Calcul de Schubert

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En mathématiques, et plus précisément en géométrie algébrique, le calcul de Schubert est une technique introduite à la fin du Modèle:S- par Hermann Schubert pour résoudre des problèmes de dénombrement en géométrie projective. C'est un précurseur de plusieurs théories plus modernes, comme celle des classes caractéristiques, et ses aspects algorithmiques font toujours l'objet de recherches ; la systématisation et la justification de ce calcul est l'objet du quinzième problème de Hilbert.

Construction

Une construction moderne du calcul de Schubert associe à la grassmannienne

G(k,V)

(la variété algébrique des sous-espaces vectoriels de dimension k d'un espace vectoriel V de dimension n, appelés k-plans dans la suite de cet article) son Modèle:Lien, et décrit ce dernier par un ensemble de générateurs ayant une signification géométrique[1]. Pour un drapeau complet

𝒱=(V1,V2,,Vn)

avec

0V1Vn1Vn=V

et un

k

-uple d'entiers

𝐚=(a1,,ak)

avec

nka1a2ak0

, on définit l'ensemble des cycles de Schubert (appelés également cellules de Schubert lorsqu'on s'intéresse à l'homologie cellulaire plutôt qu'à l'anneau de Chow)

Σ𝐚(𝒱)G(k,V)

par :

Σ𝐚(𝒱)={ΛG(k,V):dim(Vnk+iaiΛ)i pour tout i1}

Les classes

[Σ𝕒(𝒱)]A*(G(k,V))

ne dépendant pas du drapeau, on peut les écrire

σ𝕒:=[Σ𝕒]A*(G(k,V))

 ; on les appelle les classes de Schubert. On démontre que ces classes engendrent l'anneau de Chow, et, dans cette présentation, c'est la théorie de l'intersection associée qu'on appelle le calcul de Schubert. Pour une suite donnée

𝕒=(a1,,aj,0,,0)

, la classe de Schubert

σ(a1,,aj,0,,0)

est simplement notée

σ(a1,,aj)

(ou même

σa1,,aj

). Les classes correspondant à un seul entier,

σa1

, sont appelées des classes spéciales. La formule de Giambeli ci-dessous montre que toutes les classes de Schubert sont engendrées par les classes spéciales.

Motivation de la définition

L'explication des contraintes numériques de la définition vient de ce qu'un k-plan ΛV générique sera d'intersection nulle avec les Vi pour ink et que dim(Vnk+iΛ) vaudra i pour i>nk, d'après la formule de Grassmann.

Propriétés

Inclusion

L'ordre partiel défini sur les k-uples par 𝕒𝕓 aibi pour tout i définit l'inclusion des cycles de Schubert  : Σ𝕒Σ𝕓𝕒𝕓.

Formule de la codimension

On définit la codimension d'un cycle de Schubert Σ𝕒 (ou de la classe de Schubert associée σ𝕒) par la formule codim(Σ𝕒)=ai, laquelle est stable pour l'inclusion des grassmanniennes, c'est-à-dire que l'application i:G(k,n)G(k+1,n+1) définie en ajoutant à chaque k-plan le vecteur supplémentaire en+1 (obtenant un (k+1)-plan) vérifie codim(i(Σ𝕒))=codim(Σ𝕒) (en appliquant i à chaque élément de Σ𝕒). L'inclusion ordinaire j:G(k,n)G(k,n+1) vérifie la même propriété.

Produit d'intersection

La loi multiplicative de l'anneau de Chow, appelée Modèle:Lien, est une loi de composition sur les classes de Schubert. Ce produit fut d'abord construit à l'aide des formules de Pieri et de Modèle:Lien (lesquelles sont des cas particuliers de formules analogues pour les classes de Chern, telle que la Modèle:Lien).

Formule de Pieri

Le produit de la classe spéciale σb avec une classe de Schubert arbitraire σa1,,ak est donné par la formule σbσa1,,ak=|𝕔|=|𝕒|+baiciai1σ𝕔 (où |𝕒|=a1++ak), appelée formule de Pieri. Par exemple, σ2σ2=σ22=σ2,2+σ3,1+σ4,0, σ1σ4,2,1=σ5,2,1+σ4,3,1+σ4,2,1,1 et σ2σ4,3=σ4,3,2+σ4,4,1+σ5,3,1+σ5,4+σ6,3.

