Loi de Henry

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En physique, et plus particulièrement en thermodynamique, la loi de Henry, établie empiriquement par le physicien britannique William Henry en 1803[1], énonce que[2]Modèle:,[3] :

Modèle:Début citationÀ température constante et à saturation, la pression partielle dans la phase vapeur d'un soluté volatil est proportionnelle à la fraction molaire de ce corps dans la solution liquide.Modèle:Fin citation

En pratique, elle ne s'applique qu'aux faibles concentrations du soluté (fraction molaire inférieure à Modèle:Unité[3]) et à des pressions de moins de Modèle:Unité (domaine d'application de la loi des gaz parfaits). Le soluté peut être un gaz dissout ou plus généralement tout corps volatil très faiblement soluble ou très dilué. Elle n'est également appliquable qu'à des mélanges binaires, ne contenant qu'un seul soluté et un seul solvant. Par extension à l'aide de coefficients de fugacité et d'activité, elle peut être appliquée à des mélanges multicomposants réels. Le pendant de la loi de Henry pour les solvants est la loi de Raoult.

Elle est utilisée dans de nombreux domaines de la chimie, de la physique et de la météorologie.

Énoncé, définitions et démonstration

Énoncé de la loi de Henry

On considère une solution liquide constituée d'un Modèle:Nobr dissout dans un Modèle:Nobr. La loi de Henry relie la pression partielle Pσ du soluté en phase gazeuse à sa fraction molaire xσl en phase liquide à l'équilibre liquide-vapeur selon[2]Modèle:,[3] :

Loi de Henry
pression partielle du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr : Pσ=xσgP=xσlkH,σ,s

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

La littérature utilise parfois l'inverse de la constante de Henry kH définie précédemment, H=1kH, et l'appelle également constante de Henry. Sa dimension est alors l'inverse de celle d'une pression, et la loi de Henry énonce que[5]Modèle:,[6] :

Modèle:Début citationÀ température constante et à saturation, la quantité de gaz dissout dans un liquide est proportionnelle à la pression partielle qu'exerce ce gaz sur le liquide.Modèle:Fin citation

et s'écrit sous la forme :

Loi de Henry : xσl=PσHσ,s

D'autres formes de la loi de Henry sont écrites en fonction de la concentration molaire ou de la molalité du soluté. Les lecteurs de littérature spécialisée doivent être attentifs à noter quelle version de l'équation de la loi de Henry est utilisée[7] (voir le paragraphe Constantes de Henry pour divers gaz dissouts dans l'eau).

Un soluté répondant à la loi de Henry est une espèce chimique capable de passer en phase gaz dans les conditions de pression et de température considérées, c'est-à-dire un corps volatil. La loi de Henry ne s'applique donc pas aux solutés solides tels les sels. Dans les conditions de température T et de pression P de la solution, un soluté répondant à la loi de Henry est typiquement un fluide supercritique, pour lequel il n'existe pas de pression de vapeur saturante Psat à la température T, c'est-à-dire pour lequel T>Tc sa température critique (par exemple à Modèle:Unité l'oxygène et l'azote, de Tc respectives Modèle:Unité et Modèle:Unité), ou un fluide subcritique gazeux, pour lequel à la température T il existe une pression de vapeur saturante telle que Psat>P (par exemple à Modèle:Unité et Modèle:Unité le propane de Modèle:Nobr). Le soluté peut également être un fluide subcritique liquide, pour lequel à la température T il existe une pression de vapeur saturante telle que Psat<P (par exemple à Modèle:Unité et Modèle:Unité l'éthanol de Modèle:Nobr), présent en faible quantité dans la solution, soit parce qu'il est peu soluble, soit parce qu'il est fortement dilué. De façon générale, un Modèle:Nobr répondant à la loi de Henry est un corps volatil dans les conditions du mélange et dont la fraction molaire en phase liquide est faible, soit xσl0. Le Modèle:Nobr est alors un corps se comportant quasiment comme un corps pur, soit xsl1. La relation de Duhem-Margules impose que si l'équilibre liquide-vapeur du soluté répond à la loi de Henry, alors celui du solvant répond à la loi de Raoult, et réciproquement.

L'équilibre liquide-vapeur déterminé par la loi de Henry est un état stable, appelé état de saturation du solvant par le soluté. Dans les conditions de pression et température données, le solvant peut contenir plus de soluté que la quantité déterminée par la loi de Henry, mais il s'agit alors d'un état d'équilibre instable dit de sursaturation. Dans ce cas la moindre perturbation (choc sur le récipient contenant le liquide, introduction d'une poussière formant un site de nucléation pour les bulles de gaz, fluctuation de pression ou de températureModèle:Etc.) peut provoquer le dégazage de l'excès de soluté dissout jusqu'à l'établissement de l'état stable dicté par la loi. De même, la quantité du soluté dissout peut être inférieure à celle déterminée par la loi de Henry : il y a sous-saturation. Dans ce cas, si le soluté est présent en phase gaz, la phase liquide absorbe du soluté gazeux jusqu'à atteindre l'équilibre stable. La fraction xσl déterminée par la loi de Henry est donc la fraction molaire maximale de soluté que peut contenir la phase liquide de façon stable : la fraction xσl est la solubilité du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr dans les conditions de pression et de température données.

Constante de Henry

Les définitions et formules suivantes ne sont valables que pour un mélange binaire comprenant un unique Modèle:Nobr et un unique Modèle:Nobr.

La constante de Henry est définie rigoureusement en thermodynamique à partir de la fugacité.

Contrairement à ce que peut laisser entendre le terme de constante, la constante de Henry dépend de la pression et de la température. En revanche, elle ne dépend pas de la composition du mélange. La constante de Henry kH,σ,s dépend également de la nature du Modèle:Nobr et du Modèle:Nobr ; ceci implique qu'elle doit être déterminée pour chaque couple « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr » et n'est pas valable si l'un de ces deux corps est considéré dans un mélange binaire autre que celui pour lequel elle a été déterminée (par exemple le Modèle:Nobr avec un solvant autre que le Modèle:Nobr).

En pratique, la constante de Henry est déterminée expérimentalement.

Définition thermodynamique

Évolution de la fugacité en fonction de la fraction molaire à pression et température constantes[8]Modèle:,[9].

En thermodynamique, à pression et température constantes, la fugacité fσl d'une espèce chimique σ (soluté) en phase liquide, en présence d'une deuxième espèce s (solvant), possède deux limites, avec xσl la fraction molaire du Modèle:Nobr dans le mélange :

  • à dilution infinie : limxσl0xsl1fσl=0 ;
  • pour le corps pur : limxσl1xsl0fσl=fσl,* ;

avec fσl,* la fugacité du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur. Cette fugacité fσl,* peut être fictive si le Modèle:Nobr est gazeux à l'état pur dans les conditions de pression et température données.

L'évolution de la fugacité en fonction de la composition est encadrée par deux lois linéaires[8]Modèle:,[9] :

Loi de Henry : fσlxσlkH,σ,s aux faibles concentrations.
Loi de Lewis et Randall : fσlxσlfσl,* aux fortes concentrations.

La constante de Henry kH,σ,s n'est pas la fugacité du Modèle:Nobr à dilution infinie dans le Modèle:Nobr. La fugacité fσl tend vers zéro lorsque xσl tend vers zéro. Aussi la constante de Henry est-elle définie comme étant la limite lorsque la quantité de Modèle:Nobr dissout en phase liquide s'annule[4]Modèle:,[10]Modèle:,[11]Modèle:,[12] :

Constante de Henry : kH,σ,slimxσl0xsl1fσlxσl à pression et température constantes.

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

En application de la règle de L'Hôpital, la constante de Henry peut également être définie par[4]Modèle:,[11]Modèle:,[12] :

Constante de Henry : kH,σ,s=(fσlxσl)P,T,xσl=0

La constante de Henry est donc la pente de la fugacité à dilution infinie.

Quelle que soit la concentration 0xσl1 du Modèle:Nobr, sa fugacité réelle fσl peut être exprimée en fonction d'un coefficient d'activité à partir des deux lois linéaires idéales définies précédemment[12]Modèle:,[13] :

fσl=xσlγH,σlkH,σ,s=xσlγσlfσl,*

en posant :

  • γH,σl le coefficient d'activité défini par rapport à la loi de Henry ;
  • γσl le coefficient d'activité défini par rapport à la loi de Lewis et Randall.

Puisque les deux limites de la fugacité fσl sont définies, on a les limites des coefficients d'activité[12]Modèle:,[13] :

  • à dilution infinie : limxσl0xsl1γH,σl=1 ;
  • pour le corps pur : limxσl1xsl0γσl=1.

