Fugacité

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En chimie physique, et plus particulièrement en thermodynamique, la fugacité d'une espèce chimique exprime l'écart entre les propriétés de cette espèce pure ou dans un mélange réel et ses propriétés à l'état de gaz parfait pur. Elle a la dimension d'une pression et est notée fi. La notion de fugacité est applicable à toutes les phases (gaz, liquide, solide), elle permet notamment le calcul des équilibres de phases.

Le coefficient de fugacité d'une espèce, adimensionnel et noté ϕi, est le rapport entre la fugacité réelle et la fugacité du gaz parfait en mélange aux mêmes pression, température et composition. Il est calculé au moyen d'une équation d'état et est également en théorie applicable à toutes les phases. Dans la pratique son usage est généralement restreint aux gaz ; les phases liquide et solide sont le plus souvent représentées par des activités chimiques.

Historique

À la suite de l'apparition de l'équation d'état de van der Waals en 1873, il devenait possible de calculer les équilibres de phases gaz-liquide. En effet, cette équation novatrice pour son époque permettait de calculer aussi bien les propriétés d'un gaz que celles d'un liquide. Willard Gibbs et Pierre Duhem introduisirent peu après (1875 à 1878) le potentiel chimique, important dans les équilibres de phases et les équilibres chimiques. Toutefois, le potentiel chimique se révéla difficile à manipuler, car il ne peut être calculé qu'à une constante additive près et non de façon absolue. De plus le potentiel chimique de toute espèce tend vers l'infini négatif à dilution infinie. En 1900[1] et 1901[2], Gilbert Lewis introduisit la fugacité, qui décrit l'écart de comportement d'un corps réel, pur ou en mélange, par rapport au même corps à l'état de gaz parfait pur. À partir de la fugacité, Lewis introduisit en 1923[3] l'activité chimique, plus spécialement appliquée aux phases condensées (liquide ou solide).

Définitions

Fugacité

La variation isotherme à composition constante du potentiel chimique d'un corps i pur ou en mélange en fonction de la pression est donnée par la relation :

(μiP)T,n=V¯i

avec V¯i le volume molaire du corps pur ou le volume molaire partiel du corps i en mélange.

Pour un gaz parfait pur, le volume molaire vaut :

V¯i,*=RTP

En conséquence, la variation isotherme du potentiel chimique d'un gaz parfait pur vaut :

dμi,*=RTdPP=RTdlnP

Lewis s'inspira de cette relation pour introduire la notion de fugacité d'un corps i, notée fi, qu'il définit ainsi[3] :

Variation isotherme du potentiel chimique : dμi=RTdlnfi

La fugacité a la dimension d'une pression.

La fugacité d'un gaz parfait pur est égale à la pression : fi,*=P. La fugacité d'un corps dans un mélange de gaz parfaits est égale à la pression partielle de ce corps : fi=xiP, avec xi la fraction molaire du corps dans le mélange. Ces deux relations ne sont pas vraies pour un corps réel.

La fugacité se définit pour n'importe quelle phase, aussi bien pour un gaz que pour un liquide, un solide ou un fluide supercritique. Elle se définit également aussi bien pour un état réel que pour un état théorique : gaz parfait comme vu précédemment ou tout autre état standard.

L'intégration, à température et pression constantes, de l'expression définissant la fugacité donne la relation entre le potentiel chimique μi du corps i dans un mélange réel et le potentiel chimique μi,* du même corps i à l'état de gaz parfait pur aux mêmes pression et température que le mélange réel :

μiμi,*=RTlnfi,*lnfidlnfi=RTln(fifi,*)
μi(P,T,x)μi,*(P,T)=RTln(fi(P,T,x)P)

Cette expression donne une autre définition de la fugacité, toutes les grandeurs étant définies aux mêmes pression et température, mais pas nécessairement aux mêmes composition (fractions molaires x) et état :

Fugacité : μiμi,*=RTln(fiP)

avec :

  • P la pression du mélange réel ;
  • T la température du mélange réel ;
  • fi la fugacité du corps i dans le mélange réel ;
  • μi le potentiel chimique du corps i dans le mélange réel ;
  • μi,* le potentiel chimique du corps i à l'état de gaz parfait pur aux mêmes P et T que le mélange réel ;
  • R la constante universelle des gaz parfaits.

