Loi de Raoult

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Confusion

En physique, et plus particulièrement en thermodynamique, la loi de Raoult énonce que :

Modèle:Début citation blocDans une solution idéale, à température constante, la pression partielle en phase vapeur d'un constituant est proportionnelle à sa fraction molaire en phase liquide.Modèle:Fin citation bloc

Cette loi a été établie empiriquement par le physicien français François-Marie Raoult en 1882, elle est dérivée de sa loi de la tonométrie. Elle est utilisée dans de nombreux domaines de la chimie, de la physique et de la météorologie. Elle permet notamment de calculer les équilibres liquide-vapeur des solutions idéales liquides dont la phase vapeur est un mélange de gaz parfaits.

Énoncé et démonstration

Énoncé mathématique

Pression de vapeur totale (en noir) d'un mélange binaire, somme des pressions partielles des deux corps (en vert), en fonction des concentrations molaires de ceux-ci dans le mélange liquide.

Étant donné que pour le corps pur la pression est égale à sa pression de vapeur saturante, le coefficient de proportionnalité est égal à cette pression à la température du mélange. La forme mathématique de la loi de Raoult s'écrit, pour une espèce chimique i :

Loi de Raoult
pression partielle de i : Pi=xigP=xilPisat

avec les notations :

Pour un corps pur, xig=xil=1 et par conséquent Pi=P=Pisat.

Dans un mélange, la relation de Duhem-Margules impose que si l'un des composants suit la loi de Raoult alors les autres composants suivent également la loi de Raoult, ou, pour les gaz dissouts, la loi de Henry.

Démonstration

Modèle:Article détaillé

La loi de Raoult a été établie empiriquement par son auteur, sur base de sa loi de la tonométrie pour les liquides et de la loi de Dalton pour les gaz. La démonstration rigoureuse qui suit est postérieure au développement du formalisme mathématique de la thermodynamique par Willard Gibbs, qui introduisit notamment la notion de potentiel chimique, et par Gilbert Lewis, qui introduisit les notions de fugacité et d'activité chimique.

Dans une solution à l'équilibre, pour chaque constituant i les potentiels chimiques dans la phase liquide μil et dans la phase vapeur μig sont égaux :

Modèle:Equarefa μil(P,T,xl)=μig(P,T,xg)

Pour la phase liquide et la phase vapeur, considérées comme des solutions idéales, les potentiels chimiques sont développés selon :

Modèle:Equarefa μil(P,T,xl)=μil,*(P,T)+RTlnxil
Modèle:Equarefa μig(P,T,xg)=μig,*(P,T)+RTlnxig

avec :

La variation isotherme du potentiel chimique en fonction de la pression permet d'écrire pour le composant i pur en phase liquide :

μil,*(P,T)=μil,*(Pisat,T)+PisatPV¯il,*(P,T)dP

avec V¯il,* le volume molaire du composant i à l'état de liquide pur. Le dernier terme est généralement négligé, soit :

μil,*(P,T)μil,*(Pisat,T)

Ceci traduit le fait que les liquides sont généralement peu sensibles à la pression et sont considérés comme incompressibles : leurs propriétés sont considérées, à température donnée, comme étant celles du liquide à saturation à cette même température, quelle que soit la pression. En introduisant cette relation dans Modèle:Equarefl, il vient :

Modèle:Equarefa μil(P,T,xl)μil,*(Pisat,T)+RTlnxil

La variation isotherme du potentiel chimique en fonction de la pression permet d'écrire pour le composant i pur en phase vapeur :

μig,*(P,T)=μig,*(Pisat,T)+PisatPV¯ig,*(P,T)dP

avec V¯ig,* le volume molaire du composant i à l'état de gaz pur. Si ce gaz est considéré comme parfait alors :

V¯ig,*(P,T)=RTP
μig,*(P,T)=μig,*(Pisat,T)+RTPisatPdPP=μig,*(Pisat,T)+RTln(PPisat)

En introduisant cette relation dans Modèle:Equarefl, il vient :

Modèle:Equarefa μig(P,T,xg)=μig,*(Pisat,T)+RTln(PPisat)+RTlnxig

Les relations Modèle:Equarefl et Modèle:Equarefl permettent donc de réécrire la relation Modèle:Equarefl selon :

Modèle:Equarefa μil,*(Pisat,T)+RTlnxil=μig,*(Pisat,T)+RTln(PPisat)+RTlnxig

La relation Modèle:Equarefl étant aussi valable pour un corps pur à l'équilibre liquide-vapeur (saturation), celui-ci à la température T étant à sa pression de vapeur saturante Pisat, il vient :

μil,*(Pisat,T)=μig,*(Pisat,T)

