Processus polytropique

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En thermodynamique, un processus polytropique est une transformation réversible impliquant un transfert thermique (échange de chaleur) partiel entre le système étudié et son extérieur.

La loi polytropique peut représenter diverses conditions de transformation. La loi de Laplace en est le cas particulier applicable aux transformations isentropiquesentropie constante, c'est-à-dire adiabatiques, à échange de chaleur nul). Elle couvre également les transformations isobares (à pression constante), isothermes (à température constante) et isochores (à volume constant) ; elle revient alors aux diverses lois qui composent la loi des gaz parfaits.

La loi polytropique n'est en théorie applicable qu'aux gaz parfaits, sous l'hypothèse que leurs capacités thermiques sont constantes et en l'absence de réaction chimique. Elle offre cependant un modèle idéal de référence pour l'étude de procédés réels. Elle est utilisée dans l'étude des explosions. Elle sert dans l'établissement du rendement des compresseurs et des turbines. En astrophysique, un polytrope est une forme de matière dont l'équation d'état s'écrit sous la forme d'une loi polytropique.

Énoncé

La loi polytropique

Au cours d'une transformation quelconque réversible d'un gaz parfait, on a la relation suivante[1]Modèle:,[2] :

Transformation polytropique : PVk=constante

que l'on peut aussi exprimer sous les formes[1]Modèle:,[2] :

TVk1=constante
TkP1k=constante

avec :

La constante de la loi polytropique (différente d'une forme à l'autre) ne dépend que des conditions initiales de pression, température et volume de la transformation. Cette constante est positive quelle que soit la forme de la loi.

Les lois polytropiques ne sont valables que :

L'indice polytropique

Transformations polytropiques dans un diagramme de Clapeyron.
Le point fixe a pour coordonnées Modèle:Nobr et Modèle:Nobr.

L'indice polytropique k correspond aux transformations réversibles suivantes[1]Modèle:,[5]Modèle:,[6]Modèle:,[7]Modèle:,[8] :

γ=CP/CV est l'indice adiabatique, ou coefficient de Laplace, rapport des capacité thermique isobare CP et capacité thermique isochore CV.

L'indice polytropique s'écrit de façon générale selon :

k=χTχX=(VP)T(VP)X=(PV)X(PV)T

avec :

  • X la variable laissée constante dans la transformation polytropique ;
  • χT=1V(VP)T le coefficient de compressibilité isotherme ;
  • χX=1V(VP)X le coefficient de compressibilité polytropique.

Dans un diagramme de Clapeyron, le coefficient polytropique en un point donné peut donc se calculer selon[1]Modèle:,[10] :

k(V,P)=pente de la polytropiquepente de l'isotherme

et en particulier, pour X=S, l'entropie :

γ(V,P)=pente de l'isentropiquepente de l'isotherme

Démonstration

Démonstration de la loi

Hypothèses

Par hypothèse, la transformation est effectuée :

Cas général

Par définition des coefficients calorimétriques, on a les relations générales sur la chaleur échangée lors d'une transformation quelconque réversible[11] :

Transformation quelconque - relation générale
δQ=TdS=CVdT+ldV=CPdT+hdP

avec :

Les relations de Maxwell donnent les première et deuxième relations de Clapeyron :

l=T(SV)T=T(PT)V
h=T(SP)T=T(VT)P

De façon plus générale, pour toute variable X, l'échange de chaleur avec l'extérieur, à quantité de matière constante, peut s'écrire selon :

δQ=TdS=CXdT+T(SX)TdX

avec la capacité thermique polytropique[1]Modèle:,[12] :

Capacité thermique polytropique
CX=T(ST)X

Dans le cas d'une transformation polytropique, à X constante, l'échange de chaleur vaut[13] :

δQX=CXdT

Par soustraction de cette expression aux précédentes expressions de δQ, on obtient :

Transformation polytropique - relation générale
(CVCX)dT+ldV=(CPCX)dT+hdP=0

La variation de température vaut :

dT=lCVCXdV=hCPCXdP

d'où :

CPCXCVCXdV=hldP

L'indice polytropique est défini par[12]Modèle:,[6]Modèle:,[14] :