Coefficient de fugacité

Le théorème de Gibbs conduit à la relation suivante :

μi=μi,*+RTlnxi

entre le potentiel chimique μi,* du corps i à l'état de gaz parfait pur et le potentiel chimique μi du même corps dans un mélange de gaz parfaits, les deux potentiels étant définis aux mêmes pression et température, xi étant la fraction molaire du corps i dans le mélange. Nous avons donc, en utilisant la définition de la fugacité, la relation :

μiμi=RTln(fixiP)

dans laquelle les deux potentiels chimiques sont définis aux mêmes pression, température et composition. Cette relation montre que la fugacité d'un corps i dans un mélange de gaz parfaits est égale à la pression partielle de ce corps :

μiμi=RTlnfilnfidlnfi=RTln(fifi)
fi=xiP

Pour tout corps i du mélange, le rapport entre la fugacité réelle et la fugacité du gaz parfait en mélange aux mêmes pression, température et composition est appelé coefficient de fugacité, il est noté ϕi :

Coefficient de fugacité : ϕi=fifi=fixiP

Le coefficient de fugacité est adimensionnel.

Le coefficient de fugacité exprime l'écart entre le potentiel chimique μi d'un corps i dans un mélange réel et le potentiel chimique μi de ce même corps i en mélange de gaz parfaits aux mêmes pression, température et composition que le mélange réel :

Coefficient de fugacité : μiμi=RTlnϕi

Le coefficient de fugacité exprime également l'écart entre le potentiel chimique μi d'un corps i dans un mélange réel et le potentiel chimique μi,* de ce même corps i à l'état de gaz parfait pur, aux mêmes pression et température :

μiμi,*=RTln(xiϕi)

Par définition, le coefficient de fugacité d'un gaz parfait en mélange est donc égal à 1 :

Pour un gaz parfait : ϕi=1 et fi=xiP

À fortiori pour un gaz parfait pur :

Pour un gaz parfait pur : ϕi,*=1 et fi,*=P

Le gaz parfait correspond au cas idéal dans lequel les molécules n'ont aucune interaction entre elles hormis des chocs élastiques.

Lorsque les molécules s'attirent, la pression réelle est inférieure à celle du gaz parfait correspondant de même composition, à la même température et dans le même volume : dans ce cas ϕi<1 et fi<xiP.

Inversement, lorsque les molécules se repoussent, la pression réelle est supérieure à celle du gaz parfait correspondant de même composition, à la même température et dans le même volume : dans ce cas ϕi>1 et fi>xiP.

Enthalpie libre résiduelle

Modèle:Article détaillé

Une grandeur résiduelle XRES exprime l'écart entre une grandeur thermodynamique extensive X d'un mélange réel (gaz, liquide ou solide) et la même grandeur thermodynamique extensive X d'un mélange de gaz parfaits aux mêmes pression, température et composition :

Grandeur résiduelle : XRES=XX

Les relations suivantes sont également vraies entre grandeurs molaires et grandeurs molaires partielles, respectivement réelles, du gaz parfait et résiduelles :

X¯=X¯+X¯RES
X¯i=X¯i+X¯iRES

Pour l'enthalpie libre G, l'identité des potentiels chimiques et des enthalpies libres molaires partielles permet d'écrire :

G¯i=μi=μi+RTlnϕi=G¯i+RTlnϕi

Le deuxième terme est donc l'enthalpie libre molaire partielle résiduelle :

Enthalpie libre molaire partielle résiduelle : G¯iRES=μiRES=RTlnϕi

Le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre s'applique aux grandeurs résiduelles puisque ce sont des grandeurs extensives. Avec ni nombre de moles et xi fraction molaire de chacun des N corps i présents dans le mélange, on a donc en particulier pour l'enthalpie libre :