On pose à dilution infinie[12]Modèle:,[13] :

Coefficient d'activité à dilution infinie : γσ,sl,limxσl0xsl1γσl

Par conséquent, à dilution infinie on a :

limxσl0xsl1fσlxσl=limxσl0xsl1(γH,σlkH,σ,s)=limxσl0xsl1(γσlfσl,*)

d'où la relation[13]Modèle:,[14] (puisque kH,σ,s et fσl,* ne dépendent pas de la composition) :

Constante de Henry : kH,σ,s=γσ,sl,fσl,*

En injectant la relation précédente dans les expressions de fσl on obtient[13]Modèle:,[14] :

γH,σl=γσlγσ,sl,

La première relation permet de déterminer kH,σ,s si l'on connait fσl,*. Inversement, connaissant kH,σ,s on peut extrapoler fσl,* si le Modèle:Nobr n'existe pas à l'état de liquide pur dans les conditions de pression et température données. La deuxième relation montre que les deux coefficients d'activité γH,σl et γσl ne sont pas indépendants, bien que liés à des états de référence différents. La loi de Henry, quelle que soit sa forme, peut ainsi être employée avec les modèles classiques développés pour la loi de Lewis et Randall (Margules, Modèle:Lien, Wilson[13], Modèle:Lien, UNIQUAC, UNIFAC, COSMOSPACEModèle:Etc).

Dépendance à la pression

La fugacité fσl du Modèle:Nobr dans le mélange liquide varie en fonction de la pression selon :

(lnfσlP)T,nl=V¯σlRT

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Quelle que soit la fraction molaire xσl=nσl/(nσl+nsl) du Modèle:Nobr, la dérivée partielle étant effectuée à composition constante, on peut écrire :

(lnfσlP)T,nl=([lnfσllnxσl+lnxσl]P)T,nl=(lnfσlxσlP)T,nl+(lnxσlP)T,nl=0à composition constante

En passant à la limite de la dilution infinie :

limxσl0xsl1(lnfσlP)T,nl=limxσl0xsl1(lnfσlxσlP)T,nl=(lnkH,σ,sP)T

La référence à la composition constante disparait dans la dérivée partielle de la constante de Henry, puisque celle-ci ne dépend pas de la composition. On pose pour le volume molaire partiel[15] :

Volume molaire partiel du soluté à dilution infinie : V¯σ,sl,limxσl0xsl1V¯σl

La constante de Henry dépend par conséquent de la pression selon[15]Modèle:,[16] :

Dépendance de la constante de Henry à la pression
(lnkH,σ,sP)T=V¯σ,sl,RT

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

En intégrant cette relation entre une pression de référence P et la pression P :

lnkH,σ,s(P,T)lnkH,σ,s(P,T)=PPV¯σ,sl,dPRT

La pression de référence P est le plus souvent prise égale à la pression de vapeur saturante du Modèle:Nobr à la température T du mélange : P=Pssat(T). En conséquence, on peut réduire la constante d'intégration à une fonction de la température seule : kH,σ,s(P,T)=kH,σ,s(Pssat(T),T)=kH,σ,ssat(T). La constante de Henry est alors exprimée sous la forme[16]Modèle:,[13]Modèle:,[17] :

kH,σ,s(P,T)=kH,σ,ssat(T)𝒫σ,sl,

avec le facteur de Poynting[13]Modèle:,[17] :

Facteur de Poynting : 𝒫σ,sl,exp(PssatPV¯σ,sl,dPRT)

Le volume molaire partiel V¯σ,sl, représente la variation de volume de la solution liquide due à la dissolution d'une mole de Modèle:Nobr dans une quantité infinie de Modèle:Nobr. Il peut être déterminé expérimentalement par extrapolation de V¯σl établi pour plusieurs concentrations de soluté dans le mélange liquide ; il existe également des corrélations telles que celle de Brelvi-O'Connell[18]. Les liquides étant peu compressibles, le volume molaire partiel V¯σ,sl, peut être considéré comme ne dépendant pas de la pression, soit V¯σ,sl,V¯σ,sl,(T), on obtient :

lnkH,σ,s=lnkH,σ,ssat+V¯σ,sl,(PPssat)RT

Il peut être aussi bien positif (la dissolution du gaz provoque une dilatation du liquide) que négatif (la dissolution du gaz provoque une contraction du liquide). Si le volume molaire partiel V¯σ,sl, est positif alors la constante de Henry kH,σ,s augmente avec la pression P.

Dépendance à la température

La fugacité fσl du Modèle:Nobr dans le mélange liquide varie en fonction de la température selon :

(lnfσl1T)P,nl=H¯σlH¯σ,*R

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Quelle que soit la fraction molaire xσl=nσl/(nσl+nsl) du Modèle:Nobr, la dérivée partielle étant effectuée à composition constante, on peut écrire :

(lnfσl1T)P,nl=([lnfσllnxσl+lnxσl]1T)P,nl=(lnfσlxσl1T)P,nl+(lnxσl1T)P,nl=0à composition constante

En passant à la limite de la dilution infinie :

limxσl0xsl1(lnfσl1T)P,nl=limxσl0xsl1(lnfσlxσl1T)P,nl=(lnkH,σ,s1T)P

La référence à la composition constante disparait dans la dérivée partielle de la constante de Henry, puisque celle-ci ne dépend pas de la composition. On pose pour l'enthalpie molaire partielle[15]Modèle:,[19] :

Enthalpie molaire partielle à dilution infinie du Modèle:Nobr : H¯σ,sl,limxσl0xsl1H¯σl

c'est-à-dire l'enthalpie molaire partielle du Modèle:Nobr à dilution infinie dans le Modèle:Nobr liquide. L'enthalpie molaire du gaz parfait pur H¯σ,* ne dépendant pas de la composition, elle reste inchangée lors du passage à la limite et on obtient :

limxσl0xsl1(H¯σlH¯σ,*)=H¯σ,sl,H¯σ,*

On pose pour les enthalpies molaires partielles[15]Modèle:,[19] :

Enthalpie de dissolution : ΔsolHσ,sH¯σ,sl,H¯σ,*

avec :

La constante de Henry dépend par conséquent de la température selon[15]Modèle:,[19] :

Dépendance de la constante de Henry à la température
(lnkH,σ,s1T)P=ΔsolHσ,sR

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Si l'on considère l'enthalpie de dissolution ΔsolHσ,s comme constante, alors, en intégrant cette relation entre une température de référence T et la température T[19] :

lnkH,σ,s(P,T)lnkH,σ,s(P,T)=ΔsolHσ,sR(1T1T)
kH,σ,s(P,T)=kH,σ,s(P,T)exp(ΔsolHσ,sR(1T1T))

Cette forme n'est applicable que sur des plages de température relativement étroites. Elle est généralisée au moyen de deux constantes A et B empiriques spécifiques du couple « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr »[21] :

lnkH,σ,s(P,T)=A+BT

La littérature utilise parfois l'inverse de la constante de Henry définie précédemment, Hσ,s=1kH,σ,s (cette notation prête à confusion avec celle de l'enthalpie de dissolution ΔsolHσ,s[7]), aussi trouve-t-on également les relations[7] :

(lnHσ,s1T)P=ΔsolHσ,sR
lnHσ,s(P,T)lnHσ,s(P,T)=ΔsolHσ,sR(1T1T)
Hσ,s(P,T)=Hσ,s(P,T)exp(ΔsolHσ,sR(1T1T))

L'enthalpie de dissolution ΔsolHσ,s est la chaleur produite par la dissolution d'une mole de Modèle:Nobr à l'état de gaz parfait pur dans une quantité infinie de Modèle:Nobr à l'état liquide[19]. Elle est déterminée expérimentalement par calorimétrie en extrapolant la chaleur de dissolution d'une mole de soluté dans plusieurs quantités de solvant. On peut considérer l'enthalpie molaire partielle d'un corps dans un mélange liquide, ici H¯σ,sl,, comme indépendante de la pression, les liquides étant peu compressibles. De même, en vertu de la deuxième loi de Joule, l'enthalpie molaire d'un gaz parfait, ici H¯σ,*, ne dépend pas de la pression. Ainsi, il peut être considéré que l'enthalpie de dissolution ne dépend que de la température : ΔsolHσ,s=ΔsolHσ,s(T). Elle peut être négative (dissolution exothermique, l'opération de dissolution dégage de la chaleur), positive (dissolution endothermique, l'opération de dissolution absorbe de la chaleur) ou nulle (dissolution athermique)[19]. Pour la plupart des gaz à température ambiante la dissolution est exothermique, soit ΔsolHσ,s<0, par conséquent lnkH,σ,s augmente avec une diminution de 1T et la constante de Henry kH,σ,s augmente avec la température T.