Indice polytropique
Modèle:Equarefa k=CPCXCVCX

On réécrit :

kdV=hldP

Par ailleurs, on définit le coefficient de compressibilité isotherme :

Coefficient de compressibilité isotherme
χT=1V(VP)T

La relation :

(VP)T(PT)V(TV)P=1
(VχT)(lT)(Th)=1

permet de réécrire :

kdV=VχTdP

Finalement, puisque la transformation est effectuée à X constante, on obtient[12] :

(PV)X=kVχT

On définit le coefficient de compressibilité polytropique :

Coefficient de compressibilité polytropique
Modèle:Equarefa χX=1V(VP)X

ce qui donne :

Modèle:Equarefa k=χTχX

Cette relation k=CPCXCVCX=χTχX est une généralisation de la relation de Reech γ=CPCV=χTχS (avec X=S l'entropie, on a CX=0 et χX=χS).

Cas des gaz parfaits

L'équation des gaz parfaits, PV=nRT, induit :

l=T(TnRTV)V=TnRV=P
h=T(TnRTP)P=TnRP=V
χT=1V(PnRTP)T=1VnRTP2=1P

On obtient donc, pour les gaz parfaits uniquement :

Transformation quelconque - gaz parfaits
Modèle:Equarefa δQ=CVdT+PdV=CPdTVdP

et pour une transformation polytropique :

Transformation polytropique - gaz parfaits
(CVCX)dT+PdV=(CPCX)dTVdP=0

d'où finalement :

kdV=VPdP

On considère que lors de la transformation k est constant (en toute rigueur, pour un gaz parfait, il dépend de la température). On intègre entre un état initial (P,V,T) et un état final (P,V,T), on obtient :

kVVdVV=PPdPP
kln(VV)=ln(PP)

et donc la loi polytropique :

Loi polytropique : PVk=PVk

Avec, selon l'équation d'état des gaz parfaits :

PVT=PVT=nR

par substitutions, on obtient également :

TVk1=TVk1
P1kTk=P1kTk

Les processus

Coefficient polytropique négatif

Le cas k<0 concerne des phénomènes dans lesquels une augmentation de pression coïncide avec une augmentation de volume. On a :

P=constante×V|k|

Le deuxième principe de la thermodynamique induit qu'un coefficient de compressibilité χX, quelle que soit X, ne peut être que positif pour un corps stable : le volume ne peut que diminuer sous une augmentation de pression. La relation Modèle:Equarefl k=χT/χX induit que k ne peut pas être négatif pour un corps stable. Le cas k<0 représente donc un état instable de la matière[15]. Ce cas implique d'autres phénomènes que la seule force de pression, par exemple une réaction exothermique qui génère de la chaleur au cours de la transformation.

Si k<0, la définition Modèle:Equarefl donne CV<CX<CP (la relation de Mayer implique que CVCP).

Ce cas est employé dans l'étude des réactions explosives, par exemple dans l'étude des moteurs à explosion[16]Modèle:,[17]Modèle:,[15] ou en astrophysique dans la modélisation du comportement explosif des plasmas[18].

Processus isobare

Si X=P, la pression, le processus est isobare.

La définition Modèle:Equarefl donne χX=+. On a donc par la relation Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] :

Processus isobare : k=0

On vérifie par la définition Modèle:Equarefl que CX=CP, la capacité thermique isobare[6]Modèle:,[14].

La loi polytropique T1k1V=constante donne la loi de Charles[5] :

Loi de Charles : VT=constante à pression constante.

La loi des gaz parfaits donne VT=nRP.

Processus isotherme

Si X=T, la température, le processus est isotherme.

La définition Modèle:Equarefl donne χX=χT, le coefficient de compressibilité isotherme. On a donc par la relation Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] :

Processus isotherme : k=1

On a par la définition Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] : CX=±.

La loi polytropique PVk=constante donne la loi de Boyle-Mariotte[5] :

Loi de Boyle-Mariotte : PV=constante à température constante.

La loi des gaz parfaits donne PV=nRT.

Processus isentropique

Si X=S, l'entropie, le processus est isentropique (adiabatique réversible[9]).

