Théorème de Whitehead
En théorie de l'homotopie (une branche des mathématiques et plus précisément de la topologie algébrique), le théorème de Whitehead établit que si une application continue f entre deux espaces topologiques connexes X et Y induit un isomorphisme sur tous leurs groupes d'homotopie, alors f est une équivalence d'homotopie dès que X et Y ont le type d'homotopie de CW-complexes. Ce résultat a été démontré par J. H. C. Whitehead dans deux articles de référence de 1949[1] et justifie l'introduction de la notion de CW-complexes faite dans ces articles.
Équivalence faible d'homotopie
Soient et deux espaces topologiques, de points de bases respectifs et , et
une application continue telle que . On considère les morphismes induits pour n ≥ 0,
où désigne le nModèle:E groupe d'homotopie si n ≥ 1 et désigne l'ensemble des composantes connexes par arcs.
( est donc un morphisme de groupes si n ≥ 1, et un morphisme d'ensembles pointés si n = 0.)
On dit que est une équivalence faible d'homotopie si tous les sont des isomorphismes.
Énoncé
D'après le théorème d'Hurewicz, tout quasi-isomorphisme entre deux CW-complexes simplement connexes est une équivalence faible d'homotopie, ce qui explique que le théorème de Whitehead soit parfois énoncé sous la forme[2] : Modèle:Énoncé
Espaces ayant mêmes groupes d'homotopie mais pas même type d'homotopie
Il ne suffit pas que les groupes d'homotopies de deux CW-complexes connexes X et Y soient isomorphes pour que X et Y soient homotopiquement équivalents : l'hypothèse que tous ces isomorphismes sont induits par une même application de X dans Y est indispensable.
Par exemple, pour m et n distincts > 1, [[Hypersphère|SModèle:Exp]] × [[Espace projectif|PModèle:Ind(ℝ)]] et PModèle:Ind(ℝ) × SModèle:Exp ont mêmes groupes d'homotopie (les mêmes que SModèle:Exp× SModèle:Exp, sauf ℤModèle:Ind pour le groupe fondamental) mais pas même type d'homotopie, puisque leurs groupes d'homologie diffèrent (d'après le théorème de Künneth). De même pour PModèle:Ind(ℂ) × SModèle:Exp et SModèle:Exp × PModèle:Ind(ℂ). On peut construire d'autres exemples en remarquant qu'un espace connexe X n'a généralement pas le même type d'homotopie que le produit d'espaces d'Eilenberg-MacLane X' = K(πModèle:IndX, 1) × K(πModèle:IndX, 2) × … : par exemple, pour X = SModèle:2, HModèle:Ind(X') ≠ 0. On peut même facilement trouver des espaces non homotopiquement équivalents ayant à la fois même homotopie et même homologie[3].
L'hypothèse que X et Y sont des CW-complexes est également indispensable, même pour des sous-espaces de ℝn. Par exemple, le « cercle polonais », courbe plane obtenue en ajoutant à la courbe sinus fermée du topologue un arc joignant (0, –1) à (1, sin 1), a tous ses groupes d'homotopie triviaux, mais n'est pas contractile. L'étude des généralisations possibles du théorème de Whitehead à des espaces plus généraux fait partie de la Modèle:Lien.
Généralisation aux catégories à modèles fermées
Dans une catégorie à modèles fermés, toute équivalence faible entre objets fibrants-cofibrants est une équivalence d'homotopie.