Méthode de Wiener-Hopf

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La méthode de Wiener-Hopf est une technique mathématique permettant de résoudre analytiquement certaines équations intégrales et équations aux dérivées partielles avec conditions sur une limite du domaine. Elle a été mise au point par Norbert Wiener et Eberhard Hopf[1] en 1931. Typiquement la méthode utilise une transformation de Fourier, de Mellin ou de de Laplace. La solution est recherchée sous forme de somme de deux fonctions analytiques définies dans une partition du plan complexe contenant l'axe réel. Les deux fonctions coïncident dans une région contenant l'axe des valeurs réelles. Un prolongement analytique garantit que ces deux fonctions constituent une fonction analytique dans le plan complexe. Le théorème de Liouville indique que la continuation s'effectue par un polynôme imposé par la condition aux limites.

Décomposition de Wiener et Hopf d'une fonction singulière

Soient  x  une variable réelle et  s=α+iσ  une variable complexe. σ+  et  σ  sont deux constantes réelles finies. On suppose que pour toute valeur  σ  telle que  σ<σ<σ+  la fonction  ϕ(x)  possède une intégrale de Fourier analytique dans le plan complexe[2]Modèle:,[3]. Celle-ci est scindée en deux parties

Φ+(s)=12π0ϕ(x)eisxdx,σ>σ[0.6em]Φ(s)=12π0ϕ(x)eisxdx,σ<σ+

Ces fonctions vérifient

  • si  lim\limits x0+ϕ(x)=xβ  alors  lim\limits sΦ(s)=sβ1  lorsque  σ>σ
  • si  lim\limits x0ϕ(x)=xβ  alors  lim\limits sΦ(s)=sβ1  lorsque  σ<σ+

Pour  a>σ  et  b<σ+  on définit la transformée de Fourier généralisée inverse

ϕ(x)=12π+ia+iaΦ+(s)eisxdα=ϕ(x)pourx>0,=0sinon+12π+ib+ibΦ(s)eisxds=ϕ(x)pourx<0,=0sinon=ϕ+(x)+ϕ(x)

Ces fonctions possèdent les propriétés de régularité suivantes

  • si  |ϕ(x)|Aeτx  lorsque  x  alors   ϕ+(x)  est régulière lorsque  σ>σ
  • si  |ϕ(x)|Beτ+x  lorsque  x  alors   ϕ(x)  est régulière lorsque  σ<σ+

Exemple : le problème de Milne

Équation intégrale de Milne

Le problème de Milne concerne la résolution de l'équation de Boltzmann pour le transfert radiatif dans un milieu unidimensionnel semi-infini homogène à diffusion isotrope, décrit par l'équation donnant la luminanceϕ(τ,μ)

μdϕ(τ,μ)dτ+ϕ(τ,μ)=1211ϕ(τ,μ)dμS(τ),0τ<,1<μ1

avec la condition en τ = 0 (valeur entrante nulle)

ϕ(0,μ)=0,μ>0

La solution formelle de cette équation est[4]

ϕ(τ,μ)={120τS(t)eτtμdtμ0<μ1[0.6em]12τS(t)etτμdtμ1<μ<0[1][0.6em]S(τ)μ=0

En intégrant sur μ on obtient l'équation intégrale de Milne

S(τ)=0S(t)E(|τt|)dt

E (.) est l'exponentielle intégrale. Il n'existe pas de solution à cette équation.

En multipliant l'équation de Boltzmann par 1 et μ et en intégrant sur μ on obtient les moments de la luminance : l'exitance (flux) M et la pression de rayonnement P

M(τ)=11μϕ(τ,μ)dμ=Cste=1
P(τ)=11μ2ϕ(τ,μ)dμ=τ+P(0),P(0)=10μ2ϕ(0,μ)dμ

Équation intégrale par la transformée de Laplace

On introduit les transformées de Laplace[5]Modèle:,[6]

Φ(s,μ)=0ϕ(τ,μ)esτdτ(s)>0[0.6em]𝒮(s)=0S(τ)esτdτ[2]

On obtient par cette voie une nouvelle équation intégrale

𝒮(s)(1s1artanhs)=10S(μ1)1+sμdμg(s)

Modèle:Démonstration

En développant cette expression en série de Laurent au voisinage de s = 0 et en utilisant les expressions des moments de la luminance donnés plus haut on obtient

𝒮(s)=3s2+3P(0)s1+...

d'où

S(τ)3(τ+P(0)),τ

Résolution de l'équation intégrale

On cherche à réécrire l'équation ci-dessus de telle manière que les termes à droite et à gauche soient analytiques et aient un recouvrement sur l'axe réel. Or  1s1artanhs  est analytique dans la bande  1<(s)<1 .

On souhaite trouver une fonction f (s) qui n'ait pas de zéro dans le domaine précédent et qui vérifie  lim\limits |s|f(s)=1 , par exemple

f(s)=s2(s21)(1s1artanhs)

L'équation intégrale est réécrite

s2s21f(s)𝒮(s)=g(s)

logf(s)  peut être représenté par la formule intégrale de Cauchy

logf(s)=12πii+ai+alogf(t)tsdtlogf+(s)12πiiaialogf(t)tsdtlogf(s)
  • f+ est une fonction régulière non nulle dans le demi-plan  (s)<a ,
  • f- est une fonction régulière non nulle dans le demi-plan  (s)>a .

On peut alors écrire l'équation intégrale sous la forme

s2𝒮(s)(s+1)f(s)=(s1)g(s)f+(s)

Le premier membre est régulier pour  (s)>0  et le second pour  (s)<a . Chacune des expressions constitue la continuation de l'autre.

De plus chaque membre est borné puisque  𝒮(s)  et  g(s)  le sont. En suivant le théorème de Liouville chacun d'eux est égal à une constante C, en particulier

𝒮(s)=Cs+1s2f(s)=Cf(0)s2+C[f(0)+f(0)]s1+...

En comparant à l'expression donnée plus haut on extrait la constante

C=3f(0)

Cette quantité est une intégrale dans le plan complexe que l'on peut calculer[5] et dont on peut donner la valeur avec les développements déjà utilisés

C=3f(0)=3

Calcul des constantes d'intégration

Des expressions ci-dessus on tire

P(0)=1+f(0)f(0)=1+12πiiaiaf(t)tf(t)dt

Moyennant un certain nombre de manipulations[5] on obtient une quantité appelée constante de Hopf[7]

P(0)=6π2+1π0π2(3t211tcott)dt=0.71044608959876...

De la même façon on calcule S (0)

S(0)=lim\limits ssS(s)[0.6em]=lim\limits s0S(ts)etdt[0.6em]=0S(0)etdt[0.6em]=3lim\limits sf(s)[0.6em]=3

En conclusion

f- se calcule par décomposition dans le plan complexe[5]

logf(s)=sπ0π2log(sin2t1tcott)sin2t+s2cos2tdt

La luminance sortante qui est la fonction finalement recherchée est

ϕ(0,μ)=32(1μ)f(μ1),μ<0

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Portail