Théorème des valeurs intermédiaires

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Modèle:Voir homonymes

Illustration du théorème
Si f est une fonction continue sur l'intervalle [a;b], alors elle prend toutes les valeurs comprises entre f(a) et f(b) au moins une fois. Ici la valeur s est prise trois fois.

En mathématiques, le théorème des valeurs intermédiaires (abrégé en TVI), parfois appelé théorème de Bolzano[1], est un résultat important d'analyse sur les fonctions continues sur un intervalle. Il indique que si une fonction f est continue sur un intervalle [a,b], alors elle prend toutes les valeurs intermédiaires entre f(a) et f(b).

Ce théorème assure, dans certains cas, l'existence de solutions d'équations. Il constitue la base de techniques de résolution approchées comme la méthode de dichotomie. De plus, il est utilisé pour prouver d'autres théorèmes de continuité, tels que le théorème de la bijection.

Longtemps considéré comme évident, les premières tentatives de démonstration reposent essentiellement sur l'intuition géométrique. Bolzano est le premier à essayer de le démontrer sans utiliser l'intuition géométrique, mais il faudra attendre la fin du Modèle:S- et la construction des nombres réels pour avoir une démonstration entièrement rigoureuse.

Modèle:Clr

Approche intuitive

Profil de l'étape Pau-Hautacam du Tour de France 2008.

La [[10e étape du Tour de France 2008|Modèle:10e du Tour de France 2008]] était une course cycliste de Modèle:Unité de long partant de Pau (altitude : Modèle:Unité) et arrivant à Hautacam (Modèle:Unité).

Le profil de l'étape est une fonction définie sur l'intervalle [0;156] et à valeurs réelles. À tout nombre x de [0;156], elle associe l'altitude du point situé à x kilomètres du départ. Puisque les altitudes s'échelonnent de Modèle:Nombre à Modèle:Unité, il paraît évident que les coureurs ayant terminé l'étape ont dû passer au moins une fois par toutes les altitudes intermédiaires, c'est-à-dire les altitudes entre Modèle:Nombre et Modèle:Unité. Par exemple, le coureur passera au moins une fois par l'altitude Modèle:Unité. Cependant, cette constatation s'appuie sur deux hypothèses :

  • le parcours est un intervalle, ce qui suppose que l'espace est un « continuum » – les mathématiciens parlent d'espace connexe – c'est-à-dire qu'il n'y a pas de « trou » entre 0 et 156.
  • la fonction altitude est continue, ce qui signifie qu'une variation infinitésimale du kilométrage entraîne une variation infinitésimale de l'altitude. En d'autres termes, un coureur ne peut pas se téléporter instantanément d'une altitude à une autre.

Remarquons que le raisonnement n'est plus valable si le profil n'est plus défini sur un intervalle, par exemple si l'on ne s'intéresse qu'aux points de contrôle marqués sur le graphique ci-contre : il se peut qu'aucun de ces points, si nombreux soient-ils, ne se trouve à Modèle:Unité d'altitude.

Le théorème des valeurs intermédiaires formalise ce raisonnement empirique.

Le théorème des valeurs intermédiaires

Définitions préliminaires

Modèle:Article détaillé Comme vu dans l’approche intuitive, le théorème repose sur deux notions : la connexité et la continuité.

Dans , l’ensemble des nombres réels, les ensembles connexes correspondent aux intervalles. Un intervalle est l’ensemble des points contenus entre deux bornes. Par exemple l’intervalle [a,b] est l’ensemble des x tel que axb. En fonction de si les bornes sont incluses dans l’intervalle, on distingue les intervalles fermés [a,b], ouvert ]a,b[ et semi-ouvert [a,b[ ou ]a,b].

Une fonction f est continue si à des variations infinitésimales de la variable x correspondent des variations infinitésimales de la valeur f(x). Autrement dit il n’y a pas de « sauts » dans le graphe de la fonction.

Énoncé

illustration de l'énoncé
Illustration de l'énoncé pour f:x6x3+36x2+63x+22

Modèle:Théorème Ce théorème se généralise sur un intervalle ouvert ]a,b[. Si f admet une limite en a et b alors pour tout réel u strictement entre ces limites, il existe au moins un réel c]a,b[ tel que f(c)=u[2].

Plus généralement, les connexes de étant exactement les intervalles, f(I) est un intervalle[note 1] et donc : Modèle:Énoncé Attention : Le théorème n'affirme pas que l'image de l'intervalle [a,b] par f est l'intervalle [f(a),f(b)]. C'est faux, comme le montre le contre-exemple de la fonction f=sin avec a=0 et b=π; dans ce cas, f([a,b])=[0,1]mais [f(0),f(π)]={0}.

Un cas particulier est le théorème de Bolzano.

