Pendule double

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Illustration de la sensibilité aux conditions initiales avec trois pendules doubles aux conditions de départ très proches.

En mécanique, on désigne par pendule double un pendule à l'extrémité duquel on accroche un autre pendule. Son évolution est généralement chaotique.


Mise en équations

Un pendule double est un système dynamique typiquement limité à un mouvement plan. Il comporte deux degrés de libertés (θ1,θ2) et cinq paramètres (l1,l2,m1,m2,g).

Approche lagrangienne

Le pendule est constitué de deux tiges de longueur l1 et l2, de masse nulle et deux masses m1 et m2.

L'énergie cinétique vaut :
T=12m1v12+12m2v22=12m1l12θ˙12+12m2[l12θ˙12+l22θ˙22+2l1l2θ˙1θ˙2cos(θ1θ2)]
θi est l'angle par rapport à la verticale et vi la vitesse du pendule i.
L'énergie potentielle vaut :
V=m1gz1+m2gz2 (zi étant l'altitude de la masse i), ou
V=(m1+m2)gl1cos(θ1)m2gl2cos(θ2).
Le lagrangien vaut donc :
L=TV, soit
L=12(m1+m2)l12θ˙12+12m2l22θ˙22+m2l1l2θ˙1θ˙2cos(θ1θ2)+(m1+m2)gl1cos(θ1)+m2gl2cos(θ2)

En appliquant les équations de Lagrange, on obtient les équations du mouvement :

(m1+m2)l1θ¨1+m2l2θ¨2cos(θ1θ2)+m2l2θ˙22sin(θ1θ2)+(m1+m2)gsin(θ1)=0l1θ¨1cos(θ1θ2)+l2θ¨2l1θ˙12sin(θ1θ2)+gsin(θ2)=0

Dans le cas particulier m1=m2,l1=l2, dans un système d'unités idoine, en renommant θ1,θ2 en ϕ,ψ, et en ajoutant trois variables intermédiaires, ces équations deviennent :

Modèle:Bloc emphase

Aucune solution explicite n'étant connue, la résolution passe typiquement par l'utilisation de méthodes numériques.

Autour du minimum énergétique (voir section suivante), ce système possède des solutions périodiques décomposables en deux modes, mais il est chaotique, c’est-à-dire qu'il possède aussi des solutions ni périodiques ni pseudo-périodiques, mais présentant en permanence un mouvement original, et qu'il est alors sensible aux conditions initiales.

Approximation des petites oscillations

Le système est à l'équilibre pour θ1=θ2=θ˙1=θ˙2=0. Pour de petites oscillations autour de ces valeurs, nous pouvons introduire les approximations de MacLaurin sinθ=θ et cosθ=1. Les équations du mouvement peuvent alors être réduites au système linéaire:

(m1+m2)l1θ¨1+m2l2θ¨2+(m1+m2)gθ1=0l1θ¨1+l2θ¨2+gθ2=0

Le double pendule peut alors être analysé en termes de modes normaux, en remarquant que le système ci-dessus peut être réduit à la forme matricielle Mθ¨+Kθ=0.

Par exemple, pour m1=m2 et l1=l2=l, ce système s'écrit : Modèle:Retrait

Approche Newtonienne

Les équations du mouvement peuvent également être trouvées en utilisant les complexes.

Représentons le double pendule ci-dessus dans le plan complexe de Gauss, en posant que l’axe des réels a même sens et même direction que la gravitation. Les points m1 et m2 représentant les mobiles 1 et 2 correspondent aux affixes z1 et z2. En fait, seuls les angles vont varier en fonction du temps puisque la masse et la longueur sont des constantes. Il faut donc chercher une manière de représenter les fonctions θ1 et θ2.