La relation Modèle:Equarefl produit donc :

xilPisat=xigP=Pi

Correction de Poynting

Si l'on ne néglige pas le terme PisatPV¯il,*(P,T)dP dans l'expression du potentiel chimique en phase liquide, celui-ci dans la relation Modèle:Equarefl s'exprime exactement selon :

μil(P,T,xl)=μil,*(Pisat,T)+PisatPV¯il,*(P,T)dP+RTlnxil
μil(P,T,xl)=μil,*(Pisat,T)+RTln(xilexp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT))

avec V¯il,*(P,T) le volume molaire du composant i liquide pur à P et T. Le facteur exponentiel est appelé correction de Poynting ou facteur de Poynting :

Facteur de Poynting du corps i : 𝒫i(P,T)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT)

La loi de Raoult avec correction de Poynting devient :

Loi de Raoult et correction de Poynting
pression partielle de i : Pi=xigP=xilPisat𝒫i

Le liquide pur i n'existe de façon stable à la température T que pour des pressions PPisat(T). Pour des pressions P<Pisat(T) le liquide i pur soit n'existe pas, soit existe sous une forme thermodynamiquement instable : on peut alors ne pas trouver de valeur pour V¯il,*(P,T). Toutefois, les liquides étant peu compressibles, le volume molaire liquide V¯il,* peut être considéré comme indépendant de la pression ; il est souvent donné à saturation du liquide : V¯il,*(P,T)V¯il,*(Pisat(T),T)V¯il,*,sat(T), auquel cas :

𝒫i(P,T)exp(V¯il,*,sat(T)(PPisat)RT)

Ceci permet de calculer la correction de Poynting à toute pression, y compris celles pour lesquelles, à température donnée, le corps i pur n'existe pas sous forme de liquide stable.

Aux basses pressions (moins de 10 atm, domaine d'application de la loi des gaz parfaits), la correction de Poynting est négligeable :

𝒫i(P,T)1

Pour un mélange, la relation de Duhem-Margules induit que si l'un des composants suit la loi de Raoult avec correction de Poynting alors les autres composants suivent également la loi de Raoult avec correction de Poynting ou la loi de Henry avec correction de Poynting.

Avec la loi de Raoult sans correction de Poynting, connaissant pour un mélange liquide sa composition (fractions molaires xil) et la pression de vapeur saturante de chacun des composants Pisat à la température T, la pression se calcule explicitement selon :

P=i=1NxilPisat

La loi de Raoult avec correction de Poynting nécessite un calcul itératif, puisque l'expression est implicite en P :

P=i=1NxilPisat𝒫i(P,T)

Limites et extension de la loi de Raoult

Limites de la loi idéale

Écarts des équilibres liquide-vapeur réels

Écarts à la loi de Raoult. S'il existe, le maximum ou le minimum d'une courbe d'équilibre liquide-vapeur d'un mélange binaire réel correspond à un azéotrope (respectivement positif ou négatif).

La loi de Raoult s’applique à des systèmes idéaux dans lesquels les interactions entre molécules de même espèce ou d'espèces différentes sont toutes identiques. Les écarts à la loi de Raoult observés dans les équilibres liquide-vapeur réels peuvent être positifs ou négatifs selon l'attraction électronique des composants du mélange.

Écart positif
Lorsque dans un mélange composé de deux constituants A et B les molécules du même constituant (interactions A-A et B-B) s'attirent plus fortement que les molécules d'espèces différentes entre elles (interaction A-B), l’ajout par exemple de molécules B dans le liquide A pur a pour effet de diminuer les forces d’attraction entre les molécules A et la volatilité de A est augmentée. Il y a alors une déviation positive par rapport à la loi de Raoult : la pression totale de la vapeur en équilibre au-dessus de la solution liquide est supérieure à celle calculée.
Écart négatif
Si, par contre, les molécules de A et de B sont plus attirées entre elles (interaction A-B) que par celles du même constituant (interactions A-A et B-B), l'ajout de molécules B au liquide A pur augmente les forces d’attraction auxquelles sont soumises les molécules A et celles-ci deviennent moins volatiles. Il y a alors une déviation négative par rapport à la loi de Raoult : la pression totale de la vapeur en équilibre au-dessus de la solution liquide est inférieure à celle calculée.

Le plus souvent les pressions d'équilibre d'un mélange binaire réel restent comprises, pour une température donnée, entre les pressions de vapeur saturante des deux composants à cette même température.

Les azéotropes

Lorsque le comportement non idéal d'un mélange binaire devient suffisamment important, les pressions d'équilibre du mélange peuvent être soit plus grandes que la plus grande des pressions de vapeur saturante des composants, soit plus petites que la plus petite des pressions de vapeur saturante des composants, ce qui est représenté sur la figure ci-dessus. Dans les deux cas, les courbes d'équilibre liquide-vapeur présentent nécessairement un extrémum (respectivement un maximum et un minimum) qui correspond, en vertu du théorème de Gibbs-Konovalov, à un azéotrope. L'azéotrope est dit positif si sa pression est supérieure à la pression prévue par la loi de Raoult et négatif dans le cas contraire.

