Module injectif

De testwiki
Version datée du 2 juillet 2022 à 13:55 par imported>Doctorhoule (growthexperiments-addlink-summary-summary:3|0|0)
(diff) ← Version précédente | Version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

En mathématiques, et plus spécifiquement en algèbre homologique, un module injectif est un module Q (à gauche par exemple) sur un anneau A tel que pour tout morphisme injectif f : XY entre deux A-modules (à gauche) et pour tout morphisme g : XQ, il existe un morphisme h : YQ tel que hf = g, c'est-à-dire tel que le diagramme suivant commute :

Autrement dit : Q est injectif si pour tout module Y, tout morphisme d'un sous-module de Y vers Q s'étend à Y.

Définitions équivalentes

Les A-modules injectifs sont les Modèle:Lien de la catégorie abélienne des A-modules (lesquels sont les objets projectifs de la catégorie opposée). Par conséquent, on a le

Modèle:Théorème

On en déduit qu'un produit de modules est injectif si, et seulement si chaque facteur du produit est injectif.

Une autre caractérisation est :

Modèle:Théorème En effet, si Q est un sous-module injectif d'un module Y alors le morphisme identité de Q sur lui-même peut se prolonger en un morphisme de Y sur Q, ce qui équivaut à dire que Q est facteur direct dans Y. La réciproque vient du fait que pour tout sous-module X d'un module Y, un morphisme de X dans Q s'étend toujours en un morphisme de Y dans la somme amalgamée Z de Q et Y sur X donc aussi, si le sous-module Q de Z est facteur direct, en un morphisme de Y dans Q.

Exemples

est un -module injectif, autrement dit un groupe abélien divisible.

Plus généralement, si A est un anneau intègre :

Critère de Baer

Le critère de Baer est l'un des principaux moyens pour établir qu'un module est injectif :

Modèle:Théorème

La condition nécessaire est évidente, la condition suffisante s'établit grâce au lemme de Zorn.

On montre à partir du critère de Baer le résultat suivant : si l'anneau A est noethérien à gauche, tout module somme directe de A-modules injectifs est injectif. Réciproquement, si tout module somme directe de A-modules à gauche injectifs est injectif, alors A est noethérien à gauche.

Enveloppe injective

Soit M un A-module à gauche.

Modèle:Théorème

Exemple : Soit A un anneau principal, p un élément extrémal de A et A(pi)=A/Api(i1). Soit alors A(p)=lim\limits A(pi)=i1A(pi). Le module A(p) est enveloppe injective de A(pi) pour tout i1.

Modèle:Démonstration

Cogénérateurs injectifs

Modèle:Théorème

Soit C une catégorie admettant des produits quelconques (ce qui est le cas des A-modules à gauche). Un objet Q est cogénérateur dans C si, et seulement si pour tout objet M de C il existe un ensemble I et un monomorphisme MQI.

Modèle:Théorème


Soit (Si)iI un système représentatif de A-modules à gauche simples (c'est-à-dire une famille non vide de modules simples tels que SiSj si ij et pour tout module simple S il existe un indice iI est un isomorphisme SSi). Il découle de ce qui précède que le A-module à gauche Q0=iIE(Si) est un cogénérateur, appelé cogénérateur canonique, et il est injectif si A est noethérien à gauche. Un A-module à gauche Q est cogénérateur si, et seulement si, il existe un monomorphisme Q0Q. Ceci implique qu'il existe dans la catégorie des A-modules à gauche un cogénérateur, dont l'enveloppe injective est un cogénérateur injectif.


Exemple[2] : Soit A un anneau principal. Tout module simple S est de la forme A(p)p est un élément extrémal. Puisque l'enveloppe injective de A(p) est A(p) (voir supra), Q0=pPA(p), où P est un système représentatif d'éléments extrémaux de A, est le cogénérateur canonique (unique à un isomorphisme près), et il est injectif.

