Théorème de Lambek-Moser
Le théorème de Lambek–Moser, dû à Joachim Lambek et Leo Moser en 1954Modèle:Sfn, est un résultat de théorie des nombres et de combinatoire qui donne une description des partitions des entiers naturels en deux ensembles complémentaires (comme par exemple les nombres premiers et les autres), à l'aide de deux fonctions croissantes. En particulier, lorsque l'un des ensembles est décrit par une formule explicite donnant son Modèle:Nowrap élément, le théorème permet de construire une formule donnant le Modèle:Nowrap entier qui n'est pas dans l'ensemble.
Des fonctions aux partitions

Soit une fonction allant des entiers naturels non nuls vers les entiers (nuls ou non) croissante (chaque valeur de la suite est égale ou supérieure à la précédente) et non bornée. Une telle fonction n'a en général pas d'inverse, puisqu'elle peut sauter des valeurs ou prendre plusieurs fois une même valeur ; on va définir une fonction elle aussi croissante et non bornée, aussi proche que possible d'un inverse de au sens où, pour tout entier , Cela revient à définir comme le nombre d'entiers pour lesquels ; il en résulte que [1]. Les représentations de et comme des histogrammes sont symétriques l'une de l'autre par rapport à la première bissectrice Modèle:Sfn.
À partir de et , on définit deux nouvelles fonctions et par : La première partie du théorème de Lambek–Moser affirme que chaque entier non nul est atteint une fois et une seule, soit par , soit par . Autrement dit, les valeurs prises par et celles prises par forment deux sous-ensembles complémentaires d'entiers non nuls. Plus précisément, chacune de ces deux fonctions envoie sur le -ème élément du sous-ensemble correspondant[1].
Comme exemple de cette construction, soit . Son inverse dans est la fonction racine carrée, dont l'approximation dans les entiers (au sens du théorème de Lambek–Moser) est (le plus grand entier inférieur ou égal à ). On a donc et Pour , les valeurs de sont les nombres oblongs
- 2, 6, 12, 20, 30, 42, 56, 72, 90, 110, ...
tandis que celles de sont
- 1, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, ....
ces deux suites forment une partition de : chaque entier (non nul) appartient à une et une seule des deuxModèle:Sfn. Le théorème de Lambek–Moser affirme que ce phénomène se produit pour tout choix de ayant les propriétés voulues[1].
Des partitions aux fonctions

La seconde partie du théorème de Lambek–Moser affirme la réciproque : toute partition des entiers provient de cette construction. Plus précisément, si et sont deux suites croissantes d'entiers complémentaires, il existe deux fonctions et produisant ces suites par la construction précédente : il suffit de définir et [1].
Par exemple, pour la partition en nombres pairs et impairs, les fonctions et donnant respectivement le Modèle:Nowrap nombre pair ou impair, on obtient et , formant un couple d’inverses au sens précédent. La partition correspondant à la parité du nombre de 1 en représentation binaire (les Modèle:Lien et les autres) utilise presque les mêmes fonctions, ajustées par les valeurs de la suite de Thue–MorseModèle:Sfn.
Définition par une limite
Lambek et Moser ont donné une construction directe de Modèle:Nowrap en partant de , la fonction donnant le nombre de valeurs de pour lesquelles ; on a alors, pour Modèle:Nowrap donné par la limite de la suite (laquelle devient donc constante à partir d’un certain rang)Modèle:Nowrap.
Lambek et Moser prennent les nombres premiers comme exemple, prolongeant un travail antérieur de Viggo Brun et Derrick Lehmer[2]. Si est la fonction de compte des nombres premiers, alors le Modèle:Nowrap nombre composé (en comptant 1 comme composé) est donné par la limite de la suite[3]
Pour certaines suites d'entiers, l'expression précédente devient constante après un nombre fixé d'étapes, permettant une formule explicite. Ainsi, le Modèle:Nowrap entier qui n'est pas une puissance Modèle:Nowrap est donné par la formule [4].
Historique et démonstrations
Le théorème fut découvert par Leo Moser et Joachim Lambek, qui le publièrent en 1954. Moser et Lambek disent avoir été inspirés par le travail antérieur de Samuel Beatty sur les suites portant son nom, ainsi que par celui de Viggo Brun et Derrick Lehmer[2] au début des années 1930. Edsger Dijkstra a donné une preuve visuelle du résultatModèle:Sfn, ainsi qu'une preuve basée sur un raisonnement algorithmiqueModèle:Sfn.
Résultats analogues
Pour les entiers naturels
Le théorème s'applique avec de légères modifications aux partitions des entiers naturels (nuls ou non). Dans ce cas, chaque partition définit une correspondance de Galois des entiers sur eux-mêmes, c'est-à-dire un couple de fonctions croissantes (au sens large) tel que pour tous et , si et seulement si . Les fonctions et sont alors définies par et Modèle:Sfn.
Le théorème de Beatty
Modèle:Article détaillé Le théorème de Beatty (déjà mentionné par Lord Rayleigh en 1894) affirme que pour deux nombres irrationnels positifs et tels que , les deux suites et pour (obtenues en arrondissant à l'entier inférieur les multiples de et ) sont complémentaires, ce qu'on peut voir comme une application du théorème de Lambek–Moser à et ; on a alors et dont les suites de valeurs sont appelées les « suites de Beatty »[5].
Voir aussi
- Suite de Hofstadter (la suite Figure-Figure est un exemple d'application du théorème)
Notes
Références
- Modèle:Article
- Modèle:Article
- Modèle:Article; Solutions by Beatty, A. Ostrowski, J. Hyslop, and A. C. Aitken, vol. 34 (1927), pp. 159–160, Modèle:Jstor
- Modèle:Article, cité par Modèle:Harvsp
- Modèle:Ouvrage
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- Modèle:Article
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- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article
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- Modèle:Ouvrage
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- Modèle:Article
- ↑ 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Modèle:Harvnb; Modèle:Harvnb, pp. 95–96; Modèle:Harvnb.
- ↑ 2,0 et 2,1 Modèle:Harvnb; Modèle:Harvnb.
- ↑ Erreur de référence : Balise
<ref>incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméeslure - ↑ Modèle:Harvnb, pp. 97–100; Modèle:Harvnb; Modèle:Harvnb.
- ↑ Modèle:Harvnb; Modèle:Harvnb; Modèle:Harvnb, pp. 93–95; Modèle:Harvnb.