La loi de Raoult est fondamentalement incapable de représenter des azéotropes, c'est-à-dire des mélanges pour lesquels, dans certaines conditions de pression, température et composition, le liquide et la vapeur en équilibre ont la même composition. Dans ces conditions la pression d'ébullition et la pression de rosée (voir plus bas) sont égales : un mélange azéotropique se comporte donc comme un corps pur, néanmoins il y a bien plusieurs espèces chimiques en présence. Par exemple, le mélange eau - éthanol contenant 96 % d'éthanol présente un azéotrope à Modèle:Tmp sous une pression de Modèle:Unité : la loi de Raoult ne peut pas représenter ce mélange.

Un azéotrope est une preuve de non-idéalité du mélange. Dans le cas du mélange eau - éthanol, cette non-idéalité se traduit également par le fait qu'un mélange d'un litre d'eau et d'un litre d'éthanol a un volume de Modèle:Unité : les forces d'attraction entre molécules des deux espèces produisent une contraction du volume. La loi de Raoult étant basée sur l'hypothèse de l'idéalité des phases liquide et vapeur, ce type de comportement est donc en dehors de son champ d'application.

Modèle:Boîte déroulante/début

Soit un mélange binaire contenant les espèces 1 et 2. On note, à une température T donnée :

  • x1g et x2g les fractions molaires en phase vapeur (x1g+x2g=1) ;
  • x1l et x2l les fractions molaires en phase liquide (x1l+x2l=1) ;
  • P1sat et P2sat les pressions de vapeur saturante à la température T.

Selon la loi de Raoult, l'équilibre liquide-vapeur est donné par les deux équations :

x1gP=x1lP1sat
x2gP=x2lP2sat

À la température T donnée, on cherche la pression et la composition d'un éventuel azéotrope, point auquel les deux phases ont la même composition, soit x1=x1g=x1l et x2=x2g=x2l. Les équations précédentes donnent :

x1P=x1P1sat
x2P=x2P2sat

Ces équations admettent deux solutions triviales :

  • P=P1sat, avec x1=1 et x2=0, le corps 1 est pur ;
  • P=P2sat, avec x1=0 et x2=1, le corps 2 est pur.

Il n'existe pas de solution avec x10 et x20 car on obtient P=P1sat=P2sat, or ces deux pressions ne sont égales qu'à un éventuel point de Bancroft. La loi de Raoult est donc incapable de représenter un azéotrope.

Modèle:Boîte déroulante/fin

Cas des gaz dissouts, loi de Henry

Modèle:Article détaillé

La loi de Raoult s'applique à des composants qui présentent une pression de vapeur saturante Pisat à la température T du mélange. Pour un gaz dissout, c'est-à-dire un fluide supercritique dont la température critique est inférieure à la température du mélange, soit Tc,i<T, la loi de Raoult n'est pas applicable, puisque le gaz ne possède pas de pression de vapeur saturante à cette température. Pour les gaz dissouts, le pendant de la loi de Raoult est la loi de Henry.

La loi de Henry établit la relation suivante entre la pression partielle Pi d'un constituant gazeux et sa fraction molaire xil dans un solvant liquide s :

Loi de Henry : Pi=xilkH,i,s

kH,i,s est appelé constante de Henry, bien qu'elle dépende de la température et de la pression. La constante de Henry est spécifique du gaz i dans le solvant s, c'est-à-dire qu'elle doit être déterminée pour chaque couple « gaz i - solvant s » et n'est pas valable si le gaz i est considéré avec un solvant autre que le solvant s pour lequel elle a été déterminée.

Extension aux équilibres liquide-vapeur réels

Modèle:Article détaillé

La loi de Raoult n'est valable que si le liquide et sa vapeur sont tous deux des solutions idéales, la phase gaz étant de surcroît un mélange de gaz parfaits. L'application de la loi de Raoult est donc restreinte à des cas particuliers, pour certains mélanges de produits et certaines plages de température et de pression. Elle constitue néanmoins une base pour calculer les équilibres liquide-vapeur des mélanges réels (y compris les azéotropes) à l'aide de facteurs correctifs tels que les coefficients de fugacité pour la phase gaz et les coefficients d'activité pour la phase liquide :

Extension de la loi de Raoult aux mélanges réels : xigϕigP=xilγilϕig,*,satPisat𝒫i

avec :

  • ϕig le coefficient de fugacité du corps i en phase gaz, à P, T et composition du mélange gazeux ;
  • ϕig,*,sat le coefficient de fugacité du corps i pur à saturation en phase gaz, à Pisat et T ;
  • γil le coefficient d'activité du corps i en phase liquide, à P, T et composition du mélange liquide ;
  • 𝒫i la correction de Poynting.

