Noms des grands nombres

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Modèle:Voir homonymes Les noms des grands nombres sont des systèmes de dérivation lexicale qui permettent de nommer des nombres au-delà du langage courant.

Dans les langues occidentales modernes, les grands nombres sont généralement nommés d'après l'un ou l'autre des deux systèmes incompatibles suivants : les échelles longue et courte. Ces deux systèmes définissent différemment les mots « billion », « trillion », « quadrillion »Modèle:Etc. L'échelle longue définit aussi les noms « billiard », « trilliard », « quadrilliard »Modèle:, etc. L'usage a souvent varié, même dans un pays donné, suivant les époques. De nos jours, le français de France emploie en principe l'échelle longue quand l'anglais des États-Unis emploie l'échelle courte.

De nombreux systèmes de nommage ont été proposés pour prolonger ces échelles au-delà des noms conventionnellement admis. Par ailleurs, quelques noms ont également été inventés pour des nombres très grands ; par exemple, en mathématiques, le nombre Modèle:Nb est baptisé « gogol » et le nombre 10Modèle:Exp est nommé « gogolplex » ; en anglais, le nom humoristique « Modèle:Langue » désigne de façon vague un très grand nombre.

Quelques grands nombres ont un intérêt pour l'être humain et sont d'un usage relativement courant jusqu'au trillion[alpha 1]. Au-delà, les noms de grands nombres ne sont pratiquement jamais employés. Un nombre supérieur au nombre d'atomes dans l'Univers observable, estimé autour de 10Modèle:Exp, n'a guère de réalité physique. Les calculatrices programmables n'affichent souvent de résultat que jusqu'au plafond de 10Modèle:Exp.

Quand il faut néanmoins désigner un très grand nombre, les scientifiques préfèrent la notation scientifique Modèle:Incise et disent par exemple « dix puissance cinquante-et-un » pour désigner le nombre Modèle:Nb.

Usage courant des grands nombres

Modèle:Article connexe Modèle:Section rédaction à revoir Modèle:Section à sourcer

Billet d'un milliard de b.-pengő de 1946, imprimé mais jamais diffusé.
Billet de banque de cent billions de dollar du Zimbabwe (Modèle:Nb) imprimés en 2009. La mention « one hundred trillion dollars » correspond à l'usage de l'échelle courte en anglais.

Mille fois mille fait un million et mille fois un million fait un milliard (en échelle longue), mais on peut aussi bien dire « mille millions ». Le terme « milliard » (Milliarde en allemand, millardo en espagnol, milyar en turc, миллиард en russe, Modèle:Lang  milyar en arabe...) est courant dans l'usage international, particulièrement dans les discussions du monde de la finance, et ne prête pas à confusion.

Les anglophones (plus particulièrement les Américains) n'utilisant cependant pas le milliard, mille fois un million fait déjà pour eux un « billion », qui marque le début de l'échelle courte. Dans un cas comme dans l'autre, le « billion » marque l'entrée dans le territoire des grands nombres artificiels, où l'usage devient hésitant.

L'usage courant ne dépasse guère le milliard : « la population mondiale est prévue à 7,3 milliards d'humains en 2015 selon les Nations unies » ; « le PIB mondial est estimé entre 72 et 75 mille milliards de dollars en 2013 ». Dans le registre courant (dans la presse, par exemple), l'habitude est plutôt d'utiliser des combinaisons, par exemple un « milliard de milliards » à la place d'un trillion.

Les termes supérieurs de billion ou trillion peuvent se rencontrer, mais dans des contextes exceptionnels. L'exemple le plus évident est celui de l'hyperinflation, où la valeur faciale nécessaire aux échanges commerciaux courants peut dépasser le million. La valeur faciale la plus grande à avoir été imprimée a théoriquement été le billet de Modèle:Nb (un trilliard) de pengő, mais elle l'a été sous forme d'un milliard (Modèle:Nb) de b.-pengő (billion de pengő, soit Modèle:Nb), le b.-pengő étant donc considéré comme une unité monétaire en soi. En 2009, le Zimbabwe a en outre imprimé un billet de Modèle:Nobr (Modèle:Nb) de dollars du Zimbabwe[1], qui au moment de leur impression ne valait que Modèle:Nobr[2].

