Constante de connectivité

De testwiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

En mathématiques, la constante de connectivité est une constante associée aux chemins auto-évitants d'un réseau. Elle est étudiée en relation avec la notion d'universalité dans les modèles de physique statistique[1]. Bien que les constantes de connectivités dépendent du choix du réseau (à l'instar d'autres quantités telles que le seuil critique de probabilité de percolation), elles apparaissent néanmoins dans des conjectures de lois universelles. En outre, les techniques mathématiques utilisées pour les comprendre, par exemple, dans la récente preuve rigoureuse par Duminil-Copin et Smirnov de la valeur exacte de cette constante pour le réseau hexagonal[2], peuvent fournir des pistes pour attaquer d'autres problèmes importants, notamment la conjecture que les chemins auto-évitants convergent dans la limite d'échelle vers l'Modèle:Lien.

Définition

Soit cn le nombre de chemins auto-évitants de longueur n partant d'un point donné du réseau (graphe infini sommets-transitif). Comme un chemin auto-évitant de longueur  n+m peut être décomposé en deux chemins auto-évitants de longueur n et m, il s'ensuit que cn+mcncm. Puis, en appliquant le lemme sous-additif au logarithme de cn, on obtient l'existence de

μ=limncn1/n.

Ce nombre est appelé la constante de connectivité du réseau. Sa valeur exacte n'est connue que pour deux réseaux classiques, voir ci-dessous. Pour les autres réseaux, μ a seulement été approchée numériquement en utilisant la conjecture cn+1cnμ, à propos de laquelle il a seulement été démontré que cn+2cnμ2.

Il est de plus conjecturé que

cncμnnγ

lorsque n tend vers l'infini, où μ dépend du réseau mais l'exposant γ est universel (il dépend de la dimension, mais pas du réseau). En dimension deux, il est conjecturé que γ=11/32[3]Modèle:,[4]. On approche γ numériquement en utilisant cn1cn+1cn21γn2.

Valeurs connues

Ces valeurs données ci-dessous sont tirées de l'article d'Iwan Jensen et Anthony Guttmann[5].

Type du réseau Description

(code-sommet pour un pavage semi-régulier)

Constante de connectivité Référence OEIS

pour la suite des décimales

hexagonal 63 (i.e. 3 hexagones par nœud) =2+2=2cosπ8=1,847759... Modèle:OEIS
triangulaire 36 4,15079
carré 2 44 2,63815853 cf. Modèle:OEIS :

valeur coïncidant sur 8 décimales

échelle ×{0,1} Deux droites reliées par des barreaux =1+52=1,6180339... (nombre d'or) La suite (cn) est référencée comme

Modèle:OEIS .

carré Manhattan-orienté
1,733535
carré orienté en L
1,5657
trihexagonal (36)2 2,56062
hexagonal tronqué 3122 =1,7110412... Modèle:OEIS
carré tronqué 482 1,80883001
cubique 3 4,755995
hypercubique d [d,2d1]

Comme chaque pas dans le réseau hexagonal correspond à deux ou trois pas pour le réseau hexagonal tronqué, la constante de connectivité de ce dernier réseau peut être exprimée exactement ; c'est la plus grande racine réelle du polynôme x124x88x74x6+2x4+8x3+12x2+8x+2.

Plus d'informations sur ces réseaux peuvent être trouvées dans l'article sur le Modèle:Lien.

Preuve de Duminil-Copin–Smirnov

En 2010, Hugo Duminil-Copin et Stanislav Smirnov ont publié la première preuve rigoureuse du fait que μ=2+2=2cosπ8 pour le réseau hexagonal[2].

Cela avait été conjecturé par Nienhuis en 1982[3] dans le cadre d'une étude plus large de modèles en O(n) à l'aide de techniques de renormalisation. Cette preuve est issue d'un programme consistant à appliquer des outils d'analyse complexe à des modèles probabilistes, programme qui a également produit des résultats impressionnants pour le modèle d'Ising, entre autres[6].

L'argument repose sur l'existence d'une "observable parafermionique" qui satisfait la moitié des équations discrètes de Cauchy–Riemann pour le réseau hexagonal.

