Absorption et dispersion du son dans l'atmosphère

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Absorption et dispersion du son dans l'atmosphère constituent les mécanismes qui affaiblissent l'énergie transportée par une onde sonore ou déforment celle-ci. Ces mécanismes viennent se superposer à la simple atténuation géométrique liée à la propagation d'une onde non plane, liée à l'augmentation de la surface d'onde associée.

Dans la partie monophasique de l'atmosphère ces effets sont liés aux phénomènes de transport : viscosité et conduction thermique, la diffusion ne jouant qu'un rôle mineur. Les phénomènes de déséquilibre vibrationnel sont importants. La diffusion est au contraire importante dans la partie diphasique (nuages et brouillard) avec le changement de phase eau-vapeur et, là aussi, la conduction thermique.

Composition de l'atmosphère

Fractions volumiques à haute altitude (modèle MSIS-E-90 valide pour une altitude supérieure à Modèle:Unité).

La composition de l'atmosphère est sensiblement constante jusqu'à une altitude voisine de Modèle:Unité, au moins pour les espèces majeures : diazote Modèle:Unité, dioxygène Modèle:Unité, argon Modèle:Unité pour l'air sec. Il faut ajouter une part de vapeur d'eau très variable, que l'on caractérise par l'humidité relative qui est un paramètre du problème :

HR=100pH2Opsat

où  pH2O  est la pression partielle de vapeur d'eau et  psat la pression de vapeur saturante donnée par diverses lois empiriques comme celle de l'International Association for the Properties of Water and Steam[1].

La vapeur d'eau a un effet important dans l'absorption de même que l'ozone et le gaz carbonique, molécules qui n'existent cependant qu'en très faible quantité et n'ont donc au final qu'un effet faible.

À haute altitude azote et oxygène sont dissociés par le rayonnement solaire, l'hélium et l'hydrogène augmentent avec l'altitude (voir figure). On utilise pour les données le modèle MSIS ( Mass Spectrometer and Incoherent Scatter radar) du Naval Research Laboratory[2].

Notations et relations utilisées

On note  i  l'espèce, de masse molaireMi , de fraction volumiquexi  et de fraction massiqueqi . La masse molaire du mélange est  M=ixiMi  et  qi=MiMxi .

L'état de chacune des espèces est caractérisé par les températures suivantes : translation  T , rotation  Tirot=T  et vibration  TivibT .

Les molécules diatomiques sont caractérisées par une seule énergie vibrationnelle caractéristique  Eivib  ou, de manière équivalente, par leur température vibrationnelle caractéristique  Θivib=EvibkB  où  kB  est la constante de Boltzmann. Pour le dioxygène et le diazote ΘO2vib=2061.4K  et  ΘN2vib=3393.5K[3].

L'énergie interne de chaque molécule est la somme des énergies de chaque mode. Ici, compte tenu de l'égalité de l'énergie de rotation et de l'énergie de translation, cette énergie s'écrit en utilisant la distribution de Boltzmann :

E(T,Tivib)=i{Eitrans(T)+Eirot(T)}+iEivib(Tivib)=γγ1RTM+iqiRMiΘivibeu1eu,u=ΘivibTivib>>1γγ1RTM+iqiRMiΘivibeu
R  est la constante universelle des gaz parfaits et  γ  l'indice adiabatique.

On en déduit la capacité thermique isobare :

Cp(T)=iqiCpi(T)=iqiγγ1RMi=γγ1RM

Du second terme de l'équation on déduit la contribution vibrationnelle  CVivib  à la capacité thermique isochore de l'espèce i :

CVivib(Tivib)=RMiE1(u),E1(u)=u2eu(1eu)2u2eu

Propagation du son

L'étude de la propagation des ondes se fait en appliquant les équations de l'acoustique générales (équations de Navier-Stokes linéarisées) en une dimension dans un espace homogène[Note 1] à des perturbations sinusoïdales de chacune des variables, par exemple la pression acoustique

pa=pamaxei(kxωt)

k  est le vecteur d'onde et  ω=2πν  la pulsation.  ν  est la fréquence.

On obtient la relation de dispersionk(ω)  dont on déduit :

  • la vitesse de phasecϕ=ω(k),
  • le coefficient d'absorption  α=(k). Celui-ci donne la variation de l'amplitude de la pression en milieu éventuellement inhomogène en fonction de la distance  x pour une onde plane sinusoïdale
pamax(x)=pamax(x=0)eα(x)x

Absorption thermo-visqueuse

Coefficient d'absorption du son dans l'atmosphère aux pression et température de référence.

Si l'on prend en compte les seuls effets liés à la viscosité et à la conduction thermique la relation de dispersion s'écrit[4]Modèle:,[5]Modèle:, :

kωc0iω22ρ0c03μT,μT=43μ0+η0+(γ1)λ0Cp

ρ0  est la masse volumique,  μ0  est la viscosité dynamique,  η0  la viscosité volumique,  λ0  la conductivité thermique et  μT  le coefficient d'absorption thermovisqueuse.

La vitesse de phase est  c0  et le coefficient d'absorption est donné par la loi de Stokes-Kirschhoff

αSK=μTω22ρ0c03=2π2μTν2γp0c0

où  p0  est la pression.

Tous ces coefficients de transport relatifs à un mélange gazeux sont calculables à partir de diverses approximations[6] et on fait l'objet de relations empiriques[7]. En utilisant ce type d'approximation numérique on trouve l'expression approchée suivante (unités SI)[7] :

αSK=1.84×1011prefp0(TTref)12ν2,pref=1.013×105Pa,Tref=293.16K

La variation du coefficient d'absorption avec le carré de la fréquence fait que seules les faibles fréquences, en particulier les infrasons, sont transportées sur de grandes distances.