Calcul par une équation d'état

Le coefficient de fugacité ϕσl du Modèle:Nobr en phase liquide est défini par la relation avec la fugacité fσl :

Coefficient de fugacité : ϕσlfσlxσlP

Par définition de la constante de Henry, on a donc[14]Modèle:,[22] :

kH,σ,sP=limxσl0xsl1ϕσl à pression et température constantes

Si l'on dispose d'une équation d'état d'une phase liquide donnant la pression P en fonction du volume Vl, de la température T et de la composition nl, soit P=P(Vl,T,nl), le coefficient de fugacité ϕσl se calcule selon :

RTlnϕσl=+Vl[(Pnσl)V,T,nslRTV]dVRTln(PVl(nσl+nsl)RT)

avec nσl et nsl les quantités respectives du Modèle:Nobr et du Modèle:Nobr dans la solution liquide. Il est donc possible de calculer la constante de Henry kH,σ,s à partir d'une équation d'état de la phase liquide. Toutefois, les équations d'état telles que les équations d'état cubiques sont généralement développées pour représenter des phases gazeuses et représentent assez mal les phases liquides. Cette démarche reste donc théorique ; en pratique la constante de Henry est plutôt déterminée expérimentalement sous des formes empiriques présentées au paragraphe Formes usuelles. La relation établie ci-dessus et l'exemple ci-dessous montrent cependant la dépendance de la constante de Henry kH,σ,s aux propriétés du Modèle:Nobr et du Modèle:Nobr, et aux interactions entre les deux constituants.

Modèle:Boîte déroulante/début

L'équation d'état de van der Waals donne, à pression P et température T, pour un mélange binaire liquide de composition xσ et xs :

P=RTV¯lbmlamlV¯l2
RTlnϕσl=amlV¯l[δσlbσbml]+bσbml(PV¯lRT)RTln(P(V¯lbml)RT)

avec :

aml=xσl2aσ+2xσlxslaσas(1kσ,s)+xsl2as
bml=xσlbσ+xslbs
δσl=2aσaml(xσlaσ+xslas(1kσ,s))

À dilution infinie (xσl0 et xsl1 à P et T constantes) on a :

amlas
bmlbs
δσlδσ,s=2aσas(1kσ,s)

Le volume molaire V¯l de la solution liquide tend vers celui V¯sl,* du Modèle:Nobr liquide pur à P et T, calculable par l'équation d'état : V¯lV¯sl,*. On obtient kH,σ,s, la constante de Henry à P et T :

RTlnkH,σ,sP=asV¯sl,*[δσ,sbσbs]+bσbs(PV¯sl,*RT)RTln(P(V¯sl,*bs)RT)

Lorsque la pression P tend vers la pression de vapeur saturante Pssat du Modèle:Nobr à la température T, l'équilibre liquide-vapeur tend vers celui du Modèle:Nobr pur (état de saturation) ; le volume molaire V¯sl,* tend vers celui V¯sl,*,sat du Modèle:Nobr liquide pur à saturation à T. On obtient kH,σ,ssat, la constante de Henry à Pssat et T, c'est-à-dire dans les conditions de saturation du Modèle:Nobr[22] :

RTlnkH,σ,ssatPssat=asV¯sl,*,sat[δσ,sbσbs]+bσbs(PssatV¯sl,*,satRT)RTln(Pssat(V¯sl,*,satbs)RT)

Les liquides étant peu compressibles, le volume molaire V¯sl,* du Modèle:Nobr liquide pur à P est assimilable à celui V¯sl,*,sat du Modèle:Nobr liquide pur à saturation : V¯sl,*V¯sl,*,sat. En considérant la relation avec le facteur de Poynting :

lnkH,σ,slnkH,σ,ssat+V¯σ,sl,(PPssat)RT

on identifie V¯σ,sl,, le volume molaire partiel du Modèle:Nobr à dilution infinie dans le Modèle:Nobr :

V¯σ,sl,bσbsV¯sl,*,sat

Avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Cet exemple montre la dépendance de la constante de Henry kH,σ,s aux propriétés du Modèle:Nobr et du Modèle:Nobr, et aux interactions entre le Modèle:Nobr et le Modèle:Nobr par l'intermédiaire du coefficient d'interaction binaire kσ,s[22]. La constante de Henry est donc spécifique du couple « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr » et ne peut être utilisée pour d'autres mélanges binaires ; par exemple, elle n'est pas valable si le Modèle:Nobr est dissout dans un solvant autre que s.

Modèle:Boîte déroulante/fin

Formes usuelles

La constante de Henry est souvent utilisée sous la forme obtenue par intégration par rapport à la pression[17] :

Forme usuelle de la constante de Henry
kH,σ,s(P,T)=kH,σ,ssat(T)exp(V¯σ,sl,(PPssat)RT)

La correction de Poynting ne devient significative qu'aux hautes pressions. Pour des pressions de l'ordre de grandeur de la pression atmosphérique, le facteur de Poynting est négligeable : 𝒫σ,sl,1. La constante de Henry peut alors être considérée comme indépendante de la pression et être approchée par :

Aux basses pressions : kH,σ,s(P,T)kH,σ,ssat(T)

Les formes suivantes sont souvent utilisées pour la dépendance à la température[21]Modèle:,[23] :

lnkH,σ,ssat(T)=A+BT+ClnT+DT
lnkH,σ,ssat(T)=A+BT+CT2+DT3

avec A, B, C et D des constantes empiriques spécifiques du couple « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr ». L'enthalpie de dissolution est alors exprimée sous les formes respectives :

ΔsolHσ,sR=BCTDT2
ΔsolHσ,sR=B+2CT+3DT2

Démonstration de la loi de Henry

Lorsque l'équilibre liquide-vapeur est atteint, les fugacités du Modèle:Nobr sont homogènes entre les deux phases[24] :

fσg=fσl

avec :

Aux basses pressions (moins de Modèle:Unité), le gaz se comporte comme un mélange de gaz parfaits, et la fugacité du Modèle:Nobr en phase gaz peut être assimilée à sa pression partielle[25] :

fσgxσgP

D'autre part, par définition, aux faibles concentrations la fugacité du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr en phase liquide suit approximativement la loi linéaire[25] :

fσlxσlkH,σ,s

Ainsi, aux basses pressions et aux faibles concentrations, l'équilibre liquide-vapeur du Modèle:Nobr est approché par la relation :

xσgP=xσlkH,σ,s

qui est la loi de Henry[25]. Aux fortes concentrations, la fugacité en phase liquide suit approximativement la loi de Lewis et Randall : aux basses pressions et aux fortes concentrations ceci conduit à la loi de Raoult qui s'applique aux solvants.

Limites et extensions de la loi de Henry

Limites de la loi idéale

Conditions de pression

La loi de Henry n'est valable que si la phase gaz peut être considérée comme un mélange de gaz parfaits. Autrement dit, elle ne s'applique qu'à des pressions partielles de soluté de l'ordre de la pression atmosphérique (moins de Modèle:Unité), dans le domaine d'application de la loi des gaz parfaits[26].

Composition de la phase liquide

Concentration du soluté

La loi de Henry est une loi limitante qui ne s'applique qu'aux solutions suffisamment diluées ayant un comportement idéal. Dans ces solutions, le soluté et le solvant ont des comportements similaires. Typiquement, la loi de Henry ne s'applique que si la fraction molaire xσl du soluté est inférieure à 0,03[26] ou 0,05[3].

Présence d'autres solutés

La loi de Henry est établie pour un soluté unique dissout dans un solvant unique. Si le solvant contient plusieurs solutés la constante de Henry est modifiée et dépend de la composition. Ainsi la solubilité d'un gaz dans l'eau de mer est-elle inférieure à celle dans l'eau douce en raison de la compétition entre le gaz dissout et les sels dissouts. La constante de Henry pourra être corrigée selon l'équation empirique de Setchenov[7]Modèle:,[27]Modèle:,[23] :

Équation de Setchenov : lnkH,σ,skH,σ,s*=kI

avec : Modèle:Début de colonnes

  • kH,σ,s la constante de Henry du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr en solution avec tous les solutés ;
  • kH,σ,s* la constante de Henry du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr en solution avec σ seul soluté ;
  • k le coefficient de Setchenov, qui dépend des solutés et du solvant ;
  • I la force ionique ; on trouve aussi cette équation exprimée en fonction de la molalité des sels dissouts[7].

Modèle:Fin de colonnes

Dissolution réactive

Un soluté peut réagir avec le solvant dans lequel il est dissout, produisant d'autres espèces chimiques. La loi de Henry ne s'applique alors qu'à la réaction de dissolution du soluté dans le solvant et non aux équilibres chimiques impliquant cette espèce dissoute et les produits de réaction. Si l'on tient compte des produits de réaction, alors la solubilité d'un soluté réactif peut être très différente de ce que prédit la loi de Henry en l'absence de réaction[28]. En solution aqueuse, le dioxyde de carbone Modèle:Fchim, le dioxyde de soufre Modèle:Fchim et l'ammoniac Modèle:Fchim sont des exemples de solutés réagissant avec le solvant (l'eau) et produisant des ions en fonction du pH[28].

