Système de Thue

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En informatique théorique et en logique mathématique, un système de semi-Thue ou sa version symétrique, un système de Thue, est un système de réécriture de chaînes de caractères ou mots, appelé ainsi d'après son inventeur, le mathématicien norvégien Axel Thue. Contrairement aux grammaires formelles, un tel système ne distingue pas entre symboles terminaux et non terminaux, et ne possède pas d'axiome.

Un système de semi-Thue est donné par une relation binaire R finie fixe entre mots sur un alphabet donné, dont les éléments sont appelés les règles de réécriture, et notées st. La relation est étendue en une relation de réécriture entre tous les mots dans lesquels les parties gauche et droite d'une règle apparaissent en facteur, en d'autres termes on a la relation usvutv, pour une règle st de R et des mots u, et v quelconques.

Les systèmes de semi-Thue sont Turing-complets. Ils sont voisins des systèmes de Post. Axel Thue a étudié les systèmes de réécriture dans deux articles, l'un sur la réécriture de termes, l'autre sur la réécriture des mots ; c'est du deuxième que dérivent les systèmes de semi-Thue[1].

Le problème de décider de l'existence d'une relation entre deux mots est indécidable.

Définition

Un système de semi-Thue est un couple (Σ,R), où Σ est un alphabet supposé en général fini, et où R est une relation binaire finie entre mots sur Σ, donc une partie finie RΣ*×Σ*. Un élément (u,v)R est une règle de réécriture et est habituellement écrite sous la forme uv. Si la relation R est symétrique, c'est-à-dire si (u,v)R implique (v,u)R, le système est appelé un système de Thue.

Les règles de réécriture sont étendues aux mots de Σ* en permettant le remplacement de facteurs selon les règles de R. Formellement la relation est étendue par :

sRt si et seulement il existe x,y,u,vΣ* tels que s=xuy, t=xvy, et uvR.

On rencontre aussi la notation st, ce qui permet d'omettre l'indice R. La relation de réécriture, notée R*, est la clôture réflexive et transitive de la relation R; elle est définie par une suite d'étapes

s0Rs1Rs2R

Congruence de Thue

Dans un système de semi-Thue, la relation R* est compatible avec l'opération de multiplication (concaténation) du monoïde libre Σ*, en d'autres termes xR*y implique uxvR*uyv pour tous les mots u,vΣ*. Comme R* est un préordre, le couple (Σ*,,R*) forme un préordre monoïdal.

De même, la clôture réflexive transitive et symétrique de R, parfois dénotée par R*, est une congruence, c'est-à-dire une relation d'équivalence compatible avec la concaténation. Cette congruence est appelée congruence de Thue engendrée par R. Si le système de semi-Thue est symétrique, donc un système de Thue, la congruence coïncide avec la relation de réécriture.

Comme R* est une congruence, on peut définir le monoïde quotient MR=Σ*/R* du monoïde libre Σ* par la congruence de Thue, comme dans tout monoïde. Si un monoïde est isomorphe à MR, le système de semi-Thue (Σ,R) est une présentation du monoïde . Par exemple, le système R={abε,baε} est une présentation du groupe libre à un générateur ; le système réduit à la seule règle abε est une présentation du demi-groupe bicyclique. De fait, on aModèle:Sfn : Tout monoïde admet une présentation de la forme (Σ,R) pour un système de semi-Thue, éventuellement sur un alphabet infini.

Le problème du mot

Le problème du mot pour un système de semi-Thue se formule comme suit : Étant donné un système de semi-Thue (Σ,R) et deux mots u,vΣ*, peut-on transformer u en v en appliquant des règles de R ? Ce problème est indécidable. La première preuve est de Emil PostModèle:Sfn. Une autre, pratiquement en même temps, par A. MarkovModèle:Sfn. Les preuves sont discutées dans le livre de DavisModèle:Sfn.

Connexions avec d'autres concepts

Un système de semi-Thue peut être vu comme un système de réécriture de termes dont les mots sont des termes d'arité 1[2]. Un système de semi-Thue est aussi un cas particulier d'un système de Post, et réciproquement tout système de Post peut être transformé en un système de semi-Thue. Les deux formalismes sont Turing-complets, et sont donc équivalents aux grammaires de type 0 de la hiérarchie de Chomsky qui parfois sont appelées grammaires de semi-Thue[3]. Une grammaire formelle diffère d'un système de semi-Thue par la séparation de l’alphabet en symboles terminaux et non terminaux et la présence d'un axiome. On rencontre aussi la définition d'un système de semi-Thue comme triple (Σ,A,R), où AΣ* est appelé l'« ensemble des axiomes »[4].

Notes

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références

Bibliographie

Monographies
Manuels
Chapitres de manuels
  • Samson Abramsky, Dov M. Gabbay, Thomas S. E. Maibaum (ed.), Handbook of Logic in Computer Science: Semantic modelling, Oxford University Press, 1995, Modèle:Isbn.
Articles historiques

Voir aussi


Modèle:Palette Langages formels grammaires et automates Modèle:Portail

  1. Modèle:Article
  2. Modèle:Lien et Jean-Pierre Jouannaud. Rewrite Systems (1990) p. 6
  3. Modèle:Lien, Introduction to Computer Theory, 2nd ed., Wiley-India, 2007, Modèle:Isbn, p.572
  4. Dan A. Simovici et Richard L. Tenney, Theory of formal languages with applications, World Scientific, 1999, Modèle:Isbn, chapitre 4