Processus de naissance et de mort

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Les processus de naissance et de mort sont des cas particuliers de processus de Markov en temps continu où les transitions d'état sont de deux types seulement : les «naissances» où l'état passe de n à n+1 et les morts où l'état passe de n à n-1.

Ces processus ont de nombreuses applications en dynamique des populations et dans la théorie des files d'attente. Le processus est spécifié par les taux de naissance (λn)n=0 et les taux de mortalité (μn)n=0.

Conditions de récurrence et de fugacité

Les conditions de la récurrence et de la fugacité ont été établies par Samuel Karlin and James McGregor[1].

Un processus de naissance et de mort est récurrent si et seulement si
i=1n=1iμnλn=.
Un processus de naissance et de mort est ergodique si et seulement si
i=1n=1iμnλn=eti=1n=1iλn1μn<.
Un processus de naissance et de mort est null-récurrent si et seulement si
i=1n=1iμnλn=eti=1n=1iλn1μn=.

Les conditions de récurrence, de fugacité, d’ergodicité et de récurrence nulle peuvent être dérivées sous une forme plus explicite[2].

Pour les entiers K1, laisser ln(K)(x) désignent le Kème itération du logarithme népérien, c’est-à-dire ln(1)(x)=ln(x), et pour tout 2kK, ln(k)(x)=ln(k1)(ln(x)).

Ensuite, les conditions de récurrence et de fugacité d’un processus de naissance et de mort sont les suivants.

Le processus de naissance et de mort est transitoire s’il existe c>1, K1 et n0, de telle sorte que, pour tous

n>n0,

λnμn1+1n+1nk=1K11j=1kln(j)(n)+cnj=1Kln(j)(n),

où la somme vide de K=1 est supposé être égal à 0.

Le processus de naissance et de mort est récurrent s’il existe K1 et n0, de telle sorte que, pour tous

n>n0,

λnμn1+1n+1nk=1K1j=1kln(j)(n).

Des classes plus larges de processus de naissance et de mort, pour lesquels les conditions de récurrence et de fugacité peuvent être établies, peuvent être trouvées dans [3]

Application

Considérez la marche aléatoire unidimensionnelle St, t=0,1,, qui se définit comme suit. Laisser S0=1 et St=St1+et, t1, où et prend des valeurs ±1, et la distribution des St est défini par les conditions suivantes:

𝖯{St+1=St+1|St>0}=12+αStSt,𝖯{St+1=St1|St>0}=12αStSt,𝖯{St+1=1|St=0}=1,

αn satisfont à la condition 0<αn<min{C,n/2}, C>0.

La marche aléatoire décrite ici est un analogue temporel discret du processus de naissance et de mort (voir chaîne de Markov) avec les taux de natalité
12+αn2,
et taux de mortalité
12αn2.

Ainsi, la récurrence ou la fugacité de la marche aléatoire est associée à la récurrence ou à la fugacité du processus de naissance et de mort[2].

La marche aléatoire est transitoire s’il y en a c>1, K1 et n0 de telle sorte que pour tous les n>n0
αn14(1+k=1K1j=1k1ln(j)(n)+cj=1K1ln(j)(n)),
où la somme vide de K=1 est supposé être nul.
La marche aléatoire est récurrente s’il existe K1 et n0 de telle sorte que pour tous les n>n0
αn(1+k=1Kj=1k1ln(j)(n)).

Le générateur

On suppose que μ0=0. Si πn(t) est la probabilité de trouver le système dans l'état n (avec n=0,1,2,...) à l'instant t, alors

dπn(t)dt=λn1πn1(t)(λn+μn)πn(t)+μn+1πn+1(t).

Autrement dit,

dπdt=π(t)A,

A est le générateur défini par

A=(λ0λ00...μ1λ1μ1λ10...0μ2λ2μ2λ2).

Si plus généralement on note Pi,j(t) la probabilité d'être dans l'état j à l'instant t sachant que le système était dans l'état i à l'instant t=0, alors dPdt=AP(t)=P(t)A et P(0)=I (la matrice identité).


Exemples

Le processus de Yule correspond à μn=0 et λn=nλ.

Le processus linéaire de naissance et de mort correspond à μn=nμ et λn=nλ.

La file M/M/1 correspond à μn=μ pour n1 et λn=λ pour n0.

Propriétés

Supposons que λn>0 pour tout n>0. Le processus de naissance et de mort a une durée de vie infinie si et seulement si

n>0(1λn+μnλnλn1++μnμ2λnλ2λ1)

est infini.

Par exemple, le processus de Yule a une durée de vie infinie car la série harmonique 1/n diverge.