Modèle:Boîte déroulante/début

Un exemple usuel de gaz réagissant avec le solvant est le dioxyde de carbone (Modèle:Fchim), qui forme partiellement, par réaction avec l'eau, de l'acide carbonique (Modèle:Fchim), qui lui-même, en fonction du pH de l'eau, forme les ions hydrogénocarbonate (Modèle:Fchim) et carbonate (Modèle:Fchim) selon les réactions[29] :

  • CO2(g)CO2(aq) (dissolution)
    [CO2]=K1PCO2 (loi de Henry)
  • CO2(aq)+H2OH2CO3(aq)
    [H2CO3]=K2[CO2]
  • H2CO3(aq)+H2OHCO3(aq)+H3O+(aq)
    [HCO3][H3O+]=K3[H2CO3]
  • HCO3(aq)+H2OCO32(aq)+H3O+(aq)
    [CO32][H3O+]=K4[HCO3]

avec :

La loi de Henry à proprement parler ne s'applique qu'à la première des quatre réactions ci-dessus, celle de dissolution du Modèle:Fchim gazeux en Modèle:Fchim aqueux. Si l'on considère le Modèle:Fchim dissout sous toutes ses formes, le bilan de matière donne :

[CO2]total=[CO2]+[H2CO3]+[HCO3]+[CO32]

La loi de Henry peut ainsi être modifiée selon :

[CO2]total=(K1+K1K2+K1K2K3[H3O+]+K1K2K3K4[H3O+]2)PCO2

À pression PCO2 constante, lorsque [H3O+] diminue, [CO2]tot augmente ; donc plus la solution est basique, plus l'on peut dissoudre de Modèle:Fchim ; inversement, plus la solution est acide, moins l'on peut dissoudre de Modèle:Fchim.

Remarque
Puisque Modèle:Nobr, on a [H2CO3][CO2] quel que soit le pH. Les deuxième et troisième réactions sont regroupées en une seule réaction :
CO2(aq)+2H2OHCO3(aq)+H3O+(aq)
avec [HCO3][H3O+]=K5[CO2] et Modèle:Nobr. Le bilan de matière donne, en négligeant Modèle:Fchim[29] :
[CO2]total=(K1+K1K5[H3O+]+K1K4K5[H3O+]2)PCO2

Modèle:Boîte déroulante/fin

Cas des solvants, loi de Raoult

Modèle:Article détaillé

Un Modèle:Nobr est un corps présent dans une solution liquide ayant une fraction molaire très supérieure à celle d'un Modèle:Nobr, soit xslxσl. Ce corps peut quasiment être considéré comme pur, soit xsl1.

La relation de Duhem-Margules implique que si un soluté suit la loi de Henry, alors le solvant suit la loi de Raoult qui relie sa pression partielle Ps en phase gazeuse à sa fraction molaire xsl en phase liquide à l'équilibre liquide-vapeur selon :

Loi de Raoult : Ps=xsgP=xslPssat𝒫sl,*

avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

La relation de Duhem-Margules induit également que si l'on néglige la correction de Poynting pour le soluté, alors elle est également négligeable pour le solvant, soit 𝒫σ,sl,=𝒫sl,*=1.

Extension aux mélanges réels

Coefficients de fugacité et d'activité, équilibres idéaux

À l'équilibre liquide-vapeur, on a pour tout Modèle:Nobr, soluté ou solvant, l'égalité des fugacités en phase vapeur et en phase liquide, soit :

fig=fil

La fugacité fig en phase gaz s'écrit à l'aide d'un coefficient de fugacité ϕig corrigeant la loi des gaz parfaits :

fig=xigϕigP

La fugacité fil en phase liquide s'écrit à l'aide d'un coefficient d'activité Γil corrigeant la loi de Lewis et Randall :

fil=xilΓilfil,*

Ce coefficient est décomposé en deux termes :

Γil=γilγ^il

Le coefficient γil est défini à partir de l'enthalpie libre d'excès GE :

RTlnγil(GEnil)P,T,nil

Le coefficient γ^il permet le calcul du coefficient d'activité dans un mélange multicomposant à partir des propriétés des mélanges binaires « soluté - solvant » ; il vaut 1 dans un mélange binaire.

L'extension des lois de Henry et de Raoult aux mélanges réels nécessite donc une équation d'état pour le calcul des coefficients ϕig et un modèle d'enthalpie libre d'excès pour le calcul des coefficients γil. Pour des pressions proches de la pression atmosphérique (moins de Modèle:Unité), le gaz se comporte comme un mélange de gaz parfaits, soit ϕig=1 pour tout constituant. Dans une solution idéale liquide, on a γil=1 pour tout constituant. Dans les équilibres idéaux, on a donc, pour tout Modèle:Nobr :

équilibre idéal : xigP=xilγ^ilfil,*

Mélanges binaires

On considère un mélange binaire ne comprenant qu'un unique Modèle:Nobr et un unique Modèle:Nobr.

Lois des équilibres binaires

La fugacité (fictive si le soluté est un gaz) fσl,* du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur dans les conditions de pression et température du mélange est donnée par la relation[13] :

fσl,*=kH,σ,sγσ,sl,=kH,σ,ssatγσ,sl,𝒫σ,sl,

Pour le Modèle:Nobr, l'équilibre liquide-vapeur est calculé par l'extension de la loi de Henry[17] :

Extension de la loi de Henry aux mélanges binaires réels
pour le Modèle:Nobr : xσgϕσgP=xσlγσlkH,σ,ssatγσ,sl,𝒫σ,sl,

La fugacité fsl,* du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur dans les conditions de pression et température du mélange est donnée par la relation :

fsl,*=ϕsg,*,satPssat𝒫sl,*

Pour le Modèle:Nobr, l'équilibre liquide-vapeur est calculé par l'extension de la loi de Raoult[17] :

Extension de la loi de Raoult aux mélanges binaires réels
pour le Modèle:Nobr : xsgϕsgP=xslγslϕsg,*,satPssat𝒫sl,*

En application du théorème d'Euler, le volume molaire V¯l de la phase liquide vaut :

V¯lRT=xσlV¯σl+xslV¯slRT=xσl(lnfσlP)T,n+xsl(lnfslP)T,n=xσl[V¯σ,sl,RT(lnγσ,sl,P)T,n+(lnγσlP)T,n]+xsl[V¯sl,*RT+(lnγslP)T,n]

Le plus souvent, les modèles d'activité γil ne dépendent pas de la pression, le volume molaire est alors calculé selon le modèle idéal.

Lois des équilibres binaires idéaux

Modèle:Article détaillé

Pour un mélange liquide binaire idéal aux basses pressions on retrouve les lois idéales :

Loi de Henry
pour le Modèle:Nobr : xσgP=xσlkH,σ,ssat𝒫σ,sl,

et :

Loi de Raoult
pour le Modèle:Nobr : xsgP=xslPssat𝒫sl,*

Dans une solution idéale, les lois de Henry et de Raoult sont applicables sur l'ensemble des fractions molaires 0xil1. Pour le soluté pur, soit xσl=1, on a fσl,id,*=kH,σ,s. Dans une solution idéale binaire, la constante de Henry est donc à la fois la pente de la fugacité du soluté, qui varie linéairement sur toute la plage de composition, et la fugacité du soluté pur. Aux basses pressions, on a approximativement 𝒫σ,sl,𝒫sl,*1.

Le volume molaire V¯l,id de la phase liquide idéale vaut :

V¯l,id=xσlV¯σ,sl,+xslV¯sl,*
Équations de Krichevsky-Kasarnovsky et Krichevsky-Ilinskaya

Pour un mélange réel, on développe l'égalité des fugacités fσg=fσl en supposant que le volume molaire V¯σ,sl, dans le facteur de Poynting 𝒫σ,sl, ne dépend pas de la pression. On obtient, pour tout Modèle:Nobr :

lnfσgxσl=ln(γσlkH,σ,ssatγσ,sl,𝒫σ,sl,)=lnkH,σ,ssat+lnγσllnγσ,sl,+V¯σ,sl,(PPssat)RT

On suppose que le coefficient d'activité suit le modèle de Margules à un paramètre :

lnγσl=Axsl2
lnγσ,sl,=limxσl0xsl1lnγσl=A

avec xsl la fraction molaire du Modèle:Nobr dans la phase liquide (avec xsl+xσl=1). On obtient l'équation de Krichevsky-Ilinskaya[30]Modèle:,[31] :

Équation de Krichevsky-Ilinskaya
lnfσgxσl=lnkH,σ,ssat+A(xsl21)+V¯σ,sl,(PPssat)RT

que l'on trouve aussi, en écrivant le modèle de coefficient d'activité selon RTlnγσl=Axsl2, sous la forme[32]Modèle:,[33]Modèle:,[34]Modèle:,[23] :

Équation de Krichevsky-Ilinskaya
lnfσgxσl=lnkH,σ,ssat+ART(xsl21)+V¯σ,sl,(PPssat)RT

Si le mélange liquide est idéal, soit γσl=γσ,sl,=1 (d'où A=0), on obtient l'équation de Krichevsky–Kasarnovsky[16]Modèle:,[31]Modèle:,[35]Modèle:,[36]Modèle:,[23] :

Équation de Krichevsky–Kasarnovsky
lnfσgxσl=lnkH,σ,ssat+V¯σ,sl,(PPssat)RT

L'équation de Krichevsky-Kasarnovsky ne s'emploie que pour de faibles concentrations de soluté (solutions liquides idéales), l'équation de Krichevsky-Ilinskaya est valable pour des concentrations plus fortes. Pour des pressions proches de la pression atmosphérique (moins de Modèle:Unité) le gaz se comporte comme un gaz parfait, la fugacité du Modèle:Nobr en phase vapeur est alors égale à sa pression partielle : fσg=xσgP. Pour des pressions plus importantes, la fugacité du Modèle:Nobr en phase gaz est calculée à l'aide d'un coefficient de fugacité : fσg=xσgϕσgP. Les équations de Krichevsky-Ilinskaya et Krichevsky-Kasarnovsky sont employées pour calculer des solubilités à haute pression, jusqu'à Modèle:Unité environ[35]Modèle:,[37].