La définition Modèle:Equarefl donne χX=χS, le coefficient de compressibilité isentropique. La relation de Reech donne, de façon générale :

γ=χTχS

avec γ l'indice adiabatique. On a donc par la relation Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] :

Processus isentropique (adiabatique) : k=γ

On a par la définition Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] : CX=0.

La loi polytropique PVk=constante donne la loi de Laplace[5] :

Loi de Laplace : PVγ=constante à entropie constante.

Processus isochore

Si X=V, le volume, le processus est isochore.

La définition Modèle:Equarefl donne χX=0. On a donc par la relation Modèle:Equarefl[6]Modèle:,[14] :

Processus isochore : k=±

On vérifie par la définition Modèle:Equarefl que CX=CV, la capacité thermique isochore[6]Modèle:,[14].

La loi polytropique Tk1kP=constante donne la loi de Gay-Lussac[5] :

Loi de Gay-Lussac : PT=constante à volume constant.

La loi des gaz parfaits donne PT=nRV.

Compression et détente

Les formules du travail W et de la chaleur Q établies dans la section Bilan énergétique montrent que, quel que soit k, on a, pour un gaz parfait[19] :

Q=kγγ1W

avec :

  • W le travail des forces de pression ;
  • Q la chaleur échangée.

L'indice adiabatique γ est nécessairement supérieur à 1 (voir l'article Relation de Mayer).

Lors d'une compression, soit W>0 :

  • si k<γ, alors Q<0, le système perd de la chaleur ;
  • si k>γ, alors Q>0, le système gagne de la chaleur.

Lors d'une détente, soit W<0 :

  • si k<γ, alors Q>0, le système gagne de la chaleur ;
  • si k>γ, alors Q<0, le système perd de la chaleur.

Bilan énergétique

Coefficients calorimétriques et thermoélastiques

Capacités thermiques

La définition de la capacité thermique polytropique CX et la définition Modèle:Equarefl de l'indice k donnent de façon générale[1]Modèle:,[20] :

CX=T(ST)X=kγk1CV

Puisque la capacité thermique CV est positive et que la relation de Mayer induit que γ>1, alors CX<0 si 1<k<γ. Autrement, CX0. En particulier[6]Modèle:,[14] :

L'indice adiabatique est défini par :

γ=CPCV

La relation de Mayer donne, pour les gaz parfaits :

CPCV=nR

avec :

De ces relations on tire, pour les gaz parfaits :

CV=1γ1nR
CP=γγ1nR
CX=kγ(k1)(γ1)nR

Autres coefficients

Un gaz parfait répond aux relations :

PV=nRT
PVk=K ou TVk1=K

La variation de la pression en fonction du volume vaut :

(PV)X=(VKVk)X=kKVk+1
(PV)X=kPV

Le coefficient de compressibilité polytropique vaut :

χX=1V(VP)X=1kP

La variation de la température en fonction du volume vaut :

(TV)X=(VKVk1)X=(k1)KVk
(TV)X=(k1)TV

La variation de l'entropie en fonction du volume vaut :

(SV)X=(ST)X(TV)X=CXT(TV)X
(SV)X=kγγ1nRV

Le tableau suivant donne l'évolution des dérivées précédentes en fonction de l'indice polytropique[17].

Processus polytropiques.
Indice polytropique k Explosion 0 Explosion modérée 1 Sous-adiabatique γ Sur-adiabatique +
(SV)X +
isochore
>0 0
isentropique
<0
isochore
(TV)X >0 0
isotherme
<0
(PV)X >0 0
isobare
<0

Entropie et énergie

Soit la transformation d'une quantité n d'un gaz parfait entre un état initial (P1,V1,T1) et un état final (P2,V2,T2). La loi des gaz parfaits donne :

P1V1T1=P2V2T2=nR

et la loi polytropique :

P1V1k=P2V2k=constante=K

Entropie

On introduit la capacité thermique polytropique CX=CV1k1nR dans l'échange de chaleur d'un gaz parfait :

