Transfert bi-elliptique

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En astronautique le transfert bi-elliptique est une manœuvre permettant de modifier l'orbite d'un véhicule spatial autour d'un objet céleste central (par exemple la Terre ou le Soleil). Contrairement au transfert de Hohmann où l'orbite de transfert relie directement l'orbite initiale et l'orbite finale, le transfert bi-elliptique passe par deux orbites de transferts elliptiques. La première emmène le satellite « plus loin » que nécessaire, la deuxième l'amène sur l'orbite finale. Ce procédé peut être avantageux du point de vue de l'énergie requise si l'orbite finale est beaucoup plus haute que l'orbite initiale[1]. C'est pourquoi cet article traite seulement du cas où l'orbite initiale est plus basse que l'orbite finale.

En principe la manœuvre de transfert bi-elliptique peut être également utilisée pour réduire l'altitude de l'orbite, mais elle ne présente aucun avantage par rapport au transfert de Hohmann. Une exception est l'aérofreinage (mais qui n'est pas un transfert bi-elliptique au sens de cet article). Cet article ne décrit que le cas d'un transfert d'une orbite basse vers une orbite haute autour du corps central.

L'idée du transfert bi-elliptique est publiée en 1934 par Ary Sternfeld.

Calcul

Dans les calculs suivants on part de l'hypothèse qu'aucune interaction, par exemple liée à la présence d'autres objets célestes, ne vient perturber la manœuvre. Les orbites sont supposées être circulaires et dans le même plan. Les changements de vitesse sont supposés être instantanés.

Vitesse

Un transfert bi-elliptique entre une orbite initiale basse (bleue) via les orbites de transfert elliptiques (cyan et orange) à l'orbite finale haute (rouge).

L'équation fondamentale pour calculer les changements de vitesse requis dans les transferts coplanaires (comme le transfert bi-elliptique) est l'équation de la force vive[1]

v=μ(2r1a)
  • r et v sont la distance du véhicule spatial du corps céleste central et sa vitesse courante
  • a est le demi-grand axe de l'orbite
  • μ=GM est le paramètre de gravitation de l'objet céleste central (sa masse M multipliée par la constante gravitationnelle G)

Pour une orbite circulaire (r=a) l'équation se simplifie comme suit

v=μr

La figure à droite montre comment se passe la manœuvre de transfert bi-elliptique. Le véhicule spatial se situe sur une orbite circulaire (bleue) avec rayon r1. Sa vitesse est constante v1=μr1. Le but de la manœuvre est d'amener le satellite sur l'orbite circulaire haute (rouge) avec rayon r2.

  1. Un changement instantané de vitesse met le satellite sur la première orbite de transfert elliptique (cyane), dont le demi-grand axe est a1. Le premier changement de vitesse s'élève à
    Δv1=μ(2r11a1)μr1
    Il faut l'appliquer tangentiellement en direction du vol, comme l'orbite initiale est circulaire cela peut avoir lieu n'importe où.
  2. Quand l'apoapside est atteinte, le véhicule spatial est à la distance rb=2a1r1 du corps central. La deuxième augmentation de vitesse instantanée est appliquée pour mettre le satellite sur la deuxième orbite de transfert elliptique (orange), dont le demi-grand axe est a2=rb+r22. Il faut de nouveau l'appliquer tangentiellement à la vitesse, la valeur absolue est
    Δv2=μ(2rb1a2)μ(2rb1a1)
  3. La vitesse est changée une troisième fois quand le satellite se trouve à la périapside de la deuxième orbite de transfert. Cette fois-ci il faut ralentir le satellite pour qu'il reste sur l'orbite circulaire finale.
    Δv3=μr2μ(2r21a2)

En tout le besoin de carburant (Delta v) est

Δv=Δv1+Δv2+Δv3=(μ(2r11a1)μr1)+(μ(2rb1a2)μ(2rb1a1))+(μr2μ(2r21a2))

Chaque manœuvre de transfert bi-elliptique, du moins que rb>r2, est avantageuse du point de vue de besoin en carburant en comparaison avec le transfert de Hohmann si le rayon de l'orbite finale est plus de 15,58 fois plus grand que le rayon de l'orbite initiale. Sous certaines circonstances le transfert bi-elliptique peut demander moins de Delta v même si le rapport des rayons est inférieur à 15,58 (voir la section #Comparaison avec le transfert de Hohmann).

Temps

Le temps de la manœuvre de transfert se calcule d'après les moitiés des périodes de révolution des ellipses de transferts. La période T, c'est-à-dire le temps qu'un satellite met pour faire une révolution sur l'orbite, se calcule d'après la troisième loi de Kepler[1]

T=2πa3μ

Donc le temps de la manœuvre de transfert bi-elliptique est

Δt=πa13μ+πa23μ

Ceci est beaucoup plus que pour le transfert de Hohmann équivalent, ce qui est un inconvénient important du transfert bi-elliptique (voir la section #Comparaison avec le transfert de Hohmann).

Cas limite transfert de Hohmann

Modèle:Article détaillé

Le transfert bi-elliptique devient un transfert de Hohmann lorsque rb=r2[1].

