Fibré des repères

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En géométrie différentielle, un fibré des repères est un certain type de fibré principal qui correspond à un fibré vectoriel sur une variété différentielle. Les points du fibré des repères sont les repères linéaires des fibres du fibré vectoriel correspondant.

L'exemple le plus commun de fibré des repères est le fibré des repères tangents correspondant au fibré tangent d'une variété différentielle. Le fibré des repères tangents revient souvent en géométrie différentielle puisque, par réduction structurelle, il sert à définir plusieurs autres fibrés des repères dont le fibré des repères orthonormaux d'une variété riemannienne ou encore le fibré des repères symplectiques d'une variété symplectique.

La notion de fibré des repères joue un rôle important en physique théorique dont en théorie de jauge, en quantification géométrique ainsi qu'en relativité générale dans sa formulation en tétrades où des champs de repères non holonomiques sont considérés. Le fibré des repères joue aussi un rôle important en physique quantique où son double recouvrement sert à définir la notion de spin 1/2 des fermions. Ensuite, le fibré des repères joue aussi un rôle dans les théories du tout et en théorie de Kaluza-Klein[1] où les groupes structurels en jeu, e.g. SU(3)×SU(2)×U(1), peuvent être interprétés comme sous-groupes d'un GL(n;) pour Modèle:Mvar assez grand. Enfin, l'importance de la notion de fibré des repères est que, contrairement à la notion plus générale de fibré principal, toute variété différentielle est naturellement munie d'un fibré des repères tangents.

Définition

Soient :

Définition : Le fibré des repères du fibré vectoriel Modèle:Mvar sur Modèle:Mvar est le GL(V)-fibré principal π:Fr(E)B dont les fibres sont données en tout point xB par :

Frx(E):=Isom(V;Ex).

Ici, Ex est la fibre de Modèle:Mvar sur le point Modèle:Mvar et Isom(V;Ex) dénote l'ensemble des isomorphismes allant de l'espace vectoriel Modèle:Mvar à l'espace vectoriel Ex.

L'action de groupe par la droite du groupe structurel GL(V) sur le fibré principal Fr(E) est donnée sur chaque fibre Frx(E) par la composition d'applications linéaires :

aλ:=aλ,aFrx(E),λGL(V)

Un élément aFrx(E) est dit être un repère de la fibre Ex.

Remarque : Ici la distinction est faite entre une base vectorielle (qui est un n-uplet de vecteurs) et un repère linéaire (qui est un isomorphisme entre espaces vectoriels). Néanmoins, une base vectorielle de Modèle:Mvar induit une bijection entre les bases vectorielles d'une fibre Ex et les repères linéaires en Frx(E).

Sections d'un fibré associé à un fibré des repères

Soit EB un fibré vectoriel de fibre type Modèle:Mvar sur Modèle:Mvar et soit π:Fr(E)B son fibré des repères correspondant. Considérons la représentation de groupe canonique ρ:GL(V)Aut(V) donnée par ρ(λ)v=λv pour tout λGL(V) et tout vV. Alors, Modèle:Mvar est naturellement le fibré associé de son fibré des repères Fr(E) pour la représentation canonique :

E=Fr(E)×ρV.

Ce faisant, à toute section ψ:BE du fibré Modèle:Mvar correspond une fonction ρ-équivariante ψ:Fr(E)V. Plus précisément, la relation entre ψ et ψ est donnée par ψ(π(a))=[a,ψ(a)] en tout aP. Ici [] dénote la classe d'équivalence en E=Fr(E)×ρV=(Fr(E)×V)/ pour la relation d'équivalence usuelle (a,v)(aλ,ρ(λ)1v) pour tous aFr(E),λGL(V),vV. Aussi, l'équivariance de ψ est explicitement ψ(aλ)=ρ(a)1ψ(a). Dans le présent cas spécifique des fibrés des repères, Modèle:C.-à-d. un type particulier de fibré principal, on peut utiliser le fait que les points du fibré des repères sont des isomorphismes linéaires pour obtenir l'égalité suivante :

ψ(a)=a1(ψ(π(a))).