Enthalpie libre résiduelle : GRES=i=1NniG¯iRES=i=1NniRTlnϕi
Enthalpie libre molaire résiduelle : G¯RES=i=1NxiG¯iRES=i=1NxiRTlnϕi

Calcul de la fugacité et du coefficient de fugacité

Dépendance de la fugacité à la pression, à la température et à la composition

Dépendance à la pression

Le potentiel chimique varie de façon isotherme selon :

(μiP)T,n=V¯i

et par définition, de façon isotherme également, selon :

dμi=RTdlnfi

On peut donc écrire directement[4] :

Variation de la fugacité avec la pression : (lnfiP)T,n=V¯iRT

avec V¯i=(Vni)P,T,nji le volume molaire partiel du corps i dans le mélange.

En intégrant entre les pressions P de référence et P du mélange, on obtient :

PPdlnfi=lnfilnfi=PPV¯idPRT

soit :

lnfifi=PPV¯idPRT
fi=fiexp(PPV¯idPRT)

avec fi la fugacité dans l'état de référence à la pression P et la température T du mélange. Le terme exponentiel est appelé facteur ou correction de Poynting :

Facteur ou correction de Poynting : 𝒫i=exp(PPV¯idPRT)

Dépendance à la température

Le potentiel chimique varie de façon isobare selon :

(μiT1T)P,n=H¯i

En prenant un état de référence à la même température que le mélange réel, on écrit :

(μiμiT1T)P,n=H¯iH¯i

avec μi le potentiel chimique du corps i dans l'état de référence. Puisque l'on a, par intégration de la relation définissant la fugacité :

μiμi=RTlnfifi

on obtient[4] :

Variation de la fugacité avec la température : (lnfifi1T)P,n=H¯iH¯iR

avec :

  • fi la fugacité du corps i dans l'état de référence à la même température que le mélange ;
  • H¯i=(Hni)P,T,nji l'enthalpie molaire partielle du corps i dans le mélange ;
  • H¯i l'enthalpie molaire partielle du corps i dans l'état de référence à la même température que le mélange.

En prenant comme référence l'état de gaz parfait pur aux mêmes pression et température que le mélange réel, la fugacité de référence est égale à la pression, soit fi=fi,*=P. La dérivée partielle s'effectuant à pression constante, on obtient :

Variation de la fugacité avec la température : (lnfi1T)P,n=H¯iH¯i,*R

avec H¯i,* l'enthalpie molaire du corps i à l'état de gaz parfait pur à la température du mélange (un gaz parfait répondant à la deuxième loi de Joule, son enthalpie ne dépend pas de la pression).

Dépendance à la composition

Évolution de la fugacité en fonction de la fraction molaire à pression et température constantes[5]Modèle:,[6].

À pression et température constantes, la fugacité possède deux limites, avec xi la fraction molaire du corps i dans le mélange :

  • à dilution infinie : limxi0fi=0 ;
  • pour le corps pur : limxi1fi=fi* ;

avec fi* la fugacité du corps i pur. En vertu de la règle de L'Hôpital, on définit la constante de Henry kH,i par :

kH,i=limxi0fixi=(fixi)P,T,xi=0

L'évolution de la fugacité en fonction de la composition est encadrée par deux lois[5]Modèle:,[6] :

Loi de Henry - aux faibles concentrations : fixikH,i
Loi de Lewis et Randall - aux fortes concentrations : fixifi*

Dans un mélange de N composants, la relation de Gibbs-Duhem impose pour tout composant j du mélange[4] :

Relation de Gibbs-Duhem pour les fugacités : i=1Nni(lnfinj)P,T,nkj=0

avec ni la quantité du corps i dans le mélange. D'autre part, le théorème de Schwarz appliqué à l'enthalpie libre donne, pour deux corps i et j quelconques du mélange :

(μinj)P,T,nkj=(μjni)P,T,nki

et par conséquent la relation sur les fugacités :

(lnfinj)P,T,nkj=(lnfjni)P,T,nki

On peut donc écrire, à partir de la relation de Gibbs-Duhem :

