Nombre univers

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Un nombre univers est un nombre réel dans les décimales duquel on peut trouver n'importe quelle succession de chiffres de longueur finie, pour une base donnée. Ainsi, si l'on se donne une manière de coder les caractères d'un livre selon une suite de chiffres (ce qui est le cas, par exemple, dans tout format informatique), on trouvera dans un nombre univers tous les livres déjà écrits et à venir, y compris celui de l'histoire de votre vie passée et future.

Mais on ne peut bien sûr pas en tirer une quelconque information : ce serait aussi efficace que de générer une succession aléatoire de lettres et de réessayer jusqu'à obtenir le livre que l'on cherche, et cela suppose de le connaître déjà lettre par lettre.

Définitions

Une suite univers en base dix est une suite de chiffres (de 0 à 9) telle que toute suite finie de chiffres apparait comme sous-suite formée de termes consécutifs (que nous désignerons par le vocable « séquence »).

Un nombre univers en base dix est un réel dont la suite des décimales est une suite univers.

Ces définitions peuvent se donner dans une base quelconque, en particulier en base 2.

Historique

La notion et l'appellation ont été introduites en 1996 par J.P. Delahaye[1]. Ce même auteur a utilisé l'appellation « nombre universel » dans un article de 2018 [2] et un autre de 2022 [3]. Les traductions littérales de l'anglais seraient « nombre riche » ou « nombre disjonctif »[4].

Exemples

  • Le résultat suivant[4] fournit nombre d'exemples de suites univers, et donc de nombres univers : Si (an) est une suite strictement croissante d'entiers >0 telle que liman+1an=1, alors pour tout entier strictement positif m et toute base b, il existe un an dont l'expression dans la base b commence par l'expression de m dans la base b . Par conséquent, la suite obtenue en énumérant successivement les chiffres en base b des an est une suite univers en base b , et fournit en même temps un nombre univers.
    • Pour an=n, on obtient en base dix la constante de Champernowne 0,123456789101112...
    • Pour an=n2, on obtient le nombre 0,1491625364964..., voir la Modèle:OEIS
    • Plus généralement, on peut prendre comme an la partie entière d'une suite polynomiale positive, par exemple an=πn4+18
    • La suite des nombres premiers (pn) vérifie aussi la propriété puisque pnnlnn ; on obtient alors la constante de Copeland-Erdős 0,2357111317192329313741
  • Les nombres donnés en exemples précédemment vérifient une propriété plus forte que celle d'être des nombres univers : ce sont des nombres normaux ; non seulement chaque séquence apparait dans le développement, mais elle apparait une infinité de fois selon une statistique équirépartie.
  • Un exemple de nombre univers en base dix mais qui n'est pas normal est donné par le nombre 0,102030405060708090100011001200...obtenu en intercalant "k" 0 après chaque entier de "k" chiffres : la fréquence des 0 (égale à 1/2+1/20) y est supérieure à celle des autres chiffres (1/20).
  • Si la suite d'entiers (an) vérifie la loi de Benford en toute base, alors de nouveau pour tout entier positif m et toute base b, il existe un an dont l'expression dans la base b commence par l'expression de m dans la base b (la propriété de Benford, plus forte, impliquant que l'entier m a une fréquence d'apparition non nulle comme début d'un élément de (an)) ; Ceci permet d'avoir des exemples de suite (an) fournissant un nombre univers et ne vérifiant pas liman+1an=1, comme :
  • On pense que les constantes irrationnelles qui sont définies par des propriétés ne faisant pas intervenir leurs décimales, comme π, 2 et tous les nombres algébriques irrationnels sont des nombres normaux[6] en toute base, et donc des nombres univers, mais on ne sait le prouver pour aucune[7].
  • Par contre, les nombres transcendants ne sont pas tous des nombres univers, comme par exemple les nombres de Liouville[7].

Propriété de densité

Bien qu'on ne connaisse pas de nombre univers en toute base, on sait que leur ensemble "remplit" l'ensemble des réels, à la fois au sens de la mesure de Lebesgue et au sens de Baire. En effet, son complémentaire est σ-poreux, donc à la fois négligeable et maigre[8].

On obtient donc le paradoxe suivant : presque tout nombre réel est un nombre univers en toute base[9], mais on n'en connait aucun, si l'on ne tient pas compte de nombres « aléatoires » comme le nombre Oméga de Chaitin (qu'on peut définir rigoureusement, mais qu'on ne peut pas calculer)[10].

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Modèle:Palette Modèle:Portail

  1. Modèle:Article
  2. Modèle:Article
  3. 3,0 et 3,1 Modèle:Article
  4. 4,0 et 4,1 Modèle:Article
  5. Modèle:Harvsp (référencé ci-dessous) donne une démonstration, et cite un programme de cinq lignes de Stephan Heilmayr écrit en langage Mathematica qui donne le plus petit exposant de 2 voulu quand on entre la séquence recherchée.
  6. Modèle:En Are the digits of Pi random?
  7. 7,0 et 7,1 Modèle:Ouvrage
  8. Modèle:Article.
  9. En dépit des remarques précécentes, il est facile de construire un ensemble de nombres non univers en base dix en bijection avec l'ensemble des réels : on associe à chaque réel n,a0a1a2... le réel n,a00a10a20..., qui ne contient évidemment pas dans ses décimales la suite "11", par exemple ; mais l'ensemble de ces nombres reste maigre et négligeable.
  10. J.-P. Delayahe, Complexités, Belin, 2006, p. 135.