Groupe de Prüfer

En mathématiques, et plus particulièrement en théorie des groupes, on appelle p-groupe de Prüfer, ou encore groupe p-quasi-cyclique[1], pour un nombre premier p donné, tout groupe isomorphe au groupe multiplicatif
formé par les racines complexes de l'unité dont les ordres sont des puissances de p.
C'est donc un p-groupe abélien dénombrable.
Les p-groupes de Prüfer étant isomorphes entre eux, on parle volontiers « du » p-groupe de Prüfer, sans en préciser un en particulier. Nous dirons qu'un groupe G est un groupe de Prüfer s'il existe un nombre premier p tel que G soit un p-groupe de Prüfer.
Les p-groupes de Prüfer sont ainsi nommés en l'honneur du mathématicien Heinz Prüfer.
Définitions équivalentes
Soient p un nombre premier et G un groupe. Chacune des cinq propriétés suivantes équivaut à ce que G soit un p-groupe de Prüfer (et chacune de ces propriétés peut donc servir de définition aux p-groupes de Prüfer) :
a) G est isomorphe au quotient où désigne le sous-groupe de (Q, +) formé par les nombres de la forme , avec .
- Justification. L'homomorphisme est surjectif et admet pour noyau.
b) G est isomorphe à un quotient F/R, où F est un groupe abélien libre (c'est-à-dire un Z-module libre) admettant une base infinie dénombrable et R le sous-groupe de F engendré par [3].
c) G admet une présentation
- Justification. Soient L un groupe libre (non abélien) admettant une base infinie dénombrable et S le sous-groupe normal de L engendré par . Pour tout nombre naturel i, soit l'image canonique de dans L/S. Il est clair que, sur deux , il y en a toujours un qui est puissance de l'autre, donc les commutent entre eux. Puisqu'ils engendrent L/S, L/S est donc abélien, autrement dit S contient le groupe dérivé D(L) de L. Dès lors, d'après le troisième théorème d'isomorphisme, L/S est isomorphe à (L/D(L))/(S/D(L)). Or L/D(L) est un groupe abélien libre (comme groupe abélien) admettant comme base les images dans L/D(L) des éléments , et S/D(L) est le sous-groupe de L/D(L) engendré par . On conclut à l'aide du point b).
d) G admet une famille génératrice telle que , et pour tout [4].
e) G est réunion d'une suite ascendante infinie où, pour chaque indice n, Cn est un groupe cyclique d'ordre pn[5].
Propriétés diverses
- Tout sous-groupe propre d'un groupe de Prüfer est cyclique et, en particulier, fini (par sous-groupe propre d'un groupe G, on entend ici un sous-groupe de G distinct de G, et par groupe cyclique, on entend ici groupe monogène fini). Pour tout nombre naturel n, le p-groupe de Prüfer admet un et un seul sous-groupe d'ordre pn. L'ensemble des sous-groupes d'un groupe de Prüfer est bien ordonné par inclusion. Cet ensemble ordonné n'est pas noethérien[6].
- Le p-groupe de Prüfer est le seul p-groupe abélien infini dont tous les sous-groupes propres sont cycliques.
- Les groupes de Prüfer sont les seuls groupes abéliens infinis dont tous les sous-groupes propres sont finis.
- Un groupe abélien infini G est un groupe de Prüfer si et seulement s'il est isomorphe à G/H pour tout sous-groupe propre H de G[7].
Les groupes de Prüfer sont divisibles. Leur importance vient du théorème suivant : Modèle:Énoncé Par exemple, le groupe additif Q/Z est somme directe de ses sous-groupes de Sylow, qui ne sont autres que les groupes de Prüfer (pour chaque nombre premier).
Notes et références
- ↑ Les deux appellations « p-groupe de Prüfer » et « groupe p-quasi-cyclique » sont indiquées par Modèle:Ouvrage, ch. IV, exerc. 34, p. 172.
- ↑ La notation est conforme à Modèle:Harvsp. Dans S. Lang, Algèbre, Paris, Dunod, 2004, p. 53, le symbole est .
- ↑ Pour l'équivalence entre cette propriété et la définition donnée dans le présent article, voir Modèle:Rotman1, Modèle:4e éd., 1995, théor. 10.13, p. 314, et exerc. 10.5, iv, p. 317.
- ↑ Pour une démonstration, voir par exemple Modèle:Harvsp, en notant que si G possède la propriété c), les an commutent, donc G est abélien.
- ↑ Pour une démonstration, voir par exemple B. Baumslag et B. Chandler, Group Theory, Mc-Graw Hill, 1968, théor. 6.31, p. 206.
- ↑ Pour les propriétés énoncées dans cet alinéa, voir par exemple Modèle:Harvsp.
- ↑ Pour une preuve qu'un groupe de Prüfer est isomorphe à tous ses quotients par des sous-groupes propres, voir Modèle:Harvsp. Pour la réciproque, voir Modèle:Harvsp.