Modèle de Drude

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Modèle:Voir homonymes Le modèle de Drude (du nom du physicien Paul Drude), parfois appelé modèle de l'électron amorti, est une adaptation effectuée en 1900 de la théorie cinétique des gaz aux électrons des métaux (découverts 3 ans plus tôt, en 1897 par J.J. Thomson). En considérant les électrons d'un métal comme des particules classiques ponctuelles confinées à l'intérieur du volume défini par l'ensemble des atomes de l'échantillon, on obtient un gaz qui est entraîné dans un mouvement d'ensemble (lequel se superpose aux mouvements individuels des particules) par des champs électriques et magnétiques et freiné dans ce mouvement par des collisions. Les collisions envisagées par Drude sont les collisions sur les cœurs d'atomes. Bien que se basant sur des hypothèses démenties depuis (description purement classique du mouvement des électrons), il permet de rendre compte de plusieurs propriétés des métaux comme la conductivité électrique, la conductivité thermique et l'effet Hall.

Approche électrocinétique

Énoncé du modèle

Supposons que la conduction électrique soit le fait uniquement d'électrons. Ce sont des porteurs de charge q = -e et de masse mModèle:Ind :

Alors, d'un point de vue dynamique, l'électron obéit à la loi suivante :

medvdt=FvΓv

C'est une équation différentielle linéaire d'ordre un.

Notons que ceci reste vrai pour d'autres types de porteurs de charge, comme les trous d'électrons dans un cristal ou bien les ions dans une solution saline.

Constante de temps et vitesse limite

Supposons que l'électron ait une vitesse initiale vModèle:IndModèle:Ind, et que le champ électrique soit uniforme et constant, EModèle:Ind. Alors, la résolution de l'équation différentielle ci-dessus mène à :

v(t)=v0etτ+(1etτ)qΓE0

  • τ=meΓ est la constante de temps, caractéristique d'amortissement du système ;
  • vl=qΓE0 est la vitesse limite vers laquelle tend l'électron.

Conductivité électronique

On peut relier le coefficient de frottement à la densité volumique d'électrons NModèle:Ind et à la conductivité électronique σModèle:Ind :

Γ=Nee2σ0

On peut de même déduire la constante de temps :

τ=σ0meNee2

Ordre de grandeur

Pour le cuivre pur (σModèle:Ind = Modèle:Unité), on suppose que l'on a un électron de conduction par atome, soit avec la masse volumique ρModèle:Ind = Modèle:Nb, la masse molaire M = Modèle:Unité et le nombre d'Avogadro NModèle:Ind = Modèle:Unité, on a :

NModèle:Ind = ρModèle:IndNModèle:Ind/M = Modèle:Unité

et donc

τ ≃ Modèle:Unité

Cas d'un champ électrique sinusoïdal

Si les vitesses sont lentes devant la vitesse de la lumière (cas non-relativiste), alors l'effet du champ magnétique est négligeable devant celui du champ électrique. On a donc :

FvqE

et l'équation dynamique devient :

medvdt+Γv=qE.

Si le champ électrique est sinusoïdal

E(t)=sin(ωt)E0

alors la solution de l'équation différentielle est, en écriture complexe :

v_(t)=qΓ+iωmeE(t).

Modèle:Loupe

On a alors une conductivité électrique complexe dépendant de la pulsation (donc de la fréquence) :

σ_(ω)=σ011+iωτ

Hypothèses préliminaires

Le modèle repose sur les hypothèses suivantes :

  • Le système est assimilé à un ensemble de n électrons de charge -e par unité de volume, placés dans un milieu de particules ponctuelles de masse m sans interaction entre elles.
  • On peut décrire classiquement les électrons.
  • Les électrons subissent des collisions. La probabilité de subir une collision entre t et t + dt est donnée par dtτ, où τ est le temps moyen entre deux collisions consécutives, appelé également le temps de relaxation.

Les collisions auxquelles sont soumis les électrons étaient aux yeux de Drude les collisions avec les noyaux atomiques du réseau cristallin. En réalité, il s'agit de ce que l'on appelle des collisions entre électrons et phonons.

