Loi de dilution d'Ostwald

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En chimie, la loi de dilution d'Ostwald énonce que la dissociation d'un électrolyte faible augmente avec la dilution de celui-ci. Cette loi porte le nom de Wilhelm Ostwald, prix Nobel de chimie de 1909, qui l'établit en 1888[1].

Loi pour les électrolytes faibles

Démonstration

Un électrolyte faible CA est dissout dans un solvant à une concentration c (en Modèle:Unité). Il se dissocie partiellement selon la réaction[2]Modèle:,[3] :

CA(sln)Cz+(sln)+Az(sln)

avec Cz+ le cation et Az l'anion associés, et z le nombre de charges de ces ions. On a les relations :

  • équilibre de l'électrolyte : Kd=[Cz+][Az][CA] ;
  • électroneutralité : [Cz+]=[Az] ;
  • bilan de matière du cation : c=[CA]+[Cz+] ;

dans lesquelles [X] est la concentration molaire (en Modèle:Unité) de l'espèce chimique X, et Kd est la constante de dissociation de l'électrolyte.

On pose α le coefficient de dissociation de l'électrolyte, en considérant l'électroneutralité[2]Modèle:,[3] :

coefficient de dissociation : α=[Cz+]c=[Az]c

Le bilan de matière donne :

[CA]=c(1α)

Par construction on a 0α1[2]Modèle:,[3] :

  • si α=0 il n'y a pas de dissociation ; [CA]=c et [Cz+]=[Az]=0 ;
  • si α=1 l'électrolyte est totalement dissocié ; [CA]=0 et [Cz+]=[Az]=c.

L'équilibre de l'électrolyte donne :

Kd=[Cz+][Az][CA]=c2α2c(1α)

d'où la loi de dilution d'Ostwald[2]Modèle:,[3] :

loi de dilution d'Ostwald : Kdc=α21α

La constante de dissociation Kd ne dépend que de la température. Lorsque la concentration c diminue, le coefficient de dissociation α augmente. Autrement dit[2]Modèle:,[3] :

Modèle:Citation bloc

La dilution infinie

Lorsque la concentration c tend vers 0, le coefficient de dissociation α tend vers 1, soit[2]Modèle:,[3] :

Modèle:Citation bloc

Cette conclusion n'est cependant vraie que pour un électrolyte dont les produits de dissociation ne sont pas impliqués dans d'autres équilibres. Elle n'est pas applicable, par exemple, aux acides et bases faibles en raison de l'équilibre simultané d'autoprotolyse de l'eau.

Application aux acides et bases faibles

Dissociation d'un acide faible

L'équilibre de dissociation d'un acide faible AH s'écrit[4]Modèle:,[5] :

AH(aq)+H2OA(aq)+H3O+

On a en parallèle l'autoprotolyse de l'eau :

2H2OH3O++OH

On a les relations :

On pose α, le coefficient de dissociation de l'acide[4]Modèle:,[5] :

coefficient de dissociation : α=[A]c

Le bilan de matière donne :

[AH]=c(1α)

Si l'acide est suffisamment concentré, de sorte que [A][OH], l'électroneutralité donne :

[H3O+][A]

et l'équilibre acide :

Ka[A]2[AH]

Dans ces conditions, on retrouve la loi de dilution d'Ostwald[4]Modèle:,[5] :

aux fortes concentrations : Kacα21α

Plus l'acide est dilué, plus il est dissocié. Mais cette équation n'est vraie que pour de fortes concentrations de l'acide.

Si l'acide est suffisamment dilué, de sorte que [A][OH], l'électroneutralité et l'autoprotolyse de l'eau donnent :

[H3O+][OH]107

Ainsi, l'équilibre acide donne :

Ka107=[A][AH]=α1α

et par conséquent[4]Modèle:,[5] :

à dilution infinie : α=KaKa+107

Dans ces conditions, lorsque c tend vers 0, α ne tend pas vers 1 ; on a α1 si et seulement si Ka107, soit 𝗉Ka<7. Ainsi, contrairement aux autres électrolytes faibles, la dissociation d'un acide faible ne tend pas vers la dissociation totale lorsque la dilution augmente, car cet équilibre est lié à celui de l'eau.

Exemple 1

Pour l'acide éthanoïque (Modèle:Fchim) :
CH3COOH(aq)+H2OCH3COO(aq)+H3O+
Le 𝗉Ka vaut Modèle:Nombre. À dilution infinie α0,994. L'acide éthanoïque est presque totalement dissocié à dilution infinie.

Exemple 2

Pour l'acide cyanhydrique (Modèle:Fchim) :
HCN(aq)+H2OCN(aq)+H3O+
Le 𝗉Ka vaut Modèle:Nombre. À dilution infinie α0,005. L'acide cyanhydrique n'est presque pas dissocié à dilution infinie.

En conclusion, la dissociation d'un acide faible augmente avec sa dilution, mais à dilution infinie un acide faible ne se comporte pas nécessairement comme un acide fort, sa dissociation peut être incomplète.

Protonation d'une base faible

L'équilibre de protonation d'une base faible B s'écrit[4]Modèle:,[5] :

B(aq)+H2OBH+(aq)+OH

On a en parallèle l'autoprotolyse de l'eau :

2H2OH3O++OH

On a les relations :

On pose β, le coefficient de protonation de la base[4]Modèle:,[5] :

coefficient de protonation : β=[BH+]c

Le bilan de matière donne :

[B]=c(1β)

Le coefficient de protonation β a une signification similaire à celle du coefficient de dissociation α des électrolytes et acides faibles : si β=0, la base n'est pas protonée ; si β=1, elle est totalement protonée.

Si la base est suffisamment concentrée, de sorte que [BH+][H3O+], l'électroneutralité donne :

[BH+][OH]

et l'équilibre basique :

Kb[BH+]2[B]

Dans ces conditions, on retrouve la loi de dilution d'Ostwald[4]Modèle:,[5] :

aux fortes concentrations : Kbcβ21β

Plus la base est diluée, plus elle est protonée. Mais cette équation n'est vraie que pour de fortes concentrations de la base.

Si la base est suffisamment diluée, de sorte que [BH+][H3O+], l'électroneutralité et l'autoprotolyse de l'eau donnent :

[H3O+][OH]107

Ainsi, l'équilibre basique donne :

Kb107=[BH+][B]=β1β

et par conséquent[4]Modèle:,[5] :

à dilution infinie : β=KbKb+107

Dans ces conditions, lorsque c tend vers 0, β ne tend pas vers 1 ; on a β1 si et seulement si Kb107, soit 𝗉Kb<7. Ainsi, contrairement aux autres électrolytes faibles, la protonation d'une base faible ne tend pas vers la protonation totale lorsque la dilution augmente, car cet équilibre est lié à celui de l'eau.

En conclusion, la protonation d'une base faible augmente avec sa dilution, mais à dilution infinie une base faible ne se comporte pas nécessairement comme une base forte, sa protonation peut être incomplète.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Bibliographie

Voir aussi

Modèle:Portail