Applications

Calcul d'un point d'ébullition

Pression d'ébullition

La pression d'ébullition d'un mélange, à température donnée, est la pression au-delà de laquelle (pour des pressions plus fortes) le mélange est entièrement liquide : à la pression d'ébullition apparaît la première bulle de vapeur. En deçà de la pression d'ébullition (pour des pressions plus faibles), le mélange présente un équilibre liquide-vapeur, ou est entièrement gazeux (en deçà de la pression de rosée). Soit un mélange liquide de N composants, chaque composant i étant représenté par sa fraction molaire xil, à la température T.

Nous connaissons la température T du mélange, nous pouvons donc calculer la pression de vapeur saturante Pisat de chacun des composants. La composition de la phase liquide est connue. On suppose que tous les composants du mélange suivent la loi de Raoult. La loi de Raoult sans correction de Poynting donne, en sommant sur l'ensemble des constituants :

i=1NxilPisat=i=1NxigP=(i=1Nxig)P=P

La pression d'ébullition Pb se calcule donc selon[1]Modèle:,[2] :

Pression d'ébullition : Pb=i=1NxilPisat

Toutefois avec la correction de Poynting 𝒫i(P)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT) le calcul n'est pas explicite. En effet, l'équation à résoudre en P devient :

Pb=i=1NxilPisat𝒫i(Pb)

On pourra employer la méthode du point fixe[1]. Soit la fonction f de P :

f(P)=i=1NxilPisat𝒫i(P)

On initialise le calcul par la solution obtenue par la loi de Raoult sans correction de Poynting :

P0=i=1NxilPisat

puis on calcule la pression Pn+1 à partir de la pression Pn obtenue à l'itération précédente par :

Pn+1=f(Pn)

jusqu'à une erreur ϵ acceptable :

|Pn+1Pn|<ϵ

Exemple[3]

On considère un mélange d'hydrocarbures aromatiques dans les conditions données par le tableau suivant.
Mélange d'hydrocarbures aromatiques à Modèle:Unité - données.
Constituant
i
Fraction molaire liquide
xil
Pression de vapeur saturante
Pisat en Modèle:Unité
Benzène 0,4 271,29
Toluène 0,4 92,11
Éthylbenzène 0,2 35,16
La pression de bulle est de Pb=0,4×271,29+0,4×92,11+0,2×35,16=152,39𝗆𝗆𝖧𝗀.

Température d'ébullition

La température d'ébullition d'un mélange, à pression donnée, est la température en deçà de laquelle (pour des températures plus basses) le mélange est entièrement liquide : à la température d'ébullition apparaît la première bulle de vapeur. Au-delà de la température d'ébullition (pour des températures plus élevées), le mélange présente un équilibre liquide-vapeur, ou est entièrement gazeux (au-delà de la température de rosée). Soit un mélange liquide de N composants, chaque composant i étant représenté par sa fraction molaire xil, à la pression P.

La solution n'est pas explicite, car l'expression de la loi de Raoult (avec ou sans correction de Poynting) n'est pas explicite en température. La pression étant donnée et la température étant l'inconnue, les pressions de vapeur saturante Pisat=Pisat(T) et les corrections de Poynting 𝒫i(T)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT) sont des fonctions de T. Si l'on pose la fonction f de la température T :

f(T)=i=1NxilPisat(T)𝒫i(T)

la température d'ébullition Tb est la solution de l'équation : f(T)=P, la pression P étant une donnée du problème. On pourra travailler par itérations imbriquées, en faisant varier la température T et en calculant la pression d'ébullition correspondante jusqu'à ce que cette pression soit la pression de l'énoncé[1]Modèle:,[2].

Calcul d'un point de rosée

Pression de rosée

La pression de rosée d'un mélange, à température donnée, est la pression en deçà de laquelle (pour des pressions plus faibles) le mélange est entièrement gazeux : à la pression de rosée apparaît la première goutte de liquide. Au-delà de la pression de rosée (pour des pressions plus fortes), le mélange présente un équilibre liquide-vapeur, ou est entièrement liquide (au-delà de la pression d'ébullition). Soit un mélange gazeux de N composants, chaque composant i étant représenté par sa fraction molaire xig, à la température T.

