Somme des angles d'un triangle

En géométrie euclidienne, la somme des angles d'un triangle est égale à l'angle plat, soit 180 degrés ou π radians. Ce résultat est connu et démontré par Euclide, dans ses Éléments.
Il est équivalent à l'axiome des parallèles d'Euclide :
- Par un point donné, on peut mener une et une seule parallèle à une droite donnée.
Mais il est possible de construire, tout aussi rigoureusement, d'autres géométries, dites non euclidiennes, qui ne respectent pas cet axiome. La somme des angles d'un triangle n'est alors plus constante, mais elle permet de classifier ces géométries, la valeur de 180° gardant son importance : les géométries pour lesquelles la somme des angles d'un triangle est inférieure à 180° sont dites hyperboliques, celles pour lesquelles elle est supérieure à 180° sont dites elliptiques (comme la géométrie sphérique utilisée pour modéliser la géométrie à la surface de planètes comme la Terre).
En géométrie euclidienne
En géométrie euclidienne (la géométrie souvent considérée comme usuelle) la somme des angles de tout triangle est égale à 180°. Ainsi, la somme des angles est un invariant des triangles, qui permet de résoudre de nombreux problèmes élémentaires de résolution d'un triangle.
Théorème
Lorsqu'on parle de somme des angles d'un triangle, il est d'usage de considérer les mesures des angles géométriques, la proposition s'écrivant de façon plus rigoureuse (mais aussi plus lourde) : Modèle:Théorème
Démonstration

La démonstration classique depuis Euclide[1] repose sur le tracé de la droite parallèle à un côté du triangle et passant par le sommet qui n'appartient pas à ce côté. Ainsi, la propriété sur la somme des angles d'un triangle s'appuie sur l'axiome des parallèles. Différentes rédactions en ont été proposées au cours des siècles. Voici celle que donnait A. Amiot[2] en 1870. Plutôt que de donner comme constante un angle plat, il parle, à la suite d'Euclide lui-même, de Modèle:Citation.
Cette propriété est un résultat de géométrie euclidienne. Elle n'est pas vérifiée en général en géométrie non euclidienne.
Trois points alignés
La démonstration précédente est valable pour un triangle vrai, défini par trois points non alignés. Mais la propriété est aussi vraie pour un triangle dégénéré constitué de trois points distincts alignés : si trois points A, B et C sont alignés dans cet ordre, les angles du triangle en A et C sont nuls et l'angle en B est plat.
Angles aigus et obtus

La mesure d'un angle géométrique étant un nombre positif, une première conséquence du théorème de la somme des angles est qu'un triangle ne peut posséder plus d'un angle obtus (c'est-à-dire un angle de mesure supérieure à 90°). En effet, si un triangle possédait deux angles obtus, la somme des mesures de ces deux angles et du troisième angle serait supérieure à 180°.
Triangles particuliers
Un triangle équilatéral est un triangle dont les trois angles ont la même mesure. En notant a cette mesure et en utilisant la somme des angles d'un triangle, il vient :
- 3a = 180°
Donc Modèle:Théorème
Un triangle rectangle isocèle (demi-carré) possède un angle droit (de mesure égale à 90°) et deux angles égaux. En considérant que la somme des angles du triangle, il vient que la somme des deux angles autres que l'angle droit est égale à Modèle:Nobr. Comme ils sont égaux, ces deux angles mesurent chacun 45°. Ainsi, Modèle:Théorème
Triangles semblables

Modèle:Article détaillé Deux triangles sont dits semblables lorsqu'ils ont « la même forme », c'est-à-dire lorsque chaque angle de l'un est égal à un angle de l'autre. Cette définition semble indiquer que, pour prouver que deux triangles sont semblables, il faille démontrer trois égalités. Or, en considérant la somme des angles du triangle, deux égalités suffisent : si deux angles a et b d'un premier triangle sont égaux à deux angles d'un autre, ces triangles sont semblables, car les troisièmes angles des deux triangles auront une mesure, en degrés, égale à Modèle:Nobr et seront donc égaux. D'où la propriété : Modèle:Théorème
Conséquence pour les polygones