Quand c'est une quantité physique qui doit être désignée, ce sont les préfixes du Système international qui sont préférentiellement utilisés. Il est plus facile de comprendre « une femtoseconde » que « un billiardième de seconde ». Ces préfixes peuvent également s'appliquer aux unités monétaires[alpha 2]. On peut ainsi exprimer des achats importants en k€ (kiloeuros, ou milliers d'euros), les budgets d'une grande ville en M€ (mégaeuros, pour millions d'euros) ou G€ (gigaeuros, à préférer à l'abréviation Md€ qui n'a pas d'existence officielle). Le PIB mondial est ainsi de l'ordre de Modèle:Nb (téradollars, Modèle:Nb) et la dette publique de la France est de l'ordre de Modèle:Nb en 2013.

Dans l'usage scientifique, les grands nombres sont exprimés avec la notation scientifique. Dans cette notation, qui existe depuis les années 1800, les grands nombres sont exprimés par un 10 et un nombre en exposant. On dira par exemple : « L'émission en rayons X de cette radio-galaxie est de Modèle:Nb[alpha 3] ». Le nombre Modèle:Nb se lit simplement « dix puissance quarante-cinq » : plus parlant qu'un septilliard (en échelle longue, ou « quattuordécillion » en échelle courte), qui présentent de plus l'inconvénient de signifier deux choses différentes, suivant que la convention utilisée est l'échelle longue ou courte.

Même pour des mesures scientifiques extrêmes, il n'est pas nécessaire de disposer de très grands nombres. Ainsi, si l'on exprime l'âge de l'Univers (Modèle:Nb - de l'ordre d'un demi-trillion de secondes) en prenant comme unité le temps de Planck (Modèle:Nb - de l'ordre de cinquante septilliardièmes de seconde), on ne trouve « que » Modèle:Nb, soit huit décillions.

Ce n'est donc pas pour leur utilité pratique que les grands nombres sont nommés, mais ils ont de tout temps fasciné ceux qui se sont penchés sur eux en essayant d'appréhender ce que « grand nombre » pouvait signifier.

Famille des -llions

Système de Nicolas Chuquet

En 1475, le mathématicien français Modèle:Lien décrivit bymillion et trimillion dans ce qui semble être la description d'un boulier, leur donnant leur usage moderne (suivant l'échelle longue) de Modèle:Nb et Modèle:Nb, dans son manuscrit en français médiéval Traicté en arismetique pour la practique par gectouers[3]Modèle:,[4]Modèle:,[5].

Modèle:Citation bloc

Page sur laquelle Chuquet fit la première description d'une méthode de dénomination pour zillions.

Peu après, Nicolas Chuquet écrivit en 1484 un livre, Triparty en la science des nombres[6]Modèle:,[7]Modèle:,[8], où l'on trouve le premier exposé de l'usage moderne de grouper les grands nombres par paquets de six chiffres, qu'il séparait par des « virgules supérieures » (les noms employés par Chuquet ne sont pas tout à fait les noms modernes). Modèle:Citation bloc Cependant, l'ouvrage de Chuquet ne fut pas publié de son vivant. Une bonne partie en fut copiée par Estienne de La Roche dans un ouvrage qu'il publia en 1520, L'arismetique[6].

C'est à Chuquet que l'on attribue l'invention du système, mais les premiers termes existaient donc avant lui :

  • les mots bymillion et trimillion apparaissent en 1475 dans le manuscrit de Jehan Adam ;
  • le terme million existait avant Adam et Chuquet. C'est un mot d'origine probablement italienne, millione, forme intensifiée du mot mille : un million est étymologiquement un gros millier, rappelant les unités de second ordre d'Archimède ;
  • la manière dont Adam et Chuquet présentent ces termes suggère qu'ils décrivent un usage préexistant, plutôt qu'une invention personnelle. Il est probable que des termes comme billion et trillion étaient déjà connus à cette époque, mais que Chuquet (expert dans l'art de manier les exposants) en a généralisé le système, inventant les noms correspondant aux puissances plus élevées.