Nous connaissons la température T du mélange, nous pouvons donc calculer la pression de vapeur saturante Pisat de chacun des composants. La composition de la phase vapeur est connue. On suppose que tous les composants du mélange suivent la loi de Raoult. La loi de Raoult sans correction de Poynting donne pour tout constituant i :

xigPisat=xilP

et, en sommant sur l'ensemble des constituants :

i=1NxigPisat=i=1NxilP=1P

La pression de rosée Pr se calcule donc selon[4]Modèle:,[5] :

Pression de rosée : 1Pr=i=1NxigPisat

Toutefois avec la correction de Poynting 𝒫i(P)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT) le calcul n'est pas explicite. En effet, l'équation à résoudre en P devient :

1Pr=i=1NxigPisat𝒫i(Pr)

On pourra employer la méthode du point fixe[4]. Soit la fonction f de P :

f(P)=i=1NxigPisat𝒫i(P)

On initialise le calcul par la solution obtenue par la loi de Raoult sans correction de Poynting :

1P0=i=1NxigPisat

puis on calcule la pression Pn+1 à partir de la pression Pn obtenue à l'itération précédente par :

1Pn+1=f(Pn)

jusqu'à une erreur ϵ acceptable :

|Pn+1Pn|<ϵ

Exemple[3]

On considère un mélange d'hydrocarbures aromatiques dans les conditions données par le tableau suivant.
Mélange d'hydrocarbures aromatiques à Modèle:Unité - données.
Constituant
i
Fraction molaire vapeur
xig
Pression de vapeur saturante
Pisat en Modèle:Unité
Benzène 0,4 271,29
Toluène 0,4 92,11
Éthylbenzène 0,2 35,16
La pression de rosée est de Pr=10,4271,29+0,492,11+0,235,16=86,92𝗆𝗆𝖧𝗀.

Température de rosée

La température de rosée d'un mélange, à pression donnée, est la température au-delà de laquelle (pour des températures plus élevées) le mélange est entièrement gazeux : à la température de rosée apparaît la première goutte de liquide. En deçà de la température de rosée (pour des températures plus basses), le mélange présente un équilibre liquide-vapeur, ou est entièrement liquide (en deçà de la température d'ébullition). Soit un mélange gazeux de N composants, chaque composant i étant représenté par sa fraction molaire xig, à la pression P.

La solution n'est pas explicite, car l'expression de la loi de Raoult (avec ou sans correction de Poynting) n'est pas explicite en température. La pression étant donnée et la température étant l'inconnue, les pressions de vapeur saturante Pisat=Pisat(T) et les corrections de Poynting 𝒫i(T)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT) sont des fonctions de T. Si l'on pose la fonction f de la température T :

f(T)=i=1NxigPisat(T)𝒫i(T)

la température de rosée Tr est la solution de l'équation : f(T)=1P, la pression P étant une donnée du problème. On pourra travailler par itérations imbriquées, en faisant varier la température T et en calculant la pression de rosée correspondante jusqu'à ce que cette pression soit la pression de l'énoncé[6]Modèle:,[2].

Calcul d'un équilibre liquide-vapeur

Énoncé du problème

Soit, à pression P et température T données, un mélange de N constituants, chaque constituant i étant représenté par la quantité ni. On cherche à déterminer la composition des phases vapeur et liquide en présence.

Nous avons 2N inconnues, il s'agit en effet de calculer pour chacun des N constituants :

  • nig la quantité du constituant i en phase vapeur ;
  • nil la quantité du constituant i en phase liquide.

Soient :

  • ng=i=1Nnig la quantité de matière totale en phase vapeur (inconnue) ;
  • nl=i=1Nnil la quantité de matière totale en phase liquide (inconnue) ;
  • xig=nigng la fraction molaire du constituant i en phase vapeur (inconnue) ;
  • xil=nilnl la fraction molaire du constituant i en phase liquide (inconnue).

On suppose que tous les composants du mélange suivent la loi de Raoult. La pression et la température étant données, les pressions de vapeur saturante Pisat=Pisat(T) et les corrections de Poynting 𝒫i(P,T)=exp(PisatPV¯il,*(P,T)dPRT) sont des constantes. On définit pour chacun des N constituants le coefficient de partage Ki, qui est une constante en appliquant la loi de Raoult à pression et température données :

Coefficient de partage du corps i : Ki=xigxil=Pisat𝒫iP

Nous avons les 2N équations :

  • équilibres selon la loi de Raoult : xig=Kixil ;
  • bilans de matière : ni=nil+nig.

Réduction du problème

Soit n la quantité de matière totale considérée, il s'agit d'une valeur connue du problème. On a, par bilan de matière global :

n=i=1Nni=ng+nl

Soit pour chacun des N constituants la fraction molaire globale, notée xi :

Fraction molaire globale du corps i : xi=nin

Puisque l'on connaît la quantité de matière ni de chacun des N constituants, les fractions molaires xi sont connues également.