Absorption et dispersion vibrationnelle

Les faibles longueurs d'onde sont également absorbées par des mécanismes moléculaire d'échanges vibration-translation et vibration-vibration[8]. Lorsque les temps caractéristiques pour un retour à l'équilibre vibrationnel des molécules d'oxygène ou d'azote sont du même ordre de grandeur que la période de l'onde on observe un phénomène de relaxation résonant. Ce phénomène, parfois baptisé effet Kneser[9], est à l'origine d'une absorption par échanges d'énergie mais également d'une dispersion par un phénomène de retard dû au processus moléculaire. Ces effets sont très sensibles aux échanges avec la vapeur d'eau ou l'ozone.

La loi de dispersion s'écrit à présent[4] :

k2ω2c02+iω3ρ0c04μT+(γ1)ω2c02CpiCVivib1iωτi
τi  est le temps de relaxation vibrationnelle donné, par exemple, par la loi de Landau-Teller. On utilise de façon équivalente une fréquence de relaxation  νi=12πτi.

Absorption

Le coefficient d'absorption déduit de la relation de dispersion vaut :

αvib=π(γ1)c0iCVivibCpν2νiν2+νi2

αvib2πν  est maximum pour  ν=νi.

Les fréquences de relaxation sont données sous forme d'approximation numérique. On obtient (unités SI)[7] :

νO2=p0prefμrefμ0[24(xO2+xN2)e6.16ζ+2400(xO+xN)+4.04×106xH2O0.02e11.2ζ+100xH2O0.391e8.41ζ+100xH2O][0.6em]νN2=p0prefμrefμ0(9e19.9ζ+2.8×104xH2Oe4.172ς)[0.6em]

Et pour le coefficient d'absorption :

αvib=prefp0ν2ζ25(0.01278eΘO2vibTνO2ν2+νO22+0.10688eΘN2vibTνN2ν2+νN22)

où  ζ=(TrefT)131  est choisi comme paramètre d'approximation en référence à la loi de Landau-Teller. La viscosité dynamique  μ0  est donnée par la loi de Sutherland et  μref=μ0(Tref) .

Cet effet est négligeable pour des fréquences supérieures à Modèle:Unité suivant l'humidité relative. En deçà de Modèle:Unité il est prépondérant. Il est donc dominant pour les infrasons. Sa faible valeur est liée à celle du quotient  CVivibCp .

Dispersion

Dispersion vibrationnelle du son dans l'atmosphère aux pression et température de référence.

La vitesse de phase déduite de l'équation de dispersion est donnée par :

c0cϕc0=γ12CpiCVivib1+(ννi)2

Cette quantité caractérise la dispersion du signal, c'est-à-dire sa déformation au cours de la propagation.

Absorption et dispersion par les nuages

Un nuage est typiquement constitué de gouttes d'eau ou de glace. Il est caractérisé par sa tranche d'altitude, son contenu en eau liquide et la distribution statistique des tailles de gouttes[10]. Dans le cas d'une phase liquide il peut être modélisé comme un milieu polydispersé de gouttelettes sphériques d'eau supposées de taille petite devant la longueur d'onde, entourées de vapeur.

La prise de moyenne volumique permet d'écrire les équations du milieu qui sont alors linéarisées pour obtenir un système acoustique sur lequel on applique des perturbations sinusoïdales d'où l'on déduit une relation de dispersion.

Le changement de phase, le déplacement de la particule au passage de l'onde, la convection associée, la diffusion air-vapeur d'eau et les échanges thermiques conduisent à une absorption infrasonore supérieure à l'absorption en milieu monophasique et à une dispersion importante des très basses fréquences Modèle:Unité[11]Modèle:,[12].

Effets de la turbulence

La turbulence liée à la couche limite atmosphérique a pour effet d'introduire une dispersion aléatoire sur le signal transmis. Cet effet s'explique aisément par les fluctuations de vitesse du son liées aux variations temporelles locales. Il est possible de calculer ce bruit moyennant diverses hypothèses restrictives : turbulence homogène et isotrope décrite par la loi de Kolmogorov, longueur d'onde du signal petite devant la plus petite longueur caractéristique de la fluctuation du milieu (le milieu est figé pendant la propagation du signal). Cette longueur caractéristique étant de l'ordre de quelques dizaines de mètres, la théorie ne s'applique pas aux infrasons.

Le calcul d'un rayon acoustique négligeant sa déviation peut être mené en ne prenant en compte que les fluctuations de vitesse et en décomposant le spectre de ces fluctuations en série de Fourier. Il conduit à une valeur efficace de la phaseϕ  du signal donnée par[9] :

ϕ2=ανL12

où  ν  est la fréquence et  L  la distance à la source. La constante  α  est sensiblement proportionnelle à la valeur moyenne du vent.

Un second effet a été constaté expérimentalement : c'est une atténuation du niveau du signal transmis, effet qui a été baptisé « absorption additionnelle » (par rapport aux effets décrits ci-dessus). Cet effet est très difficile à caractériser car très dépendant de la turbulence, elle-même variable avec l'altitude pour des conditions météorologiques données[Note 2]. L'interprétation fait appel à la diffraction de l'onde due aux gradients locaux[13]. Il ne s'agit donc pas d'une absorption au sens propre du terme.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Liens

  • Les données NRLMSISE-00 sont disponibles :

Modèle:Portail


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