Cette description est celle qui correspond au système dit de l'échelle longue, où les préfixes correspondent aux puissances du million. Le bymillion de Adam (byllion pour Chuquet) correspond donc à Modèle:Nb, et le trimillion / tryllion vaut Modèle:Nb.

Chuquet ne précisa que les dix premiers préfixes ; l'extension de son système aux nombres supérieurs a toujours provoqué des variantes dans les solutions retenues pour adapter les noms latins au suffixe -llion.

Formation des noms en -llion et en -lliard

Le système de Nicolas Chuquet accole un préfixe bi-, tri-Modèle:, etc. au suffixe -llion (originellement -million), pour former les noms d'unité successifs au-delà du million. Dans le système originel, dit échelle longue, chaque unité vaut un million de fois (Modèle:Nb) l'unité précédente. Ainsi un trillion est la puissance troisième du million.

Dans l'échelle longue, on nomme également les puissances de mille intermédiaires avec le suffixe -illiard, sur le modèle des noms en -illions : un X-illiard vaut mille X-illions. Cet ajout ultérieur au système de Chuquet n'est pas indispensable : l'usage britannique traditionnel (supplanté depuis le Modèle:S- par l'usage américain de l'échelle courte) se contente de dire, par exemple, deux mille billions plutôt que deux billiards.

Modèle:Ancre Modèle:Ancre

Formation des termes en -llion et -lliard jusqu'au rang 10
Rang Puissance du million Mille fois la puissance du million
Nom Valeur Nom Valeur
1 million Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb milliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
2 billion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb billiard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
3 trillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb trilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
4 quadrillion[alpha 4] Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb quadrilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
5 quintillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb quintilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
6 sextillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb sextilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
7 septillion Modèle:NbModèle:Exp =Modèle:Nb septilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
8 octillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb octilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
9 nonillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb nonilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb
10 décillion Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb décilliard Modèle:NbModèle:Exp = Modèle:Nb

En échelle longue, ces dix unités permettent de compter jusqu'à Modèle:Nb (exclu), ce qui suffit largement aux usages physiques normaux. Un prolongement est recommandé en 1948 à l'occasion de la neuvième Conférence générale des poids et mesures, mais l'idée est restée sans suite car les préfixes du Système international d'unités sont plus commodes et évitent un arbitrage entre échelles longue et courte.

De nos jours, sous l'influence américaine, les pays anglo-saxons tendent à réinterpréter ces noms selon un système incompatible et moins régulier, l'échelle courte, où un « Modèle:Langue » vaut un milliard (Modèle:Nb) et un « Modèle:Langue » vaut un billion (Modèle:Nb). Au contraire, en France, un décret de 1961[9] rétablit officiellement l'usage de l'échelle longue. Modèle:Article détaillé

Les noms et leur orthographe n'ont pas toujours été stabilisés. Sous la plume de Chuquet, on trouve bymilion/byllion, trimillion/tryllion, quadrillion, quillion, sixlion… Au Modèle:S-, Jacques Peletier du Mans (qui lui-même attribue cet usage à Guillaume Budé) écrit milliart pour signifier un million de millions (Modèle:Nb) ; au Modèle:S-, la valeur du milliard est réduite à mille millionsModèle:Note. Plus récemment, le décret français de 1961 introduit l'orthographe quatrillion au lieu du traditionnel quadrillion sans que l'on puisse savoir si c'est un changement délibéré ou une coquille.

Système de Conway, Guy et Wechsler

Nicolas Chuquet n'a pas précisé de noms au-delà du rang 10. John Horton Conway, Richard Guy et Allan Wechsler[10] proposent (en anglais) une extension pour les rangs supérieurs. Pour les rangs jusqu'à 10, leur nomenclature reprend les noms de Chuquet, largement conventionnels. Pour les rangs de 10 à 999, ils proposent un système de dérivation systématique du nom qui s'efforce d'imiter le nom en langue latine du rang correspondant.