TdS=CVdT+PdV=(CX+1k1nR)dT+PdV

La loi des gaz parfaits donne, à quantité de matière n constante :

nRdT=d(PV)=VdP+PdV

d'où :

TdS=CXdT+1k1(VdP+kPdV)=CXdT+1k1V1k(VkdP+kPVk1dV)=CXdT+1k1PVPVkd(PVk)

L'échange de chaleur s'écrit finalement :

Entropie
TdS=CXdT+1k1V1kd(PVk)=CXdT+1k1nRTdln(PVk)

Donc TdS=CXdT si et seulement si PVk est constant, d'où la loi polytropique. De plus, puisque par définition :

TdS=CXdT+T(SX)TdX

on a :

(SX)TdX=1k1nRdln(PVk)

Ainsi, X est une fonction de la seule variable PVk, et X est constante si et seulement si PVk est constant.

En particulier, si X=S, alors (SX)T=1, d'où :

T(SX)TdX=TdS=1k1nRTdln(PVk)=CXdT+1k1nRTdln(PVk)

On en déduit que CX=kγk1CV=0, d'où k=γ et finalement :

dS=1γ1nRdln(PVγ)

On retrouve la loi de Laplace : S est constante si et seulement si PVγ est constant.

Travail

Le travail W produit par les forces de pression vaut :

W=V1V2PdV

Si k=1 la transformation est isotherme, la température est constante, T1=T2=T. L'équation des gaz parfaits donne P1V1=P2V2=PV=nRT et :

W=V1V2nRTVdV

d'où[21] :

Travail isotherme
WT=nRTln(V2V1)=nRTln(P2P1)

Quel que soit k1, la loi polytropique donne P1V1k=P2V2k=PVk=K et par conséquent :

W=V1V2KVkdV=Kk1(1V2k11V1k1)

d'où[22]Modèle:,[21] :

Travail polytropique
Wk1=1k1(P2V2P1V1)=1k1nR(T2T1)

Si k=0 la transformation est isobare, la pression est constante, P1=P2=P, d'où[21] :

Travail isobare
WP=P(V2V1)=nR(T2T1)

Si k=γ la transformation est isentropique (adiabatique réversible[9]), le système n'échange pas de chaleur avec l'extérieur, d'où[21] :

Travail isentropique
WS=1γ1(P2V2P1V1)=1γ1nR(T2T1)

Si k=± la transformation est isochore, le volume est constant, V1=V2=V, d'où[21] :

Travail isochore
WV=0

Chaleur

Si k=1 la transformation est isotherme, la température est constante, T1=T2=T. L'équation des gaz parfaits donne P1V1=P2V2=PV=nRT. La chaleur Q produite par la transformation vaut, selon la relation Modèle:Equarefl, puisque dT=0 :

δQ=PdV=VdP=δW
Q=V1V2PdV=V1V2nRTVdV

d'où[21] :

Chaleur isotherme
QT=nRTln(V2V1)=nRTln(P2P1)

Quel que soit k1, les expressions de l'échange de chaleur Modèle:Equarefl donnent, en supposant CX constante :

δQ=CVdT+PdV=CPdTVdP=CXdT
Q=T1T2CXdT=CX(T2T1)

d'où[21] :

Chaleur polytropique
Qk1=kγ(k1)(γ1)nR(T2T1)=kγ(k1)(γ1)(P2V2P1V1)

Si k=0 la transformation est isobare, la pression est constante, P1=P2=P, d'où[21] :

Chaleur isobare
QP=γγ1nR(T2T1)=γγ1P(V2V1)

Si k=γ la transformation est isentropique (adiabatique réversible[9]), le système n'échange pas de chaleur avec l'extérieur, d'où[21] :

Chaleur isentropique
QS=0

Si k=± la transformation est isochore, le volume est constant, V1=V2=V, d'où[21] :

Chaleur isochore
QV=1γ1nR(T2T1)=1γ1(P2P1)V

Énergie interne et enthalpie

Le gaz étudié étant un gaz parfait, il répond à la première loi de Joule : son énergie interne U ne dépend que de la température. L'énergie interne varie selon :

ΔU=T1T2CVdT

d'où, en supposant CV constante[23]Modèle:,[21] :