Pour tout corps j du mélange : i=1Nni(lnfjni)P,T,nki=0

Calcul de la fugacité

Formules générales

Modèle:Article détaillé

Quelles que soient les conditions de pression et de température, la fugacité d'un gaz est calculée à l'aide du coefficient de fugacité :

Fugacité en phase gaz : fig=xigϕigP

Pour un liquide, le calcul de la fugacité d'un composant est effectué à l'aide du coefficient de fugacité pour les hautes pressions (plus de Modèle:Unité), ou pour des pressions proches de la pression critique Pc,i du composant. Pour les basses pressions, le calcul est effectué à l'aide d'un coefficient d'activité selon l'approche symétrique pour un solvant et selon l'approche dissymétrique pour un gaz dissout (dont la température critique Tc,i est inférieure à la température T du mélange liquide). Le tableau suivant résume le calcul de la fugacité en phase liquide.

Fugacité en phase liquide
Solvant T<Tc,i Gaz dissout T>Tc,i
P> Modèle:Unité
ou PPc,i
fil=xilϕilP
P< Modèle:Unité fil=xilγilϕig,*,satPisat𝒫i fil=xilγilγi,skH,i,sréf𝒫i,s

avec :

  • T la température d'équilibre ;
  • P la pression d'équilibre ;
  • Pisat la pression de vapeur saturante du corps i pur à T ;
  • Préf la pression à laquelle la constante de Henry a été expérimentalement déterminée à T ;
  • kH,i,sréf la constante de Henry du corps i à Préf et T dans le solvant s ;
  • xig la fraction molaire du corps i en phase vapeur ;
  • xil la fraction molaire du corps i en phase liquide ;
  • ϕig la coefficient de fugacité du corps i en phase vapeur, à P, T et composition du mélange gazeux ;
  • ϕig,*,sat le coefficient de fugacité du corps i pur à saturation en phase vapeur, à Pisat et T ;
  • γil le coefficient d'activité du corps i en phase liquide, à P, T et composition du mélange liquide ;
  • γi,s=limxil0γil le coefficient d'activité du corps i en phase liquide, à P, T et dilution infinie dans le solvant s ;
  • V¯il,* le volume molaire liquide du corps i pur à T ;
  • V¯i,s=limxil0V¯il le volume molaire partiel du corps i en phase liquide, à P, T et dilution infinie dans le solvant s ;
  • 𝒫i=exp(PisatPV¯il,*dPRT) la correction de Poynting pour un solvant ;
  • 𝒫i,s=exp(PréfPV¯i,sdPRT) la correction de Poynting pour un soluté.

Cas des gaz parfaits et des solutions liquides idéales

Un gaz se comportant comme un gaz parfait aux hautes températures et aux basses pressions (moins de Modèle:Unité), la fugacité d'un gaz dans un mélange dans ces conditions peut être assimilée à sa pression partielle :

Fugacité dans un mélange de gaz parfaits : fig=xigP

En phase liquide, si celle-ci se comporte comme une solution idéale, la fugacité peut être calculée selon :

Fugacité en solution idéale liquide
Pour un solvant : fil=xilPisat
Pour un gaz dissout : fil=xilkH,i,sréf

Étant donné l'égalité des fugacités fig=fil dans les équilibres de phases (voir chapitre Équilibre de phases), on retrouve ainsi, dans les conditions d'idéalité, la loi de Raoult :

Loi de Raoult : xigP=xilPisat

et la loi de Henry :

Loi de Henry : xigP=xilkH,i,sréf

Calcul du coefficient de fugacité

Contrairement au potentiel chimique qui n'est toujours défini qu'à une constante additive près, le coefficient de fugacité peut être calculé de façon absolue, ce qui le rend particulièrement intéressant dans le calcul des propriétés des mélanges réels. Si ce calcul est en théorie possible pour toutes les phases (gaz, liquide, solide), il est en pratique utilisé pour les phases gazeuses à toutes les pressions et pour les phases liquides aux hautes pressions (plus de Modèle:Unité) : il nécessite en effet une équation d'état, or il n'en existe pas à l'heure actuelle représentant convenablement les phases condensées, du moins à basse pression (moins de Modèle:Unité).

