Santonine
Modèle:Infobox Chimie La santonine ou plus exactement la (−)-α-santonine est un composé organique de la famille des naphtofuranes qui a été largement utilisé comme médicament anthelminthique c'est-à-dire que paralysant les vers, elle leur permet de quitter le corps. La santonine était autrefois répertoriée aux États-Unis et dans la pharmacopée britannique mais des ascaricides plus sûrs et mieux homologués médicalement existent dans la plupart des pays[1].
Structure
La structure cristallographique de la santonine a été déterminée deux fois dans le groupe d'espace P212121 (Modèle:N° 19) avec comme paramètres de maille, α,β et γ égaux à 90° et :
| Paramètre | CCDC 794012[2] | CCDC 864314[3] |
|---|---|---|
| a | 699,62(5) pm | 689,00(3) pm |
| b | 1071,76(8) pm | 1050,97(4) pm |
| c | 3457,2(3) pm | 3447,63(13) pm |
Biosynthèse

La biosynthèse complète de l'α-santonine n'a pas été élucidée, mais l'α-santonine présente une grande similitude avec le parthénolide. La biosynthèse proposée commence par la cyclisation du farnésyl diphosphate (FPP) en (+)-germacrène A par une sesquiterpène synthase. La (+)-germacrene A hydroxylase hydroxyle alors la chaîne latérale d'isopropényle. L'oxydation du germacratrién-12-ol en acide germacratrién-12-oïque via l'intermédiaire germacratrién-12-al, est réalisée par une ou des déshydrogénases dépendantes du NADP. L'acide germacratrien-12-oïque est ensuite hydroxylé à C6 suivi ensuite par la lactonisation formant le (+)-costunolide[4].
Il a été proposé que le méthylène du (+)-costunolide soit réduit avant la deuxième fermeture du cycle. Le système cyclique de la décaline bicyclique est formé par le cation eudesmyle suivi d'une hydroxylation en C1. Une oxydation supplémentaire en C3 forme le β-cétohydroxyle qui, après élimination de H2O, complète la voie de biosynthèse proposée de l'α-santonine[5].
Réactions et propriétés
La santonine peut être convertie en acide santonique (C15H20O4) via une hydrolyse à catalyse modérée suivie d'un processus de réarrangement en plusieurs étapes[6].
La santonine se dissout dans les alcalis avec formation de sels de cet acide carboxylique. La santonine, dans une solution d'acide acétique, exposée au soleil pendant environ un mois, est convertie en acide photosantonique (C15H22O5) qui est incolore et généralement considéré comme moins toxique. L'ester éthylique de ce dernier est obtenu lorsqu'une solution alcoolique de santonine est exposée au soleil (Sestini). La santonine est optiquement lévogyre.
La santonine est un produit chimique organique constitué de prismes plats incolores et inodores, devenant légèrement jaunes sous l'action de la lumière et soluble dans l'éthanol, le chloroforme, l'éther et l'eau bouillante. Ces prismes sont presque insipides lorsqu’ils sont mis en bouche pour la première fois, mais développent ensuite un goût amer[7].
Elle est dérivée de la santonica, les capitules non développés (pseudanthium) d’armoise maritime, Artemisia maritima var. Stechmanniana. Elle est aussi présente dans A. cina ou A. chamaemelifolia[8]Modèle:,[9].
Mode d'action
La santonine a pour effet de paralyser l'extrémité antérieure (avant) du ver, tout en ayant un effet stimulant sur l'extrémité antérieure, en fonction de la concentration. De ce fait, le ver ne peut pas se coordonner et perd sa capacité à maintenir sa position dans l’hôte[10]. En utilisant un purgatif, le ver peut facilement être évacué. Des expériences menées dans les années 1880 ont montré que, même après 40 heures, la santonine n'avait pas d'effet mortel sur les vers ronds en utilisant une solution légèrement basique et saturée[11].
Usage pharmacologique historique
Heckel et Schlagdenhauffen sont les premiers (1885) à signaler la présence d'une base organique de type alcaloïde dans les plantes à santonine[12], mais la vertu thérapeutique de ces plantes est connue depuis l'Antiquité.
La santonine, en grec Σαντóνιoς, est décrite par Dioscoride comme un vermifuge très apprécié à son époque. Elle tire son nom du peuple gaulois des Santons (capitale : Saintes[13]), dont elle aurait été originaire : il s'agissait vraisemblablement de lModèle:'Artemisia gallica[12], ou une sorte d'armoise.
Modèle:Refnec à partir d'Artemisia cina, une plante du Turkménistan[14]. Modèle:Refnec
Un responsable de la société Eastern and Russian Trading a rapporté qu'en 1926, les fabricants japonais mélangeaient de la santonine dans presque toutes les pâtisseries, confiseries et toniques dans le cadre d'un effort gouvernemental visant à éradiquer les parasites intestinaux. Le Japon importait alors cinq tonnes de santonine de Russie chaque année et les États-Unis trois tonnes[15]. En 1885 Heckel et Schlagdenhauffen notent que la France est elle aussi tributaire sur ce point des importations de Russie et du Turkestan (où croissent abondamment lModèle:'Artemisia maritima et A. cina), et étudient l'Artemisia gallica pour la préparation de santonine[16].