La méthode pour nommer le rang consiste à accoler jusqu'à trois radicaux indiquant respectivement son chiffre des unités, son chiffre des dizaines et son chiffre des centaines. Les chiffres sont ainsi énoncés dans l'ordre contraire du français. Quand un chiffre vaut zéro, on omet le radical correspondant. Par exemple, avec cette construction, un 421-illion (soit Modèle:NbModèle:Exposant selon l'échelle longue) s'appelle un unvigintiquadringentillion.

Les radicaux à combiner sont donnés dans le tableau ci-dessous (les tirets ne font pas partie du nom de nombre).

Radicaux du système de Conway, Guy et Wechsler pour la langue anglaise
Chiffre 1 ≤ rang < 10 10 ≤ rang < Modèle:Nb
Unité Dizaine Centaine
1 mi- un- n deci- nx centi-
2 bi- duo- ms viginti- n ducenti-
3 tri- tre- s ns triginta- ns trecenti-
4 quadri- quattuor- ns quadraginta- ns quadringenti-
5 quinti- quinqua- ns quinquaginta- ns quingenti-
6 sexti- se- sx n sexaginta- n sescenti-
7 septi- septe- mn n septuaginta- n septingenti-
8 octi- octo- mx octoginta- mx octingenti-
9 noni- nove- mn nonaginta- nongenti-

Des consonnes de liaison s'insèrent entre certaines paires de radicaux : on insère une lettre s (respectivement x, m, n) entre un radical suivi dans ce tableau de l'exposant s (respectivement x, m, n) et un radical précédé par ce même exposant. Le radical tre- prend également une lettre s devant un radical indiqué par x. Ainsi :

  • 103 = trescenti (à ne pas confondre avec 300 = trecenti) et 303 = trestrecenti ;
  • 106 = sexcenti (à ne pas confondre avec 600 = sescenti) et 306 = sestrecenti ;
  • 87 = septemoctoginta et 107 = septencenti ;
  • 89 = novemoctoginta et 109 = novencenti.

De plus, les dizaines à partir de la troisième dizaine se terminent par un a lorsqu'elles sont suivies d'une centaine (par exemple le 130-illion se dit Modèle:Langue, le 861-illion se dit Modèle:Langue) mais par un i lorsqu'elles sont immédiatement suivies du suffixe -llion (par exemple le 30-illion se dit Modèle:Langue, le 61-illion se dit Modèle:Langue).

Pour les rangs jusqu'à 20, la nomenclature systématique de Conway, Guy et Wechsler diffère légèrement de certains noms ad hoc souvent donnés par les dictionnaires de langue anglaise. Selon Olivier Miakinen, ces différences sont justifiées par une plus grande conformité à la langue latine, à l'exception de Modèle:Langue qui ne trouverait sa justification ni en latin, ni en anglais, et devrait se nommer Modèle:Langue ; ainsi la racine quinqua- devrait plutôt être quin- (mais quinquaginta- serait inchangée)[11].

Différences entre les noms anglais « usuels » et le système de Conway, Guy et Wechsler
Rang Dictionnaires d'anglais[12] Conway, Guy et Wechsler
10 Modèle:Langue
11 Modèle:Langue
12 Modèle:Langue
13 Modèle:Langue
14 Modèle:Langue
15 Modèle:Langue Modèle:Langue
16 Modèle:Langue Modèle:Langue
17 Modèle:Langue
18 Modèle:Langue
19 Modèle:Langue Modèle:Langue
20 Modèle:Langue
100 Modèle:Langue

Conway, Guy et Wechsler ont formulé leur système pour la langue anglaise. Certains auteurs[13]Modèle:,[11] proposent de l'adapter au français simplement :

  • en ajoutant un accent aigu sur certains radicaux (déci-, tré-, sé-, septé-, nové-, si non suivis d'une consonne de liaison) ;
  • et optionnellement en remplaçant le quadrillion de Chuquet par quatrillion, si l'on veut se conformer au décret français de 1961 (voir plus haut) en dépit de l'usage établi.

