Sur la question du charbon

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Modèle:Infobox Livre

Sur la question du charbon (titre original The Coal Question; An Inquiry Concerning the Progress of the Nation, and the Probable Exhaustion of Our Coal Mines) est un livre de l'économiste William Stanley Jevons publié en 1865, dans lequel il étudie les conséquences de la dépendance du Royaume-Uni vis-à-vis du charbon. Dans la mesure où le charbon est une ressource énergétique disponible en quantité finie et non renouvelable, Jevons a soulevé la question de la durabilité de son exploitation. Modèle:Citation demande-t-il de manière rhétorique, Modèle:Citation Sa thèse centrale était que la domination du Royaume-Uni sur le monde n'était que passagère, du fait même de la nature non infinie de la ressource énergétique primaire sur laquelle sa richesse et sa domination reposaient. En exposant cette thèse, Jevons couvrit toute une série de questions centrales liées à la durabilité, y compris les limites à la croissance et leur dépassement[1], la surpopulation, le taux de retour énergétique (EROEI), la taxation des ressources énergétiques, les énergies renouvelables alternatives, et le phénomène de pic d'extraction de ressources — un sujet largement débattu aujourd'hui dans le cadre du pic pétrolier.

Importance du charbon

Jevons commence le premier chapitre de Sur la question du charbon par une courte description des miracles permis par le charbon et de l'appétit insatiable de la société pour celui-ci :

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Jevons avance ensuite que le charbon est à l'origine de la prospérité et de la domination du Royaume-Uni sur le monde.

Limites à la croissance et pic d'extraction de ressource

Graphique de Jevons extrapolant jusqu'en 1970 la croissance exponentielle de la production de charbon.

Parce que le charbon n'était pas une ressource disponible sans limite, qu'il devenait de plus en plus difficile d'accès avec le temps, et que la demande de charbon croissait de manière exponentielle, Jevons avança que des limites à la prospérité apparaîtraient plus tôt que ce que l'on pensait généralement :

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À l'époque de Jevons, les géologues britanniques estimaient que le pays disposait de 90 milliards de tonnes de réserves de charbon. Jevons pensait qu'une bonne partie de ces réserves ne pourrait pas être extraite faute de rentabilité économique. Mais même en supposant que l'intégralité de ce charbon puisse être extrait, Jevons avança que la croissance économique exponentielle ne pouvait malgré tout pas rester inchangée.

En utilisant des estimations de données historiques, Jevons montra que durant les 80 précédentes années, la production de charbon avait crû à un rythme relativement constant de 3,5 % par an, soit 41 % par décennie. Si ce rythme de croissance devait se prolonger, la production augmenterait d'environ 100 millions de tonnes en 1865 à plus de 2,6 milliards de tonnes 100 ans plus tard. Jevons calcula ensuite la quantité totale de charbon produit si ce rythme de croissance était prolongé pendant ces 100 années : environ 100 milliards de tonnes[5]. Il conclut que même la totalité des ressources estimées ne suffiraient pas à tenir 100 ans, et que le rythme de croissance, utilisé comme mesure de la prospérité, ne pourrait que décliner bien avant que ce cap des 100 ans ne fût atteint. À ce moment-là, la production atteindrait simplement un pic, qui serait lui-même lourd de conséquences :

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Selon Jevons, avant même d'atteindre le pic de production, les coûts d'extraction croissants causeraient la perte de l'avantage compétitif dont le Royaume-Uni jouissait en termes de production et de transport de fret.

Dans les faits, la production britannique de charbon a effectivement atteint un pic en 1913, mais à 292 millions de tonnes, soit environ la moitié de la quantité que l'extrapolation de Jevons avait suggérée. Un peu moins du tiers de cette quantité était exporté. Depuis lors, la production britannique de charbon a chuté sous les 20 millions de tonnes[7]. Les réserves britanniques actuelles sont estimées à environ 400 millions de tonnes[8].

