François Blondel
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Nicolas-François Blondel, plus couramment appelé François Blondel (Ribemont, baptisé Modèle:Date de naissance - Paris, Modèle:Date de décès)[1] est un architecte français.
Il ne doit pas être confondu avec l'architecte Jacques François Blondel (1705-1774), neveu de l'architecte Jean-François Blondel (1683-1756)[2].
Nicolas-François Blondel est passé à la postérité grâce à son Cours d'architecture, où il développe pour la première fois le calcul des escaliers. L'énoncé est resté sous la dénomination de « formule de Blondel » : (pour de plus amples explications, voir ici).
Biographie
Enfance et premières années
Naissance en 1618, à Ribemont dans l'Aisne (contesté), de Nicolas-François Blondel. Cette année-là marque le début de la Guerre de Trente Ans.
Après avoir appris les langues anciennes ainsi que l'espagnol, l'italien, le portugais et l'allemand, puis les mathématiques, il participe à la « Guerre de Trente Ans ». En 1640, le cardinal de Richelieu lui confie des missions au Portugal, en Espagne et en Italie. Pendant cette période, il étudie les fortifications. Richelieu le nomme ensuite sous-lieutenant d'une de ses galères « la Cardinale ». Il commande, en 1641, l'attaque du môle de Tarragone et exerce un temps la fonction de gouverneur de Palamos. En 1647, Blondel commande l'artillerie de l'expédition navale qui doit opérer devant Naples, contre les Espagnols. Le Modèle:Date, il reçoit son brevet de maréchal des camps et met fin à sa carrière militaire.
L'homme de sciences et le diplomate
Il devient alors le précepteur du fils du secrétaire d'État Loménie de Brienne et voyage avec lui à travers toute l'Europe, mêlant missions diplomatiques et - sans doute - espionnage. Son itinéraire est le suivant : Langres, Besançon, Bâle, Alsace (Brisach), Strasbourg (où il admire le mécanisme de l'horloge), Philippsburg, Mannheim, Mayence, La Haye, Hambourg, Lübeck, Kiel, Danemark, Suède (Frederiksborg : voir poème), Stockholm, Uppsala, Finlande, Estonie, Riga, Königsberg, Dantzig, Cracovie, Presbourg, Vienne, Prague, Venise, Rome, Florence et Toulon. Ses voyages lui serviront pour quelques exemples donnés dans le Cours d'Architecture…. Dans les années 1660, Blondel refera un voyage avec le fils de Colbert, dont le détail de l'itinéraire est moins connu.
En 1656, il est nommé lecteur de mathématiques au Collège royal, où il est censé enseigner les mathématiques et la fortification, mais - du fait de ses (très) nombreuses absences -, il sera souvent suppléé par l'astronome Picard. De 1662 à 1668, Blondel exerce la fonction de syndic du Collège.
De 1657 à 1663, Mazarin l'envoie en mission diplomatique. Il voyage alors en Italie, Égypte, Grèce, Turquie, Allemagne, Pologne, Russie (Moscou, en regrettant de n'être pas passé par Kazan, ni d'avoir vu la défense des frontières contre les Tartares et constatant que les places maritimes sont fortifiées à la Hollandaise…), Prusse, Livonie (Riga fortifiée par les Suédois), Lituanie… Il rencontre, au cours de son voyage, Paul Wurz qui est à l'origine de sa première publication, F.B. (Blondelle) Epistola ad P.W. (Paulum Wurzium), in qua famosa Galilei propositio discutitur, circa naturam lineæ qua trabes resistentia et in qua lineam illam non quidem parabolicam, ut ipse Galilaeus arbitratus est, sed ellipticam esse demonstratur Parisiis soit une discussion sur la résistance et la flexion des poutres dans laquelle il prend parti contre Galilée, lequel tenait pour une flexion parabolique (à l'imitation de la chute des graves), Blondel la tenant pour elliptique (ce qui est faux). Cette question sera reprise en 1673 dans la Résolution des quatre principaux problèmes d'Architecture… En 1659, lors de son voyage à Constantinople, il dessine un des aqueducs de Sinan « qui, par sa grandeur, sa hauteur & la magnificence de sa structure, ne cede en rien à celuy du Pont du Gard…" avec ses trois ordonnances superposées… (Cours d'Architecture, V-II, ch. 10, Modèle:P.666…). La même année, il est nommé résident (ambassadeur) au Danemark, poste qu'il occupe jusqu'en 1663, avant de revenir en France et d'être nommé conseiller d'État.