La présence des collisions a pour conséquence une force de frottement visqueux de la forme 𝐩τp est la quantité de mouvement de l'électron.

On a alors, en appliquant la loi d'Ohm

𝐣=σ𝐄,

l'expression de la conductivité :

σ=ne2τm.

Conductivité du courant continu

On considère que les électrons sont accélérés uniformément par le champ électrique E durant un intervalle de temps entre deux collisions. À la fin de ce laps de temps, à la suite de la collision, ils sont statistiquement relaxés dans leur état cinétique initial.

À tout instant, chaque iModèle:E électron a donc une vitesse vModèle:Ind qui s'écrit

vi=v0i+(eEtime)

vModèle:Ind> est la vitesse initiale de l'électron i à l'issue du dernier choc et tModèle:Ind la durée écoulée depuis celui-ci. La vitesse moyenne (au sens de la moyenne d'ensemble) qui décrit les électrons est :

vstat=vistat=v0istat+eEtimestat

Comme v0istat=0 (hypothèse de chocs parfaitement aléatoires avec vitesses finales résultantes réparties autour d'une moyenne nulle) et tistat=τ (hypothèse ergodique) on obtient la formule

vstat=vistat=eEτme.

On en déduit l'expression de la densité de courant électrique de conduction

j=(ne)vstat=ne2Eτme

et celle de la conductivité

σ0=ne2τme.

On peut faire apparaître la fréquence plasma ωp en écrivant :

σ0=(τε0)ωp2

Conductivité en courant alternatif

Relations entre la constante diélectrique et la conductivité

Pour calculer la conductivité dans un champ électromagnétique, nous partons des équations de Maxwell, nommément

Loi Expression mathématique
« Loi de Coulomb » D=ρ
« Loi d'Ampère » HDt=J
« Loi de Faraday » E+Bt=0
« Absence de monopôles magnétiques » B=0

De ces équations nous tirons la relation entre la conductivité σ et la constante diélectrique ε :

ε(ω2c2)k2=iωμ0σ

Calcul de la conductivité

Si nous décrivons le gaz d'électrons par sa matrice densité ρ(P, Q), celle-ci vérifie l'équation d'évolution :

dtρ(P,Q)P={H,ρP}Q,P+Σ+Σ

{}P,Q représente le crochet de Poisson et Σ+,Σ les termes de source et de destruction. Posons maintenant que l'hamiltonien H = HModèle:Ind + HModèle:Ind et que ρ = ρModèle:Ind + ρModèle:Ind, où HModèle:Ind et ρModèle:Ind représentent des termes perturbatifs. L'équation initiale se réécrit alors sous la forme :

dtρ(P,Q)Pα={H0,ρ1P}Q,P+{H1,ρ0Pα}Q,Pρ1Pατ

En remarquant l'indépendance de ρModèle:IndPModèle:Ind de ρModèle:IndPModèle:Ind et de HModèle:Ind par rapport à QModèle:Ind (homogénéité de la distribution des charges et invariance spatiale du hamiltonien non perturbé), il vient que la solution au premier ordre de la distribution perturbée s'écrit :

(iω+1τ)ρ1Pα=(ikβxα+δαβ)eEα(ρ0Pβ)

En posant l'approximation des grandes longueurs d'onde (et donc k petit), on trouve la forme de la conductivité :

σ=ε0τωp2iωτ+1

Conductivité thermique d'un métal

Il convient de doubler l'équation de transport du courant (c’est-à-dire de transport des particules) par une équation de transport de la chaleur :

jq=κT

on obtient alors que le rapport κσ des conductivités thermique et électrique est directement proportionnel à la température, le coefficient de proportionnalité étant désigné par le nombre de Lorenz :

L=κσT=32(kbe)2

Cette loi de proportionnalité est connue sous le nom de loi de Wiedemann et Franz.

Le résultat numérique indiqué ci-dessus vaut à peu près la moitié des valeurs obtenues expérimentalement. L'utilisation de la théorie du transport et du modèle quantique permet d'accéder à une valeur plus proche de la réalité pour le rapport κσT (c'est-à-dire le nombre de Lorenz), la valeur obtenue étant alors :

L=κσT=π23(kbe)2

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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