Problème de Riemann

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Georg Friedrich Bernhard Riemann.

En mathématiques, un problème de Riemann, du nom de Bernhard Riemann, désigne un problème à donnée initiale composé d'un système d'équations d'évolution hyperboliques et d'une donnée initiale constante par morceaux n'ayant qu'une seule discontinuité. Les problèmes de Riemann fournissent des solutions explicites à des équations non linéaires complexes, comme les équations d'Euler, et sont ainsi très utiles pour comprendre le comportement général des solutions de telles équations.

En analyse numérique, les problèmes de Riemann apparaissent de façon naturelle dans l'application de la méthode des volumes finis et pour les lois de conservation, et en particulier dans le schéma de Godounov, en raison du caractère discret du maillage d'approximation. Elle est donc largement utilisée dans les calculs numériques pour la dynamique des fluides et la magnétohydrodynamique.

Définition

On considère un système de lois de conservation (ici pour simplifier en dimension un) :

t𝐮(t,x)+x𝐟(𝐮(t,x))=0,(t,x)+×,

𝐮:+×m est l'inconnue et 𝐟:mm est donnée. On ajoute à ce système une condition initiale :

𝐮(t=0,x)=𝐠(x),x,

𝐠:m est donnée.

Si la fonction Modèle:Math est constante par morceaux, c'est-à-dire qu'il existe x0, ainsi que (𝐠G,𝐠D)m×m tels que

𝐠(x)={𝐠G,x<x0,𝐠D,x>x0,x,

alors on dit que le système d'équations ci-dessus avec Modèle:Math pour condition initiale est un problème de Riemann.

Cas de la dynamique linéaire

Le cas de la dynamique linéaire est particulier au sens où le problème est résoluble directement à l'aide de la méthode des caractéristiques.

Par exemple, pour une loi de conservation linéaire

tu(t,x)+cxu(t,x)=0,(t,x)+×,

u:+× est l'inconnue scalaire et c un paramètre, alors la solution est une propagation de la condition initiale g(x)=u(t=0,x) à la vitesse Modèle:Math, sans déformation :

u(t,x)=g(xct).

La situation est similaire pour un système de lois de conservation linéaires hyperboliques

t𝐮(t,x)+Ax𝐮(t,x)=0,(t,x)+×,

𝐮:+×m est l'inconnue et A une matrice diagonalisable à valeurs propres réelles. Nous donnons un exemple simple inspiré de la Modèle:Lien :

ρt+ρ0ux=0,ut+a2ρ0ρx=0,

avec une condition initiale constituée de deux états :

[ρu]=[ρGuG] si x0,et[ρu]=[ρDuD] si x>0.  ;


Le système précédent peut se réécrire sous forme conservative t𝐮+Ax𝐮=0 avec:

𝐮=[ρu],A=[0ρ0a2ρ00].

Les valeurs propres du système sont ses caractéristiques : λ1=a,λ2=a. Les vecteurs propres sont

𝐞(1)=[ρ0a],𝐞(2)=[ρ0a].

L'état gauche 𝐮G se décompose sur la base des vecteurs propres par

𝐮G=[ρGuG]=α1[ρ0a]+α2[ρ0a],

où les coefficients α1 et α2 se calculent par identification :

α1=aρGρ0uG2aρ0 , α2=aρG+ρ0uG2aρ0

L'état droite 𝐮D se décompose de façon similaire

𝐮D=[ρDuD]=β1[ρ0a]+β2[ρ0a],

avec les coefficients

β1=aρDρ0uD2aρ0 , β2=aρD+ρ0uD2aρ0

Le système peut ainsi se réécrire comme deux équations découplées scalaires telles que traitées précédemment, la première avec vitesse de propagation Modèle:Math et condition initiale α1 si x0, β1 si x>0, et la seconde avec vitesse de propagation Modèle:Math et condition initiale α2 si x0, β2 si x>0.

Ainsi, nous obtenons la solution finale

𝐮(t,x)=[ρ(t,x)u(t,x)]={𝐮G,0<tax𝐮*,0a|x|<t𝐮D,0<tax

où la solution dans le domaine compris entre les caractéristiques est définie par

𝐮*=[ρ*u*]=β1[ρ0a]+α2[ρ0a].

Cet exemple permet de comprendre les propriétés basiques du problème de Riemann, et en particulier la décomposition de la solution en différents domaines de l'espace-temps déterminés par les caractéristiques.

Exemple de dynamique non linéaire

On considère ici qu'on a affaire avec une équation scalaire et non un système (ici Modèle:Math), ce qui permet d'assurer une théorie d'existence et d'unicité de solutions faibles non régulières (en particulier acceptant des discontinuités) : les solutions entropiques. On considère donc

tu(t,x)+xf(u)(t,x)=0,(t,x)+×,

u:+× est l'inconnue et f: est donnée. On suppose pour simplifier que Modèle:Mvar est de classe 𝒞2 et uniformément convexe, ce qui garantit la monotonie de la dérivée de Modèle:Mvar. Par exemple, f(u)=u2/2 correspond à l'équation de Burgers sans viscosité.

Afin d'avoir un problème de Riemann, on considère la condition initiale (ici x0=0)

u(t=0,x)={uG,x<0,uD,x>0,x,

avec (uG,uD)× donnés.

Contrairement au cas linéaire, la méthode des caractéristiques ne permet de définir de manière unique la solution que sur une partie de l'espace-temps +×, et il reste à déterminer la solution dans les cas où les caractéristiques liées aux deux valeurs de la condition initiale se croisent, ou au contraire ne remplissent pas tout l'espace-temps.

  • Si uD<uG, cela correspond au cas où les caractéristiques se croisent. L'unique solution entropique est alors de type choc, donnée par
u(t,x)={uG,x/t<σ,uD,x/t>σ,(x,t)+*×,
Modèle:Math est la vitesse de propagation du choc donnée par les relations de Rankine-Hugoniot :
σ=f(uG)f(uD)uGuD.
  • Si uD>uG, cela correspond au cas où les caractéristiques ne remplissent pas tout l'espace-temps. L'unique solution entropique est de type onde de détente, donnée par
u(t,x)={uG,x/t<f(uG),g(x/t),f(uG)<x/t<f(uD),uD,x/t>f(uD),(x,t)+*×,
g=(f)1, la réciproque de la dérivée de Modèle:Mvar.

Dans les deux cas, la solution est autosimilaire, c'est-à-dire qu'elle est déterminée uniquement par le rapport x/t.

Références

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Voir aussi

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