Nous allons modifier légèrement la définition d'un chemin auto-évitant en le faisant commencer et terminer au milieu d'une arête. Soit H l'ensemble de tous les milieux des arêtes du réseau hexagonal supposé plongé dans le plan complexe. Pour un chemin auto-évitant γ entre les deux milieux d'arêtes a et b , nous appelons (γ) le nombre de sommets visités et Wγ(a,b)son nombre d'enroulement ou "winding" égal à la totalité de la rotation de la direction en radians quand on parcourt γ de a à b . Le but de la démonstration est de prouver que la fonction "de partition" Z(x)=γ:aHx(γ)=n=0cnxna un rayon de convergence égal à xc=1/2+2. Cela implique en effet immédiatement que μ=limncn1/n=2+2.

Étant donné un domaine Ω dans le réseau hexagonal, un milieu d'arête a et deux paramètres x et σ, nous définissons "l'observable parafermionique"

F(z)=γΩ:azeiσWγ(a,z)x(γ).

Si x=1/2+2 et σ=5/8, alors pour tout sommet s de Ω nous avons (ps)F(p)+(qs)F(q)+(rs)F(r)=0p,q,r sont les milieux des arêtes émanant de s. Ce lemme établit que l'observable parafermionique est de divergence nulle. Il n'a pas été montré que son rotationnel est nul mais cela permettrait de résoudre plusieurs problèmes ouverts (voir les conjectures). La preuve de ce lemme est un savant calcul qui dépend fortement de la géométrie du réseau hexagonal.Ensuite, nous nous concentrons sur un domaine trapézoïdal ST,L avec 2L cellules formant le côté gauche, T cellules au travers, et des côtés supérieur et inférieur avec un angle de ±π/3 (image nécessaire).

Nous avons intégré le réseau hexagonal dans le plan complexe, de sorte que l'arête de longueur 1 et  la mi-arête dans le centre de la gauche est positionné en −1/2. Puis les sommets sont donnés par V(ST,L)={zV():0Re(z)3T+12,|3Im(z)Re(z)|3L}.

Nous définissons alors les fonctions de partition pour les chemins auto-évitants partant de a et aboutissant à la frontière. Soit α la partie gauche de la frontière, β la droite, ϵla partie supérieure, et ϵ¯ la partie inférieure. Soit AT,Lx:=γST,L:aα{a}x(γ),BT,Lx:=γST,L:aβx(γ),ET,Lx:=γST,L:aϵϵ¯x(γ).

En additionnant l'identité (ps)F(p)+(qs)F(q)+(rs)F(r)=0sur tous les sommets de V(ST,L) et notant que le "winding" est fixé en fonction de la partie de la frontière où le chemin se termine, nous arrivons à la relation 1=cos(3π/8)AT,Lxc+BT,Lxc+cos(π/4)ET,Lxcaprès un autre habile calcul. Faisant L, on obtient une bande ST et les fonctions de partition ATx:=γST:aα{a}x(γ),BTx:=γST:aβx(γ),ETx:=γST:aϵϵ¯x(γ).

Il a été montré plus tard que ET,Lxc=0 mais nous n'avons pas besoin de cela pour la preuve[7].

Nous nous retrouvons avec la relation 1=cos(3π/8)AT,Lxc+BT,Lxc. De là, nous pouvons déduire l'inégalité AT+1xcATxcxc(BT+1xc)2.

Et arriver par induction à une limite inférieure strictement positive pour BTxc. Puisque Z(xc)T>0BTxc=nous avons établi que μ2+2.

Pour l'inégalité inverse, pour un chemin auto-évitant arbitraire d'un treillis hexagonal, nous procédons à une décomposition canonique due à Hammersley et Welsh du chemin  dans les ponts de largeurs TI<<T1 et T0>>Tj . Notez que nous pouvons lier BTx(x/xc)TBTxc(x/xc)Tce qui implique T>0(1+BTx)<.

Enfin, il est possible de lier la fonction de partition aux fonctions de partition de pont : Z(x)TI<<T1,T0>>Tj2(k=IjBTkx)=2(T>0(1+BTx))2.

Nous obtenons donc μ=2+2=2cosπ8 comme souhaité.

Conjectures

Flory a estimé la distance moyenne de l'extrémité wn au point de départ O d'un chemin auto-évitant du réseau carré de longueur n : 1cnCAEdelongueurndist(0,wn)2 à n3/4(alors que celle-ci est de n1/2pour un chemin quelconque).

L'exposant de mise à l'échelle 3/4 et la constante universelle 11/32 pourrait être justifiés si les chemins auto-évitants possédaient un invariant conforme d'échelle limite, conjecturé être une Modèle:Lien avec κ=8/3[8].

Voir aussi

Références

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Reflist

Liens externes

Modèle:Portail