Théorème de Holditch

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En géométrie plane, le théorème de Holditch affirme que si une corde de longueur fixe glisse le long d'une courbe fermée convexe, alors le domaine de Holditch délimité par la courbe de départ et le lieu géométrique tracé par un point de la corde situé à une distance a d'une extrémité et b de l'autre (la courbe de Holditch, supposée sans point double) a pour aire la valeur remarquable πab, indépendante à la fois de la forme et de la longueur de la courbe de départ.

En particulier, si le point traceur est situé en milieu de corde, l'aire du domaine de Holditch est égale à l'aire du disque de diamètre la corde.

Le théorème a été publié en 1858 [1] par le révérend Hamnet Holditch, président du Caius College, à Cambridge.

Pour Clifford Pickover, ce théorème fait partie des 250 évènements marquants de l'histoire des mathématiques[2].

Illustrations

Premières applications

Aire d'une couronne

L’aire d’une couronne circulaire dont on connait la longueur d’une corde tangente au cercle intérieur vaut π2/4, ceci quel que soit le rayon du cercle extérieur.

Aire de l'ellipse

Si la courbe de départ est un carré de côté de longueur a+b (voir l'illustration ci-dessus), d'après la construction de l'ellipse par la méthode de la bande de papier, la courbe de Holditch est formée de 4 quarts d'ellipses de demi-axes a et b. Le domaine de Holditch est donc formé de 4 quarts de domaines elliptiques ; par le théorème de Holditch, on retrouve bien la formule classique πab de l'aire de l'ellipse.

Généralisation de R. Estève

Énoncé

Une droite orientée se déplace dans le plan en revenant à son point de départ en ayant tourné n fois sur elle-même (n algébrique, suivant le sens de rotation). Trois points fixes A,B,C sur cette droite décrivent trois courbes fermées, supposées toujours simples, mais non forcément convexes, CA, CB , CC . On note SA,SB,SC les aires algébriques (positives en cas de parcours dans le sens trigonométrique, négatives sinon) des domaines délimités par les courbes CA,CB,CC . On a alors la relation de Holditch générale[3]Modèle:,[4]  :

SA.BC+SB.CA+SC.AB+nπ.AB.BC.CA=0.

Posant AC=a et CB=b, la relation s'écrit aussi SC=bSA+aSBa+bnπab.

On retrouve bien le théorème de Holditch dans le cas où les courbes CA et CB sont identiques et n=1. La relation précédente s'écrit alors en effet SC=SAπab , ce qui donne bien la relation de Holditch.

Démonstration

Cette démonstration est tirée de [3].

On suppose ici les fonctions de classe C1 par morceaux.

Un repère polaire (O,i) étant choisi, désignons par θ=θ(t) l'angle entre iet la droite orientée (ABC).

Posant AC=a , CB=b et (x,y) les coordonnées de C, les coordonnées de A sont (x1=xacosθ,y1=yasinθ), celles de B sont (x2=x+bcosθ,y2=y+bsinθ).

On obtient x1dy1=(xacosθ)(dyacosθdθ),x2dy2=(x+bcosθ)(dy+bcosθdθ), d'où bx1dy1+ax2dy2=(a+b)(xdy+abcos2θdθ).

Le mouvement s'effectuant entre 0 et T, on obtient b0Tx1dy1+a0Tx2dy2=(a+b)(0Txdy+ab02nπcos2θdθ), ce qui donne bSA+aSB=(a+b)(SC+nπab) , soit SC=bSA+aSBa+bnπab.

Une élégante démonstration vectorielle se trouve dans [5].

Applications

Aire de l'ellipse

Lorsque les points A et B décrivent deux segments en croix, le point C décrit l'ellipse de paramètres a et b (voir animation ci-dessus). L'ellipse est parcourue dans le sens trigonométrique donc l'aire SC est positive, mais le segment tourne dans l'autre sens, donc n=1. Les deux autres aires sont nulles, on retrouve SC=πab.

On fait tourner la droite d'un tour autour d'un point M du plan ; les courbes CA,CB,CC sont des cercles de centre M, et la relation générale de Holditch divisée par π donne celle de Stewart : MA2.BC+MB2.CA+MC2.AB+AB.BC.CA=0.

Théorème de Mamikon dans un cas particulier

L'aire colorée vaut πa2a est la longueur du segment.


Énoncé

L'aire balayée par un segment [AC] de longueur constante a restant tangent en A à la courbe fermée simple décrite par A vaut πa2.