Population et « doctrine de Malthus »

Selon Jevons, la Modèle:Page h du charbon avait de sérieuses ramifications en termes de croissance de population. La population du Royaume-Uni avait crû de plus de 10 % par décennie durant les 70 précédentes années, ce qui ne surprenait guère Jevons dans la mesure où la production de charbon avait crû d'environ 40 % par décennie, ce qui signifiait que la richesse par habitant avait crû elle aussi.

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Cependant, avec le ralentissement de la production de charbon, la croissance de la population risquait fort de surpasser celle de la production, conduisant à une baisse du niveau de vie :

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Contrairement à Malthus qui considérait que la croissance de la consommation de ressources était linéaire, Jevons supposa que cette croissance était exponentielle, comme la population. Cependant, cette modification de la théorie de Malthus ne changea en rien la conclusion de Malthus selon laquelle une croissance non limitée de la population finirait inévitablement par dépasser la capacité du pays à augmenter sa consommation de ressources. La prospérité, exprimée sous la forme d'une consommation par habitant, finirait donc par chuter. De plus, parce que la ressource primaire est non renouvelable, la chute serait encore plus spectaculaire que ce que Malthus prévoyait :

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Paradoxe de Jevons

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Ayant établi qu'à long terme, la déplétion énergétique présentait des dangers pour la société, Jevons analysa les mesures possibles d'atténuation. Ce faisant, il étudia le phénomène resté célèbre sous le nom de paradoxe de Jevons. Ainsi écrivait-il :

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Jevons décrivit le développement historique de la technologie des moteurs, et avança que la forte augmentation de la consommation britannique de charbon était due à l'efficacité (ou « économie ») apportée par les innovations technologiques, en particulier l'invention de la machine à vapeur par James Watt en 1776. Tout comme de nombreuses autres innovations qui suivirent, comme l'amélioration des techniques de fusion du fer, une meilleure efficacité énergétique permit une multiplication des usages et conduisit à une plus grande consommation d'énergie.

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Jevons étudia d'autres mesures qui auraient pu réduire la consommation de charbon, comme les taxes sur le charbon ou les limites à l'exportation, et les rejeta. De même, même s'il déplorait les habitudes de brûler dans la mine le charbon de mauvaise qualité, il rejeta toute législation en faveur de la préservation du charbon.

Une alternative qu'il jugea d'une utilité pratique fut une politique fiscale plus stricte de la part du Gouvernement, fondée sur une taxation des revenus pour réduire la dette nationale. Selon lui, une politique fiscale plus stricte aurait pour effet de ralentir la croissance économique, donc de ralentir la consommation de charbon, au moins jusqu'à ce que la dette soit entièrement remboursée. Cependant, Jevons admit que les effets d'une telle mesure, si elle était mise en œuvre, serait minimal. Autrement dit, il considérait qu'il était peu probable que la société réduisît volontairement sa consommation.

Alternatives énergétiques

Jevons étudia la possibilité de sources d'énergie alternatives, annonçant les débats actuels à ce sujet. Étudiant l'énergie éolienne et marémotrice, il expliqua que de telles sources d'énergie intermittentes pouvaient devenir plus intéressantes si l'énergie pouvait être stockée, par exemple en pompant de l'eau en hauteur pour l'utiliser ensuite comme source hydraulique. Il étudia la biomasse, à savoir le bois, et releva que la quantité d'énergie que l'ensemble des forêts britanniques pouvait fournir était inférieure à celle que fournissait déjà la production de charbon de l'époque. Il mentionna également les énergies solaires et géothermiques, soulignant que si ces sources devaient un jour devenir utilisables, le Royaume-Uni perdrait ses avantages compétitifs au sein de l'industrie mondiale. Jevons ignorait l'importance que prendrait à l'avenir le gaz naturel et le pétrole comme sources d'énergie majeures, puisque ces sources ont été développées après la publication de son livre.