On peut aller encore plus loin. Soit sα:UαBπ1(Uα)Fr(E) une section trivialisante locale. Alors, la trivialisation locale ψα:=sα*ψ:UαV s'écrit explicitement :

ψα=sα1(ψ).

Cette dernière égalité est utile pour exprimer localement une base vectorielle du fibré Modèle:Mvar par un champ de repères local sα.

Fibré des repères tangents

Le fibré des repères linéaires tangents sur une variété différentielle Modèle:Mvar de dimension Modèle:Mvar est le GL(n;)-fibré principal Fr(TB) qui correspond au fibré tangent TB. Il est aussi commun d'écrire plus simplement Fr(B) au lieu de Fr(TB).

Le fibré tangent

Considérons la représentation canonique ρ0:GL(n;)Aut(n) donnée par ρ0(λ)v:=λv,λGL(n;),vn. Le fibré tangent peut être vu comme un fibré associé du fibré des repères tangents :

TB=Fr(B)×ρ0n

Ici, on voit bien que les points du fibré des repères Fr(B) correspondent à des repères linéaires tangents sur Modèle:Mvar. En effet, tout repère aFr(B) induit une base vectorielle {vi}i=1,...,n={a(ei)}i=1,...,n de la fibre tangente Tπ(a)B, pour {ei}i=1,...,n la base canonique de n. Inversement, étant donnée une base vectorielle {vi}i=1,...,n de TxB il existe un repère aFrx(B) tel que vi=a(ei),i=1,...,n.

Le fibré cotangent

Considérons la représentation canonique duale ρ0*:GL(n;)Aut((n)*) donnée par ρ0*(λ)α:=αλ1,λGL(n;),α(n)*. Le fibré cotangent peut être vu comme un fibré associé du fibré des repères tangents :

T*B=Fr(B)×ρ0*(n)*

Le fibré tensoriel

Plus généralement, tout tenseur sur une variété différentielle est une section du fibré tensoriel. Le fibré tensoriel peut être construit soit à partir des diverses tensorisations des fibrés tangent TB et cotangent T*B soit à partir du fibré des repères Fr(B) et des diverses tensorisations des représentations canonique et canonique duale.

Les Modèle:Mvar-formes différentielles

Une Modèle:Mvar-forme différentielle est une section du fibré en droites réelles suivant :

nT*B=Fr(B)×nρ0*n(n)*

De manière équivalente, on peut écrire ce dernier fibré comme :

nT*B=Fr(B)×ρ

pour la représentation ρ:GL(n;)×;λdet(λ)1.

Les densités

Une densité sur une variété Modèle:Mvar est une section du fibré en droites réelles suivant :

E=Fr(B)×ρ

pour la représentation ρ:GL(n;)(+,);λ|det(λ)|1. Les densités sont surtout considérées dans un contexte statistique sur une variété différentielle, par exemple en mécanique statistique[2]. En effet, l'intégration d'une densité dμ sur UB donne lieu à une mesure μ(U)=Udμ.

Champ de repères holonomiques et non holonomiques

Soit Modèle:Mvar une variété différentielle de dimension Modèle:Mvar, TB son fibré tangent et Fr(B) son fibré des repères tangents. Un champ de repères tangents local est une section trivialisante locale du fibré des repères tangents :

sα:UαBπ1(Uα)Fr(E)

La base canonique {ei}i=1,...,n de n et un champ de repères tangents local sα induisent une base locale {Xi}i=1,...,n={sα(ei)}i=1,...,n du fibré tangent TUαB sur Uα. Lorsque la famille de champs vectoriels {Xi}i=1,...,n peut s'écrire comme :

Xi=xi

pour un système de coordonnées locales (xi)i=1,...,n sur Uα, on dit que sα est un champ de repères holonomique. Autrement dit, un champ de repères holonomique est un champ de repères qui peut s'exprimer en termes de coordonnées locales. Il existe bien entendu des champs de repères qui ne sont pas holonomiques. L'utilité d'un champ de repères non holonomique est, par exemple, d'écrire localement une métrique pseudo-riemannienne courbe comme une métrique de Minkowski, ce qui est bien entendu impossible à faire avec un champ de repères holonomique.