Le théorème de Mamikon proprement dit s'occupe du cas plus général où le segment n'est plus forcément de longueur constante et où la courbe est quelconque.

Notons que Holditch utilise cette propriété, qu'il doit considérer comme évidente, dans sa démonstration [4]Modèle:,[1].

Démonstration

On part de la relation de Holditch SA.BC+SB.CA+SC.AB+nπ.AB.BC.CA=0 en posant AC=a et BC=b ; on obtient alors SC=aSBbSAab+nπab ; si on suppose que B décrit la même courbe que A et comme n=1 car on ne fait qu'un tour, on obtient SC=SA+πab . Si maintenant l'on fait tendre b vers a, alors B tend vers A en restant sur la courbe décrite par A, et le segment [AC] devient tangent à cette courbe ; on obtient SCSA=πa2, ce que nous voulions.

Application à la tractrice

La courbe décrite par le point C est une courbe équitangentielle de celle décrite par A. Lorsqu'on impose que cette dernière soit rectiligne, la courbe de départ est la tractrice. Pour obtenir une courbe "fermée" on ajoute la symétrique de la tractrice par rapport à son asymptote et l'aire ainsi formée vaut πa2 d'après ce qui précède. L'aire entre la tractrice et son asymptote vaut donc πa2/2.

Aire d'une épitrochoïde ou d'une hypotrochoïde

Un disque de rayon R roule extérieurement, dans le sens trigonométrique, sur un disque de rayon nR ; le segment [AB] considéré ici est un segment lié au disque roulant centré sur le centre de ce disque et de longueur 2l, et on prend a=b=l, de sorte que le point C est le centre du disque mobile. Il est classique que le disque effectue alors n+1 tours autour du disque fixe pour revenir à son point de départ. De plus les points A et B décrivent deux épitrochoïdes identiques à rotation près, donc on peut poser SA=SB=S.

La relation générale de Holditch s'écrit donc π(n+1)2R2=2lS2l(n+1)πl2, ce qui donne S=π(n+1)((n+1)R2+l2).

De la même façon pour une hypotrochoïde, on obtient : S=π(n1)((n1)R2+l2).

Ces formules permettent d'obtenir l'aire de la cardioïde ou de l'astroïde par exemple.

Aire d'une arche de trochoïde

Cette fois le disque roule sur une droite. Après avoir effectué un tour on le ramène au point de départ par mouvement rectiligne. Tous raisonnements faits, la relation de Holditch donne 0=lSl(4πRlS)2lπl2S est l'aire d'une arche limitée par la base. On obtient S=πl(2R+l). Le cas l=R donne l'aire 3πR2 de l'arche de cycloïde.

Aire de courbes associées au système bielle-manivelle

Dans cet exemple, le point traceur est situé au quart de la bielle, donc l'aire délimitée par la courbe rouge vaut un quart de celle du disque.

Ici le point A décrit un cercle de rayon R et le point B a un mouvement rectiligne. Le segment [AB] n'effectue pas de tour sur lui-même, donc n=0 et l'aire SB est nulle. On obtient SC=ba+bπR2 ; il est remarquable que cette aire ne dépend que de la dimension du cercle et de la position du point traceur sur la bielle, pas de la longueur de celle-ci.

Voir à courbe de la bielle de Bérard.

Cas où la droite (ABC) passe par un point fixe O ; aires de conchoïdes

D'une part, la relation de Holditch se démontre simplement à partir de celle de Stewart dans ce cas :Modèle:Démonstration D'autre part, les trois courbes décrites par A,B,C sont des conchoïdes de pôle O les unes par rapport aux autres.

En particulier si AC=CB=a, Les courbes CA et CB sont des conchoïdes de CC de modules respectifs a et a, et la relation de Holditch s'écrit : SA+SB=2(SC+nπa2).

Dans les exemples ci-dessous,

CC

est un cercle de rayon

R

.

Dans la première illustration ci-dessus où le pôle est à l'extérieur du cercle

CC

,

SB|SA|=2πR2

car la droite n'effectue pas de tour sur elle-même et

CA

est parcouru en sens contraire du trigonométrique.

Dans la deuxième illustration où le pôle est à l'intérieur du cercle, SB+SA=2π(R2+a2) car la droite effectue un tour et CA,CB sont parcourues dans le sens trigonométrique.

Dans la troisième illustration, le pôle est sur le cercle, et les deux courbes CA,CB sont identiques, mais le cercle est parcouru deux fois quand la droite (ABC) fait un tour. On obtient donc SA=SB=2πR2+πa2. La conchoïde est dans ce cas un limaçon de Pascal.

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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