En particulier, supposons que A soit l'anneau des opérateurs différentiels []=d/dx. Un système représentatif d'éléments extrémaux de A est formé des pζ()=ζ,ζ. Soit Cn,ζ le -espace vectoriel engendré par les n fonctions xxk1exζ(1kn) et ψ:ACn,ζ:r()r()xk1exζ. Alors ψ est un épimorphisme de noyau (pζn), qui induit donc un isomorphisme A(pζn)Cn,ζ. Par suite, il existe un isomorphisme

Q0ζ[x]exζ,

autrement dit le cogénérateur canonique est, à un isomorphisme près, l'espace des combinaisons linéaires d'exponentielles-polynômes (pour une généralisation, voir l'article Principe fondamental d'Ehrenpreis).

Il résulte des définitions qu'un A-module à gauche Q est cogénérateur injectif si, et seulement si le foncteur HomA(,Q) (de la catégorie des Q-modules à gauche dans celle des groupes abéliens) est fidèle et exact (ceci reste valide si l'on remplace la catégorie des A-modules à gauche par une catégorie abélienne admettant des produits quelconques). Explicitons ce résultat :

Modèle:Théorème

Application aux systèmes d'équations linéaires

Les résultats de cette section, essentiellement dus à Oberst[3], ont fait récemment l'objet d'une présentation systématique un peu plus générale[2], reprise ci-dessous dans les grandes lignes.

Noyau et conoyau

Soit A un anneau et RAn×m. Soit R:A1×nA1×m la multiplication à droite par R, cokerA(R)=A1×m/imA(R) son conoyau et Q un A-module à gauche.

(a) Le groupe abélien HomA(A1×n,Q) s'identifie à Qn de la manière suivante : soit (ϵi)1in la base canonique de A1×n, et pour tout qQn soit qHomA(A1×n,Q):ϵiqi(1in). Alors :qq est un isomorphisme canonique de Qn sur HomA(A1×n,Q).

(b) Par suite, HomA(cokerA(R),Q) s'identifie aux éléments de Qm qui s'annulent sur imA(R), donc à

kerQ(R)={qQm:Rq=0}.

Systèmes d'équations linéaires non homogènes

Supposons A noethérien à gauche et soit R1An1×m1. Puisque kerA(R1) est de type fini, il existe un entier n2 et une matrice R2An2×n1, dont les lignes en forment un ensemble générateur, et pour lesquels la suite ci-dessous est donc exacte :

A1×n2R2A1×n1R1A1×m1.

Modèle:Théorème

Modèle:Démonstration

Considérons maintenant le système d'inconnue qQm1 :

R1q=f,fQn1.

Puisque R2R1=0, ce système linéaire ne peut avoir de solution que si la condition de compatibilité R2f=0 est satisfaite. Or, l'exactitude de la seconde suite exacte ci-dessus signifie que imQ(R1)=kerQ(R2), donc que si R2f=0, alors il existe qQm1 tel que R1q=f. Par conséquent, si le module Q est injectif, la condition de compatibilité (qui est toujours nécessaire) est suffisante pour que le système linéaire non homogène ait une solution. De plus, pour que cela ait lieu pour tout système linéaire non homogène vérifiant la condition de compatibilité, il faut et il suffit que Q soit injectif.

Systèmes linéaires et modules cogénérateurs

Soit M un A-module à gauche de présentation finie et Q un A-module à gauche. Posons

M=cokerA(R)=A1×m/N,N=imA(R)A1×m,RAn×m.

Posons d'autre part

𝔅Q=N={qQm:Nq=0}=kerQ(R),
𝔅Q={rA1×m:r𝔅Q=0}.

En désignant par 𝒮m l'ensemble des sous-modules de type fini de A1×m, la correspondance

𝒮m𝒮m:NN,𝔅Q𝔅Q

est une connexion de Galois, à savoir que

NN,𝔅Q𝔅Q,N=N,𝔅Q=𝔅Q.

Modèle:Théorème

Modèle:Démonstration

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Articles connexes

Modèle:Portail

  1. Plus précisément, soit un anneau commutatif intègre A. Tout A-module est divisible si, et seulement si A est un anneau de Dedekind.
  2. 2,0 et 2,1 Modèle:Harvsp
  3. Modèle:Harvsp