Énergie interne
ΔU=CV(T2T1)=1γ1nR(T2T1)=1γ1(P2V2P1V1)

La variation d'énergie interne ne dépend pas de k. Quel que soit k, on vérifie également le premier principe de la thermodynamique :

dU=PdV+TdS
ΔU=W+Q

De même, le gaz étudié étant un gaz parfait, il répond à la deuxième loi de Joule : son enthalpie H ne dépend que de la température. L'enthalpie varie selon :

ΔH=T1T2CPdT

d'où, en supposant CP constante[21] :

Enthalpie
ΔH=CP(T2T1)=γγ1nR(T2T1)=γγ1(P2V2P1V1)

La variation d'enthalpie ne dépend pas de k. Quel que soit k, l'enthalpie varie également selon[24] :

dH=VdP+TdS
ΔH=Wtr+Q

avec Wtr=P1P2VdP le travail de transvasement[25]. On pose[1]Modèle:,[20] :

α=kγγ(k1)

Quel que soit k, une transformation polytropique sur un gaz parfait donne les relations[1]Modèle:,[19]Modèle:,[20]Modèle:,[26] :

Wtr=kW
Q=kγγ1W
Q=γαΔU ou δQ=γαdU
Q=αΔH ou δQ=αdH

Le tableau suivant résume les différentes grandeurs des transformations polytropiques[1]Modèle:,[21].

Bilan énergétique.
Indice polytropique k k
(processus polytropique)
0
(processus isobare)
1
(processus isotherme)
γ
(processus isentropique)
±
(processus isochore)
α kγγ(k1) 1 ± 0 1γ
W
travail
1k1(P2V2P1V1)
=1k1nR(T2T1)
P(V2V1)
=nR(T2T1)
nRTln(P2P1)
=nRTln(V2V1)
1γ1(P2V2P1V1)
=1γ1nR(T2T1)
0
Q
chaleur
kγ(k1)(γ1)(P2V2P1V1)
=kγ(k1)(γ1)nR(T2T1)
γγ1P(V2V1)
=γγ1nR(T2T1)
nRTln(P2P1)
=nRTln(V2V1)
0 1γ1(P2P1)V
=1γ1nR(T2T1)
ΔU
énergie interne
1γ1(P2V2P1V1)
=CV(T2T1)
1γ1P(V2V1)
=CV(T2T1)
0 W Q
Wtr
travail de transvasement
kk1(P2V2P1V1)
=kk1nR(T2T1)
0 W γγ1(P2V2P1V1)
=γγ1nR(T2T1)
(P2P1)V
=nR(T2T1)
ΔH
enthalpie
γγ1(P2V2P1V1)
=CP(T2T1)
Q 0 Wtr γγ1(P2P1)V
=CP(T2T1)

Applications

Étude des compresseurs et des turbines

Modèle:Article détaillé

Les machines

Un compresseur est une machine permettant d'augmenter la pression d'un gaz en lui apportant du travail. Une turbine au contraire produit du travail en détendant un gaz. Soient les conditions réelles de fonctionnement, mesurées aux bornes de la machine :

  • P1,T1 à l'admission (entrée) ;
  • P2,T2 au refoulement (sortie).

Pour un compresseur P1<P2 et T1<T2. Pour une turbine P1>P2 et T1>T2. On note le taux de compression, ou de détente[27] :

Taux de compression ou de détente
δ=P2P1

Ce taux est supérieur à 1 pour un compresseur et inférieur à 1 pour une turbine.

Soit W˙t la puissance (en watts, Modèle:Unité) que la machine consomme (pour un compresseur) ou délivre (pour une turbine) en opérant un débit massique de gaz m˙ (en kilogrammes par seconde, Modèle:Unité). Le travail technique massique wt (en joules par kilogramme, Modèle:Unité) est le travail consommé ou produit par l'opération d'un kilogramme de gaz[28] :

Travail technique
W˙t=wtm˙

Ce travail est positif pour un compresseur (un compresseur reçoit du travail), négatif pour une turbine (une turbine produit du travail).