L'ingénieur du Roy pour la Marine et l'architecte
En 1664, Colbert le nomme Ingénieur du Roy pour la Marine, ce qui lui vaut de superviser différents travaux de fortification en Normandie (Cherbourg, Le Havre), en Bretagne et aux Antilles (Martinique, Guadeloupe, Saint-Domingue), ce qui nous vaut dans son Cours… (V-I-9) le récit de son expérience d'un cyclone tropical dont il a vu les effets prodigieux à l'ile Saint-Christophe… De nombreux mémoires présentés à l'Académie des Sciences sont issus d'observations faites au cours de son périple aux Antilles.
Modèle:Citation (Quatremère de Quincy) alors que, se trouvant à Rochefort pour la construction de la Corderie royale, Blondel fut chargé de la reconstruction du pont de Saintes.
En 1669, Blondel fait son entrée à l'Académie des Sciences comme associé géomètre. Cette année-là, au cours d'un voyage à Londres avec Du Hamel, alors secrétaire de l'Académie, il aurait assisté au spectacle du martyr de la Royal Society, un fou que l'on aurait transfusé pour le guérir de sa folie. Mais si les passions passaient alors par le sang, elles ne se guérissaient pas par ce moyen, original… Si François Blondel n'est pas le plus réputé des académiciens, c'est incontestablement celui dont la littérature sera la plus répandue dans le public, cf. Cours de Mathématiques, Art de jetter les Bombes, Cours d'Architecture, Nouvelle manière de fortifier les places, […]. Pour la plupart de ces ouvrages, il convoque pour l'illustration le graveur et ingénieur Gilles Jodelet de La Boissière.
La même année, il est désigné pour s'occuper des embellissements de Paris, ce qui consiste pour l'essentiel à reconstruire les portes Saint-Denis et Saint-Bernard, et au levé du plan de la ville, toutes tâches qu'il accomplira avec l'aide de l'architecte Pierre Bullet[3].
Le Modèle:Date, il est nommé directeur et professeur de l'Académie royale d'architecture par Louis XIV. Suivant la préface : Modèle:Citation bloc
La fin de sa vie
En 1673, Blondel est le professeur de mathématiques du Grand Dauphin, un élève de médiocre talent - si l'on en croit la rumeur - qui bénéficiait également, sang royal oblige, des services de l'astronome Romer pour l'astronomie et la physique, du graveur Israël Silvestre pour le dessin et de Couplet pour le nivellement et les fortifications. Le Cours de Mathématiques sera publié en 1683, au motif que chacun devait pouvoir bénéficier de cette éducation de qualité.
De 1670 à sa mort en 1686, Blondel ne s'occupera plus que de questions savantes et d'enseignement. Il collaborera également au dictionnaire d'Antoine Furetière pour les parties le concernant (cf. aussi Adrien Auzout, pour les mathématiques et Giovanni Alfonso Borelli, pour l'astronomie).
Avec la porte Saint-Denis, le pont de Saintes (reconstruction d'un pont romain) et la corderie de Rochefort, la liste de ses travaux d'architecte est exhaustive.
Son éloge à l'Académie des Sciences ne sera prononcé que dans les années 1780 par Condorcet, lui aussi né à Ribemont.
Regards sur sa vie et son œuvre
Finalement, François Blondel possède une carrière institutionnelle particulièrement intéressante mais - hélas -, fort mal connue, sauf en ce qui concerne la partie académique. Il est rare qu'un "architecte" ait autant voyagé en ces temps-là, mais on pourrait dire la même chose du militaire et du diplomate. Peut-être serait-il temps que quelqu'un d'imaginatif, consciencieux et un rien aventureux s'occupe d'établir enfin une biographie illustrée de cet homme plein de curiosité. Il est dommage que son Cours d'Architecture ne reflète pas plus cette culture visuelle unique, mais il est vrai que le « Cours » doit être vu comme le résultat d'un travail académique qui visait avant tout à l'établissement d'une doctrine commune à tous. On peut voir au fil de l'ouvrage qu'il s'agit aussi d'une discussion directe avec Claude Perrault dont l'Ordonnance des cinq espèces de colonnes selon la méthode des anciens[4] paraît en 1683. Comme le dit Blondel :
Il n'est pas sûr que le débat sur les ordres ait véritablement intéressé Blondel, ce qui expliquerait son repli sur une position très conventionnelle de restitution et comparaison des opinions des différents auteurs, soit ce qu'a fait Fréart de Chambray dans son Parallèle. Mais la mission de l'Académie étant l'établissement de règles "certaines" de décoration pour les ouvrages du Roi, Blondel au moins s'acquitta fidèlement des questions de décoration.