Avec une équation d'état explicite en pression

Avec une équation d'état dans laquelle la pression P est exprimée explicitement en fonction du volume V, de la température T et de la composition (nombre de moles ni de chacun des constituants du mélange), P=P(V,T,n), telle que les équations d'état cubiques de van der Waals, Soave-Redlich-Kwong, Peng-Robinson, le coefficient de fugacité du corps i se calcule selon :

RTlnϕi=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ

ou, sous forme adimensionnelle :

lnϕi=+V[n(Zni)V,T,nji+Z1]dVVlnZ

avec :

  • (Pni)V,T,nji la dérivée partielle de la pression par rapport à la quantité du corps i, à volume, température et quantités des corps j autres que i constants ;
  • ni le nombre de moles du corps i dans le mélange ;
  • n=i=1Nni le nombre de moles total dans le mélange ;
  • V¯ le volume molaire du mélange réel ;
  • Z=PV¯RT le facteur de compressibilité du mélange réel.

On vérifie que pour un gaz parfait, le volume molaire valant V¯=RTP, le facteur de compressibilité est constant Z=PV¯RT=1, d'où lnϕi=0 et le coefficient de fugacité ϕi=1.

Modèle:Boîte déroulante/début

Soit un mélange de N constituants à pression P, température T et volume V, chaque constituant i étant représenté par ni moles, le mélange étant en une seule phase (gaz, liquide ou solide).

Le coefficient de fugacité de tout constituant i est défini par la relation :

μi(P,T,x)μi(P,T,x)=RTlnϕi

Pour le mélange réel, le potentiel chimique peut indifféremment s'écrire en fonction des variables réelles :

μi(P,T,x)=μi(V,T,x)

Pour le mélange de gaz parfaits correspondant il n'en va pas de même, car à P, T et composition du mélange réel le volume correspondant est calculé selon :

V=i=1NniRTPV

d'où la relation :

μi(P,T,x)=μi(V,T,x)μi(V,T,x)

La variation isotherme du potentiel chimique de tout constituant i en fonction du volume est donnée par :

(μiV)T,n=(Pni)V,T,nji

En intégrant cette relation entre un volume V0 quelconque et le volume V du mélange, à température et composition constantes, on obtient :

μi(V,T,x)μi(V0,T,x)=V0V(Pni)V,T,njidV

Pour un mélange de gaz parfaits en particulier, pour tout corps i, on a :

(Pni)V,T,nji=RTV

d'où les relations entre potentiels chimiques du constituant i à l'état de gaz parfait :

μi(V,T,x)μi(V0,T,x)=V0V(Pni)V,T,njidV=V0VRTVdV
μi(V,T,x)μi(V,T,x)=VV(Pni)V,T,njidV=VVRTVdV=RTln(VV)

Dans cette dernière relation on identifie :

VV=PVi=1NniRT=PV¯RT=Z

avec V¯=Vi=1Nni le volume molaire du mélange réel et Z le facteur de compressibilité du mélange réel.

Nous pouvons écrire :

μi(V,T,x)μi(V0,T,x)+μi(V0,T,x)μi(V,T,x)+μi(V,T,x)=0μi(V,T,x)=V0V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ

Lorsque le volume tend vers l'infini (lorsque la pression tend vers 0), le comportement du mélange réel à température et composition (nombre de moles) constantes tend vers celui du mélange de gaz parfaits, aussi peut-on écrire :

limV0+μi(V0,T,x)=limV0+μi(V0,T,x)

d'où :

μi(V,T,x)μi(V,T,x)=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ

or par définition :

μi(V,T,x)=μi(P,T,x)
μi(V,T,x)=μi(P,T,x)
μi(P,T,x)μi(P,T,x)=RTlnϕi

d'où :