Formule de Giambelli

Le calcul du produit pour des classes quelconques se fait en remplaçant la classe

σa1,,ak

par un déterminant (formel) d'une matrice

k×k

de classes spéciales :

|σa1σa1+1σa1+2σa1+k1σa21σa2σa2+1σa2+k2σa32σa31σa3σa3+k3σakk+1σakk+2σakk+3σak|

(formule de Giambelli). Par exemple,

σ2,2

devient

|σ2σ3σ1σ2|=σ22σ1σ3

et

σ2,1,1

devient

|σ2σ3σ4σ0σ1σ20σ0σ1|

.

Relation avec les classes de Chern

Une description simple de l'anneau de Chow (ou anneau de cohomologie) de la grassmannienne

G(k,n)

est possible à l'aide des classes de Chern de deux fibrés vectoriels naturels

T

et

Q

au-dessus d'elle. On a la suite

0TV_Q0

, où

V_

est le fibré trivial de rang

n

, la fibre de

T

sur

ΛG(k,n)

est le sous-espace

ΛV

, et

Q

est le fibré quotient (qui existe puisque le rang est constant au-dessus de chaque fibre). Les classes de Chern correspondante sont

ci(T)=(1)iσ(1,,1)

(où

(1,,1)

est un

i

-uple) et

ci(Q)=σi

. On déduit de la séquence la présentation de l'anneau de Chow comme :

A*(G(k,n))=[c1(T),,ck(T),c1(Q),,cnk(Q)](c(T)c(Q)1)

Modèle:Référence souhaitée.

G(2,4)

Un exemple classique d'utilisation du calcul de Schubert est l'analyse de la grassmannienne G(2,4) (qui fournit un paramétrage des droites de 3), permettant d'obtenir le nombre de droites d'une surface cubique.

Anneau de Chow

On a vu que l'anneau de Chow a la présentation

A*(G(2,4))=[σ1,σ1,1,σ2](1σ1+σ1,1)(1+σ1+σ2)

 ;

en tant que groupe abélien gradué, il est donné par

A0(G(2,4))=1A2(G(2,4))=σ1A4(G(2,4))=σ2σ1,1A6(G(2,4))=σ2,1A8(G(2,4))=σ2,2

[2]

Droites sur une surface cubique

Un modèle de la surface de Clebsch montrant ses 27 droites réelles.

L'anneau de Chow précédent peut être utilisé pour calculer le nombre de droites sur une surface cubique[1]. Une droite de 3 correspond à un 2-plan de 𝔸4, et donc 𝔾(1,3)G(2,4). L'équation d'une droite peut être vue comme une section de Γ(𝔾(1,3),T*). Comme une surface cubique X est représentée par un polynôme homogène de degré 3 (générique), cela correspond à une section générique de sΓ(𝔾(1,3),Sym3(T*)). Ainsi, une droite L3 est une sous-variété de X si et seulement si la section s'annule sur [L]𝔾(1,3). On peut donc intégrer la classe d'Euler de Sym3(T*) sur 𝔾(1,3) pour obtenir le nombre de points où la section générique s'annule sur 𝔾(1,3). Pour déterminer la classe d'Euler, on doit calculer la classe de Chern totale de T* ; elle est donnée par c(T*)=1+σ1+σ1,1. La Modèle:Lien c(T*)=(1+α)(1+β)=1+α+β+αβ, où c()=1+α et c()=1+β sont les classes des fibrés en droites et , donne les relations σ1=α+β et σ1,1=αβ.

Comme

Sym3(T*)

peut être vu comme somme directe de fibrés formels

Sym3(T*)=3(2)(2)3

, ayant pour classe de Chern totale

c(Sym3(T*))=(1+3α)(1+2α+β)(1+α+2β)(1+3β)

, on a

c4(Sym3(T*))=3α(2α+β)(α+2β)3β=9αβ(2(α+β)2+αβ)=9σ1,1(2σ12+σ1,1)=27σ2,2

(en utilisant

σ1,1σ12=σ2,1σ1=σ2,2

et

σ1,1σ1,1=σ2,2

).

L'intégrale est donc𝔾(1,3)27σ2,2=27, puisque σ2,2 est la classe la plus haute. Ceci démontre qu'il y a 27 droites (dans l'espace projectif complexe) sur une surface cubique générale (sans singularités).

Voir aussi

Références

Modèle:Traduction/Référence

Bibliographie

Modèle:Portail