Formule de Karlin et McGregor

On définit une suite de polynômes Qk(x) telle que Q0(x)=1 et xQ=AQ. Autrement dit,

xQ0(x)=λ0Q0(x)+λ0Q1(x)

et

xQk(x)=μkQk1(x)(λk+μk)Qk(x)+λkQk+1(x)

pour tout k1. Ces polynômes sont orthogonaux par rapport à une mesure de probabilité ψ sur l'intervalle [0,+[ et

Pi,j(t)=0extQi(x)Qj(x)dψ(x)0Qj(x)2dψ(x).

Cette formule est due à Karlin et McGregor.

Exemples

  • Si λn=λ et μn=nμ pour tout n0 (file d'attente M/M/), alors Qi(x)=Ci(x/μ;λ/μ), où les Ci sont les polynômes de Charlier. Les polynômes Qi(x) sont orthogonaux par rapport à la distribution de Poisson qui attribue le poids eλ/μ(λ/μ)nn! sur les entiers n=0,μ,2μ,...
  • Si λn=(n+β)λ et μn=nμ avec β>0,λ>0,μ>0, alors il faut distinguer trois cas.

1er cas : Si λ<μ, alors

Qi(x)=Mi(xμλ;β,λμ),

où les Mi sont les polynômes de Meixner. Ainsi, les polynômes Qi(x) sont orthogonaux par rapport à la distribution de probabilités qui attribue le poids

wn=(1λ/μ)ββ(β+1)(β+n1)n!(λ/μ)n

aux points (μλ)n pour n=0,1,2,...

2e cas : Si λ>μ, alors

Qi(x)=Mi(xλμβ;β,μλ).

Les polynômes Qi(x) sont orthogonaux par rapport à la distribution de probabilités qui attribue le poids

wn=(1μ/λ)ββ(β+1)(β+n1)n!(μ/λ)n

aux points (λμ)(n+β) pour n=0,1,2,...

3e cas : Si λ=μ, alors

Qi(x)=i!β(β+1)(β+i1)Li(β1)(x/λ),

où les Li(β1) sont des polynômes de Laguerre généralisés. Les polynômes Qi(x) sont orthogonaux par rapport à la distribution de probabilités sur [0,+[ de densité donnée par la distribution Gamma Γ(β,λ) :

f(x)=1λβΓ(β)xβ1ex/λ.

Processus absorbants

Lorsque λ0=0, l'état 0 est absorbant. Ce cas intervient souvent en dynamique des populations et correspond à l'extinction de la population. Notons un la probabilité que le système soit absorbé en 0 au bout d'un temps fini, si l'on part de l'état n>0. Posons

U=n=1μ1μnλ1λn.

Si U=+, alors un=1 pour tout n>0.

Si U<+, alors

un=11+Uk=nμ1μkλ1λk.

Par exemple, pour le processus linéaire de naissance et de mort, on voit que U=n=1(μλ)n. L'extinction est certaine lorsque μλ.

Supposons U<+. Notons Tn l'espérance du temps d'extinction lorsque le système part de l'état n. Alors

T1=1μ1+λ1μ1μ2++λ1λk1μ1μk+

et

Tn=k=1n1i=k+1λk+1λi1μk+1μi

pour n2.

Par exemple, pour le processus linéaire de naissance et de mort avec μ>λ, on trouve que

Tn=1λi1(λμ)ik=1n11k+i.

Lorsque n+, on a Tn(logn)/(μλ).

Méthode des fonctions génératrices

Lorsque les taux de naissance et de mort sont des polynômes en n, on peut faire le lien avec certaines équations aux dérivées partielles. Ainsi, pour le processus linéaire de naissance et de mort, posons

g(t,x)=n=0πn(t)xn.

On montre que

gt=(λxμ)(x1)gx.

En utilisant la méthode des caractéristiques, on en déduit que

g(t,x)=((λxμ)μ(x1)e(λμ)t(λxμ)λ(x1)e(λμ)t)n0

si l'on part de l'état n0 à t=0. On en déduit que l'espérance E(t) de la population au temps t est

E(t)=gx(t,1)=n0e(λμ)t.

On en déduit aussi la probabilité π0(t) d'extinction au temps t :

π0(t)=g(t,0)=(μe(λμ)tμλe(λμ)tμ)n0

si λμ. En particulier, si λ>μ, on a π0(t)(μ/λ)n0 quand t+.

Quasi-processus de naissance et de mort

Les quasi-processus de naissance et de mort sont les processus de Markov en temps continu sur un espace d'états discret dont le générateur est tridiagonal par blocs :

A=(Q0,0Q0,10Q1,0Q1,1Q1,200Q2,1Q2,2Q2,30).

Références

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Articles connexes

Bibliographie

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