On définit d'autre part τg la fraction molaire globale de la phase vapeur, ou taux de vaporisation :

Taux de vaporisation : τg=ngng+nl=i=1Nnign

Cette grandeur est une inconnue du problème. Le système de 2N équations à 2N inconnues est réduit à une équation à une inconnue, τg, due à Rachford et Rice (1952)[7]Modèle:,[6]Modèle:,[8]Modèle:,[9] :

Équation de Rachford-Rice : f(τg)=i=1N(Ki1)xi1+(Ki1)τg=0


Modèle:Boîte déroulante/début

On a par définition des fractions molaires dans les deux phases :

nig=xigng
nil=xilnl

En introduisant ces relations dans le bilan de matière de chacun des N constituants :

ni=nil+nig=xilnl+xigng=xil(nl+ngng)+xigng

et en divisant par ng+nl on obtient pour chacun des N constituants :

xi=xil(1τg)+xigτg

En substituant dans cette dernière relation l'équation d'équilibre chimique du constituant i :

xig=Kixil
xi=xil(1τg)+Kiτgxil=(1+(Ki1)τg)xil

On remarque que si 1+(Ki1)τg=0, alors xi=0 : le constituant i n'est pas présent dans le mélange ; ce cas est donc exclu. On peut donc écrire[9] :

xil=xi1+(Ki1)τg

d'où également, toujours d'après la relation de l'équilibre chimique :

xig=Kixi1+(Ki1)τg

Dans les expressions des fractions xig et xil ainsi établies, seul le taux de vaporisation τg est inconnu. Nous pouvons donc réduire le problème à la recherche de cette seule inconnue. Soit la fonction f de τg définie par[9] :

f(τg)=i=1Nxigi=1Nxil=i=1N(Ki1)xi1+(Ki1)τg

Cette fonction est monotone strictement décroissante en τg pour 0<τg<1. Si l'on trouve sur cette plage une solution à l'équation f(τg)=0, elle est unique et i=1Nxig=i=1Nxil.

Il reste à prouver que cette solution respecte les contraintes sur les fractions molaires, soit i=1Nxig=1 et i=1Nxil=1. Revenons à la relation pour chacun des constituants :

xi=xil(1τg)+xigτg

En sommant sur l'ensemble des constituants :

i=1Nxi=i=1Nxil(1τg)+i=1Nxigτg

or puisque i=1Nxig=i=1Nxil, alors :

i=1Nxi=i=1Nxig(1τg)+i=1Nxigτg=i=1Nxig(1τg+τg)=i=1Nxig

Par construction i=1Nxi=1, d'où i=1Nxig=1 et i=1Nxil=1.

Modèle:Boîte déroulante/fin

On peut résoudre cette équation sur l'intervalle 0τg1 par la méthode de Newton, en considérant la dérivée f de la fonction f :

f(τg)=i=1N(Ki1)2xi(1+(Ki1)τg)2

On remarque que f<0, ce qui indique que f est décroissante.

On initialise le calcul avec τ0g=0,5, puis on procède par itérations successives selon[9] :

τn+1g=τngf(τng)f(τng)

jusqu'à une erreur ϵ acceptable :

|τn+1gτng|<ϵ

Les fractions molaires sont ensuite calculées par[9] :

xig=Kixi1+(Ki1)τg
xil=xi1+(Ki1)τg

et les quantités globales respectives des deux phases par :

ng=τgn
nl=(1τg)n

d'où l'on obtient finalement les quantités dans chaque phase pour chacun des N constituants :

nig=xigng
nil=xilnl
Note - autre forme de l'équation de Rachford-Rice
Plutôt que de rechercher le taux de vaporisation τg, on peut rechercher le taux de liquéfaction τl défini par :
τl=nlnl+ng=1τg
L'équation de Rachford-Rice se présente alors sous la forme :
f(τl)=i=1N(Ki1)xiKi(Ki1)τl=0
Cette fonction est monotone strictement croissante en τl pour 0τl1.

Résolution du problème

Avant de calculer un équilibre liquide-vapeur, il est nécessaire de vérifier que le mélange n'est pas monophasique, soit uniquement liquide ou gazeux.

À température donnée, le coefficient de partage de chacun des N constituants est une fonction de la pression :

Ki(P)=Pisat𝒫i(P)P

Lorsque la pression est supérieure à la pression d'ébullition, soit P>Pb, le mélange est entièrement liquide. Pour une composition donnée, la fonction f(P)=i=1NxiKi(P) est une fonction décroissante de la pression. Lorsque f(P)=1 la pression est la pression d'ébullition Pb aux température et composition données. Lorsque P>Pb on a f(P)<1[10].

