Chlorure de bis(cyclopentadiényl)titane(III)
Modèle:Infobox Chimie Le chlorure de bis(cyclopentadiényl)titane(Modèle:III), ou réactif de Nugent-RajanBabu, est un composé organotitane de formule chimique Modèle:Nobr. Il s'agit d'un solide vert qui se dégrade à l'air libre. Ce complexe est utilisé en synthèse organique pour les réductions à un électron. En présence d'un solvant convenable pouvant agir comme donneur à deux électrons, par exemple un éther comme le tétrahydrofurane[1] (THF), le dimère établit un équilibre chimique avec les formes Modèle:Nobr et Modèle:Nobr[2]. Ce sont ces formes particulières qui sont responsables de l'essentiel des propriétés chimiques de ce réactif, raison pour laquelle ce dernier est parfois écrit simplement comme monomère Modèle:Fchim.

Il a été publié pour la première fois en 1955 en 1955 par Geoffrey Wilkinson[3]. On l'obtient couramment en réduisant du dichlorure de titanocène Modèle:Fchim par du zinc[4], du manganèse ou du magnésium[5]. En chimie organique, il est généralement préparé in situ pour être utilisé directement[1].
Réactions
Le chlorure de bis(cyclopentadiényl)titane(Modèle:III) réalise l'ouverture anti-Markovnikov des époxydes pour former un intermédiaire radicalaire en restant tolérant aux alcools et à certains groupes fonctionnels azotés basiques, mais il est sensible aux groupes fonctionnels oxydants tels que les groupes nitro[6]. La suite de la réaction est déterminée par les réactifs ajoutés et les conditions opératoires[7] :
- En présence de donneurs d'atomes d'hydrogène, tels que [[1,4-Cyclohexadiène|Modèle:Nobr]][8], Modèle:Lien Modèle:Fchim[9], eau[10], l'intermédiaire est protoné pour donner un alcool. Cette conversion conduit au régioisomère complémentaire de celui d'une ouverture époxyde utilisant un hydrure métallique ; on connaît en particulier l'utilisation d'aluminohydrure de lithium Modèle:Fchim pour former l'alcool de Markovnikov et en particulier des cyclohexanols axiaux à partir d'Modèle:Lien[11]Modèle:,[12].
- La réaction de l'intermédiaire avec un deuxième équivalent de Modèle:Fchim piège le radical sous la forme d'une espèce alkyl-titane(Modèle:IV) qui peut subir soit une élimination de β-hydrures, soit une déshydratation par élimination des β-alcoolates ; dans les deux cas, on obtient un alcène[6]Modèle:,[7]Modèle:,[13].
- L'intermédiaire radicalaire peut également être piégé de manière intramoléculaire lorsqu'un fragment accepteur approprié, tel qu'un alcène, un alcyne, un carbonyleModèle:Etc., est présent dans l'époxyde. La synthèse de produits naturels avec des systèmes polycycliques a tiré parti de cette approche[13]. Le piégeage intermoléculaire des acrylates et des acrylonitriles avec des radicaux dérivés d'époxydes est possible[14], ainsi que des variantes à liaisons intra-intermoléculaires[15].
- Une autre voie intercepte l'intermédiaire radicalaire avec une catalyse au nickel et facilite le couplage croisé énantiosélectif d'époxydes ouverts avec des électrophiles de type halogénure et pseudohalogénure[16].