RTlnϕi=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ

En divisant les expressions par RT (il est possible de l'extraire de l'intégrale puisque la température est constante dans toutes les expressions) et dans l'intégrale en factorisant par 1V :

lnϕi=+V[(Pni)V,T,njiVRT1]dVVlnZ

Étant donné que la dérivée partielle de la pression est considérée à volume et température constants, on peut écrire :

(Pni)V,T,njiVRT=(niPVRT)V,T,nji

Avec n=i=1Nni la quantité de matière totale dans le mélange, et V=nV¯, on a :

(niPVRT)V,T,nji=(ninPV¯RT)V,T,nji=(nZni)V,T,nji=n(Zni)V,T,nji+Z

d'où :

lnϕi=+V[n(Zni)V,T,nji+Z1]dVVlnZ

Modèle:Boîte déroulante/fin

Avec une équation d'état explicite en volume

Avec une équation d'état dans laquelle le volume V est exprimé explicitement en fonction de la pression P, de la température T et de la composition (nombre de moles ni de chacun des constituants du mélange), V=V(P,T,n), comme l'une des formes de l'équation du viriel, le coefficient de fugacité du corps i se calcule selon :

RTlnϕi=0P[V¯iRTP]dP

ou, sous forme adimensionnelle :

lnϕi=0P[n(Zni)P,T,nji+Z1]dPP

avec :

On vérifie que pour un gaz parfait, le volume molaire valant V¯=RTP, le facteur de compressibilité est constant Z=PV¯RT=1, d'où lnϕi=0 et le coefficient de fugacité ϕi=1.

Modèle:Boîte déroulante/début

Soit un mélange de N constituants à pression P, température T et volume V, chaque constituant i étant représenté par ni moles, le mélange étant en une seule phase (gaz, liquide ou solide).

La variation isotherme du potentiel chimique de tout constituant i en fonction de la pression est donnée par :

(μiP)T,n=V¯i

avec le volume molaire partiel du constituant i :

V¯i=(Vni)P,T,nji

En intégrant cette relation entre une pression P0 quelconque et la pression P du mélange, à température et composition constantes, on obtient :

μi(P,T,x)μi(P0,T,x)=P0PV¯idP

Pour un mélange de gaz parfaits en particulier, le volume molaire partiel de tout corps i vaut :

V¯i=RTP

d'où la relation entre potentiels chimiques du constituant i à l'état de gaz parfait :

μi(P,T,x)μi(P0,T,x)=P0PV¯idP=P0PRTPdP

En soustrayant l'expression obtenue pour les gaz parfaits à l'expression générale obtenue précédemment, nous avons :

μi(P,T,x)μi(P0,T,x)+μi(P0,T,x)μi(P,T,x)=P0P[V¯iRTP]dP

Lorsque la pression tend vers 0, le comportement du mélange réel à température et composition constantes tend vers celui du mélange de gaz parfaits, aussi peut-on écrire :

limP00μi(P0,T,x)=limP00μi(P0,T,x)

d'où :

μi(P,T,x)μi(P,T,x)=0P[V¯iRTP]dP

or par définition :

μi(P,T,x)μi(P,T,x)=RTlnϕi

d'où :

RTlnϕi=0P[V¯iRTP]dP

En divisant les expressions par RT (il est possible de l'extraire de l'intégrale puisque la température est constante dans toutes les expressions) et dans l'intégrale en factorisant par 1P :

lnϕi=0P[V¯iPRT1]dPP

Étant donné que la dérivée partielle du volume est considérée à pression et température constantes, on peut écrire :

V¯iPRT=(Vni)P,T,njiPRT=(niPVRT)P,T,nji

Avec n=i=1Nni la quantité de matière totale dans le mélange, et V=nV¯, on a :

(niPVRT)P,T,nji=(ninPV¯RT)P,T,nji=(nZni)P,T,nji=n(Zni)P,T,nji+Z

d'où :

lnϕi=0P[n(Zni)P,T,nji+Z1]dPP

Modèle:Boîte déroulante/fin

Modèle:Boîte déroulante/début

Selon le type d'équation d'état utilisé, il existe donc deux formules couramment utilisées pour le calcul du coefficient de fugacité :

  • avec une équation d'état explicite en pression : RTlnϕi=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ,
  • avec une équation d'état explicite en volume : RTlnϕi=0P[(Vni)P,T,njiRTP]dP.