Dans tout type de machine réelle, de la chaleur « irréversible » est produite par les frottements mécaniques et la viscosité du gaz. La machine échange également de la chaleur avec l'extérieur. Une machine « adiabatique » est une machine sans échange de chaleur avec l'extérieur[29] : la chaleur irréversible est exclusivement évacuée par le gaz sortant, le processus est dit « adiabatique irréversible[30]Modèle:,[31] ». Le refroidissement d'un compresseur permet de diminuer le travail à lui fournir. Le réchauffement d'une turbine permet d'augmenter le travail récupérable[8]. Il est cependant économiquement et techniquement plus facile de refroidir un compresseur que de réchauffer une turbine[32]. L'échange de chaleur peut s'effectuer de façon continue pendant l'opération de changement de pression, par exemple via les parois internes de la machine en contact avec le gaz parcourues par un fluide frigoporteur ou caloporteur. Dans certains compresseurs, une fraction de liquide (huile ou gaz liquéfié) est injectée dans le flux entrant. Le réchauffement, voire l'évaporation, de ce liquide dans la machine absorbe une partie de la chaleur dégagée par le processus de compression.

On associe à la transformation réelle (irréversible sur un gaz réel) une transformation polytropique (réversible sur un gaz parfait) ayant les mêmes conditions d'admission et de refoulement que la machine réelle. La loi polytropique donne T1kP11k=T2kP21k, d'où :

T2=T1δk1k

On peut ainsi calculer l'indice polytropique[33]Modèle:,[26] :

Indice polytropique
k=ln(P2/P1)ln(P2/P1)ln(T2/T1)=lnδlnδln(T2/T1)

Pour tout type de machine, une transformation isotherme (T1=T2) donne k=1.

Pour un compresseur[8] :

  • 1<k<γ est une compression refroidie ;
  • k=γ est une compression isentropique (adiabatique réversible[9]). La machine n'échange pas de chaleur avec l'extérieur (machine adiabatique) et le refroidissement compense exactement la chaleur irréversible ;
  • k>γ est une compression réchauffée. La chaleur provient de l'irréversibilité du processus. Ce cas apparait dans les machines sans refroidissement ou insuffisamment refroidies. Le réchauffement volontaire d'un compresseur est sans intérêt car il augmente le travail à fournir.

Pour une turbine[8] :

  • 1<k<γ est une détente réchauffée. La chaleur provient de l'irréversibilité du processus et d'un éventuel réchauffement additionnel ;
  • k=γ est une détente isentropique (adiabatique réversible[9]). Ce cas est sans intérêt car il faudrait refroidir la machine pour compenser la chaleur irréversible, ce qui diminue le travail récupérable ;
  • k>γ est une détente refroidie. Ce cas est sans intérêt.

Travail de transvasement

Travail de transvasement d'un compresseur. Pour une turbine, le travail de transvasement est négatif.

Soit une masse m de gaz entrant dans la machine, subissant un changement de pression, puis sortant de la machine. Le gaz qui entre et qui sort de la machine subit les forces dues aux pressions d'admission et de refoulement. Le travail de transvasement est le travail que le gaz échange réellement avec la machine durant un cycle complet décrit par les diagrammes ci-contre, soit Wtr=PdV. L'expression générale du travail de transvasement est[25] :

Travail de transvasement
Wtr=P1P2VdP

avec 1 le point d'admission (P1,V1) et 2 le point de refoulement (P2,V2). Pour un gaz parfait, la loi des gaz parfaits donne :

δWtr=VdP=nRTdPP

avec n la quantité de gaz correspondant à la masse m et R la constante universelle des gaz parfaits. Soit le travail élémentaire massique :

δwtr=δWtrm=rTdPP

avec M=m/n la masse molaire du gaz et r=R/M la constante spécifique du gaz[34]Modèle:,[35].

