Théorème de Bateman

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Le théorème de Bateman, publié en 1972, fournit un développement asymptotique de la moyenne du nombre d'antécédents de la fonction indicatrice d'Euler, que l'on note φ par la suite[1]Modèle:,[2].

Énoncé

Notons an:=card{m*,φ(m)=n} pour n* et Φ(x):=nxan pour x0, il existe alors une constante c>0 telle que

Φ(x)=ζ(2)ζ(3)ζ(6)x+𝒪(xeclnx)

Notons que an est fini pour tout n*. En effet, d'après l'estimation φ(m)>eγmlnlnm(1+o(1))γ désigne la constante d'Euler-Mascheroni, on a φ(m)>n dès lors que m>(eγ+o(1))nlnlnn donc an(eγ+o(1))nlnlnn.

Démonstration

Dans toute la suite, on désigne par s un nombre complexe, sa partie réelle et sa partie imaginaire sont notées respectivement σ et τ.

Série de Dirichlet associée

La série m11φ(m)s converge absolument sur le demi-plan complexe σ>1 d'après l'inégalité précédente. Notons F la série de Dirichlet associée à an, la sommabilité permet d'effectuer une sommation par paquets : F(s)=m11φ(m)s, on en déduit que le produit eulérien de F s'écrit

F(s)=p(1+1(p1)s(1ps))

où dans le produit p parcourt l'ensemble des nombres premiers.

En utilisant le produit eulérien de la fonction ζ, on a F(s)=ζ(s)G(s) pour σ>1 où le produit G(s) est défini par

G(s)=p(1+1(p1)s1ps)

Notons que le produit définissant G(s) est absolument convergent dans le demi-plan complexe σ>0 d'après l'inégalité

|1(p1)s1ps|min(2(p1)σ,|s|(p1)σ1)

Aussi, on obtient à l'aide du produit eulérien de la fonction ζ l'égalité G(1)=ζ(2)ζ(3)ζ(6).

Majoration du produit G(s)

On se place ici dans le domaine défini par |τ|2 et σ11ln(2|τ|). On a d'après l'inégalité précédente

ln|G(s)|4p2|τ|1pσ+(2+|τ|)p>2|τ|1pσ+1+𝒪(1)

D'une part 1pσ1p dès lors que p2|τ| donc p2|τ|1pσlnln(2|τ|) d'après les estimations de Mertens. D'autre part, grâce à une sommation d'Abel et aux estimations de Tchebychev, p>2|τ|1pσ+1lnln(2|τ|)|τ| de sorte que ln|G(s)|lnln(2|τ|). Il existe ainsi une constante A>0 telle que G(s)(ln|τ|)A.

Développement asymptotique de Φ

D'après la formule de Perron (voir Remarques)

0xΦ(t)dt=12iπκiκ+iζ(s)G(s)xs+1dss(s+1)

pour tout κ>1 où l'intégrale est semi-convergente pour x non entier et converge en valeur principale pour x entier. On choisit κ=1+1lnx et on évalue l'intégrale en déformant la droite d'intégration, que l'on remplace par la courbe σ=11lnmax(4,2|τ|). On scinde l'intégrale sur le contour déformé aux points τ=±eclnx pour une constante convenable c, celle-ci est x2ec0lnx pour une constante c0>0 d'après la majoration |logζ(s)|lnln|τ|+𝒪(1) (voir Remarques). Le théorème des résidus fournit alors le développement asymptotique suivant :

0xΦ(t)dt=G(1)2x2+𝒪(x2ec0lnx)

De la croissance de Φ on en déduit que

1hxhxΦ(t)dtΦ(x)1hxx+hΦ(t)dt

pour tout 0<hx. En choisissant h=xec02lnx et en remplaçant G(1) par sa valeur on en déduit le développement asymptotique suivant :

Φ(x)=ζ(2)ζ(3)ζ(6)x+𝒪(xeclnx)

pour une constante c>0.