Le coefficient de fugacité lie les propriétés d'un mélange réel à celles d'un gaz parfait aux mêmes pression, température et composition. Son calcul implique le passage par un état intermédiaire dans lequel le mélange réel se comporte comme un gaz parfait. Soient n moles d'un mélange réel à pression P et température T dans un volume V ; la phase de ce mélange est indifférente, il peut s'agir d'un gaz, d'un liquide ou d'un solide. En conservant constantes la température et la quantité de matière, ce mélange réel se comporte comme un gaz parfait à pression nulle et donc à volume infini (les molécules étant infiniment éloignées les unes des autres elles n'ont plus d'interaction entre elles, ce qui définit le gaz parfait) ; dans cet état intermédiaire, le produit pression × volume vaut nRT.

La première expression du coefficient du fugacité donne :

RTlnϕi=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ=+V(Pni)V,T,njidV++VRTVdVRTlnZ

En utilisant la relation :

(Pni)V,T,nji×(niV)P,T,nji×(VP)T,n=1

on obtient :

+V(Pni)V,T,njidV=++V(Vni)P,T,nji×(PV)T,ndV

La différentielle de la pression :

dP=(PV)T,ndV+(PT)V,ndT+i=1N(Pni)V,T,njidni

donne à température et composition constantes :

dP=(PV)T,ndV

et par conséquent, en considérant le changement de variable et les bornes d'intégration liées à l'état réel pour la borne supérieure et à l'état intermédiaire pour la borne inférieure :

+V(Pni)V,T,njidV=0P(Vni)P,T,njidP

D'autre part, le produit pression × volume valant PV pour le mélange réel et nRT pour l'état intermédiaire :

RTlnZ=RTln(PVnRT)=RTnRTPVd(PV)PV

avec :

d(PV)PV=PdV+VdPPV=dVV+dPP

donne, en considérant les bornes relatives aux états réel (borne supérieure) et intermédiaire (borne inférieure) :

RTlnZ=+VRTVdV+0PRTPdP

On a donc l'égalité des deux relations :

RTlnϕi=+V[(Pni)V,T,njiRTV]dVRTlnZ=0P[(Vni)P,T,njiRTP]dP

Modèle:Boîte déroulante/fin

Équilibre de phases

Modèle:Article détaillé

Relation générale

Lorsque deux phases ou plus (gaz, liquide, solide) sont en équilibre, les potentiels chimiques de chacun des corps en présence sont homogènes sur l'ensemble des phases. Autrement dit, s'il existe à l'équilibre les phases α,β,γ, les potentiels chimiques de tout corps i présent répondent à l'égalité :

Équilibre chimique : μiα=μiβ=μiγ

En introduisant les fugacités respectives fiα,fiβ,fiγ de tout corps i dans chacune de ces phases, on peut écrire pour chacun des potentiels chimiques :

μiα(P,T,xα)=μi,*(P,T)+RTln(fiαP)
μiβ(P,T,xβ)=μi,*(P,T)+RTln(fiβP)
μiγ(P,T,xγ)=μi,*(P,T)+RTln(fiγP)

Le potentiel chimique du corps pur à l'état de gaz parfait μi,* est le même dans toutes ces expressions, puisque la pression et la température sont les mêmes dans toutes les phases à l'équilibre. L'égalité des potentiels chimiques du corps i dans l'ensemble des phases à l'équilibre conduit à la condition d'équilibre des phases :

Condition d'équilibre des phases : fiα=fiβ=fiγ

En termes de condition d'équilibre des phases, l'égalité des fugacités est tout à fait équivalente à l'égalité des potentiels chimiques : si l'une est vérifiée, l'autre est aussi vérifiée, et réciproquement. Néanmoins, les potentiels chimiques ne pouvant être déterminés qu'à une constante additive près, l'égalité des potentiels chimiques est difficilement utilisable, tandis que les fugacités peuvent être déterminées de façon absolue, ce qui les rend particulièrement utiles.