Pour une transformation isotherme (k=1), telle que T1=T2=T, le travail de transvasement vaut[36] :

Travail de transvasement isotherme
wtT=rTln(P2P1)=rTlnδ

Pour une transformation non isotherme (k1), la loi polytropique TkP1k=K donne :

TdPP=kk1dT

Pour les transformations non isothermes, le travail de transvasement se calcule donc selon[37]Modèle:,[20]Modèle:,[36]Modèle:,[26] :

Travail de transvasement polytropique
wtp=kk1r(T2T1)=kk1rT1(δk1k1)

Quelle que soit la valeur de k, dans une transformation polytropique le travail de transvasement Wtr est lié au travail W calculé dans la section Travail par la relation Wtr=kW. Puisque k>1 pour un compresseur comme pour une turbine, le travail de transvasement est toujours, en valeur absolue, supérieur au travail de compression ou de détente proprement dit.

Soit la température que l'on obtiendrait par un processus isentropique (donc adiabatique réversible[9]), avec k=γ l'indice adiabatique :

Température isentropique
T3=T1δγ1γ

Le travail produit par un transvasement isentropique est[38] :

Travail de transvasement isentropique
wts=γγ1r(T3T1)=γγ1rT1(δγ1γ1)

Dans une machine adiabatique (sans échange de chaleur avec l'extérieur, calorifugée ou frigorifugée), la chaleur créée par l'irréversibilité du processus est intégralement transférée au gaz : la transformation est adiabatique irréversible. Le travail vaut[30] :

Travail de transvasement adiabatique irréversible
wtq=γγ1r(T2T1)=γγ1rT1(δk1k1)

Une transformation polytropique étant réversible par définition, la transformation adiabatique irréversible n'est pas polytropique. Cependant, son point initial et son point final étant respectivement les points d'entrée et de sortie de la machine, elle permet un calcul approché correct du travail de la plupart des machines adiabatiques réelles.

Optimisation des machines

L'étude de ces différents travaux montre que, pour un taux δ (supérieur à 1 pour un compresseur et inférieur à 1 pour une turbine) et une température T1 constants[8] :

pour un compresseur : 0<wtT<wtp(k<γ)<wts<wtp(k>γ)
pour une turbine : wtT<wtp(k<γ)<wts<wtp(k>γ)<0

Pour un compresseur, le travail diminue avec la température de sortie T2=T1δk1k (supérieure à la température d'entrée), c'est-à-dire lorsque k>1 diminue. Le refroidissement d'un compresseur permet donc de diminuer le travail à fournir. Pour une turbine, la valeur absolue du travail augmente avec la température de sortie T2 (inférieure à la température d'entrée), c'est-à-dire lorsque k>1 diminue. Le réchauffement d'une turbine permet donc d'augmenter le travail récupéré. Pour un compresseur comme pour une turbine, le processus optimal est isotherme (k=1)[8] : un compresseur consomme un minimum de travail, une turbine en produit un maximum.

Rendements

Dans une machine idéale la transformation est réversible, tout le travail est utilisable. Dans une machine réelle la transformation est irréversible, car une partie du travail est dégradée en chaleur. Un compresseur réel consomme plus de travail qu'un compresseur idéal. Une turbine réelle produit moins de travail qu'une turbine idéale. Par définition, une transformation polytropique est réversible. On peut donc comparer la transformation réelle à une transformation polytropique produisant les mêmes conditions de refoulement à partir des mêmes conditions d'admission. Quelle que soit la valeur de k, on définit le rendement polytropique[39] :

Rendement polytropique
pour un compresseur : ηpC=wtpwt ; pour une turbine : ηpT=wtwtp

Pour un compresseur refroidi ou une turbine réchauffée (1<k<γ dans les deux cas), le travail réel est également comparé au travail isotherme[39] :

Rendement isotherme
pour un compresseur : ηTC=wtTwt ; pour une turbine : ηTT=wtwtT

Dans une machine adiabatique (sans échange de chaleur avec l'extérieur)[29], la chaleur créée par le processus est entièrement transférée au gaz, et la température T2 réelle de sortie est nécessairement supérieure à la température T3 isentropique. L'indice polytropique vaut k>γ pour un compresseur et 1<k<γ pour une turbine. Le rendement isentropique (ou adiabatique) est défini par le rapport entre le travail isentropique et le travail adiabatique irréversible[30]Modèle:,[33]Modèle:,[40] :

Rendement isentropique
pour un compresseur : ηsC=wtswtq=T3T1T2T1 ; pour une turbine : ηsT=wtqwts=T2T1T3T1

Dans le cas d'un compresseur à refroidissement continu (k<γ) on obtient ηsC>1, ce rendement n'est pas pertinent[39].