L'Encyclopædia Britannica de 1911 note que la dose typique était de 2 à 5 grammes par jour[17]. Modèle:Refnec Une préparation britannique enregistrée à partir de 1911 était le "trochiscus santonini" (pastille de santonine) et la préparation "sodii santoninas" (soude de santonine) était également autrefois une préparation officielle dans la pharmacopée américaine[17]. Modèle:Refnec
Risques et difficultés d'utilisation
La santonine est un médicament qui, comparé aux médicaments anthelminthiques plus modernes, est très compliqué à utiliser et comporte un risque assez grave pour le patient. Presque tous les médicaments à base de plantes contenant de la santonine indiquent le risque réel de vision en jaune et de réactions fatales. Même de petites doses de santonine provoquent des troubles de la vision, généralement une vision en jaune ou aussi en vert (xanthopsie ou chromathopsie). Même l'Encyclopædia Britannica (1911) a noté : Modèle:Citation bloc
Plus typique est l'avertissement concernant les effets secondaires de la santonine dans le Modèle:Lien : Modèle:Citation bloc
La santonine produit souvent un effet singulier sur la vision, faisant apparaître les objets environnants décolorés, comme s'ils étaient jaunes ou verts et parfois bleus ou rouges; elle donne également une couleur jaune ou verte à l'urine et une couleur rouge-violet si ce liquide est alcalin. Le professeur Giovanni pense que la couleur jaune apparente des objets observés par l'œil, sous l'influence de la santonine, ne dépendait pas d'une action sélective sur les nerfs optiques, mais plutôt de la couleur jaune que le médicament lui-même prend quand il est exposé à l'air. L'air donne la couleur jaune à la santonine, à l'urine qui la contient et au sérum veineux. Selon Giovanni, c'est grâce à son action directe sur l'humeur aqueuse, où elle est portée par absorption, que les objets présentent cette couleur. L'idée maintenant acceptée, cependant, est celle d'Edmund Rose, que le sérum alcalin dissout la santonine, qui agit alors sur les centres de perspective du cerveau, produisant la chromathopsie ou la xanthopsie.
En raison des effets secondaires graves (même lorsqu'elle est utilisée comme prescrit), du besoin d'un purgatif et du développement de nombreux médicaments vermifuges plus sûrs, l'utilisation de la santonine a complétement décru. Typiquement, le mébendazole ou le pamoate de pyrantel sont généralement utilisés dans la pharmacopée moderne. Même les guides de médecine holistique recommandent fortement d'éviter l'utilisation de la santonine[18]. La directive 65/65 du Conseil de l'Union européenne qui concerne les produits pharmaceutiques et les préparations naturopathiques, a officiellement déclaré que les préparations de santonine présentent un rapport bénéfice/risque « inacceptable » et que les préparations contenant de la santonine ne sont plus admissibles à l'enregistrement[19].
Santonine et absinthe
Bien que l'absinthe soit certainement plus tristement célèbre pour sa teneur en thuyone[20], Modèle:Référence nécessaire. Il a été spéculé que l'art impressionniste, en particulier l'art de Van Gogh, pouvait être inspiré non pas par la thuyone et ses effets psychotropes présumés, mais par la vision en jaune ou xanthopsie, un effet secondaire connu de la santonine. Cela a toutefois été contesté, notamment par Arnold et Loftus en 1991, qui ont noté que la teneur en santonine aurait été insuffisante pour provoquer une xanthopsie.
Notes et références
Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références
- ↑ Modern Drug Encyclopedia and Therapeutic Index, Modèle:6e édition, Drug Publications Inc, 1955.
- ↑ Erreur de référence : Balise
<ref>incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesCCDC1 - ↑ CCDC 864314
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Lien web.
- ↑ « Santoninum », The Pharmacopeia of the United States of America , 1916, p. 366.
- ↑ Modèle:Lien web.
- ↑ Modèle:Lien web.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Wilhelm von Schroeder, dans Archiv fur Experimentelle Pathologie und Pharmakologie, 1885, vol. 19, p. 290.
- ↑ 12,0 et 12,1 Modèle:Article.
- ↑ Le nom des Santons se retrouve aussi dans celui de la Saintonge.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ 17,0 et 17,1 « Santonin », Encyclopædia Britannica, vol. 24, 1911, p. 195.
- ↑ Modèle:Lien web (page accessible par Archive.is).
- ↑ Modèle:Lien web.
- ↑ absinthe FAQ sur erowid.org, consulté le 15 août 2018.