Dès lors, puisque le module de z1 vaut l1, son argument θ1, z1=l1(cosθ1+isinθ1)=l1eiθ1 . Ensuite, observons que z2 est issu d’une translation de z1 par le complexe z0=l2eiθ2 , c’est-à-dire un complexe tel que son module vaut l2 et son argument θ2. En d’autres termes, z2 = z1 + z0, donc z2=l1eiθ1+l2eiθ2

Ici, les complexes z1 et z2 déterminent la position des mobiles1 et 2 en fonction du temps puisque θ1(t) et θ2(t) sont des fonctions du temps. L'accélération d'une masse mobile s'obtient en dérivant deux fois par rapport au temps la fonction définissant sa position. Ainsi, l’accélération de z1 vaut

az1=d2z1dt2=l1(iθ¨1θ˙12)eiθ1

et que celle de la deuxième est égale à

az2=d2z2dt2=l1(iθ¨1θ˙12)eiθ1+l2(iθ¨2θ˙22)eiθ2

Notons-les respectivement z¨1et z¨2.

Revenons dans la vie réelle. Quand une masse est suspendue à une corde, une tension se produit le long de celle-ci. Appelons, T1 et T2, les tensions exercées par les masses m1 et m2 et représentons-les sous forme de complexes t1 et t2.

Nous observons alors que t1, z1 et 0 sont alignés ou colinéaires, ce qui permet d’écrire que t1=k1z1(k1). De même, t2, z0 et 0 sont alignés, ce qui permet d’affirmer que t2=k2z0(k2).

La formule de la dynamique F = m a, connue aussi sous le nom de la Modèle:2e loi de Newton, dit que la somme de toutes les forces appliquées à un mobile est égale au produit de l’accélération de celui-ci par sa masse.

Le mobile 2 est soumis à la tension T2 et la force due à la gravité m2 g, donnant les relations suivantes :

F=maz2=t2+m2gm2z¨2m2g=t2z¨2g=t2m2=k2z0m2z¨2gz0=k2m2...(1)

Le mobile 1 est soumis à la tension T1, à la force due à la gravité m1g et à la tension T2’ qui est issue du principe des actions réciproques (la Modèle:3e loi de Newton) telle que T2’= - T2. Dès lors, nous pouvons dire que

F=maz1=t1t2+m1gt1=t2m1g+m1z¨1t1=m2z¨2m2gm1g+m1z¨1

m2z¨2m2gm1g+m1z¨1=k1z1m2z¨2m2gm1g+m1z¨1z1=k1...(2)

Les membres de droite des équations (1) et (2) étant réels, exprimons que la partie imaginaire des membres de gauche est nulle :

Tout d’abord, concernant l’équation (1).

Calculons le membre de gauche.

z¨2gz0=l1(iθ¨1θ˙12)eiθ1+l2(iθ¨2θ˙22)eiθ2gl2eiθ2

=l1iθ¨1cosθ1l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1l1iθ˙12sinθ1+l2iθ¨2cosθ2l2θ˙22cosθ2l2θ¨2sinθ2l2iθ˙22sinθ2gl2cosθ2+l2isinθ2

Appliquons le binôme conjugué pour supprimer le terme imaginaire au dénominateur, ce qui revient à multiplier la fraction par cosθ2isinθ2cosθ2isinθ2.

Maintenant, seuls les imaginaires purs intéressent. C’est pourquoi, relevons uniquement les imaginaires purs issus du produit du numérateur par le conjugué du dénominateur. Nous conservons alors uniquement :

(l1iθ¨1cosθ1l1iθ˙12sinθ1+l2iθ¨2cosθ2l2iθ˙22sinθ2)(cosθ2)

+(l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1l2θ˙22cosθ2l2θ¨2sinθ2g)(isinθ2)

Ainsi, nous pouvons affirmer que : 

Im(z¨2gz0)

=l1θ¨1cosθ1cosθ2l1θ˙12sinθ1cosθ2+l2θ¨2cos2θ2l2θ˙22cosθ2sinθ2l2

+l1θ˙12sinθ2cosθ1+l1θ¨1sinθ1sinθ2+l2θ˙22sinθ2cosθ2+l2θ¨2sin2θ2+gsinθ2l2

=l1θ¨1cos(θ1θ2)+l2θ¨2l1θ˙12sin(θ1θ2)+gsin(θ2)l2

Comme il faut que la partie imaginaire soit nulle, nous obtenons cette première équation différentielle.

  l1θ¨1cos(θ1θ2)+l2θ¨2l1θ˙12sin(θ1θ2)+gsin(θ2)=0

Ensuite, concernant l’équation (2). Nous procédons de la même manière. Calculons le membre de gauche.