Lorsque la pression est inférieure à la pression de rosée, soit P<Pr, le mélange est entièrement gazeux. Pour une composition donnée, la fonction g(P)=i=1NxiKi(P) est une fonction croissante de la pression. Lorsque g(P)=1 la pression est la pression de rosée Pr aux température et composition données. Lorsque P<Pr on a g(P)<1[10].

Algorithme de calcul

On effectuera par conséquent le calcul selon l'algorithme suivant :

  1. à pression, température et composition de l'énoncé calculer la fraction molaire globale xi et le coefficient de partage Ki pour chacun des N constituants ;
  2. si i=1NxiKi<1 le mélange est entièrement liquide, τg=0 et pour tout constituant xil=xi, fin du calcul ;
  3. si i=1NxiKi<1 le mélange est entièrement gazeux, τg=1 et pour tout constituant xig=xi, fin du calcul ;
  4. sinon, le mélange est biphasique et présente un équilibre liquide-vapeur, résoudre l'équation de Rachford-Rice : i=1N(Ki1)xi1+(Ki1)τg=0.

Dans le cas d'un mélange binaire, impliquant les constituants A et B, après avoir vérifié la présence de deux phases comme précédemment, on calcule plus rapidement les compositions des phases selon[11] :

  • xAl=1KBKAKB ;
  • xBl=1xAl ;
  • xAg=KAxAl ;
  • xBg=1xAg ;
  • τg=xAxAlxAgxAl.

Exemple[12]

On considère un mélange d'hydrocarbures dans les conditions données par le tableau suivant.
Mélange d'hydrocarbures à Modèle:Unité et Modèle:Unité - données.
Constituant
i
Fraction molaire globale
xi
Coefficient de partage
Ki
Propane 0,2 2,525
n-Butane 0,3 0,7708
Isobutane 0,4 1,066
n-Pentane 0,05 0,2401
Isopentane 0,05 0,3140
On a i=1NxiKi=1,1903 et i=1NxiKi=1,2113. Le mélange est donc biphasique. Les résultats sont reportés dans le tableau suivant.
Mélange d'hydrocarbures à Modèle:Unité et Modèle:Unité - résultats.
Taux de vaporisation
τg
0,524
Constituant
i
Fraction molaire liquide
xil
Fraction molaire vapeur
xig
Propane 0,1112 0,2807
n-Butane 0,3409 0,2628
Isobutane 0,3867 0,4121
n-Pentane 0,0831 0,0199
Isopentane 0,0781 0,0245

Diagrammes de phase binaires idéaux

Principe

La relation de Duhem-Margules induit que dans un mélange binaire si l'un des corps suit la loi de Raoult alors le deuxième suit également la loi de Raoult (ou la loi de Henry). On considère par conséquent deux corps A et B suivant la loi de Raoult à l'équilibre liquide-vapeur. On a six inconnues :

  • la température T ;
  • la pression P ;
  • la fraction molaire du corps A en phase vapeur xAg ;
  • la fraction molaire du corps A en phase liquide xAl ;
  • la fraction molaire du corps B en phase vapeur xBg ;
  • la fraction molaire du corps B en phase liquide xBl ;

et quatre équations :

  • la loi de Raoult pour le corps A : xAgP=xAlPAsat ;
  • la loi de Raoult pour le corps B : xBgP=xBlPBsat ;
  • la contrainte sur les fractions molaires de la phase vapeur : xAg+xBg=1 ;
  • la contrainte sur les fractions molaires de la phase liquide : xAl+xBl=1.

Les pressions de vapeur saturante PAsat et PBsat sont des fonctions de la température.

On a donc deux degrés de liberté, conformément à la règle des phases : on peut étudier l'équilibre liquide-vapeur de ce système en fixant deux paramètres parmi les six inconnues définies plus haut. Par exemple, en fixant la température (diagrammes isothermes), on peut :

  • fixer la composition du liquide et calculer la pression : on obtient le point d'ébullition ;
  • fixer la composition du gaz et calculer la pression : on obtient le point de rosée ;
  • fixer la composition du liquide et calculer la composition du gaz (et inversement).

On peut de façon similaire fixer la pression (diagrammes isobares) et la composition de l'une des phases pour calculer la température d'équilibre ou la composition de l'autre phase.

Diagrammes isothermes

Diagramme binaire isotherme du mélange benzène-toluène obtenu avec la loi de Raoult. Pression en fonction de la fraction molaire du toluène.
Diagramme binaire isotherme du mélange benzène-toluène obtenu avec la loi de Raoult. Fraction molaire vapeur du toluène en fonction de la fraction molaire liquide du même corps.

La température T est fixée. On veut tracer l'évolution de la pression P en fonction de la composition.

Puisque la température est fixée, les pressions de vapeur saturante PAsat et PBsat sont constantes.

