Opérateur pseudo-différentiel

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En analyse mathématique, un opérateur pseudo-différentiel est une extension du concept familier d'opérateur différentiel, permettant notamment l'inclusion d'ordres de dérivation non entiers. Ces opérateurs pseudo-différentiels sont abondamment utilisés dans la théorie des équations aux dérivées partielles et en théorie quantique des champs.

Rappels et notations

On reprend ci-dessous les notations introduites dans l'article opérateur différentiel.

Opérateur différentiel

Rappelons qu'un opérateur différentiel linéaire d'ordre m s'écrit :

𝔇=|α|=0maα(x)Dα

où les aα(x), appelées coefficients de l'opérateur 𝔇, sont des fonctions des n variables d'espace xk,k=1,,n.

Introduction de la transformée de Fourier

Définition

On définit ici la transformée de Fourier de la fonction f de n variables par :

f^(ξ)=eiξxf(x)dx.

La formule de transformation inverse s'écrit alors :

f(x)=1(2π)ne+iξxf^(ξ)dξ.

Application aux opérateurs différentiels

Le symbole de l'opérateur différentiel 𝔇 d'ordre m est la fonction σ(x,ξ) des 2n variables (x,ξ) polynomiale en ξ :

σ(x,ξ)=|α|=0maα(x)ξα.

L'opérateur différentiel 𝔇 linéaire d'ordre m vérifie alors la relation :

(𝔇f)(x)=dξ(2π)ne+iξxσ(x,ξ)f^(ξ).

On constate que cette formule pourrait en fait permettre de définir l'opérateur 𝔇 à partir de son symbole σ(x,ξ). Nous allons mettre cette idée à profit dans le paragraphe suivant.

Introduction : opérateur pseudo-différentiel à coefficients constants

Opérateur différentiel à coefficients constants

Si les coefficients aα de l'opérateur différentiel 𝔇 d'ordre m sont indépendants des n variables d'espace xk, son symbole est seulement une fonction σ(ξ) des n variables ξ polynomiale en ξ :

σ(ξ)=|α|=0maαξα

de telle sorte que :

(𝔇f)(x)=dξ(2π)ne+iξxσ(ξ)f^(ξ)

soit encore, en utilisant la transformation de Fourier inverse[1] :

(𝔇f^)(ξ)=σ(ξ)f^(ξ).

Définition : opérateur pseudo-différentiel à coefficients constants

Soit une fonction p des n variables ξ. On associe à cette fonction un opérateur pseudo-différentiel PD à coefficients constants, dont l'action sur une fonction f est définie par l'intégrale suivante :

Modèle:Bloc emphase

Pour que l'intégrale ait un sens, il faut que le symbole p(ξ) présente quelques « bonnes » propriétés :

  • la fonction p(ξ) doit être lisse ;
  • la fonction p(ξ) doit avoir une croissance tempérée lorsque |ξ|, cette croissance tempérée devant de plus s'améliorer par dérivation. Par analogie avec le cas d'un opérateur différentiel d'ordre m, où cette croissance est polynomiale, on est amené à demander ici qu'il existe un nombre m tel que :
α|ξαp(ξ)|Cα(1+|ξ|)m|α|

où les Cα sont des constantes, qui peuvent dépendre de α.

Calcul symbolique exact

Soient P1 et P2 deux opérateurs pseudo-différentiels à coefficients constants, définis respectivement par les symboles p1(ξ) et p2(ξ). Alors, l'opérateur P=P1P2 est encore un opérateur pseudo-différentiel à coefficients constants, dont le symbole est le produit p1(ξ)p2(ξ).

Opérateur pseudo-différentiel : cas général

Définition

Soit une fonction p(x,ξ) des 2n variables (x,ξ). On associe à cette fonction un opérateur pseudo-différentiel PD, dont l'action sur une fonction f est définie par l'intégrale suivante :

Modèle:Bloc emphase

Remarque : on note parfois cet opérateur pseudo-différentiel à partir de son symbole de la façon suivante : PD=p(x,D).

Il existe une autre définition, celle de Weyl[2] :

Modèle:Bloc emphase

Propriétés requises du symbole

Pour que l'intégrale ait un sens, il faut que le symbole p(x,ξ) présente quelques « bonnes » propriétés, énoncées ci-dessous :

  • la fonction p(x,ξ) doit avoir une croissance tempérée lorsque |ξ|, cette croissance tempérée devant de plus s'améliorer par dérivation. Par analogie avec le cas d'un opérateur différentiel d'ordre m, où cette croissance est polynomiale, on est amené à demander ici qu'il existe un nombre m tel que
    α|ξαp(x,ξ)|Cα(1+|ξ|)m|α|
    où les Cα sont des constantes, qui peuvent dépendre de α ;
  • la fonction p(x,ξ) doit avoir une variation lente dans les variables d'espace x. On demande explicitement que
    α,|xαp(x,ξ)|Cα(1+|ξ|)m.

Ces deux conditions peuvent être combinées en une seule, utilisée ci-dessous pour définir plus précisément la classe des symboles d'ordre m.