Concernant l'électricité, qui, comme il le soulignait avec justesse, n'est pas une source mais un vecteur de transport de l'énergie, Jevons releva que l'hydroélectricité était utilisable, mais que les réservoirs finiraient par être confrontés au problème de l'accumulation du limon. Il ne tint pas compte de la production d'hydrogène comme moyen de stockage et de distribution de l'électricité, calculant que la densité énergétique de l'hydrogène est trop faible pour le rendre utilisable en pratique. Il fit la prédiction que la vapeur resterait le moyen le plus efficace de générer de l'électricité.

Responsabilité sociale en période de prospérité

Jevons soutint que malgré l'attrait que pouvait avoir l'idée d'une baisse de la consommation de charbon, les perspectives d'adoption de contraintes significatives sur cette consommation restaient minces. Néanmoins, il considérait que la prospérité du Royaume-Uni devait au moins induire certaines responsabilités pour la génération de l'époque. En particulier, Jevons proposa d'utiliser la richesse de l'époque pour réduire les malheurs sociaux et créer une société plus juste :

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Jevons évoqua aussi clairement plusieurs maux sociaux qui le touchaient tout particulièrement :

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Développements dans le monde après Jevons

Comme Jevons l'avait prédit, la production de charbon n'a pas pu croître sans fin en continuant à suivre un rythme exponentiel. La production britannique de charbon atteignit un pic en 1913, et le pays perdit sa domination sur le monde — ce que Jevons avait également prédit — au profit d'un nouveau géant de la production d'énergie, les États-Unis. Le Royaume-Uni a alors développé la ressource pétrolière au Moyen-Orient et accru sa consommation de combustibles pour obtenir plus d'énergie.

Même si le Royaume-Uni n'a pas pu prolonger sa croissance à un rythme de 3,5 % par an, la consommation mondiale de combustibles fossiles a effectivement crû à ce rythme jusque environ 1970. Selon Jevons, en 1865, la production de charbon au Royaume-Uni et dans le reste du monde étaient sensiblement les mêmes, ce qui nous donne une production mondiale de charbon estimée à environ 200 millions de tonnes à l'époque. Selon le département de l'Énergie des États-Unis, la consommation mondiale de combustibles fossiles en 1970 était d'environ 200 quads, soit 7,2 milliards de tonnes équivalent charbon[17]. Par conséquent, la consommation a été multipliée par 36, ce qui représente un rythme moyen de croissance exponentielle sur 105 ans d'environ 3,4 % par an[18]. Dans les 34 années qui ont suivi, c'est-à-dire jusqu'en 2004, la consommation a encore été multipliée par 2,1, soit un rythme moyen de croissance de 2,2 % par an, ce qui indique, selon un certain nombre d'ONG comme l'ASPO que les ressources énergétiques mondiales s'amenuisent[19].

La quantité restante de ressources énergétiques dans le monde est une question faisant l'objet de polémiques et source de grandes inquiétudes. Entre 2005 et 2007, malgré le triplement des prix du pétrole, la production de pétrole est restée relativement stable[20], signe selon de nombreuses personnes que la production pétrole a atteint un pic[21]. Des études de Dave Rutledge du Caltech[22] et de l'Energy Watch Group allemand[23] indiquent que la production mondiale de charbon va également atteindre un pic durant les 30 ans qui viennent, peut-être même dès 2030. Une autre étude de l'Energy Watch Group relève également que les réserves d'uranium sont elles aussi limitées ; ce rapport affirme que, tout comme la production britannique de charbon il y a 200 ans, la production d'uranium a d'abord ciblé les minerais les plus riches, et que les sources restantes sont moins riches et plus difficiles d'accès.

Steve Fetter affirme qu'il reste au moins 230 années de réserves prouvées d'uranium disponibles au rythme actuel de consommation mondiale, et que si l'on extrait l'uranium de l'eau de mer, jusqu'à Modèle:Unité de réserves d'uranium sont alors accessibles. De plus, en utilisant la surgénération et le retraitement des déchets nucléaires, les 230 années de réserves prouvées d'uranium pourraient être repoussées jusqu'à Modèle:Unité, un gain comparable pouvant être obtenu à partir des Modèle:Unité de réserves d'uranium extrait de l'eau de mer[24].

Références

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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