En astrophysique

Modèle:Article détaillé

En astrophysique, la loi polytropique est considérée comme étant l'équation d'état du système étudié, alors appelé polytrope[41]. Elle est écrite sous la forme[4] :

Équation d'état d'un polytrope : P=KρΓ

avec :

  • K une constante ;
  • P la pression ;
  • Γ l'exposant polytropique ;
  • ρ la masse volumique.

Avec m la masse du système étudié, on a ρ=m/V et PVΓ=KmΓ, qui est la forme communément employée en thermodynamique. On note Γ=1+1n. Dans ce contexte, n est également appelé indice polytropique. Selon sa valeur, cet indice permet de décrire[4] :

La particularité de cette équation d'état est qu'elle ne dépend que de deux paramètres (la pression et la masse volumique), quand la plupart des équations d'état (par exemple la loi des gaz parfaits, les équations d'état cubiques) dépendent généralement de la pression, du volume molaire et de la température. La structure des objets constitués par cette matière polytrope est décrite par l'équation de Lane-Emden[42].

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Bibliographie

Articles connexes

Modèle:Palette Modèle:Portail

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 Modèle:Harvsp.
  2. 2,0 et 2,1 Modèle:Harvsp.
  3. Dans la littérature anglo-saxonne, l'indice polytropique est souvent noté γ ou n, et l'indice adiabatique k.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Modèle:Harvsp.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 Modèle:Harvsp.
  6. 6,00 6,01 6,02 6,03 6,04 6,05 6,06 6,07 6,08 6,09 et 6,10 Modèle:Harvsp.
  7. Modèle:Ouvrage.
  8. 8,0 8,1 8,2 8,3 8,4 et 8,5 Modèle:Harvsp.
  9. 9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 9,5 et 9,6 Un processus polytropique étant réversible (TdS=δQ) par définition, il y a équivalence entre les termes isentropique (dS=0) et adiabatique (δQ=0). Ces deux termes ne sont pas équivalents pour un processus irréversible (TdS>δQ).
  10. Modèle:Harvsp.
  11. Modèle:Harvsp.
  12. 12,0 12,1 et 12,2 Modèle:Harvsp.
  13. Modèle:Harvsp.
  14. 14,00 14,01 14,02 14,03 14,04 14,05 14,06 14,07 14,08 et 14,09 Modèle:Harvsp.
  15. 15,0 et 15,1 Modèle:Ouvrage.
  16. Modèle:Article.
  17. 17,0 et 17,1 Modèle:Ouvrage.
  18. Modèle:Article.
  19. 19,0 et 19,1 Modèle:Harvsp.
  20. 20,0 20,1 20,2 et 20,3 Modèle:Harvsp.
  21. 21,00 21,01 21,02 21,03 21,04 21,05 21,06 21,07 21,08 21,09 21,10 21,11 et 21,12 Modèle:Harvsp.
  22. Modèle:Harvsp.
  23. Modèle:Harvsp.
  24. Modèle:Harvsp.
  25. 25,0 et 25,1 Modèle:Harvsp.
  26. 26,0 26,1 et 26,2 Modèle:Harvsp.
  27. Modèle:Harvsp.
  28. Modèle:Harvsp.
  29. 29,0 et 29,1 Modèle:Harvsp.
  30. 30,0 30,1 et 30,2 Modèle:Harvsp.
  31. Modèle:Harvsp.
  32. Modèle:Harvsp.
  33. 33,0 et 33,1 Modèle:Harvsp.
  34. Modèle:Harvsp.
  35. Modèle:Harvsp.
  36. 36,0 et 36,1 Modèle:Harvsp.
  37. Modèle:Harvsp.
  38. Modèle:Harvsp.
  39. 39,0 39,1 et 39,2 Modèle:Harvsp.
  40. Modèle:Harvsp.
  41. Modèle:Harvsp.
  42. Modèle:Harvsp.