En considérant la contrainte sur la composition de la vapeur et la loi de Raoult :

1=xAg+xBg=xAlPAsatP+xBlPBsatP
P=xAlPAsat+xBlPBsat

Si l'on choisit, arbitrairement, le corps B comme référence, avec la contrainte sur la composition liquide on a :

P=(1xBl)PAsat+xBlPBsat

On obtient la formule de la courbe d'ébullition :

Courbe d'ébullition : P=(PBsatPAsat)xBl+PAsat

En considérant la contrainte sur la composition du liquide et la loi de Raoult :

1=xAl+xBl=xAgPPAsat+xBgPPBsat
1P=xAgPAsat+xBgPBsat

Si l'on choisit, arbitrairement, le corps B comme référence, avec la contrainte sur la composition vapeur on a :

1P=1xBgPAsat+xBgPBsat=(1PBsat1PAsat)xBg+1PAsat

On obtient la formule de la courbe de rosée :

Courbe de rosée : P=PAsatPBsat(PAsatPBsat)xBg+PBsat

La courbe d'ébullition est un segment de droite. La courbe de rosée est un arc d'hyperbole. Les deux courbes ne peuvent donc s'intercepter qu'en deux points, ces points correspondent aux points d'ébullition des deux corps purs, soit (xBl=xBg=0,P=PAsat) et (xBl=xBg=1,P=PBsat). La loi de Raoult est ainsi incapable de représenter un azéotrope, point auquel le liquide et la vapeur d'un mélange binaire ont la même composition.

Il est également possible de tracer la courbe de composition d'une phase en fonction de la composition de l'autre phase, par exemple de la vapeur en fonction du liquide : xBg=xBg(xBl). En effet, à la température T fixée la pression est donnée par les deux relations :

P=(PBsatPAsat)xBl+PAsat=PAsatPBsat(PAsatPBsat)xBg+PBsat

On obtient par conséquent :

xBg=xBlPBsat(PBsatPAsat)xBl+PAsat

Diagrammes isobares

Diagramme binaire isobare du mélange benzène-toluène obtenu avec la loi de Raoult. Température en fonction de la fraction molaire du toluène.
Diagramme binaire isobare du mélange benzène-toluène obtenu avec la loi de Raoult. Fraction molaire vapeur du toluène en fonction de la fraction molaire liquide du même corps.

La pression P est fixée. On veut tracer l'évolution de la température T en fonction de la composition.

Les pressions de vapeur saturante PAsat et PBsat sont des fonctions de la température. Il est donc nécessaire de disposer de corrélations permettant cette évaluation. En intégrant la formule de Clausius-Clapeyron, la pression de vapeur saturante d'un corps pur i peut être écrite, par exemple, selon la formule de Rankine :

ln(PisatP)=ΔvapHiR[1T1Téb,i]

avec :

  • Téb,i la température d'ébullition du corps pur i sous la pression P, il s'agit d'une constante ;
  • Pisat la pression de vapeur saturante du corps pur i à la température T ; il s'agit donc d'une fonction telle que Pisat=Pisat(T), et en particulier P=Pisat(Téb,i) ;
  • ΔvapHi l'enthalpie de vaporisation du corps pur i à la température Téb,i (donc sous la pression P), supposée constante dans l'établissement de la formule de Rankine (l'enthalpie de vaporisation dépend normalement de la température).

On pose les coefficients de partage :

KA(T)=PAsat(T)P=xAgxAl
KB(T)=PBsat(T)P=xBgxBl

En considérant la contrainte sur la composition de la vapeur et la loi de Raoult :

1=xAg+xBg=xAlKA+xBlKB

Avec la contrainte sur la composition du liquide on a :

1=xAlKA+(1xAl)KB=(1xBl)KA+xBlKB

d'où :

xAl=1KBKAKB
xBl=1KAKBKA

Avec la loi de Raoult on obtient :

xAg=KA1KBKAKB
xBg=KB1KAKBKA

Ainsi, en imposant la température T, la pression P étant donnée, on peut calculer KA et KB, puis xAl, xBl, xAg et xBg. Si l'on choisit, arbitrairement, le corps B comme référence, en faisant varier la température T entre Téb,A et Téb,B, la courbe T=T(xBl) est la courbe d'ébullition, la courbe T=T(xBg) est la courbe de rosée.

Il est également possible de tracer la courbe de composition d'une phase en fonction de la composition de l'autre phase, par exemple de la vapeur en fonction du liquide : xBg=xBg(xBl). Il suffit, à la pression P fixée :

  1. de poser xBl,
  2. de trouver T entre Téb,A et Téb,B telle que xBl=1KAKBKA,
  3. de calculer xBg=KBxBl.

Notes et références

Notes

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Articles
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Articles connexes

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