Modèle:Boîte déroulante/début

Paramètres de l'équation de Krichevsky-Ilinskaya pour l'hydrogène Modèle:Fchim dans divers solvants[32].
lnfH2gxH2l=lnkH,H2,ssat+ART(xsl21)+V¯H2,sl,(PPssat)RT
Modèle:Nobr Température
T (Modèle:Unité)
Constante de Henry
kH,H2,ssat (Modèle:Unité) (à Pssat(T))
Paramètre de Margules
A (Modèle:Unité)
Volume molaire à dilution infinie
V¯H2,sl, (Modèle:Unité)
Monoxyde de carbone Modèle:Fchim 68 648 704±69 31,2
78 476 32,6
88 405 34,4
Azote Modèle:Fchim 68 547 704±69 30,4
79 456 31,5
95 345 34,4
Méthane Modèle:Fchim 90 1848 1486±297 29,7
110 1050 31,0
144 638 36,0
Éthane Modèle:Fchim 144 2634 2478±198 37,9
200 1672 44,2
228 1226 54,3
Propane Modèle:Fchim 228 1692 2478±198 50
255 1317 51
282 1044 63

Modèle:Boîte déroulante/fin

Mélanges multicomposants

On considère un mélange liquide composé de plusieurs solutés, notés σ, et plusieurs solvants, notés s ou r, aux pression P et température T. Il est possible de calculer l'équilibre liquide-vapeur de ce mélange à partir des données d'équilibre de chacun des couples « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr ».

Pour les mélanges multicomposants, l'état de référence est le mélange idéal des solvants seuls, en l'absence de tout soluté, autrement dit l'état de dilution infinie de l'ensemble des solutés simultanément[38]. On définit les grandeurs yil, fσl,* et γ^sl relatives à cet état. Une somme s ou r est effectuée sur l'ensemble des solvants du mélange, une somme σ sur l'ensemble des solutés du mélange.

Lois des équilibres multicomposants

On définit, pour tout Modèle:Nobr, soluté ou solvant, le facteur :

Pour tout Modèle:Nobr, soluté ou solvant : yil=xilsxsl

avec xil la fraction molaire du Modèle:Nobr dans le mélange multicomposant liquide. yσl est la quantité de Modèle:Nobr rapportée à la quantité totale de solvants dans le mélange liquide. ysl est la fraction molaire du Modèle:Nobr dans le mélange liquide des solvants seuls, autrement dit la limite de la fraction molaire xsl du Modèle:Nobr à dilution infinie de tous les solutés du mélange liquide multicomposant ; on a sysl=1.

On note fσ,sl,* la fugacité du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur calculée à partir des propriétés du mélange binaire « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr » :

Pour tout couple Modèle:Nobr - Modèle:Nobr : fσ,sl,*=kH,σ,sγσ,sl,

Si le Modèle:Nobr n'existe pas à l'état de liquide pur dans les conditions de pression P et température T données du mélange, cette fugacité est fictive et sa valeur peut être différente d'un Modèle:Nobr à l'autre. La fugacité fσl,* de tout Modèle:Nobr à l'état de liquide pur est construite selon l'hypothèse de la solution idéale et peut être fictive :

Pour tout Modèle:Nobr : lnfσl,*=sysllnfσ,sl,*

Pour tout Modèle:Nobr, l'équilibre liquide-vapeur est calculé par l'extension de la loi de Henry[38] :

Extension de la loi de Henry aux mélanges multicomposants réels
pour tout Modèle:Nobr : xσgϕσgP=xσlγσlfσl,*

La fugacité fsl,* d'un Modèle:Nobr à l'état de liquide pur dans les conditions de pression et température du mélange est donnée par la relation :

Pour tout Modèle:Nobr : fsl,*=ϕsg,*,satPssat𝒫sl,*

Pour tout Modèle:Nobr on pose le facteur correctif γ^sl :

Pour tout Modèle:Nobr : lnγ^sl=σyσl(lnfσ,sl,*lnfσl,*)

En l'absence de tout soluté, soit yσl=0 pour tout Modèle:Nobr, ou en présence d'un unique Modèle:Nobr, soit ysl=1 pour le solvant et fσ,sl,*=fσl,* pour tout Modèle:Nobr, on a γ^sl=1. Ceci est à fortiori vrai pour les mélanges binaires « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr ».

Pour tout Modèle:Nobr, l'équilibre liquide-vapeur est calculé par l'extension de la loi de Raoult[38] :

Extension de la loi de Raoult aux mélanges multicomposants réels
pour tout Modèle:Nobr : xsgϕsgP=xslγslγ^slfsl,*

En application du théorème d'Euler, le volume molaire V¯l de la phase liquide vaut :

V¯lRT=σxσlV¯σl+sxslV¯slRT=σxσl(lnfσlP)T,n+sxsl(lnfslP)T,n=σxσl[sysl(V¯σ,sl,RT(lnγσ,sl,P)T,n)+(lnγσlP)T,n]+sxsl[V¯sl,*RT+(lnγslP)T,n]

Le plus souvent, les modèles de coefficient d'activité γil ne dépendent pas de la pression, le volume molaire est alors calculé selon le modèle idéal.

Modèle:Boîte déroulante/début

Le volume molaire partiel V¯σl de tout Modèle:Nobr vaut :

V¯σlRT=(lnfσlP)T,n=(lnxσlP)T,nà composition constante=0+(lnfσl,*P)T,n+(lnγσlP)T,n=sysl(lnfσ,sl,*P)T,n+(lnγσlP)T,n=sysl((lnkH,σ,sP)T,n(γσ,sl,P)T,n)+(lnγσlP)T,n=sysl(V¯σ,sl,RT(lnγσ,sl,P)T,n)+(lnγσlP)T,n

Le volume molaire partiel V¯sl de tout soluté s vaut :

V¯slRT=(lnfslP)T,n=(lnxslP)T,nà composition constante=0+(ln(ϕsg,*,satPssat)P)T,nà température constante=0+(ln𝒫sl,*P)T,n+(lnγslP)T,n+(lnγ^slP)T,n=V¯sl,*RT+(lnγslP)T,n+(lnγ^slP)T,n

avec :

(lnγ^slP)T,n=σyσl(V¯σ,sl,RT(lnγσ,sl,P)T,nryrl(V¯σ,rl,RT(lnγσ,rl,P)T,n))

Note : dans le calcul du volume molaire V¯l, il apparait dans la somme sxslV¯sl le terme :

sxsl(lnγ^slP)T,n=(sxsllnγ^sP)T,n=0

Modèle:Boîte déroulante/fin

Modèle:Boîte déroulante/début

Composition

Dans le mélange liquide multicomposant, on note i ou j n'importe quel constituant (soluté ou solvant), σ un soluté, et s ou r un solvant, avec les quantités :

  • nil du Modèle:Nobr ;
  • nl=inil=σnσl+snsl totale ;
  • nSl=snsl totale de solvants.

On définit :

Pour tout Modèle:Nobr
fraction molaire : xilnil/nl
yilnil/nSl

Pour tout Modèle:Nobr on a :

yil=nilsnsl=nil/nls(nsl/nl)

d'où :

yil=xilsxsl

Pour tout Modèle:Nobr, ysl=nsl/nSl est la fraction molaire dans le mélange de solvants seuls. On a :

sysl=(snsl)/nSl

d'où :

sysl=1

Pour tout Modèle:Nobr on a :

njl(lnxjlnil)nil=njlxjl(xjlnil)nil=nl(xjlnil)nil
(xjlnil)nil={1nlxilnlsij=ixjlnlsiji
jnjl(lnxjlnil)nil=1jxj

d'où :

jnjl(lnxjlnil)nil=0
Enthalpie libre, potentiel chimique, fugacité

L'enthalpie libre Gl du mélange multicomposant est donnée par le théorème d'Euler :

Théorème d'Euler : Gl=inilμil

dans lequel, pour tout Modèle:Nobr, le potentiel chimique μil est défini comme l'enthalpie libre molaire partielle :

Potentiel chimique : μil(Glnil)P,T,nil

Par définition de la fugacité fil, on a, en mélange :

Fugacité : μil=μi,*+RTlnfilP

et pour le corps pur :

μil,*=limxil1jixjl0μil=μi,*+RTlnfil,*P

avec : Modèle:Début de colonnes

  • fil la fugacité dans le mélange ;
  • fil,* la fugacité du corps pur ;
  • μil le potentiel chimique dans le mélange ;
  • μil,* le potentiel chimique du corps pur ;
  • μi,* le potentiel chimique à l'état de gaz parfait pur.