Classe des symboles d'ordre m

Soit Ωn un compact, et p(x,ξ) une fonction lisse de 𝒞(Ω×n). Soit m un nombre réel quelconque. La classe Sm(Ω×n) des symboles d'ordre m est définie par :

Sm(Ω×n)={p(x,ξ)|ξαxβp(x,ξ)|Cα,β,Ω(1+|ξ|)m|α|}

pour tout xΩ, ξn, et pour tous les multi-indices α,β. Les Cα,β,Ω sont des constantes, qui peuvent dépendre de α,β et Ω.

Remarque : lorsque la mention du compact Ω est indifférente, on note simplement : Sm=Sm(Ω×n).

On note souvent Ψm l'ensemble des opérateurs pseudo-différentiels à symbole dans Sm

Propriété de pseudo-localité

Modèle:Ébauche

Support singulier d'une distribution

On appelle support singulier d'une distribution u le complémentaire de l'ensemble des points au voisinage desquels u est une fonction C. Modèle:...

Calcul symbolique

Soient pj,(j=1,2) des éléments de Smj(n×n). Alors l'opérateur p1(x,D)p2(x,D) est aussi un opérateur pseudo-différentiel, dont le symbole, qui appartient à Sm1+m2 est donné par une somme asymptotique dont le premier terme est p1(x,ξ)p2(x,ξ)

Continuité dans les espaces de Sobolev

On note Hs(n) l'espace de Sobolev standard d'ordre s sur n. Soient s et m deux nombres réels. Un opérateur pseudo-différentiel d'ordre m sur n (Modèle:C.-à-d. un élément de Ψm) est continu de Hs(n) dans Hsm(n).

Propriété de pseudo-localité

Soit aSm et soit K le noyau de a(x,D). Alors K est C pour xy. En particulier, pour toute distribution tempérée u, supp sing a(x,D)u supp sing u.

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie

  • Serge Alinhac et Patrick Gérard, Opérateurs pseudo-différentiels et théorème de Nash-Moser, coll. « Savoirs actuels », EDP Sciences/CNRS éditions, 1991 Modèle:ISBN. Issu d’un cours professé à l’École normale supérieure dans le cadre du magistère de mathématiques, ce livre s’adresse aux étudiants de troisième cycle de mathématiques désireux d’acquérir une formation de base en analyse.
  • Jacques Chazarain et Alain Piriou, Introduction à la théorie des équations aux dérivées partielles linéaires, Gauthier-Villars, 1981 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En Yu. V. Egorov et Modèle:Lien, Elements of the Modern Theory of Partial Differential Equations, Springer-Verlag, Modèle:2e éd., 1999 Modèle:ISBN. Cet ouvrage fait suite au volume d'introduction : Foundations of the Classical Theory of Partial Differential Equations, Springer-Verlag, Modèle:2e éd., 1998 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En Lars Hörmander, The Analysis of Linear Partial Differential Operators, Springer-Verlag, 1983-1985. Traité de référence en quatre volumes, par le récipiendaire de la médaille Fields 1962. Le volume III est sous-titré : Pseudo-Differential Operators, et le volume IV : Fourier Integral Operators.
  • Modèle:En Lars Hörmander, Linear Partial Differential Operators, Springer-Verlag, 1963. Ce livre contient les travaux pour lesquels l'auteur a obtenu la médaille Fields en 1962.
  • Modèle:En Nicolas Lerner, Metrics on the phase space and non-selfadjoint pseudo-differential operators, Pseudo-Differential Operators. Theory and Applications, 3. Birkhäuser Verlag, Basel, 2010.
  • Modèle:En M. A. Shubin, Pseudodifferential Operators and Spectral Theory, Springer-Verlag, 2001 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En Modèle:Lien, Pseudodifferential Operators, Princeton Univ. Press, 1981 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En Michael E. Taylor, Partial Differential Equations II - Qualitative Studies of Linear Equations, coll. « Applied Mathematical Sciences » (Modèle:N°), Springer-Verlag, Modèle:2e éd., 1997 Modèle:ISBN. Cet ouvrage fait suite au volume d'introduction : Partial Differential Equations - Basic Theory, coll. « Texts in Applied Mathematics » (Modèle:N°), Springer-Verlag, Modèle:2e éd., 1999 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En Michael E. Taylor, Partial Differential Equations III - Nonlinear Equations, coll. « Applied Mathematical Sciences » (Modèle:N°), Springer-Verlag, Modèle:2e éd., 1997 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En François Treves, Introduction to Pseudo Differential and Fourier Integral Operators, coll. « University Series in Mathematics », Plenum Publ., 1981 Modèle:ISBN.
  • Modèle:En André Unterberger, Pseudo-differential operators and applications: an introduction, Lecture Notes Series, 46. Aarhus Universitet, Matematisk Institut, Aarhus, 1976.

Liens externes

Modèle:Portail

  1. Cette formule est fausse lorsque les coefficients de l'opérateur différentiel ne sont pas constants.
  2. On trouvera plus de détails dans le livre Modèle:Ouvrage.