Extension à des entiers arbitrairement grands

Dans le même livre, les auteurs proposent de construire comme suit le radical latin pour un rang N supérieur ou égal à mille.

  1. Regrouper les chiffres de N par blocs de trois ;
  2. Utiliser le codage précédent pour chacun des blocs de trois chiffres, ou ni si les trois chiffres sont nuls ;
  3. Intercaler lli entre chaque bloc ainsi obtenu.

Ainsi, avec cette méthode, un (Modèle:Nb)-llion s'appelle un trillinilliduocentillion (tri-lli-ni-lli-duo-centi-lli-on).

Ce système permet de nommer n'importe quel nombre entier, aussi grand soit-il.

Système d'Archimède

Myriade et ordres de numération

Savoir nommer les nombres à un chiffre, de un à neuf, ne permet pas de nommer la dizaine, premier nombre à deux chiffres. Au premier ordre, les nombres des dizaines sont généralement de forme irrégulière, mais par exemple réguliers en chinois où l'on dit simplement « dix, deux-dix, trois-dix... neuf-dix ». Il suffit (en théorie) d'une seule nouvelle unité pour doubler le nombre de chiffres des nombres exprimables.

Savoir nommer les nombres à deux chiffres ne permet pas de nommer la centaine, premier nombre à trois chiffres. Ici encore, une nouvelle unité, « cent », doit être introduite au deuxième ordre pour nommer la suite. L'unité suivante dans le langage courant, « mille », est en réalité inutile, puisque le nombre de centaines peut être énoncé par un nombre à deux chiffres. De fait, il est courant de dire « dix-sept cent quatre-vingt neuf » pour 1789. L'unité « cent » permet en réalité de nommer tous les nombres à quatre chiffres, mais ne permet pas de nommer dix-mille.

De nombreux langages ont un nom distinct pour nommer Modèle:Nombre. Les Chinois disposent de Modèle:Z (ou Modèle:Z), les Grecs disposaient de μυριάς qui donne en français la myriade, de même sens. De même que précédemment, la myriade est une unité de troisième ordre, qui permet de nommer tous les nombres de huit chiffres, ce qui épuise les besoins quotidiens.

Dans ce système à myriade, les chiffres d'un nombre sont regroupés suivant une hiérarchie binaire. Il n'est besoin d'une unité d'ordre n supplémentaire que pour lire des nombres dont le nombre de chiffres est supérieurs à 2n, et cet ordre permet de lire des nombres jusqu'à 2n+1-1 chiffres. La valeur d'un nombre énoncé se détermine de manière récursive :

  • on identifie l'unité de plus grand ordre, n ;
  • on évalue la valeur de ce qui vient avant cette unité, au plus d'ordre n-1 ;
  • on multiplie ce résultat par la valeur de l'unité, soit 10(2n1) ;
  • on ajoute à ce résultat la valeur de ce qui vient après l'unité.

Ce système à myriade peut être prolongé.

L'Arénaire d'Archimède

Un des premiers exemples connus est le décompte que fit Archimède du nombre de grains de sable que pouvait contenir l'Univers, dans L'Arénaire (Ψάμμιτης). Pour cela, il généralisa le système de numération grec, dont le terme le plus élevé s'appelait la myriade (Modèle:Nb), ce qui permettait donc aux Grecs de compter jusqu'à Modèle:Nb (dans le système grec, neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf myriades neuf mille neuf cent nonante-neuf, soit Modèle:Nb-1, la myriade de myriades n'ayant pas de nom).