Le Cours d'architecture, ou la « Querelle des Anciens et des Modernes »

En 1675, il publie son Cours d'architecture enseigné à l'Académie royale d'architecture (réédité en 1698 [1]. Dans cet ouvrage, il réfute systématiquement les positions que Claude Perrault développe dans les Dix livres d'architecture de Vitruve (traduction agrémentée de commentaires des dix livres de l'architecture de Vitruve paru en 1673). Cet affrontement s'inscrit dans la « Querelle des Anciens et des Modernes ».
Cet affrontement porte sur :
- L'interprétation de « symétrie » : la symétrie (symmetria en grec ancien) a le sens de proportion. François Blondel, ingénieur et mathématicien reste dans l’ensemble, fidèle à la définition grecque de la symétrie. Claude Perrault prend parti pour la symétrie prise au sens moderne de l'équilibre des masses de part et d'autre d'un axe, au détriment de la « Symmetria » ou proportion qui implique le recours à un module et à une « raison de progression » pour régler la correspondance entre les parties.
- Les colonnes accouplées : Claude Perrault invoque le droit de se démarquer de la tradition gréco-romaine et d'introduire ce motif (d'inspiration médiévale) au grand dam de Nicolas-François Blondel et des partisans de l'antiquité. Perrault a utilisé ce dispositif à la colonnade du Louvre à la fin des années 1660.
- Les corrections optiques : Claude Perrault est opposé à cette pratique qui veut que l'on augmente les dimensions des objets situés en hauteur ou à distance. Il s'appuie, pour cela, sur ses recherches physiologiques et considère que ce n'est pas la vue qui trompe mais le jugement de la vue. Dans cette prise de position, Perrault prend le contre-pied de Vitruve et des pratiques courantes de son époque.
L'affaire est pleine d'aigreur des deux côtés. On a déjà cité Blondel, on cite ici Perrault dans son Vitruve (VI-ii, note 3) :
Au-delà de la Querelle des Anciens et des Modernes, il faut y voir aussi une querelle entre le professeur en titre et celui qui aurait voulu l'être. La place était fort convoitée, mais ce genre de choses est affaire de soutien institutionnel. À la mort de Blondel, la place resta libre une année durant, mais Colbert étant mort, Charles Perrault n'étant plus Surintendant des Bâtiments, c'est à Philippe de La Hire, protégé de Louvois que la place revint finalement...
Réalisations
- 1664 : plan du Port de Saintes, comme ingénieur de la marine
- 1665 : le pont et la restauration de l'arc de triomphe de Saintes
- 1666 : le plan de la ville de Rochefort, de son arsenal et de sa Corderie royale
- 1648-1652 : écuries monumentales du château de Chaumon-Laguiche (ou Chaumont en Charollais), en Saône-et-Loire, encore très ornementées
- les arcs de triomphe des Porte Saint-Bernard et porte Saint-Antoine, à Paris, aujourd'hui disparues
- 1672 : la Porte Saint-Denis (arrêté du Modèle:Date-),
- rhabillage de la Porte Saint-Martin construit par son élève Bullet à Paris [[10e arrondissement de Paris|10Modèle:E]],
- canal et cascade de Juvisy
- la décoration du chœur et de la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Laurent, à Paris ;
- 1676 : avec Pierre Bullet, il publie le « Plan de Paris levé par les ordres du Roi et par les soins de messieurs les prévôts des marchands et échevins et par les sieurs Bullet, architecte du roi et de la ville, sous la conduite de monsieur Blondel, maréchal de camp aux armées du roi, directeur de l'académie royale d'architecture et maître de mathématiques de monseigneur le Dauphin, plus communément appelé Plan de Bullet et Blondel[3]. »
Notoriété
La ville de Paris honore la mémoire de François Blondel par une rue portant son nom près de la porte Saint-Denis (qu'il a construite), entre les rues Saint-Denis et Saint-Martin.
Notes
Annexes
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
- Paris de 1670 à 1676 : fac-similé du plan de Bullet et Blondel
- Modèle:Fr Article sur les oppositions de Blondel et Perrault.
- Architectura - Livres d'architecture : Cours d'architecture de François Blondel
- ↑ Modèle:Lien web
- ↑ La confusion est pourtant courante ; en effet, Nicolas-François Blondel et Jacques François Blondel ont eu une carrière comparable : ils ont été, tous les deux, professeurs à l'Académie royale d'architecture et auteurs d'un cours d'architecture. Cependant Nicolas-François Blondel et Jacques François Blondel n'ont aucun lien de parenté.
- ↑ 3,0 et 3,1 Paris de 1670 à 1676 : fac-similé du plan de Bullet et Blondel
- ↑ Modèle:Ouvrage