Cas limite transfert bi-parabolique

Un transfert bi-parabolique entre une orbite initiale basse (bleue) via les orbites de transfert paraboliques (verte et orange) à l'orbite finale haute (rouge).

Le transfert bi-elliptique devient un transfert bi-parabolique lorsque rb[1].

Ce cas est une analyse purement théorique car le satellite est amené à une distance infinie du corps central. Ceci demande premièrement un temps infini et deuxièmement la simplification d'un problème à deux corps n'est plus valable. Néanmoins la manœuvre est intéressante à analyser dans la perspective de la prochaine section qui compare plusieurs manœuvres de transferts.

  1. Le véhicule spatial est maintenant mis sur une orbite de libération parabolique.
    Δv1=(21)μr1
  2. La vitesse du satellite est 0 à l'infini (). Une poussée infinitésimalement petite suffit pour que le satellite adopte la deuxième orbite de transfert parabolique.
    Δv2=0
  3. Pour finir il faut freiner le satellite au sommet de la deuxième parabole pour qu'il reste sur l'orbite circulaire finale.
    Δv3=(21)μr2

En tout le besoin de carburant (Delta v) est

Δv=Δv1+Δv2+Δv3=(21)(μr1+μr2)

Cette valeur est inférieure au besoin du transfert de Hohmann si r2>11,94r1. Le transfert bi-parabolique est le cas limite d'un transfert bi-elliptique qui économise le plus de Delta v [2].

Comparaison avec le transfert de Hohmann

Vitesse

Besoin de Delta v (normée sur v1) pour quatre manœuvres entre les deux mêmes orbites en dépendance du rapport entre les rayons r2r1.

La figure à droite montre le besoin de Delta v, une mesure pour le carburant et donc l'énergie nécessaire, pour une manœuvre entre une orbite initiale circulaire avec rayon r1 et une orbite finale circulaire avec rayon r2.

Δv est normée sur la vitesse initiale v1 pour que la comparaison soit générale. Les quatre courbes montrent le besoin de carburant pour un transfert de Hohmann (bleu), un transfert bi-elliptique avec α=rbr1=20+r2r1 (rouge), un transfert bi-elliptique avec α=rbr1=100+r2r1 (cyan) et un transfert bi-parabolique (rb) (vert)[3].

On voit que le transfert de Hohmann est favorable quand le rapport des rayons est inférieur à 11,94. Chaque manœuvre de transfert bi-elliptique, du moins tant que rb>r2, est favorable si le rayon de l'orbite finale est plus de 15,58 fois plus grand que le rayon de l'orbite initiale.

La distance de l'apoapside commune des deux orbites de transfert (point 2 dans les figures sur le transfert bi-elliptique et le transfert bi-parabolique) est déterminante entre 11,94 et 15,58.

Le tableau suivant établit une liste de la distance de l'apoapside par rapport au rayon de l'orbite initiale α=rbr1 minimale requise pour qu'un transfert bi-elliptique soit avantageux en termes de Delta v.

α=rbr1 minimal, pour que le transfert bi-elliptique soit avantageux du point de vue énergétique[2].
Rapport des rayons r2r1 α=rbr1 minimal Remarques
0 à 11,94 - Le transfert de Hohmann est favorable
11,94 Transfert bi-parabolique
12 815,81
13 48,90
14 26,10
15 18,19
15,58 15,58
plus de 15,58 plus de r2r1 Chaque transfert bi-elliptique est favorable

Cette cohérence pas forcément intuitive est expliquée avec l'effet d'Oberth.

Temps

Le temps très long du transfert bi-elliptique

Δt=πa13μ+πa23μ

est un inconvénient important de cette manœuvre. Le temps devient même infini pour le cas limite du transfert bi-parabolique.

À titre de comparaison, le transfert de Hohmann met moins de la moitié du temps, plus exactement

Δt=πa3μ

parce qu'il n'y a qu'une demi-ellipse à orbiter.

Exemple

Un exemple d'après Example 6-2 de[1] illustre les transferts.

Un satellite est en orbite circulaire autour de la Terre, le rayon est r1=6569km. L'orbite finale autour de la Terre est circulaire également avec le rayon r2=382688km. Les manœuvres de transfert de Hohmann, bi-elliptique et bi-parabolique sont comparées selon leur vitesse et temps.

Le rapport des rayons est approximativement 58,25. Donc les transferts bi-elliptique et bi-parabolique demandent moins de Delta v que le transfert de Hohmann. Il faut que rb>r2 pour le transfert bi-elliptique, ici rb=100r1.

Le tableau suivant montre la comparaison :

Transfert Hohmann Transfert bi-elliptique α=100 Transfert bi-parabolique
Δv1 3,133kms 3,172kms 3,226kms
Δv2 0,833kms 0,559kms 0kms
Δv3 pas de Δv3 0,127kms 0,423kms
Δ𝐯 total 𝟑,𝟗𝟔𝟔kms 𝟑,𝟖𝟓𝟖kms 𝟑,𝟔𝟒𝟗kms
Temps 118h 40min 59s 782h 9min 27s

Notes et références

Modèle:Reflist

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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