de la détection de ruptures pour un signal ayant des changements dans la distribution (par exemple, dans la moyenne et la variance).

La détection de ruptures peut s'appliquer à un signal sonore d'une émission dont on souhaite estimer les instants où l'on change de situations, à la détection d'attaques informatiques (variations de flux réseaux)[1], ou encore au contrôle qualité.

Cet article traite du problème de détection de ruptures rétrospective (dite offline) où l'on dispose de l'ensemble des données du signal. Ce contexte est différent d'une détection temps réel (dite online) où les données du signal arrivent à la volée, mais moins à même de détecter précisément l'instant de rupture.

Formalisation du problème

Soit {Xt}t[[1,T]] un signal réel, provenant d'observations recueillies au cours des instants 1,,T, présentant des changements dans la distribution. En notant PXi la loi de probabilité de Xi, la distribution de {Xt}t[[1,T]] vérifie :

PXτ0*==PXτ1*1PXτ1*==PXτ2*1PXτD*1*==PXτD**1,

avec τ0*,,τD** étant les vrais instants de ruptures (on note m*={τ0*,,τD**} (D* est le vrai nombre de segments) avec la convention τ0*=1 et τD**=T+1). On cherche à estimer ces instants de ruptures à l'aide d'un algorithme.

Dans le cas de la détection de rupture dans la moyenne, le modèle est :

t[[1,T]],Xt=st+ϵt,

avec {st}t[[1,T]] est la fonction de régression et {ϵt}t[[1,T]] est un bruit d'espérance nulle et de variance σ2. La fonction de régression {st}t[[1,T]] est supposée constante par morceaux avec des discontinuités à chaque vrai instant de ruptures {τi*}i[[0,D*]].

Dans le cas de la détection de ruptures dans la distribution, on recode les observations initiales {Xt}t[[1,T]] par de nouvelles observations {Yt}t[[1,T]] définies par Yt=kXt=k(Xt,.)k est un noyau symétrique et Modèle:Lien (par exemple x,y,k1(x,y)=x*y : k1 est le noyau linéaire ; autre exemple x,y,kδ2(x,y)=exp((xy)22δ2) : kδ2 est le noyau Gaussien de paramètre δ>0 ). Pour un noyau symétrique et semi-défini positif k, le théorème de Moore-Aronszahn assure l'existence d'un espace de Hilbert à noyau reproduisant de noyau reproduisant k.

Le modèle est :

t[[1,T]],Yt=μt*+ϵt,

avec {μt*}t[[1,T]] est la fonction de régression et {ϵt}t[[1,T]] est un bruit d'espérance nulle et de variance σ2. De plus, t[[1,T]],Yt,μt*,ϵt appartiennent à . La fonction de régression {μt*}t[[1,T]] est supposée constante par morceaux avec des discontinuités à chaque vrai instant de ruptures {τi*}i[[0,D*]].

Méthodes existantes

Le problème de détection de ruptures peut être vu comme un problème de sélection de modèle[2]: chaque segmentation candidate (i.e. liste d'instants de ruptures candidats) est reliée à un modèle qu'il faut choisir. Nous présentons deux approches : l'une utilisant le principe de la programmation dynamique et l'autre l'heuristique de segmentation binaire dans le cadre classique de la détection de ruptures dans la moyenne puis dans le cas général de la détection de ruptures dans la distribution. Pour chacune de ces deux méthodes, nous présentons les algorithmes permettant de calculer une segmentation en D segments m^D optimisant un critère (ici, le risque empirique).

Notations

Nous présentons les notations communes aux deux méthodes puis celles qui leur sont spécifiques :

Notation commune

(D) l'ensemble des segmentions m={{τ0,,τ11},{τ1,,τ21},,{τD1,,τD1}} en D segments (avec la conventionτ0=1,τD=T+1).

Notations pour le cas de la détection de ruptures dans la moyenne

  • X=(X1,,XT) et s=(s1,,sT).
  • Sm={uT:uτ0==uτ11uτ1==uτ21uτD1=uτD1} : Sm est l'ensemble des vecteurs uT constants par morceaux sur les segments de m.
  • Estimateur du risque empirique : s^m=argminuSmXu22.

Notations pour le cas de la détection de ruptures dans la distribution

  • Y=(Y1,,YT) et μ*=(μ1*,,μT*).
  • Yse={Ys,,Ye} pour s<e avec (s,e)[[1,T]]2.
  • Sm={uT:uτ0==uτ11uτ1==uτ21uτD1=uτD1} : Sm est l'ensemble des vecteurs uT constants par morceaux sur les segments de m.
  • Norme dans T : hT,hT2=i=1Thi2.
  • Estimateur du risque empirique : μ^m=argminuSmYuT2.