Archimède appela ces nombres nommables en grec courant des « nombres de premier ordre », c'est-à-dire les nombres immédiatement accessibles dans le système grec. Il appela le premier nombre innommable dans ce système, la myriade de myriade, soit Modèle:Nb, l'unité de base des « nombres de deuxième ordre ». En prenant ce nombre comme nouvelle unité, Archimède était capable, dans la numération grecque, de nommer Modèle:Nb de ces nombres « de deuxième ordre », donc de compter jusqu'à Modèle:Nb × Modèle:Nb – 1 = Modèle:Nb–1, c'est-à-dire Modèle:Nb du second ordre et Modèle:Nb, plus un.

Le nombre suivant, innommable à l'ordre deux, est le premier nombre du « troisième ordre », parce qu'inaccessible à l'ordre deux. Ce nombre est à son tour pris comme l'unité des « nombres de troisième ordre », et ainsi de suite. Archimède continua sa construction logique pour tous les « ordres » qui pouvaient être nommés en grec, c’est-à-dire jusqu'au nombre « d'ordre Modèle:Nb », fin naturelle de cette première série de désignations. Mais, comment nommer le nombre suivant, soit (10Modèle:Exp)Modèle:Exp = 10Modèle:Exp ?

Archimède prolongea cette construction en prenant à nouveau ce nombre comme unité de base d'un superordre, ce qui lui permit d'étendre le système de dénomination jusqu'à

((108)(108))(108)=108×1016.

L'ordre de grandeur de ce superordre est incroyablement immense. S'agissant de rendre compte des états physiques du moindre des plus petits volumes d'espace-temps ayant un sens physique, l'hypothèse des grands nombres exprimée en termes d'unité de Planck montre que le nombre de « grains de Planck » (voxel élémentaire, soit volume de Planck x temps de Planck) à examiner, pour rendre compte de tout l'Univers observable et de toute son histoire (à une précision par nature inaccessible à la mesure), n'est au plus « que » de l'ordre de Modèle:Nb, c'est-à-dire qu'il est physiquement impossible d'observer quelque chose de plus nombreux. En comparaison, la base du premier superordre d'Archimède, Modèle:Nb, dépasse ce nombre d'un facteur Modèle:Nb.

À ce point, Archimède se servit de ce système de désignation pour estimer le nombre de grains de sable que pouvait contenir l'Univers, parce que « innombrable comme les grains de sable » représentait pour les Grecs l'exemple archétypal de quelque chose qui ne pouvait pas être compté. Il trouva comme ordre de grandeur seulement « mille myriades du huitième ordre » (soit Modèle:Nb, ou 1 décilliard). Dans le monde grec, le second ordre n'était donc pas nécessaire.

Système Myriade

Proposé par Donald E. Knuth, ce système est une autre manière de généraliser les myriades grecques: au lieu que chaque « ordre de grandeur » corresponde à un regroupement de quatre chiffres, comme pour Archimède, Knuth considère que chaque ordre de grandeur peut avoir deux fois plus de chiffres que le précédent.

Au-delà des noms où l'on reconnaît la présence du « y » caractéristique, il utilise des séparateurs différents pour des groupes de 4, 8, 16, 32 ou 64 chiffres (respectivement la virgule, le point-virgule et les deux points, l'espace et l'apostrophe ; le séparateur décimal reste le point dans cette notation). Ils sont formés sur des puissances de deux successives des puissances de dix mille (myriade). Ce système permet d'écrire et nommer des nombres énormes (le premier grand nombre qui ne peut être exprimé avec les dénominations classiques est l'octyllion, la mille-vingt-quatrième puissance de la myriade). Toutefois, le nom « myriade » reste le plus connu car il correspond à une dénomination historique.

Toutefois, les noms sont rarement utilisés car ils sont souvent homonymes et homophones d’autres nombres (y compris en anglais où ces noms ont été définis), et créent de nouvelles ambiguïtés avec les échelles courtes et longues.