Le monomère Modèle:Fchim est une espèce à Modèle:Unité qui agit comme acide de Lewis et se lie par conséquent aux époxydes et aux composés carbonylés[17]. Le complexe transfère un électron unique au substrat coordonné en générant un radical alkyle avec un atome d'oxygène lié au Modèle:Nobr. Cette réaction est favorisée par la force de la liaison Modèle:Nobr ainsi que par le relâchement de la contrainte du cycle dans le cas des époxydes[18].
Applications
Ce réactif a permis la synthèse de plus d'une vingtaine de produits naturels[6]Modèle:,[13]Modèle:,[19]. Le cératopicanol est un sesquiterpène naturel dont le squelette carboné est incorporé à la structure de l'anislactone A et de la Modèle:Lien[7]Modèle:,[13]. Le noyau cératopicanol est obtenu par ouverture régiosélective de l'époxyde et cyclisation radicalaire 5-exo[13]Modèle:,[20]. L'ajout d'un sel de chlorhydrate à la réaction facilite la libération de l'intermédiaire de titane(Modèle:IV) lié à l'oxygène, ce qui permet de recycler le réactif[21].

La pervenche de Madagascar Catharanthus roseus L. est la source d'un certain nombre de produits naturels importants, dont la Modèle:Lien, la vindoline[22] et les vinca-alcaloïdes produits à partir de celles-ci : la leurosine, ainsi que la vinblastine et la vincristine, utilisées en chimiothérapie, qui peuvent tous être obtenus à partir de la plante[7]Modèle:,[23]Modèle:,[24]Modèle:,[25]. La vinorelbine est ainsi obtenue par hémisynthèse pour traiter le cancer bronchique non à petites cellules[24]Modèle:,[26] et n'a pas été observée dans le milieu naturel. Il est cependant possible de la préparer soit à partir de vindoline et de catharanthine[24]Modèle:,[27] soit à partir de leurosine[28], en passant dans les deux cas par l'anhydrovinblastine[24]. La méthode par la leurosine utilise le réactif de Nugent-RajanBabu pour réaliser une désoxygénation de la leurosine hautement chimiosélective[13]Modèle:,[28]. L'anhydrovinblastine est ensuite mise à réagir séquentiellement avec du [[N-Bromosuccinimide|Modèle:Nobr]] et de l'acide trifluoroacétique Modèle:Fchim suivi de tétrafluoroborate d'argent Modèle:Fchim pour donner la vinorelbine[27].

Par ailleurs, les cétones cycliques et benzyliques sont réduites en leur alcool respectif[29].
Le chlorure de bis(cyclopentadiényl)titane(Modèle:III) agit également sur le couplage pinacolique[30]Modèle:,[31] et la réaction de McMurry[32] des aldéhydes et des cétones. Une réaction de Barbier est observée entre les aldéhydes ou les cétones et les électrophiles allyliques dans des conditions catalytiques[33]. Le mécanisme proposé implique la génération médiée par le titane(Modèle:III) d'un radical allylique qui intercepte un carbonyle coordonné au titane(Modèle:III). Une autre application implique la réduction monoélectronique d'énones pour générer des radicaux allyliques qui peuvent subir un piégeage intermoléculaire avec des acrylonitriles pour donner des adduits de Michael[34]. Les alcools benzyliques et allyliques peuvent être désoxygénés dans des conditions douces à l'aide de Modèle:Fchim en excès stœchiométrique, mais l'application de ces réactions pour les alcools aliphatiques reste limitée[32].
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ 6,0 6,1 et 6,2 Modèle:Article
- ↑ 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
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- ↑ 13,0 13,1 13,2 13,3 13,4 et 13,5 Modèle:Article
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- ↑ Modèle:En Raymond Cooper et Jeffrey John Deakin, « Africa's gift to the world », Botanical Miracles: Chemistry of Plants That Changed the World, CRC Press, 2016, Modèle:P.. Modèle:ISBN
- ↑ 24,0 24,1 24,2 et 24,3 Modèle:Article
- ↑ Modèle:En Enrique Raviña, « Vinca alkaloids », The evolution of drug discovery: From traditional medicines to modern drugs, John Wiley & Sons, 2011, Modèle:P.. Modèle:ISBN
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- ↑ 27,0 et 27,1 Modèle:Article
- ↑ 28,0 et 28,1 Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
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- ↑ 32,0 et 32,1 Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article