Modèle:Fin de colonnes

D'autre part, la relation de Gibbs-Duhem induit :

Relation de Gibbs-Duhem à pression et température constantes
inildμil=0

d'où :

Pour tout Modèle:Nobr : jnjl(lnfjlnil)P,T,nil=0
Enthalpie libre d'excès, coefficient d'activité

L'enthalpie libre d'excès GE est définie par :

Enthalpie libre d'excès : GERTinilln(filxilfil,*)=inillnΓil

Le coefficient d'activité Γil est défini par :

Coefficient d'activité : Γilfilxilfil,*

Le coefficient γil est défini par :

lnγilμiERT(nil[GERT])P,T,nil

avec μiE le potentiel chimique d'excès. Le théorème d'Euler induit :

GERT=inilμiERT=inillnγil

Les coefficients Γil et γil sont définis indépendamment l'un de l'autre. Les deux relations précédentes sur GE ne permettent pas d'établir d'équivalence entre eux.

D'autre part, la relation de Gibbs-Duhem induit :

Pour tout Modèle:Nobr : jnjl(lnγjlnil)P,T,nil=0
Fugacité d'un soluté pur

Pour un mélange binaire « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr », on définit le potentiel chimique μσ,sl,* et la fugacité fσ,sl,* du soluté pur par la relation :

μσ,sl,*=limxσl1xsl0μσl=μσ,*+RTlnfσ,sl,*P

Le potentiel μσ,* du soluté à l'état de gaz parfait pur est défini indépendamment du solvant considéré. Pour le même soluté dans un mélange de solvants, on définit sa fugacité à l'état de corps pur par :

μσl,*=limxσl1sxsl0μσl=μσ,*+RTlnfσl,*P

Si dans le mélange de solvants le Modèle:Nobr est représenté par la fraction molaire ysl, on a :

μσl,*=syslμσ,sl,*=(sysl)=1μσ,*+RT(sysllnfσ,sl,*)(sysl)=1RTlnP=μσ,*+RT(sysllnfσ,sl,*)RTlnP

On obtient ainsi la fugacité fσl,* pour le mélange multicomposant à partir des propriétés des mélanges binaires :

Pour tout soluté σ : lnfσl,*=sysllnfσ,sl,*

La fugacité fσ,sl,* d'un soluté pur par rapport à un solvant ne dépend pas de la composition. La fugacité fσl,* d'un soluté pur par rapport à un mélange de solvants dépend des quantités des solvants. La fugacité fsl,* d'un solvant pur ne dépend pas de la composition.

Fugacité d'un corps en mélange

Pour tout Modèle:Nobr on a :

(nil[GERT])P,T,nil=(nil[jnjlln(fjlxjlfjl,*)])P,T,nil=ln(filxilfil,*)+jnjl(lnfjlnil)P,T,nilGibbs-Duhem=0jnjl(lnxjlnil)P,T,nil=0jnjl(lnfjl,*nil)P,T,nil

On définit le coefficient γ^il par :

lnγ^iljnjl(lnfjl,*nil)P,T,nil

On peut donc écrire :

lnγil=ln(filxilfil,*)lnγ^il

On obtient :

Pour tout Modèle:Nobr : fil=xilγilγ^ilfil,*

soit :

Γil=filxilfil,*=γilγ^il

On a Γil=γil si γ^il=1, c'est-à-dire si les fjl,* ne dépendent pas de nil.

Coefficient γ^il

Pour un Modèle:Nobr, les fugacités fjl,* ne dépendent pas de sa quantité nσl. En conséquence :

lnγ^σl=jnjl(lnfjl,*nσl)P,T,nσl=0

On obtient :

Pour tout Modèle:Nobr : γ^σl=1

Pour un Modèle:Nobr, seules les fugacités fσl,* dépendent de sa quantité nsl. En conséquence :

lnγ^sl=jnjl(lnfjl,*nsl)P,T,nsl=σnσl(lnfσl,*nsl)P,T,nsl

Par construction on a :

lnfσl,*=ryrllnfσ,rl,*=rnrlnSllnfσ,rl,*

Les fσ,rl,* ne dépendant pas de la composition, on a :

(lnfσl,*nsl)P,T,nsl=1nSllnfσ,sl,*rnrnSl2lnfσ,rl,*=1nSl(lnfσ,sl,*ryrllnfσ,rl,*)=1nSl(lnfσ,sl,*lnfσl,*)

La somme pondérée par les quantités nσl, avec yσl=nσl/nSl, donne :

Pour tout Modèle:Nobr : lnγ^sl=σyσl(lnfσ,sl,*lnfσl,*)

On introduit ryrl=1 et lnfσl,*=syrllnfσ,rl,* :

lnγ^sl=σyσl(ryrl)lnfσ,sl,*σyσl(ryrllnfσ,rl,*)

On a donc également :

lnγ^sl=σryσlyrl(lnfσ,sl,*lnfσ,rl,*)
Vérification du théorème d'Euler pour l'enthalpie libre d'excès

Pour tout Modèle:Nobr on a Γil=γilγ^il. Par définition l'enthalpie libre d'excès donne :

GERT=inillnΓil=inillnγil+inillnγ^il

Puisque par définition RTlnγilμiE, elle doit aussi vérifier le théorème d'Euler :

GERT=inilμiERT=inillnγil

Ceci impose de vérifier que :

inillnγ^il=0

La somme pondérée par les quantités nsl des coefficients lnγ^sl trouvés précédemment donne :

snsllnγ^sl=sσnslyσl(lnfσ,sl,*lnfσl,*)

et, avec nslyσl=yslnσl :

snsllnγ^sl=sσyslnσl(lnfσ,sl,*lnfσl,*)=σnσl(sysllnfσ,sl,*)=lnfσl,*(sysl)=1σnσllnfσl,*=0

Puisque γ^σl=1 pour tout soluté, on peut généraliser :

inillnγ^il=0

Le théorème d'Euler est donc vérifié pour l'enthalpie libre d'excès.

Vérification de la relation de Gibbs-Duhem sur les fugacités

Pour tout Modèle:Nobr on a fil=xilγilγ^ilfil,*. Par conséquent :

jnjl(lnfjlnil)P,T,nil=jnjl(lnxjlnil)P,T,nil=0+jnjl(lnγjlnil)P,T,nilGibbs-Duhem=0+jnjl(lnγ^jlnil)P,T,nil+jnjl(lnfjl,*nil)P,T,nildéfinition=lnγ^il

On a :

jnjl(lnγ^jlnil)P,T,nil=(nil[jnjllnγ^jl])P,T,nil=0lnγ^il=lnγ^il

On vérifie en conséquence la relation de Gibbs-Duhem sur les fugacités pour tout Modèle:Nobr :

jnjl(lnfjlnil)P,T,nil=0

Modèle:Boîte déroulante/fin

Lois des équilibres multicomposants idéaux

Comme pour un mélange binaire, la fugacité (fictive pour les gaz) fσl,* du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur est calculée selon la relation :

fσl,*=kH,σ,mγσ,ml,

avec :

  • kH,σ,m la constante de Henry du Modèle:Nobr dans le mélange de solvants seuls ;
  • γσ,ml, le coefficient d'activité du Modèle:Nobr à dilution infinie dans le mélange de solvants seuls.

La relation lnfσl,*=sysllnfσ,sl,* donne pour tout Modèle:Nobr la relation idéale de Krichevsky[38] :

Équation de Krichevsky
pour tout Modèle:Nobr : lnkH,σ,m=sysllnkH,σ,s

Pour les basses pressions et les phases liquides idéales on a par conséquent la loi idéale pour les solutés :

Loi de Henry étendue aux mélanges multicomposants idéaux
pour tout Modèle:Nobr : xσgP=xσlkH,σ,m

On a par ailleurs pour tout Modèle:Nobr :

pour tout Modèle:Nobr : lnγ^sl=σyσl(lnkH,σ,slnkH,σ,m)

Pour les basses pressions et les phases liquides idéales on a par conséquent la loi idéale pour les solvants :

Loi de Raoult étendue aux mélanges multicomposants idéaux
pour tout Modèle:Nobr : xsgP=xslγ^slPssat𝒫sl,*

Le volume molaire V¯l,id de la phase liquide idéale vaut :

V¯l,id=σsxσlyslV¯σ,sl,+sxslV¯sl,*

Modèle:Boîte déroulante/début

L'enthalpie libre d'excès GE vaut :

GERT=inilln(filxilfil,*)=inillnΓil=inillnγil

Une solution est idéale si GE=0, avec γil=1 pour tous les constituants. L'enthalpie libre d'excès GE est par définition l'écart entre l'enthalpie libre Gl du mélange réel et l'enthalpie libre Gl,id de la solution idéale correspondante :

GEGlGl,id

Le théorème d'Euler donne :

Gl=inilμil=inil(μi,*+RTlnfilP)

en conséquence :