Valeur Formule Nom Notation
Modèle:Nb un 1
Modèle:Nb dix 10
Modèle:Nb cent 100
Modèle:Nb mille 1000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp myriade 1,0000
Modèle:Nb dix myriades 10,0000
Modèle:Nb cent myriades 100,0000
Modèle:Nb mille myriades 1000,0000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp myllion 1;0000,0000
Modèle:Nb myriade de myllions 1,0000;0000,0000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp byllion 1:0000,0000;0000,0000
Modèle:Nb myllion de byllions 1;0000,0000:0000,0000;0000,0000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp tryllion 1 0000,0000;0000,0000:0000,0000;0000,0000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quadryllion 1'0000,0000;0000,0000:0000,0000;0000,0000 0000,0000;0000,0000:0000,0000;0000,0000
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quintyllion 1 suivi de 128 zéros
Modèle:Nb 10Modèle:Exp sextyllion 1 suivi de 256 zéros
Modèle:Nb 10Modèle:Exp septyllion 1 suivi de 512 zéros
Modèle:Nb 10Modèle:Exp octyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp nonyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp decyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp undecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp duodecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp tredecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quattuordecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quindecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp sexdecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp septendecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp octodecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp novemdecyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp vigintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp trigintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quadragintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp quinquagintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp sexagintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
Modèle:Nb 10Modèle:Exp septuagintyllion 1 suivi de Modèle:Nb
10Modèle:Exp octogintyllion
10Modèle:Exp nonagintyllion
10Modèle:Exp centyllion
10Modèle:Exp millillion
Modèle:Nobr myrillion

Autres systèmes de grands nombres

Système Gillion

Proposé par Russ Rowlett, basé sur les préfixes numériques grecs, et les puissances de mille :

Valeur Expression Nom
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Mille
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Million
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Milliard
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Tetrillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Pentillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Hexillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Heptillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Oktillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Ennillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Dekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Hendekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Dodekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Trisdekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Tetradekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Pentadekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Hexadekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Heptadekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Oktadekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Enneadekillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosihenillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosidillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icositrillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icositetrillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosipentillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosihexillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosiheptillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosioktillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Icosiennillion
Modèle:Nb 1000Modèle:Exp Triacontillion

Système Gogol

Modèle:Article détaillé Le mathématicien américain Edward Kasner introduit dans une publication de 1940, Modèle:Lang (« Les mathématiques et l'imagination »), les termes gogol et gogolplex inventés par son neveu de huit ans[14].

Par la suite, Conway et Guy[10] suggèrent comme extension qu'un N-plex corresponde par convention à 10Modèle:Exposant. Avec ce système, un gogol-plex vaut bien 10Modèle:Exposant et un gogolplexplex vaut 10Modèle:Exposant.

D'autres auteurs proposent les formes gogolduplex, gogoltriplexModèle:Etc., pour désigner respectivement 10Modèle:Exposant, 10Modèle:Exposant, et ainsi de suite.

Valeur Nom
Modèle:Nb gogol
10Modèle:Exp gogolplex
10Modèle:Exposant N-minex
10Modèle:Exposant N-plex

Système chinois

Modèle:Voir

Les Chinois disposent classiquement des unités de un à neuf, puis des marqueurs dix (Modèle:Z, shí ), cent (Modèle:Z, bǎi), mille (Modèle:Z, qiān) et myriade (Modèle:Z, wàn). Ils présentent la particularité de compter ensuite régulièrement par myriades (dix mille = Modèle:Z, dernière unité régulière). Dans cette langue, les tranches supérieures s'établissent de quatre en quatre chiffres, au lieu de trois en trois (échelle courte) ou six en six (échelle longue) comme dans les langues occidentales. Ces unités et marqueurs permettent de compter jusqu'à Modèle:Nb, soit cent millions, ce qui est largement suffisant pour les besoins courants.