Réduction structurelle et structures

En géométrie différentielle, voici des exemples de structures géométriques couramment introduites sur une variété différentielle Modèle:Mvar de dimension 2n :

  • une structure riemannienne Modèle:Math est donnée par une section du fibré des formes bilinéaires symétriques (T*BT*B) : gΓ(T*BT*B) ;
  • une structure symplectique ωΓ(T*BT*B) ;
  • une structure presque-complexe JΓ(T*BTB).

Ces diverses structures géométriques correspondent à diverses réductions structurelles du fibré des repères tangents. Rappelons d'abord qu'une réduction structurelle du GL(2n;)-fibré des repères tangents Fr(B) est la donnée d'un sous-groupe de Lie G<GL(2n;) et d'un sous-G-fibré principal PFr(B). Mathématiquement :

aλP,aPFr(B),λG<GL(2n;)

La correspondance entre réduction structurelle et structure géométrique est comme suit. Soit ρ0 la représentation canonique de GL(2n;) sur 2n et soit ρ0* sa représentation canonique duale. Les structures géométriques g, ω et J sont des sections de fibrés associés du fibré des repères tangents pour respectivement les représentations suivantes :

ρg=ρ0*ρ0*:GL(2n;)Aut((2n)*(2n)*)
ρω=ρ0*ρ0*:GL(2n;)Aut((2n)*(2n)*)
ρJ=ρ0*ρ0:GL(2n;)Aut((2n)*2n)

Ce faisant, aux structures géométriques g, ω et J correspondent des fonctions respectivement ρg, ρω et ρJ-équivariantes sur le fibré des repères tangents :

g:Fr(B)(2n)*(2n)*
ω:Fr(B)(2n)*(2n)*
J:Fr(B)(2n)*2n

Soient {ei}i=1,...,2n la base canonique de 2n et {ei}i=1,...,2n sa base canonique duale de (2n)* définie par ei(ej):=δji,i,j=1,...,2n. Sur 2n il existe des structures canoniques :

  • un produit scalaire canonique g0=i=12neiei,
  • une forme symplectique canonique ω0=i=1neien+i,
  • une structure complexe canonique J0=i=1neien+ien+iei.

Par équivariance des fonctions g, ω et J sur le fibré des repères tangents, il existe des sous-variétés où ces trois fonctions équivariantes ont pour valeurs leur version canonique g0, ω0 et J0 :

Pg:={aFr(B):g|a=g0}
Pω:={aFr(B):ω|a=ω0}
PJ:={aFr(B):J|a=J0}

Ces trois sous-variétés de Fr(B) sont respectivement des O(2n;), Sp(2n;) et GL(n;) sous-fibrés principaux. C'est ainsi que les structures géométriques correspondent aux réductions structurelles du fibré des repères tangents. Ce phénomène s'étend à d'autres domaines de la géométrie différentielle. Ainsi on peut introduire la notion de structure spinorielle, quand elle existe, par relèvement de la structure du fibré des repères orthornormaux d'une variété riemannienne. Ou encore, en quantification géométrique, une structure hermitienne h correspond à une U(1)-réduction structurelle d'un ×-fibré principal.

Notes et références

Modèle:Références Modèle:Ouvrage

Modèle:Portail

  1. Edward Witten, 1981, Search for a realistic Kaluza-Klein theory, Nuclear Physics B186, 412-428, North-Holland Publishing Company.
  2. Jean-Marie Souriau, Thermodynamique et géométrie, 1978, Mathematics Subject Classification. 82A30 (58F05)