Les équilibres de phases sont le plus souvent calculés selon deux approches : l'approche ϕϕ (phi-phi) et l'approche γϕ (gamma-phi). L'approche γϕ nécessite deux modèles distincts : une équation d'état pour la phase vapeur et un modèle de coefficient d'activité pour la phase liquide ; elle est recommandée pour des pressions inférieures à 10 bar. Au-delà, l'approche ϕϕ est recommandée car elle ne nécessite qu'une seule et même équation d'état pour représenter les deux phases, ce qui rend le calcul cohérent à l'approche du point critique où les deux phases doivent se rejoindre. Les deux modèles de l'approche γϕ posent des problèmes de convergence numérique autour du point critique.

Approche ϕ - ϕ

Dans un équilibre liquide-vapeur, les fugacités des deux phases fil et fig peuvent être calculées à partir d'une même équation d'état (par exemple l'équation d'état cubique de Soave-Redlich-Kwong ou Peng-Robinson) : cette approche est alors appelée « approche ϕϕ » (phi-phi). En introduisant les fractions molaires respectives xiα,xiβ,xiγ et les coefficients de fugacité respectifs ϕiα,ϕiβ,ϕiγ de tout corps i dans chacune des phases à l'équilibre, on peut écrire pour chacune des fugacités :

Fugacité du corps i dans les diverses phases :

fiα=xiαϕiαP
fiβ=xiβϕiβP

fiγ=xiγϕiγP

L'égalité des fugacités du corps i dans l'ensemble des phases à l'équilibre conduit à l'expression de l'approche ϕϕ (phi-phi) :

Approche ϕϕ : xiαϕiα=xiβϕiβ=xiγϕiγ

On déduit également de cette expression le coefficient de partage, noté Kiα,β, du corps i entre les phases α et β :

Coefficient de partage : Kiα,β=xiαxiβ=ϕiβϕiα

On peut de même établir des coefficients de partage entre toutes les autres phases.

Pour un corps pur à saturation, c'est-à-dire en équilibre liquide-vapeur avec xl=xg=1, on note ϕl,*,sat et ϕg,*,sat les coefficients de fugacité dans les deux phases : l'approche ϕϕ conduit à l'égalité ϕl,*,sat=ϕg,*,sat, soit également à RTlnϕl,*,sat=RTlnϕg,*,sat. Avec les expressions données dans le paragraphe Calcul du coefficient de fugacité on obtient par réarrangement l'expression de la règle du palier de Maxwell[2].

Approche γ - ϕ

Modèle:Article détaillé

Comme évoqué plus haut, il n'existe pas à l'heure actuelle d'équation d'état représentant convenablement les phases liquides, notamment aux basses pressions (moins de Modèle:Unité) : il est alors préférable pour calculer les fugacités des phases liquides d'employer un modèle de coefficient d'activité et l'approche dite « approche γϕ » (gamma-phi) pour le calcul de l'équilibre de phases.

Pour la phase vapeur, en introduisant le coefficient de fugacité ϕig en phase vapeur, l'expression de la fugacité en phase vapeur est :

Fugacité en phase vapeur : fig=xigϕigP

Pour la phase liquide, en introduisant le coefficient d'activité γil en phase liquide et la fugacité fil,* du corps pur en phase liquide, l'expression de la fugacité en phase liquide est :

Fugacité en phase liquide : fil=xilγilfil,*

L'égalité des fugacités à l'équilibre des phases fig=fil induit l'expression de l'approche γϕ (gamma-phi) :

Approche γϕ : xigϕigP=xilγilfil,*

On déduit également de cette expression le coefficient de partage du corps i entre les deux phases, noté Ki :

Coefficient de partage : Ki=xigxil=γilϕigfil,*P

Cette approche est développée dans l'article Activité chimique. Elle conduit, pour des solutions idéales :

Notes et références

Notes

Bibliographie

Articles
Ouvrages

Voir aussi

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