Modèle:Théorème

En effet « f(a)f(b)0 » signifie que 0 est compris entre f(a) et f(b).

Réciproque

Il n’y a pas de réciproque au théorème contrairement à ce qu’on a longtemps pensé (voir la section Histoire)Modèle:Sfn. Un contre-exemple est donné par la fonction f: définie par :

f(x)={sin(1/x)si x00sinon

Cette fonction n'est pas continue en

0

mais elle satisfait bien la propriété de la valeur intermédiaire pour chaque couple de réels[note 2]. Il existe même des fonctions discontinues en tout point et vérifiant quand même la propriété de la valeur intermédiaire, comme la fonction de Conway en base 13[3].

Cependant il y a équivalence entre :

  1. f est continue sur [a,b]
  2. Pour tout sous-intervalle [c,d] inclus dans [a,b] et tout y élément de [f(c),f(d)], l'ensemble {x[c,d],f(x)=y} est une partie non vide et fermée de [a,b][4].

En particulier si elle ne prend chaque valeur qu'un nombre fini de fois, alors il y a équivalence de la propriété de la valeur intermédiaire avec la continuitéModèle:Sfn.

Démonstrations

Le théorème des valeurs intermédiaires fait partie des théorèmes dits d'existence. Cependant, il n'existe pas de démonstration générale constructive de cette existence[5].

Nous donnons ci-dessous deux démonstrations[note 3]. La première est courte mais s'appuie sur une théorie plus élaborée : la topologie. La seconde est basée sur la méthode de dichotomie et peut, dans une certaine mesure, être mise en œuvre numériquement.

Le théorème repose sur la complétude de . La démonstration originale de Bolzano et celle topologique utilisent la propriété de la borne supérieure de Modèle:Sfn, et celle par dichotomie utilise le théorème des fermés emboîtés[note 4].

Dans , l'ensemble des nombres rationnels, le théorème est faux. Un contre-exemple, la fonction f:xx22 de dans est continue sur [0,2] et vérifie f(0)=2 et f(2)=2. Cependant, il n'y a pas de nombre rationnel x tel que f(x)=0.

Démonstration topologique

La topologie fournit une démonstration en quelques lignes grâce à ces deux propriétés :

Modèle:Énoncé

L'ensemble de départ est donc un connexe et son image par f est donc un intervalle, ce qui démontre le théorème.

Mais derrière cette apparente simplicité se cachent des résultats qu'il faut avoir démontrés au préalable, comme le fait que tout intervalle de ℝ est connexe, démonstration du même ordre de difficulté que celle du théorème des valeurs intermédiaires.

Démonstration par dichotomie

Illustration de la démonstration par dichotomie.
Illustration de la démonstration par dichotomie.On construit par récurrence une suite de segment [an;bn] de plus en plus « fin ».

Le principe[note 5] consiste à couper le segment de départ en deux et à conserver l'intervalle où l'on sait que se trouve une solution. On recommence ensuite en coupant en deux le segment conservéModèle:, etc. On obtient ainsi une suite de segment emboîtés, et le théorème des fermés emboîtés nous assure de trouver une solution[6].

Cette méthode nous donne aussi un encadrement de la valeur cherchée, voir la section « Méthode de dichotomie ».

Applications

Le théorème des valeurs intermédiaires est souvent utilisé pour montrer l'existence de solutions d’une équation, notamment l’existence de points fixes d'une fonction. Il permet aussi de démontrer d’autres théorèmes d'analyse, comme le théorème de la bijection ou celui affirmant que l'image d’un segment est un segment[note 6].

Méthode de dichotomie

Modèle:Article détaillé

La démonstration par dichotomie se traduit facilement sous forme algorithmique. À chaque itération, on divise l’intervalle [an,bn] en 2, puis on s’arrête quand sa longueur (ba)/2n est inférieure à la précision demandéeModèle:SfnModèle:,[note 7].

Par ailleurs, la méthode de dichotomie ne permet de trouver qu'une seule valeur. Le fait d'éliminer tout un intervalle à chaque étape risque d'éliminer d'autres solutions. De plus, Modèle:Référence nécessaire : la précision n'augmente que d'un facteur 2 à chaque itération. D'autres méthodes comme la méthode de Newton ont une meilleurs efficacité.

L'avantage de la méthode est sa simplicité et qu'elle nécessite peu d'hypothèse : il suffit que f soit continue et que f(a) et f(b) soient de signes opposés.

Théorème de la bijection

Modèle:Article détaillé Un corollaire important est le théorème de la bijection : en supposant la fonction strictement monotone en plus de continue, f induit une bijection de I dans f(I). Cette bijection est même un homéomorphisme, c'est-à-dire que la bijection réciproque est également continueModèle:Sfn.