Gl,id=GlGE=inil(μi,*+RTln(xilfil,*P))

On calcule le potentiel chimique idéal μil,id :

μil,idRT=(nil[Gl,idRT])P,T,nil=μi,*RT+ln(xilfil,*P)+jnjl(lnxjlnil)P,T,nil=0+jnjl(lnfjl,*nil)P,T,nildéfinition=lnγ^il

Par conséquent, on a le potentiel chimique, la fugacité et le coefficient d'activité idéaux :

μil,id=μi,*+RTlnfil,idP
fil,id=xilγ^ilfil,*
Γil,id=fil,idxilfil,*=γ^il

On vérifie le théorème d'Euler pour l'enthalpie libre idéale :

inilμil,id=inil(μi,*+RTln(xilfil,*P))+RTinillnγ^il=0=Gl,id

et pour tout Modèle:Nobr, puisque fil=γilfil,id, la relation de Gibbs-Duhem :

jnjl(lnfjl,idnil)P,T,nil=jnjl(lnfjlnil)P,T,nilGibbs-Duhem=0jnjl(lnγjlnil)P,T,nilGibbs-Duhem=0=0

Modèle:Boîte déroulante/fin

Application à un mélange ternaire : un soluté et deux solvants

Soit un mélange liquide ternaire constitué d'un Modèle:Nobr et de deux solvants, notés s1 et s2. On suppose que l'on dispose des constantes de Henry kH,σ,s1 et kH,σ,s2 dans les solutions binaires, et que l'enthalpie libre d'excès molaire G¯E du mélange ternaire est calculable selon l'extension du modèle de Margules[39] :

G¯ERT=Aσ,s1xσlxs1l+Aσ,s2xσlxs2l+As1,s2xs1lxs2l

Les coefficients d'activité des trois corps sont donnés par[38] :

coefficients d'activité
lnγσl=Aσ,s1xs1l+Aσ,s2xs2lG¯E/RT
lnγs1l=Aσ,s1xσl+As1,s2xs2lG¯E/RT
lnγs2l=Aσ,s2xσl+As1,s2xs1lG¯E/RT

Les coefficients d'activité du Modèle:Nobr à dilution infinie dans chacun des deux solvants s1 et s2 sont donnés par :

lnγσ,s1l,=limxσl+xs2l0xs1l1lnγσl=Aσ,s1
lnγσ,s2l,=limxσl+xs1l0xs2l1lnγσl=Aσ,s2

On pose :

yσl=xσlxs1l+xs2l;ys1l=xs1lxs1l+xs2l;ys2l=xs2lxs1l+xs2l

La fugacité fσl,* du Modèle:Nobr à l'état de liquide pur est calculée selon[38] :

lnfσl,*=ys1llnfσ,s1l,*+ys2llnfσ,s2l,*=ys1llnkH,σ,s1γσ,s1l,+ys2llnkH,σ,s2γσ,s2l,

d'où :

pour le Modèle:Nobr
lnfσl,*=ys1l(lnkH,σ,s1Aσ,s1)+ys2l(lnkH,σ,s2Aσ,s2)

Pour les deux Modèle:Nobr on a :

lnγ^s1l=yσl(lnfσ,s1l,*lnfσl,*)=yσlys2l(ln(kH,σ,s1γσ,s1l,)ln(kH,σ,s2γσ,s2l,))
lnγ^s2l=yσl(lnfσ,s2l,*lnfσl,*)=yσlys1l(ln(kH,σ,s2γσ,s2l,)ln(kH,σ,s1γσ,s1l,))

d'où[38] :

pour les deux solvants s1 et s2
lnγ^s1l=yσlys2l(lnkH,σ,s1lnkH,σ,s2+Aσ,s2Aσ,s1)
lnγ^s2l=yσlys1l(lnkH,σ,s2lnkH,σ,s1+Aσ,s1Aσ,s2)

Pour une solution idéale, soit G¯E=0, on a γσl=γs1l=γs2l=γσ,s1l,=γσ,s2l,=γσ,ml,=1 avec Aσ,s1=Aσ,s2=As1,s2=0. On obtient :

lnkH,σ,m=ys1llnkH,σ,s1+ys2llnkH,σ,s2 (équation de Krichevsky)
lnγ^s1l=yσlys2l(lnkH,σ,s1lnkH,σ,s2)
lnγ^s2l=yσlys1l(lnkH,σ,s2lnkH,σ,s1)

L'ensemble de ces expressions peut être étendu à des mélanges contenant plus de solutés et de solvants, avec :

G¯ERT=ij>iAi,jxilxjl

Il est alors pratique de négliger les interactions entre solutés si ceux-ci ne sont que faiblement concentrés, soit Ai,j=0 si i et j sont deux solutés :

G¯ERT=σsAσ,sxσlxsl+sr>sAs,rxslxrl

Applications

Étude de la solubilité

La loi de Henry, sous la forme Pσ=xσlkH,σ,s, permet d'établir l'évolution de la solubilité xσl en fonction de la pression et de la température dans son domaine d'application, aux basses pressions (loi des gaz parfaits) et faibles solubilités (solution idéale). On suppose également que le Modèle:Nobr est très peu volatil, voire que le Modèle:Nobr est seul en phase gaz, soit, pour la pression partielle du soluté, PσP, la pression totale.

En fonction de la pression

En dérivant, à température constante, l'expression de la loi de Henry par rapport à la pression, on obtient :

(lnPσP)T=(lnxσlP)T+(lnkH,σ,sP)T=(lnxσlP)T+V¯σ,sl,RT

avec V¯σ,sl, le volume molaire partiel du Modèle:Nobr à dilution infinie dans le Modèle:Nobr (voir le paragraphe Constante de Henry - Dépendance à la pression). Le Modèle:Nobr étant négligeable en phase gaz, on a Pσ=P et donc :

(lnPσP)T=1P

On obtient :

(lnxσlP)T=1PV¯σ,sl,RT

En application de la loi des gaz parfaits, aux basses pressions le volume molaire de la phase gaz vaut : V¯=RT/P. D'autre part, toujours aux basses pressions, le volume molaire de la phase gaz est très supérieur au volume molaire partiel en phase liquide, soit V¯V¯σ,sl,, d'où :

Aux basses pressions : (lnxσlP)TV¯RT=1P

Avec un point de solubilité connu (xσl,,P,T) on intègre à température constante :

xσlxσl,=PP

Aux basses pressions, la solubilité xσl augmente linéairement avec la pression totale P lorsque le Modèle:Nobr est seul en phase gaz.

Le volume molaire d'un gaz diminue avec une augmentation de pression ; par contre on peut considérer que V¯σ,sl, est indépendant de la pression, les liquides étant très peu compressibles. Aux pressions élevées, le modèle des gaz parfaits ne s'applique plus, la loi de Henry est appliquée sous la forme fσg=xσlkH,σ,s. Le Modèle:Nobr étant négligé en phase gaz, la fugacité du Modèle:Nobr dans cette phase varie en fonction de la pression selon :

(lnfσgP)T=V¯σg,*RT=(lnxσlP)T+V¯σ,sl,RT

avec V¯σg,* le volume molaire du soluté pur à l'état gazeux dans les conditions de pression et température du mélange. On obtient par conséquent[40]Modèle:,[41] :

Aux hautes pressions : (lnxσlP)T=V¯σg,*V¯σ,sl,RT

Lorsque V¯σg,*>V¯σ,sl,, aux basses pressions, la solubilité augmente avec la pression ; elle décroît lorsque V¯σg,*<V¯σ,sl,, aux très hautes pressions (lorsque le volume molaire de la phase gaz est faible). Ainsi, lorsque V¯σg,*=V¯σ,sl,, la solubilité xσl atteint un maximum en fonction de la pression. Ceci a été vérifié expérimentalement pour la solubilité de l'azote dans l'eau, qui atteint à Modèle:Unité un maximum à environ Modèle:Unité[40]Modèle:,[41].

En fonction de la température

Solubilité du dioxyde de carbone dans l'eau en fonction de la température à pression atmosphérique[42].

En dérivant, à pression constante, l'expression de la loi de Henry par rapport à la température, on obtient :

(lnPσ1T)P=(lnxσl1T)P+(lnkH,σ,s1T)P=(lnxσl1T)P+ΔsolHσ,sR

avec ΔsolHσ,s l'enthalpie de dissolution du Modèle:Nobr dans le Modèle:Nobr (voir le paragraphe Constante de Henry - Dépendance à la température). Le Modèle:Nobr étant négligeable en phase gaz, on a Pσ=P et donc :

(lnPσ1T)P=0

On obtient[43] :

(lnxσl1T)P=ΔsolHσ,sR

Diverses formes de la solubilité en fonction de la température sont communément employées[21]Modèle:,[23] :

lnxσl=a+bT+clnT+dT
lnxσl=a+bT+cT2+dT3

avec a, b, c et d des constantes empiriques spécifiques du couple « Modèle:Nobr - Modèle:Nobr ». Les expressions des enthalpies de dissolution respectives sont :

ΔsolHσ,sR=bcTdT2
ΔsolHσ,sR=b+2cT+3dT2

Pour la plupart des gaz, la dissolution est exothermique aux basses pressions et températures, soit ΔsolHσ,s<0, par conséquent la solubilité diminue lorsque la température augmente[19]. De nombreux gaz présentent un minimum de solubilité, la solubilité augmentant après avoir diminué lorsque la température augmente[44]Modèle:,[45]. Ainsi, aux basses pressions, le minimum de solubilité de l'hélium dans l'eau se situe à environ Modèle:Unité, ceux de l'argon, de l'oxygène et de l'azote se situent entre 92 et Modèle:Unité et celui du xénon à environ Modèle:Unité[46].