De manière consensuelle, au-delà de mille, les douze ordres des grandes quantités correspondent à la série suivante[15] :

  1. Modèle:Z/Modèle:Z : la myriade, la troupe militaire des « scorpions » ;
  2. Modèle:Z/Modèle:Z : autant qu'il vous plaira ;
  3. Modèle:Z : un nombre de craquelures « très nombreuses », sur une surface argileuse craquelée ;
  4. Modèle:Z Modèle:Z/Modèle:Z : une accumulation artificielle (volontaire), un grand nombre ;
  5. Modèle:Z : probablement, la finModèle:Z de la terre Modèle:Z, la levée de terre qui marque une frontière ;
  6. Modèle:Z : les gerbes de céréale récoltées ;
  7. Modèle:Z Modèle:Z : la récolte de céréales ;
  8. Modèle:Z/Modèle:Z : eau qui se déverse ;
  9. Modèle:Z/Modèle:Z : cours d'eau dans un ravin étroit ;
  10. Modèle:Z : droit, parfait ;
  11. Modèle:Z/Modèle:Z remplir, terminer ;
  12. Modèle:Z : achèvement, extrême.

Cette série de grande quantité fait partie des nombreuses séries chinoises de dix ou douze termes, séquentielles ou cycliques, et a un sens littéraire plus qu'arithmétique : chaque ordre est consensuellement « encore plus grand » que le précédent, mais sans que cette progression soit numériquement déterminée. Au-delà des nombres concrets permettant de compter des choses, ce sont des nombres supra-naturels que le commun des mortels n'utilise pas. L'interprétation de ces ordres des grandes quantités a été de ce fait variable.

  • L'interprétation usuelle moderne est que chaque ordre désigne l'un des blocs de quatre chiffres, et est donc une myriade de fois le précédent. Les unités progressent donc de Modèle:Nb en Modèle:Nb, chaque unité des grandes quantités permettant de désigner l'un des blocs de quatre chiffres.
  • Pour l'interprétation médiévale minimaliste, chaque caractère a simplement la valeur du précédent multiplié par dix. La série prolonge donc simplement celle des « dix, cent, mille », sans solution de continuité pour de grandes unités.
  • Une autre interprétation médiévale considère (comme actuellement) que Modèle:Z vaut Modèle:Nb, mais est le véritable point de départ des ordres de grandes quantités, système dans lequel Modèle:Z n'est qu'un jalon intermédiaire dans une lecture par blocs de huit chiffres. Dans ce système, comme actuellement, Modèle:Z n'est pas supra-naturel mais peut avoir des applications pratiques.
  • Enfin, une interprétation de type « système d'Archimède » considère que chaque ordre est le carré de l'ordre précédent.
Normale Financière Pinyin Usuel Minimaliste Par Modèle:Nb Archimède
Modèle:Z/Modèle:Z wàn Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z / Modèle:Z Modèle:Z Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z zhào Modèle:Nb
Signifie aussi méga.
Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z (ou Modèle:Z/Modèle:Z) jīng Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z gāi Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z ráng Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z gōu Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z jiàn Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z zhèng Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z / Modèle:Z zài Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb
Modèle:Z Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb Modèle:Nb

En réalité, seuls les deux premiers termes sont d'usage effectif. Les caractères chinois pour les puissances de 10 000 au-delà de 100 millions (亿 ; yì) sont très rarement utilisés : pour Modèle:Nb, on préfère utiliser 亿亿 (yì yì) ou « cent millions de fois cent millions » plutôt que 京 (jīng) qui signifie « capitale » pour le Chinois moyen. « Un » se dit «  » et 100 millions se dit «  ».

Il existe aussi un système de numération folklorique pour les très grands nombres ; par exemple, 不可説不可説不可説 (« indicible-indicible-indicible ») représente Modèle:Nb.

Notes et références

Notes

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Références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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  1. Modèle:Lien web.
  2. Modèle:Lien web.
  3. Modèle:Ouvrage.
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  5. Modèle:Article.
  6. 6,0 et 6,1 Modèle:Article.
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  9. Journal officiel du 20 mai 1961, sur Légifrance, Modèle:P..
  10. 10,0 et 10,1 Modèle:En J. H. Conway et R. K. Guy, The Book of Numbers, New York, Springer-Verlag, 1996, Modèle:P.. Modèle:ISBN.
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  15. Couvreur, Dictionnaire classique de la langue chinoise, Kuangshi press 1966.