Extension radicielle

De testwiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Dans la théorie des extensions de corps, à l'opposé des extensions algébriques séparables, il existe les extensions radicielles. C'est un phénomène spécifique à la caractéristique positive et qui apparaît naturellement avec les corps de fonctions en caractéristique positive.

Définition

Soit L/K une extension de corps de caractéristique p>0. Un élément x de L est dit radiciel sur K s'il existe un entier n>0 tel que xpnK. Une extension (algébrique) L/K est une extension radicielle si tout élément de L est radiciel sur K.

Une extension radicielle est aussi appelée une extension purement inséparable, qui est plus proche de la terminologie anglophone Modèle:Lang. Le terme radiciel reflète le fait que tout élément est une racine d'un élément de K (cette propriété caractérise d'ailleurs les extensions radicielles parmi les extensions algébriques quelconques).

Une extension radicielle L/K est de hauteur m si, pour tout élément x de L, on a xpmK et si m est minimal pour cette propriété. Toute extension radicielle finie est de hauteur finie.

Exemples

  • Si aK est un élément qui n'est pas une puissance p-ième dans K, alors le polynôme XpaK[X] est irréductible, son corps de rupture (égal au corps de décomposition ici) est une extension radicielle de K de degré p.
  • Soit L un corps de caractéristique p. Soit n un entier naturel. Alors l'ensemble Lpn des éléments de la forme xpn est un sous-corps de L et L/Lpn est une extension algébrique radicielle (qui n'est pas nécessairement de degré fini).
  • Soit K(X) le corps des fractions rationnelles à une variable sur un corps parfait K. Alors K(X1/p) est une extension radicielle de degré p sur K(X) et c'est l'unique extension radicielle de K(X) de degré p. Il en résulte que toute extension radicielle de K(X) est isomorphe à un corps des fractions rationnelles K(X1/pd).
  • En revanche, K(X,Y) a plusieurs extensions radicielles de degré p non isomorphes entre elles (en tant qu'extensions de K(X,Y)).

Propriétés

  • Une extension radicielle finie est nécessairement de degré une puissance de p.
  • Le polynôme minimal d'un élément radiciel est de la forme Xpna.
  • Si L/K est une extension radicielle, alors tout homomorphisme de K dans un corps parfait F s'étend de façon unique en un homomorphisme LF. En particulier, si F contient L (par exemple si c'est une clôture algébrique de L), alors tout K-homomorphisme de L dans F est égal à l'identité sur L composée avec l'inclusion canonique LF.
  • Une extension radicielle de degré fini se décompose en une succession d'extensions radicielles de degré p.
  • Une clôture algébrique Ω de K est radicielle sur la clôture séparable de K contenue dans Ω.

Clôture radicielle

Si l'on fixe une clôture algébrique Ω de K, l'ensemble des éléments de Ω radiciels sur K forment une extension radicielle de K, appelée clôture radicielle de K. C'est un corps parfait. Toutes les clôtures radicielles de K sont isomorphes entre elles.

Par exemple, si K est un corps parfait de caractéristique p>0, la clôture radicielle du corps des fractions rationnelles K(X) est la réunion (dans une clôture algébrique de K(X)) des extensions K(X1/pn) pour n parcourant les entiers naturels.

Applications aux extensions algébriques

Modèle:Théorème

Remarques

  • Le degré de l'extension L/E est appelé le degré d'inséparabilité de l'extension L/K.
  • En général on ne peut pas décomposer L/K en une extension radicielle F/K et une extension séparable L/F[1]. Mais si L/K est une extension finie normale, alors c'est une extension galoisienne d'une extension radicielle de K. Ici l'extension radicielle n'est autre le sous-corps des éléments de L invariants par le groupe des K-automorphismes de L.
  • Un corps est parfait si et seulement s'il n'a pas d'extension radicielle autre que lui-même.
  • Un corps de fonctions en caractéristique positive en au moins une variable n'est jamais parfait.
  • Contrairement aux extensions finies séparables, une extension radicielle finie n'admet pas nécessairement d'élément primitif. Par exemple, l'extension K(X1/p,Y1/p) du corps des fractions rationnelles K(X,Y) nécessite deux générateurs[2].

Liens avec le Frobenius

L'endomorphisme de Frobenius d'un anneau A de caractéristique p est donné par xxModèle:Exp. Si K est un corps de caractéristique p, alors le Frobenius KK induit une extension radicielle de hauteur 1. C'est l'extension K de KModèle:Exp (l'ensemble des puissances p-ièmes des éléments de K) ou l'extension KModèle:Exp (l'ensemble des racines p-ièmes des éléments de K dans une clôture algébrique de K) de K.

Inversement, toute extension radicielle L/K de hauteur 1 est contenue dans KModèle:Exp.

Géométrie algébrique

Un morphisme de schémas f:XY est dit radiciel[3] si pour tout corps K, l'application X(K)Y(K) est injective. Cela revient à dire que f est injective et que pour tout point x de X, l'extension des corps résiduels k(x)/k(f(x)) est radicielle[4].

On dit que f est un homéomorphisme universel si pour tout Y-schémas Z, le morphisme X×YZZ obtenu par changement de base est un homéomorphisme[5]. Un morphisme fini surjectif et radiciel est un homéomorphisme universel, et l'inverse est vraie si de plus f est de présentation finie[6].

Si A est une variété abélienne supersingulière sur un corps de caractéristique p, le morphisme de multiplication par p sur A est un morphisme radiciel.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Articles connexes

Endomorphisme de Frobenius Modèle:Palette

Modèle:Portail

  1. En effet, considérons K=k(X,Y) le corps des fractions rationnelles à deux variables à coefficients dans un corps de caractéristique p non nulle. Alors le polynôme F(T)=T2p+XTp+YK[T] est irréductible sur K. Soit L=K[t] un corps de rupture de F(T). C'est une extension radicielle de degré p de l'extension quadratique séparable K[tp] de K. En particulier c'est une extension inséparable. Si elle est séparable sur une sous-extension radicielle E, alors [E:K]=p et [L:E]=2. Il existe donc r,sE tels que t2+rt+s=0. Il suit que t2p+rptp+sp=0 avec rp,spK. Donc r=X1/p et s=Y1/p. Ce qui impliquerait que [E:K]p2. Contradiction.
  2. En effet c'est une extension de degré p2, mais tout élément de l'extension est de degré au plus p.
  3. Modèle:Harvsp, I.3.5.4
  4. Modèle:Harvsp, I.3.5.8
  5. Modèle:Harvsp, IV.2.4.2
  6. Modèle:Harvsp, IV.8.11.6