Ce théorème nous assure que des fonctions comme ou arcsin sont bien définies.

Existence de point fixe

Modèle:Article connexe Si f,g sont continues sur un intervalle [a,b] de et si f(a)g(a) et f(b)g(b) sont de signes contraires, alors il existe au moins un c tel que f(c)=g(c). En particulier, en considérant la fonction g:xx, on peut montrer que f a au moins un point fixe.

Racine des polynômes de degré impair

Modèle:Article connexe Si P est un polynôme de degré impair à coefficients réels, alors les limites de P en + et sont infinies et opposées (car P est de degré impair) l’une de l’autre. Donc 0 est une valeur intermédiaire et comme les fonctions polynomiales sont continues, il existe c tel que P(c)=0 par le théorème des valeurs intermédiaires. Ainsi tout polynôme réel de degré impair a au moins une racine réelleModèle:Sfn.

Histoire

Énoncé et démonstration du théorème des valeurs intermédiaire par Cauchy
Énoncé et démonstration du théorème dans le Cours d'Analyse de Cauchy (1821).

Modèle:Lien proposa dès le Modèle:-s-, un théorème proche de celui des valeurs intermédiaires pour essayer de résoudre la quadrature du cercle[7].

Au Modèle:S- plusieurs mathématiciens essayent de justifier le théorème. Cependant la notion de fonction venait à peine de naître et celle de continuité n'était encore qu'intuitiveModèle:Sfn.

En 1817, Bolzano publie un article où il essaye de démontrer le théorème sans utiliser des « évidences géométriques »Modèle:Sfn. Pour lui :

Modèle:Citation bloc

Sa démonstration le poussera à définir la notion de fonction continue et démontrer que a la propriété de la borne supérieure. Cependant sa définition reste floue et correspond plus à celle de continuité uniforme. De plus, une démonstration rigoureuse de la propriété de la borne supérieur dans n'est possible qu'en définissant rigoureusement l'ensemble des nombres réels, qui ne sera faites qu’une cinquantaine d’année plus tardModèle:Sfn.

Dans son Cours d'Analyse de l'École royale polytechnique publié en 1821, Cauchy donne un énoncé du théorème des valeurs intermédiaires comme le théorème IV du chapitre II, puis il en donne une démonstrationModèle:Sfn. Mais contrairement à Bolzano, Cauchy s'appuie sur des propriétés géométriques considérées comme évidentes qu'il ne prouve pasModèle:Sfn.

On a longtemps pensé que la réciproque était vraie, et que la propriété des valeurs intermédiaires caractérisait les fonctions continuesModèle:Sfn. Ce n’est qu’en 1875 que Darboux en donna un contre-exemple dans son article Mémoire sur les fonctions discontinuesModèle:SfnModèle:,Modèle:Sfn.

Généralisations

Théorème de Darboux

Modèle:Article détaillé

Le théorème de Darboux généralise celui des valeurs intermédiaires aux fonctions dérivées[note 8]. Ainsi si f est dérivable sur un intervalle I, f(I) est un intervalle[8].

Des fonctions comme la dérivée de xx2sin(1/x) (c'est-à-dire x2xsin(1/x)cos(1/x), complétée par 00), vérifient donc la propriété des valeurs intermédiaires sans être continues en 0.

Théorème de Poincaré-Miranda

Le théorème suivant généralise le théorème des valeurs intermédiaires, plus précisément la formulation de Bolzano, dans un cube de dimension n.

Modèle:Énoncé

Henri Poincaré l'a annoncé en 1883 puis démontré en 1886[9], mais ce n'est qu'en 1940 que Modèle:Lien a remarqué[10] qu'il équivaut au théorème du point fixe de Brouwer.

En prenant n=1 dans ce théorème, on obtient bien le théorème de Bolzano.

Sur un espace topologique quelconque

Soit E un espace topologique connexe et f:E une application continue. Le Modèle:Citation dit que l'image f(E) est un intervalle.

On retrouve l'énoncé sur à partir de l'énoncé général à condition d'avoir démontré au préalable que tout intervalle réel est connexe Modèle:Supra.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Article connexe

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Sources primaires

Sources secondaires

Liens externes

Modèle:Liens


Modèle:Portail

  1. Modèle:Lien web
  2. Modèle:Note autre projet
  3. Modèle:Article.
  4. Modèle:Article
  5. Lire par exemple : Modèle:Article. Dans cet article est abordé la différence entre une existence formelle et une existence effective d'un objet en mathématique. Le théorème des valeurs intermédiaires est utilisé pour illustrer cette différence.
  6. Modèle:Lien web
  7. Modèle:Ouvrage
  8. Modèle:Harvsp
  9. Modèle:Article.
  10. Modèle:Article.


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