Modèle:Boîte déroulante/début

Solubilité de l'oxygène Modèle:Fchim dans l'eau
pour une pression partielle d'oxygène PO2 de Modèle:Unité[23].
Température T (Modèle:Unité) Solubilité
Modèle:Nobr
Enthalpie de dissolution
ΔsolHO2,eau (Modèle:Unité)
Constante de Henry
Modèle:Nobr (Modèle:Unité)
Peausat(T))
273,15 3,9594 -17,43 2,5591
278,15 3,4651 -16,26 2,9242
283,15 3,0736 -15,13 3,2966
288,15 2,7603 -14,04 3,6708
293,15 2,5071 -12,99 4,0415
298,15 2,3009 -11,97 4,4038
303,15 2,1317 -10,98 4,7533
308,15 1,9923 -10,03 5,0859
313,15 1,8769 -9,11 5,3985
318,15 1,7813 -8,21 5,6882
323,15 1,7021 -7,35 5,9531
328,15 1,6365 -6,51 6,1917

Modèle:Boîte déroulante/fin

Pressurisation des boissons gazeuses

En ouvrant une bouteille de champagne la pression chute brutalement dans la bouteille et, selon la loi de Henry, la solubilité du gaz diminue. Le dioxyde de carbone (Modèle:CO2) dissout dans le vin se désorbe et forme des bulles dans le liquide.

Les boissons gazeuses sont maintenues sous une pression importante de dioxyde de carbone (Modèle:CO2). On suppose qu'il n'y a que du Modèle:CO2 dans le gaz, soit xCO2g=1, la présence d'eau en phase gaz étant négligeable, soit xH2Og0. La pression partielle du Modèle:CO2 vaut alors la pression totale : PCO2=xCO2gP=P. Cette pression permet de dissoudre une grande quantité de gaz dans le liquide en vertu de la loi de Henry :

PCO2=xCO2lkH,CO2,boisson

En ouvrant la bouteille la pression PCO2 chute brusquement. Puisque kH,CO2,boisson est quasi constante, alors xCO2l ne peut que diminuer : la solubilité du dioxyde de carbone chute. En conséquence, le Modèle:CO2 dissout se désorbe en formant des bulles dans le liquide[5]Modèle:,[47].

Solubilité des gaz atmosphériques dans le sang

Modèle:Article détaillé

La composition de l'atmosphère est considérée comme constante : elle contient environ 20,9 % molaire d'oxygène Modèle:Fchim et d'autres gaz dont l'azote Modèle:Fchim très majoritaire, soit les fractions molaires Modèle:Nobr et Modèle:Nobr. La loi de Henry donne les relations entre la pression atmosphérique totale, P, les pressions partielles d'oxygène et d'azote, PO2 et PN2, et les teneurs en oxygène et azote dissouts dans le sang, xO2l et xN2l :

xO2gP=PO2=xO2lkH,O2,sang
xN2gP=PN2=xN2lkH,N2,sang

En altitude, par exemple en montagne, la pression atmosphérique P est plus basse qu'au niveau de la mer. La pression partielle en oxygène PO2 y est donc plus faible. En conséquence de la loi de Henry, la teneur en oxygène dissout dans le sang, xO2l, est plus basse en montagne qu'à des altitudes moins élevées. Cet état est appelé hypoxie et peut provoquer le mal aigu des montagnes si ces altitudes sont atteintes trop rapidement, sans acclimatation progressive (par exemple à l'atterrissage en montagne d'un avion parti du niveau de la mer)[48].

Au contraire, sous l'eau la pression est plus importante qu'au niveau de la surface. En un point où la pression P est le double de la pression atmosphérique standard (c'est le cas à Modèle:Unité de profondeur), les solubilités des gaz, xO2l et xN2l, sont doublées par rapport à la surface. Un plongeur consomme l'oxygène mais stocke l'azote de l'air dissout dans son organisme. Lorsque le plongeur remonte vers la surface, l'azote se désorbe en raison de la baisse de pression. Un accident de décompression survient si la remontée est trop rapide : le plongeur ne peut évacuer ce gaz par la respiration et l'azote forme des bulles dans le sang. Les bulles ainsi créées se dilatent dans les vaisseaux sanguins, toujours en raison de la baisse de pression (loi de Boyle-Mariotte), et peuvent provoquer une embolie gazeuse et le décès du plongeur[5]Modèle:,[49].

Constantes de Henry pour divers gaz dissouts dans l'eau

Le tableau suivant donne quelques valeurs de la constante de Henry pour des gaz dissouts dans l'eau à Modèle:Tmp (Modèle:Unité)[7].

Valeurs de la constante de Henry
pour des gaz dissouts dans l'eau à Modèle:Unité[7].
Équation kH=Pcaq H=caqP kH=Px H=caqcgas
Unité Modèle:Unité Modèle:Unité Modèle:Unité sans dimension
Oxygène (Modèle:Fchim) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Hydrogène (Modèle:Fchim) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Dioxyde de carbone (Modèle:Fchim) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Azote (Modèle:Fchim) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Hélium (He) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Néon (Ne) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Argon (Ar) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre
Monoxyde de carbone (CO) Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre Modèle:Nombre

Avec : Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Notations

Alphabet latin

Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Alphabet grec

Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Bibliographie

Articles
Ouvrages

Articles connexes

Modèle:Palette Modèle:Portail

  1. Modèle:Article.
  2. 2,0 et 2,1 Modèle:Ouvrage.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Modèle:Ouvrage.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Modèle:Ouvrage, Modèle:P.58.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Modèle:Ouvrage.
  6. Modèle:Ouvrage.
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 7,5 et 7,6 Modèle:Lien web. Une compilation de constantes de Henry pour les solutions aqueuses, dont : Modèle:Lien web.
  8. 8,0 et 8,1 Modèle:Harvsp.
  9. 9,0 et 9,1 Modèle:Ouvrage.
  10. Modèle:Harvsp.
  11. 11,0 et 11,1 Modèle:Harvsp.
  12. 12,0 12,1 12,2 12,3 et 12,4 Modèle:Harvsp.
  13. 13,0 13,1 13,2 13,3 13,4 13,5 13,6 13,7 et 13,8 Modèle:Harvsp.
  14. 14,0 14,1 et 14,2 Modèle:Harvsp.
  15. 15,0 15,1 15,2 15,3 et 15,4 Modèle:Harvsp.
  16. 16,0 16,1 et 16,2 Modèle:Harvsp.
  17. 17,0 17,1 17,2 17,3 et 17,4 Modèle:Harvsp.
  18. Modèle:Article.
  19. 19,0 19,1 19,2 19,3 19,4 19,5 et 19,6 Modèle:Harvsp.
  20. L'indice sol est préconisé par le Modèle:Harvsp.
  21. 21,0 21,1 et 21,2 Modèle:Article.
  22. 22,0 22,1 et 22,2 Modèle:Harvsp.
  23. 23,0 23,1 23,2 23,3 23,4 et 23,5 Modèle:Ouvrage.
  24. Modèle:Harvsp.
  25. 25,0 25,1 et 25,2 Modèle:Harvsp.
  26. 26,0 et 26,1 Modèle:Harvsp.
  27. Modèle:Ouvrage.
  28. 28,0 et 28,1 Modèle:Harvsp.
  29. 29,0 et 29,1 Modèle:Ouvrage.
  30. Modèle:Harvsp.
  31. 31,0 et 31,1 Modèle:Harvsp.
  32. 32,0 et 32,1 Modèle:Harvsp.
  33. Modèle:Harvsp.
  34. Modèle:Ouvrage.
  35. 35,0 et 35,1 Modèle:Harvsp.
  36. Modèle:Harvsp.
  37. Modèle:Harvsp.
  38. 38,0 38,1 38,2 38,3 38,4 38,5 et 38,6 Modèle:Harvsp.
  39. Modèle:Harvsp.
  40. 40,0 et 40,1 Modèle:Article.
  41. 41,0 et 41,1 Modèle:Harvsp.
  42. Ce graphe et d'autres exemples sur : Modèle:Lien web.
  43. Modèle:Harvsp.
  44. Modèle:Ouvrage.
  45. Modèle:Ouvrage.
  46. Modèle:Ouvrage.
  47. Modèle:Article.
  48. Modèle:Lien web.
  49. Modèle:Article.