Corollaire

D'après la relation an=Φ(n)Φ(n1) on a anneclnn.

Remarques

Formule de Perron

On pose ax=an lorsque x=n et ax=0 lorsque x, on a alors d'après la formule de Perron

n<xan+ax2=12iπκiκ+iF(s)xsdss

pour tout κ>max(0,σc)σc désigne l'abscisse de convergence simple de la série de Dirichlet F. On en déduit que

n<xnan+xax2=12iπκiκ+iF(s)xs+1dss+1   et  n<xxan+xax2=12iπκiκ+iF(s)xs+1dss

d'où

0xΦ(t)dt=nx(xn)an=12iπκiκ+iF(s)xs+1dss(s+1)

pour tout κ>max(0,σc) et x1.

Majoration de la norme du logarithme ζ

On a la relation |logζ(s)|lnln|τ|+𝒪(1).

Lemme

Il existe une constante c>0 telle que ζ ne possède aucun zéro dans la région du plan complexe défini par σ18cln(2+|τ|) (voir l'article Histoire de la fonction zêta de Riemann). Ainsi tout zéro non trivial β+iγ de ζ vérifie l'inégalité β<18cln(2+|γ|). Cela implique la minoration

minρRe(1ρ1sρ)0

ρ parcourt l'ensemble des zéros non triviaux de ζ, dans le domaine du plan complexe défini par τ4 et σ14clnτ. En effet, si ρ est un zéro non trivial, alors

  • si |sρ|>12|ρ|, alors en posant ϑ:=2|sρ|ρ1,
Re(1ρ1sρ)=β|ρ|2+σβ|sρ|2=ϑ2β4(σβ)4|sρ|24σ34|sρ|20 quitte à diminuer c.
  • si |sρ|12|ρ|, alors |τγ|12(|γ|+1) d'où |γ|2|τ|+2 et β<18cln(2τ+4)14clnτσ.

Le produit de Hadamard de ζ fournit

ζ(s)ζ(s)=ln2π12γ11s1Γ(1+s2)2Γ(1+s2)+ρ(1sρ+1ρ)

où la somme s'étend sur tous les zéros non triviaux de ζ. On en déduit l'existence d'une constante K>0 telle que Reζ(s)ζ(s)Klnτ sur le domaine τ4 et σ14clnτ.

Démonstration de la majoration

On se place dorénavant dans le domaine défini par τ5 et σ1clnτ. Posons η:=clnτ et s0:=1+η+iτ, alors pour tout w dans le disque |w|4η, le point s0+w=σ+iτ vérifie τ4 et σ14clnτ donc

Reζ(s0)ζ(s0)2Klnτ

d'après le lemme. Posons F(w):=ζ(s0)ζ(s0)ζ(s0+w)ζ(s0+w), alors ReF(w)2Klnτ+|ζ(s0)ζ(s0)| pour tout w dans le disque |w|4η. Sachant que |ss0|2η, le lemme de Borel-Carathéodory implique la majoration

|ζ(s)ζ(s)|4Klnτ+3|ζ(s0)ζ(s0)|

On utilise enfin le développement en série de Dirichlet de ζζ :

|ζ(s0)ζ(s0)|n1Λ(n)n1+η=1η+𝒪(1)lnτ

Λ désigne la fonction de von Mangoldt, ce qui permet d'en déduire que ζ(s)ζ(s)ln|τ|. On peut finalement conclure :

logζ(s)ζ(s0)=s0sζ(w)ζ(w)dw|ss0|lnτ1

et

|logζ(s0)|=|n2Λ(n)(lnn)ns0|n2Λ(n)(lnn)n1+η=lnζ(1+η)=ln1η+𝒪(1)=lnlnτ+𝒪(1)

d'où finalement |logζ(s)|lnln|τ|+𝒪(1) dans le domaine du plan complexe défini par |τ|3 et σ1cln|τ|.

Notes et références

Voir aussi

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