m2z¨2m2gm1g+m1z¨1z1

=m2[l1(iθ¨1θ˙12)(cosθ1+isinθ1)+l2(iθ¨2θ˙22)(cosθ2+isinθ2)]m2gm1g+m1[l1(iθ¨1θ˙12)(cosθ1+isinθ1)]l1cosθ1+l1isinθ1

=m1[l1iθ¨1cosθ1l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1l1iθ˙12sinθ1]m1gm2gl1cosθ1+l1isinθ1

+m2[l1iθ¨1cosθ1l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1l1iθ˙12sinθ1+l2iθ¨2cosθ2l2θ˙22cosθ2l2θ¨2sinθ2l2iθ˙22sinθ2]l1cosθ1+l1isinθ1

Appliquons le binôme conjugué pour supprimer le terme imaginaire au dénominateur, ce qui revient à multiplier la fraction parcosθ1isinθ1cosθ1isinθ1.

Maintenant, seuls les imaginaires purs intéressent. C’est pourquoi, relevons uniquement les imaginaires purs issus du produit du numérateur par le conjugué du dénominateur. Nous gardons alors uniquement

[m1(l1iθ¨1cosθ1l1iθ˙12sinθ1)+m2(l1iθ¨1cosθ1l1iθ˙12sinθ1+l2iθ¨2cosθ2l2iθ˙22sinθ2)][cosθ1]

+[m1(l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1)+m2(l1θ˙12cosθ1l1θ¨1sinθ1l2θ˙22cosθ2l2θ¨2sinθ2)m1gm2g][isinθ1]

Ainsi, nous pouvons affirmer que

Im(m2z¨2m2gm1g+m1z¨1z1)

=m1l1θ¨1cos2θ1m1l1θ˙12sinθ1cosθ1+m2l1θ¨1cos2θ1m2l1θ˙12sinθ1cosθ1+m2l2θ¨2cosθ1cosθ2l1

+m2l2θ˙22sinθ2cosθ1+m1l1θ˙12sinθ1cosθ1+m1l1θ¨1sin2θ1+m2l1θ˙12sinθ1cosθ1+m2l1θ¨1sin2θ1l1

+m2l2θ˙22sinθ1cosθ2+m2l2θ¨2sinθ1sinθ2+m1sinθ1g+m2sinθ1gl1

=(m1+m2)l1θ¨1+m2l2θ¨2cos(θ1θ2)+m2l2θ˙22sin(θ1θ2)+(m1+m2)gsin(θ1)l1

Comme il faut que la partie imaginaire soit nulle, nous obtenons cette deuxième différentielle.

(m1+m2)l1θ¨1+m2l2θ¨2cos(θ1θ2)+m2l2θ˙22sin(θ1θ2)+(m1+m2)gsin(θ1)=0

Nous avons donc pour finir :

{l1θ¨1cos(θ1θ2)+l2θ¨2l1θ˙12sin(θ1θ2)+gsin(θ2)=0(m1+m2)l1θ¨1+m2l2θ¨2cos(θ1θ2)+m2l2θ˙22sin(θ1θ2)+(m1+m2)gsin(θ1)=0

Ce sont les mêmes équations que pour l'approche lagrangienne.

Pendule à entraînement circulaire uniforme

Un autre exercice classique concerne le cas où la première tige se meut d'un mouvement uniforme autour de son axe. On a alors θ1˙=ω et l'équation différentielle du mouvement, issue de (2), s'écrit, en posant θ2=θ :

l2θ¨=l1ω2sin(θωt)gsinθ=(1+l1ω2gcosωt)gsinθ+l1ω2sinωtcosθ.

Pour de petites oscillations et l1ω2g<<1, l'équation se linéarise en l2θ¨+gθ=l1ω2sin(ωt) et le système se comporte donc en oscillateur harmonique forcé :

Mais si, dans ce cas, on choisit ω=g/l2, on obtient un phénomène de résonance ; par définition, les petites oscillations ne restent pas petites, et l'on tombe en fait dans un mouvement chaotique :


On constate que le pendule fait le tour si l2/l1<4,3

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Liens externes

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