Tout polygone simple (c'est-à-dire dont les arêtes ne se croisent pas) à n côtés peut être considéré comme constitué de n – 2 triangles accolés, dont la somme de tous les angles est égale à la somme des angles internes du polygone. C'est l'une des façons de démontrer que la somme des angles internes d'un polygone simple à n côtés est toujours égale à (n – 2)×180°.
En particulier, cette propriété assure que la somme des angles d'un quadrilatère simple est égale à 360°. Si un quadrilatère simple possède trois angles droits, alors son quatrième angle est aussi droit. Le fait que la somme des angles d'un triangle soit égale à deux droits entraîne ainsi l'existence de rectangles en géométrie euclidienne[3].
Lien avec l'axiome des parallèles
Modèle:Article connexe La propriété de géométrie euclidienne doit se lire ainsi : la somme des angles de tout triangle est égale à deux angles droits. Elle se démontre en utilisant le postulat des parallèles, appelé aussi cinquième postulat d'Euclide, qui est :
Si on ôte cet axiome de la géométrie euclidienne, on obtient le résultat réciproque suivant, dû à Adrien-Marie Legendre :
Autrement dit, il est possible de remplacer le cinquième postulat d'Euclide par un autre axiome : il existe un triangle dont la somme des angles est égale à deux angles droits. Alors, l'axiome des parallèles devient un théorème qu'on peut démontrer. Cette permutation ne change en rien les autres résultats de la géométrie euclidienne.
En géométrie sphérique

Modèle:Article connexe On obtient une géométrie cohérente en conservant tous les axiomes de la géométrie euclidienne, sauf l'axiome des parallèles qui devient : Modèle:Théorème Autrement dit, deux droites sont, soit confondues, soit sécantes.
La géométrie sphérique correspond à ces axiomes. Elle est classiquement représentée par la géométrie d'une sphère en géométrie euclidienne, cette sphère correspondant au plan sphérique. Les droites (en géométrie sphérique) sont alors les grands cercles de la sphère, c'est-à-dire les intersections de la sphère avec des plans (au sens euclidien) passant par le centre de la sphère. Un angle entre deux droites sphériques est égal à l'angle formé par les deux plans euclidiens définissant ces droites.
Les résultats sont alors différents de la géométrie euclidienne, en particulier, la somme des angles d'un triangle sphérique n'est plus constante, mais la mesure d'un angle plat (π radians ou 180°) joue néanmoins un grand rôle : Modèle:Théorème La somme des angles d'un triangle sphérique peut varier entre 180 et 540° (entre π et 3π radians)[alpha 1]Modèle:,[4]. La différence entre la somme des angles d'un triangle et la mesure d'un angle plat est proportionnelle à l'aire S du triangle. Soit, avec des angles exprimés en radians :
si la sphère est de rayon R, l'espace euclidien dans lequel elle est plongée étant muni de la distance usuelle.
Un triangle sphérique peut avoir deux ou trois angles droits.
La formule de l'aire montre que, pour un triangle dont l'aire est très proche de zéro, la somme des angles est très proche de l'angle plat. Les résultats de la géométrie euclidienne donnent alors de bonnes approximations de ceux de la géométrie sphérique. En pratique, la géométrie sphérique est utilisée pour l'étude de planètes comme la Terre, notamment pour la navigation. Mais, pour des mesures ou des raisonnements sur des « petites » portions de planète (comme dans un jardin ou une ville peu étendue), la géométrie euclidienne donne des résultats satisfaisants.
En géométrie hyperbolique

La somme des angles d'un triangle hyperbolique est inférieure à pi.
Géométrie hyperbolique#Propriétés métriques
Historique

Le résultat donnant la somme des angles d'un triangle (sous-entendu, en géométrie euclidienne) est connu par les anciens Grecs. Suivant les sources, il aurait été découvert par Thalès de Milet (vers 625 - vers 550 Modèle:Av JC) ou Pythagore (580 - 495 environ). Pythagore ou ses disciples sont aussi réputés, selon Proclus, en avoir rédigé une démonstration. À l'époque d'Aristote (Modèle:-s-), deux démonstrations sont connues. Il fait l'objet de proposition 32 du Livre I des Éléments d'Euclide (vers 300 Modèle:Av JC), qui en donne une démonstration proche de celle connue par Aristote[5].
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Chapitre
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Lien web
Articles connexes
- ↑ Proposition Modèle:I.32 des Éléments
- ↑ Modèle:Harvsp
- ↑ Modèle:Harvsp.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Harvsp
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