Les méthodes proposées ci-dessous utilisent le risque empirique comme critère à minimiser (Xs^m22 pour la détection de ruptures dans la moyenne ; Yμ^mT2 pour la détection de ruptures dans la distribution). Pour le noyau linéaire k1, Xs^m22=Yμ^mT2, les méthodes utilisées dans le cadre classique se déduisent de celles du cas des noyaux par le biais de k1 : donc on ne présentera les algorithmes que dans le cas des noyaux.

Programmation dynamique

La méthode de la programmation dynamique utilise le principe d'optimalité de Bellman : toute solution optimale s'appuie elle-même sur des sous-problèmes résolus localement de façon optimale. On utilise cette méthode exacte pour récupérer pour D[[1,Dmax]] la meilleure segmentation en D segments minimisant le risque empirique i.e. :

m^D=argminm(D)Yμ^mT2.


Nous présentons dans cette section l'algorithme de programmation dynamique appliquée au problème de détection de ruptures[3]Modèle:,[4]. Dans un premier temps, nous exprimons le risque empirique Yμ^mT2 en fonction du noyau k et de {Xi}i[[1,T]] à l'aide des deux résultats suivants ci-dessous.

On montre tout d'abord que, pour m(D),d[[1,D1]], pour i[[τd,τd+11]], (μ^m)i=1τd+1τdj=τdτd+11Yj.
Modèle:Démonstration

On montre que, pour m(D),

Yμ^mT2=d[[1,D1]]Cτd,τd+1,

avec, pour (τ,τ')[[1,T]]2,τ<τ', Cτ,τ'=i=ττ'1k(Xi,Xi)1τ'τi=ττ'1j=ττ'1k(Xi,Xj).
Modèle:Démonstration

KPGD est l'implémentation du principe de la programmation dynamique à noyau appliquée au problème de détection de ruptures. Elle prend en paramètre la matrice de coût C=(Ci,j)(i,j)[[1,T]](i<j) et elle renvoie {m^D}D[[1,Dmax]].

 algorithme KPGD (C) 
   for d[[2,Dmax]] do
     for τ'[[d,T]] do
       Ld,τ'=minττ'{Ld1,τ+Cτ,τ'+1}
       md,τ'+1=argminττ'{Ld1,τ+Cτ,τ'+1}
     end for        
   end for
 Fin algorithme


avec τ>1,L1,τ=C1,τ.

La sélection de modèle[4] permet de récupérer D^ un estimateur du nombre de segments D*. D^ est défini par

D^=argminD[[1,Dmax]]{Yμ^m^DT2+pen(m^D)},

avec pen(m^D)=CDn(1+log(nD)). La méthode utilisée pour calibrer la constante C est l'heuristique de pente[5]. On obtient ainsi un estimateur m^D^.

Segmentation binaire

L'heuristique de segmentation binaire[6] est une méthode, fonctionnant par dichotomie, permettant de récupérer un minimiseur local m^D du risque empirique Yμ^mT2. Plus précisément, la segmentation binaire cherche à la première itération l'indice j1[[2,T1]] de l'instant de ruptures candidat qui minimise le risque empirique Yμ^mT2 : cet indice est l'indice de notre premier instant de ruptures estimé. Puis, elle détermine récursivement, à la deuxième itération, deux instants de ruptures candidats j2,j3 sur chacun des segments délimités par les instants de ruptures estimés. Elle retient comme second instant de ruptures estimé celui (parmi ces deux instants de ruptures candidats) qui minimisent le risque empirique. Puis, on procède de la même manière pour les itérations suivantes. Nous illustrons sur un exemple le fonctionnement de l'algorithme utilisant le principe de la segmentation binaire :

  • Étape 1 : A l'itération k=1, on cherche j1 qui minimise le risque empirique Yμ^m1T2 avec m1={1,j,T} pour j[[2,T1]] avec :
Yμ^m1T2=C1,j+Cj,T.

j1 est notre premier instant de ruptures estimé noté τ^1.

  • Étape 2  : A l'itération on k=2, on cherche j2,j3 minimisant le risque empirique sur [[2,τ^11]] et [[τ^1+1,T1]] respectivement. Par exemple,
j2=argminj[[2,τ^11]]Y1τ^1μ^m2τ^12,

avec m2=(1,j,τ^1,T). Puis on choisit parmi les instants de ruptures candidats j2,j3 celui qui minimise le risque empirique Yμ^mT2
et on le note τ^2 . Puis, on continue récursivement.

Ainsi, au bout de k itérations, on récupère une segmentation en D=k+1 segments vérifiant :

m^D=argminmD(τ^1,,τ^D2)Yμ^mT2,

avec D(τ^1,,τ^D2) l'espace des segmentations en D segments où les instants de ruptures estimés τ^1,,τ^D2 ont été calculés aux itérations précédentes.

Une méthode alternative de segmentation binaire avec temps d'arrêt[7] permet d'estimer le nombre de segments et donc de récupérer un estimateur m^D^ de m* .

Notes et références

Articles

Modèle:Références

Modèle:Portail